Les Chroniques d'Elysia

Past, Present and Future × ft. FREDERIKA & MICHEL

Eri ne comprenait vraiment pas ce que souhaitait Michel. Elle pensait qu’il voulait la dissuader de l’accompagner au fief des Walsch, pour finalement la vouloir à ses côtés. D’ailleurs, son bien aimé voulait porter ses valises, mais elle ne savait même pas ce qu’il fallait mettre dedans. Enfin, la jeune femme pouvait supposer qu’il lui fallait des vêtements. Toutefois, quel était le climat dans les Terres de Babel ? Elle se doutait bien que ce n’était pas un climat polaire, comme celui de son quotidien.

❝ Avant de les porter, il faudrait que tu m’aides à les faire. Je ne sais pas ce qu’il faut que j’emporte avec moi pour ce voyage. Dois-je prendre ma lance ? ❞

Si sa tendre lui avait fait une démonstration de ce à quoi elle ressemblait avec une lance dans les mains, elle pensait surtout à leur sécurité. Pour Eri, s’éloigner de son fief était sortir de sa zone de confort. Tout ce qui était au-delà était en dehors de sa zone de contrôle. Cependant, elle pouvait encore exercer une certaine influence, si son futur époux voulait bien l’aider à se préparer. Autant physiquement, que mentalement.

Retenter sa chance plus tard, lorsque l’on avait 19 ans, cela était possible sans avoir à se soucier du temps qui lui restait à vivre. Pour une personne de 27 ans, notamment une femme dont l’horloge biologique pouvait jouer contre ces chances de tomber enceinte, le temps était un luxe qu’elle ne pouvait laisser s’écouler à sa guise. Cela étant, le jeune couple pourrait se contenter d’un seul enfant, ils en avaient déjà parlé. Surtout si Eri venait à rencontrer des problèmes de santé à cause de sa faible constitution. Alors, elle ne savait pas si elle se sentait rassurée ou déçue de la réponse de son amant. Pourtant, il avait raison. L’acte en lui-même n’était pas que dans le but de concevoir un enfant. Ils l’avaient fait par amour, pour démontrer qu’ils s’étaient choisis mutuellement pour ne faire qu’un et qu’ils souhaitaient faire partie de l’avenir de l’autre. Sa tendre lui offrit un sourire à ces mots. Même si au fond… Elle se sentait toujours perdue.

Eri avait tellement été perturbée par ses émotions, qu’elle en avait oublié le lieu dans lequel le jeune couple s’était rendu pour leur premier rendez-vous. Les lucioles dansaient autour de leur embarcation tout en leur partageant leur lumière au sein de ces ténèbres. Michel lui déclara qu’elle était sa luciole, celle qui l’avait guidé avec sa lumière quand il était perdu. À son tour, il souhaitait devenir son espoir. Elle ressentait tout son amour, sa bienveillance et sa prévenance à son égard. Son bien aimé ne souhaitait que leur bonheur, malgré les difficultés qu’ils pourraient rencontrer. Si par moment, sa chérie trouvait qu’il avait des réactions enfantines, là elle le trouvait terriblement mature. Un côté de sa personnalité qui avait un certain charme, au point que son cœur rata un battement. Elle aurait bien dit que ce n’était pas le moment de se laisser séduire. Pourtant, ils étaient en plein milieu d’un rendez-vous, alors au contraire, cela serait le moment idéal pour flirter. Toutefois, elle devait se concentrer sur les paroles qu’elle avait dites quelques instants plus tôt, car son amour n’en comprenait pas le sens. Pourquoi devait-elle faire un choix, alors qu’il était maintenant de la même famille ?

❝ Mon caractère excessif… Il me vient bien d’une personne proche qui m’a éduquée. Tu as eu peur de moi quand j’étais en colère ? Alors je te souhaite que ma mère ne se mette pas en colère… J’ai toujours eu des craintes de la contrarier pour cette raison. Si elle nous a laissé faire ce qu’on voulait, ce ne sera pas sans contrepartie… ❞

Finalement, son père à côté qui avait voulu tester son futur gendre, n’était rien à côté de sa mère. Elle avait voulu la mettre à l’aise hier soir et cela avait réussi. Pourtant, elle était tellement imprévisible, que même Eri ne se sentait pas le courage de la confronter. Alors que Michel semblait si déterminé à dissiper leurs doutes. Ce n’était vraiment pas une bonne idée… Certes, elle ne savait pas mentir, mais elle aurait préféré cette alternative.

❝ Si tu veux la confronter, alors que je ne le souhaite pas. Il faudra que tu revêtes l’armure qui te donnera le plus confiance en toi. Je ne pense pas que mon père se soucie si tu changes son kimono, il te l’a donné après tout. Il y avait un atelier de textile à côté de la boutique où nous nous sommes rendus. Les couturiers devraient bien avoir du tissu à nous revendre si nous leur expliquons la situation. Pour le maquillage, si le mien te convient, tu pourras en disposer comme tu le souhaites ou alors devrais-je le faire, comme il n’y a plus de miroir dans ma chambre ? ❞

La jeune femme soupira en donnant les rames à son amant.

❝ Je vois que tu es déterminé… Je ne pourrais pas te faire changer d’avis. Je me rassure en me disant qu’au moins cette assurance te donne beaucoup de charme. Je tomberais presque amoureuse une deuxième fois. ❞

Eri ancra ses prunelles violettes dans le regard de son futur époux, tout en lui offrant un sourire avec un brin de malice. Elle aurait bien voulu l’embrasser, mais le jeune couple devait sortir de la grotte aux lucioles. Ils auraient le temps d’avoir des gestes d’amour plus tard, quand tous ces problèmes seront réglés. Pour l’instant, la jeune femme devait se préparer psychologiquement à affronter la personne sur qui elle avait pris exemple depuis sa jeunesse. Il était temps pour leur enfant de prendre son indépendance.

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Past, Present and Future

Frederika Hansen

Je vais t’aider avec plaisir, mais pourquoi tu aurais besoin de ta lance ? Je compte y retourner en carrosse, on va donc emprunter des routes sûres. Je ne pense pas non plus que tu devras rencontrer des problèmes en ville, donc non. Et même s’il y a des complications, j’ai l’impression que tu oublies que je suis un chevalier de l’ordre.

Tu ne comprends absolument pas la raison pour laquelle Eri tient autant à être armé, peut cela vient-il de la culture de North Odin ? Le pays était certes réputé pour leur guerrier féroce, néanmoins ta tendre est une civile ! À moins que ce ne soit par sécurité ? Ou quelque chose à avoir avec l’éducation qu’elle a reçu de sa mère ? Qu’importe, la raison n’est pas importante, même si tu en es un peu curieux.

Si tu as appris de ta mère, alors elle doit également être tout aussi douce que toi ! Même si selon tes dires, elle peut faire peur lorsqu’elle est en colère, j’ai bien réussi à te calmer, je vais pouvoir en faire de même avec ta mère !

En réalité, tu n’es pas certain que ce soit réellement le cas, tu ne connais pas ta belle-mère et tu n’as que très peu échangé avec elle. Elle s’est montrée bienveillante avec toi hier soir, du coup, tu as du mal à te l’imaginer en colère. Mais, si ton trésor est si réticent à confronter sa mère, c’est que cette dernière ne doit pas être facile. Avant de penser, il faut que tu réfléchisses déjà à ce que tu dois leur dire, une fois que les parents te verront avec ta nouvelle apparence. Quelle plaie, tu en as marre de devoir te justifier et d'expliquer à chaque fois.

Si Eri a peur de sa mère, toi, tu es plutôt effrayé par leurs réactions, qu’est-ce qu’ils vont bien pouvoir penser de toi. Est-ce qu’ils voudront éloigner ta chérie de ta personne, après avoir appris la nouvelle ? Il faut que tu réfléchisses sérieusement aux mots que tu vas prononcer et à tes arguments sur plusieurs sujets différents. Que ce soit ton identité, ton amour pour ta tendre, votre futur, les actions que vous avez entreprises et bien d’autres. Heureusement, la route est assez longue et la marche stimule la réflexion, tu devrais savoir plus ou moins quoi dire, quand tu vas confronter tes beaux-parents.

Je te fais confiance pour me maquiller alors ! Par contre… Comment ça presque ?! Bouhouhou, ma femme, ne m’aime pas tant que ça…

Tu tournes ta tête vers le côté et feins de la fausse tristesse et larmes, alors que tu t’essuies les yeux avec tes doigts. Ton regard se plonge dans celle de ta tendre et c’est à ton tour d’avoir un sourire malicieux.

Alors que moi, je retombe amoureux de toi à chaque fois que je me plonge dans tes yeux ou suis témoin de ton sourire.

Si tu n’avais pas les rames dans tes mains, tu te serais levé pour déposer un baiser sur ton trésor, tant pis, ce sera pour plus tard. Pour le moment, vous avez à faire et la première étape, c’est de quitter cet endroit ! Si tu y arrives, bien qu’avec l’aide et les instructions de ta tendre, tes premières tentatives sont désastreuses. Néanmoins, dès que tu comprends à peu près ce que tu dois faire, tu parviens à vous ramener vers la terre ferme, sans incident. Tu t’assures que la barque est bien ancrée et déposes les rames à proximité, avant de lier ta main à celle de ton trésor.

Sur le chemin du retour, tu es silencieux et pensif, il n’est pas bien difficile de savoir ce qui te préoccupe tant l’esprit. Tu remarques que c’est aussi le cas d’Eri, c’est pourquoi tu sépares vos mains, pour enrouler ton bras jusqu’à son épaule et exerces une légère pression pour que vos corps se touchent. C’est assez embarrassant comme position, si bien que le rouge te monte au visage et cela rend la marche plus pénible et compliquée. Néanmoins, tu souhaites chasser un peu les doutes qui pèsent sur ta chérie et tu espères que cette proximité accomplira cette tâche.

Arrivé à l’atelier du textile, tu te sépares à contre cœur d’Eri, pour jeter un coup d'œil rapide aux tissus utilisés par les différents couturiers. Dès qu’un attire ton attention, plutôt que de t’imposer, tu préfères une approche plus douce en effectuant quelques commentaires sur leurs travaux et en leur prodiguant quelques conseils. Puis une fois leur sympathie gagnée, tu leur demandes si ça ne les dérange pas de te vendre leurs tissus. Tu procèdes ainsi à plusieurs reprises, jusqu’à avoir ce qu’il te faut, avant de finalement te diriger vers un atelier dans une pièce isolée.

Chérie… Fais bien en sorte que cette porte ne s’ouvre jamais… Je n’ai vraiment pas envie que quelqu’un me voit dénudé…

Ta consigne donnée, tu retires le kimono que tu portes pour y effectuer quelques ajustements pour qu’il soit à ta taille, ensuite, tu tranches toute la partie qui se trouve après tes genoux. Avec les tissus que tu as récoltés, tu commences à confectionner une robe à froufrou blanche que tu couds ensuite à l’intérieur de ton kimono. Le résultat est que des petites dentelles ressortent légèrement sur le col et les manches de la tenue. Et que le bas donne l’impression que tu portes une jupe.

Durant le processus, tu ne fais plus attention à ce qui t’entoure, tu es dans ton monde et ton regard concentré et sérieux le montre. Tu apportes également quelques modifications à la ceinture, pour notamment y ajouter plusieurs petits rubans par-ci par-là, que tu as confectionné avec le bas du kimono que tu as coupé tantôt. Avec ça, tu as fini ! La finition de ta couture est si bonne, qu’on pourrait croire que la tenue a été cousue ainsi ! Tu te vêtis de ton kimono et fais une pirouette autour de toi, il n’y pas à dire rien de mieux qu’une jupe ! Sur ton visage, on observe toute la joie que tu ressens de porter un vêtement qui te convient.

Nous sommes encore assorties, Trésor !

Déclares-tu avec un grand sourire, puis alors que tu te diriges pour lier vos mains, tu t’arrêtes… Tu n’es pas dans une tenue très adéquate pour ça, à l’extérieur, on risque fortement de vous dévisager. Tu te diriges plutôt à l'accueil pour payer l’utilisation de l’atelier et vous rentrez ensuite chez vous, pour qu’Eri te fasse une petite beauté avec son maquillage.

Trésor avant de rejoindre tes parents, tu veux bien qu’on se dirige d’abord vers un endroit où je peux admirer ton travail ? Non, que je doute de toi, mais je veux savoir à quoi je ressemble sous les soins de ma femme… Je suis certain que je n’ai jamais été aussi adorable de ma vie.

Tu ne doutes pas un seul instant de cette affirmation, alors qu'un sourire resplendissant accompagne tes mots.

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Cactus

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Eri n’avait donc pas le droit de prendre sa lance. Bon… Elle s’en serait douté. Pourtant, elle ne pourra pas toujours se reposer sur Michel en cas de problème, surtout en son absence. Peut-être ne voulait-il pas qu’elle vienne causer des problèmes au sein des Terres de Babel ? Elle serait en terre inconnue, cela serait difficile de se défendre dans un endroit où elle ne connaissait presque personne. Alors qu’un chevalier de l’Ordre ou bien un mercenaire, avait plus de liberté pour se battre en pleine rue sans craindre les répercussions. Cela étant, ce besoin d’avoir une arme sur elle était assez rare, la jeune femme restait une personne civilisée. Contrairement à la culture qui était véhiculée au domaine de North Odin. Même si sa mère lui avait toujours répété que si quelqu’un l’embêtait, elle pouvait fuir ou demander de l’aide certes, mais surtout elle pouvait le taper en retour. D’ailleurs, son bien aimé avait raison sur un point, sa future belle-mère était tout aussi douce que sa fille. Pour autant, il ne pourra pas la calmer comme il l’avait fait avec sa tendre. Ce serait plutôt son père qui pourrait le faire de cette façon, mais ce n'était pas sûr qu’il veuille intervenir et s’attirer les foudres de sa femme. Après, peut-être que tout se passera bien ? Il fallait essayer de voir le positif dans chaque situation, même si la jeune femme avait du mal à apaiser ses doutes.

Si sa chérie aurait pu s’inquiéter de ces fausses larmes à sa remarque, elle n’eut le temps de réagir que son amant la regardait avec un sourire malicieux. À ces mots, Eri avait senti ses joues se teintaient de rouge, tellement il lui avait dit cette phrase avec une facilité déconcertante.

❝ Dois-je me sentir soulagée que tu ne dis ces mots qu’à moi ? J’ai l’impression que tu pourrais séduire qui tu voudrais ! ❞

La jeune femme fit mine de bouder quelques instants, elle essayait tant bien que mal d’imiter le comportement de son bien aimé, même si cela n’était pas très crédible. Toutefois, son regard qui n’avait pas quitté le sien débordait d’amour pour Michel. Elle finit par lui offrir un sourire, avant de le guider pour quitter la grotte aux lucioles. Pour une première fois avec des rames dans les mains, elle trouvait qu’il s’en sortait bien. Même si quelques tentatives étaient infructueuses, il n’avait pas perdu les rames au fond de l’eau glacée et avait réussi à les ramener sur la terre ferme. Elle ne pouvait qu’être fière que tout se soit passé sans encombre ! Une fois que l’embarcation était amarrée, elle put retrouver de la proximité avec son amant en liant de nouveau leurs mains. Sur le chemin du retour, le jeune couple était pensif chacun de leur côté. Si elle ne pouvait pas deviner à quoi pensait Michel, Eri se demandait encore si cela était une bonne idée de tout dire à ses parents. Ne pouvaient-ils pas simplement leur faire part de leur voyage ? Ils ne seraient certainement pas contre. Ce serait même plutôt comme si leur fille recherchait à reproduire les années où eux-mêmes étaient partis à la découverte du monde. Son père lui donnerait certainement quelques conseils pour trouver les bons artisans envers qui elle pourrait se former et sa mère s’assurerait qu’elle ne vienne à rien oublier. Il fallait juste un petit mensonge… Ou alors devrait-elle boire le contraceptif ? Il s’agirait de la seule solution qui apaiserait de potentielles tensions. Même si cette idée la rendait triste, elle aura d’autres occasions de partager des moments passionnels avec son amant, loin de la surveillance de sa famille.

Ses réflexions furent balayées au contact de son amour qui avait séparé leurs mains pour avoir plus de proximité avec elle, tout en marchant. D’ailleurs, ce n’était pas très pratique, même si elle était heureuse de ce geste. Eri gratifia son attention par un baiser sur la joue de Michel qui était devenu rouge. Il était adorable ! Elle l’aimait tellement. Cela était dommage que le trajet, qui lui semblait habituellement long quand elle était seule, fut si court aux côtés de la personne qu’elle aimait. Toutefois, elle n’avait pas le choix que de se séparer de son bien aimé lorsqu’ils furent arrivés à l’atelier de couture. Si sa tendre restait en retrait, son chéri semblait dans son élément. Une scène qui était plaisante à voir. Quand il était heureux, elle l’était également. Elle put même l’aider en surveillant la porte de la pièce dans laquelle ils s’étaient réfugiés pour procéder à la création de la tenue. Même si elle se doutait que personne n’oserait entrer sans frapper, elle était très attentive pour respecter la consigne qui lui avait été donnée. Le corps de son amant n’était qu’à elle, bien sûr qu’elle ne laisserait personne le voir dénudé ! En attendant, la jeune femme pouvait admirer son futur époux exercé ces talents. Les gestes étaient si précis, sa concentration était à son maximum et il semblait si fier de sa création qu’Eri avait un sourire sur son visage tout le long du processus. Lorsque le chef-d’œuvre était enfin fini et porté, elle ne put que le trouver adorable !

❝ Oui, nous sommes toujours assortis mon amour, cela te va sied beaucoup mieux que la tenue d’avant ! J’ai hâte de voir la tenue que tu me confectionneras, avec ton talent, je ne doute pas un seul instant qu’elle sera sublime. ❞

Alors qu’elle s’attendait à ressortir de l’atelier main dans la main avec son amour, elle était déçue que ce ne soit pas le cas. Elle pouvait comprendre que pour le moment, il était préoccupé pour aller payer l’utilisation de l’atelier à l’accueil. Pourtant, pourquoi ne voulait-il pas être proche d’elle ? Ce n’était pas faute d’avoir tenté un rapprochement sur le chemin menant à leur maison, sans succès. Eri fronça ses sourcils et fit la moue pour le restant du trajet. Doutait-il qu’elle ne lui portait pas assez d’amour pour assumer sa nouvelle apparence ? Devait-elle aller se trouver un homme qui restait dans les normes pour former un beau couple à l’extérieur ? Cela était réellement blessant… Toutefois, la jeune femme n’avait pas le luxe de faire un caprice. Elle devait s’occuper de la mise en beauté de son bien aimé lorsque le jeune couple passa la porte d’entrée de leur demeure. Elle ne savait pas si elle était douée pour maquiller les autres, déjà qu’elle-même ne se maquillait que très légèrement. Au moins, elle pouvait se rassurer grâce à sa déclaration, il semblait avoir confiance en ses capacités donc elle n’avait plus qu’à s’exécuter.

❝ Sur le chemin pour rejoindre mes parents, nous devrions bien trouver un endroit où nous pourrons voir notre image se refléter. Maintenant, installe-toi et laisse-moi faire. ❞

Sa tendre lui offrit un beau sourire avant de se concentrer lorsque Michel prit place près de sa coiffeuse. Il fallait un maquillage doux et léger, qui mettrait en valeur son visage. En premier, elle s’occupa de son regard avec un fard à paupières subtil en harmonie avec les couleurs de sa tenue et pour accentuer le regard, elle opta pour du mascara. Si la jeune femme travailla un peu la forme de ces sourcils, elle n’insista pas dessus en les laissant naturels. Ensuite, elle pouvait prendre soin de son teint. Elle n’avait certainement pas le produit adéquat pour être en accord avec la carnation de la peau de son amour, alors elle se contenta de l’hydrater et d’ajouter un peu de blush corail sur ces joues. Il ne manquait plus qu’à sublimer ces lèvres. Peut-être un rouge à lèvres avec une couleur naturelle ? Pourtant, un détail l’embêter pour finaliser le maquillage.

❝ Hm… Est-ce que je t’avais précisé que ma prestation était payante ? J’aimerais avoir mon paiement avant de terminer tout ça. ❞

Eri aborda un sourire malicieux avant de venir déposer un doux baiser sur les lèvres de son amant, qui se changea en un baiser langoureux. Michel n’avait pas voulu lui tenir la main tout à l’heure. Croyait-il que sa nouvelle apparence ne l’attirait pas, au point qu’elle se passerait de toute forme de proximité ? Eh bien, il se trompait et elle comptait bien lui faire savoir à travers son baiser. Une fois qu’elle était satisfaite de son geste, elle prit du recul et appliqua le rouge à lèvres tout en gardant son sourire sur son visage.

❝ Je pense que j’ai terminé. Tu avais raison, avec ce maquillage, tu es adorable ! Je suis fière de moi. Maintenant, nous pouvons aller rejoindre mes parents, mon amour. ❞

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Séduire qui tu veux, peut-être que c’est effectivement le cas, si tu veux vraiment essayer. Tu as l'apparence et l'audace, pour, néanmoins, la séduction ne t’intéresse pas plus que ça. À choisir, tu préfères bien plus t’occuper avec tes passions, dépenser ton argent ou étudier le travail de tes compères. Heureusement, Eri peut se sentir soulagée, parce qu’il n’y a bien qu’elle qui ait le droit de recevoir autant de mots doux de ta part… Bon, il est vrai que pour quelques-unes de tes taquineries, il t’arrive de recourir à de la séduction, mais jamais rien de bien sérieux !

Tu ne fais que sourire à l’affirmation de ta femme, sur la beauté de sa future tenue, tu espères que ce sera à la hauteur de ses attentes. Surtout, que ses habits posséderont quelques spécificités uniques, il faut que tu réfléchisses encore comment rendre ce que tu as en tête possible, mais tu as hâte de découvrir la réaction de ta tendre, quand tu lui présenteras les secrets de ta création ! Après ça, qu’est-ce que créer ensuite, du prêt-à-porter comme tu vas aujourd’hui ? Non… Des robes de mariée… Ce sera ta prochaine tâche ! D’abord faire celle de ton trésor en priorité, puis la tienne !

Sur le chemin du retour, ta tendre tente à plusieurs reprises des rapprochements, que tu évites avec grâce. Tu remarques le mécontentement d’Eri à la suite de tes actions et tu ne peux pas lui en vouloir pour ça. Simplement, même si tu es touché que ton trésor t’accepte sous cette apparence, tu as des réticences quant aux regards des autres et les rumeurs qui pourraient en naître. À présent, tu ressembles beaucoup trop à une femme et les relations entre les membres du même genre sont extrêmement mal perçu par la plupart des gens. Tu ne veux pas infliger à ta chérie ce désagrément et puis même si vous ne pouvez pas vous toucher maintenant, vous pouvez toujours le faire en intimité.

Arrivé dans votre demeure, tu suis les instructions de ta femme et t’installe sur la chaise. Comme pour ta coiffure, tu ressens toute la douceur et l’amour dont elle fait preuve à l’application du maquillage. Bien que tu ne puisses pas voir immédiatement le résultat, tu approuves son approche discrète, subtile et naturelle, tu possèdes naturellement un joli visage, après tout. Par contre, tu ne t’attendais pas à cet élan d’amour de la part de ta tendre, tu devines d’où cela provient. Ta chérie veut te montrer que malgré ton apparence, son attirance pour toi est toujours la même. Mais ça, tu le sais déjà, Eri t’en a déjà parlé lors de votre première rencontre, ce n’est pas cela qui te tracasse. Tu retournes son baiser langoureux avec passion, avant qu’elle n’y mette fin pour appliquer le rouge à lèvre sur toi.

Avant ça, je ne t’ai pas encore non plus payé pour ta coiffure, non ?

Tu te lèves de ta chaise pour prendre ta femme dans tes bras et pour y déposer un premier baiser langoureux.

Ensuite, parce que tu m’as coiffé deux fois. Un deuxième. Je ne te l’ai pas dit, mais ma prestation était également payante. Et enfin un troisième.

Après ces échanges emplis d’amour, tu libères Eri de ton étreinte, pour que tu puisses confronter tes beaux-parents. Sur le chemin, encore une fois, tu évites les rapprochements de ta tendre, tu as l’impression qu’elle ne comprend pas la situation dans laquelle vous vous trouvez… Ah ! C’est vrai que c’est le reflet de votre couple qui t’a poussé à briser le miroir de sa chambre… Une vision, des plus hérétiques selon bon nombre de personnes… Sur le chemin, il ne vous reste pas longtemps pour tomber sur le stand d’un miroitier, tu observes donc avec attention le maquillage qu’on t’a minutieusement appliqué, ainsi que ta belle chevelure.

Je ne me suis pas trompé, en te faisant confiance, Trésor !

Déclares-tu d’un sourire resplendissant de bonheur, dire que cela pourra être ton quotidien à Walsch. Même si tu es dans un premier temps dans un état euphorique, le stand est parfait pour montrer une vision à Eri… Le reflet de votre couple, tu attrapes finalement la main de ta femme pour l’emmener vers un miroir assez large pour vous refléter.

Chérie… Quand j’ai brisé le miroir de ta chambre, je l’ai fait à cause de ce reflet…

Tu poses délicatement ta main libre sur le miroir, pour toucher ton reflet.

Tu sais… Jusqu’à maintenant, j’en ai brisé, parce que je ne pouvais pas confronter ce que je voyais… Norrmalement, cela a toujours été quand mon reflet me rappeler trop mon sexe biologique, mais la dernière fois… C’est parce que d’un point de vue extérieur, notre couple n’a rien de normal… Encore moins, lorsque je suis revêtu ainsi… Mon sucre, du point de vue des autres, nous sommes deux femmes en couple. Un sujet tabou dans notre société, une anomalie, je… Je ne veux pas t’infliger une telle épreuve… C’est pourquoi, sous cette apparence, je ne peux pas te toucher à l’extérieur.

Suite à ta déclaration, tu relâches la pression que tu exerces sur ta main, évidemment pour vos mains se délient, il faudrait, qu’Eri fasse de même. Mais suite à tes explications, tu espères que la sagesse la gagne et qu’elle comprenne que ce n’est pas une bonne idée de s’afficher ainsi.

D’ailleurs, même si je sais que tu n'en auras pas besoin pour le moment, puisque tu me suis à Babel. Mais j’aimerais remplacer ton miroir, est-ce qu’il a qui attire ton attention ?

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Si aux yeux de tous, Michel avait évité subtilement toutes les tentatives de rapprochement de sa tendre. En toute intimité, son amant était beaucoup plus entreprenant. Si Eri lui avait offert un baiser langoureux avant l’application du rouge à lèvres, c'était justement pour ne pas gâcher les efforts qu’elle venait de mettre dans le maquillage. Peut-être que ce n’était qu’un détail pour le principal concerné ? Il préférait ne plus avoir ces lèvres maquillées, plutôt que de s’abstenir de dévorer les lèvres de sa chérie. D’ailleurs, la jeune femme fut surprise d’être capturée dans ces bras pour ne pas recevoir un unique baiser passionnel, ni deux… Mais trois ! Elle ne savait plus quoi penser, tellement son cœur battait fort, au point qu’il résonnait dans ses oreilles. Son visage devait laisser transparaître ses émotions, après le coup de chaud qu’elle venait de se prendre, ses joues étaient bel et bien teintées de rouge. Pourtant, ce n’était pas le moment de se laisser submerger par cette vague d’amour, elle devait accompagner son bien aimé pour confronter ses parents.

Sur le chemin, Eri avait tenté à nouveau quelques rapprochements sans succès. Cela était vraiment frustrant de passer de tout à rien en quelques minutes, juste parce qu’ils étaient exposés au grand jour. Elle devait prendre son mal en patience, jusqu’à faire une halte sur le stand d’un miroitier pour que Michel puisse découvrir à quoi il ressemblait. Son futur époux avait l’air satisfait des talents de sa future femme, à l’avenir il pourrait lui demander d’être chouchouté à nouveau, elle accepterait avec plaisir. Du moins, elle ne lui répondit à cette affirmation qu’avec un doux sourire. Soudainement, pour une raison que la jeune femme ignorait, son amant lui saisit la main pour les mettre face à un grand miroir. Ce dernier était suffisamment large pour que les deux silhouettes viennent se refléter, ce même reflet qui lui avait coûté son miroir dans sa chambre. Plutôt que de se concentrer sur leur image, elle écouta attentivement les paroles de son amour. Alors parce que Michel ressemblait à une femme, elle ne pouvait pas être en couple avec à l’extérieur ? Parce qu’être en couple avec une personne du même sexe était mal perçu par la société. Elle ne comprenait pas vraiment… Enfin, elle pouvait comprendre, mais cela ne l’impactait pas. Eri n’en avait que faire des rumeurs. Cela étant, ce n’était que son point de vue, alors elle accepta de lâcher la main de Michel à contre-cœur. Était-elle condamnée à vivre un amour caché ? Après tout, elle aimerait que son bien aimé puisse vivre pleinement, notamment sous les traits du vrai Michel Bollinger. Toutefois, cela impliquerait qu’elle ne pourrait pas avoir de proximité aux yeux de tous, le jeune couple devrait constamment être vigilant. Cela devenait pesant…

❝ J’ai plutôt l’impression que tu ne veux pas infliger cette épreuve à toi-même. Mon avis ne compte pas dans ce que tu viens de dire… ❞

À la proposition de Michel pour remplacer le miroir qu’il avait brisé, Eri ne prit pas la peine de regarder davantage les miroirs. Elle n’avait pas le cœur à choisir quoi que ce soit, surtout si un jour, il serait brisé à nouveau.

❝ Je n’en ai pas besoin, allons-y. ❞

Puisqu’elle ne pouvait pas marcher à ses côtés, autant prendre de l’avance. Eri prit le chemin qui menait au stand de ses parents sans se soucier de savoir ce que Michel faisait. Finalement, la situation ne lui convenait en rien. La jeune femme ne voulait pas confronter ses parents, elle ne pouvait pas être proche de la personne qu’elle aimait pour qu’il ne se sente pas anxieux et elle devait se préparer à confronter sa phobie de quitter le domaine de North Odin. Vraiment… Elle ne savait pas ce qu’il pouvait lui arriver de pire à cet instant. Tout ce qu’elle voulait, était au moins de mettre fin rapidement à l’une de ses situations. Son futur époux voulait confronter ses beaux-parents ? Eh bien… Elle n’allait pas s’attarder ! Elle marcha sans s’arrêter, mécaniquement, tellement elle était habituée à prendre cette route au quotidien. Après quelques minutes, elle arriva aux stands de sa famille. Il y avait quelques clients qui étaient en train de choisir des bijoux, conseillés par son père. Quand Eri croisa le regard de sa mère, elle lui offrit un sourire avant d’aller l’embrasser.

❝ Bonjour Maman ! Ça a été aujourd’hui pour tenir les stands ? ❞

Sa mère répondit à son embrassade, avant de porter sa main sur le front de son enfant, pour constater que cette dernière avait guéri de sa fièvre.

❝ Bonjour ma chérie. Je vois que tu te portes à merveille, me voilà rassuré ! Ne t’inquiète pas des stands, tu sais très bien que nous pouvons les tenir avec ton père sans problème. D’ailleurs, Michel n’est pas venu avec toi ? ❞

Peut-être qu’Eri avait distancé un peu Michel sur le trajet, elle décida enfin de porter attention sur la personne à qui elle voulait jurer son amour pour le restant de sa vie. Sa mère n’avait pas dû regarder les alentours en posant cette question, alors elle se devait de montrer que son futur époux était bien encore à ses côtés.

❝ Bien sûr que Michel est avec moi, nous sommes sortis en rendez-vous amoureux et il a voulu me montrer un de ces talents. Regarde comment il a transformé le kimono de Papa, la tenue est belle n’est-ce pas ? Il a les mêmes talents que Sun-Hi, bientôt il m’a promis qu’il m’offrirait une tenue aussi belle que celle-ci. ❞

Tandis que son père était toujours occupé, la mère d’Eri porta son attention sur la tenue de Michel. Si son visage ne laissait rien transparaître, elle n’hésita pas à prendre rapidement la parole.

❝ Bonjour Michel. Merci d’avoir pris soin de ma fille cette nuit. D’ailleurs, Eri a raison, cette tenue est très belle. Tu es ravissant. ❞

Elle ne s’attarda pas davantage sur le genre qu’il voulait afficher. Actuellement, elle devait faire preuve de professionnalisme. Après tout, il s’agissait de leur commerce qui était à proximité, elle fit comprendre par son regard que ce n’était pas le moment pour les confidences.

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...

Qu’est-ce que tu es censé répondre ? Rien. Eri t’a percé à jour, en réalité, c’est bien toi qui ne veux pas affronter cet épreuve. Tu ne veux pas confronter les regards des autres, leurs jugements, leurs dégoûts et leurs incompréhensions. Tu n’as pas oublié ces sensations, ce que cela fait d’être un paria, cette peur est imprégnée dans ton âme. Malgré les années, ces souvenirs sont toujours aussi vivaces…

Ta tendre relâche ta main… Tu as mal. Ta chérie ne veut pas de ton cadeau… Ton cœur se serre. Ton trésor ne t’attend pas… Tu suffoques. Ah… Tu n’as pas envie de t’énerver, ce n’est pas le bon moment pour une crise. Tu as mieux à faire… Oh, tu connais l’identité du responsable, ce sont encore ces foutus miroirs… Toujours eux, leurs capacités à refléter la réalité est une malédiction !

ET MER…

Alors que ton poing s’apprête à s'abattre sur le miroir, tu t’arrêtes et médites sur tes propres pensées… Refléter la réalité… La réalité, le responsable n’a jamais été l’objet en lui-même… Mais la personne qu’il reflète. Tu es vraiment un idiot qui ne fait que fuir, pendant tant d’années, c’est toi et uniquement toi le fautif… C’est vrai, tu aurais dû demander l’avis de ton trésor, pourquoi tu as pris la décision pour vous deux. Tu aurais pu lui faire part de tes doutes avant de quitter la maison et vous auriez pu en discuter… C’était une possibilité, cependant, tu as choisi la facilité, la lâcheté, la fuite…

...DE !

Quelques regards curieux se dirigent vers toi, suite à ton injure, mais tu n’as que faire de cette attention, ta priorité est de rejoindre ta femme… Et de montrer aux yeux des autres que tu es son époux, qu’importe ton apparence. La facilité, la lâcheté et la fuite, tu en as marre de tout ça ! Rien à foutre du regard des autres ! Le plus important pour toi et d’être heureux avec Eri, qu’est ce que l’avis des autres peut bien te faire ! Tu t’en moques tellement, que tu leurs montres fièrement tes deux majeurs à tous les curieux et à ton reflet, également, tiens ! Quelle plaie ce Michel quand même ! Avant, de rejoindre ta femme, qui commence à avoir quelques influences, il faut croire. Ce n’est pas ton genre d’être aussi grossier, il faut dire… Peut-être que tu tentes de t’accoutumer aux tempéraments des nordiens ?

Tu rejoins Eri après qu’elle ait déjà salué sa mère et en arrivant, ta première réaction avant tout de chose et d’attraper la main de ton trésor, plus fermement que jamais, tu ne laisseras jamais partir cette main. Ton attention se porte sur ta belle-mère quand tu entends ton nom, tu n’as réellement pas suivi la conversation et es donc légèrement déboussolé. Tu l’es davantage quand elle t’offre un compliment sur ton apparence, autant, tu ne doutais pas que la tenue plaise, mais que ce soit aussi le cas de ton image…

Bonjour, belle-mère, tout le plaisir est pour moi et des remerciements ne seront pas nécessaires. Je n’ai fait ce que n’importe quelle personne aurait fait pour sa moitié. Ce serait plutôt à ma personne de vous remercier de reconnaître mes talents ainsi que mon apparence, vos compliments sont un honneur.

Tu es tendu, cela ne se voit pas, mais tu parles toujours formellement lorsque tu l’es. Vous allez avoir une discussion des plus sérieuse et puis tu as également besoin de te présenter correctement à tes beaux-parents, sous ta véritable identité. Tu comprends à son regard, que ta belle-mère est occupée à cause du travail et qu’elle a à faire, malheureusement va falloir mettre fin à cela.

Je m’excuse de devoir vous importuner ainsi, j’aurais préféré attendre la fin de votre journée, mais le temps m’est malheureusement compté. J’aimerais pouvoir me présenter correctement à vous ainsi qu’à votre mari, pour que vous puissiez connaître à quel genre d’individu vous confier votre fille.

Tu délies vos mains pour attraper l’épaule d’Eri et coller son corps contre le tien.

J’aurais également deux annonces à vous transmettre concernant notre couple. Seriez-vous donc enclin à fermer votre commerce plus tôt pour en discuter ?

À la suite de ta requête, tu observes que quelques mots sont échangés entre tes deux beaux-parents. Ton beau-père commence à ranger ses affaires, alors que ton trésor te quitte pour prêter main-forte à ses parents. Ne sachant pas trop quoi faire dans cette situation et ne souhaitant pas être trop passif, tu te portes volontaire pour transporter des coffres et caisses. Pour qu’au final, ton beau-père te les prenne de tes bras, au moins le message est clair, ils n’ont pas besoin de ton aide. Tu te diriges finalement aux côtés de ta tendre.

... Une inspiration, puis une expiration. Trésor, désolé pour mon comportement… Je n’aurais pas dû prendre une décision pour nous sans te consulter.

Tu attends que quelques passants se trouvent à proximité pour embrasser ta chérie. À la vue de tous, sans pudeur. Pour le retour, si une main de ta chérie est libre, alors tu le combles, sinon si elle n’est pas trop chargée, tu enrouleras ton bras autour d’elle. Arrivé à la demeure, vous prenez le temps de vous installer dans le salon, ton trésor à tes côtés et tes beaux-parents en face.

Encore une fois, veuillez m'excuser d’avoir coupé court à votre journée. Tu baisses légèrement ta tête avant de le relever pour leur faire face. Je suis Michel Bollinger, deuxième enfant de la famille principale. Mon apparence actuelle et celle dont je me sens le plus en harmonie avec moi-même. Bien que je sois né en tant que membre du sexe masculin. J’aurais préféré que notre première rencontre se passe différemment, je ne souhaitais pas me montrer à vous sous ma façade de chevalier, mais avec ma véritable identité… Je peux comprendre que vous ayez de nombreux questionnements et je me tâcherais d’y répondre avec le plus de clarté possible… Néanmoins, si vous refusez mon apparence ou mon mariage avec Eri, alors je n’aurais d’autres choix que de kidnapper votre enfant… Désolé, mais je n'ai aucune intention de forger mon avenir avec une autre personne que votre fille !

Past, Present and Future - Frederika Hansen

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Past, Present and Future × ft. FREDERIKA & MICHEL

Cette main qu’elle avait lâchée à contre-cœur était venue la rattraper fermement. Eri ne savait pas si ce geste était pour que Michel vienne trouver du courage auprès de sa future femme afin de confronter sa famille, ou bien s’il avait réalisé qu’il pouvait exposer son amour aux yeux de tous. Qu’importe la raison, son bien aimé était revenu à ses côtés. Toujours aussi déterminé, il n’hésita pas à affirmer qu’il souhaitait avoir une discussion importante en toute intimité. Son impatience ne laissa place à aucune réaction possible de la part des deux femmes. D’ailleurs, la jeune femme fut légèrement surprise que son amant vienne la saisir par l’épaule pour coller son corps contre le sien. À la mention des deux annonces, la mère d’Eri chercha le regard de sa fille pour savoir si elle semblait au courant de la situation, ce à quoi ses prunelles reflétèrent qu’elle avait été prise de court. Après tout, elle ne voulait pas cette confrontation, alors elle laissait son futur époux faire comme bon lui semblait.

❝ Hm… Il semblerait que tu ne nous laisses pas le choix. Je te préviens que ce sera à titre exceptionnel que je vais faire part de ta requête à mon mari. En revanche, le fait que ta famille s’impose à la nôtre que ce soit ta mère ou bien toi Michel, j’espère que cela ne deviendra pas une habitude. Votre noblesse n’excuse pas tous les comportements. ❞

Le ton était donné, cela n’avait pas vraiment plu à la mère d’Eri, qui alla rejoindre son mari pour précipiter la fermeture de leur commerce. Son père venait de finir de servir leurs derniers clients avant de commencer à tout ranger. Si son regard s’était dirigé vers le jeune couple quand sa femme lui avait part de la requête de Michel, il ne laissa rien transparaître non plus concernant l’apparence de son futur gendre. Contrairement à son épouse qui semblait contrariée, lui avait compris qu’une discussion importante allait avoir lieu. Alors pour son bébé, il acceptait sans problème de mettre sa passion de côté pour lui accorder toute son attention, même s’il aurait voulu que la démarche vienne de cette dernière et non de son futur époux.

❝ Eri, viens nous aider ! ❞

Sa fille s’exécuta rapidement, laissant son bien aimé de côté le temps de les aider. Si chaque membre de la famille avait l’habitude d’effectuer les mêmes tâches pour tout ranger et ne rien oublier, quand Michel se proposa pour prêter main forte, le père d’Eri refusa. Il avait peut-être donné sa bénédiction pour un éventuel mariage, mais lui accorder pleinement sa confiance n’était pas encore d’actualité. Surtout selon la conversation que les parents allaient devoir partager avec leur futur gendre.

Eri venait de finir de ranger les derniers bijoux, lorsque Michel vint se positionner à ses côtés. Ses prunelles violettes se portèrent sur son amour quand il prit la parole pour s’excuser de son comportement. Au moins, il reconnaissait qu’il avait décidé de tout sans la consulter. Elle ne pouvait qu’être fière qu’il se soit remis en question pour le bien-être de leur couple. Alors que ces lèvres se déposèrent sur les siennes pour lui accorder un baiser à la vue des passants, sa tendre lui en donna un plus passionnel en retour.

❝ En effet, tu n’aurais pas dû… Cependant, je suis fière de toi et heureuse que je puisse enfin profiter de doux gestes d’amour à l’extérieur avec ta véritable apparence. Même si tu n’as pas pu supporter le reflet de notre couple, sache que moi je trouve que nous sommes les êtres les plus adorables du continent. Les autres seront forcément jaloux et ils ont bien raison de penser ainsi ~ ❞

Sa chérie avait retrouvé un grand sourire sur son visage, qui pourrait donner envie à Michel de tomber amoureux à nouveau. Même si ce doux moment dut prendre fin lorsque ses parents lui signalèrent qu’ils pouvaient enfin rentrer. Eri prit quelques affaires pour que la répartition des charges soit équitable, tout en gardant une main de libre pour être proche de son amant sur le chemin du retour. Une fois qu’ils arrivèrent à leur demeure, tout le monde s’installa dans le salon. La jeune femme se positionna à côté de son futur époux, tandis que ses parents leur faisaient face. Après une énième excuse, son bien aimé prit la parole pour se présenter officiellement. Savoir qu’il était prêt à la kidnapper si toute opposition se manifestait, tout simplement car il ne verrait pas son avenir avec une autre personne que son trésor. Elle ne put s’empêcher de rougir légèrement à cette déclaration, tout en venant saisir la main de son amant pour lui montrer qu’il possédait tout son soutien.

❝ Je croyais pourtant avoir été clair hier sur le fait que kidnapper mon bébé était trop rude, alors enlève-toi cette idée de ton esprit. ❞

Si son père avait juste réagi au potentiel kidnapping, sa femme lui signifia que ce sera elle qui prendra le soin d'être la représentante des parents d’Eri. En croisant son regard, il comprit qu’il n’aurait pas son mot à dire et qu’il devrait plutôt s’occuper de servir le thé, ainsi que des parts du gâteau de la veille. En soi, il était bien content de s’éloigner de son épouse qui pouvait être imprévisible et rediriger ces émotions sur la personne la plus proche d’elle.

❝ Nous acceptons tes excuses, Michel. Nous sommes ravis de faire officiellement ta connaissance. Mon mari se nomme Harvard Hansen. Pour ma part, je me nomme Arnhild Hansen. ❞

Arnhild marqua une pause, tout en portant ses prunelles vertes sur l’apparence de son futur gendre. Quand elle reporta son regard sur celui de sa fille, celui-ci se détourna instinctivement. Elle comprit alors que son enfant ne voulait pas la confronter et qu’elle laissa le soin à Michel d’assumer leurs futures annonces pour eux deux. Ce comportement avait don de l’agacer. Pourtant, elle savait qu’Eri réagirait si vraiment quelque chose viendrait à la peiner, à la mettre en colère ou pour montrer son désaccord.

❝ Notre bénédiction pour votre mariage n’a pas changé depuis hier. Toutefois, en ce qui concerne ton apparence actuelle, est-ce que tu assumes cette dernière au quotidien ? Qu’Eri t’ait accepté tel quel, cela ne m’étonne pas, nous lui avons appris à garder son esprit ouvert et à être tolérante. Pourtant, je me demande si c’est le cas de ton entourage… Est-ce parce que ma fille t’a accepté ainsi, que tu souhaites l’épouser ? Est-ce que tes sentiments sont sincères ? Si une autre personne t’avait accepté avant qu’elle ne le fasse, serais-tu tombé amoureux d’elle ? Je pense que je n’ai pas besoin de m’attarder sur la différence de nos statuts et tout ce que cette union va engendrer. La famille Bollinger a plus à perdre que la famille Hansen. Sache que j’attends que tu fasses preuve d’honnêteté, quitte à ce que cela ne me plaise pas. ❞

Le visage d’Arnhild était assez fermé. Elle n’avait pas envie de débattre sur le genre et sur les tabous de la société. Elle voulait juste se rassurer si son futur gendre était assez fort pour se supporter soi-même et être un pilier pour sa future femme. Si cela n’était pas le cas, elle devra réfléchir à la maîtrise de ses émotions.

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Frederika Hansen

Tu parles d’une atmosphère pesante, tu as l’impression de faire face à ta propre mère. Tu es noyé dans un torrent de questions qui ne te laisse pas le temps de reprendre ta respiration. Encore une fois, même si Arnhild possède une attitude similaire à ta génitrice en cet instant précis, ce n’est rien par rapport à ta mère. Le mur qui se dresse face à toi, ne possède pas la même présence que ta maman et l'oppression que tu ressens n’est rien par rapport à celui qu'exerce ta génitrice.

Tu ne faillirais pas face à cette épreuve, tu en as la conviction, de plus… Tu possèdes une présence rassurante à tes côtés, que tu veux protéger et ne pas perdre. La chaleur présente sur ta main… Tu ne veux pas t’en séparer ! Pour cela, il faut que tu parviennes déjà à passer l’épreuve que t’impose ta belle-mère, lui rassurer et lui montrer que tu es capable de porter sur tes épaules tes problèmes et ceux d’Eri.

Plutôt que de répondre à vos questions dans l’ordre, je souhaite plutôt y répondre selon mes envies.

Tu poses ta main libre par-dessus celle d’Eri qui couvre ton autre main, pour te rappeler pour qui tu fais face à ta belle-mère, en ce moment.

Mes sentiments pour Eri sont sincères et je peux comprendre pourquoi vous avez pu penser ainsi. Je ne peux pas non plus nier que cela n'a eu aucune influence quant à ma décision de vouloir marier votre fille… Néanmoins, s’il ne suffisait que de ça, ce serait plutôt de ma meilleure amie dont j’aurais dû tomber amoureux.

Ton trésor, n’est pas la première personne à t’avoir acceptée comme tu es réellement, il y a d'autres qui l’ont fait avant elle. Pourtant, tu n’as jamais ressenti, ne serait-ce qu’une seule fois une attirance romantique envers eux. Tes sentiments pour ta femme ne sont pas nés de cette simple acceptation. En pensant à ce que tu vas dire par la suite, ton visage tourne au rouge et ton regard fuit celle de ta belle-mère par embarras.

Je dirais plutôt que lorsqu’Eri m’a fait savoir qu’elle m'accepterait tel que je suis, j’ai décidé de la voir comme une partenaire potentielle ? Et dès l’instant où j’ai pensé à cette éventualité… J’ai eu le coup de foudre…

Tu n’arrives pas à trouver le courage de développer, tout le sérieux dont tu faisais preuve auparavant a disparu pour ne faire place qu’à l’amour que tu ressens pour ta chérie. Bien que tes prunelles font de nouvelles face à ceux d’Arnhild, ta gêne se fait ressentir.

Si vous avez toujours des doutes ! Je peux vous citer une liste non-exhaustive de tout ce que j’aime chez Eri… Bon… Non-exhaustif, c’est peut-être un peu exagéré ! Mais je suis confiant sur le fait, je pourrais tenir toute la journée à le faire !

Là, tu sembles plus désespéré qu’autre chose, sérieusement pourquoi à chaque fois que tu dois parler de l’amour que tu éprouves pour Eri, tu es toujours dans cet état. Quoi qu’il en soit que tu aies listé ou non tout ce que tu ADORES chez ta femme, il te faut tout de même un certain temps et tu fasses des exercices de respiration pour retrouver ton calme et ton sérieux.

Concernant mon apparence, vous doutez bien qu’il me soit difficile de me montrer ainsi, compte tenu de mon sexe biologique ainsi que des attentes et du regard des autres. Mais… Grâce à une certaine idiote, depuis quelque temps, j’essaie de penser moins aux jugements des autres. Ce n’est pas encore ça, mais juste avant de vous rencontrer, j’ai réussi à le faire !

Est-ce que faire des doigts d’honneur aux passants et à toi-même, c’est vraiment quelque chose dont tu peux être vraiment fier ? Même si selon ton opinion, il est vrai que tu ne penserais pas un jour en faire à qui que ce soit mais encore moins à des inconnues qui n’ont rien demandé.

Pour ce qui est de mon entourage… Je ne peux pas le savoir, il faut justement que j’en discute avec ma famille. Ma meilleure amie est déjà au courant de ma situation, quant à mes amis proches… Il faut que je m'ouvre également à eux… J’ai longtemps caché la vérité, mais je souhaite être capable de me montrer honnête envers les personnes qui me sont chères.

Tu ne doutes pas qu'il s’agisse d’une réponse insatisfaisante, tu espères néanmoins que tu as su transmettre correctement ta détermination. D’être plus honnête et de t’assumer. Par ailleurs, tu as remarqué que Harvard vous sert à boire et à manger, quand vos regards se croisent tu lui un non de la tête, avant de concentrer de nouveau ton intention vers ta belle-mère.

Pour revenir sur ma famille… Je ne vais pas vous cacher qu’il y a de fortes chances que je me fasse exclure et que je perde mes droits. Cela ne sera pas forcément dû à mon union avec votre fille, mais bien à cause de ma propre personne… C’est un risque dont j’ai conscience et dont je suis prêt à accepter les conséquences.

On t’a demandé de l'honnêteté et tu en as fait preuve, évidemment que ce n’est pas plaisant à entendre. Ton regard se porte même vers ton trésor, pour savoir comment elle a réagi à ta révélation. Quoi qu’il en soit malgré la réticence de ton beau-père, tu es prêt à décamper à tout moment, si on venait à ne plus t’accepter.

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Sa mère avait posé des questions pertinentes. Eri dirait même qu’elle était curieuse de savoir les réponses, même si ce n’était pas pour se rassurer. Elle ne doutait pas de la sincérité des sentiments de Michel. Pourtant, elle se demandait si effectivement le fait de l’accepter tel qu’il était réellement, avait beaucoup influencé son choix. À la mention du coup de foudre, la jeune femme ne put s’empêcher de rougir à son tour. Il était vrai qu’au vu de la rapidité des événements, si le jeune couple n’avait pas eu un coup de foudre réciproque, ils n’auraient pas à confronter leur famille respective. Toutefois, son amant n’allait-il pas trop loin en voulant citer une liste non-exhaustive de ce qu’il aimait chez elle ? Même si sa tendre ne voulait pas vraiment intervenir, elle ne put s’empêcher de le faire en venant murmurer à l’oreille de son amour, de manière que ses parents n’entendent pas.

❝ Je préférerais que tu gardes cette liste de tout ce que tu aimes chez moi pour notre intimité… De toute façon, je pense que ma mère est convaincue de ta sincérité rien qu’en voyant ton visage. ❞

Il était vrai qu’Arnhild ne pouvait pas nier que son futur gendre semblait terriblement amoureux de sa fille. Entre leurs mains jointes, sa gêne, son regard et son visage cramoisi, il était indéniable qu’il avait eu un coup de foudre. En même temps, elle ne pouvait qu’approuver les dires de Michel. En tant que mère, sa fille ne pouvait qu’être aimé, même ces défauts faisaient partie de son charme ! D’ailleurs, à la réaction de son enfant, elle pouvait se douter que cette dernière était également gênée de tout cet élan d’amour. Un doux sourire apparut sur son visage, avant de reprendre son sérieux pour écouter la suite des réponses. En revanche… Comment ça une idiote ? La mère ne put empêcher d’avoir un léger rictus, même si elle se doutait que dans le contexte de la phrase, cela pouvait être un compliment. Toutefois, il ne faudrait pas qu’il le dise une deuxième fois, s’il voulait toujours repartir de cette maison en étant indemne.

Si son mari constata rapidement ce qui n’avait pas plu à sa femme, il essaya de détourner son attention en lui servant une tasse de thé et une part de gâteau. Il ne fallait pas qu’elle fasse une fixette sur un détail qui l’avait dérangé et qu’elle se concentre sur le restant de la conversation. Après tout, leur futur gendre se confiait à eux sur les efforts qu’il avait accomplis pour s’accepter comme il était et faire en sorte que son entourage vienne l’accepter également. Surtout qu’en l’absence d’une éducation qui passait outre le regard et le jugement des autres, cela était plus difficile à mettre en place. En ce sens, leur fille avait de la chance d’avoir grandi avec ces principes. D’ailleurs, il fut surpris d’apprendre que Michel serait peut-être renié de sa famille simplement à cause de son apparence. Quel genre de parents n’accepterait pas leur enfant tel qui était réellement ? Au moment où Harvard allait donner son avis, son regard rencontra celui de son épouse et il se ravisa. Il savait qu’il s’était marié à une femme au fort caractère, elle n’était pas originaire de North Odin pour rien. Même si lui-même était natif de North Odin, il avait tellement vagabondé dans tout le continent, que son côté excessif ne ressortait que pour protéger sa famille.

❝ Michel, je te remercie d’avoir répondu à mes questions. ❞

Arnhild prit un moment pour réfléchir à ce qu’elle allait répondre, tout en buvant son thé et en dégustant son gâteau. Son mari et sa fille en firent de même pour éviter d’être gêné par la situation. Il était dommage que Michel eût refusé ce petit goûter de la part d’Harvard, mais elle pouvait comprendre qu’il préférait se concentrer sur leur confrontation.

❝ Tu aimes Eri, c’est un fait. En ce qui concerne ton apparence, je n’ai certainement pas le même avis que tes parents. D’où la différence dans ton éducation et celle de ma fille, comme je te l’ai dit, nous lui avons appris la tolérance et l’ouverture d’esprit tout en faisant abstraction du regard des autres. La société est un frein pour que chacun puisse s’accepter tel qu’il est réellement. Je ne souhaite pas sacrifier le bonheur de mon enfant, parce qu’elle n’est pas considérée comme étant dans la norme. Cela étant, elle a fait ses propres choix pour ces préférences. Je me doute qu’elle t’a fait part qu’elle ne se voyait pas partager une intimité avec une personne dont le sexe biologique est féminin ? ❞

Arnhild porta ses prunelles vertes vers le regard de sa fille. En voyant qu’elle n’eût comme réaction que de baisser la tête, pour ne pas se souvenir de cette discussion, sa mère était confiante dans ses propos. Après tout, elle connaissait bien son enfant.

❝ Eri est une grande romantique, elle souhaite fonder sa propre famille et pour cela, elle devait rencontrer un homme. Maintenant, que tu ne te considères pas comme tel, cela ne nous concerne en rien Harvard et moi. Je vais me répéter, mais le bonheur de mon enfant est ma priorité. Si elle l'est avec toi, de quel droit pourrai-je m’y opposer ? Toutefois… J’ai quelques conditions. Le fait que tu puisses perdre potentiellement ta noblesse n’en est pas une. Tant que tu aides ta future épouse à subvenir à vos besoins, vous pouvez vivre simplement tout en ayant un quotidien paisible et rempli d’amour. D’ailleurs, tu es chevalier, alors cela nous prouve déjà que tu peux gagner de l’argent. Même si tu pourrais avoir l’opportunité d’exercer tes talents aux côtés d’Eri, bien sûr, je ne fais que suggérer cette idée. ❞

La mère d’Eri avait déjà complimenté la tenue de son futur gendre. Elle était sincère dans cette proposition, s’il avait du talent, il pourrait essayer de l’exploiter. Dans le cas où ce commerce ne fonctionnerait pas, Michel pourra toujours redevenir un chevalier. Qu’importe, il était temps de parler de ses conditions pour que cette union soit définitivement acceptée. Arnhild se leva pour aller chercher une petite bouteille qu’elle avait gardée précieusement dans sa chambre. Une fois de retour dans le salon, elle posa le flacon sur la table devant sa fille avant de s’asseoir à nouveau devant le jeune couple, aux côtés de son époux.

❝ Première condition… Pas d’enfants avant votre mariage, même si vous cherchiez une solution pour le précipiter, je refuse. Ce flacon contient un contraceptif qui agira pour le mois à venir, je veux que tu le prennes devant moi Eri. ❞

En voyant la petite bouteille qui contenait un liquide clair, Eri ne put s’empêcher de voir son visage prendre la même teinte en devenant pâle. Le moment qu’elle redoutait était en train d’arriver. Si ses prunelles violettes suppliaient ceux de sa mère, elle comprit qu’elle ne changerait jamais d’avis. Alors lorsqu’elle voulut chercher du soutien de la part de son père, celui-ci montra qu’il ne pouvait rien faire en secouant son visage. Devait-elle renoncer à la probabilité de porter un enfant pour garantir leur union ? Après tout, ne voulait-elle pas précipiter le fait que leur amour porte leur fruit, parce que Michel devait être loin d’elle ? La jeune femme devait partir avec lui dans les Terres de Babel, alors… Cela n’était peut-être plus une priorité ? Sa main de libre vint péniblement saisir le flacon, alors que de légers tremblements montraient qu’elle avait du mal à contenir ses émotions. Si sa tendre lui avait reproché d’avoir pris une décision pour leur couple, elle ne pouvait pas en faire de même. Pas quand cela était une décision aussi importante…

❝ Je n’en ai pas envie… Mais si ça peut garantir notre union, je serai prête à le faire… Si tu me dis de la boire, je le ferais. Nous pourrons toujours avoir un enfant plus tard… ❞

Eri avait ancré son regard dans les prunelles roses qu’elle aimait tant. Elle ne voulait pas réfléchir sur les sentiments qu’elle ressentait actuellement. Si elle devait le faire, elle devait faire taire sa pensée. Alors seul l’avis de son futur époux comptait à ses yeux. Si Michel venait à lui dire de boire le contenu du flacon, elle le ferait sans hésiter et elle ne lui en voudrait pas. La jeune femme était sincère sur le fait qu’il pourrait toujours avoir un enfant plus tard.

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Tu aurais aimé pouvoir défendre tes parents, mais tu décides de te taire, ce sont des roturiers. Ils ne savent rien de ce monde impitoyable rempli de serpents qu’est la noblesse. Ils ne s’imaginent pas l’importance de l’image, du paraître, du charisme et des faits accomplis. Plus importants, ils sont ignorants des responsabilités qui vous s’encombrent et du poids qu’est de représenter sa famille… Honnêtement tant mieux pour eux, même si la vie des roturiers n’est pas aisée et qu’ils ne survivent qu’aux prix de leurs sueurs, persévérances, temps et parfois même santé, ils ont la chance de pouvoir vivre une vie simple et paisible.

Tu ne fais non plus aucun commentaire quant aux préférences d’Eri, tu les connaissais déjà et tu les as acceptées. Tu t’en moques que ton sexe biologique était un facteur important pour elle, ce n’est pas comme si toute ta personne ne limitait qu’à ça. Tu es bien conscient que ton trésor n’est pas tombé amoureux de toi que pour cette raison… Pour utiliser tes propres mots, le fait que tu sois un mâle a permis à ta tendre de te voir comme un partenaire potentiel.

Tu souris à la proposition de ta belle-mère, il est vrai qu’un commerce ou un couple d'artisans qui propose à la fois des vêtements et des accessoires qui se complètent, est une proposition qui pourrait intéresser plusieurs personnes. Le seul problème est que tu es encore trop inexpérimenté pour réellement envisager un tel futur, si tu veux vraiment devenir styliste, il va falloir que tu quittes ta profession actuelle. Pour étudier sérieusement celui de styliste et de toute façon, ce n’est pas le moment de penser à ça. Il n’est même pas certain que ta famille choisit la dérogeance pour s’occuper de ton cas.

Ton visage ne laisse transparaître aucune intention et émotion, alors qu’Arnhild pose un flacon devant ta femme. Tu hésites fortement à briser la bouteille ou à renverser le liquide qui s’y trouve à l’intérieur, mais ce serait admettre ta défaite et couper court à la discussion. D’autant plus que ta chérie peine sur chacun de ses gestes, ses sentiments se lisent si facilement, Eri n’en a pas envie. C’est tout ce que tu as besoin de savoir, à la question de ta tendre, tu approches ton visage de la sienne pour y déposer un baiser sur sa joue.

Moi non plus, je n'en ai pas envie.

Réponds-tu d'un sourire chaleureux et réconfortant, avant de reprendre ta position initiale et de faire face à ta belle-mère.

Avant de nous imposer une telle condition, j’aimerais que vous nous expliquiez pourquoi un tel refus ? Par ailleurs, je vous ai informé au préalable que j’avais deux annonces à vous faire… Vous avez déjà deviné la première, mais il est effectivement possible que vous alliez devenir grand-parent.

Pas besoin de le cacher, surtout que ta belle-mère avait déjà envisagé cette possibilité.

Je peux comprendre les raisons qui vous poussent à faire une telle demande, il est vrai que les relations avant le mariage ne sont jamais bien vues. Je devine également votre peur concernant une potentielle naissance ou grossesse apparente avant notre union… Si telle est votre crainte, alors vous avez ma parole que notre cérémonie se fera dans les deux mois à venir à compter d’aujourd’hui. Si nous sommes officiellement fiancés avant qu’une grossesse devienne apparente, jamais qui que ce soit pourra deviner que l’enfant a été conçu plus tôt.

Tu es très sérieux dans ta proposition, tu es conscient du poids de tes paroles et de leurs conséquences. Néanmoins, tu es prêt à consacrer le reste de tout ton temps libre à la réalisation de cette tâche, quand bien même cela demande beaucoup de travail et d'organisation. Tu possèdes la détermination qu’il faut pour supporter cette charge importante de cette tâche et cela se reflète dans tes yeux ainsi que dans ta tonalité.

S’il y a une autre raison, je vous prierai de nous en informer et s’il s’agit de quelque chose dont vous ne pouvez parler qu’entre mère et fille, je vous donnerez l’intimité qu’il vous faut. Si Eri change d’avis après cela… Je ne formulerais aucune objection…

Après tout, c’est l’unique raison pour laquelle tu t’es montré si peu coopératif jusqu’à présent. Tu refuses de prendre une décision qui puisse peiner ta femme. Même si la requête provient de la mère d’Eri, néanmoins si après s’être expliqué, ta tendre décide de changer d’avis. Alors tu n’aurais plus de raison de t’opposer et puis ton trésor à raison. Vous pouvez toujours en avoir un plus tard, c’est ce que tu as également dit dans la grotte aux lucioles.

Quant à la deuxième annonce, je dois vous informer qu’Eri à décidé de m'accompagner aujourd’hui jusqu’à Babel et y séjournera pour un temps indéterminé.

Ajoutes-tu avant que quiconque ne puisse prendre la parole, peut-être que cela permettra à ta bonne mère de comprendre que vous étiez prêt à prendre votre indépendance et ainsi à revenir sur sa condition ? Arnhild doit savoir mieux que n’importe qui à quel point il est difficile pour ta femme de quitter North Odin, alors qu’elle soit prête à le faire de sa propre initiative, pour toi. Ce sera une preuve supplémentaire de l’affection que vous vous portez et de votre détermination à vouloir vivre ensemble et fonder une famille.

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TW : Sujets délicats liés au bon déroulement d'une grossesse.

Past, Present and Future × ft. FREDERIKA & MICHEL

Un doux baiser sur sa joue vint lui donner davantage de chaleur, alors que son amour venait de lui confirmer qu’il n’en avait pas envie non plus. Son sourire chaleureux et réconfortant apaisa, le temps d’un instant, les tremblements de sa main qui tenait toujours fermement le flacon. Alors qu’Eri ne pouvait confronter ses parents, Michel prit la parole pour faire leurs annonces. La première était liée à la condition que sa mère venait de poser. Si leur union devait se faire avant que la grossesse soit apparente, il s’engageait à réaliser la cérémonie sous deux mois. Le regard de la jeune femme se dirigea vers sa bague de promesse. Finalement, toute la magie de ne pas savoir quand son bien aimé allait la demander en mariage pourrait s’envoler, si elle décidait de ne pas boire le contenu de la petite bouteille. Cela voudrait dire que cette précieuse bague qu’elle venait d’acquérir allait être remplacée par une autre plus symbolique. Le jeune couple venait à peine de finir leur premier rendez-vous, que le mariage était déjà d’actualité. Elle ne savait pas si elle aurait souhaité encore entretenir la flamme de leur première rencontre, plutôt que de vouloir s’enfermer dans un quotidien qui semblait déjà se dessiner. Le fait de vouloir accompagner son amant dans son fief de naissance, était un événement précurseur de cette vie à deux. Il s’agissait de la deuxième annonce qu’ils devaient faire à ses parents. D’ailleurs, elle put observer leurs surprises à ces dires, plutôt qu’à la précédente révélation. Il était vrai que jusqu’à présent, leur fille n’avait jamais eu le courage de s’aventurer hors du Domaine de North Odin, déjà qu’elle peinait à découvrir les autres fiefs aux alentours. Même s’ils se doutèrent qu’il fallût bien un élément déclencheur pour pousser leur enfant à sortir hors de sa zone de confort.

Arnhild regarda son mari, comme si elle lui demandait l’autorisation de prendre la parole pour ce qui allait suivre. Malgré leur surprise concernant leur départ, elle devait répondre à la question de Michel. Pourquoi refusait-elle que le jeune couple ait un enfant avant leur union ? Harvard caressa doucement la chevelure de sa femme, un geste pour lui donner du courage et la rassurer sur ce qu’elle s’apprêtait à leur confier. D’ailleurs, si elle avait voulu n’en parler qu’à Eri, son futur gendre faisait partie de leur famille à présent. Il avait donc le droit d’entendre cette histoire.

❝ Eri, tu n’es pas sans savoir qu’avec ton père, nous avons mis dix ans pour que tu viennes rejoindre notre famille. N’est-ce pas ? ❞

La jeune femme acquiesça sans intervenir pour laisser sa mère continuer son récit.

❝ Nous ne nous en étions pas inquiété au début, nous nous sommes dit que cela arrivera quand notre bébé voudrait rejoindre ses parents. J’ai dû mettre trois ans, avant de réussir à tomber enceinte pour la première fois. Pourtant, deux mois après, j’ai fait une fausse-couche. L’espoir d’une grossesse, pour finalement tout perdre, cela m’a profondément marqué. Alors, nous avons décidé de nous renseigner auprès de médecins, d’apothicaires et de soigneurs sur ce qu’il s’était passé. Pourquoi n’avais-je pas été capable de garder ce bébé ? Au Domaine de North Odin, nous sommes réputés pour nos guerriers, pas pour la médecine. Alors nous avons décidé de parcourir tout le continent et de nous rendre pendant un temps à l’Empire de Nuhoko. Un voyage qui ne devait être que temporaire, le temps d’avoir une solution et qui s’est transformé en une domiciliation pendant quelques années. ❞

Arnhild marqua une pausa dans son passé. Elle décida d’aller une nouvelle fois dans la chambre conjugale, pour chercher un objet qu’elle gardait dans une boîte à bijoux, comme si ce dernier devait être oublié pour le bien de ceux qui l’ont créé. En revenant auprès des siens, elle posa délicatement la boîte au centre de la table. Harvard prit les devants en l’ouvrant et en dévoilant son contenu, il savait parfaitement que sa femme ne voulait pas voir cet objet. La boîte contenait une gourmette dont la taille correspondait à celui du poignet d’un nourrisson. Deux inscriptions pouvaient être lisibles sur chacune des faces, la première un prénom celui de Vilfrid, la deuxième une date le 4 Izar -23.

❝ Eri, tu n’es pas notre premier enfant. Nous avons eu un fils. Malheureusement… Même si la grossesse s’était bien déroulée et que j’avais réussi à le garder en moi grâce aux conseils que le personnel soignant m’avait prodigués. Le jour de l’accouchement, il s’est révélé que ton frère n’avait pas survécu. J’ai accouché d’un bébé mort-né… ❞

Sa gorge se noua à ce souvenir. Alors son époux décida de prendre la relève pour terminer leur histoire.

❝ Arnhild a une santé fragile. Je pense que nous savons tous qu’Eri en a également hérité. Ce que ta mère veut dire… Il faut beaucoup de stabilité pour mener une grossesse à son terme et faire en sorte que le nourrisson soit en bonne santé. Pour cela, il ne faut pas que la personne qui porte le bébé soit dans un grand état d’anxiété. Peut-être que le fait de vouloir donner naissance dans l’Empire de Nuhoko pour notre fils avait beaucoup joué sur l’état d’Arnhild ? Nous ne savons pas très bien, ce genre de situation est tellement imprévisible. Pourtant, quatre ans plus tard, nous avons réussi à nouveau à ce que notre amour porte ses fruits. Cette fois, nous avons décidé que tu devais arriver dans les meilleures conditions possibles et nous avons décidé de rentrer au Domaine de North Odin. Là où nous nous sommes rencontrés, où notre mariage s’est déroulé et où nous nous sentons le mieux. Tu es notre petit miracle, après dix ans de combat pour enfin fonder notre famille. ❞

Harvard prit la main de sa femme et vint la porter jusqu’à son visage pour lui déposer un baiser sur le dos de sa main. Signe que le plus dur avait été dit et qu’elle pouvait répondre à la question de son futur gendre.

❝ Eri, si tu envisages d’accompagner Michel, cela voudrait dire que tu vas subir ta phobie de t’éloigner de ton foyer et des personnes que tu aimes. Alors si mon refus d’avoir un enfant avant votre mariage découlait, en premier lieu, du stress que la situation pourrait engendrer. Je refuse d’autant plus en apprenant que tu vas vivre dans une anxiété quotidienne. Si tu tombes enceinte, tu pourrais perdre ce bébé à tout moment à cause de ton état, cela reviendrait presque à dire que tu as choisi de vivre cette grossesse en connaissance de cause. Savoir que tu seras loin de moi et de ton père pour vivre potentiellement cette douloureuse épreuve me fend le cœur. Non pas que je n’ai pas confiance en ton futur époux sur le fait qu’il pourrait te soutenir, mais même toi Michel… Arriverais-tu à supporter la perte de ton enfant ? Tout cela parce qu’Eri était dans une situation instable, à la suite de vos décisions précipitées. ❞

Le regard d’Arnhild s’était ancré dans celui de son futur gendre, tandis qu’Eri semblait encaisser le contrecoup de cette révélation. Elle venait d’apprendre qu’elle avait eu un grand frère et que celui-ci était décédé, en un seul et même instant. Un lourd passé venait d’être révélé. Si le trop-plein d’émotions avait fait taire ses pensées avec cette dernière conversation… La seule chose qui lui restait à faire était de boire le liquide dans le flacon. Un simple geste, dont la décision n’était pas mûrement réfléchie et dont l’envie n’était pas présente. Une fois la dernière goutte avalée, la jeune femme déposa la petite bouteille sur la table et elle lâcha la main de son futur époux, pour aller se réfugier dans sa chambre. Avant que Michel ne vienne à la poursuivre, Harvard lui donna une dernière instruction.

❝ Michel, parfois en tant qu’époux, nous rencontrons des difficultés à se mettre à la place de notre femme. D’autant plus lorsqu’elle est la seule personne à pouvoir porter la vie. La seule chose que nous pouvons faire, dans ces cas-là, est de la protéger de tout ce qui pourrait la rendre anxieuse et veiller à sa santé. Tu as l’air d’être quelqu’un de responsable. J’espère que vous ne nous en voudrez pas de vous avoir freiné dans la fougue que votre amour a provoqué. ❞

For You and only You

Past, Present and Future

Frederika Hansen

Tu te questionnes quant à la légitimité de ta présence, tu seras certes le futur époux d’Eri, il n’y a pas de doute là-dessus. Néanmoins, les révélations de ta belle-mère sont si personnelles et si ancrées dans la famille Hansen, que tu ne peux t’empêcher de te maudire légèrement. Si tu n’avais pas montré une opposition, tes beaux-parents n’auraient pas eu à se remémorer le destin tragique de leur enfant, ton trésor n’aurait pas non plus découvert l’histoire de son grand-frère…

Tu abaisses ton regard pour ne plus avoir l’image triste d’Arnhild, ta gorge se noue alors que tes yeux se dirigent vers la gourmette. Tu ne peux même pas imaginer les souffrances et les émotions qu’ont dû ressentir le couple, les peurs qu’ils ont pu ressentir quand Eri se trouvait encore dans le ventre de sa mère. Tu ne peux pas le savoir, alors tu ne peux faire de commentaire, tu ne peux que rester silencieux.

Tu ressens de la rage envers toi-même, pour ta naïveté, pour ton insouciance. La colère est telle que tes mains tremblent légèrement et que tu as besoin de te mordre ta lèvre pour tenter de contrôler cette émotion. Les peurs de ta belle-mère sont légitimes, elle les a vécues, elle a affronté cette épreuve et tu ne peux que la rejoindre dans son envie que cela n’arrive pas à ta chérie… Votre situation n’est pas stable, tu ne sais pas de quoi sera fait demain, tu ne sais même pas si tu seras encore noble et vous n’avez pas encore votre domicile… Là, maintenant, vous vous comportez juste comme des enfants irresponsables.

Tu relèves ton regard, alors que tu sens celui d’Arnhild se poser sur toi et tu réponds à sa question avec non de la tête. Tu n’as pas la force de parler, tu ne peux rien dire, tu as peur de blesser tes beaux-parents avec tes paroles, alors de toi, on n'en a que le silence. Tu ne fais rien alors que ta femme boit la contraception, c’est la meilleure chose à faire et une réaction appropriée à la suite de ces révélations. Tu ne t’offusques pas, lorsqu’elle te quitte pour se réfugier dans sa chambre, tu en aurais fait tout autant. Tu ne fais que relâcher un léger soupir, alors que ton regard se porte à nouveau vers le bijou… Bon, il faut que tu rejoignes ta tendre, alors que tu te lèves, tu te fais interpeller par ton beau-père.

Veuillez ne pas vous excuser, ce serait plutôt à moi de vous remercier. Nous avons été trop aveuglés par notre amour, au point d’en oublier les véritables conséquences d’un tel choix… Je vous remercie également de m’avoir suffisamment confiance pour m’en avoir parlé également. Je vous promets que je fournirais les efforts, la maturité et l’attention nécessaire pour que ce qui vous est arrivé ne nous arrive jamais… Si… Ce n’est pas trop vous demander, pourriez-vous m’indiquer où se trouve la tombe de Vilfrid. Je veux discuter avec lui et… Qu’Eri puisse également lui faire face si elle en a envie.

Il faut bien que tu te présentes également à ton beau-frère et que tu le rassures que sa petite sœur est entre de bonnes mains. Tu ne sais pas si ta chérie aura envie de rendre visite à son frère, c’est peut-être trop tôt pour elle, mais elle t’attendra dans ce cas-là.

Tu te diriges finalement devant la chambre de ton trésor et toques légèrement sur la porte pour signaler ta présence. Tu poses ta main vers la poignée et ouvres délicatement la porte et la refermes avec tout autant de tendresse. Sans dire un mot, tu t’installes sur le lit avant de demander avec toute la chaleur dont tu peux faire preuve.

Est-ce que ton corps va bien ? J’espère qu’il n’y a pas trop d’effet indésirable.

Tu n’es pas suffisamment naïf au point d’y penser que le breuvage n’a eu aucun effet secondaire sur ta femme. Surtout, s’il fonctionne pour le mois à venir, à l’avenir, il faudra que tu recherches d'autres moyens de contraception. Tu n’as pas envie qu’Eri souffre plus que nécessaire, surtout que tu sais pertinemment que c’est toi qui possèdes une forte libido… Bon quoi dire à présent… Que faire ?

Tu es dans une situation délicate et tu n’es pas sûr d’avoir ce qu’il faut pour apaiser ta tendre, tu ne peux te mettre à sa place et ressentir ses peurs… Tu te lèves du lit pour finalement te diriger vers ton trésor et la prendre dans tes bras, recouvrant son corps frêle avec le tien. Tu utilises ta main pour coller son visage sur ton torse, afin de déclarer avec bienveillance.

Si tu pleures ou cries de toutes tes forces maintenant, personne ne va t’entendre, ils seront perdus et étouffés par mon torse. Quant à moi, j’ai l’impression que mes oreilles ne fonctionnent pas si bien pour le moment.

Après ceci que ta femme est déversée sa tristesse sur toi ou non, ta main caresse tendrement la chevelure de ton trésor. Et tu restes ainsi le temps qu’il faudra, jusqu’à ce qu’Eri veuille quitter tes bras ou que tu sens qu’elle a réussi à se calmer. Tu la libères de ton emprise et sèches à l’aide de tes doigts les potentielles larmes présentes.

Trésor, tu n’as pas besoin de t’excuser, je t’aurais demandé de boire la contraception. On formera notre famille, quand j'aurais les moyens de te protéger et une situation stable... Chérie… Au début du mois de Cybèle, les cerisiers éclosent à Nuhoko, j'ai l'habitude de voyager à l'empire pour assister à ce spectacle. Est-ce que... Tu veux bien m'accompagner pour admirer les cerisiers et... Rendre visite à ton frère ?

Past, Present and Future - Frederika Hansen

Cactus

Past, Present and Future × ft. FREDERIKA & MICHEL

Alors qu’Eri avait rejoint sa chambre et fermé sa porte pour avoir de l’intimité. Elle sentait qu’elle étouffait littéralement. Au point que sa magie bouillonnait en elle et voulait se déchaîner pour pouvoir respirer à nouveau. Cependant, elle savait très bien que cela serait inutile de s’infliger une telle épreuve, si elle voulait retrouver une respiration normale et ne plus avoir la poitrine comprimée, elle devait calmer ses émotions. La jeune femme devait se concentrer sur autre chose… Oui, elle devait faire ce qu’elle faisait le mieux, créer des bijoux. Du moins, terminer ceux qu’elle était en train de faire. Elle se précipita à son bureau et ouvrit le tiroir où se trouvaient les ornements qu’elle voulait offrir à son futur époux. En réalité, la conception était presque finie, il ne manquait plus qu’à appliquer le poinçon de la bijoutière sur chaque création. Elle rassembla toute la concentration dont elle pouvait faire preuve pour déposer sa signature à l’intérieur. Une fois que cela était terminé, elle rangea précieusement les cadeaux dans un écrin pour ne pas les oublier et les prendre pour le voyage qu’elle s’apprêtait à entamer. Si avoir effectué ce geste lui avait temporairement fait oublier tout le reste, le bruit venant de sa porte l’avait sorti de ses pensées.

Michel avait fini par la rejoindre, certainement peu de temps après elle. Sa tendre ne se rendait pas compte si ses parents lui avaient encore fait part d’informations importantes. Peut-être avait-il demandé plus d’informations sur cet enfant ? La vision de la gourmette lui revint en mémoire, identique à la sienne, qu’elle conservait précieusement parmi ses propres trésors. Un être semblable à Eri avait existé, il avait même un prénom dont elle n’avait pas pu le déchiffrer. Tout ce qu’elle savait était que ce soi-disant grand frère n’avait pas survécu et qu’il devait certainement reposer à l’Empire de Nuhoko, là où toute cette histoire s’était produite. Alors quand son bien aimé s’inquiéta pour sa santé, à la suite de la prise du contraceptif, la jeune femme avait totalement éteint tout ce que son corps voulait lui faire ressentir. Elle savait que si elle essayait de se reconnecter à lui, elle finirait certainement par s’effondrer. Si elle ressentait une quelconque douleur dans le bas-ventre, son cœur lui faisait plus mal encore. Cette sensation d’étouffer n’était pas totalement parti. Quand son futur époux vint la tirer de son bureau pour l’attirer contre elle et déposer son visage sur son torse, sa sensation de ne pas pouvoir respirer s’apaisa légèrement dès qu’elle sentit son odeur et sa chaleur. Pourtant, la position n’était pas propice à avoir une respiration régulière. Après tout, son amour venait de le dire lui-même, si elle venait à crier ou à pleurer, tout cela serait étouffé par le corps qui voulait la réconforter.

Pourquoi devrait-elle crier ou pleurer ? Alors qu’elle s’était retenue de reconnecter son corps à ses émotions, elle avait l’impression que Michel venait de lui ordonner de le faire. Tandis que le contraceptif qu’elle avait bu lui brûlait la gorge et tout l’intérieur de son corps, elle sentit ses yeux s’embrumaient de larmes. La douleur commençait à être insupportable que des sanglots s’échappèrent, laissant place à une voix qui se brisait. Eri savait qu’elle avait pris la bonne décision, elle avait empêché qu’un enfant vienne s’installer dans son petit corps fragile. La jeune femme avait dû être responsable, choisir la meilleure voie pour leur futur. Ils avaient besoin de stabilité avant de former une famille. Alors pourquoi cela lui faisait autant mal ? Elle avait l’impression que sa tête allait exploser, tellement ses émotions se déchaînaient. La colère, la tristesse, la culpabilité, le soulagement, l’inquiétude, l’acceptation et l’incompréhension. Elle ne comprenait plus rien, alors elle ne pouvait que s’accrocher fermement à la personne qui la tenait dans ses bras. Sans ce soutien, elle avait l’impression qu’elle pourrait perdre connaissance à tout moment. Les douces caresses, que sa tendre ressentait sur ses cheveux, voulaient apaiser tout ce mal qui déferlait en elle. Combien de temps lui fallait-il pour se calmer ? Elle ne savait pas. Peut-être avait-il fallu que la fatigue vienne gagner l’intégralité de sa personne autant physiquement que mentalement, pour que les larmes commencent à cesser. Lorsque son bien aimé s’en rendit compte, il libéra son emprise et vint sécher les larmes qui restaient sur le visage de sa future femme.

À sa demande, Eri ne pouvait que hocher la tête en guise d’acceptation. Il voulait prendre au moins le sentiment de culpabilité qu’elle ressentait, pour lui. Alors, elle le remercia en lui offrant un doux baiser, heureuse de se délester d’une émotion qui la pesait. Maintenant, le jeune couple ne devait pas s’attarder davantage. Elle avait l’impression que si elle restait dans leur demeure au domaine de North Odin, elle allait ressasser ce qu’il venait de se passer. La jeune femme devait rassembler ses dernières forces pour faire ses valises. Elle arriva péniblement à aller demander à ses parents de lui prêter tout ce qu’il fallait pour organiser un voyage et ils s’exécutèrent sans revenir sur ce qu’il s’était passé. Une fois qu’elle avait deux sacs de voyage en main, elle revint dans sa chambre pour que Michel puisse les remplir avec elle. Quelques vêtements le temps du trajet, une boîte à bijoux remplie de ses créations, l’écrin qui contenait le cadeau de son futur époux, un set d’outils indispensables pour continuer à exercer et quelques matières premières, le temps d’acheter un nouveau stock lorsqu’elle sera installée dans les Terres de Babel. Elle semblait n’avoir rien oublier grâce aux conseils de ses parents et de son amour. Tout ce qu’elle souhaitait était de se rendre sur le lieu de départ et de s’installer dans une calèche, afin de pouvoir sombrer dans un profond sommeil. Peut-être était-ce également un moyen de se préserver de sa phobie ? Avec tout ce qu’elle venait de vivre, elle n’avait pas le temps d’y penser. La seule chose qu’elle pouvait faire et qui la rassurait énormément, était de confier à ses parents la lettre que Michel lui avait écrite en cas de problème. Eri savait que tant que cette lettre n’arrivait pas à destination, elle pouvait tempérer son inquiétude et profiter pleinement de l’aventure qui s’offrait à elle.

❝ Je suis prête… Nous pouvons y aller, mon amour. ❞

Sa future femme vint délicatement saisir la main de Michel, signe que le jeune couple pouvait se rendre à leur nouvelle destination.

Les Chroniques d'Elysia

Altaïr de l'An 1

Les scénarios

[Privé] Past, Present and Future - Frederika