En ce mois d'Yldiz, la température a baissé, laissant la fraîcheur hivernale planer sur les Terres de Babel. Dans le fief, l'exaltation des danseuses à chaque angle de rue, des instruments qui animent les festivités réchauffent l'atmosphère. Freyja remonte le col de son vêtement sur son menton, soufflant un léger nuage brumeux. Ses yeux sont couvert par son bandeau et ses longs cheveux, correctement peignés. Elle ne peut pas se permettre d'être négligée lorsqu'elle représente l'Ordre. Uniforme bleu, manteau blanc, encore bien trop nombreux pour être une vraie source de tracas pour le mal qui règne sur le continent.

Freyja vient de quitter la Tour, étant venue annoncer sa nomination en tant que Capitaine à ses parents. Non par ego ni orgueil, elle a abandonné ce genre de sentiments mal placés mais pour les rassurer. Leur prouver une nouvelle fois que sa force est réelle, qu'elle ne risque rien et sera en mesure de se débrouiller. Ils se sont révélés soulagés, l'ont enlacée avant de la laisser repartir, pris par leur travail. Elle n'en a pas attendu plus.

La Tempérance lui convient le mieux. Elle fait partie de son être, depuis des années. Loin d'être un défaut, elle trouve du plaisir à se contenter de ce qu'elle obtient sans jamais chercher plus. Pourquoi se blesser dans le désir quand l'abstention confère le bonheur ? Freyja ait reconnaissante à l'Ordre pour lui avoir permis de rester fidèle à son caractère sans l'emprisonner de règles. Elle n'a fait que gagner au change, un endroit où vivre, un endroit où travailler. Le doux sifflement de Poe la fait relever la tête. Elle a même gagné un animal de compagnie si elle peut l'appeler ainsi.

Le sourire aux lèvres, la demoiselle s'apprête à s'éloigner, se diriger vers l'Ordre, cependant, deux personnes l'interrompent. Deux bonnes femmes, l'inquiétude dans la voix, viennent quémander son aide. A cela, la chevalière ne peut qu'accepter leur requête. Bien qu'elle ne semble pas être la plus fiable de ses paires, elle ne va pas reculer devant l'aide qu'elle peut apporter aux habitants. C'est là sa mission.

Ainsi décidée, Freyja fait flotter quelques lucioles de magie autour d'elle, pour mieux se déplacer dans les rues. Elle perçoit le mana des personnes qu'elle croise et peut les éviter, se déplaçant en se fondant dans le paysage. Présence discrète, bien moins imposante que d'autres. Elle interrompt sa marche en reconnaissant un mana, non loin. S'il était possible de lui donner une forme, ce serait une flamme gelée mais non moins dangereuse. Le feu brûle toujours avec ardeur.

Elle s'approche de sa camarade, voix fluette et chantante, toujours joyeuse.

❝ Ara ara ~ Arianrhod, quelle coïncidence, je ne pensais pas vous voir ici.

Ayant fini de s'exprimer, Freyja laisse passer quelques secondes avant de poser l'une de ses mains contre ses lèvres, étouffant un léger rire.

❝ Enfin "vous voir", c'est une façon de parler puisque je ne le peux pas.

Elle rend toute situation plus légère, avec sa tendresse. Ceci dit, ce n'est pas le moment de s'amuser, elles ont à faire. Freyja penche légèrement la tête sur le côté, relevant ses sourcils.

❝ Vous aussi, quelqu'un est venu vous prévenir ? Dire que des bandits pensent pouvoir agir sans recevoir un châtiment, quel tourment.

La Tempérance s'approche dans la ruelle, reculée, renifle dans l'espoir de sentir une odeur qui la mettrait sur le bon chemin, même si les jeux de piste ne sont pas son fort. Il faut dire qu'elle ne peut pas se servir de sa vue.

❝ Hum... Je ne vois rien... Mais il y a bien quelques traces de mana, quelqu'un s'est servi de sa magie...

La vérité ne lui cause aucune blessure. D'aucune façon, Freyja n'est vexée. Elle ne perçoit pas de moqueries ni de tentatives d'humiliations dans le ton de la Justice. Sa voix est droite, sans arrières pensées. Elle apprécie l'honnêteté et la sincérité. Celle de Arianrhod, elle l'accueille avec un sourire conciliant tout en secouant la tête.

❝ Ne vous excusez pas Arianrhod, je ne me suis pas sentie offensée, ne vous inquiétez pas. De plus, vous n'avez pas totalement tort.

Comment peut-elle voir alors qu'elle garde les paupières fermées ? Beaucoup doivent se poser cette question légitime. Est-ce raisonnable d'avoir un Capitaine aveugle au sein de l'Ordre ? Personne ne le dit à haute voix mais ils sont nombreux à le penser. Elle devrait commencer par clarifier ce point qui leur sera sûrement utile à l'avenir. Connaître les capacités de ses alliés permet de planifier des stratégies en parant au maximum les éventualités.

❝ ... Je ne vois pas a proprement parlé. Mes yeux sont trop fragiles pour affronter la lumière du soleil. Mon monde est de noir et les êtres vivants le peuplant m'apparaissent comme des... filons de lumière...? Je vois seulement le mana ainsi je ne peux pas repérer les bâtiments et les matières non organiques. C'est pourquoi j'utilise ma magie pour me déplacer, lorsqu'elle entre en contact avec quelque chose, je peux mieux me diriger. L'humain est fait de sorte à ce qu'il comble ses lacunes en développant d'autres compétences.

Sur cette phrase, résumant le charme des humains, elle s'interrompt pour laisser le temps à Arianrhod de digérer l'information. Elle est prête à essayer d'ajouter d'autres précisions. Cependant, le sujet se tourne vers la piste qu'elle a obtenue, aisément. La Justice n'a pas été mise au courant, c'est son instinct qui l'a conduit ici... Freyja tente de la rassurer.

❝ La famille Amiris est plus connue au sein de Babel, si nous avions été à North Odin, ce n'est pas vers moi que les habitants seraient venus.

La Tempérance ignore l'apparence de la Justice et c'est peut-être pour cela qu'elle ne parle pas de son physique. Elle ne la considère pas froide ni inaccessible, la preuve, elles parviennent à communiquer ensemble sans le moindre soucis. Et elles partagent le même sentiment. Il faut qu'elles agissent avant que le sang ne coule.

❝ Mieux vaut acculer ce loup avant qu'il ne fasse plus de ravages.

Freyja sent quelque chose taper contre son pied, elle s'accroupit, cherche l'objet à tâtons et l'attrape. Par sa forme, il s'agit d'une bouteille, à l'odeur, de l'alcool. Est-ce qu'ivres, ils auraient agi sous le coup de la colère ? Les indices sont trop minces, si Arianrhod ne repère rien de plus, elle ne fera pas mieux. Ses sourcils se froncent légèrement, elle se concentre sur des particules fines, translucides.

❝ Les traces de mana sont minces... Ils ont agi il y a un petit moment, elles ont presque disparu... Mais, elles mènent plus loin, par-là...

Son doigt pointe une petite ruelle, perpendiculaire à l'endroit où elles se trouvent. C'est tout ce qu'elle peut affirmer. La direction qu'ils ont empruntée. Pour le reste, elles devront repérer d'autres marques.

Freyja et sa douceur, Arianrhod et sa froideur. Son indifférence à son égard, son manque de compassion est étrangement agréable. La Tempérance se sent à la hauteur de la Justice, elle n'est pas prise en pitié à cause de ce handicap qu'elle traîne depuis des années. Elle n'attend aucun traitement de faveur de sa part. Ne pas en recevoir étire un peu plus son sourire sur son visage pâle.

A la constatation de la beauté nordique, Freyja secoue doucement la tête, chagrinée par le comportement qu'ont pu avoir les autres à son égard. Décidément, il est difficile d'accepter ce que l'on craint. Sûrement que ne rien voir lui confère un courage face à tous ceux qui lui font face.

❝ Ceux qui vous fuient ne savent pas vous appréciez, Arianrhod.

Poe se perche sur l'épaule de Freyja, fatigué de voler. Il range ses ailes, laissant l'humaine venir lui gratouiller le cou. Un moment tendre qui ne dure que quelques secondes avant que Freyja ne discerne la silhouette de la capitaine s'avancer vers la ruelle.

Immédiatement, elle lui emboîte le pas, consciencieuse quant à leur mission. La séance de câlins ce sera pour plus tard. Elle se dirige grâce à sa magie mais aussi en recopiant les mouvements de sa camarade. Un pas après l'autre, par habitude.

Elle ne s'attend pas à recevoir de l'aide. Cependant, c'est le cas et sa mine réjouie ne cache pas ses sentiments.

❝ J'accepte votre proposition avec plaisir Arianrhod, je protégerai vos arrières si nous sommes pris à revers.

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Sa main gauche se tend vers l'avant, vient attraper délicatement sa cape et la serre. Elle se cale sur sa démarche, ajuste la sienne afin de ne pas la ralentir. Une traversée silencieuse, sans la moindre embuscade. Elles arrivent à une intersection, une rue peuplée, une déserte et sinueuse. Deux ambiances, une seule direction s'impose. Elles pensent à la même, Freyja lui répond calmement.

❝ Votre instinct vous guide dans la bonne direction.

Arianrhod possède des aptitudes admirables, c'est grâce à elles qu'elle a obtenu ce rang de Capitaine. Freyja la suit, les sens aux aguets, plus elles s'enfoncent, plus la sensation d'être épiée se fait ressentir. Les maisons, fenêtres fermées, portes entrouvertes laissent imaginer des silhouettes s'y cachant.

D'une légère pression de la main sur le vêtement de la Justice, la Tempérance s'arrête dans sa marche. Derrière elle, quelques hommes viennent leur couper toute retraite. Devant, d'autres barrent le passage. Et des habitations, quelques-uns en plus apparaissent. Loin d'être inquiétée, Freyja pose une main sur sa joue, les sourcils relevés.

❝ Il semblerait que nous soyons tombées dans le panneau...

Son ton de voix inoffensif attire des rires. Quelle bande d'ignares... Ils ne reconnaissent pas leur uniforme et ne savent pas qui elles sont. Enfin, c'est parce que l'Ordre vient tout juste d'être créée... Elle perçoit quelques remarques déplacées, d'hommes à femmes, destinées à les rabaisser. Rien qui ne soit mémorable puisqu'ils sont ceux qui vont mordre la poussière. Sa main vient se poser sur la poignée de son épée, elle murmure, confiante.

❝ Arianrhod, je vous laisse ceux de votre côté, tâchons d'honorer l'Ordre des Chevaliers.

Freyja ne peut s'empêcher d'émettre de légers rires, réellement enjouée d'échanger autant avec Justice. Elle n'a pas eu l'occasion d'apprendre à la connaître, depuis sa nomination. Il faut dire qu'elles sont toutes deux occupées par leur rôle et ne peuvent pas s'amuser comme elles le désireraient. « Leur rôle » devient sujet de discussion et la plus jeune des deux se permet de soulever un point important.

❝ Ne détourne-t-on pas les yeux de la vérité ? C'est pourquoi la justice effraie.

Ainsi, leur conversation est écourtée par leur jeu du chat et de la souris. Attentive aux informations que lui donne sa collègue, Freyja hoche plusieurs fois de la tête, ne refusant jamais une occasion de s'améliorer.

❝ Ce serait avec plaisir, j'ai beaucoup à apprendre de vous.

A présent, plutôt que leur langue, ce sont leur épée qui devront parler. Dans un son léger et métallique, la jeune femme sort son épée, la tenant devant elle. Sa posture est gracieuse, loin de montrer de l'agressivité. Aux mots qui lui sont adressés, elle ne peut qu'hausser les épaules.

❝ Vous vous mettez à parler comme Prudence, ne vous inquiétez pas, je serai prudente.

A peine a-t-elle fini de s'exprimer qu'elle crée davantage de lucioles, les laissant voler dans toutes les directions. Elles lui serviront à mesurer la distance. Ainsi fait, les premiers assauts l'assaillent. Un coup de hache, deux coups d'épée, une flèche... Freyja assimile les informations, les évite avec agilité, courbant aisément son corps. Son épée se contente de viser les mains, les blessant suffisamment fort pour faire lâcher les armes des bandits.

Avec légèreté, elle se bat comme si son corps ne pesait rien. Elle a même le temps de glisser un compliment.

❝ Une coupe parfaite, vous avez évité les organes vitaux. Bravo Arianrh-.

Son sourire s'éteint. Ses sourcils se relèvent. Sa voix se bloque dans sa gorge. Le sang gicle, le son le lui indique. Le corps tombe, se change en cadavre. Inerte. Vide. Exécuté froidement.

❝ … Il est... Il est... Le mana quitte son corps...

Le phénomène lui déplaît. Ses lèvres se pincent. Elle observe impuissante, une mort qu'elle aurait pu éviter. Une mort qui convint les autres de poser genoux à terre et d'abandonner le combat. Ses poings se serrent, elle range son arme et articule plus lentement, essayant de ne pas faire trembler ses mots.

❝ Arianrhod. Justice se doit d'être tempérée sous peine de devenir Tyrannie. Nous ne pouvons pas exécuter qui bon nous semble. Sinon, en quoi serions nous différentes d'un criminel tuant par plaisir ? Nous ne ferons que répandre la peur et la vengeance en agissant ainsi... Notre Déesse Zorya n'approuverait pas ce genre de comportements.

L'émotion trahit sa voix, la peine se ressent et l'envahit. Apercevoir le mana quitter peu à peu un être vivant est déplaisant. Peu importe à quel point il est mauvais, chaque humain possède une famille qui attend son retour. Et cette unique pensée lui enlève le discernement.

La peur se ressent dans l'atmosphère, les brigands n'osent plus se rebeller, ils se laissent passer la corde autour des poignets, tendant les mains d'eux-mêmes. Freyja sent son coeur s'enserrer, elle a la nette impression de subir une défaite, de se rapprocher du monstre plutôt que du justicier. De persécuter de pauvres hommes, bien trop faibles pour les inquiéter.

Arianrhod, digne représentante de la Justice reste droite, puissante, forte. Ses phrases sont imprégnées de ses convictions les plus profondes et la jeune femme ne sait comment lui répondre. Il lui faut quelques longues secondes, fixant les dernières lueurs de mana s'échappant du corps avant de prendre la parole, d'un ton un peu plus mélancolique.

❝ Le but de la paix n'est-il pas de sauver des vies plutôt que d'en ôter ? La justice n'est point un objet de vengeance, elle est le protecteur des faibles. De tous les faibles.

Freyja a un regard vers le groupe de bandits, ligotés et immobiles. La faiblesse ne se trouve pas que chez les habitants, elle se trouve aussi chez ceux qui commettent des crimes. Pour quelle raison agissent-ils ainsi ? Ce n'est que par le dialogue qu'elle sera capable de le comprendre. Pourquoi en sont-ils venus à cet extrême ? La capitaine se refuse à croire qu'un homme puisse naître, naturellement mauvais. S'ils le deviennent, c'est forcément à cause de quelque chose, de quelqu'un. La Calamité, celle qui s'amuse à semer le trouble dans leur coeur. Ou encore, la famine, le manque de moyens,... Il y a autant de raisons possibles qu'il n'y a de personnes. Même la plus sombre est défendable, selon elle.

❝ Peut-être avez-vous raison, peut-être m'a t-on missionné par colère et rancune mais de tels sentiments ne doivent pas obstruer notre jugement.

Les dames lui ayant demandé de l'aide, voulaient que leur problème soit résolu, qu'importe la façon. Cependant, si les chevaliers revenaient, les mains couvertes de sang, comment pourraient-ils parler de paix ? Comment pourraient-ils obtenir la confiance du peuple ? Ils ne sont pas des meurtriers. Freyja joint ses mains, implore le salut d'une âme, partie trop vite à son goût.

❝ Je ne pense pas que la victoire se trouve dans la mort, la Déesse Zorya nous apprend pardon et rédemption...

De belles paroles, façonnées par des prières, une foi précieuse et inculquée. Comme si tout était aussi facile, qu'écrit dans les livres. Freyja ne peut masquer sa surprise lorsqu'Arianrhod évoque l'idée de mettre fin à sa Justice, à sa vie, si elle dépasse les limites. Cela la choque tellement, ses sourcils se courbent, elle secoue la tête, peinée.

❝ N'y a-t-il d'autres solutions que la tuerie... Oh Déesse Zorya...

Freyja pousse un soupir, essayant de ne pas ressasser ce qui vient d'arriver, à la place, elle cherche à tâtons, le corps sur le sol. Une fois repérée, elle attrape son bras, le passe autour de son cou et le soulève. Qu'importe qui il est, chacun a le droit à des funérailles. Elle traîne ce corps, bien plus grand que le sien, commençant à marcher.

❝ Livrons ces hommes aux gardes, ils les jugeront pour leurs crimes, notre mission s'arrêtera ainsi. Allons-y, Arianrhod.

Freyja lui adresse un fin sourire, faisant signe aux prisonniers de ne pas tenter de s'évader.

Le poids pèse sur ses frêles épaules, sur sa conscience. Freyja ne tient pas rigueur de ce meurtre. La Justice n'est pas en tort, elle défend sa façon de penser et d'agir. Des mots plein de convictions qui laissent la plus jeune muette. La vraie coupable, c'est elle. C'est son manque d'action qui a engendré cette situation.

Plutôt que de tempérer la Justice, elle l'a laissé éclater.. Un constat qui lui reste en travers de la gorge. Son attitude enjouée, légère a mené à ce qu'une vie soit perdue. Méritait-il le pardon ? Cette question ne se pose pas à ses yeux, Freyja croit en la bonne foi de chacun, au repenti... Elle s'entête à fermer les yeux sur les récidivistes alors qu'il existe des habitants qui ne sont motivés que par le crime, le vol, le sang.

Et la vérité, c'est qu'elle ignore comment réagir face à eux. Est-ce que de simples mots peuvent mettre un terme à toute cette envie meurtrière qu'ils possèdent ? Est-ce que des paroles venant d'une inconnue, qu'elle soit capitaine ou non, auront un quelconque poids dans leur conscience ? Plus elle y réfléchit, plus elle se sent incapable de trouver une réponse positive. Plus elle y pense, plus elle se convint que le monde n'est pas aussi simple qu'elle l'aimerait. Et c'est ce qui l'effraie ; l'absence de réflexion au profil d'une brutalité aveugle.

Arianrhod la rejoint, soutenant le cadavre avec bien plus de facilité qu'elle. La demoiselle ne désire pas le lui laisser, ce n'est pas Arianrhod qui doit se sentir coupable, elle a suivi son coeur et n'a rien à se reprocher. Cependant, Freyja n'a pas le temps de l'en empêcher qu'avec aisance, elle prend son rôle. A cela, Tempérance ne peut garder silence plus longtemps et fronce légèrement les sourcils, désapprouve ce traitement non mérité.

❝ Vous n'avez pas à être la seule à vous salir les mains, Arianrhod, et surtout pas pour moi.

Justice vient retirer le sang souillé de son corps, avec une douceur qui lui enlève toute réplique. Comment ignorer un tel élan de bonté ? Il la laisse sans voix. Elle n'est pas d'accord mais elle a l'impression que lutter davantage ne serait qu'une perte de temps pour elles. Alors, elle se met en marche, d'un pas lent et précautionneux. Elle n'avance pas trop vite, s'assure de rester au niveau de la capitaine, entendant quelques gouttes de sang tomber sur le sol, sûrement qu'elles en sont toutes deux recouvertes.

Alors, pour briser la glace, Freyja étire un doux sourire, tournant son visage vers Arianrhod.

❝ Arianrhod, que diriez-vous d'un bain en rentrant ? Rien de tel pour se débarrasser de la sueur et du sang n'est-ce pas ?

Cela ne pourra pas leur faire de mal, bien au contraire.