Le temps passa si rapidement que le mois d’Altaïr avait déjà commencé. De l’Empire de Nuhoko, en passant par l’Ordre des Chevaliers pour se rendre ensuite dans le Domaine de North Odin. En un mois, le messager avait fait de longs trajets et ne restait que très rapidement en ces lieux après des rencontres mémorables. D’ailleurs, il se dirigeait à nouveau vers une destination qu’il ne connaissait que très peu, le Royaume du Pharaon. Plus précisément dans le fief de Pharos, à la capitale Kemnos, là où le palais royal luxueux avait été bâti. De toutes les demeures que le jeune homme avait visitées récemment, il remarqua que cette dernière était la plus farouchement gardée. Non pas qu’il remettait en cause le travail de ceux qu’il avait croisé jusqu’à présent. Au contraire, il avait été maîtrisé lorsque cela était nécessaire, quand l’enfant n’avait pas respecté le protocole auprès de grands nobles.

Toutefois, cette fois ce n’était pas vraiment auprès d’une personne noble que le messager devait se rendre. Enfin… Peut-être que si ? Après tout, la personne qu’il devait retrouver était réputée dans tout le continent comme étant une doctoresse de talent. Elle aurait déjoué une malédiction vieille de plusieurs millénaires, même si le jeune homme ne croyait pas vraiment aux malédictions. Lorsqu’il était plus jeune, tout le monde croyait qu’il était maudit et cela avait été révélé qu’il s’agissait en réalité d’une maladie. Certes, pour l’instant, aucun remède n’avait été trouvé pour le guérir complètement ou du moins apaiser ces symptômes. Cependant, s’il pouvait rencontrer un maximum de personnes talentueuses qui pourraient tester sur lui toutes sortes de méthodes pour l’aider, il ne serait pas contre. Le temps était d’ailleurs compté, le fief de Nyugard était toujours menacé après les premières quêtes d’extermination qui avaient été un succès. Bientôt, il devra se rendre à nouveau dans les terres glacées, après s’être porté volontaire pour se joindre à la Duchesse et au Duc de ce même fief.

Il serait d’ailleurs bien resté dans son pays d’origine, afin que le Duc en personne puisse davantage lui prodiguer des conseils sur ses techniques de combat, mais il avait dû accepter une livraison urgente en tant que messager. S’il avait été motivé par le gain, le fait que la requête vienne de la fameuse doctoresse en question l’avait surtout motivé à traverser le continent pour saisir l’opportunité de la rencontrer. Surtout lorsqu’il savait que les portes de palais ne s’ouvraient jamais à part pour les festivités. Arrivé à destination, avec toutes les autorisations nécessaires au préalable ainsi que son insigne de messager, le jeune homme put entrer dans le palais où il avait été guidé dans une salle d’attente. S’il était habitué à livrer des missives, plutôt que des cargaisons de produits médicinales, il avait été sollicité par une connaissance de la compagnie des marchands. Bien sûr, il n’avait pas pu organiser seul cette livraison, mais il était la personne à qui on avait confié le bon déroulement. Une grande responsabilité pour un jeune messager qui venait de terminer sa formation. Toutefois, cette mission était décisive pour sa réputation dans le métier. Il avait veillé à ce que tout se soit bien déroulé et qu’aucune marchandise ne vienne à manquer à l’appel, ni qu’elle vienne à se détériorer lors du transport.

La seule chose qu’on avait peut-être oublié de lui préciser, étant donné qu’il avait reçu l’ordre de mission il y a une semaine, était qu’en réalité le mandat avait été établi au début du mois d’Izar. Alors lorsque la doctoresse arriva d’un pas pressé en lui faisant remarquer qu’il avait mis du temps pour arriver, le jeune homme ne put s’empêcher de hausser un sourcil en signe d’incompréhension. La cliente était mécontente et cela n’était pas bon pour ses affaires…

❝ Mes hommages Doctoresse, je vous prie de nous excuser pour le temps que votre livraison a dû prendre pour arriver à bon port. Sachez que la compagnie de marchands qui m’a sollicité m’a assuré que tout ce que vous avez commandé est bien présent et d’excellente qualité. Si vous pouvez constater par vous-même, je ferai un retour aux personnes que vous avez mandaté en n’oubliant aucune de vos remarques. ❞

Le messager s’était incliné devant la jeune femme, avant de lui tendre tous les papiers, dont le récapitulatif de la marchandise. Pour l’instant, il se concentra sur sa tâche première qui était de mener à bien sa tâche de messager. Si l’occasion venait se présenter à lui plus tard, il n’oublierait pas de lui faire part de sa requête personnelle, même si physiquement il ne pouvait pas cacher sa maladie. Après tout, son physique et plus particulièrement ses cheveux, dénotaient du commun des autres mortels.