Les marécages, une toile vivante où la lumière du jour joue avec les ombres des saules pleureurs et des roseaux frémissants. Obeline se retrouve perdue dans ce tableau de la nature, enveloppée par une atmosphère mystique et envoûtante. Le sol humide exhale une odeur boisée mêlée aux parfums floraux des nénuphars et des iris sauvages. Chaque pas dans la boue épaisse est une danse avec la terre, une immersion dans ce monde où la vie se dévoile sous des formes étranges et fascinante. STOP

Dans le théâtre de son esprit, Obeline projette un film aux couleurs contrastées, une mise en scène pour apaiser son esprit en ébullition. Elle préfère laisser ses rêveries prendre le pas plutôt que de faire face aux marécages, terrain hostile aux âmes égarées, qu'elle dépeint comme un ballet sombre et mystérieux. Elle abhorre cet endroit, le redoute même, mais elle en comprend la valeur intrinsèque. Ces marécages, loin d'être simplement une contrée inhospitalière, regorgent de trésors naturels, de ressources essentielles pour ses expériences. Elle se force à voir au-delà de la peur qui étreint son cœur, cherchant à puiser dans la beauté inattendue de ce paysage une source d'inspiration pour ses recherches.

Comment en est-elle arrivée là, dans ce labyrinthe de verdure et d'eau stagnante ? Revenons quelques jours en arrière pour comprendre le début de cette aventure rocambolesque.

C'était un matin comme un autre, baigné par les premières lueurs du soleil, où Obeline se tenait face à un nouveau défi, une nouvelle expérience à entreprendre. Une nouvelle idée était naît dans son esprit fantasque, frémissait d'excitation. Mais pour y arriver, elle avait besoin d'ingrédients rares et précieux, des composants qui ne se trouvaient qu'au cœur des régions les plus inhospitalières des terres de Babel. Cependant, ces trésors étaient monnaie rare, souvent disponibles à prix d'or et en quantités infimes. Obeline se retrouvait face à un dilemme : payer des fortunes ou faire face à ses craintes les plus enfouies. Cependant, elle n'était pas du genre à se laisser décourager si facilement. Dans les méandres de son esprit brillant, une solution germa lentement, une idée audacieuse prête à éclore.

Elle décida donc de partir en quête d'une âme intrépide qui pourrait l'accompagner dans ce périlleux périple, une personne assez courageuse pour affronter les défis des régions marécageuses et la protéger des dangers qui y pullulent. Elle savait que ce voyage serait semé d'embûches, de rencontres incertaines, et que les marécages, avec leurs mystères enchevêtrés, recelaient bien des secrets insondables. Des créatures étranges et insaisissables y grouillaient et la simple pensée de les affronter faisait frissonner la rousse d'effroi. Pourtant, elle savait que pour atteindre ses objectifs, elle devait braver l'inconnu, défier les limites de sa propre peur. Dans son cœur battait la flamme ardente de la découverte, la soif inextinguible de savoir. Et ainsi, dans la lumière naissante du jour, elle se tenait prête à s'embarquer dans une aventure sans précédent, guidée par la passion qui animait chaque fibre de son être.

Au lendemain de cette décision audacieuse, Obeline se lança dans une quête pleine de promesses. La recherche de la perle rare était devenue sa priorité absolue. Dans les rues sinueuses de la cité de Babel, elle répandit ses annonces, un appel vibrant à l'aventure et à la découverte. Elle avait besoin d'un compagnon de route digne de confiance, un allié dont la loyauté et la bravoure étaient incontestables. Des dizaines de candidats se présenteraient à elle, chacun porteur de promesses et d'espoirs, mais seuls les plus dignes sauraient capter son attention. Elle les rencontrerait un par un, étudierait leurs visages, leurs paroles, cherchant dans leurs regards l'étincelle de fiabilité qu'elle convoitait tant. Ce choix crucial ne serait pas facile, elle le savait pertinemment. La route serait longue et semée d'embûches, et la confiance devait être son guide le plus sûr. Elle choisirait avec prudence, avec discernement, sachant que la moindre erreur pourrait compromettre son périple. Celui qui serait élu devrait être plus qu'un simple compagnon de voyage, il devrait être un pilier, un roc solide sur lequel s'appuyer dans les moments de doute et de danger. Mais trouver un tel allié n'était pas une tâche aisée, loin de là. La ville grouillait de personnalités diverses, de caractères imprévisibles, et dénicher la perle rare parmi la multitude de candidats serait une véritable sinécure. Et tandis qu'elle parcourait les rues animées de la cité, elle restait convaincue que quelque part, parmi les innombrables visages croisés, se cachait celui qui deviendrait son fidèle compagnon d'aventures.



Tel un spectateur observant une pièce de théâtre où les acteurs se succèdent sur scène, Obeline les contemplait un par un, cherchant en eux l'étincelle qui lui manquait. Mais à mesure que les prétendants défilaient, elle sentait son espoir vaciller. Chaque visage, chaque parole, chaque geste semblait tomber à plat, ne parvenant pas à combler le vide qui s'installait en elle. Une ombre de doute grandissait dans son esprit, faisant naître des questionnements qui résonnaient comme des échos lugubres dans le silence pesant de la pièce. Elle se demandait si quelqu'un parmi eux avait réellement la carrure pour l'accompagner dans son périple solitaire à travers les marécages. Chaque candidat semblait bien fragile, bien insuffisant pour affronter les dangers qui les attendaient au-delà des sentiers battus.

Une tension grandissait en elle, une impatience mêlée d'exaspération. Elle tambourinait des doigts sur la table, la frustration montant en elle comme une marée impétueuse. Pourquoi fallait-il que la quête de son compagnon d'aventures soit aussi ardue ? Dans un geste de désespoir mêlé de colère, elle se pencha en arrière, son regard lancinant balayant la pièce d'un air déterminé. Elle sentait une boule d'irritation se former dans sa gorge, comme une épine qui s'enfonçait dans sa chair. C'était trop, trop compliqué, trop frustrant. Elle laissait échapper un soupir agacé, une plainte muette contre le destin qui semblait s'acharner contre elle.

Dans un murmure empreint d'exaspération, elle grommelait dans sa barbe inexistante, laissant échapper quelques mots maudits à l'adresse de ce monde qui se refusait à lui offrir ce qu'elle désirait tant. Mais malgré son irritation palpable, elle savait au fond d'elle-même qu'elle ne renoncerait pas, qu'elle continuerait à chercher jusqu'à ce qu'elle trouve celui qui serait en mesure de l'accompagner dans les méandres mystérieux des marécages.

un événement hors du commun vient briser le fil monotone de la journée. Comme si la Déesse elle-même avait décidé d'intervenir, malicieuse : la chaise sur laquelle reposait Obeline, se laissa aller sous le poids de son équilibre précaire. Dans un mouvement à la fois imprévisible et inéluctable, elle bascula en arrière, emportée par la force inexorable de la gravité. Mais juste avant que son crâne ne rencontra le sol froid et implacable, une présence se fit sentir, une main tendue par-delà les abîmes du hasard.

C'était une main grande et robuste, animée d'une agilité surprenante. Dans un instant suspendu, le poids de son destin reposa entièrement dans cette étreinte inconnue. Si cette main la lâchait, elle serait irrémédiablement sur le sol, étendue, mais en cet instant, elle flottait entre la sécurité et la chute.

Un moment de vertige, un instant où les frontières entre le hasard et la providence semblent s'effacer. Et au milieu de cette fébrilité palpable, un étrange sentiment d'espoir naît, une lueur d'optimisme qui s'élève dans le cœur de la belle. Car peut-être, juste peut-être, ce geste inattendu est-il le prélude de l'aventure qu'elle attendait tant.

❝ Mer...merci ? Monsieur... ? ❞

Obeline leva les yeux vers l'homme qui venait de lui venir en aide, reconnaissante de sa présence salvatrice. Sa première impression fut celle d'une silhouette imposante, d'une prestance qui ne passait pas inaperçue dans la pièce. Son regard, profond et envoûtant, semblait refléter une sagesse ancienne, une force tranquille qui contrastait avec le tumulte de la scène.

❝ Bonjour, je suis ici pour votre annonce concernant les marécages. Je suis Wolfgang Cioban. ❞

Obeline écouta attentivement ses paroles, appréciant la franchise qui s'en dégageait. Son nom, Wolfgang Cioban, résonnait dans son esprit comme une mélodie familière, bien que ce soit la première fois qu'elle le voyait. Elle se rappela avoir entendu parler d'un certain Wolfgang, un mercenaire réputé pour son courage et sa détermination. Était-ce le même homme qui se tenait devant elle en ce moment ? Elle esquissa un léger sourire, reconnaissant la présence d'un allié potentiel dans sa quête périlleuse à travers les marécages. Enfin. Le soulagement envahit Obeline alors qu'elle observait le personnage impressionnant avec un mélange de satisfaction et d'admiration. En lui, elle discernait cette aura de fiabilité et de détermination qu'elle recherchait désespérément chez un compagnon de voyage. Il semblait être l'incarnation même de la robustesse et du sang-froid, des qualités essentielles pour affronter les défis des marécages.

Dans un sourire chaleureux, elle esquissa un geste invitant Wolfgang à s'asseoir à la table qu'elle occupait déjà. ❝ Veuillez vous joindre à moi, Monsieur Cioban. Je suis Obeline Serra, enchantée. Nous avons beaucoup à discuter avant de nous aventurer dans les marécages. ❞ Sa voix était douce mais teintée d'une détermination indéniable. Elle lui adressa un regard empli d'espoir et d'excitation, impatiente de commencer à élaborer les plans pour leur expédition. Obeline avait déjà en tête une multitude de détails à régler et d'informations à partager, mais elle était également ouverte aux suggestions et aux idées de son futur partenaire de route. Après tout, une collaboration fructueuse nécessitait une communication ouverte et une compréhension mutuelle.

❝ Les marécages ne sont pas un lieu pour les âmes timorées, et je suis reconnaissante de trouver en vous un compagnon de voyage prêt à affronter l'inconnu à mes côtés. J'espère que vous êtes prêt pour une aventure qui s'annonce des plus... mouvementées. ❞

Malgré son apparence et son tempérament plutôt réservé, Obeline savait qu'elle devait afficher une certaine assurance devant Wolfgang. Elle était consciente de sa propre vulnérabilité face à l'inconnu et aux dangers des marécages, mais elle refusait de laisser transparaître cette fragilité. Elle redressa légèrement la tête, fixant Wolfgang avec résolution tout en essayant de dissimuler son anxiété derrière un masque de confiance. ❝ Vous devez sûrement avoir une solide expérience dans ce genre d'exploration. Pour ma part, je suis plus habituée aux salle de recherches qu'aux aventures en plein air, mais je suis décidée à faire de cette expédition un succès. ❞ Son ton était assuré, mais une lueur de modestie brillait dans ses yeux. Elle espérait que Wolfgang reconnaîtrait sa sincérité et sa volonté de réussir malgré ses doutes intérieurs. Obeline était prête à apprendre et à s'adapter, convaincue que leur collaboration pourrait être fructueuse malgré leurs différences apparentes.

❝ Mes armes seront vôtres, Mademoiselle Serra. ❞

La promesse de soutien de Wolfgang était comme une douce mélodie dans les oreilles d'Obeline, il était bon d'entendre une aussi bonne nouvelle que celle-là. En entendant ces mots, elle sentit un frisson d'excitation parcourir son échine, une émotion aussi vive qu'agréable. La recherche avait finalement été fructueuse et c'était le plus important pour elle, du moins, à ce moment-là.

Devant elle, Wolfgang désigna l'animal majestueux qui l'accompagnait, un loup imposant dont la silhouette se découpait avec grâce contre le crépuscule naissant. ❝ Il est... MAGNIFIQUE ! ❞ s'exclama-t-elle, sa voix vibrant d'une admiration sincère. Les yeux d'Obeline s'illuminèrent d'une lueur émerveillée, comme si elle avait été soudainement plongée dans un conte de fées. Son cœur en palpitait d'avance.

Une pluie de questions s'abattit alors sur Wolfgang, torrent impétueux de curiosité débordante : ❝ Vous avez su le domestiquer ? Combien de temps cela vous a pris ? Comment avez-vous trouver un tel spécimen ? C'est incroyable ! ❞ Obeline était avide de connaissances, assoiffée de découvrir les mystères de cet univers qui s'ouvrait à elle. Chaque mot était une note dans une symphonie de savoir, chaque réponse une porte vers de nouveaux horizons. L'homme en face d'elle ne se laissa pas décomposer par son effervescence, restant concentré sur la tâche qui l'attendait. La demoiselle reprit une respiration normale et revint à ses moutons, au pire, ses questions pouvaient bien attendre d'être sur le chemin du voyage, ça lui ferait de la conversation.

A la question de Wolfgang, elle sortit son calepin de parchemins et se lança dans une énumération fébrile, détaillant les trésors cachés des marécages avec une passion contagieuse. Chaque nom était comme une promesse d'aventure, chaque substance évoquée une invitation à percer les secrets de la nature :  ❝ Les marécages regorgent d'un tas de substances encore peu utilisée, si nous prenons le risque d'aller dans un endroit si reculé, c'est parce que j'aimerais revenir avec énormément de matière première pour mes futures expériences. J'ai besoin du mucus de lupulus,  de queues de radagon, déjà tombée, je ne tiens pas à faire du mal à ses pauvres créatures... ❞ Un serveur arriva, coupant la demoiselle dans son explication, la sortant de son monologue. Tout comme son nouveau compagnon de route, elle déclina pour une nouvelle boisson, ayant déjà bien dépensé durant la journée. Ce bref interlude n'entama en rien l'élan d'Obeline qui reprit de plus belle, partageant ses connaissances avec une générosité débordante : ❝ Désolé, où en étais-je ? Ah, oui, il me faudra aussi des slimes mousseux et de la bave de nixarmonie. Auriez-vous besoin d'en savoir plus sur ces différents spécimens ou connaissez-vous la faune des marécages ? ❞ Son regard brillait d'une intensité fiévreuse, prête à répondre à toutes les interrogations de son compagnon d'expédition. Elle s'était extrêmement bien renseigné sur le sujet, après tout, c'était, selon elle, le b.a.-ba avant d'entreprendre une telle aventure.

❝ Quand seriez-vous disposé à partir ? Je vous propose demain matin, dés l'aube. Vous pourrez dormir à mes frais dans l'auberge de votre choix se sitant dans Babel, ou, si vous préférez, je peux vous loger dans ma demeure. Je suis même disposée à laisser entrer Grimvor dans notre chambre d'hôte si vous le désirez. ❞