Les Chroniques d'Elysia

You didn't Know

Zeng Min

Le voyage de retour avait été aussi compliqué que l'allée, avec un certain petit être bien trop motivé et taquin. Alvaro était littéralement épuisé. Entre le froid et la gestion de tout le reste, il aurait presque aimé prendre un mois entier de vacances pour vraiment retrouver ce lien si unique qu'il avait la seule véritable femme de sa vie, Lannah. La joie de la revoir avait transcender toutes fatigues et envie de solitude pour le blond. Alors, malgré les courbatures et l'état de Sehrazad, Alvaro était en poste. On venait de lui confier une lettre importante pour le vermicelle qui leur avait servi de guide pendant les jours où ils avaient dû partir, sa protégée et lui.

Malgré son bon vouloir, on pouvait dire que le jeune homme traînait clairement des pieds pour aller retrouver Gobelin. Il n'avait aucune envie de subir encore ses plaisanteries douteuses ou ce genre de choses. Le gardien voulait de la paix, du calme, de la tranquillité. Ça faisait maintenant une petite demi-heure qu'il s'était posé pour admirer les gens vaquer à leurs occupations. C'était si disparate, si étonnant. Et en même temps, il se sentait chez lui ici. Bien plus que chez ses parents. C'était devenu au fil du temps, sa ville, ses ruelles. Pour rien au monde, il ne se serait vu déménager ailleurs. Sauf si Sehrazad ou Lannah le lui avaient demander, bien sûr. Et cette pensée fit sourire Alvaro.

Le garçon se leva, une main passant dans ses cheveux et il se dirigea vers le bar où était censé dormir Gobelin. Sehrazad, cette femme bien trop généreuse, lui avait réserver une chambre pour les quelques jours à venir, histoire de ne pas laisser le vermicelle partir malgré la fatigue. Inutile selon Alvaro mais bon, il n'en admirait que plus son amie et employeur. Il franchit les portes de l'auberge et salua le propriétaire avant de jeter un oeil sur les personnes présentes dans la partie bar. Le gardien soupira longuement, pas de petit vermicelle. Et en même temps... C'était presque un soulagement. Son regard continua de vagabonder entre les clients et il remarqua un inconnu qu'Alvaro se surprit à trouver.. Beau. Wow. Il lui arrivait quoi, là ? Il secoua la tête en se retenant de rouler des yeux. Il était idiot ou quoi ?

Le jeune homme finit tout de même par approcher la personne dont les cheveux étaient vraiment très beaux. Il eut un léger sourire aux lèvres avant de tousser un peu, histoire de ne pas avoir la voix d'un type en train de muer, sait-on jamais. « Bonjour, veuillez m'excuser de vous importuner. Je me demandais si vous n'auriez pas vu un petit vermicelle vert dans l'auberge ? Je suis chargé de lui remettre une lettre urgente en main propre. »

Alvaro voit, une longue chevelure noire.

La rivière d’ébène cascade jusqu’aux reins de l’inconnu. Un ornement pour cheveux, constitué d’un cercle de bois gravé de fleurs, maintient soigneusement un chignon haut. Une épingle en bois clair, glissée à l’intérieur, maintient la coiffe élégante ; elle-même est ornée de quelques perles de verre, d’un vert très doux, translucide, qui rappelle celui des premières feuilles printanières. De longs et délicats rubans blancs sont glissés ici et là, accentuant la délicatesse de la coiffe, dont la simplicité met en avant la finesse de l'ouvrage. En s’approchant, Alvaro peut percevoir les fragrances d’un parfum : jasmin blanc, relevé d’une pointe d’ambre. Odeur douce, florale, qui imprègne son nez le temps d’un instant. Odeur inhabituelle, d’une noblesse élégante qui tranche avec les fumets musqués des corps suant sous la chaleur du désert ou des plats qui finissent de mijoter.

Il est difficile d’identifier le genre de la personne : de petite taille, de corpulence fluette, elle tourne le dos à Alvaro, jusqu’à ce qu’il l’interpelle.

Une hésitation, avant que l’inconnu ne se retourne. Le geste suffit à ce que son vêtement, d’un drapé gracieux, accompagne son mouvement. D’un geste de la main, alliant la délicatesse et la précision d’un héron qui s’abat sur sa proie, l’inconnu ouvre son éventail, s’en cache le bas de son visage.

Et ses yeux, se plantent au plus profondément de l’âme d’Alvaro.

Sourcils fins, soigneusement dessinés, les paupières décorées d’une teinte argentée, un trait de charbon met en valeurs, les yeux en amande. Les cils étirés d’un peu de maquillage, un trait rouge sous la paupière met en exergue l’intensité des prunelles d’un profond vert émeraude. Du visage ainsi pudiquement dévoilé, se devine l’arrête droite d’un nez aquilin encore dissimulé. Les paupières se plissent, dévoilant un regard, empli d’une malice adoucie d’une tendresse… presque maternelle. Malgré la chaleur, le teint de la personne est d’une pâleur semblable aux neiges immaculées du Domaine, bien que sa tenue ne laisse pas le moindre doute sur ses origines.

Un Han Fu d’un vert semblable aux perles est refermé sous le dessin des clavicules. L’ossature visible, ne laisse que deviner une silhouette fragile. Une bande de tissu blanc, sur lequel a été brodé quelques branches ornées de fleurs roses, recouvre le haut du torse. En dessous, s’étirent de longs voiles d’un vert pâle, se dégradant élégamment, vers un vert bien plus sombre… Le tissu, de soie probablement, accompagne chaque geste de la personne d’un doux mouvement, comme les voiles ornent les queues de certains poissons que les plus riches s’arrachent. Par pudeur, ou par crainte des rayons ardents du soleil, une veste en tissu bien plus épais, recouvre ses épaules. D’un vert plus profond cette fois, il n’est pas sans dire que l’inconnu a probablement chaud, bien qu’il n’en laisse rien paraître. Ses pieds sont protégés d’une paire de chaussette blanche, malgré les getas sur lesquels il tient avec un équilibre tout à fait maîtrisé.

La question si innocente d’Alvaro surprend son interlocuteur – qui bat à deux reprises des paupières, avant qu’un rire ne franchisse ses lèvres. Une voix claire, d’un rire qui ruisselle, délicatement dissimulé derrière l’éventail et d’un léger hochement de tête. Et sa voix reprend.

Grave, masculine. Posée, douce dans ses intonations, bien que l’on y perçoive une pointe de malice.

_ Bonjour, jeune homme. Je serais ravi de pouvoir vous apporter mon aide… Bien qu’avec les éléments que vous me confiez à présent, je ne puis davantage vous aiguiller. Avez-vous d’autres informations, au sujet de cette…

Ses yeux se plissent davantage. Un léger mouvement d’éventail, soulève légèrement les mèches qui glissées de part et d’autres de son visage, sont ramenées à l’arrière par sa coiffe élégante.

_ Vermicelle, verte ?

Si Alvaro savait, que la « vermicelle verte » n’était autre que l’homme à qui il venait de s’adresser.

A la tombée du crépuscule, Gobelin a succombé à l’appel des teintures qu’il venait d’acheter. De l’argent, du charbon noir, de l’argile rouge ! Son plaisir coupable. Passer parfois des heures, à étaler sur sa peau, à chercher, le parfait mélange, de quoi se sentir, enfin, beau, assez pour oser, se montrer, assez pour réussir à se regarder.

Les vêtements précieux, qu’il a lui-même brodés, sont conservés dans un coffre qu’il laisse aux Lanternes, dans la carriole. Et sa tente dressée, dans sa chambre installé, Gobelin laisse libre court à sa créativité. Non, à son besoin d’exister.

Au besoin d’être, ce qu’on lui interdit d’être, au besoin d’incarner, son modèle, besoin de vivre, son rêve.

Zeng Min est un personnage croisé dans une de ses rares lectures, dans une de ces légendes fleuves qui n’ont pas de fins, de ces mythes obscurs que peu de personnes connaissent, et peu se souviennent. Un homme considéré comme un Prophète, porteurs de messages sibyllins, connu pour être un guide, pour les âmes égarées. Pour sa bravoure, sa créativité, sa beauté. Les illustrations, se sont gravées dans son imagination, celle de cet homme aux longues manches, à l’allure aérienne. Un personnage qui a su, lui donner espoir, qui s’est inscrit, dans sa mémoire, jusqu’à être son idéal.

Et face au regard d’Alvaro, face à l’hésitation de sa voix, Zeng ne peut s’empêcher de succomber à la tentation.

Celle d’être, l’espace d’un soir, l’homme qu’il a toujours rêvé d’être.

Spoiler:

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Zeng Min

Il y avait un bon brouhaha dans l'auberge, comme toujours. Mais le tenancier arrivait à rendre l'endroit agréable et non-glauque. Une ou deux chandelles, un tonneau, des tables propres. C'était un lieu tout à fait agréable et de temps en temps, Alvaro aimait venir y prendre une boisson pour se rafraîchir après avoir affronté son ami, le fils du Pharaon, ou durant les quelques rares jours de paix et de repos qu'il s'accordait. Le retour de Lannah allait sans doute changer les choses, il comptait bien essayer de rattraper le temps perdu avec son magnifique soleil. Mais bref, ce n'était pas du tout ce qui l'amenait ici pour le moment. La lettre entre les mains, le protecteur avait bien tenté de chercher rapidement des yeux l'homme qui leur avait servi de guide durant la randonnée pas du tout reposante dans les terres glacées. Mais non, pas de trace du Gobelin surnommé vermicelle par le blond.

À la place, il y avait un homme très beau et distingué qui semblait franchement détonné de la clientèle habituelle de l'auberge. Et, objectivement, ça attira tout de suite l'oeil d'Alvaro qui était réellement intrigué. Le jeune homme se permit donc de parler plus ou moins naturellement à cette personne qui bien heureusement lui répondit. Et avec classe. C'était très loin d'être comme l'autre vert là. Vraiment, pourquoi Sehrazad avait-elle besoin de ce type dans les pattes ? Ils pouvaient parfaitement se débrouiller sans lui ! Ils l'avaient fait jusque-là, que diable ! Le blond resta un moment à fixer l'inconnu qui agitait savamment son éventail sous le nez. Vraiment, il était fasciné, le petit homme de campagne. Malgré toutes les belles personnes qu'il avait pu côtoyer dans sa vie de part son métier, peu lui laissaient un souvenir indélébile. Lief à la rigueur, mais il le considérait comme un con donc... Pas le même genre de souvenir, dirons-nous. Ah oui, on lui avait posé une question. Allô la lune !

« Oh, veuillez m'excuser ! Un homme, sale, pas bien coiffé, des ongles longs et des guenilles en guise de vêtements. Il est très agile mais il aime un peu trop martyriser les gens. Quand on l'a vu une fois, on sait rapidement de qui il s'agit. » Passons sous silence également l'épisode honteux du serpent. C'était mieux pour l'honneur d'Alvaro qui en avait pris un sacré coup, surtout après le cri si peu viril qu'il avait poussé. Vraiment, la honte. Bref, il tira une chaise à côté de l'inconnu et il hésita. Bon, ce n'était pas forcément poli mais hé, Alvaro était un homme du peuple, la politesse, ce n'était pas toujours son fort. Ajouté à cela la fatigue, il était légèrement grognon malgré la vision presque angélique qu'il avait devant lui. À lui faire douter de sa préférence pour les femmes. Il sourit un peu quand l'aubergiste vint à leur table. Finalement, le reste de la journée serait sans doute moins désagréable que de parler au vermicelle vert.

« Je vous offre un verre ? Je m'appelle Alvaro Domingo, et vous ? » Autant essayer de faire connaissance. Pas de draguer, voyons, pas de ça entre nous. Et en plus, il était loin d'être doué pour ça, le petit garde. Il bafouillait souvent et se retrouvait dans des situations qu'il ne valait mieux pas décrire ici pour préserver les yeux chastes de son acolyte d'une soirée. Il commanda finalement les boissons au serveur qui partit rapidement de la table. Après tout, de base la discussion était privée et Alvaro espérait fort que ça continuerait ainsi. Il jouait avec la lettre cachetée entre ses doigts musclés, ses yeux se perdant dans la contemplation de la personne en face de lui. « Est-ce que c'est la première fois que vous venez ici ? Il ne me semble pas vous avoir déjà croisé. »

Combien de fois, a-t-on détourné les yeux de Gobelin ?

A-t-on grimacé, à la vue de son faciès et de son corps distordu ?

Combien de fois, est-on passé sans même se retourner, pour le chasser parfois d'un coup de pied ?

Mais Zeng est différent. Zeng est l'homme qu'on attend de voir à une Cour ou à la tête d'un Duché, à flâner dans une bibliothèque ou à méditer sous les cerisiers. C'est l'homme face auquel on courbe l'échine, qu'on salue d'un sourire ou d'un geste de la main, un homme dont on recherche la compagnie.

Gobelin existe, Zeng n'était qu'un personnage imaginaire. Qu'un modèle, auquel il aspirait. Jusqu'à aujourd'hui. Il se sent, Zeng, dans cette tenue soignée, dans ces gestes appliqués, sa voix est métamorphosée, ses mimiques, méconnaissables. Les difformités de sa silhouette, dissimulées sous les nombreuses couches de kimono, d'ailleurs, il ne cesse de s'éventer pour que la chaleur ne fasse pas couler le fusain qui dessine ses yeux maquillés. Alvaro ne semble rien discerner du Gobelin, à croire que Zeng n'a vraiment rien à voir, avec la créature. Comme deux âmes au sein d'un même corps - et pourtant, il ne s'agit que de masques sur la même essence.

Les paupières mi-closes, incapable de dissimuler son amusement teinté de tendresse, ses yeux se sont unis à ceux du guerrier à qui il offre un sourire d'une douceur, comparable aux premiers rayons du soleil qui annoncent l'arrivée du printemps. Car il y a, de la lumière dans son regard, qui s'étale sur ses pommettes, le fond de teint a effacé les imperfections, ne laisse paraître que les pommettes hautes et les joues creusées. Un peu de couleur, savemment déposée, pour donner un peu de vie aux joues si pâles, un peu de crayon, pour dessiner de fines lèvres rosées sur les lippes inexistantes, il se sent, ravissant.

La description d’Alvaro le fait rire, d'un rire plus sonore, bien qu'il se cache derrière sa main. L'éventail ne suffit pas, cette fois. Les yeux franchement plissés, le sourire s'éternise, bien qu'il le dissimule rapidement derrière son éventail. Toussotant pour dissimuler son pouffement, bien qu'il arrive encore quelques secondes, que ses épaules frémissent.

_ Je crois savoir de qui vous parler…

Minaude-t-il. Il incline élégamment la tête sur le côté. Longues mèches et rubans, accompagnent le geste, ne faisant qu'accentuer son allure aérienne, malgré ses gestes posés.

_ Ne s'agirait il point… d'un dénommé Gobelin ?

Murmure-t-il sur le ton de la connivence, en battant de ses longs cils.

Un peu de vernis vert clair, au lieu du noir habituel, les griffes ont été limées. Les longues manches dissimulent l'ossature des poignets.
A son invitation, Zeng ne dissimule pas sa surprise, écarquillant les yeux en battant des paupières quelques secondes. Son coeur a bondi dans sa cage thoracique… Pudiquement, il dissimule le rouge qui monte à ses joues alors que ses yeux se détourner.

_ J'accepte avec plaisir votre invitation. Elle me ravit.

Zeng incline docilement la tête, puis s'installe avec élégance sur sa chaise. Son dos ne s'appuie pas au dossier, mais reste bien droit, les pieds au sol. Port noble, bien qu'un oeil aguerri y verrait une forme de touchante maladresse, comme peu accoutumé à simplement poser son fessier sur une planche de bois. Une main posée sur sa cuisse, l'autre referme son éventail qu'il dépose un instant contre son menton. Ses yeux verts, attentifs, se sont fixés sur les doigts solides du guerrier pour les observer malmener la lettre.

_ Souhaitez-vous que je vous libère de votre fardeau ?... Je connais ce Gobelin, il nous arrive régulièrement de nous croiser. Il dort d'ailleurs dans cette auberge, en effet ! Je pourrais lui apporter votre courrier.

Il sourit avec douceur en penchant la tête sur le côté. Ouvre son éventail pour cacher son sourire malicieux.

_ Vous ne semblez pas porter ce petit monstre dans votre coeur. Si je peux vous épargner sa rencontre… N'hésitez pas.
Souffle-t-il. Bien que s'entendre prononcer ces mots, lui procure un plaisir… teinté d'une certaine aigreur. Lui aussi, déteste ce Gobelin, mais il faut bien lui laisser un peu de place, un peu d'espace, le droit, de vivre. Sans lui, Zeng ne serait pas ici. Sans lui, Zeng n'aurait jamais vu le jour. Ce Gobelin est nécessaire, pour le protéger du monde, le protéger de lui-même.

Son éventail s'agite un peu plus nerveusement, alors qu'il prononce, pour la première fois de sa vie, les mots qu'il a toujours rêvés d'entendre.

_ Je m'appelle… Zeng Min.

Un silence, sa voix a tremblé. Il laisse l'émotion, se diffuser paisiblement dans sa cage thoracique… Comme une chaleur, des picotements, qui descendent jusqu'au bout de ses doigts.

_ Enchanté de vous rencontrer, Alvaro. A moins que vous ne préfériez un titre ? Ou que je vous appelle par votre nom de famille ? Monsieur Domingo.

Sourit-il, charmeur.

_ Je voyage beaucoup. Je me considère… Artiste itinérant, bien qu'il m'arrive parfois d'offrir instructions et éducations aux orphelins. Et quand le coeur m'en dit, il m'arrive d'offrir ma lame pour soutenir les causes… qui me paraissent justes et honorables. Je suis déjà passé plusieurs fois, mais il est vrai que chacune de mes visites ne dure que quelques jours voire qu'une seule nuit…

Son regard s'attarde dans les prunelles d’Alvaro.

_ Mais si vous appréciez ma compagnie… Peut-être viendrai-je un peu plus souvent.

Glisse-t-il tendrement, avant de pouffer et remuer légèrement la tête de droite à gauche.

_ Pardonnez ma malice. Je n'ai simplement pas l'habitude que l'on me convie à boire un verre… Que nous avez vous commandé, d'ailleurs ? J'espère qu'il n'y a pas d'alcool, je ne suis pas sur de pouvoir le supporter…

Il a surtout peur de se trahir.

_ Et vous…? Parlez moi donc de vous. Je doute qu'un homme de votre stature soit un simple messager…

Il sourit malicieusement en le couvant du regard.

_ Avez vous l'habitude de voyager ? Peut-être vous demanderai-je quelques conseils, pour moins souffrir de la chaleur et d'un soleil si ardent… Mais j'apprécie la chaleur des sourires que je rencontre ici. Merci pour votre accueil, une nouvelle fois.

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Zeng Min

Le pire, dans tout ça, c'était sans doute qu'Alvaro à la base, il n'avait rien contre Gobelin. Ok, le vermicelle était sale, chiant, bizarre mais ce n'était pas forcément des défauts qui rebutaient le jeune protecteur. Non. Si Gobelin n'avait pas poursuivi le blond avec un serpent dans les mains, peut-être que le garçon aurait bien aimé ce petit lutin vert malicieux. Mais.... Il n'avait fallu qu'un animal écailleux pour faire voler une amitié aux éclats avant même qu'elle ne commence. Triste. Donc, à jamais - ou presque - le petit être resterait le vermicelle aux yeux d'Alvaro. Chiant, intelligent, débrouillard mais complètement pété du casque. Alors, forcément, pas un seul de ses cheveux ne parvenait à penser à la personne qui se tenait devant lui, si distingué et élégant pouvait être la même personne qu'il traitait comme un moins-que-rien juste pour une histoire de serpent.

« Oh disons que nous avons eu quelques différents. Il n'est pas mauvais. Mais voilà. » Si on pouvait éviter de parler de l'épisode si peu viril de la course entre Gobelin et lui... Ce serait mieux. Mais bon, Sehrazad aimait le vermicelle alors forcément, Alvaro faisait avec, hein. C'était son job et il aimait beaucoup trop la jeune fille pour lui refuser ça. Elle était presque au même niveau que Lannah après tout. Ah, Lannah. Penser à elle le faisait toujours sourire un peu plus niaisement, étrangement. Bref. Arhem. Il se reprit bien vite pour reporter son attention pleine et entière sur son invité. Le jeune homme nota bien entendu dans un coin de son esprit le nom de l'inconnu qui n'en était pas un. Ça le fit sourire, il était content de connaître un peu de cette personne si distingué, lui qui habituellement, ne s'attachait pas spécialement aux apparences. Oula. Personne ne l'appelait Domingo à part les gens sous ses ordres. Il avait l'impression de prendre quinze ans d'un coup.

« Oh non, appelez-moi Alvaro, c'est très bien. Si je peux me permettre de vous appeler Zeng. » Pitié, dites oui. Jamais il ne sera capable de garder une telle formalité. C'était si compliqué dans les réunions où parfois il accompagnait Caspian qu'il préférait se taire. Alors là, non, définitivement, il ne tiendrait pas longtemps. ... Oh un artiste ! Comme Lannah ! Oui, sa soeur, il la considérait de un comme un point de référence et de deux comme une artiste. Elle avait de l'or entre ses doigts et ça rendait Alvaro admiratif. Il sourit un peu, visiblement, ce Zeng était un homme généreux. Une qualité très appréciée par le protecteur. Bon ok, la suite le fit un peu déchanter. Juste une nuit... Quel dommage... C'était... Pourquoi ça l'emmerdait autant ? Il venait de rencontrer cet homme après tout ! Un peu de tenue, Alvaro, que diable !

« Oh hé bien, j'espère que vous reviendrez plus souvent dans ce cas. Ne vous en faites pas, je ne bois pas d'alcool. » Enfin pas en service. Et là, bon, il était encore en service un peu quoi. Il devait donner cette foutue lettre à la petite vermine crasseuse. Erk. Non, on verra plus tard, hein. Oui, c'était mieux. Beaucoup mieux. « Oh que pourrais-je vous dire ? Je suis le protecteur de dame Sehrazad Borgia. Je voyage là où elle décide d'aller et je veille sur elle. J'ai également une petite soeur. Une merveille, si vous voulez mon avis. » Ah, il pourrait parler des heures de Lannah. De cette tête blonde qu'il venait de retrouver. Ça se voyait sur son visage, dans ses yeux. Le monde pour elle. Sans la moindre hésitation. « Vous savez pour la chaleur, il faut que vous couvriez votre tête et surtout que vous portiez des couleurs froides comme le noir. Ça aide beaucoup à réguler la température corporelle. Sinon, il doit bien y avoir des pochons d'eau froide. Je me renseignerais, si vous le souhaitez. »

Un sourire doux éclot sur ses lèvres et plisse tendrement ses yeux ; amusé, un rire bref franchit ses lèvres, avant qu'il n'ait un petit geste évasif de son éventail.

_ Bien, Alvaro. Je serais Zeng, pour vous.

Accepte-t-il volontiers en lui adressant une oeillade malicieuse. Et il y a dans cette réponse, un petit goût d'interdit, comme un secret glissé à l'oreille, partager un fruit dérobé, comme un, baiser volé. Ses yeux plantés dans les siens, il scelle sa promesse d'un langoureux battement de paupières.

Car pour lui, donner son nom, est un acte intime, au point d'en rougir un peu et de sentir son coeur, s'affoler, dévoiler pour la première fois, Zeng et le voir, exister. C'est comme affirmer, ce qu'il a toujours nié être. Et qu'enfin, on le reconnaisse, pour ce qu'il est et non ce qu'il prétend être.

_ Du… Noir ? Oh, je n'y avais pas pensé…

Qu'il avoue en clignant des paupières.

_ Je vous en serais reconnaissant. Vos conseils me sont très précieux.

Il s'évente légèrement avec son éventail, agitant l'une de ses longues mèches noires qui s'est échappée de sa coiffe pour longer son visage.

_ Je n'ai point l'habitude de porter du noir… J'espère que l'on ne me prendra point pour un spectre ou tout autre monstre, pouffe-t-il avant de changer de sujet, ne souhaitant pas s'y attarder davantage, il reprit, Enfin, j'imagine que plus mes séjours y seront confortables, plus j'aurais le désir de revenir… La compagnie passagère d'un protecteur comme vous pourrait m'y inciter, mais par la Déesse, je ne priverai jamais la Dame de son gardien. Elle est l'un des joyaux les plus précieux de ces terres. Bien que par votre sourire, ce Royaume semble accueillir d'autres richesses…

Qu'il minaude en penchant la tête sur le côté.

_ Comment s'appelle votre soeur ? A quoi ressemble-t-elle ? Peut-être l'ai-je déjà croisée au détour de mes errances. D'ailleurs, comment êtes vous devenu Garde de Dame Sehrazad ? Vous étiez vous porté volontaire, à moins que vos aptitudes martiales, votre loyauté n'aient pu être remarquées ?

Des questions qu'il a peut-être déjà posées par le passé, mais sous un autre visage - maintenant, c'est à Zeng d'apprendre à le connaître.

Gobelin ne pense pas, aux risques de mentir, il ne veut pas penser à sa déception, il ne veut pas penser, à ce qui pourrait être vu comme une trahison ; il veut seulement laisser place à Zeng, vivre, au travers de son regard, au travers de son physique et il ne s'attendait pas à voir le monde, tant changer, autour de lui.

L'allure et l'apparence restent importantes, la première impression dicte les premières interactions. Saisir toutes ces modifications lui serre un peu le coeur mais il préfère davantage se concentrer, sur le plaisir de ce moment. Il se sent, presque beau, il se sent, humain, il se sent bien, n'a plus l'envie de se cacher sous des grimaces ou le masque du Gobelin.

A croire qu'il n'existe rien d'autre que ces deux facettes si différentes, ces deux personnages dans un même corps, chacun possédant sa propre histoire. Il espère que son maquillage ne coulera pas, qu'aucun rire de crécelle ne lui échappera pas, qu'il n'aura pas à révéler la créature tapie au fond de ses viscères.

Un Gobelin qui ronge son frein, résistant au désir de surgir comme un diable hors de sa boîte, le surprendre pour s'enfuir, dans un éclat de rire.

Non, Zeng veut rester, pour l'instant.

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Zeng Min

Zeng. Ça sonnait particulièrement bien aux oreilles du blond sans même qu'il n'arrive à déterminer la raison particulière. Il avait aussi cette impression de légèrement connaître l'homme assis à côté de lui mais impossible de savoir où, comment ? Il était persuadé que l'homme aurait reconnu cette beauté de loin, que ça aurait marqué son esprit mais non. Il ne parvenait pas à additionner un plus un. À croire que le jeune garçon n'était pas le plus intelligent de la bande... Bon, c'était un peu le cas, c'était pour ça qu'il était garde du corps après tout ! Bref. Il eut un léger sourire complètement satisfait de voir que Zeng trouvait son idée intéressante. Mais, même si les couleurs foncées attiraient le soleil, la chaleur en était moins puissante. Il avait appris à protéger sa peau si pâle avec le temps. Et maintenant, les rougeurs étaient rares sur son épiderme ! Et il en était fier, ok.

Le bodygard observa encore un peu plus la personne qui partageait maintenant un verre avec lui. Comment pouvait-il penser qu'il ressemblerait à un spectre ou un monstre !! C'était purement impossible. « Même vêtu d'un drap informe, vous ne ressembleriez pas à un monstre, Zeng. » Ah.. C'était sorti tout seul. Bon, en même temps, c'était vrai. Il en était persuadé. Ah s'il savait... S'il comprenait que derrière cet éventail et ces belles paroles, il s'agissait de la personne qui lui avait fait peur avec une créature de la Calamité ! Mais en même temps... Les mots de l'homme le firent rougir un peu. Ah. Oh. C'était très gentil de dire ça ! Il bomba un peu plus le torse. Comment dire que les tentatives de séduction de l'inconnu fonctionnaient complètement ? Bref... « Je vous montrerais les plus jolis coins du royaume. Il fait chaud mais c'est un endroit magnifique. » Ah ça oui, il adorait son pays. Il pouvait bien montrer deux ou trois endroits où le Domingo aimait se retrouver seul pour réfléchir. Dont un où il avait pris la décision de faire le premier pas vers sa chère petite soeur tant aimée.

« Lannah. Elle s'appelle Lannah. C'est une femme incroyable ! Elle est belle comme un soleil. Et elle est très forte, intelligente ! Et pure. Ah... C'est une personne absolument parfaite. Elle coud aussi très bien. Et elle a un coeur énorme ! Un peu trop, d'ailleurs. J'ai toujours peur qu'elle se fasse avoir. » Il pouvait parler des heures de Lannah. C'était un amour indescriptible qu'il ressentait pour la jeune fille. Elle était tout pour lui, il pourrait bouger des montagnes pour elle et plus que tout au monde, Alvaro voulait son bonheur. C'était pour ça qu'il avait accepté de la laisser partir... Et que ça l'inquiétait beaucoup. Une ombre passa légèrement sur son visage. Il priait la Déesse chaque jour de protéger sa petite soeur adorée. Elle lui manquait déjà en plus... Mais heureusement, les nouvelles questions de Zeng le tirait de cet était de mélancolie qu'il n'avait pas envie d'avoir. Pas en si bonne compagnie en tout cas.

« Je connais Dame Borgia depuis longtemps. J'ai rapidement quitté le nid familial pour venir m'entraîner dans l'armée Borgia pour protéger ma famille justement. J'ai vite été repéré pour mes aptitudes au combat et vu que je m'entends bien avec lady Borgia, on m'a confié sa protection. C'est aussi une femme exceptionnelle, si vous voulez mon avis. Je la considère comme ma petite soeur aussi. » Il avait eu ce besoin de rajouter la dernière précision. Pourquoi... Alvaro ne savait pas mais il en ressentait le besoin. Comme pour faire comprendre à Zeng que l'amour qu'il éprouvait pour Sehrazad était purement fraternelle et non pas autre chose. Au cas où on les écoutait sans doute.... Ah le déni... Il était bien présent. « Et vous alors, mon cher Zeng, vous parcourez les routes d'après ce que j'ai compris ? Vous n'avez personne pour vous accompagner ? Les routes sont dangereuses de nos jours, vous savez. J'espère que vous ne comptez pas sur ce Gobelin pour vous protéger. Il est doué au combat mais je ne lui fais pas vraiment confiance. Il aime trop jouer avec les peurs des gens. »

La remarque si sincère et spontanée du jeune homme le laisse quelques secondes décontenancé.

Ses paupières battent à plusieurs reprises, avant que ses yeux verts, d'un vert profond moucheté d'émeraude, ne se plantent dans les pupilles d’Alvaro. Puis ses paupières se plissent, ses frêles épaules sont saisies d'un frisson, malgré ses efforts, un rire franchit ses lèvres. Il se dissimule avec élégance derrière son éventail, en profitant d'ailleurs, pour s'aérer, un sourire amusé perdurant sur ses lèvres.

S'il savait. Que sous ce masque et ce maquillage, se cachait le vicieux Gobelin. Mais Zeng ne veut pas y penser, aujourd'hui, il n'a pas envie de l'être. Cela fait bien quelques mois, qu'il ne s'est pas amusé à charmer - et voir le jeune homme fier comme un coq, gonfler son torse, lui plaît…

D'ailleurs, il lui adresse un regard appréciateur. Langueur d'un regard qui s'attarde le long des muscles saillants, de cette force bien différente de la sienne, le voir si protecteur le fait presque rougir. Il s'en mord la lèvre inférieure. Son coeur a bondi, dans sa cage thoracique. La créature qu'il est, n'a guère l'habitude d'un tel traitement et y prend, bien trop de plaisir. Il redoute déjà l'après. Quand Alvaro comprendra. Ou quand il devra s'en aller. Se passer, de ces regards qui le dévorent, de ces mots doux qu'il lui adresse… De ces approches, si différentes du rejet qu'on lui réserve.

Tout est une question d'apparence, et cette pensée l'attriste un instant.

_ Votre guidance serait pour moi, un honneur ainsi qu'un réel plaisir.

Glisse-t-il.

Lannah… Ah oui. Cette petite douceur, aux longs cheveux blonds, Gobelin en garde un précieux souvenir, de cette petite si craintive, et pourtant, si combattive. Attendri, sa tête se penche légèrement sur le côté, dans un sourire d'une douceur presque maternelle.

Lorsqu'il le voit s'assombrir, Zeng en oublie l'étiquette. D'un geste vif, mais tendre, sa main s'est simplement déposée sur celle d’Alvaro dans un geste de soutien. Sa longue main, aux doigts particulièrement fins, ongles taillés et peints d'un vert pâle, conservent leur ossature saillante ; avec bienveillance, ses mains se referment un court instant sur les siens, avant de le relâcher.

_ L'amour, est la plus grande force de l'âme.

Qu’il songe.

_ Les épreuves de la vie sont malheureusement, irrévocables. Elles peuvent subvenir à tous instants. Mais votre soeur, semble posséder en elle de nombreuses qualités, de nombreuses ressources, ainsi que votre affection la plus sincère. L'amour que vous lui portez, quelle que soit la distance ou ce qu'elle doit affronter, est le plus puissant bouclier et l'arme la plus solide qu'elle puisse posséder. Elle sait qu'ici, à vos côtés, elle aura toujours son foyer et sera toujours, protégée.

Il lui adresse une œillade malicieuse.

_ L'amour, lorsqu'il est teinté de peur, peut si vite devenir une cage… Connaissez vous, l'histoire de l’Empereur et du Rossignol ? Un de mes contes préférés.

Sa main libre se lève, comme pour y accueillir un oiseau du bout de l'index.

_ Un jour, alors que l’Empereur se promenait, il fit la rencontre d'un magnifique rossignol. L'oiseau possédait, le plus beau chant qu'il lui ait été donné d'entendre. Un chant si puissant, qui'il suffisait à lui-seul à chasser toute la mélancolie de l’Empereur. L’Empereur lui dit, O, beau rossignol, viens donc chanter à mes côtés. Ma vie, est fade, et ta présence, fait de ces heures, de précieux instants de bonheur. L'oiseau accepta. L’Empereur lui fit préparer une belle cage d'or, où le rossignol ne manquait de rien : graines à foison, jeux, et même un compagnon de métal. Il ne lui manquait, que la liberté. Au fur et à mesure des jours, l'oiseau, désireux d'ouvrir ses ailes, demanda à l’Empereur : peux tu ouvrir ma cage ? Peux tu me laisser voler ?

Il rabaisse la main et fait mine de caresser une barbe imaginaire.

_ Non, répondit l’Empereur après un silence. Pourquoi vouloir t'en aller ? Dehors, tu as des prédateurs, ici, tu es en sécurité, tu as, de quoi boire et manger. L’Empereur craignait aussi, que le rossignol décide de ne plus lui revenir. Il n'ouvrit donc pas sa cage. Et quelques mois plus tard, l'oiseau décida de ne plus chanter. De ne plus boire. De ne plus manger. Il se laissait dépérir.
L’Empereur, inquiet, commença par supplier l'oiseau. Chante ! Nourris toi !

Non, souffla faiblement l'oiseau, Je t'en prie, libère moi.

Mais l’Empereur refusa. Puis après ses larmes, vint sa colère. Il menaça l'oiseau, de lui trancher la tête. L'oiseau ne réagit pas. Et la peur, de tout perdre, poussa l’Empereur à mettre de côté sa fierté : il se saisit de la cage et l'ouvrit. Le rossignol s'envola. Et ne revint pas.

Zeng laisse planer un silence.

_ Quelques années plus tard, l’Empereur était souffrant, dans son li. Il était tombé malade. Et alors que ses yeux se fermaient, un agréable chant lui vint à l'oreille. C'était, le petit rossignol.

Merci, mon ami. D'avoir vaincu ta peur. D'avoir réussi, à m'aimer assez, pour ouvrir cette cage. Je ne chanterai pas quand tu le désires, mais quand je voudrais et quand je le pourrais. Et sache, que chaque chant que je t'offrirai, seront non plus contraints mais sincères.

L’Empereur sourit. Petit Rossignol, ta présence m'apaise, et si tu es celui qui me l'offre et non plus celle que j'exige, je n'en suis que plus heureux : j'ai accepté, le risque de te perdre, pour réussir à t'aimer pleinement, toi et ton désir, de liberté.

L’Empereur et le Rossignol, furent les meilleurs amis et l'on prétend qu'ils moururent le même jour, l'un dans son palais, l'autre, dans sa forêt. Qu'aujourd'hui encore, quiconque tend l'oreille, peut entendre leurs fredonnements dans le souffle du vent.

Zeng sourit rêveusement.

_ Le plus grand geste d'amour, est celui d'ouvrir la cage. Votre sœur est probablement heureuse, de cette confiance que vous lui offrez.

Il prend une petite gorgée de son verre, après une telle histoire, sa gorge est desséchée.

_ Douce dame Sehrazad… J'ai entendu d'elle, beaucoup de bien. Vous êtes donc, le protecteur de deux astres. Comment pourrais-je me sentir plus en sécurité ?

Minaude-t-il malicieusement

_ En effet… Je prends grand plaisir à voyager. A découvrir de nouvelles histoires, faire de nouvelles rencontres, offrir quelques spectacles. Philosophe à ses heures perdues, artiste itinérant… Jusqu'à présent, je n'ai eu, par chance, presque aucune mauvaise rencontre. Il m'arrive parfois, de rejoindre certains mercenaires, pour ma sécurité…

Du coin des yeux, il l'observe avec attention.

_ Oh…. Je vois.

Il est vrai que la réputation de ce Gobelin est discutable - mais Zeng ne dirait pas cela. Zeng est bienveillant, même envers ce vulgaire Gobelin.

_ Que vous a fait subir ce gredin ?

Il sourit, appuyant légèrement son menton sur le sommet de son éventail fermé. Les paupières lourdes, sur ses prunelles, il laisse son regard s’égarer.

_ Ne lui en tenez pas rigueur. La Déesse l’a fait tel qu’il est, probablement pour mettre à l’épreuve l’Humanité dont nous sommes capables. De là où nous venons, la beauté est une qualité nécessaire, pour être accepté… Les enfants qui naissent, différents ou imparfaits, sont parfois condamnés. Il suffit d’une cicatrice, pour qu’un Noble soit déshérité.

Il sourit, sans joie.

_ Il a probablement traversé bien des épreuves, pour survivre jusqu’à aujourd’hui. Jouer sur la peur, comme sur le dégoût qu’il peut faire ressentir, sont probablement les seuls moyens qu’il a trouvés, pour qu’on daigne l’épargner.

Son éventail, dans un geste sensuel, se dépose sur l’avant-bras d’Alvaro et remonte lentement, le long de sa peau, jusqu’à son épaule puis effleure sa mâchoire.

_ Il sait sûrement, que des bras comme les vôtres, le briseraient en deux.

Murmure-t-il, d’une voix si douce, qu’elle en donne la chair de poule…

_ Peut-être souhaite-t-il seulement, vous tenir à distance, comme ces serpents agitent parfois leurs clochettes pour avertir du danger qu’ils représentent, dissimulant leur propre crainte sous un aspect intimidant. Peut-être, de vous deux, était-il en réalité le plus effrayé ?

Les Chroniques d'Elysia

Izar de l'An 1

Les scénarios

[Privé] You Didn't Know | Gobelin