Les Chroniques d'Elysia

Why Are You Running?

Le loup et le renard

Bordel qu’il faisait CHAUD.

Déjà que sa chaleur corporelle était plus élevée que la moyenne, si on ajoutait à cela un soleil de plomb … Disons que ce n’était pas plaisant. Être une fournaise, c’était pratique dans le nord, pas dans le sud !

Assis sur un banc à l’ombre, Lief regrettait déjà d’être descendu jusqu’au Royaume. Pourtant, ce n’était que le fief de Borgia; les températures ici n’étaient rien comparées au reste du pays … Semblerait-il que c’était quand même trop pour un homme de North Odin. Allait-il abandonner ? Allait-il faire marche arrière et retourner au fief de Chen dans l’Empire ? Bien sûr que non ! Le guerrier comptait s’endurcir; après tout, c’était pour cela qu’il avait entrepris ce voyage en premier lieu.

Il arrivait parfois au maître d’armes de faire un rapide tour du continent afin de se mettre à jour sur les nouvelles techniques de combat. Plus il affrontait d’adversaires différents, plus il s’améliorait en tant que combattant et professeur. Cela lui permettait de mettre en place des stratégies contre les tactiques étrangères et de les enseigner à ses élèves. Et puis, un vrai guerrier digne de ce nom devrait être capable de se battre n’importe où, que ce soit dans la neige, le désert, la forêt ou… une bibliothèque. Ils étaient vraiment ennuyeux à Babel …

Le duc en profitait également pour effectuer quelques visites de courtoisie, juste pour dire que les Nyugard n’étaient pas trop sauvages … Même s’il savait que sa femme allait gâcher tous ses efforts dans un temps record. À croire que les Nyugard se croyaient au-dessus de la diplomatie autant qu’ils se sentaient supérieurs aux autres … Bon sang que Lief détestait ces enfoirés arrogants – hormis sa femme et ses enfants bien sûr. Ils étaient des exceptions, bien qu’eux aussi possédaient plusieurs défauts intergénérationnels. Ah, ce n’était pas toujours facile d’être un loup raisonnable entouré d’ours dominants !

Pourtant, il ne se plaignait jamais.

Il ne se plaignait jamais, mais parfois, il ressentait l’envie pressante de frapper quelqu’un ou quelque chose.

Crevant de chaud sur son banc, l’étranger du nord releva par hasard le regard pour observer la rue passante. Et c’est là qu’il la vit. Cette tignasse blonde qui dépassait toutes les autres d’au moins une tête. Ces épaules carrées. Cette belle grosse épée dans son fourreau. Aussitôt, la vie revint dans le corps du maître d’armes; saisi d’un nouveau souffle, il se leva d’un bond pour suivre cette silhouette. Le loup venait de détecter une proie et il comptait bien l’attraper !

Bousculant sans le vouloir plusieurs personnes sur sa droite, le borgne essayait de calculer la grandeur de cet inconnu au loin, quoique ce n’était pas simple avec juste un œil. Était-il plus grand ? Était-il plus grand ?! Ah ! Lief n’avait pas souvent l’occasion d’affronter des guerriers à sa taille – littéralement. Il ne pouvait pas rater cette chance ! C’était l’opportunité parfaite pour mettre à l’épreuve ses compétences dans des conditions si rares ! En plus, ce grand type était armé; c’était donc forcément un combattant, non ? Si tel était le cas, alors sa fierté guerrière l’empêcherait de décliner un duel ! C’était dans la poche.

Contournant le blond dans un large quart de cercle, le loup accéléra le pas pour le dépasser et se planta devant lui afin de lui barrer la route. Le dos bien droit, le regard transperçant le sien et le menton légèrement relevé, l’épéiste nordique n’avait qu’une seule chose à dire : « Toi. Affronte-moi. » Avec toute la politesse d’un Nyugard bien sûr … Finalement, ces ours mal léchés déteignaient sur lui.

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Lief Nyugard

Pour un jour d'été, c'était vrai qu'il faisait plus chaud que d'habitude mais ça ne dérangeait pas le blond. C'était un jour de repos ! Et il comptait bien en profiter à fond. Petite balade en ville, petit verre d'alcool dans sa taverne préférée avant de se poser dans un coin pour penser à sa très chère soeur. Elle lui manquait terriblement, cette demoiselle. Assis sur son lit, encore en pyjama, il pensait encore à ce que la jeune femme avait pu dire à sa protégée, Sehrazad. C'était terrible, ce n'était pas sa soeur. Il ne pouvait pas accepter ça, même venant de quelqu'un qu'il aimait de tout son être. Alors ils s'étaient disputés et la blonde était partie sans un mot de plus, au grand regret du garde du corps qui avait l'impression de l'avoir abandonnée.

Et c'était le cas, grand nigaud. Il souffla un coup pour chasser ses pensées et l'homme s'habilla finalement de sa tenue de cuir habituelle, épée à la ceinture. Que pouvait-il faire en premier, le renard ? Un bon petit déjeuner ! C'était le repas le plus important de la journée ! Et son préféré. Il s'attabla avec impatience avant de dévorer son copieux repas. Pfiou, ça faisait du bien. Le ventre rempli et les lèvres un peu humides de jus d'orange, le garçon se leva finalement et il sortit du château qu'il trouvait étrangement oppressant en cet instant. C'était un besoin de liberté, de se dire que malgré ses engagements envers les Borgia, il restait libre de faire ce qu'il voulait, au moins un peu. L'homme marcha dans les rues poussiéreuses de la ville, observant les habitants qu'il aimait tant. La vie qui se dégageait de ces lieux lui donnait toujours la pêche. Alors, perdu dans son objectif d'aller acheter des tissus à envoyer à Lannah, Alvaro ne remarqua pas le grand couillon qui avait décidé de foncer vers lui comme Moïse devant la mer.

Hein quoi ? Mais de quoi il parlait l'autre étranger-là ? Alvaro l'observa comme s'il avait affaire à un demeuré complètement pété du bulbe. Par la déesse, qui provoquait un inconnu en duel sans même lui dire bonjour ou lui demander l'heure avant ? Visiblement ce type étrange qui n'avait qu'un oeil. Le blond poussa un GROS soupire blasé avant d'ignorer totalement l'homme et de le contourner, la main sur le pommeau de son épée, sait-on jamais, il avait vraiment l'air bizarre. Bon et puis, il suait à grosses gouttes, donc il faisait un peu pitié au garde du corps. Ce n'était pas Caspian à n'en pas douter. Son ami supportait bien la chaleur et il disait bonjour, LUI. Donc, le blond reprit sa marche en priant pour que l'idiot le laisse tranquille pendant qu'il se posa sur un stand pour admirer les tissus que la boutique proposait. Quel culot ! Il n'en revenait pas ! Et pendant son seul jour de repos ! Pourtant, il le sentait encore derrière lui comme une charogne sur un cadavre. Ça allait finalement être une journée de merde... « Arrêtez de me suivre ! Je suis marié et heureux en ménage ! Et je ne veux pas vous acheter vos cochonneries que vous vendez ! » Qu'il lança en direction de l'inconnu mal poli. Ça devait être un vendeur un peu trop zélé.

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Le loup et le renard

… Bon. Ce n’était pas la réaction espérée. Le grand blond avait tout bonnement ignoré le borgne et continué sa route. Mais pourquoi ? La demande n’avait-elle pas été assez claire ? Avait-il cru que l’étranger du nord parlait à quelqu’un d’autre ? Ou est-ce que ces enfoirés du Royaume étaient plus sauvages que ceux du Domaine ? Dans tous les cas, il en fallait bien plus pour décourager Lief ! Ce dernier suivit donc sa proie sans s’en cacher, marchant dans son dos tel un petit chien de poche. Peut-être que le jeune homme avait juste des problèmes auditifs ? Le Nyugard n’avait jamais affronté de combattants sourds; cela devait être encore plus compliqué que de se battre avec un seul œil ! Il aimerait bien voir un tel guerrier en action, alors raison de plus pour convaincre cet inconnu.

Ce dernier s’arrêta et son stalker en fit de même. Il pencha la tête sur le côté afin de découvrir ce qui intéressait ce grand type … Uh. Du tissus. Ne me dîtes pas qu’il préférait ces trucs ennuyeux à un combat sanglant ?! Son épée, c’était juste pour avoir l’air classe aussi ?! Lief se redressa lorsque le blond daigna enfin reconnaître sa présence. Dans les faits, le loup ne se sentait pas si insulté; il était habitué d’être ignoré. Par contre, il ne comprenait rien à cette réponse acerbe … Pourquoi l’autre lui parlait-il de son mariage et de cochonneries à vendre ? Le maître d’armes haussa un sourcil avant de retrouver son air parfaitement neutre. D’accord. Cela devait être sa faute. Il n’avait pas été assez clair et direct, même s’il n’avait utilisé que trois mots …

« Je te défie en duel. Je veux t’affronter. Avec nos épées. Ou nos poings. » Voilà ! Si le monsieur blond n’avait toujours pas saisi sa demande, alors le guerrier nordique ne savait plus quoi dire … Aurait-il dû crier ? Au cas où que l’autre soit réellement sourd … Bon, trop tard. L’homme du désert n’avait qu’à lire sur les lèvres ou peu importe ce que les malentendants faisaient pour se débrouiller dans ce bas monde …

Évidemment, Lief ignorait qu’il avait l’air d’un taré en ce moment. Son expression et sa voix calmes contrastaient avec ses paroles violentes, ce qui rendait la situation encore plus malaisante. Dans un contexte professionnel, le duc se débrouillait pas trop mal, mais dans la vie de tous les jours … Ses compétences sociales étaient à chier, quoi. Lors de la reprise de ses études, il s’était surtout concentré sur la politique et l’art militaire, car il jugeait que c’était ce qui lui permettrait d’être le plus utile à Barbara. Néanmoins, il avait négligé tout le reste et ses lacunes étaient on ne peut plus évidentes lorsqu’il quittait ses domaines de prédilection …

« Euh, messieurs ? » intervint le marchand de tissus inquiet. « Si vous voulez vous bagarrer, pourriez-vous le faire, euh, loin de mon magasin ?… » Le borgne tourna l’œil vers le vendeur qui tressaillit comme s’il craignait que ce grand loup lui saute à la gorge. Lief ne faisait que le regarder pourtant, rien de plus … Ah ! Le blond avait parlé de son mariage et d’achats plus tôt, non ? Sûrement parce que sa femme l’avait envoyé faire les courses ! Et c’était pour ça qu’il n’avait pas le temps pour un duel ! Ah, tout faisait du sens maintenant … Le Nyugard regarda de nouveau sa grande proie qu’il ne comptait pas lâcher d’une semelle.

« … Tu fais des achats pour ta femme ? Est-ce que je peux aider ? » proposa-t-il avec une sincérité déconcertante venant d’un type qui souhaitait fort lui casser la gueule. S’il l’aidait, alors ça irait plus vite, et si ça allait plus vite, alors ils pourraient commencer leur duel plus vite ! C’était simple et logique comme solution, non ?

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Lief Nyugard

Mais ce foutu borgne n'allait pas lâcher l'affaire ? Il poussa un profond soupir, son jour de repos, merde quoi. Alvaro se pinça l'arête du nez pour garder une relative contenance quand l'autre hurluberlue débarqua une nouvelle fois pour le défier. Les étrangers étaient vraiment bizarres en ce moment. Franchement, qu'avait-il fait à la déesse pour qu'entre ce truc chelou et le vermicelle, le monde se soit ligué pour lui casser royalement les pieds ? C'était la contrepartie de sa joie de retrouver son petit soleil ? Bah, le type finirait bien par se lasser à force d'être ignoré. Encore faudrait-il qu'Alvaro réussisse à ignorer l'inconnu qui venait encore de le défier.

Pauvre vendeur qui devait avoir l'impression que les deux gigolos allaient se battre en plein devant son échoppe alors que le blond savait se tenir un minimum. Ouais bon. Ok, c'était quand même tentant de voir s'il allait continuer à être si bizarre après lui avoir cassé le nez. Wait... Alvaro soupira un peu avant de répondre au pauvre marchand de tissu. « Ne vous inquiétez pas, je travaille pour Dame Borgia, je ne laisserais personne mettre votre stand à mal. » Bon, il fallait avouer qu'il pourrait le faire lui-même quand même mais c'était un autre sujet. Et ça, il ne l'avait pas promis après tout. Mais bref. La question de Lief le prit franchement de court. Lui. Une femme. Ah. Alors. Non. Heu. Ah. AAAAAH.

Et voilà, Alvaro a fait une erreur de script, obligé de redémarrer proprement pour enfin trouver de quoi répondre au borgne. En plus, actuellement, ce qui se rapprocherait le plus d'un coup de coeur... C'était personne en fait. Alors bon, niveau femme... On repassera quand même. « Je ne suis pas marié. C'est pour ma petite soeur. Elle est douée pour coudre. Je me disais que ça pouvait lui faire plaisir........ Mais pourquoi tu veux savoir ça ?? » Il fallait vraiment qu'il arrête de raconter sa vie au premier type chelou qu'il voyait ! Alvaro demanda ensuite au vendeur deux tissus qu'il avait repéré avant de tenter d'esquiver le pauvre type qui ne cessait de lui coller au cul comme un chien perdu. Bon. Que pouvait-il faire maintenant ? Essayer de perdre l'homme dans la foule ? Il paya rapidement le marchand avant de s'éclipser vers un autre stand de fleurs un peu plus loin. Peut-être que Sehrazad retrouverait un peu son sourire s'il lui ramenait un peu de ces jolies choses colorées ?... Pitié que l'autre débile ne lui parle pas encore de sa femme... PITIÉ.

Le blond se perdit un peu dans la contemplation de fleurs du domaine de Nyugard, Dommage que les plantes avaient du mal à survivre à la chaleur terrassante du domaine Pharaos. En même temps, c'était déjà difficile pour les habitants nés ici alors bon. Les gens du froid devaient réellement suer sang et eau dans la région. Comme.... Comme le borgne en fait. Oh non. OH NON. SURTOUT PAS UN NYUGARD. Ils étaient tous si bizarres et terriblement impolis ! Son seul jour de repos...

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Le loup et le renard

Ah, intéressant. Le grand blond travaillait directement pour la famille ducale de ce fief. Un garde du corps peut-être ? Raison de plus pour l’affronter ! Si ce type possédait un poste aussi important, c’était certainement parce qu’il était très fort !… À défaut d’être brillant. Lief haussa un sourcil en entendant sa réponse. Comment ça, "pas marié" ? Ce grand con disait tout le contraire il y a deux secondes ! Mais le Nyugard n’était pas plus choqué que ça. Après tout, c’était bien connu : les hommes du désert étaient tous aussi traîtres que les sales bestioles qui peuplaient les dunes de sable. Au moins dans le nord, les bêtes étaient franches et directes ! Quand un ours décide de te tuer, il le fait d’un bon coup de patte et non en t’injectant du poison comme un lâche.

Mais ce n’était pas le temps de débattre sur quel animal était le plus fort. « … Parce que je veux aider, » répliqua Lief. Répéta, même. Ugh, ce blond ne l’écoutait pas du tout ! Comment faire pour attirer son attention ? Le maître d’armes pourrait dégainer son épée et l’agresser sans plus de cérémonie, mais ce serait vraiment con de sa part; créer des conflits diplomatiques, c’était le rôle de sa femme, pas le sien. Réfléchissant à une stratégie, le loup suivit sa proie jusqu’au prochain étal. Il se pencha une fois encore sur le côté afin de regarder ce que l’autre faisait. Des… fleurs. C’était de plus en plus ennuyeux. Quoique …

… Il reconnaissait certaines d’entre elles. Elles poussaient dans son fief. Ah … Le duc avait le mal du pays tout d’un coup, mais un bon combat suffirait à le remettre d’aplomb. N’est-ce pas ? N’eeeeest-ce pas ? Il pointa donc du doigt des fleurs blanches. « Ce sont des perce-neiges. Elles percent la neige, » précisa-t-il comme si ce n’était pas évident. Le vendeur, en tout cas, semblait ravi par ce savant commentaire. « Oh, c’est exact monsieur ! Venez-vous de North Odin par hasard ? » Lief se contenta de hocher la tête. Ça aussi c’était évident vu comment il supportait mal la chaleur … Également, s’il en avait eu quelque chose à foutre, le guerrier aurait demandé au marchand comment c’était possible que de telles fleurs se soient retrouvées ici.

Et parlant de choses dont on n’en avait rien à cirer, le Nyugard se fichait pas mal de la vie privée du grand blond qu’il essayait tant bien que mal de provoquer. Cependant, il en avait croisé des gens bizarres pendant ses voyages; certains adoraient raconter leur vie ! C’était déjà arrivé plusieurs fois que Lief ait été obligé d’écouter un type parler de ses enfants pendant de longues minutes avant d’enfin pouvoir lui enfoncer son poing dans la gueule en toute légalité. Peut-être que sa proie actuelle était pareille ? Monsieur le garde du corps avait beau raconté de la merde, il avait quand même mentionné quelques détails sur sa vie. Ah ! Et si le loup parlait un peu de lui-même ? Peut-être que ça motiverait l’autre et qu’il allait enfin lui porter attention !

Bien que … Réservé comme il était, cela ne risquait pas d’être précis ou intéressant, surtout qu’il allait se contenter de partager la même quantité d’information que le blond. Se redressant à nouveau, il déclara d’un ton neutre : « Je suis maître d’armes. Je suis marié. Je n’ai pas de sœur. Je veux t’affronter parce que t’es grand et que t’as l’air fort. » Voilà ! Si cela ne fonctionnait toujours pas, alors … Bah merde, Lief ne savait plus quoi faire à part le traîner de force dans une ruelle pour le passer à tabac.

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Lief Nyugard

Bon, il fallait encore qu'il trouve un petit cadeau pour Sehrazard après les tissus pour Lannah... Mais pourquoi ce type le collait comme une moule à son rocher ? C'était terriblement gênant. En plus de le défier sans la moindre raison, le borgne ne semblait pas vouloir lâcher l'affaire. Ah, comment se dépatouiller d'un truc comme ça ? Ce n'était pas lui la diplomatie, c'était sa soeur ou sa protégée !! Lui, il tapait. Un marteau qu'il était, pas autre chose. Bon, il pourrait toujours accepter la requête de l'homme et le bastonner vite fait avant de repartir faire son shopping... Mais qu'est-ce que dirait Sehrazard ? Elle ne serait sans doute pas contente qu'il fasse ça. Sans parler de sa petite soeur. Arh... La vie était beaucoup trop compliquée !! Il poussa un profond soupir à la remarque de Lief. Aider de quoi ? Aider pour faire du shopping ? Mais... C'était ridicule, non ? Oui. Quand même. Pas plus que de demander un duel en pleine rue cela dit. Le blond regarda le borgne d'un oeil sceptique. « Parce que tu va me dire que tu as une femme, peut-être ? » Bah voyons !

Comme si un rustre pareil pouvait avoir trouvé chaussure à son pied alors que lui non ? R-I-D-I-C-U-L-E ! Il se retint fort de ricaner avant de se diriger vers le fameux stand de fleurs. Ah. Là aussi, le collant le suivait. Pire qu'une tâche de miel sur les vêtements. C'était agaçant. En plus, le stand, c'était juste un refuge, Alvaro ne voulait absolument pas acheter de fleurs. C'était idiot de couper des pauvres plantes pour les faire faner encore plus vi.... Pardon ? Comment ça ? Comment ça il venait de North Odin ? Attendez wait. WAIT ! Le blond fronça les sourcils en tentant de se rappeler si l'idiot du village lui avait donné. Borgne, grand, North Odin... Pourquoi arrivait-il enfin à faire un plus un dans son esprit-là ? Vraiment... Ce type était le chef des Nyugard ? Non. Impossible. Coïncidence. C'était encore plus débile de provoquer quelqu'un dans la rue quand tu t'appelais Nyugard. Oui. Non. Son raisonnement ne pouvait pas être juste. Non, non, non. « Pourquoi venir si loin de chez toi ? Surtout en pleine période de chaleur ? T'es... Vraiment bizarre, toi. »

Il grimaça un peu en essayant de choisir ses mots. Une infime partie de lui se disait que potentiellement, il pouvait créer une crise diplomatique si vraiment ce type était Lief Nyugard et bon. Qui avait envie de ça, hein ? Pas lui. Non, vraiment, il s'en passerait très bien. Les bras chargés de ses tissus, Alvaro se tourna finalement vers l'inconnu qui alignait plus de trois mots sans pa... Ah bah si en fait. Bon. Le blond lâcha un soupir profond avant de ricaner et de regarder le borgne. « T'es au courant que ça ne se fait pas de demander à quelqu'un dans la rue de s'affronter comme ça sans même dire bonjour ? » Bon... Après... Le défi était intéressant quand même... Ça intriguait beaucoup le garde du corps malgré tout. Il décida de s'éloigner un peu de l'échoppe de fleurs pour entrer dans une ruelle menant à un endroit plus calme que le centre ville, quand même, « Et comment tu t'appelles ? Que je sache si je risque de me faire réprimander si jamais je te tue. » Non, il n'allait pas faire ça mais hé, un accident, ça pouvait arriver !

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Le loup et le renard

Ah, le fait que le borgne soit originaire de North Odin semblait avoir attisé la curiosité du grand blond … Ce qui était plutôt normal en fait. Les deux pays ne s’étaient jamais entendus, alors il était rare de voir des gens du nord visiter le sud et vice versa. Lief avait bien sûr fourni une réponse très complète : « Voyage éducatif. » Et non, il n’avait pas relevé le semblant d’insulte puisqu’il s’en foutait pas mal. Même que ce serait mieux si le jeune homme le détestait au point de vouloir l’injurier; cela lui donnerait peut-être enfin envie de se battre !

Puis, le loup s’était "présenté", ce qui provoqua une drôle de réaction chez le blond. Pourquoi ça le faisait rigoler ? S’y était-il mal pris ? Ce ne serait pas étonnant, tiens … Il n’était pas doué pour parler et… Ooooh ! Les sourcils du duc se relevèrent. Était-ce uniquement pour cela que le garde du corps ne souhaitait pas l’affronter ? Parce que le grand brun avait oublié les salutations ? Ah, les habitants du Royaume étaient si fragiles et susceptibles … À North Odin, on se saluait à coups de poing, mais faut croire que ce n’était pas une salutation universelle. Bon, au moins, Lief savait quoi faire désormais ! Toujours aussi sérieux, il rebondit aussitôt : « Bonjour. Je veux t’affronter. » Aujourd’hui, il avait appris quelque chose ! C’était toujours cela de gagné. Les prochaines fois qu’il voudra affronter un esclavagiste (parce que les enfoirés vivant ici l’étaient tous, non ?), il le saluera en premier. Parfait. C’était noté. Il pourra raconter cela à Barbara à son retour. Pas certain que cela l’intéresserait vraiment, mais bon, pas grave. C’était surtout une excuse pour entendre la douce voix de sa rose.

En tout cas, cette technique secrète semblait avoir fonctionné, car le blond quitta l’étal de fleurs et le guida dans un endroit mieux adapté pour une affrontement. Génial ! Le regard brillant, Lief le suivit, aussi impatient qu’un chiot lors de sa toute première promenade au parc. Il avait hâte de se battre ! Il aimait se battre ! Un sourire mauvais étira spontanément ses lèvres en réponse aux provocations de son futur adversaire. Hahaha. Plutôt hardi, ce blondinet, hein ? Le maître d’armes les aimait comme ça; on ne s’ennuyait jamais avec les grandes gueules. Toujours un plaisir de les remettre à leur place aussi. Il effectua quelques étirements rapides, à commencer par ses bras qu’il leva en l’air. « Te concernant, c’est aux Borgia que j’vais devoir m’excuser, c’est bien ça ? » "Désolé, j’ai buté l’un de vos gardes du corps, mais c’était dans un duel tout à fait légal et il connaissait les risques." Ouais, ça allait le faire. Bon, la formulation devra être plus polie, mais on comprenait l’idée …

Le borgne n’était plus aussi plat et insipide; la vie animait tout d’un coup son corps, excité à l’idée d’enfin pouvoir frapper quelqu’un. Il abaissa ses bras. « C’est Lief. Mais j’vais te cogner tellement fort que tu n’t’en souviendras pas de toute façon. » Est-ce qu’il cherchait à échauffer l’autre ? Était-ce lui qui était déjà trop échauffé ? Toutes ces réponses. L’homme se sentait peut-être indigne d’être un humain, mais il avait une confiance absolue en ses talents de guerrier; le contraste entre ces deux états d’esprit était si saisissant que l’on pouvait presque se demander si c’était la même personne … Au moins, le loup n’était pas difficile à combler : jetez-le au milieu d’un camp de bandits et il allait passer un excellent moment (contrairement aux criminels en question qui allaient se faire décimer dans d’atroces souffrances) !

Il fit craquer ses jointures. « Bon, comment veux-tu perdre ? L’épée à la main ou poings nus ? »

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Lief Nyugard

... Comment ça voyage éducatif ? Mais ce Nyugard était vraiment trop... Bizarre. Il était drogué avec une fleur hallucinogène de son pays froid ou quoi ? Il ne voyait que ça comme explication. Le garde du corps avait entendu dire que ça arrivait fréquemment pour surmonter le froid. En plus, il avait un cache oeil donc... C'était peut-être en faisant ce genre de chose qu'il avait perdu son oeil ? Alvaro imaginait déjà la fumée qui montait dans l'oeil en question et qui avait finit par lui brûler la rétine comme un débile. Et ça l'aurait fait rire si ça avait été dans d'autres circonstances. Comment s'était-il retrouvé dans un pétrin pareil alors qu'il n'avait rien fait ? Vraiment... Il avait une poisse terrible. La Déesse n'avait sans doute pas appréciée sa dernière prière après tout. En tout cas, il fixait l'homme en face de lui, plutôt mi étonné et mi blasé. Ah, comment se sortir de cette merde sans déclencher une guerre entre les deux pays ?

Oui parce que bon, Alvaro ne comptait pas perdre. Fallait pas déconner non plus, hein. Il haussa les épaules en entendant le type rajouter un bonjour. Ok, il devait réellement fumer des plantes louches venues de son pays recouvert de neige et dont chaque centimètre voulait la mort des étrangers. LA PREUVE ! On venait le défier alors qu'il faisait tranquillement SES COURSES ! Le blond avait envie de prendre les jambes à son cou et de se carapater comme jamais mais il avait trop d'amour-propre pour ça. C'était le garde de dame Sehrazad quand même ! Un peu de respect envers le nom des Borgia même si l'inconnu semblait s'en foutre comme de sa première couche. Au moins avait-il réussi à l'éloigner du centre-ville, c'était déjà ça mais... Il n'avait pas spécialement envie de se battre présentement. Il voulait juste paix et tranquillité ! OUIN !

Et pourquoi il levait son bras comme un idiot attendant qu'un professeur lui donne la parole ? Ah, vraiment trop bizarre, ce type. Alvaro soupira franchement en entendant la phrase de l'homme. Bon, il n'avait pas tort, c'était bien à cette famille qu'il faudrait rendre des comptes. « Oui, en effet. Et prier pour que ça ne déclenche pas une guerre idiote parce que monsieur.... Lief a décidé de se battre en pleine ville ! » Et de consommer des fleurs hallucinogènes. Bref. En attendant, le blond se mit à faire quelques étirements aussi puisque de toute façon, il ne pourrait pas échapper à la bataille qui s'annonçait. Tu parles d'une journée de repos. Arh, il aurait dû rester au palais, ça aurait été nettement plus simple. « Tu sembles vraiment sûr de toi. » Et c'était terriblement agaçant, franchement. Il avait envie de lui faire avaler son cache-oeil à l'autre drogué, là.

Le garde du corps hésita face à la proposition de l'homme. Ah. Bon. Chaque possibilité offrait une mort possiblement douloureuse et une sécurité toute relative mais, il restait quand même nettement plus à l'aise avec l'épée à la main. Au moins pouvait-il maintenir une certaine distance face à l'homme. Alvaro attrapa son épée pour la sortir de son fourreau et il se mit en garde rapidement. « Épée. Par contre, évitons de nous entre-tuer sinon nous risquerions de finir dans une geôle du Pharaon et j'ai autre chose à faire de mes prochains jours. » Quand même. Il ne fallait pas abuser non plus oh. Alvaro tenait un minimum à la vie. Et puis ce serait complètement ridicule de crever comme ça. Franchement, un peu de respect pour lui !

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Le loup et le renard

Déclencher une guerre, déclencher une guerre … Ce grand blond n’exagérait-il pas un peu ? Ce n’était qu’un duel pas du tout amical; ce n’était pas comme si Lief avait débarqué dans la demeure ducale et attaqué la fille Borgia ou une connerie du genre ! Tous des mauviettes dans le désert … Ça devait être la chaleur qui les ramollissait autant. Et parlant de température infernale, l’homme du nord essuya du dos de la main la sueur sur son front. Les conditions n’étaient pas idéales pour un combat, mais tant pis, cela ajoutera du piquant à la confrontation … Et s’il mourrait vraiment pour si peu, cela signifierait tout simplement qu’il ne méritait pas de servir Barbara. Interdiction d’être faible chez les Nyugard.

Bref, son adversaire du jour prenait le temps de réfléchir à la dernière question : épée ou poings ? Le duc profita de ces quelques secondes de réflexion pour craquer son cou cette fois-ci. Hmm … Maintenant qu’il y pensait, c’est vrai qu’il ne connaissait toujours pas le nom de cet esclavagiste sans épouse. Est-ce que Lief en avait quelque chose à foutre ? Bien sûr que non ! Il lui demandera son nom seulement si l’autre le méritait en prouvant sa force ou son adresse ou sa passion par exemple. Or, pour le moment, ce n’était pas gagné … Bien que le blondinet avait accepté le duel, il ne semblait pas plus emballé que ça. Grrr … Bon, tant pis. Le Nyugard allait devoir s’en contenter.

Le garde du corps décida finalement de dégainer sa magnifique lame. L’œil du maître d’armes prit quelques bonnes secondes pour l’admirer. Comme il s’en était douté, c’était une épée à deux mains. Plus de puissance, mais moins de vitesse. Ce qui signifiait que Lief allait devoir se concentrer sur les jeux de pieds pour remporter la victoire. Ou lui neutraliser un bras puisque son adversaire avait besoin de ses deux mains pour manier son arme. Ou lui casser le nez ou la mâchoire; généralement, cela fonctionnait contre tout le monde.

Son sourire, néanmoins, se teinta d’agacement en écoutant les plaintes de l’autre. Quoi, monsieur se dégonflait déjà ? Monsieur avait peur de le tuer – ou plutôt peur de se faire tuer ? Un guerrier qui avait peur de la mort, non mais quelle honte ! Et le Pharaon n’allait certainement pas enfermer un duc étranger dans ses geôles à cause d’un simple duel stupide, mais ça, le garde du corps ne pouvait pas le savoir puisque Lief n’avait pas partagé cette information qui avait pourtant son importance.

Il dégaina à son tour son épée et la fit tournoyer dans sa main deux-trois fois avant de raffermir sa prise. Et puisqu’il était sauvage, il passa à l’attaque sans prononcer un seul mot. Le loup n’y allait pas mollo, mais il n’utilisait pas toute sa force non plus; ce n’était pas le but de ce premier échange. Il voulait tout d’abord jauger le niveau de son adversaire pour ensuite s’adapter, car n’oublions pas que l’objectif de ce duel était de voir à quoi ressemblait un combat contre quelqu’un de plus grand ! Une fois satisfait par contre, rien ne garantissait que le guerrier du nord allait continuer à retenir ses coups … Ce n’était pas comme s’il affrontait l’un de ses élèves.

Le maître d’armes testa donc les bases et les réflexes du blondinet. Il commença par une attaque verticale suivie d’une attaque horizontale. Puis, il tenta de le toucher avec une coupe diagonale avant de conclure l’échange avec une estocade. Un enchaînement qu’il avait fait un nombre incalculable de fois pendant sa carrière de professeur … Lief recula finalement pour mettre un peu de distance entre lui et le serviteur des Borgia. Ce dernier n’était pas encore mort ! Très bien. Ce fut au tour du Nyugard de se mettre en garde. « Qui t’a entraîné ? » demanda-t-il par simple curiosité professionnelle. Pour le moment, rien dans sa voix n’indiquait s’il était déçu ou satisfait de la performance du blond.

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Le loup et le renard

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