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Yu-Seong D. Adda
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Dim 16 Juil - 22:09

 


Tel est pris qui croyait prendre


Le Duc et le Gobelin


Toc. Toc. Toc.

« Le soldat Allam demande à vous voir, » s’éleva la voix du garde derrière la grande porte en bois du bureau.

Confortablement assis pour lire et relire des parchemins administratifs, Yu-Seong leva les yeux. « Qu’il entre, » ordonna-t-il finalement. L’invité pénétra alors dans la pièce et, malgré sa hâte, n’oublia pas de se mettre en garde-à-vous. Son supérieur lui fit signe de se détendre d’un vague mouvement de la main. Il aimait bien ce jeune et vaillant soldat. Cela faisait déjà quelques années qu’il le servait, mais surtout, Allam détestait l’Ordre autant que lui. Ce qui faisait du jeune homme quelqu’un de confiance. Relativement. Pour l’instant. Disons que l’Adda ne craignait pas une quelconque trahison dans les mois à venir. Bref, il offrit un sourire amical au fidèle guerrier.

« Tu sembles pressé, mon cher Allam. Rien de grave j’espère ?
- Non, Monseigneur, mais cela devrait tout de même vous intéresser. »


À ces mots, l’important personnage se redressa sur son siège. Le brave soldat continua son rapport maintenant qu’il avait toute l’attention de son duc : « C’est notre agent Kaleem qui est revenu – vous savez, celui qui surveille l’Ordre des Chevaliers. » Yu-Seong se contentant de hocher la tête, Allam poursuivit : « Il a chevauché à toute vitesse pour nous prévenir que le "Livreur d’enfants" est passé récemment et qu’il se dirige en ce moment même vers Babel. »

Le « Livreur d’enfants » étant le nom de code assigné à l’homme mystérieux qui fournit l’Ordre en jeunes recrues. Un titre qui irait sûrement mieux à un esclavagiste qu’autre chose, mais passons. Les lèvres du duc s’étirèrent davantage. Rien de bienveillant toutefois. Lorsqu’il avait entendu parler de cet homme et de ses actions pour la première fois, ça l’avait agacé. Qui était assez tordu pour rassembler des enfants dans le but de les amener à l’Ordre ? Qui sait quel lavage de cerveau ils allaient subir là-bas ! Ah, s’il pouvait découvrir qui tirait les ficelles …

Face au silence de son maître, le capitaine s’éclaircit la gorge avant de reprendre la parole. « Il se déplacerait à pied et se ferait appeler "Gobelin". » Ah. « Livreur d’enfants » serait en réalité « Gobelin ». Un pseudonyme contre un autre. Drôle de choix quand même. Un peu inquiétant. Yu-Seong ne brisant toujours pas son silence méditatif, Allam alla plus loin : « Si vous le souhaitez, Monseigneur, je pourrais envoyer des hommes l’intercepter. Voulez-vous… le capturer, ou… l’éliminer ? » L’éclat de rire de l’Adda le fit sursauter. C’était un rire franc, véritablement amusé.

« Voyons voyons, un peu de sérieux ! Pourquoi voudrais-je tuer cet homme ou même lui retirer sa liberté ? » Posant ses coudes sur son bureau et croisant les doigts, Yu-Seong fixa son subordonné penaud. « Mon cher Allam, ce n’est pas l’arme qu’il faut punir; c’est la personne qui la manie. Ce mercenaire – car je me doute bien que ce soit son métier – a très certainement été engagé par quelqu’un. Je veux savoir par qui. »

L’important Babelien s’enfonça davantage dans sa confortable chaise, de nouveau pensif. Allam n’osa pas interrompre ses pensées cette fois-ci. De toute façon, sa réflexion fut assez courte. « Je préférerais acheter son silence plutôt que de le réduire au silence, mais s’il s’avère que ce mercenaire est en réalité un chien et non une épée … Alors oui, il faudra l’éliminer. »

Le soldat hocha solennellement la tête. Lorsqu’un chien enragé t’attaque sous les ordres de son maître, on n’a pas le choix de tuer les deux, vous comprenez ? Néanmoins, la question importante demeurait la suivante : qui était ce fameux maître ?

Bien sûr, le duc avait déjà réfléchi à une tonne de possibilités, les plus plausibles étant celles-ci : soit c’était un membre du Conseil, soit c’était un haut gradé de l’Ordre. L’un de ces individus aurait donné l’ordre à ce mystérieux personnage de leur donner tout enfant qu’il trouve. Ce serait bien leur genre, à ces enfoirés !... Ah, pardon, ce n’était pas très gentil d’insulter ses collègues de cette façon. Mais depuis la création des Chevaliers, disons que les séances au Conseil étaient… plus tendues que d’habitude. Du point de vue de Yu-Seong en tout cas, car si ça se trouve, c’était juste dans sa tête. Ce n’était pas pour rien qu’il évitait de leur poser directement la question (« Bonjour, lequel d’entre vous achète des enfants pour l’Ordre ? »). Parce que s’ils savaient qu’il savait, si quelque chose devait arriver au mystérieux mercenaire, ils allaient se douter qu’il était derrière le coup, vous suivez ? Non ? C’était pourtant clair !

« Ce mercenaire se dirige vers la frontière, c’est bien ça ? Nous n’aurons qu’à le cueillir dès qu’il pénètrera dans le fief de Walsch. » Car tout le monde sait que pour se rendre dans les Terres de Babel, il faut passer par-là. La plupart du temps. Le duc se leva de sa chaise avant d’effectuer quelques étirements. « Il suffit de le suivre discrètement, de l’isoler et de lui soutirer le nom de son employeur. La suite dépendra de lui. » Il tapa une fois dans ses mains, visiblement de bonne humeur.

« C’est décidé ! Partons sur le champ. Tu as bien dit qu’il était à pied, n’est-ce pas ? Si nous prenons les chevaux, nous devrions arriver tout juste à temps pour-
- M-Monseigneur, vous venez aussi ? Vous n’avez pas besoin de faire le déplacement vous-même ! »


Le sourire un peu inquiétant du duc se transforma en sourire un peu idiot, comme seuls les amoureux peuvent avoir.

« Ma femme trouve que je ne bouge pas assez ces temps-ci. »

***

Et c’est ainsi que Yu-Seong, accompagné de ce brave Allam et d’un autre garde, se retrouva dans une ville de Walsch réputée pour ses nombreux voyageurs qui la traversent quotidiennement. Proches des portes principales, mais se tenant à l’écart de la circulation, les hommes détaillaient du regard chaque passant. Puisque c’était techniquement une mission secrète, celui qui était à la fois duc et membre du Conseil ne se promenait pas tête nue. Il portait plutôt une longue cape qui cachait une partie de son visage; ses deux gardes également. Au pire, on allait les prendre pour des voyageurs un peu (beaucoup) suspects, mais se présenter sans déguisement aurait attiré encore plus l’attention. La dernière chose que le grand homme voulait était que leur cible s’éclipse pendant qu’une foule de curieux venait le saluer !

Justement, il espérait que son informateur ne se soit pas trompé entre sa gauche et sa droite, et que monsieur le « Gobelin livreur d’enfants » allait bien passer par-là. Quelle perte de temps ce serait sinon ! Il regrettait presque de ne pas avoir suivi le conseil d’Allam, celui d’envoyer des soldats sur les grands chemins afin d’intercepter le mercenaire, mais … Non. Cela aurait été certes beaucoup plus efficace, mais également beaucoup moins subtil. Si les gens apprenaient que des soldats personnels du Duc Adda avaient agressé des voyageurs, eh bien … Ce ne serait pas une bonne chose, vous savez ? Pensez à sa réputation !

« Selon notre informateur, » commenta Allam en suivant du regard un peu trop longtemps une belle demoiselle qui passait devant eux, « l’homme serait impossible à manquer parce que – je cite – "il est exceptionnellement moche et bruyant". »

En espérant qu’il disait vrai …
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Yu-Seong D. Adda
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    Zeng Min
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    Mar 18 Juil - 11:40
    Les enfants ont été déposés il y a quelques jours déjà.

    Le petit Judicaël et sa tête remplie de questions, Ravna la petite gourmande qui rêvait d'apprendre à manier la lance, deux orphelins, trouvés au fil des routes. Deux parmi tant d'autres, combien d'entre eux ont gonflé les rangs des Lanternes Vertes, combien d'eux ont parcouru les routes à leurs côtés, combien d'eux ont fait le choix de les quitter ? S'éloignant sur leur propre chemin, sans pour autant, réellement partir.

    Car leurs souvenirs sont à jamais gravés.

    Derrière ses paupières mi-closes, reviennent les sourires, les jeux échangés, sur ses lèvres, s'étire un sourire. Ses épaules s'affaissent et un soupir franchit ses lèvres. Inquiet, Uiko lui adresse un regard. Lui, est resté.

    _ Tout va bien chef ?

    Il le dévisage avec inquiétude. Ses longs cheveux noirs rapidement attachés en catogan, perles grises enchâssées au sein de ses orbites creusées, le jeune homme porte encore la marque d'une brûlure, sur le coté gauche de son visage. Un incendie a emporté tout ce qu'il avait et encore maintenant, il se retient de gratter sa peau crevassée.

    Les paupières du Gobelin retombent plus lourdement. Sa main s'extirpe de sa manche, déplie les longs, très longs doigts, pour les glisser tendrement au travers des mèches sombres. Le geste est tendre, maternel et Uiko ne s'écarte pas ; bourru, il fait la moue mais écrase un peu son crâne contre la paume de sa main.

    _ Ne t'inquiète pas, tout va bien. Les petits poussins manquent seulement à Gobelin ! Et si tu allais rejoindre Gael ? Gobelin va aller acheter ce qu'il faut pour manger ce soir et soigner les vilains bobos !

    Gael est à quelques mètres d'eux. Gael n'est pas grand, mais la terre elle-même tremble à l'assaut de ses pas. Ses énormes épaules endurent le poids d'une épée à deux mains. Ses cheveux grisonnants coupés courts plaquent un crâne osseux, malgré la cicatrice qui traverse le coin de son visage, les yeux bruns restent vifs. Le nez large et épais, les mâchoires carrées, ses bras sont des troncs, et ses cuisses, les racines d'un chêne centenaire. Uiko hésite mais accepte et recule dans l'ombre du géant. Gael lui adresse une œillade et, affectueusement, entoure ses épaules d'un seul bras, une étreinte rapide avant qu'il ne le relâche.

    _ Ou est-ce que vous comptez aller ?

    Rale une autre voix. Lazur a froncé les sourcils. Les cheveux dissimulés sous un turban, le visage sous un voile, ne sont perceptibles que ses yeux d'un bleu captivant. Fragments de ciel, gouttes d'océan, logés à l'abri de longs cils, protégés de sourcils froncés.

    _ Gobelin va aller juste ici ! Prendre ce qu'il faut, pour subvenir à tous les besoins !

    Il lève le doigt en direction de la ville, et, à son geste, les mercenaires s'arrêtent. L'hésitation précède les propositions, quelques dizaines de minutes permettent la rédaction d'une liste de commissions et la séparation du groupe. Un campement va s'installer à la lisière de la ville, les tentes seront dressées, pendant que quelques membres des Lanternes vont s'éparpiller au travers des rues de la cité.

    Gobelin flâne. Avec habitude, il fend la foule, se lie aux badauds. Bien qu'indéniablement, il attire le regard. Est-ce son allure ? Perché sur ses geta, son corps efflanqué se balance cahin-caha au rythme de ses pas. Une lanterne est suspendue à la hampe de sa lance par un simple crochet : elle se balance, accompagnant ses mouvements d'un grincement lugubre. L'arme est paisiblement maintenue d'une main lourdement déposée sur son bois, l'autre est glissée dans un pan de son kimono noir, bordé de vert.

    Les couleurs lui vont bien au teint, prétend Gobelin : elles accentuent la pâleur morbide de sa peau. Son derme est un linceul péniblement étiré par ses articulations saillantes, son menton en pointe, son nez aquilin, tordu et creusé. Au fond de ses orbites creusées, se lovent l'eau croupie de marais verdâtres : ses pupilles vertes embrasées par la danse de feux follets lugubres, éclats de vice. Les lèvres inexistantes ont été tant de fois rongées qu'il n'en reste qu'un trait, qu'une balafre qui déchire son visage, dévoilant alors les dents effilées. La créature suscite une curiosité malsaine, l'on se demande, comment fait-il pour marcher, qu'est-il, lorsque l'on voit ses membres longs, trop long, terminés d'ongles crochus et souillés de noir, les mains qui se replient en serres acérées, la tête qui bascule, quand les pupilles de vert roulent d'un bout à l'autre des paupières. Rictus dément, persistant sur le faciès hideux, à peine perceptible sous les longues mèches huileuses, cheveux d'ébènes et de nuit, d'où vient ce monstre ? Des profondeurs de l'obscurité, des bois les pluis épais, s'est-il extirpé d'une mare ou d'une tombe fraîchement creusée ?

    Les enfants l'observent, les adultes détournent les yeux et se retournent parfois, l'on remarque finalement la lanterne verte, suspendue à la lance. Des sourires alors apparaissent, des mains se lèvent parfois, l'on salue le Gobelin. Et il répond, d'un rictus, d'une inclinaison de la tête, d'une courbette qui brise son corps en deux.

    _ Tu nous offres bientôt un spectacle, Gobelin ? Apostrophe un homme.

    _ Un spectacle !

    La voix coasse, elle grince, les cordes vocales, malmenées par un archet barbelé. Gobelin lève un index.

    _ Si, au crépuscule, les Lanternes Vertes sont allumées, suivez les. Elles vous mèneront jusqu'à la tanière du Gobelin, ou il garde enfermés les rêves et les cauchemars. Si vous avez l'audace de braver la nuit, Gobelin vous offrira ses merveilles, précieusement récoltées tout au long de ses voyages. Légendes et chimères, épopées et destinées grandioses, Gobelin veillera à vous protéger des dangers de l'obscurité et du plus terrible, l'ennui !

    L'homme rit et l'applaudit, le visage du Gobelin se fend d'un rictus, il s'incline et reprend sa marche. Il n'est pas discret, aussi le Duc n'a probablement aucune difficulté à le repérer. Et à lui engager le pas. Gobelin marche, balançant ses bras, sa lanterne, tournant parfois d'un geste vif, pour observer les ruelles ou les étales. Il se penche sur l'une d'elle et entre ses lèvres, s'échappent quelques onomatopées de satisfaction : contractions spasmodiques du larynx, l'air roule, entre sa langue et son palais. Un sifflement se fait entendre, dans la foule ; un son vibrant, qui s'éteint rapidement.

    Gobelin ne réagit pas, en apparence. Car ses yeux se sont sournoisement glissés au coin de ses yeux. Après quelques secondes, ses épaules se redressent lentement. Sa tête dodeline, jusqu'à ce que ses prunelles incisives dévient vers la foule et la parcourent du regard. Le geste réptiléen évoque le dressé menaçant du cobra : et les yeux vides, dénués de vie, vont et viennent. Quand son crâne s'incline, les cheveux noirs ruissellent, dévoilant les traits de la créature, la capuche rabattue sur son masque mortuaire, son visage disparaît.

    Gobelin n'est plus là.

    Lazur est derrière le Duc et ses acolytes, il se tient à une distance prudente de plusieurs mètres : il les a vus se mettre en mouvement et engager le pas à son chef. Inquiet, il l'a averti d'un signe discret, mais suffisant. Lui-même se demande dans quel trou l'être difforme s'est réfugié. Ses yeux bleus fixés droit devant lui, il marche d'un pas lent.

    Les 3 hommes n'ont d'autres choix que fendre la foule pour s'avancer. Ils croisent fillette et vieillard, une prostituée qui leur fait les beaux yeux, un soldat en armure, un mendiant - Allam s'étrangle. Car sur son bras, se sont refermés de longs doigts blafards. L'étau se resserre quelques secondes, suffisantes pour arrêter l'homme dans sa progression. Sous la capuche, entre les mèches huileuses, un visage se déchire, une balafre qui traverse de part et d'autre les mâchoires osseuses, c'est un rictus. Contractions du larynx, la gorge s'ébranle en borborygmes gutturaux, les yeux verts suintent de malice, d'un poison qui macule les pupilles. Les sons inhumains deviennent une voix arrachée d'outre-tombe, elle résonne dans ses côtes et dans leurs propres os. Les babines se retroussent plus loin encore, le monstre paraît soudain bien plus proche.

    _ Cherchez-vous… Gobelin ?

    Demande-t-il, et ses yeux hilares viennent se planter dans les prunelles du Duc. La voix se fend en un son lugubre, onomatopée aiguë et crissante comme des ongles plantés dans le bois d'une porte.

    _ Cherchez-vous Gobelin ?

    Redemande-t-il, jusqu'à ce qu'un violent réflexe échappe au dénommé Allam. La créature est saisie d'un sursaut animal : il s'est rétracté avec une vivacité reptilienne. A quelques pas d'eux, le corps penché vers l'avant se redresse. La capuche rabattue sur son crâne offre à l'être un semblant d'humanité - à moins qu'il ne l'ait enfilée seulement pour se moquer. D'ailleurs, ses mains se referment de part et d'autre de la capuche pour la plaquer contre son crâne, ses yeux roulent, dans ses orbites, sa langue se déplie, l'organe rosâtre se balance. Moquerie infantile, le Gobelin leur tire lamentablement la langue.

    _ Attrapez le ! Attrapez le vilain Gobelin !

    Glapit-il, d'une voix soudain aiguë qui éclate en rire de crécelle. Ce rire, que toustes lui connaissent. L'hilarité devient hululement quand l'autre garde bondit pour le saisir, Gobelin l'évite d'un saut dérangeant, il perd l'équilibre, se rattrape sur ses mains, fait quelques pas, retombe sur ses getas. Sa main rattrape la lance qu'il a laissée contre un mur, et l'homme s'élance dans la foule, levant les mains vers le ciel.

    _ ATTRAPEZ GOBELIN NYEHEHEHEHE HIAHAHAHAAAAA !

    Couine la voix glapissante de la créature. Il s’enfuit dans la foule, enchaînant sauts de cabris et étranges acrobaties. Sa lanterne verte n'est plus visible : il agite pourtant fièrement un ruban vert, comme pour s'assurer à ce que ses poursuiveurs ne perdent point sa trace. Comme si toute la cacophonie qu'il faisait ne suffisait pas à ce qu'on le suive à la trace !

    Si le Duc espérait une opération discrète, c'est peine perdue. Bien que Gobelin ait tout l'air de faire de cette poursuite un spectacle : il virevolte, grimpe sur les caisses, saute sur les tonneaux, se suspend aux balcons, revient sur ses pas, évite les mains qui veulent le saisir, repart dans un hurlement strident et son rire caquetant. Les enfants rient, alors que les adultes décontenancés se retournent souvent.

    Lazur s'efforce de suivre, il trottine à quelques mètres mais il sait qu'il ne rattrapera jamais Gobelin. Après une hésitation, il sort de sa besace une lanterne verte qu'il déplie, qu'il agite, espérant attirer l'attention d'un garde, il s'enfuit dans une autre ruelle… Il espère séparer les 3 hommes.

    Que veulent-ils à Gobelin ? Lazur espère seulement qu'il ne s'agit pas de prochains clients. Ennuyé, il soupire : au moins, ils sauront à qui ils auront affaire. Et ne seront plus vraiment surpris de ses grimaces ou de ses escapades.

    S'il isole l'un d'entre eux, peut-être en saura-t-il plus sûrement sur leurs attentions ? Et qu'il pourra avertir Gobelin d'un autre sifflement - un pour danger, 2 pour sécurité.

    Enfin, Gobelin semble plus s'amuser que se sentir réellement menacé.
    Zeng Min
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    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    Gobelin était, en effet, exceptionnellement moche et bruyant.

    Les trois hommes lui emboîtaient le pas depuis un court moment déjà. Se tenant à une distance prudente, ils l’observaient, s’efforçaient de ne pas perdre sa trace. Yu-Seong notait mentalement ses observations, aussi. Les citoyens semblaient avoir deux réactions possibles lorsqu’ils remarquaient le mercenaire : soit une grimace de dégoût déformait leurs traits, soit un sourire sincère illuminait leur visage. Ce gobelin était-il une figure connue du bas peuple ? Il semblait posséder quelques admirateurs en tout cas, ce qui ne facilitait pas le travail des hommes d’Adda qui espéraient l’isoler.

    Seulement, ce fut eux qui se retrouvèrent isolés. Comme par magie, Gobelin semblait les avoir repérés. Comme par magie, il avait disparu dans la foule. Zut alors !

    Évidemment, le duc et ses hommes n’allaient pas rester plantés là. Ils accélérèrent, bousculèrent quelques personnes par accident, cherchaient frénétiquement du regard leur cible. Cette dernière ne pouvait pas s’être tout bonnement volatilisée ! Comment était-ce possible d’être aussi silencieux après avoir été aussi indiscret ?! Ils croisèrent une prostituée et l’attention d’Allam – comme de raison – fut portée vers ses deux « atouts ». Alors lorsqu’une main osseuse lui agrippa le bras, il crut bien que son cœur allait lâcher. Ses deux compagnons s’arrêtèrent à leur tour, surpris. C’était le gobelin.

    Pour une raison quelconque, ce fut le duc que le… monstre fixa. Sûrement avait-il senti qu’il était le chef de la bande, lui qui se tenait entre les deux guerriers. Au risque de se répéter, Gobelin était, en effet, exceptionnellement moche – dix fois plus de proche. Aussi laid que dangereux. Si le visage du mercenaire était hilare, celui du noble était livide. Ce gobelin s’était contenté d’agripper Allam cette fois-ci, mais il aurait très bien pu le poignarder dans le dos et ils ne l’auraient jamais vu venir.

    « Cherchez-vous Gobelin ? » avait-il demandé d’une drôle de voix deux fois d’affilé. Les trois hommes choqués restèrent silencieux jusqu’à ce que le plus jeune se dégage brusquement. Un réflexe tout à fait normal vu les circonstances, mais il aurait dû en profiter pour attraper la créature. C’était sûrement ce que son fidèle troisième garde pensait aussi (à moins qu’il n’ait tout simplement pas apprécié de se faire tirer la langue ?), car il bondit tel un prédateur sur sa proie. Une proie trop agile pour lui qui prit la fuite en criant et en rigolant; le voilà de nouveau bruyant.

    « Merde ! » pesta Allam qui se sentait coupable. Yu-Seong prit deux secondes pour se ressaisir avant de leur faire signe de la tête de reprendre la poursuite. Après toutes ces conneries, il était hors de question de le perdre à nouveau ! Gobelin semblait voir la course-poursuite comme un jeu, car il aidait ses poursuivants en agitant un ruban vert, vous savez, pour à la fois les aider et les narguer. Ugh … Dire que Yu-Seong souhaitait agir en toute discrétion. C’était raté. Il courrait, courrait, et entendait plusieurs éclats de rire dans la foule. S’il avait été un simple témoin de la scène, lui aussi aurait été hilaire. Peut-être même que dans d’autres circonstances, il aurait esquissé un sourire en voyant toutes les singeries du mercenaire. Malheureusement, ce dernier lui avait flanqué la frousse et retiré tout envie de rire par la même occasion.

    Gobelin sautait partout et le troisième garde bondit de nouveau pour l’attraper, en vain. Il trébucha sur le sol et soupira tandis que ses deux compagnons le dépassèrent afin de continuer la course. Pardon ? Que dîtes-vous ? Ah, oui, désolé ! Nous n’avons pas encore présenté ce troisième personnage. Lui, c’était Kirsten. À première vue, il semblait être le parfait opposé de son camarade guerrier. Si Allam était presque aussi grand que le duc, Kirsten était plutôt court sur pattes. Si Allam avait les cheveux noirs et la peau hâlée par le soleil, Kirsten était un blond dont la peau refusait obstinément de bronzer. Si Allam parlait beaucoup, Kirsten était peu bavard. Si Allam était désespérément à la recherche d’une petite amie, Kirsten était marié à son travail. Toutefois, il y avait bien une chose qui les unissait : leur loyauté envers leur maître, lui qui les a toujours bien traités malgré leur appartenance au bas peuple. D’ailleurs, presque tous les membres de la garde rapprochée de l’Adda étaient d’origine roturière, ce qui faisait jaser les nobles jaloux. Jamais contents ces enfoirés … Enfin, ce n’était pas comme si leur seigneur tentait de leur faire plaisir non plus, mais ça, c’était une autre histoire.

    Bref, tout ça pour dire que lorsque Kirsten se releva et remarqua une lanterne verte semblable à celle que portait Gobelin, il n’hésita pas à foncer dans sa direction. Il comprit que le mercenaire avait au moins un complice et que cela pouvait vite devenir problématique; imaginez s’ils essayaient de prendre en tenaille son duc ! Hors de question que cela arrive.

    Du côté du duc en question, lui et Allam furent forcés de s’arrêter à une intersection entre deux ruelles. Déjà parce qu’ils n’avaient pas vu de quel côté le gobelin était allé, mais surtout… le pauvre quadragénaire qu’il était n’en pouvait plus. En d’autres termes, il était complètement épuisé. Ahlala, il n’était pas aussi en forme qu’il le croyait ! Sans compter sa vieille blessure qui n’avait pas apprécié de se faire tirailler de la sorte, alors c’était une main sur celle-ci et l’autre sur sa cuisse que Yu-Seong tentait de reprendre son souffle, plié malgré lui.

    « Je crois… que je commence… à me faire vieux… » parvint-il à plaisanter entre deux halètements. L’heure n’était guère à la rigolade toutefois, car non seulement ils avaient été séparés de Kirsten, mais ils avaient également perdu de vue la petite créature noire et verdâtre. Ce brave Allam, contrairement à son maître, se tenait droit comme un piquet et scrutait les environs en fronçant les sourcils. « Je suis certain que cette chose est allée se réfugier dans cette ruelle, » assura-t-il en pointant leur droite. « Reposez-vous, Monseigneur ! Je me charge de l’attraper pour vous ! »

    Yu-Seong n’eut guère le temps de lui expliquer le plus poliment possible que c’était une idée de merde, car déjà, Allam avait disparu dans la ruelle. Ah, les jeunes et leur fougue sans limites ! C’était dur de leur en vouloir, mais pour le coup, cela le mettait dans de beaux draps. Tout le monde était supposé savoir que se séparer n’était jamais une bonne idée, surtout dans un territoire qui ne leur était pas si familier. De plus, le duc avait remarqué plusieurs gardes qui patrouillaient dans le coin; la dernière chose qu’il voulait, c’était de se faire arrêter par l’un d’eux et être obligé de s’expliquer au seigneur de ce fief. C’est pourquoi le grand homme décida de se réfugier dans l’autre ruelle, c’est-à-dire celle à sa gauche.

    Il fit quelques pas avant de s’arrêter de nouveau en collant son dos contre le mur, encore trop essoufflé. Il leva sa tête encapuchonnée vers le ciel et se demanda pourquoi la Déesse le testait ainsi. Elle devrait pourtant savoir que sa spécialité, c’étaient les parasites hypocrites (c’est-à-dire les nobles), pas les déséquilibrés surexcités (c’est-à-dire les gobelins). Enfin, essayons de voir le côté positif ! Sa femme serait heureuse d’apprendre que son mari faisait de l’exercice ! Certes, elle le serait un peu moins si elle connaissait la raison derrière toute cette agitation, mais bon, on ne peut pas tout avoir.

    Du côté de Kirsten, cela n’allait pas fort non plus. Il avait poursuivi l’autre suspect dans les ruelles, mais s’était retrouvé dans un cul-de-sac. Comment était-ce possible ? Il avait dû prendre un mauvais tournant … Justement, en se retournant, il vit à l’entrée du cul-de-sac le complice du gobelin. Seuls les yeux de la personne étaient visibles, mais d’un autre côté, une partie du visage de Kirsten était également camouflée; il était donc mal placé pour la juger. D’un large mouvement du bras, le guerrier dévoila le fourreau accroché à sa ceinture qui, jusqu’à présent, avait été caché par sa longue cape. Toutefois, il ne dégaina pas; il se contenta de poser une main sur le pommeau de son épée. Le message était clair : si l’autre attaquait, il allait se défendre. Ils se fixèrent un moment sans rien dire jusqu’à ce que Kirsten décidât de briser le silence – et c’étaient bien les seuls mots qu’il comptait prononcer : « Mon maître souhaite simplement parler avec le tien. » La personne voilée n’allait sûrement pas le croire, mais bon, il aura au moins essayé d’user de diplomatie !

    Quant à Allam, il continuait à chercher Gobelin de son côté. Seulement, ce côté, c’était le mauvais. Sa cible n’était pas par-là. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Le pauvre.

    Ironiquement, c’était Yu-Seong qui était sur la bonne voie, lui qui espérait ne pas tomber seul sur ce fou. Il croyait avoir lui-même perdu la raison lorsqu’il aperçut un bout de tissus vert plus loin dans la ruelle. Qu’était-il censé faire ? D’un côté, il n’avait pas envie de se faire poignarder dans un endroit sombre; ce serait une fin indigne de lui (mais combien de personnes avait-t-il fait assassiner de cette façon ?). D’un autre côté, si Gobelin avait voulu le tuer, il en aurait eu l’occasion lorsqu’il avait attrapé Allam. Respire, Yu-Seong, respire … Ce mercenaire était peut-être juste blagueur. Tu n’as pas fait tout ce chemin pour abandonner, si ? L’occasion ne se représentera jamais ! Le duc s’enfonça lentement mais sûrement dans la ruelle. Respire, respire …

    Lorsqu’il tourna le coin où il avait aperçu le ruban, il constata qu’il n’y avait personne. Du moins, en apparence. Soit le gobelin était caché, soit il n’était pas là du tout. Dans tous les cas, le noble ne pouvait pas perdre la face. Même s’il était terrorisé, il ne devait pas le montrer. Il ne devait jamais, JAMAIS montrer une seule once de faiblesse. Il devait agir comme s’il maîtrisait la situation. Il devait faire semblant d’avoir le contrôle jusqu’à ce qu’il le reprenne complètement. C’était la seule façon de survivre dans ce bas monde.

    Avec sa condition physique misérable, jamais il n’attrapera le gobelin. Il allait donc changer de stratégie : au lieu de le poursuivre, il allait l’attirer.

    « C’est bon, Gobelin, vous avez gagné ! » abandonna-t-il en levant les mains dans les airs. Il ne criait pas, mais il espérait que sa voix était assez forte pour atteindre les oreilles tordues de son bourreau. « Si j’avais eu vingt ans de moins, » commenta-t-il en feignant de l’amusement, « j’aurais peut-être couru plus longtemps, mais … Non, même à cet âge, je ne crois pas que je serais parvenu à vous rattraper. » C’était vrai. Yu-Seong n’était et ne sera jamais aussi agile que le mercenaire.

    Pour être honnête, il ignorait s’il parlait dans le vide comme un idiot ou non, mais sur le coup, il s’en fichait pas mal. L’homme rabaissa ses mains. Il souriait – même s’il n’en avait pas envie – et regardait calmement autour de lui – même si son esprit était paniqué. « Si moi et mes hommes vous avons effrayé, j’en suis désolé. J’espérais pouvoir m’entretenir avec vous en privé. Rien de grave, je vous assure. » N’importe quoi ! Enfin, le duc allait devoir prendre un risque et prier que Gobelin soit assez curieux pour sortir de sa cachette – en supposant qu’il était vraiment dans le coin. « Comme preuve de bonne volonté, je vous dévoile mon visage. » Une seconde. Deux secondes. Puis, l’important personnage retira sa capuche tout en récitant mentalement toutes les prières qu’il connaissait. Puisse la Déesse le protéger de ce gobelin hyperactif …
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    Dim 23 Juil - 15:06
    Quand Kirsten se retourne, Lazur se trouve à quelques mètres de lui.

    D’un geste, Lazur glisse à sa ceinture l’accroche de la lanterne de papier. Ce geste dévoile ses mains soigneusement bandées, bien que ses bras soient dissimulés par une tenue ample. Un turban crème dissimule ses cheveux. Sa peau sombre met en exergue des yeux d’un bleu captivant ; abrités sous de longs cils et des sourcils froncés, ses pupilles abritent le plus pur des cieux. Attentif, il dévisage l’inconnu sans esquisser d’autres gestes, jusqu’à le voir poser une main sur le pommeau de son épée.

    Alors, Lazur penche légèrement la tête vers l’avant. Ses yeux plantés dans ceux du garde sont, cette fois, une mise en garde. Pourtant, ses mains s’élèvent lentement, dévoilant ses paumes pansées, il montre qu’il n’est pas armé. L’homme ne se montre pas menaçant, bien que ses yeux clairs ne lâchent pas ceux du soldat face à lui.

    _ Ton maître ? Qui est-il et que veut-il ?

    Demande Lazur. Un accent chantant apporte un peu de légèreté à cette voix grave, posée et sérieuse. L’homme veille à conserver une distance respectueuse de plusieurs mètres. Bien campé sur ses jambes, il fait barrage de son corps entre le soldat et la foule. Non pas pour isoler Kirsten – mais comme pour protéger le peuple de l’homme en face de lui.

    _ J’ai les moyens de rattraper Gobelin et de vous mener à lui si tu fais preuve de raison.

    Pas de menace, en tant que mercenaire, il sait qu’il a plus à gagner en faisant miroiter une belle récompense. Et il sait que Gobelin n’aimerait pas voir le sang couler… Aussi, si Kirsten décidait de l’attaquer, en réalité, Lazur se défilerait – avant de veiller à le perdre dans la Cité et avertir le reste de la troupe d’une telle attaque.

    Car Lazur n’est pas le seul membre des Lanternes Vertes à errer.

    __________________________________

    _ Mais puisque je te dis que Ca, ce n’est PAS un poireau c’est un OIGNON !

    Uiko rugit de toutes ses forces. Ses longs cheveux noirs sont attachés en catogan. Ses sourcils sont froncés, sur des yeux de perle, et bien qu’il ait encore les joues rondes de l’enfance, il tient tête à un homme plus âgé. De corpulence bien plus solide, ses courts cheveux blonds sont hirsutes, et ses sourcils se froncent à leur tour sur ses yeux noisette.

    _ Mais ça sent pas l’oignon ! S’insurge Kador. Il arrache des mains du cuisinier le légume en question, qu’il agite devant ses yeux, Je te dis que c’est un poireau !

    _ Dit celui qui n’a jamais été en cuisine une fois dans sa vie !

    _ Mais ma mère avait un potager !

    _ Et toi, tu y as mis seulement une fois les pieds, dans ce potager ?!

    La scène attire les regards amusés de quelques badauds.

    _ Moi je vais vous dire ce que c’est ! Rugit Ludinael. La grande rousse, aux bras et aux cuisses aussi épais que des troncs, s’empare du légume, le renifle et croque directement dedans.

    _ Alors c’est quoi ?

    _ Je sais pas, mais c’est bon !

    Exaspéré, Uiko soupire mais donne quelques pièces au vendeur. Cette scène a peut-être complètement échappé à Allam – à moins qu’il n’ait remarqué la lanterne verte que tous les 3 ont à leur hanche.


    __________________________________


    Quant au Duc, un mouvement a attiré son regard.

    Un ruban vert avait été soigneusement noué au défaut d’une pierre. Il se balance légèrement, paresseusement, d’avant en arrière, comme agité par un doigt taquin – mais aucune main griffue ne joue avec le tissu. Devant lui, s’étire une ruelle tortueuse. Dans quelle gueule le Duc vient-il de se jeter ? Dans la pénombre, les murs se resserrent, certains se gondolent, des fissures et des meurtrières semblent les seules issues de cet endroit obscur. Les rumeurs de la foule s’éloignent au fur et à mesure qu’il marche et lorsqu’il s’arrête, la ville elle-même semble retenir son souffle. Jusqu’à ce que le vent s’engouffre. Une plainte désincarnée s’échappe des pierres fendues : un air glacé, alourdi d’humidité, le cueille en plein visage. Comme l’haleine d’une de ces femmes vengeresses, qui attendent les jours de brume, les âmes d’hommes éperdus : pour les entraîner, au plus profond des marais, les noyer et abandonner leurs dépouilles. Une légende que l’on aime tant conter à Mori.

    Quand la voix du Duc s’élève, elle est étouffée par la roche glacée. Il n’y a pas d’écho, pas de réponses, les secondes passent, avant qu’enfin, une réponse ne lui parvienne.

    _ Sage et prudent, est l’homme qui concède sa défaite.

    Pas de sons étranges, pas de grimaces, cette fois, la voix qui s’adresse à lui est celle d’un homme posé. Grave et grondante, elle résonne au sein même d’une cage thoracique osseuse.

    _ Ah ! C’est donc bien Gobelin que vous cherchiez !

    S’écrit cette fois la voix.

    _ Pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt ! Gobelin est là !

    La tête reconnaissable apparaît soudain par-dessus le toit. Les longs cheveux noirs huileux cascadent de part et d’autres d’un faciès malicieux. Son visage est un masque mortuaire lugubre, comme s’il avait arraché la peau d’un cadavre, pour l’étirer tant bien que mal sur son grand nez, ses arcades sourcilières prononcées, son menton pointu. Les yeux verts luisent, feux follets éthérés, alors que ses lèvres s’étirent en rictus.

    _ Bravo ! Bravo à Gobelin, d’avoir gagné la course et bravo à vous, de l’avoir trouvé ! Applaudissons nos victoires !

    Gobelin se lève et applaudit, puis s’avance d’un pas dans le vide. Tout son corps bascule, mais Gobelin se rattrape d’une main au bord du toit de tuiles, ses pieds prennent appui contre le mur. Gargouille grimaçante, il tend son long bras libre, pour refermer ses doigts sur une meurtrière et de nouveau, laisse retomber son corps pour descendre. Ses pieds et ses mains épousent les anfractuosités et les défauts du terrain, avec l’habileté d’un reptile, il dévale à sa manière les murs, jusqu’à reposer ses pieds à terre. La lance accrochée dans son dos, Gobelin joint ses mains derrière ses reins, comme un enfant, il se penche vers l’avant pour fixer le visage du Duc.

    Le reconnaît il ?

    Son sourire s’étire, comme si cela était encore possible, le feu dans ses yeux s’embrase. Gobelin joint ses mains devant lui, les élève devant son visage en courbant l’échine.

    _ Il est rare que des hommes aussi beaux courent après un vulgaire Gobelin mais courir après des chimères est l’une des meilleures activités pour entretenir la vivacité de son esprit !

    Minaude-t-il avec malice, avant qu’il ne redresse le haut de son torse.

    _ Pardonnez les facéties du Gobelin, il est seulement joueur ! Et probablement craintif, oui oui, pensez-vous, avec une tête telle que la sienne, survivre si longtemps tient du miracle…

    Il ricane en haussant les épaules.

    _ Et de la bonté des bonnes gens bien sûr ! Est-ce pour des bonnes choses que vous venez ?

    Il a soudain bondi en avant, les yeux étincelants.

    _Gobelin aime tant de choses, tout ce qui est brillant, oh bel argent trébuchant ! Mais venez, ne parlons pas ici, il y a bien trop d’yeux et d’oreilles indiscrets. Suivez Gobelin et cette fois, il suivra votre allure ! Pour discuter, soyons bien installés.

    La créature se recule d’un pas et lui adresse un geste de la main.

    _ Sans vos gardes pour vous escorter, Gobelin va vous protéger !

    Assure l’homme. Il le devance, bien qu’il se retourne à plusieurs reprises pour vérifier que l’homme ne le menace d’aucune arme ou d’aucun sort, lui affiche souvent un sourire. Il marche d’un pas sautillant, se balançant parfois d’une geta sur l’autre, rejoint le fond de la ruelle et là, dresse un index devant ses lèvres.

    _ Pourquoi cacher votre visage ? Vous n’êtes pas aussi vilain que Gobelin. Craignez-vous d’être reconnu ?  Si connu vous êtes ! A se dissimuler, vous risquez d’attirer l’attention… Mais ne vous inquiétez pas ! Gobelin fera en sorte d’attirer les regards !

    Glousse-t-il. Alors qu’on aurait pu croire que la rue se terminait, l’homme se faufile dans un chemin plus étroit encore : c’est de profil qu’il faut avancer, jusqu’à arriver dans une cour. Des écuries directement devant eux, d’ailleurs, Gobelin passe devant les chevaux en gazouillant et il grimpe les quelques marches menant à une auberge.

    _ Hey, Gob’lin, ça f’sait longtemps !

    Gobelin lève les mains pour salut.

    _ Gobelin est là ! Mon ami, vous reste-t-il une petite table dans un petit endroit, pour un humble Gobelin et son invité ?

    L’aubergiste ricane et, d’un mouvement du pouce, désigne l’intérieur de l’auberge.

    _ Venez venez ! Encourage Gobelin, d’un glapissement, avant d’entrer dans l’établissement. Il y a de nombreux voyageurs là, que Gobelin salue, avant de s’affaler sur une banquette libre. Une table basse, des coussins à même le sol, Gobelin bascule en tailleurs. Ses mains saisissent ses pieds, le dos droit, il attend que le Duc soit installé.

    _ Avant de parler affaire, prenons à boire, Gobelin est asséché ! Que prendrez-vous ? Moi, du cidre ! C’est le meilleur de la ville !

    D’ailleurs, Gobelin semble être un habitué. Il n’a pas besoin de commander sa boisson qu’elle est déposée par l’aubergiste lui-même. La créature saisit la choppe, en boit une gorgée, avant de la reposer. Son coude s’appuie sur la table, sa main libre récupère une écharde dont il commence à se servir comme cure-dents.

    _ Pourquoi voulez-vous voir Gobelin ?

    S’enquit-il.

    Sous ses paupières tombantes, lucioles agonisantes, ses yeux luisent dans la pénombre. Le sourire encourageant qui déchire le bas de son visage, est rendu inquiétant par les mouvements du copeau de bois, qui piquent les gencives blafardes et dessinent les dents étrangement effilées. Probablement brisées, puis limées. Il y a, derrière ses manières, une absence totale d’étiquette, impertinence ou simple manque de connaissances ?

    _ Et pourquoi ici ? A Babel, vous auriez eu bien moins de route à parcourir… Mon Seigneur.

    Il a murmuré le titre honorifique.

    L’expression est attentive. Plus de sourire, plus de grimace, l’écharde maintenue entre ses doigts, Gobelin le dévisage simplement. Il est difficile d’extraire une émotion particulière, dans ces traits absolument inertes, seulement troublés par parfois, un simple battement de paupières.


    Zeng Min
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    Ven 28 Juil - 1:27

     


    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    C’était une bien drôle de journée pour les trois hommes du fief d’Adda. Une mission qui aurait dû être simple s’était transformée en un bordel sans nom. Ainsi séparés, ils devaient chacun relever un défi différent et espérer que leurs camarades s’en tiraient mieux qu’eux. Les deux gardes notamment espéraient ne pas devoir quitter ces terres bredouilles; qui sait s’ils n’allaient pas devoir trouver un nouveau travail après ce fiasco ?

    Kirsten, par exemple, était encore coincé dans ce cul-de-sac. Aux deux questions de Lazur, le blond se contenta de grogner tel un chien mécontent de voir le facteur s’approcher trop près de son maître. Il ne faisait pas du tout confiance au mercenaire dont l’offre était aussi alléchante que douteuse. Toutefois, il existait peut-être une autre option … Et si ce type masqué connaissait également l’identité de l’employeur mystère ? Kirsten pourrait lui poser directement la question et tant pis pour le gobelin, ils n’avaient pas besoin de lui ! Cette solution n’était cependant pas parfaite; c’était le duc qui possédait l’argent nécessaire pour acheter leur silence. Certes, le garde pourrait tout simplement tuer le mercenaire après en avoir terminé avec lui, mais ce serait d’un grotesque !...

    Non, c’était mieux de s’en tenir au plan et d’ébruiter l’affaire le moins possible. « L’identité de mon maître doit rester secrète. » Il avait prononcé des mots de plus finalement ! D’un ton aussi sec que le désert malgré son allure nordique. « Il veut des informations que possèdent Gobelin. » Court moment de réflexion alors que son regard glacial se détacha quelques secondes de celui de Lazur. Lorsque ses yeux se plantèrent de nouveau dans les siens, il retira sa main de son arme, laissant son bras balloter le long de son corps. « Il est prêt à payer en pièces d’or… si vous aussi faîtes preuve de raison. » Ces types étaient des mercenaires, non ? L’appât du gain était plus fort que tout pour eux, non ?

    Éloignons-nous un peu de cet froid échange et allons plutôt voir du côté d’Allam. Est-ce que tout allait bien pour lui ? Bien sûr que non ! Le pauvre, il commençait à croire qu’il s’était trompé de côté et qu’il avait laissé son seigneur à la merci du monstre. C’est alors qu’une discussion animée près d’un étal attira son attention. Ouah, ça avait l’air intense comme débat … Même si le jeune homme aurait voulu les ignorer, il n’aurait pas pu tellement ils parlaient fort. Lui qui fixait intensément le légume afin de deviner son origine, il sursauta lorsqu’une robuste rousse le croqua sans aucune pitié. Quelle femme ! Enfin, elle était beaucoup trop intimidante pour un garçon aussi peu expérimenté qu’Allam; il serait peut-être plus prudent de commencer par une fille plus douce … Il n’avait pas envie de se faire manger tout cru comme ce pauvre légume !

    En tant que témoin de toute cette agitation, l’homme ne pouvait pas rester les bras croisés. Il devait tirer les choses au clair ! Après tout, s’il était devenu soldat, c’était parce qu’il adorait rendre service et se sentir utile ! Oubliant un moment qu’il était à Walsch et non à Adda, Allam aborda le joyeux groupe comme s’il patrouillait dans son fief : « Excusez-moi citoyens ! Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter votre conversation – d’ailleurs je crois que toute la rue l’a entendue, mais euh, bref – je voulais juste dire… que je crois que ce légume est… une échalote… » Sa voix s’était éteinte peu à peu; pas parce que la rousse l’intimidait trop, mais parce qu’il avait enfin remarqué leurs lanternes vertes. La bouche grande ouverte, il devait avoir l’air bien idiot, or ce n’était pas le cas; ses pensées défilaient à toute allure. Il était tombé sur des complices du gobelin ! Il se serait attendu à ce qu’ils soient aussi monstrueux que lui, mais faut croire que ce n’était pas le cas.

    Ah, mais on s’en fiche de leur apparence ! C’était une opportunité à ne pas manquer ! Allam et Kirsten devaient être sur la même longueur d’onde, car il songea également à soutirer les précieuses informations à ces gens plutôt que de courir après Gobelin. Contrairement à son collègue toutefois, il était décidé à suivre ce plan jusqu’au bout. Cela le rachètera sûrement aux yeux de son bien-aimé duc !

    « V-Vous connaissez Gobelin ? C’est génial ! » s’exclama-t-il tout d’un coup avec entrain, lui qui était resté bêtement figé pendant plusieurs secondes. « J’adore Gobelin, il est trop drôle ! Dîtes, vous pouvez me parler un peu de lui ? » Voilà qu’il jouait aux admirateurs ! Allam, ce jeune homme si sensible au charme féminin, était plus malin qu’il en avait l’air. La preuve que Yu-Seong ne s’entourait pas de n’importe qui.

    Parlant du seigneur, il était toujours aussi proche de la syncope. Il n’était pas spécialement claustrophobe, mais ainsi isolé dans cette ruelle, il avait l’impression que ses ténèbres allaient l’engloutir. À moins que celles du gobelin ne s’en chargent avant ? Car la créature venait de parler. Le sourire figé sur son visage, le noble était en réalité terrifié. Certes, c’était lui-même qui avait essayé de l’attirer, mais au fond, il aurait préféré que le mercenaire ne se pointe jamais. Beaucoup d’émotions opposées se bousculaient alors que sa tête disait quelque chose et que son cœur demandait l’inverse. Aussi, lorsque l’horrible tête du gobelin apparut, Yu-Seong retint mal un sursaut. Un autre lorsqu’il crut que la créature allait se rompre le cou, mais non; elle se déplaçait libre comme le vent avant d’enfin se poser devant lui.

    Allez, ressaisis-toi ! Gobelin pouvait lire toutes tes expressions maintenant ! À moins que … Une minute. Est-ce qu’il venait de se faire draguer là ? L’Adda haussa un sourcil, mais se reprit aussitôt. Certes, il était objectivement très beau, même qu’il semblait s’embellir avec l’âge. Sauf que d’habitude, c’étaient les femmes – surtout la sienne – qui le complimentaient de la sorte. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas ce commentaire qui perturbait le plus Yu-Seong qui suivait attentivement du regard chaque fait et geste du gobelin. C’était son vocabulaire. Son éloquence. Ce n’était pas normal. C’était comme si, lors d’une promenade en forêt, tu tombais sur un loup qui se déplaçait sur ses pattes arrière tout en citant les plus grands philosophes du continent. C’était terrifiant.

    « Sans vos gardes pour vous escorter, Gobelin va vous protéger ! » lui promit le loup en question. Comme s’il n’était pas responsable de la perte de ses gardes justement ! Quel culot ! Mais le duc garda cette réflexion pour lui; il n’allait pas provoquer celui qui avait l’avantage. « C’est très aimable de votre part, » répondit-il plutôt. Il avait laissé Gobelin parler jusqu’à présent et maintenant qu’il ouvrait la bouche, son ton était posé. Tout le contraire de son esprit qui, comme vous le savez déjà, était en ébullition.

    Yu-Seong replaça sa capuche sur sa tête et suivit le mercenaire… petit. Ils avaient quoi, à peu près une tête de différence ? Était-ce le noble qui était trop grand ou le roturier qui était trop petit ? Est-ce que le noble pourrait profiter de cet avantage ? Il marchait derrière Gobelin vers une mort certaine. Peut-être devrait-il le poignarder ici et maintenant. Au moins, il ne croiserait plus jamais sa route. En serait-il capable ? Moralement, oui, bien sûr, il s’en fichait bien. Physiquement, c’était une autre histoire. Il avait vu la créature à l’action. Elle avait des réflexes supérieurs. Elle le verrait venir. Elle le sentirait venir. Déjà, elle se retournait souvent, et le paranoïaque lui retournait gentiment son sourire alors qu’il imaginait toutes les façons possibles de la tuer. Peut-être que Gobelin le sentait et c’était pour ça qu’il surveillait ses arrières. Peut-être que Gobelin était simplement prudent. Peut-être que Yu-Seong aurait fini par craquer s’ils n’avaient pas atteint la fin de la ruelle et que son guide ne lui avait pas adressé la parole.

    Comme s’il venait de sortir la tête de l’eau, une bouffée d’air l’assaillit. Il ne s’était même pas rendu compte qu’il avait arrêté de respirer.

    Il toussota un peu afin de cacher son malaise, mine de rien. « Croyez-moi, j’attirerais davantage les regards sans cette cape, » rétorqua-t-il sur le même ton rieur. Il n’y avait pas de quoi rire. Il ignorait encore ce que Gobelin tuerait en premier : son corps ou sa santé mentale ? En le voyant emprunter un chemin étroit, la réponse devint claire : les deux en même temps. Yu-Seong se demandait encore pourquoi il suivait ce taré et alors qu’il se disait pour la centième fois aujourd’hui Ça y est, je vais mourir, les deux hommes débouchèrent… devant une écurie ? Non, une auberge ? Quel drôle d’endroit … Pendant que son bourreau discutait avec le gérant, le noble en profita pour s’approcher des chevaux et reprendre ses esprits, éloigner la crise de paranoïa qui avait failli le submerger. Tout en respirant bien profondément, il flatta le museau d’une jument curieuse et en profita pour l’inspecter rapidement. Elle et ses compagnons équins semblaient en bonne santé. C’était bon signe.

    Gobelin l’invita à le rejoindre et Yu-Seong n’eut d’autre choix que d’obtempérer. À l’intérieur, nombreux étaient ceux qui semblaient être des amis du gobelin. De mieux en mieux ! Ce n’était pas qu’une seule lance qui allait le transpercer, mais bien toutes celles présentes dans cette pièce ! Quelle poisse … Oh, tiens, une table basse. Le décor lui rappelait les établissements de l’Empire. Le duc prit place devant Gobelin et s’agenouilla sur le coussin, le dos bien droit. Même en essayant d’être subtil avec sa cape et tout le tralala, il ne pouvait pas s’empêcher d’être noble.

    Bref, c’était l’heure de commander sa boisson. Comptaient-ils plutôt l’empoisonner ? Mais Yu-Seong était trop bien élevé pour entrer dans une auberge sans rien commander ! « La même chose que mon compagnon, » décida-t-il. L’aubergiste – qui avait déjà servi Gobelin – retourna derrière son bar chercher la même chose. Devrait-il échanger sa choppe avec celle de la créature ? Cela lui rappelait la fois où, pendant une réception ennuyante, un noble de pacotille avait tenté de l’empoisonner avec du vin. Évidemment, le duc l’avait vu venir à des kilomètres, alors il avait subtilement interverti leurs verres. Au final, ce fut ce crétin de petit noble qui se ramassa à l’infirmerie pendant trois jours. Haha, quel idiot !

    Malheureusement, ce n’était pas quelque chose que Yu-Seong pouvait reproduire ici, surtout que maintenant que Gobelin avait pris une bonne gorgée, notre papa préféré n’avait plus trop envie de partager la même choppe … Dédaigneux ? N’importe qui le serait avec Gobelin ! Il commençait sérieusement à se demander ce qui était pire entre un noble trop maniéré et un roturier qui n’avait aucune manière …

    Mais toutes ces pensées farfelues disparurent rapidement.

    La créature devant l’avait appelé par son titre.

    Spontanément, un rictus étira les lèvres de l’important personnage. Il pouffa même un peu de rire. Peut-être sa première réaction véritable depuis qu’il traînait avec Gobelin. Cela l’informa d’une chose très importante : le mercenaire était parfaitement lucide. Et peut-être était-ce pire que s’il avait simplement été détraqué.

    « Vous êtes un bien curieux personnage, Gobelin, » avoua-t-il en détournant la tête, un sourire presque agacé malgré lui. « Vous dîtes avoir survécu dans ce monde par chance – par miracle ! – mais je n’y crois guère. Plusieurs fois aujourd’hui, vous m’avez prouvé le contraire. » Au même moment, l’aubergiste revint avec la boisson du duc. Ce dernier le remercia d’un bref hochement de tête avant de prendre une gorgée. Il ignorait si ce liquide était bel et bien le meilleur cidre de la ville, mais ce qui était sûr, c’était que son palais était davantage habitué au goût riche de l’alcool qui coûte un bras. Bref, on n’était pas là pour juger des boissons du bas peuple.

    Son regard sombre se posa de nouveau sur son guide, son bourreau, son hôte, sa cible. Maintenant qu’il avait eu un aperçu de l’esprit vif derrière ce visage hideux, Yu-Seong espérait que Gobelin avait compris. Compris qu’il ne comptait plus tomber dans le panneau, peu importe les prochaines âneries que le mercenaire comptait dire ou faire. Il ne le voyait pas comme une petite bête inoffensive, mais bien comme un animal dangereux. Conclusion exagérée ou non, peu importe; la méfiance du duc était absolue.

    « Même moi je peine à dire si vous êtes un humain se prenant pour un gobelin ou un gobelin se prenant pour un humain. » Était-il parvenu à sortir une blague malgré tout ? Il enchaîna sans pause : « Dans tous les cas, cela m’importe peu; je sais que vous êtes quelqu’un d’intelligent, alors je m’adresserai à vous comme tel. » Une autre petite gorgée désintéressée afin d’habituer ses papilles gustatives. Tout compte fait, ce cidre ne semblait pas empoisonné.

    Puis, tel un magicien, dans un geste aussi fluide que subtil, Yu-Seong sortit de son manteau une bourse pleine à craquer de pièces qu’il glissa à côté de Gobelin. Sans le quitter du regard une seule seconde. Non, ce n’était clairement pas la première fois qu’il faisait ça. De la corruption, vous dîtes ? Mais non ! Le contexte était complètement différent ! Il ne faisait que payer un mercenaire pour ses services, et ses services, c’étaient les informations qu’il allait lui fournir à l’instant.

    « Comme vous, bien que pour des raisons tout à fait différentes, je ne peux pas faire un pas dehors sans que tous les regards se tournent vers moi. C’est pourquoi je viens vers vous aujourd’hui ainsi vêtu, dans l’espoir que cette discussion restera entre nous. Mais j’imagine que vous l’avez déjà compris. » Déposant sa choppe, l’important personnage se pencha vers Gobelin. Coudes sur la table, menton contre doigts croisés, ses yeux de terre assombris par la capuche étaient incisifs. Pourtant, le reste de ses muscles semblaient s’être enfin détendus. Sûrement se sentait-il plus à l’aise et en contrôle maintenant que les négociations avaient débuté. C’était, après tout, son expertise.

    « Je crois que nous avons suffisamment tourné en rond, alors je vais aller droit au but. Je sais que vous guidez des enfants jusqu’à l’Ordre des Chevaliers, et j’aimerais que vous répondiez à ces deux questions : d’où viennent ces enfants et qui vous a payé pour faire ce travail ? »

    Sans aucune gêne, le grand membre du Conseil attendait patiemment la réponse de Gobelin. Ou était-il vraiment patient ? Parce que franchement, il avait hâte de partir. Il espérait juste que les pièces d’or suffisent à dompter la créature – l’homme ? – devant lui et que ses réponses soient satisfaisantes.
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    Jeu 3 Aoû - 15:16
    Le grondement de l’homme laisse Lazur de marbre.

    Mais en voyant ses bras retomber le long de ses flancs, le mercenaire relâche la tension de ses épaules. Sa tête s’incline sur le côté alors qu’il fronce légèrement les sourcils. Ses propres bras se croisent sur son torse et un très lourd soupir s’arrache de ses lèvres. Comme si le poids du monde reposait sur ses épaules – bien que celui d’un Gobelin doit amplement suffire.

    _ Je vois. Si ce ne sont que des informations que vous cherchez…

    Il hausse les épaules.

    _ Que voulez-vous savoir ?

    Car si l’argent intéresse des mercenaires, Lazur apprécie davantage la tranquillité – et ça n’a pas de prix.

    _ Pour venir ainsi le trouver dans une telle ville… Votre maître doit accorder beaucoup d’importance à la discrétion de cette opération.

    Ses yeux se sont plissés.

    Certaines forces dépassent celles de la volonté. Et le ridicule de la situation parvient à fendre le masque de l’homme. Ses épaules sont secouées d’un rire et Lazur, dignement, essaye de porter un poing à ses lèvres, comme pour enfoncer bien au loin derrière ses dents, le son rauque qui lui échappe. Le pouffement lui fait fermer les yeux et secouer la tête de droite à gauche, amusé, il finit par rabaisser la main.

    _ Une discrétion impossible avec Gobelin, je peux vous le dire d’expérience, soupire-t-il en faisant un pas sur le côté puis un en arrière. Il s’adosse au mur et surveille l’homme du coin de l’œil.


    __________________________________

    Kador est un homme à la corpulence toute guerrière. Ses épais cheveux blonds cascadent dans son dos, formant une crinière indomptable. Un simple ruban essaye tant bien que mal de retenir quelques mèches de retomber devant ses yeux. Des yeux d’un brun réconfortant, un petit nez retroussé, une épée à sa taille. Quand on les alpague, par réflexe, sa main saisit Uiko par l’épaule et le tire dans son dos ; il s’est instinctivement avancé d’un pas. Ludinael finit de mâchonner son légume, lorgnant vers l’étale.

    _ J’aime bien les échalotes ! Sourit elle fièrement, dévoilant ses dents.

    _ Ce n’est pas une échalotte, bougonne Uiko, C’est un oignon.

    Le plus jeune se dresse sur ses pieds pour tenter de voir par-dessus l’épaule de Kador, abandonne et se glisse finalement sur le côté pour le dévisager. S’il avait été un chat, il aurait plaqué ses oreilles en arrière et cracher : mais il se contente de froncer les sourcils et le nez.

    Jusqu’à entendre les remarques enjouées sur Gobelin ! Alors, Ludinael abat sa main énorme sur l’épaule d’Allam, dans un geste suffisant à déraciner un arbre. Kador s’apaise, assez pour qu’Uiko se glisse à côté de lui en retrouvant un sourire.

    D’ailleurs, il reprend la parole.

    _ Gobelin est une créature née des ombres, au fin fond des bois. Il est né un soir d’orage, l’air moite suait lui-même à la vue de son visage…

    Il conte, écarquillant les yeux et levant les mains, pour appuyer le ton inquiétant de son récit.

    _ L’on raconte qu’il parcourt les terres, guidé par les feux follets d’esprits tombés au combat. Cherche-t-il la mort ou l’a-t-il déjà domptée ? Il danse avec elle, armé de sa lance et de sa lanterne verte, il affronte les tyrans, il défie les oppresseurs et les bienpensants.

    Kador pouffe à son tour mais abat son poing sur son torse, se dressant de toute sa taille.

    _ Gobelin est un mercenaire, qui offre sa lame non aux plus offrants, mais à celleux qui partagent ses valeurs ! Il voyage de terres en terres, et lorsqu’il n’y a pas d’affrontements à mener, c’est l’ennui qu’il combat !

    Uiko croise les bras sur son torse, inclinant la tête avec connivence.

    _ D’ailleurs, nous ferons probablement un spectacle avant la fin de la semaine, vous pourrez venir y assister.

    Il semble qu’ils aient bien appris leur texte… A moins qu’ils ne soient naturellement doués pour l’improvisation. Dans leurs lèvres, le récit prend des allures surnaturelles et extraordinaires, parlant de Gobelin et de sa troupe, comme issus de rêves. Ludinael observe simplement sans quitter son sourire, alors qu’Uiko, malgré son jeune âge et son air renfrogné, semble soudain libéré des tensions qui le renfrognaient. Il s’exprime avec aisance, accompagne ses mots de mouvements de bras et d’expressions sincères, le mystère plane au bout de ses lèvres et il veille à l’y préserver, le maintenant d’un sourire taquin. Ses yeux brillent alors que Kador lui adresse un regard fier, entourant même ses frêles épaules d’un bras.

    _ Comment connaissez vous Gobelin ? Demande Ludinael, qui n’a toujours pas lâché l’épaule d’Allam, Z’avez assisté à une d’nos prestations ?

    _ Mercenaire ou saltimbanque, nous sommes prêts à répondre à de nombreuses demandes ! Sourit Kador, sur un ton commercial, un sourire charmeur sur les lèvres, Avez-vous besoin de lames ou de musique ? De combat ou d’histoires ? Nous pouvons animer vos soirées ou vos champs de bataille !

    Ludinael éclate de rire, Kador sourit et Uiko se détourne pour payer leurs consommations. Uiko range le tout dans un grand sac, qu’il garde à son épaule. A côté de son arc et d’un carquois. L’adolescent a, d’ailleurs, des bras solides ; lorsqu’il retrousse ses manches, il dévoile quelques grains de beauté éparpillés sur son derme, une cicatrice qui traverse son avant-bras. Ses deux comparses sont plus armés et gardent une armure de cuir.


    __________________________________

    Gobelin mène le Duc au travers des rues.

    La créature bascule d’un pied sur l’autre, se retourne, pour lui sourire. Se méfie-t-il ? Est-il seulement inquiet à l’idée de le perdre dans les ruelles ? Bien que ses lèvres ne formulent parfois, aucune phrase, les borborygmes et autres sons ébranlent son larynx : vocalises enchanteresses, caquetantes et inquiétantes, elles ébranlent parfois ses épaules ou sa cage thoracique. Les bras branlants se balancent, accompagnent les mouvements du corps, les mains aux longues griffes, sont légèrement refermées, comme les serres d’un rapace. Ses yeux verts observent, plongent dans les ombres, qu’il défie d’un rictus carnassier et d’un bond, il s’élance. Saisi d’une vivacité bestiale, d’un éclat de vie, au fond d’un sein cadavérique.

    Maigre et famélique, os saillants, articulations prêtes à fendre la peau blafarde, les mouvements du monstre rappellent ceux d’une marionnette, mais qui en tire les fils ?

    Les yeux de verre de la créature luisent lorsque l’Adda hausse un sourcil. Son sourire s’est comme éteint, alors que ses paupières s’écrasent sur ses prunelles. Langueur, rapidement chassée lorsqu’il s’écarte d’un bond en arrière, imposant une distance respectueuse entre les 2 êtres.

    Sa malice semble glisser sur le Duc, à moins que Gobelin n’ait seulement la décence de ne pas remarquer sa pâleur et ses pupilles élargies.

    Il y a quelque chose de dérangeant, dans le physique du Gobelin, dans le placement des os les uns par rapport aux autres, le rapport de taille, entre un torse court, des membres longs. Dans la structure de ce visage au menton pointu, au nez aquilin, les pommettes saillantes, les yeux enfoncés, les cheveux, huileux.

    Le toussotement de l’homme l’a invité à se tendre. Un instant, Gobelin s’est redressé. Alerte, il l’a fixé, avant que ses muscles ne se soient relâchés quand l’homme reprend la parole. Il hoche la tête à sa réponse puis se remet en marche. Installés près d’une fenêtre, de part et d’autre d’une table basse, Gobelin joue avec le cure-dent improvisé, le garde un instant entre ses doigts, laisse l’écharde de bois effleurer ses lippes blafardes.

    Le cidre au sein de la choppe est sombre. Des bulles remontent régulièrement, mourir à la surface ; leurs plaintes, ne sont qu’un bruissement. Pétillements couverts par les brouhaha des voix alentours, les grincements du bois. Pourtant, là où ils se trouvent, ils s’entendent sans difficultés. Peut-être est-ce dû au toit assez bas, ou aux murs resserrés ? Ou peut-être est-ce simplement, qu’ils sont dédiés l’un à l’autre. La boisson est épaisse, la première gorgée ravive les papilles, l’aigreur mord à pleines dents. Puis les arômes se dévoilent. La pomme sucrée, bien mûre, relevée de quelques épices, apaisent et caressent, imprègnent l’haleine d’un parfum que seul le temps pourra effacer.

    Quand un rire ébranle soudain le masque du Duc, Gobelin sourit en réponse. Il l’encourage, d’un sourire plus prononcé, qui dévoile ses dents. Ses yeux se plissent d’une malice impétueuse, alors qu’il laisse la pointe de sa langue franchir les barrières de ses dents, jusqu’à ce qu’elle se rétracte derrière ses lèvres.

    Il hausse les épaules à la remarque du Duc et plante paisiblement l’écharde, dans le bois de la table, puis l’en extirpe et la replante. Il creuse les tombes, de toustes celleux parti.es bien avant l’heure, grave dans le bois, quelques traces de leur existence.

    _ Vivre ou mourir, n’est parfois qu’une question de chance.

    Répond-t-il gravement. Plus de sourires, ses yeux, cette fois, sont éteints. Ses épaules abaissées, Gobelin a basculé la tête sur le côté. La rigole de cheveux noirs dégouline le long de ses épaules, une mèche particulièrement, traverse sa gorge de part et d’autre. Et sa tête flotte, au-dessus de ce corps qui s’est immobilisé. Seule sa main continue, régulièrement, à retirer l’écharde qu’elle replante. Creuse le bois.

    _ La Mort… N’est pas regardante, sur celleux qu’elle emporte.

    Murmure-t-il, ses yeux revenant lentement, très lentement, se planter dans ceux du Duc.

    Puis son sourire revient. Impétueux et carnassier, les lippes dévoilent les dents, les yeux, s’embrasent.

    _ Mais maintenant ! Nous sommes tous deux vivants ! Profitons de cet instant !

    La boutade frappe Gobelin de plein fouet, d’ailleurs, ses yeux s’écarquillent. Sa bouche s’entrouvre, puis se fend, éclat de rire rocailleux, qui ébranle sa cage thoracique. Un sifflement vrille ses babines, trahissant tout l’air qu’il a expulsé. Sa tête s’est redressée. Alors qu’un mouvement attire probablement le regard du Duc. Les longs doigts blancs se sont dépliés sur le bois de la table. Saisis d’un réflexe arachnéen, ils galopent jusqu’à la bourse, s’arrête à proximité, l’index s’étend et sa griffe caresse le tissu de la bourse.

    _ L’argent… L’argent… Oh l’argent ! Est-ce pour payer la boisson, la nourriture, non, non, le silence, le silence, stupide Gobelin.

    Minaude l’homme, gazouillant dans sa barbe inexistante.

    L’homme se penche vers lui, le menton appuyé contre le dos de ses doigts. Ses yeux vifs, tapis sous sa capuche, semblent prêts à jaillir. A bondir sur lui. Il y a quelque chose, qui l’invite cette fois, à reculer la tête. Crainte viscérale ou veillant à rappeler, une distance respectueuse, rompue par sa main, qui reste si proche de la bourse. Gobelin semble décontenancé lui aussi par la tournure des évènements et clairement tenté par la bourse sur laquelle ses doigts se referment pour l’attirer à lui. Il la fait tourner au sein de sa paume, préférant l’observer elle, que le Duc. Il la soupèse, la fait tomber lourdement sur le bois, comme pour s’assurer à ce qu’elle soit vraie. Ses mains délient les fils, pour l’ouvrir, il en observe l’intérieur et glousse avec malice.

    _ Oh de belles pièces ! Belles pièces brillantes, brillantes, comme si, comme si l’abstrait, pouvait s’acheter, mais n’est-ce point-là, le mercenariat ? Quel coût, pour une vie ? Jamais assez, jamais assez, et pourtant, pourtant, la vie de Gobelin ne coûte pas très cher, pour beaucoup. Le plus cher ? Le prix de la liberté.  

    Et la bourse revient à mi-chemin, entre le Duc et Gobelin, qui n’a pourtant pas encore relâché l’objet.

    _ Pourquoi payer ? Demande-t-il, Achète-t-on la loyauté ?

    Les questions sont posées et n’attendent pas réellement de réponses.

    _ Pourquoi payer ? Que craint le Duc ?

    Murmure-t-il cette fois, se penchant à son tour. Plus de sourires, c’est à son tour, contre le dos de ses doigts qu’il repose son menton. Mimétisme moqueur, ou tentative d’empathie, il susurre.

    _ Que se passerait-il si Gobelin parlait ? Pensez-vous que quelqu’un le croirait ? Et que voudrait-il dénoncer ? Qu’un homme soit venu jouer avec lui et ait eu la bonté de lui offrir, de quoi se sustenter ?

    Car les doigts ont extirpé quelques pièces, de quoi payer leurs consommations, qu’il dépose sur la table. L’une d’elle s’échappe, entre les jointures osseuses, Gobelin la fait danser et la suit du regard, un sourire rêveur sur les lèvres.

    _ Personne ne paye Gobelin pour cette mission qu’il s’est lui-même donné. A part les sourires des enfants, les saluts, lorsqu’ils se séparent. Ces enfants ? Ils viennent de partout et de nulle part.

    Gobelin ne sourit plus. Sa main remonte, en poing, jusqu’à sa tempe. Le coude posé sur la table, la tête appuyée contre ses doigts, Gobelin repose les pièces, les bouge du bout de l’index.

    _ Ces enfants naissent des maux qui déchirent le monde, ils naissent du triste hasard, d’une mort qui emporte. Vous souvenez vous, de ce que Gobelin vous a dit ? Qu’il a survécu, par miracle, par chance, par hasard. Car la Mort prend, parents et enfants, riches et pauvres, vilains et beaux, la Mort, n’est pas regardante. Et que deviennent les enfants ? Les enfants nés de misères, nés de parents absents, les enfants victimes, d’épidémies et de maladies, les enfants, qui ne sont pas de celleux qu’on attend, les enfants qui ne ressemblent pas, à ce que l’on veut. D’où viennent ces enfants ?

    Gobelin ferme les yeux.

    _ Ils naissent des blessures de ce monde, et de tout le mal que l’Humanité peut infliger ou est incapable de soigner. De la violence, de la bêtise, de la maladie, du rejet, de cœurs incapables d’aimer.

    Ses yeux se rouvrent vers le Duc et basculent vers la bourse.

    _ Gobelin les accueille, les recueille, les protège et les élève, il leur donne, tout ce qu’il peut donner. Mercenaire, il s’arme contre les injustices et les inégalités, il essaye de donner à ces enfants, tout ce qu’on leur a pris. Notamment le droit, à la liberté. Le droit de décider, leur avenir. Un droit que peu peuvent posséder. Certain.es demandent à rejoindre l’Ordre des Chevaliers. Serviteur, Gobelin obéit et les conduit, là où ces jeunes pousses ont décidé de planter leurs racines.

    Sa main se détache de la bourse, revient jusqu’à son menton alors qu’il hausse les épaules.

    _ Cet argent, Gobelin veut bien vous le laisser, comme gage de sa sincérité et en compensation pour la course folle dans laquelle il vous a entraîné.

    Malicieux, il désigne les quelques pièces qu’il a mises de côté.

    _ Et ces quelques pièces, sont données à Gobelin pour son travail d’escorte ! Bravo Gobelin ! Le Duc a probablement trouvé ce qu’il cherchait et a probablement sa curiosité rassasiée, quelle efficacité !

    Il se félicite lui-même, avant de prendre une autre gorgée de cidre.


    Zeng Min
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    Yu-Seong D. Adda
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    Mar 15 Aoû - 1:34

     


    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    Dans le fin fond d’une ruelle presque oubliée, la discussion tendue entre les deux hommes se poursuivait. Ces deux bonhommes n’étaient pas si différents l’un de l’autre lorsqu’on y pensait : ils essayaient de protéger leur maître respectif, tout simplement. Mais qui entre Gobelin et Yu-Seong était le plus en danger ?

    « Je vois. Si ce ne sont que des informations que vous cherchez… Que voulez-vous savoir ? » demanda Lazur alors que Kirsten fronça de nouveau des sourcils. C’était bizarre ça. Il refusait l’argent ? Les mercenaires aux lanternes vertes sortaient du commun, mais était-ce si surprenant ? Leur chef était, après tout, un monstre.

    « C’est un secret, » rétorqua le blond avec sa bonne humeur habituelle – c’est-à-dire aucune. Il faut avouer qu’il n’était pas très coopératif. Peut-être que leurs négociations se dérouleraient mieux si Kirsten baissait un peu la garde, mais ce n’était pas son genre. Le rire soudain et un peu insultant du mercenaire suspect ne l’aida pas à se détendre. Pourtant, lorsque Lazur mentionna qu’il était impossible d’être discret autour de Gobelin, le soldat d’Adda ne put s’empêcher de lâcher un soupir.

    « J’avais cru comprendre, » grommela-t-il. La folle course poursuite pas du tout subtile en était bien la preuve. Ah, Kirsten espérait que son duc ne se soit pas fait dévorer par la créature … Oh, et Allam non plus. Le pauvre gamin. Imitant Lazur tel un félin en toisant un autre, Kirsten s’accota contre le mur opposé, bras croisés. Puis il resta silencieux un temps, sans le quitter des yeux. À vrai dire, il ne savait plus quoi faire. Allait-il rester là à fixer ce type louche pour le restant de la journée ? Ce ne serait pas très productif. Si ça se trouve, son seigneur et son compagnon avaient besoin de son aide présentement. Il ne pouvait pas rester inactif, mais il ne voulait pas non plus relâcher ce mercenaire dans la nature.

    Puis, Kirsten se rappela que le mercenaire en question avait assuré être capable de retrouver Gobelin. Mais il allait devoir parler davantage en échange. Bon sang … Avait-il vraiment le choix ?

    Il décida de briser son silence.

    « Mon maître… veut… connaître le nom… de l’un de vos employeurs, » lâcha-t-il enfin. C’était presque comme si les mots qui sortaient de sa bouche le faisaient physiquement souffrir, or la souffrance était plutôt morale : le blond avait l’impression de trahir son duc qui tenait tant à être discret. Un sentiment sûrement exagéré, mais Kirsten était très loyal et ne pouvait s’empêcher de se sentir un peu mal. « Peux-tu… Pouvez-vous me guider à Gobelin ? » Il voulut ajouter qu’il s’inquiétait pour son seigneur, mais se retint. De toute façon, cela devait se lire dans son visage qui avait légèrement pâli – comme s’il n’était pas assez pâle d’habitude.

    Allam, de son côté, était loin d’être blême comme son camarade. Néanmoins, il était terriblement nerveux. Comment ne pas l’être ?! Cette grande rousse avait failli lui détruire l’épaule ! Il savait déjà que si bagarre il y avait, il ne pourrait pas la battre. Aucune honte à avoir; ce n’était pas n’importe qui qui était capable de terrasser un ours. Par contre, Allam était certain de pouvoir battre facilement le plus jeune, celui qui était convaincu que le légume était un oignon. Quant au blond, ce serait un combat fort épique et intéressant ! Le soldat aimerait bien l’affronter à l’occasion, mais il devait se concentrer sur sa mission actuelle (et non pas sur son bras qui risquait de se détacher de son corps à tout moment à cause d’une certaine rouquine).

    Malgré un sourire stupide collé aux lèvres, Allam n’était pas du tout rassuré par les histoires des deux autres hommes. Ils présentaient Gobelin comme s’il était un démon modelé par Nergal en personne, puis ils parlaient de lui comme étant un chevalier suivant ses propres valeurs avant de conclure qu’il était plutôt un amuseur public. Évidemment, le jeune soldat était resté fixé sur le côté démoniaque de la bête; un être aussi moche ne pouvait pas être une création de la Déesse ! C’était tout simplement impossible !

    Allam fut pris au dépourvu lorsque l’ourse rousse lui demanda d’où il connaissait Gobelin. Heureusement, le pitch commercial du blond musclé lui laissa le temps de penser à une réponse logique. D’un air faussement gêné, le jeune homme se gratta la joue avec son doigt. « Comment dire … En fait, c’est l’un de mes amis qui me parle souvent de lui. Je n’ai jamais eu la chance d’assister à l’une de ses prestations en personne, mais !... Mais quand mon ami en parle, j’imagine un type vraiment trop drôle ! »

    Convaincu que son mensonge était convainquant, le soldat enhardi enchaîna avec énergie : « J’ai aussi entendu dire que Gobelin sauvait des enfants en les amenant à l’Ordre des Chevaliers ! » Sauver ? Ugh, Allam ne le pensait pas du tout, mais il ne pouvait pas montrer son dégoût; il allait finir comme le légume sinon. « Je trouve cela incroyable ! Est-ce qu’il a une sorte de mécène qui l’aide dans cette tâche ? Je veux dire, même les héros ont besoin d’argent pour faire des bonnes actions, non ? » Voilà, c’était dit, c’était demandé. Il espérait que son visage rayonnant – bien que toujours couvert par sa capuche – soit suffisant pour les faire parler. Néanmoins, Ludinael pouvait peut-être sentir sous sa puissante main à quel point le jeune homme était réellement tendu …

    Parlant de tension, il y en avait dans cette petite auberge d’inspiration impériale. À une table basse dans un coin tranquille. Entre deux hommes que nous connaissons bien. Mais cette tension, pour une fois, c’était surtout Gobelin qui semblait la sentir. Yu-Seong, lui, avait repris confiance. D’abord lorsque le mercenaire fut appâté par l’argent, puis lorsque celui-ci recula un peu en voyant le seigneur se rapprocher. Ce dernier devait d’ailleurs retenir un sourire quelque peu machiavélique. Cette créature était enfin tombée dans ses filets ! Elle avait compris qui était le maître ici et allait enfin cracher le morceau ! Le duc parvint à garder un air sérieux en observant le gobelin jouer avec le sac et monologuer.

    Puis, son envie de sourire disparut d’un seul coup lorsque le petit être se sépara de la bourse et lui posa quelques fâcheuses questions rhétoriques. À quoi jouait-il encore ? « Pourquoi payer ? » Pour ses services. « Achète-t-on la loyauté ? » Oui, cela va de soi. « Pourquoi payer ? » Pour son silence. « Que craint le Duc ? » La liste était trop longue. Gobelin se pencha à son tour, imitant le sérieux de l’Adda. Adda qui gardait le silence. Il ne voulait pas faire dévier la discussion. Il voulait que Gobelin réponde à ses deux questions et cesse les énigmes. Et malgré la laideur de la créature qui se trouvait désormais si proche de son propre visage, le bel homme ne bougea pas. Confiant et digne tel qui est d’habitude. Le gobelin l’avait certes pris au dépourvu tout à l’heure, mais le seigneur était enfin parvenu à passer outre sa panique.

    Néanmoins, une certaine lueur s’était ajoutée dans ses yeux toujours aussi incisifs. Était-ce de la colère contre Gobelin ? Peut-être un peu. Surtout envers son employeur. Que craint le duc, voulait-il savoir ? Que se passerait-il s’il parlait ? Ah, ne savait-il pas que tout le Conseil détestait l’Adda à présent ? Que ses membres devaient sûrement attendre l’occasion parfaite pour se débarrasser de lui et de ses idées opposées aux leurs ? Après tout, ce serait tellement plus simple si tout le monde au Conseil pensait de la même façon ! Ce serait tellement plus simple de supprimer le seul membre qui osait aller contre leurs idées stupides ! Pensaient-ils que Yu-Seong était aveugle ? Car ce n’était pas le cas; il voyait clair dans leur petit jeu et depuis le jour du vote concernant l’Ordre, il avait commencé à prendre des précautions. Ils pouvaient bien essayer de le tuer ! Il était prêt !

    En réalité, ses collègues ne le détestaient probablement pas. Le duc d’Adda était très certainement encore respecté par les autres dirigeants. En fait, c’était lui qui avait commencé à les haïr et non l’inverse. Yu-Seong était un homme intelligent, mais sa peur maladive avait tendance à déformer sa vision du monde, et voilà qu’il projetait ses propres ambitions tordues sur les membres du Conseil. C’étaient eux qui devraient craindre pour leur sécurité, pas Yu-Seong ! Mais comment pouvaient-ils se douter que derrière ses sourires, ses blagues et sa bonne humeur se cachait un paranoïaque prêt à les poignarder au premier geste suspect ?

    Mais nous ne sommes pas ici pour psychanalyser le duc, nous sommes ici pour écouter le récit du gobelin. Récit qui commença très mal par un : « Personne ne paye Gobelin pour cette mission qu’il s’est lui-même donné. » Une chance que le noble n’était pas en train de boire, car il aurait recraché sa gorgée ou se serait étouffée avec. À la place, il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche, bien qu’aucun son n’en sortît. Il la referma aussitôt avant de se redresser lentement. Tout aussi lentement, il se mit à caresser sa barbe d’un geste pensif. Quelque chose que Gobelin ne pouvait répliquer, car rien ne semblait pousser sur ses joues et son menton cadavériques. Ce qui était plutôt logique.

    Même si le reste de son visage trahissait un certain mécontentement, le dirigeant n’avait pas cessé d’écouter Gobelin pour autant, au contraire : il était plus attentif que jamais. Comme s’il cherchait une faille dans son histoire. Yu-Seong détourna même les yeux une courte seconde lorsque le mercenaire mentionna les enfants qui ne ressemblaient pas à ce que l’on voulait. Oh, il savait de quoi il parlait. Mais il avait déjà montré trop de faiblesse aujourd’hui, alors il força de nouveau son regard sur le visage moche devant lui. Et plus cette bouche hideuse s’ouvrait pour parler, plus les sourcils du duc se fronçaient. À ce stade, il n’essayait même plus de cacher sa colère grandissante. Pas une colère qui pousse un homme à renverser une table et à balancer des chaises; plutôt une colère froide et contenue. Le duc n’était, après tout, pas un homme violent physiquement. Beaucoup de nobles auraient déjà perdu toutes leurs dents sinon.

    Alors que Gobelin semblait satisfait par ses propres paroles, ce fut au tour du seigneur de fermer les yeux. Ses doigts suivaient toujours la forme de sa barbe parfaitement taillée tandis que son autre main s’était posée sur l’un de ses genoux. Gobelin tentait-il de l’attendrir en parlant de pauvres enfants malheureux et rejetés ? Mais il ne pouvait pas laisser son cœur de papa parler pour cette fois, surtout que de son point de vue, l’Ordre des Chevaliers était loin d’être le refuge parfait pour ces petits êtres innocents.

    Sans rouvrir les yeux, il répondit simplement : « Je ne vous crois pas. » Son ton n’était pas méchant, mais il était plus sec que prévu. Il se reprit plus doucement : « Je ne vous crois pas. » Peut-être que s’il le répétait suffisamment, il allait finir par y croire. Un peu dans le déni, oui.

    Si Gobelin mentait, alors son employeur avait dû le payer très cher. Assez pour que le mercenaire puisse se permettre de refuser les pièces du duc d’Adda. Aurait-il fallu deux bourses ? Trois bourses ? Peut-être voulait-il des terres ? Rendu là, ce serait plus simple de le torturer jusqu’à ce qu’il dévoile tout. Yu-Seong en serait capable. Le problème, c’était que la créature verte était dure à attraper. Et il ignorait quel genre de prison il fallait utiliser pour contenir un gobelin.

    Si Gobelin disait la vérité, alors c’était pire. Non seulement l’ennemi que le duc s’était imaginé n’existait pas, mais en plus, le mercenaire était incorruptible. Il n’avait aucune raison de refuser son argent, mais il l’avait fait. Il n’avait aucune raison pour "sauver" ces enfants, mais il le faisait. Il n’avait aucune raison… à part sa morale. Merde.

    … "Merde" ? Yu-Seong ne devrait-il pas être content que quelqu’un dans ce bas monde fasse preuve de droiture ? Sous-entendait-il qu’il préférait les êtres corrompus et corruptibles parce qu’ils étaient plus facilement manipulables ? En pensant ainsi, ne favorisait-il pas l’existence de tous ces nobles qu’il détestait tant ? Son cœur se serra en même temps que sa mâchoire. Bref moment de lucidité. Mais ce n’était pas le temps de se remettre en question. Ou plutôt, il n’avait pas envie de se remettre en question. Argh ! Maudit soit ce gobelin et ses paroles philosophiques !

    « Je ne vous crois pas, » répéta-t-il en ouvrant les yeux, car jamais deux sans trois. Reste concentré, Yu-Seong, tu ne fais rien de mal. Tu souhaites juste protéger les tiens de cet Ordre dangereux. Rien de plus naturel. Oh ! Peut-être Gobelin cachait-t-il la vérité parce qu’il s’était senti intimidé d’une façon ou d’une autre ? Peut-être fallait-il essayer d’être plus doux et gentil ! Voilà ! Il suffit de sourire, et tout va s’arranger !

    « Vous ne pouvez pas recueillir tous les malheureux orphelins qui croisent votre route; c’est tout bonnement impossible, » reprit-il d’un sourire qui se voulait à la fois amusé et compatissant. « Élever un enfant demande énormément de ressources – j’en sais quelque chose. Alors plusieurs en même temps ? Avec des maigres moyens de mercenaire ? Impossible. » L’Adda secoua la tête, presque sûr de lui. Il voulait se convaincre lui-même plus qu’il voulait convaincre son interlocuteur. « Quelqu’un doit forcément vous soutenir financièrement. Vous ne perdez rien à me le dire. Je vous promets que votre employeur n’en saura rien. » Parce que l’employeur en question allait possiblement mourir, hahaha.

    Avec sa main libre, le duc poussa de nouveau la bourse remplie de pièces vers le gobelin afin de l’encourager à s’ouvrir. Mais une petite voix continuait à résonner dans son esprit : et si Gobelin disait la vérité ? Même s’il était difficile d’imaginer cet être sauver des enfants à gauche et à droite par simple bonté de cœur. Il se rapprochait plus du monstre que les parents décrivent à leurs enfants afin de les pousser à se coucher tôt. Remarquez, Yu-Seong n’avait jamais raconté ces histoires débiles à ses enfants : hors de question de les traumatiser !

    « Et même si vous disiez la vérité … » Sa voix était plus basse, plus profonde. Il n’avait pas envie d’énoncer cette possibilité de vive voix, mais il le fallait. « Croyez-vous sincèrement rendre service à ces enfants ? Ne les mettez-vous pas en danger en les entraînant, ne serait-ce que temporairement, dans votre mode de vie précaire ? » Car tout le monde savait que la vie de mercenaire était remplie de sang, de violence et de danger. « Ne serait-ce pas plus prudent de les laisser dans le premier orphelinat ou village prêt à les accueillir ? De plus, ce n’est pas comme s’ils possédaient la maturité requise pour prendre une décision aussi importante que celle d’entrer au service de l’Ordre des Chevaliers. »

    Sa main lâcha enfin sa barbe afin de plutôt agripper sa chope qu’il avait quelque peu délaissée. Il prit une bonne gorgée tout en regardant calmement le gobelin, même s’il avait plutôt envie de le secouer jusqu’à ce qu’il crache le morceau. Comment comptait-il justifier ses mensonges ? Son mode de vie ? Allait-il enfin craquer et lui dire le nom de son employeur ? Ou n’y avait-il aucun mensonge dans ses explications ? Car si tel était le cas, alors c’était Gobelin le problème. C’était Gobelin qu’il allait devoir éliminer tôt ou tard afin de nuire à l’Ordre. Juste pour ça.

    On pouvait se demander qui était le vrai monstre entre les deux.
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    Yu-Seong D. Adda
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    Zeng Min
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    Lun 21 Aoû - 17:13
    Le silence se brise.

    Les lèvres hésitent, s’entrouvrent, balbutient. Le souffle s’interrompt, reprend, l’homme étouffe. Etranglé par sa loyauté, cette corde qui tire tous ses membres, le blond ne sait, s’il doit parler ou se taire. Jusqu’à ce qu’enfin, il fasse son choix. Les syllabes s’abattent, tranchent un bras, la douleur est réelle, bien qu’aucune plaie ne se voit.
    Et cette souffrance ne laisse pas Lazur indifférent.

    Son dos s’est dégagé du mur. Il s’est redressé, pour lui faire face cette fois. Ses yeux unis aux siens, n’ont jamais tant ressemblé à l’oasis. Car au fond de ses prunelles, s’est éveillée la compassion. Son bras, sur son côté, se redresse, son poing se ferme et s’appuie contre son propre cœur, dans un geste de respect, face au sacrifice que l’homme en face de lui, a été prêt à faire.

    _ Suivez moi.

    Lazur, d’un geste de cape, se détourne et s’éloigne. De deux pas, avant de se retourner pour adresser une œillade à Kristen.

    _ Restez à distance. Et ne vous amusez pas à me poignarder dans le dos. Je vais vous conduire à nos maîtres.

    Et l’homme reprend sa marche. L’allure est rapide. Lazur fend la foule : il n’a rien d’un squale, il est le courant. Avec douceur mais fermeté, sa main ou son épaule séparent les groupes, dévient les trajectoires, l’on s’écarte sur son passage, sans réellement le remarquer. Les yeux baissés, il avance sans plus se retourner – mais ralentit l’allure, lorsqu’il sent que Kirsten peine à le suivre.

    Les pensées comme les pavés défilent sous ses chausses de cuir. Un de leurs employeurs ? Ses paupières retombent, sur ses prunelles océanes. Que cherchent-ils à savoir ? Ah, tant que ce n’est pas eux que l’on accuse d’un crime ! Lazur n’est pas contre confier la responsabilité de ses actes à quelqu’un d’autre, une charge que Gobelin a assumé seul jusqu’à présent. Bien qu’il soit réfléchi, qu’il se permette bien des initiatives, Lazur n’apprécie guère les remords ou les regrets : la culpabilité, il veille à s’en débarrasser.

    Ses yeux reviennent parfois vers Kristen. Cet homme est loyal. Et fin d’esprit, assez pour comprendre qu’il fallait faire un choix. Des soldats compétents – et il n’est pas courant de croiser un garde intelligent. Cette pensée lui arrache un sourire, sous son voile, qu’il remonte par réflexe sur son nez (ce qu’il en reste).

    Les rues ne semblent plus si labyrinthiques, sous la guidance de la Lanterne. Bien qu’elles se fassent plus étroites et tortueuses, plus vides, Lazur glisse quelques pièces dans la main tendue d’un mendiant, qui sourit en levant un ruban vert. Ruban qu’il dissimule sous ses fesses au passage de Kirsten, offrant son autre paume en suppliant pour un peu d’argent.

    Ils arrivent par l’arrière de l’auberge, Lazur ouvre la porte, se faufile dans un couloir, s’arrête, lorsqu’ils entrent dans la pièce emplie de vie. Il se dégage d’un pas, permettant à Kirsten d’arriver à sa hauteur ; sans le regarder, il fixe la table, où le Duc et le Gobelin sont installés. Mais son bras se lève légèrement, quand Kirsten va pour s’avancer.

    _ Ils négocient.

    Son bras se dégage, pour laisser à l’homme la liberté d’intervenir s’il le désire. Le concernant, il croise les bras et surveille de loin l’échange. Sentinelle, il a tenu parole.

    ___________________________________

    Du côté d’Allam, Ludinael finit par le relâcher. Elle croise ses bras énormes sur sa poitrine, faisant grincer les plaques d’armure sur ses épaules. Tout sourire, elle frotte un peu son nez, du dos de ses doigts. La jeune femme semble assez coquette, car pendant que ses amis parlent, elle replace élégamment une mèche derrière son oreille et s’intéresse un instant aux bijoux étalés un peu plus loin… Jusqu’à surprendre le geste gêné du jeune homme.
    Bourrue mais bien intentionnée, elle appuie légèrement son épaule contre la sienne, le faisant avancer d’un pas.

    _ Hey, détends toi ! Ca te rend si nerveux de nous parler ? T’inquiète, on te mangera pas ! Assure-t-elle dans un sourire dévoilant ses dents et les fossettes qui creusent ses joues rondes.

    Les questions plus précises d’Allam font froncer les sourcils d’Uiko – mais Kador et Ludinael n’ont pas sa méfiance. Leur attention est, d’ailleurs, à peine attirée bien qu’ils échangent un regard surpris. Trois paires d’yeux se braquent sur Allam, deux surpris et une plus suspicieuse.

    _ Un mécène ? Demande Kador.

    _ C’est quelqu’un qui t’paye pour de l’art, me semble, lui répond Ludinael.

    _ Ah ! Un employeur en fait ?

    _ C’est ça, approuve la rousse.

    Alors que Kador entrouvre de nouveau les lèvres, un geste de la main d’Uiko le fait se taire. Uiko s’avance d’un pas. Assez proche d’Allam, ses yeux gris se faufilent sous la capuche pour tenter de voir son visage. Un de ses bras tient son sac, l’autre se repose sur sa hanche alors qu’il fronce le nez en redressant dignement la tête. Ca ne réduit pas pour autant leur différence de taille : Allam le dépasse d’une bonne tête.

    _ C’est ton ami qui dit ça ? Interroge Uiko, Oui, Gobelin recueille des orphelins. Mais il n’est payé par personne, pas pour ça en tous cas. A quoi ça te sert de savoir ça, hein ?

    Uiko s’approche d’un autre pas.

    _ Qu’est-ce que t’es ? Qui t’est ?

    Il lève un index accusateur et l’appuie contre le poitrail d’Allam, sans crainte. Ses sourcils écrasent ses yeux clairs, son nez comme son front sont plissés, alors que ses yeux s’embrasent.

    _ C’est Gobelin que tu critiques ? Ou nous ? Parce que oui, je fais partie de ces orphelins ! Tu crois qu’on m’a acheté ? Tu crois que je suis un esclave ? Que j’appartiens à quelqu’un ?!

    Ludinael cligne des yeux, prise par surprise, mais c’est Kador qui attrape Uiko par les épaules pour le reculer de force. Un sourire gêné éclairé les traits du blond guerrier, qui penche la tête sur le côté.

    _ Oups, veuillez l’excuser ! Sujet un peu sensible, on est passés par le Royaume du Pharaon et certains là bas ont cru qu’on était une bande d’esclaves, Uiko n’a pas vraiment apprécié…

    Uiko tente de se dégager, d’un coup de coude en plein ventre. L’assaut est reçu par Kador, qui serre les dents sans se départir de son sourire.

    _ Calme toi un peu…Il est juste curieux ! Tu sais, en tant que mercenaires, les gens s’interrogent toujours sur le bienfondé de nos actions ! Le raisonne Kador en le forçant à reculer d’un autre pas.

    Uiko rabaisse finalement les bras. Ses yeux fixent Allam encore quelques secondes, avant de se détourner.

    _ Il n’y a ni mécènes, ni héros.

    Crache Uiko.

    _ Juste des gens capables d’humanité et d’autres qui n’en ont rien à foutre. Gobelin est la seule personne… qui s’est bougée pour m’aider. Il m’a aidé, il m’a donné à manger, il m’a donné un toit, il m’a protégé. Et il m’a laissé le choix. De venir avec lui, d’aller ailleurs.

    Uiko serre les poings. La tension gagne ses épaules. Son souffle se fige dans sa cage thoracique, ça se voit, dans la tension de son larynx, de la grimace qui saisit ses traits – et malgré l’adolescence, l’on voit l’enfant. Au travers des larmes, qui menacent soudain de couler.  

    _ Personne ne l’a payé pour ça ! Il a fait ça… Il a fait ça parce que je le méritais ! Parce que j’avais droit, droit de vivre comme tout le monde, parce que ma vie, elle a de la valeur ! Personne ne l’a acheté, personne ne M’A ACHETE !

    Uiko a soudain crié.

    Ses poings se sont serrés, se sont levés pour s’abattre sur son propre torse.

    _ Alors ton ami, et à toutes ces rumeurs, tu leur diras que c’est de la merde ! Comme si nos vies, ça pouvait se payer, c’est dégueulasse ! Et comme si, pour faire une bonne action, fallait forcément être payé ! Monde de merde…

    Kador et Ludinael s’échangent un regard désolé. Ludinael s’approche d’un pas, puis doucement, entoure les épaules d’Uiko d’un bras réconfortant. Elle l’enveloppe, sous son aile protectrice, et Uiko s’apaise progressivement. Il frotte ses yeux, soupire en préférant observer l’étale, les bras croisés sur son torse.

    Kador sourit douloureusement : il dévisage Uiko, cherche son regard, mais voyant qu’Uiko refuse de l’observer, finit par tourner les prunelles vers Allam.

    _ Laissons le respirer, murmure-t-il. Il s’approche d’Allam et pose une main sur son épaule, pour le convier à marcher à ses côtés. Kador le relâche et réfugie ses mains dans ses poches, marchant sur quelques mètres, en laissant ses prunelles glisser le long des fruits et légumes.

    _ Désolé pour le petit. Il est jeune, et a le cœur à vif. On l’a rencontré dans une ville, pas très loin d’ici, c’était y’a… quelques années maintenant. On parle de l’esclavage au Royaume mais… dans beaucoup d’endroits, les gens ne sont pas forcément libres…

    Kador observe le ciel.

    _ Il était dans une petite bande, une bande de voleurs on croyait. Au final, c’était un groupe plus conséquent.

    Il ne sourit plus.

    _ C’était pas joli joli ce qu’ils faisaient. Ils exploitaient… pas mal de personnes. On a réussi à leur arracher Uiko. Et à causer assez de merdier pour en libérer d’autres.

    Ses yeux reviennent vers Allam. Un sourire revient faiblement étirer ses lèvres.

    _ Ca n’a pas été simple pour lui. Il essaye de se reconstruire. Et on essaye de l’aider. C’est pour ça qu’il est assez sensible sur toutes ces notions… d’acheter. Il a mis longtemps à croire qu’on l’avait aidé juste… parce qu’on ne pouvait pas l’abandonner dans ces conditions. Les Lanternes Vertes recueillent un peu tous les rebuts de la société.

    Kador hausse les épaules et joint les mains derrière sa tête.

    _ C’est Gobelin qui l’a fondé. Il est orphelin, lui aussi, et comme il n’a pas franchement été gâté par la nature, il a voulu… offrir un endroit un peu tranquille, où d’autres pourraient se réfugier. Uiko n’avait personne, il ne savait pas où aller, il a décidé de nous accompagner. Moi…

    Kador hésite. Ses yeux se détournent, mal à l’aise, il redresse les prunelles dans un rictus forcé.

    _ Longue, longue histoire. J’ai de la famille, encore mais…
     
    Kador rabaisse les bras, dans un lourd soupir.

    _ Mon père avait la main lourde. Il a… bref. Quand j’ai rencontré Gobelin, il neigeait, j’étais attaché dehors.

    Kador préfère prendre deux fruits, qu’il paye, avant d’en tendre un à Allam. Lui croque dans le sien, sans regarder son interlocuteur.

    _ Gobelin m’a libéré, il m’a réchauffé. Et il est allé foutre la pire trouille de sa vie à mon père : pour la première fois, je l’ai vu s’enfuir. Il a abandonné la maison, et tout ce qu’il y avait à l’intérieur. Une de mes sœurs y vit toujours, un de mes frères s’est installé à Babel, un autre tient une forge au Domaine de North Odin. Je te donnerai l’adresse, si t’as besoin d’une épée, il se débrouille bien. Mon père, plus de nouvelles.

    Kador retrouve un franc sourire.

    _ Enfin désolé, c’était pas joyeux d’aborder ce sujet. On préfère en rire, s’inventer des histoires, jouer aux monstres ! Ca fait rire les gens qu’on croise, ça nous change les idées, ça enlève… ça enlève un peu le poids de la honte et du reste, tu vois ?  Tu pourras rassurer ton ami, personne ne nous paye pour ce qu’on fait, on fait juste ce qui nous semble bien. Mais si t’as de l’argent pour aider à notre cause, moi, je dis pas non !

    Kador laisse échapper un rire.

    _ J’espère que… que t’en voudras pas au gamin…

    Glisse-t-il, lui adressant un regard inquiet.

    _ Tu sais, l’adolescence… Les hormones et le reste… enfin ça fait qu’il s’emballe un peu vite. Tu voudras venir voir notre spectacle ?

    ___________________________________

    La stupeur de l’homme n’échappe pas au regard prédateur du Gobelin.

    Les sourcils se froncent. Et sous les longs cils, le feu s’embrase. Leurs flammes lèchent ses prunelles, mais il ne dévie pas les yeux : leur clarté, se reflète au fin fond des pupilles obscures, où le feu se meurt, s’étouffe, noyé, d’obscurité. Ne luit, que lueurs fantomatiques, le dernier souffle d’une colère, qui ne l’atteint pas encore.

    Car il est ce funambule, cet être qui avance sur ce fil, sur la pointe de ses pieds, qu’il semble toujours prêt à basculer. Et lorsqu’il chute, ce n’est que pour se relever. Le monde tournoie, sans qu’il ne s’intéresse réellement à ce qu’il y a autour de lui, tout ce qu’il sait, c’est que ses pieds doivent rester sur cette corde.

    Folie facétieuse, il sait pourtant que son chemin est droit. Bien que le haut et le bas, s’inversent sans cesse : les monstres deviennent humains, alors que les plus humains, deviennent monstres à leur tour. Les genres se troublent, car il arrive qu’un chevalier, devienne demoiselle en détresse, qu’un Duc tout puissant, en vienne à endurer ses caprices, qu’un Gobelin venu de rien, soit soudain seul sur la scène du monde. C’en est grisant et s’il n’était pas si mort parfois, peut-être aurait-il été saisi d’un vertige.

    Face à l’énorme bourse en face de lui, aux questions qui s’assènent, Gobelin reste impassible, il a l’habitude d’être toujours en équilibre, de frôler l’abysse, de voltiger dans les ténèbres tout en sachant, que ses pieds retomberont toujours. Et si c’est sa tête qui fracasse le sol, qu’à cela ne tienne ! Il faut bien que ce nez anguleux serve à quelque chose – à amortir sa chute ou à se tenir sur sa pointe.

    Le ton sec s’abat comme un coup de bâton sur ses épaules osseuses, un couinement s’arrache de ses lèvres. S’agit-il d’un son plaintif ou ennuyé ? La tête appuyée contre ses doigts, les yeux de verre du Gobelin roulent dans ses paupières, jusqu’à se pointer vers le plafond de la pièce. Ses lèvres entrouvertes laissent échapper sa langue, qui pend lamentablement, ver blanchâtre, il se tortille parfois pour s’insérer dans les imperfections de ses lèvres malmenées.

    Les yeux ouverts du Duc peuvent contempler à loisir le tableau ridicule, d’un Gobelin qui a finalement glissé son index dans son nez : et qui semble s’étonner de pouvoir l’enfoncer jusqu’à sa deuxième jointure. L’extirpant de la cavité, Gobelin l’essuie machinalement contre sa cuisse. La langue malicieuse se réfugie entre les babines, la bouche se scelle, il ne reste qu’un masque neutre.

    Plus de sourires cette fois. Du coin de l’œil, il observe le sourire amusé et compatissant du Duc. Ses paupières se referment à demi, puis plus encore : il ne reste qu’un éclat, dans la pénombre des cils. Une lueur, qui se meurt petit à petit, lorsque les remarques s’assènent, lorsque la bourse, est poussée une fois de plus vers lui.

    Le temps s’est figé.

    Funambule, il a basculé.

    Quand le Duc saisit sa choppe et saisit une gorgée, face à lui, tout s’est immobilisé.

    L’être ne respire plus. Aucun mouvement, ne tord ses membres. Plus rien. Une mouche tournoie autour d’eux, se pose sur la main du Gobelin, inerte, sur le bois sombre. La mouche sort sa trompe, l’appuie à plusieurs reprises, contre la peau diaphane, tracte le dessin des veines, à la recherche d’un pouls, insuffisant pour la chasser.

    Le temps d’un clignement d’yeux, le Gobelin a redressé la tête.

    Ses mains se lèvent. Elles se glissent dans ses mèches huileuses. Délicatement, fermement, elles les guident vers l’arrière de son crâne. Les réunissent en un chignon qu’il referme à l’aide d’un ruban vert. Le visage dévoilé, découvre pommettes saillantes, nez aquilin, joues creusées. Sa nuque courbée se déplie, les vertèbres abandonnent les courbures hideuses, adoptent un port droit. Les mains se rabaissent, assis sur ses talons, elles reviennent se poser sur ses cuisses.

    Son expression a changé.

    Il n’y a plus de grimace.

    Les sourcils sont légèrement froncés. Ses prunelles sont plantées dans les siennes. Et ses yeux, ne sont plus ce qu’ils étaient. Il n’y a plus de flammes, il n’y a plus aucune lueur, c’est l’obscurité. Comme deux puits d’ombre, gravés dans sa chair. Et ses épaules, s’abaissent de quelques centimètres, d’un fardeau qui vient, de s’écraser sur son dos – qu’il porte, la tête haute et le port noble, laissant un très long silence, s’imposer.

    _ Ne me croyez pas.

    Plus de borborygmes, plus de rires, plus de sons étranges.

    _ Vous êtes venu en quête de réponses, réponses que je vous ai données. Je n’ai aucun intérêt, ni à vous convaincre, ni à vous mentir. Vous êtes en droit de douter de mes réponses, ou même, du bien que j’apporte à ces enfants. Vous êtes en droit de questionner mes choix, de me proposer d’autres alternatives, de juger mes actes. Mais il y a une chose que je n’accepterai pas.

    Sa main se lève et saisit la bourse. Ses longs doigts se referment sur les pièces, qu’il écrase dans sa paume avec fermeté.

    _ Une chose que vous n’avez pas le droit de dire ou même de penser.

    Ses yeux ne lâchent pas ceux du Duc.

    _ Vous n’avez pas à douter des décisions que prennent ces enfants. Ce n’est pas seulement une question de maturité : c’est une question de survie. Ils sont les personnes les plus aptes  à décider de ce qui est bon ou non pour eux.

    Le bras se déplie. La bourse, soulevée, retombe lourdement devant le Duc, toujours maintenue par l’homme en face de lui. Et ses yeux, s’ancrent toujours plus profondément dans les prunelles de l’homme en face de lui. Il n’a plus rien d’un monstre : cette fois, c’est un homme.

    Gobelin n’est plus : Zeng Min lui fait face.  

    Prêt à se battre, pour défendre l’un des droits, que tant de personnes tentent d’arracher.

    Le droit de vivre, le droit, de décider.

    _ C’est à vous que je m’adresse, Yu-Seong, Duc d’Adda. Si vous me pensez coupable d’endoctriner ces enfants, si vous me pensez capable de les manipuler ou de les utiliser, si vous pensez que je suis assez affreux pour priver ces êtres du droit de vivre et d’exister, j’accepterai un jugement et exigerai moi-même la peine de mort.

    Sa main repousse une dernière fois la bourse, jusqu’à ce qu’elle tombe sur les cuisses de l’homme en face de lui.

    _ Mais si vous êtes celui qui doute de leurs capacités à réfléchir, si vous êtes celui, qui menace leurs libertés et de leurs capacités à réfléchir, à décider pour eux-mêmes, je devrais m’opposer à vous.

    Ses mains reviennent sur ses cuisses.

    _ Connaissez-vous les orphelinats dont vous me parlez ? Avez-vous déjà vécu dans l’un d’eux ? Avez-vous déjà été orphelin d’un village ? Avez-vous déjà été hideux comme je le suis, difforme, rongé par la maladie, avez-vous déjà eu des parents prêts à vous vendre, des parents qui vous maltraitent, des personnes qui vous abusent ? Duc, des personnes vous ont-elles déjà fait du mal ?

    Zeng raffermit l’emprise de ses ongles sur le tissu de son vêtement.

    _ Savez-vous, Duc, ce que c’est de survivre dans un monde où vous n’avez aucun droit ? Ou votre simple existence est une gêne, une plaie pour les autres, où tant d’adultes ou de personnes puissantes, peut-être bien pensantes, pensent pouvoir décider pour VOUS de ce qui est bien ? Et à quel âge vous êtes vous rendu compte que ce que l’on vous infligeait, ne vous convenait pas ? Que ce qu’on vous faisait, n’était pas bien, n’était pas correct, n’était pas ce que vous vouliez ?

    Zeng sent le poids s’alourdir sur ses épaules, mais il ne plie pas. Combien d’enfants a-t-il entendu ? Combien de plaintes a-t-il reçu ? La violence psychique, psychologique, la violence physique, toutes ces cicatrices, que le temps ne suffit pas à guérir.

    _ A quel âge vous en êtes vous rendu compte et à quel âge, avez-vous eu le droit d’agir pour vous protéger, à quel âge avez-vous eu les moyens de vous préserver ? Certaines personnes… profitent et abusent de ces enfants, ils les exploitent. Et ces personnes, sont celles que j’affronte.

    Zeng referme les yeux.

    _ Je peux vous donner les noms et les lieux d’habitation de chaque enfant que j’ai recueilli. Si vous doutez de moi, interrogez-les. Je suis prêt à être jugé et condamné, si l’on considère que je leur ai nui, d’une quelconque manière. Je n’agis qu’en mon nom, je ne suis financé par personne. J’agis, non pas seulement pour mes valeurs, mais parce que la vie de ces enfants compte. Parce qu’ils ont le droit de vivre, d’exister et de décider : décider, s’ils veulent rester, s’ils veulent partir. Ils ont le droit, d’être protégés, d’être aimés, d’avoir un avenir, de changer d’avis, et ce, même si aucune famille ne leur en offre la possibilité.

    Zeng entrouvre les paupières.

    _ Je ne suis qu’un moyen pour ces enfants de retrouver un peu ce qu’on leur a pris. Ce sont eux, mes employeurs, et voulez-vous voir avec quoi ils me payent ?

    Zeng sort de sa poche, une lettre, un dessin gribouillé, un bonbon au miel englué, des cailloux colorés, ramassés sur les bords du chemin. Il les dévoile, au creux de sa paume.

    _ Gardez votre argent. Leur sourire et leur liberté, vaut bien plus que tout ce que vous pourrez me donner. Et tous ces trésors qu'ils m'ont offert, valent plus que vos terres.

    Un sourire déchire ses lèvres.

    _ Et si j’étais en recherche d’argent, croyez moi, ce n’est pas mercenaire que j’aurais fait !
    Zeng Min
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  • Empire Nuhoko
    Partenaire : Alvaro
    Niveau : LV 3 LANCE (TEC)
    Citation : "I'm not dead, I'm just ugly as hell"
    Inventaire :
    [Terminé] Tel est pris qui croyait prendre | Zeng | Terminé 12cePotion +10Pvs[Terminé] Tel est pris qui croyait prendre | Zeng | Terminé JuuyGâteau d'anniversaire : rend tous les pvs[Terminé] Tel est pris qui croyait prendre | Zeng | Terminé Cj2aAnti-gel : permet de soigner quelqu'un du statut gel[Terminé] Tel est pris qui croyait prendre | Zeng | Terminé Hg2y
    EXP : 96/300
    MVT : 4
    RES : 5
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    HP : 30
    Emploi / loisirs : Mercenaire (Chef des Lanternes Vertes)
    âge du perso : 37
    Magie ou Emblème : Magie de feu
    Localisation : Nuhoko
    Icone : [Terminé] Tel est pris qui croyait prendre | Zeng | Terminé E0f4e1baf560d43c06591491c2a70981
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    Yu-Seong D. Adda
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    Jeu 31 Aoû - 1:49

     


    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    Dire que Kirsten était soulagé serait un euphémisme. Lui qui se méfiait du mercenaire depuis le début, il sut dès l’instant où ce dernier planta son regard dans le sien et l’invita à le suivre… qu’il était digne de confiance. Cela se lisait dans ses yeux. Le soldat était dur et sérieux, mais pas complètement borné. Il était capable d’admettre ses erreurs et de changer sa façon de voir les choses … Même si ce n’était pas toujours facile. Ce n’était facile pour personne en fait !

    « Merci, » souffla-t-il avant de promettre : « Je ne vous trahirai pas. » Ce n’était pas son genre. L’homme à l’allure nordique emboîta le pas de celui voilé, prenant soin de garder une distance respectueuse entre eux. De toute façon, sa stature carrée l’empêchait de fendre la foule aussi facilement et rapidement que l’autre. Aussi, toutes ses pensées étaient tournées vers son seigneur. L’idée de tenter un coup bas ne lui aura jamais traversé l’esprit.

    Malgré son angoisse, Kirsten remarqua lui aussi le mendiant. Il aurait pu l’ignorer en se disant que Lazur venait tout juste de lui verser de l’argent, or son duc prenait toujours soin des pauvres sans-abris; évidemment que son fidèle garde allait faire de même ! Le blond plongea une main dans ses poches et se dépêcha de donner les quelques pièces trouvées au mendiant. Il ne voulait pas non plus perdre le mercenaire de vue ! Ce serait bête et ce serait indigne de lui. Allam en serait capable par contre.

    Bref, après une courte marche qui parût durer une éternité aux yeux de Kirsten, les deux hommes pénétrèrent dans une auberge isolée. Le soldat fronça les sourcils et un petit doute commença à se former dans son esprit; est-ce que le seigneur d’Adda viendrait vraiment ici ? Mais lorsqu’il reconnut la silhouette encapuchonnée de son maître au fond de la salle, un long soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres malgré lui. Que la Déesse soit louée, il était sain et sauf. Il était seul face au gobelin toutefois ...

    Lazur lui bloqua le passage sous prétexte que leurs deux maîtres négociaient. Pas longtemps puisqu’il abaissa aussitôt son bras. Kirsten ne bougea pas pour autant. À la place, il se positionna droit comme un piquet, tel un garde qui… monte la garde, quoi. Il faisait juste son travail. « Merci, » remercia-t-il une nouvelle fois le mercenaire sans toutefois le regarder, occupé à scruter la pièce et surtout son duc. Dommage qu’il ne pouvait pas entendre leur discussion d’ici … Tout ce que ses oreilles captaient, c’était le brouhaha des autres clients qui ne se doutaient pas une seule seconde que l’un de leurs dirigeants se trouvait à quelques mètres d’eux. C’était sûrement mieux ainsi.

    Notre jeune Allam, quant à lui, n’était pas près de retrouver ses compagnons. Cependant, sa méthode d’enquête était (étonnement) d’une efficacité sans pareil; il touchait au but ! « Oui, oui, un employeur, » les encouragea-t-il. Ça y est ! Ça y est ! Ça… Ah, non. L’adolescent, qui semblait être le plus malin en plus d’être le plus jeune, le défia. Comme un petit chiot qui jappait après un chien adulte, quoiqu’Allam ne devait pas être beaucoup plus vieux que lui. Sauf que le petit chiot, ce qu’il jappait, c’était… inattendu.

    Comment ça, Gobelin n’était payé par personne ?!

    Alors qu’Uiko continuait à l’accuser, le soldat se défendit : « Quoi ? Non, ce n’était pas ce que je sous-entendais ! » Pourquoi on parlait d’esclavage tout d’un coup ? L’adolescent croyait que le jeune adulte venait du Royaume ou quoi ? C’était à cause de sa peau foncée, c’est ça ?! Sachez qu’Allam était né à Babel et fier de l’être ! Non mais oh ! Heureusement, la lanterne musclée calma le jeu avant que cela se gâte. Ou du moins, il tenta de le calmer, car Uiko n’avait pas fini de parler. Et Allam n’avait pas fini de l’écouter. Et alors que l’adolescent parlait, parlait et parlait, alors qu’il défendait Gobelin et son propre droit à la vie … Allam sut qu’il avait merdé. Il avait l’impression d’avoir arraché de force les bandages d’une blessure qui était loin d’être guérie. Ce n’était pas pour mal faire; il avait juste voulu récolter les informations que son duc recherchait. Malheureusement, il n’avait pas pensé une seule seconde aux conséquences. Il s’était dit que ces types étaient juste des suppôts du monstre, que ce n’était pas grave de les faire marcher un peu. Sauf que ces types étaient humains comme lui. Et peut-être même que Gobelin aussi.

    « Je… » Le reste de sa phrase s’étouffa. Il ne savait pas quoi dire. De toute façon, Kador l’entraîna à part. Allam le suivit en fixant piteusement ses pieds, relevant de temps en temps son regard sur le blond lorsqu’il ouvrait la bouche pour raconter leur histoire. Le cœur d’Allam se serrait un peu plus à chaque mot. Sa gorge aussi était trop serrée pour le fruit que Kador avait eu l’amabilité de lui payer; il serait incapable d’avaler ne serait-ce qu’une bouchée. Il avait déjà assez de mal à avaler tout ce qu’on lui racontait présentement !

    Lorsque le blond conclut en lui parlant des hormones de l’adolescence – hormones qui faisaient des heures supplémentaires chez Allam – et de leur futur spectacle, Allam n’en pouvait plus. Il était peut-être capable de ruser, mais il n’était pas comme Yu-Seong. Il était incapable de se la jouer cool alors que des gens souffraient autour de lui. Alors il s’arrêta net, forçant son guide à s’arrêter à son tour. Les yeux toujours fixés sur ses bottes, il murmura : « Vous n’avez pas à avoir honte … »

    Il se redressa d’un seul coup. Heureusement, l’ombre de sa capuche cachait ses yeux qui commençaient à un peu trop s’humidifier. « Vous n’avez pas à avoir honte ! » répéta-t-il d’une voix beaucoup plus claire. « C’est moi qui ai honte ! » Allam prit une grande inspiration, le dos bien droit tel un soldat qui s’apprêtait à faire un rapport déplaisant à son supérieur. Il ne savait pas comment approcher la situation autrement. « Je suis désolé ! J’ai menti ! Je n’ai pas d’ami ! » Se rendant compte de l’absurdité de sa phrase, il se reprit rapidement en relevant les mains : « Je veux dire, si, j’ai tout plein d’amis ! Ce que je veux dire, c’est qu’il n’y en a aucun qui connaisse Gobelin … »

    Allam se ressaisit et retrouva une posture droite, fixant un point derrière Kador. « Votre ami avait raison de se méfier. J’ai pour mission d’amasser des informations sur Gobelin; c’est pourquoi je vous ai posé des questions bizarres. Mon maître s’inquiète de ses agissements … » Avant de se reprendre de nouveau afin d’éviter tout malentendu : « Et quand je dis "maître", je veux dire "seigneur" ! Je ne suis pas esclave ! » Sait-on jamais, avec tout ce qu’on venait de dire …

    Ses yeux bruns s’abaissèrent de nouveau, lentement, doucement. « Je n’ai pas autant de bagages que vous. Certes, ma famille était pauvre, mais nous étions heureux. J’ai toujours fait de mon mieux pour aider à la maison et mes petites sœurs m’adorent. » Pourquoi aucune autre femme ne voulait de lui alors ? Enfin bref. « Et malgré mes origines plus que modestes … Mon maître, il … Il m’a accepté tel que je suis. Il m’a donné une chance de le servir, il m’a jugé selon mes actions et non ma naissance ! » Le même feu qu’Uiko se mit à briller dans son regard, la flamme de celui qui cherche à protéger un être cher. « Il m’a même donné des trucs pour m’améliorer en lecture, car j’étais vraiment nul ! Si je suis doué aujourd’hui, c’est grâce à lui ! »

    Allam serra les poings et les dents afin de faire reculer les larmes passionnées qui risquaient de couler. « Ce que j’essaye de vous dire, c’est que mon maître est une personne bien qui se soucie de ses sujets ! Il ne pensait pas à mal lorsqu’il m’a demandé d’enquêter, alors s’il vous plaît, ne le détestez pas ! » Il secoua la tête. « Je… Je ne vous déteste pas non plus. Je sais que vous m’avez dit la vérité. Personne ne pourrait mentir sur de telles choses … » Enfin, il osa regarder Kador. « Je vais dire à mon maître que les Lanternes Vertes ne représentent aucun danger, alors s’il vous plaît, ne le détestez pas … Et, euh … »

    Le jeune homme se frotta l’arrière du crâne, gêné. Sa voix si forte se fit toute petite. « Du coup, à cause de mes obligations, je ne sais pas si je pourrais voir votre spectacle … Mais si vous n’êtes pas trop fâché, je prendrais bien l’adresse de votre frère … » Bah quoi ? Aucun guerrier ne cracherait sur une bonne épée ! Comment ça, ce n’était pas le moment ? C’est le mercenaire qui avait proposé je vous rappelle !

    Mais Allam n’était pas le seul à faire face à la triste réalité des Lanternes Vertes. Yu-Seong avait également la chance d’entendre leur histoire dans toute sa splendeur.

    D’ailleurs, l’être assis devant lui n’était plus Gobelin.

    Ce n’était pas tant parce qu’il s’était redressé et coiffé. Ce n’était même pas le ton employé. C’était son regard, son aura. Difficile de croire que c’était le même homme qui se curait le nez sans gêne quelques secondes plus tôt. Ce type était la définition même d’insaisissable et cela commençait sérieusement à agacer le duc qui ne savait plus comment s’y prendre avec cette créature. Fronçant les sourcils et déposant sa choppe, il n’avait d’autre choix que de l’écouter.

    « C’est à vous que je m’adresse, Yu-Seong, Duc d’Adda. » Le sérieux déforma davantage ses traits – comme si c’était encore possible. Il ne réagit même pas lorsque la bourse lui tomba dessus. Il était trop occupé à scruter les ténèbres dans les yeux de l’homme devant lui. Un aperçu de tous ses malheurs, un témoignage plus vif que n’importe quelle histoire. Et malgré les menaces à peine voilées et les questions accusatrices, Yu-Seong ne flanchait pas.

    En fait, si, quelque chose lui fit brièvement écarquiller les yeux.

    C’était la réalisation que Gobelin n’était pas un gobelin. C’était un humain.

    Un humain qui lui partageait, en quelque sorte, son passé douloureux et ses craintes. Ses rêves et ses cauchemars. Un humain qui, évidemment, connaissait davantage la réalité des orphelinats et des villages que le noble n’y ayant jamais mis les pieds. Un humain qui sous-entendait la présence de maltraitance à des endroits que le duc n’avait jamais soupçonné. Un humain qui soulevait des points intéressants, un humain passionné par sa mission, un humain… convaincu de la justesse de ses actions.

    En fait, "Gobelin" n’avait rien fait de mal. Cela le frappa.

    Il croyait sincèrement aider ces enfants. Le problème, c’était l’Ordre des Chevaliers qui était parvenu à faire croire à tous que son existence était une bonne chose. Que s’y engager était un bon choix. Ce n’était ni la faute du mercenaire qui les encourageait, ni celle des orphelins qui empruntaient cette voie. Dans sa haine, Yu-Seong s’était attardé aux détails au lieu de regarder le tableau dans son ensemble. N’avait-il pas justement dit à Allam qu’il était inutile de punir l’arme ? Le problème, c’était l’Ordre. Pas tous les gens que celui-ci avait embobinés.

    Hahaha … Quelle erreur de débutant. Sa seconde erreur était d’avoir considéré Gobelin comme étant un être mythique alors qu’il n’était qu’un homme. Le duc ignorait comment affronter les gobelins, d’où son actuelle situation précaire. Toutefois, il était un expert pour manipuler les humains. Et, surprise ! Gobelin était humain. C’était pourtant si évident, hahahahaha ! Gobelin n’aurait pu dû faire tomber son masque; ce moment de faiblesse le perdra !

    Du moins, c’était de la faiblesse du point de vue de Yu-Seong, alors que les paroles du mercenaire avaient quand même eu le mérite de chasser le brouillard de son cerveau et de lui faire réaliser plusieurs erreurs. Ce n’était pas de la faiblesse.

    Malheureusement (ou heureusement ?) pour le faux gobelin, maintenant que toute trace de peur s’était évaporée de son esprit, les épaules du duc s’affaissèrent. Comme si un lourd poids venait de tomber. N’importe qui aurait été insulté par la tirade de Gobelin ou se serait senti mal d’avoir abordé un sujet si sensible. Yu-Seong, lui, se sentait beaucoup mieux. Parce qu’il avait la maturité nécessaire pour comprendre toute l’importance, la profondeur et la sagesse de ces paroles. Ou parce qu’il était un peu taré et qu’il voyait encore cette discussion comme un intense jeu d’échecs. En fait, c’était les deux. Les bonnes et les mauvaises intentions s’entremêlaient souvent chez lui, et une fois encore, nous allons pouvoir le constater dans les secondes à venir.

    « Et si j’étais en recherche d’argent, croyez-moi, ce n’est pas mercenaire que j’aurais fait ! » Le personnage du gobelin était réapparu pour conclure cette émouvante tirade par une blague.



    « Évidemment, » admit simplement le duc d’une voix basse et d’un sourire presque imperceptible. Puis, ses épaules se secouèrent et un bref rire lui échappa. Ce n’était pas de Gobelin dont il se moquait; il riait de sa propre bêtise. « Je vois. Je comprends à présent. » Doucement, il glissa une main en-dessous de celle du héros afin de la soutenir. Avec son autre main, il referma les doigts du mercenaire afin de protéger les trésors au creux de sa paume. Gardant ses mains gantées contre celle osseuse de son interlocuteur, le sourire de Yu-Seong se fit plus sincère. Plus doux. Même son regard s’était adouci.

    « Je comprends que vous êtes un humain jouant au gobelin afin de vous protégez, vous et ces enfants. » Même s’il respectait désormais l’œuvre de cet homme, l’Adda se savait dans le pétrin. Jusqu’à maintenant, toutes ses tentatives pour soumettre ce supposé gobelin avaient lamentablement échoué. Ce corps sec était trop farouche et cet esprit vif était trop indépendant. Il ne pouvait pas quitter cette table sur cet échec; ce serait un coup dur pour sa réputation et son égo. Mais les paroles de Gobelin lui avaient offert de nouvelles pistes de raisonnement, et surtout une échappatoire. Après ces nombreuses minutes de pures souffrances psychologiques, l’esprit de Yu-Seong s’était enfin éclairci et il savait exactement quoi faire pour gagner. Quoi faire pour utiliser ce mercenaire et son histoire à son avantage.

    Le bel et grand homme commit donc l’impensable. Relâchant la main de la créature qui n’en était pas une finalement, il se releva. Puis, d’un geste assuré, dans cette salle bondée de monde, il retira sa capuche. « J’ai une annonce à faire. » Sa voix calme, ferme et puissante porta dans toute la pièce. Très certainement la même voix qu’il utilisait pour que tous l’entendent lors de ses discours. Il se tourna vers les clients surpris et curieux qui, peu à peu, se turent. Kirsten, lui, manqua de s’étrangler dans son coin. Quant à l’aubergiste, il espérait que cette annonce n’était pas pour se plaindre de sa boisson.

    « Moi, Yu-Seong Daeshim Adda, Duc d’Adda et membre du Conseil, ai été injuste avec cet homme que vous appelez Gobelin. Je tiens à m’excuser publiquement. »

    Clameurs. Nombreux furent ceux qui le reconnurent alors que les autres, s’ils ne l’avaient jamais vu, connaissaient au moins son nom. Du moins on l’espère. Il y avait peut-être des incultes dans la pièce, qui sait ? Mais cela faisait déjà cinq ans que Yu-Seong siégeait au Conseil, sans oublier qu’il avait fait parler de lui récemment à cause de toutes ces conneries autour de l’Ordre des Chevaliers. Par respect, le brave Kirsten décida d’imiter son seigneur et retira à son tour sa capuche, dévoilant ses cheveux blonds qui allaient de pair avec ses yeux bleus. Ceux-ci glissèrent vers Lazur, se demandant à quoi cet homme pouvait bien penser présentement. Lui, en tout cas, se sentait un peu confus. Qui aurait pu s’attendre à un tel revirement de situation ?

    Comme si ce n’était pas suffisant, le duc fit pire – ou mieux – encore. Il fit de nouveau face à Gobelin, l’air solennel. Peut-être était-ce parce que le petit mercenaire était assis et qu’il ne voulait pas donner l’impression de le regarder de haut. Peut-être était-ce le décor de cette auberge qui lui rappela ce geste traditionnel de l’Empire. Peu importe la raison qui le motiva, Yu-Seong se mit à genoux, puis se prosterna complètement devant cet être si laid et si bon, front contre le sol. Un silence stupéfait frappa la salle tout entière, la même qui était pourtant en effervescences deux secondes plus tôt.

    « Vous n’êtes coupable d’aucun crime; c’est plutôt moi qui suis en faute. Aveuglé par les préjugés et mes propres idées préconçues, j’ai douté de votre bonne foi et je vous ai blessé. J’en suis désolé. »

    Jamais Yu-Seong ne s’excuserait de la sorte devant un noble. Si la personne devant lui avait été un artistocrate prétentieux se croyant moralement supérieur, l’Adda l’aurait balayé du revers de la main en l’accusant de haute trahison pour avoir osé le menacer. Mais Gobelin n’était ni riche ni puissant. Gobelin était pauvre, Gobelin avait connu toutes les misères qu’il lui avait citées, Gobelin les avait vécus. Il savait de quoi il parlait et le duc ne pouvait l’ignorer. S’il y avait vraiment de ses sujets qui souffraient en silence sans recevoir aucune aide des dirigeants, il devait y remédier. Ce mercenaire aura au moins eu le mérite de lui pointer ce délicat problème.

    « Je n’ai vécu ni dans un orphelinat ni dans un village appauvri. J’ai eu la chance de grandir malheureux dans le confort. » Quelques longues mèches sombres glissèrent le long de ses tempes, cachant son visage déjà indéchiffrable. « Ma mère est morte de chagrin. Ma relation avec mon père a été strictement professionnel du début jusqu’à la fin. Mon frère… me détestait. »

    Duc, des personnes vous ont-elles déjà fait du mal ? lui avait demandé le Gobelin. Oui, lui répondait le duc à sa façon. Il est impossible de comparer la souffrance d’un enfant n’ayant jamais connu ses proches avec celle d’un enfant dont la famille est catastrophique. Pourtant, les deux existent bel et bien, aussi différentes soient-elles. Il n’y en pas une pire que l’autre.

    « Moi aussi, on m’a détesté à cause de mon apparence, » continua-t-il avec détermination, le visage toujours face au sol. « Non pas parce que j’étais hideux ou difforme, mais parce que je ressemblais à un bâtard. » Quelques murmures parcoururent la pièce alors que Kirsten était prêt à tuer d’un regard glacial quiconque oserait passer un commentaire désobligeant. Tous ces gens de la plèbe croyaient entendre d’inédites révélations de la part du puissant duc qui leur faisait l’honneur de leur ouvrir son cœur ! Mais Yu-Seong était malin : rien de ce qui leur disait actuellement était secret. Tout ce qu’il racontait était des faits connus des nobles de sa génération. Ces informations se perdaient chez les plus jeunes toutefois, et on ne parlera même pas des roturiers qui ignoraient presque tout des drames de la haute société. Néanmoins, on ne pouvait pas dire que cela lui faisait plaisir de se remémorer ces souvenirs à voix haute devant salle comble, alors il avait quand même fait un certain sacrifice en choisissant de leur en parler. Ou plutôt, d’en parler à Gobelin, car c’était à lui qu’il s’adressait réellement.

    « J’étais trop jeune lorsque je me suis rendu compte de l’absurdité de ma situation. » Jamais il n’oubliera le visage de sa mère lorsqu’il lui demanda pour la première fois, du haut de ses trois pommes, ce qu’était un bâtard. « J’étais trop vieux lorsque j’ai enfin pu me défendre. » Il avait fallu que son propre frère essaye de le tuer pour qu’il ose enfin confronter tous ceux qui l’avaient blessé par le passé. Plus de la vengeance que de la défense, mais c’était mérité.

    « C’est vous qui avez raison, Gobelin. Un enfant maltraité a besoin de liberté pour guérir. Je l’avais oublié. Je vous présente encore une fois mes excuses les plus sincères. » Yu-Seong se redressa enfin. Il alla chercher d’une main la bourse qui avait glissé lorsqu’il s’était levé plus tôt, puis la déposa pour la énième fois devant le mercenaire. Ô Déesse, faites en sorte que cette bourse ne bouge plus ! Il en avait marre de la voir se promener autour de cette table.

    « Prenez cet argent, mais elle n’est pas pour vous. Elle n’est pas pour acheter votre silence ou votre loyauté. Cet argent, je veux que vous la remettiez aux enfants dont vous vous occupez. Qu’ils achètent quelque chose qui leur plaira avec. » Un sourire quelque peu embarrassé se forma sur ses lèvres. « J'ignore si l’argent fait vraiment le bonheur, mais j’aimerais au moins que ces pièces les aident à trouver un peu de joie. » C’était tout ce que le duc pouvait faire pour eux à l’heure actuelle. À moins qu’il ait un autre tour dans son sac ? On dirait bien que oui, puisque son visage retrouva son sérieux.

    « J’ai une dernière requête, d’égal à égal. De père à père. » Ses sourcils se froncèrent. On y était. « Si vous tombez sur l’un de ces malheureux orphelins dans mon fief … Non, si vous tombez sur l’un d’eux n’importe où à Babel, je veux que vous me préveniez. Je veux entendre leur histoire. Je veux … » Un soupir. La colère remontait, mais cette fois-ci, c’était celle d’un parent qui ne pouvait s’empêcher d’imaginer ses propres enfants dans cette situation si terrible et si triste. C’était insoutenable. Malgré tout, il reprit la parole avec le même ton posé : « Je veux prendre les mesures nécessaires pour éviter que ces tragédies se reproduisent. S’il y a des orphelinats qui maltraitent les enfants alors qu’ils devraient les aider … S’il y a des citoyens qui abusent de leur famille en se croyant au-dessus de la loi … Je veux le savoir. Il est de mon devoir de le savoir et de les punir. »

    La plupart du temps, on pouvait difficilement deviner si Yu-Seong était sincère dans ses paroles ou s’il était en train de manipuler ses interlocuteurs. Dans ce cas précis, il n’y avait aucun doute possible : il voulait réellement aider ces enfants. D’ailleurs, s’il n’y avait pas été question de gamins, il ne se serait pas donné en spectacle de la sorte. Corde sensible, que voulez-vous ? « Puis-je compter sur votre coopération ? Ah, non, suis-je bête … C’est plutôt l’inverse, n’est-ce pas ? » remarqua-t-il en riant. « Acceptez-vous mon aide ? »

    Oui, ce grand membre du Conseil voulait sauver ces pauvres petits orphelins. On l’a déjà dit. Mais ce n’étaient pas ses seules intentions, évidemment.

    L’auberge était silencieuse. Tous les yeux étaient rivés sur cette petite table dans un coin. Les clients ignoraient ce qui s’était passé pour en arriver à ce point. Tout ce qu’ils savaient, tout ce qu’ils voyaient, c’était le bon duc qui faisait preuve de compassion et d’humilité face à leur gobelin préféré. Ils attendaient la réponse de ce dernier, le souffle coupé.

    Yu-Seong était passé de vilain de l’histoire à héros. Hahaha … Si Gobelin acceptait – et il n’avait plus vraiment le choix – alors ils allaient pouvoir le surveiller de plus près, car même si notre paranoïaque préféré comptait revoir sa stratégie concernant l’Ordre, le mercenaire vert n’était pas tiré d’affaire pour autant. Il était trop imprévisible, trop rebelle ! Il était prêt à affronter l’Adda si celui-ci osait aller contre ses idéaux ! Alors l’Adda en question comptait l’utiliser jusqu’à ce qu’il se montre trop dangereux. On ne peut pas capturer un gobelin, mais on peut manipuler un homme. Gobelin avait prouvé être un homme, alors il était manipulable. Et si le duc n’avait pas été un expert en la matière, il aurait déjà éclaté d’un rire machiavélique pour se féliciter de cette affaire rondement menée. À la place, il se contenta de fixer gentiment son interlocuteur, attendant sa réponse comme tout le monde.
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    Yu-Seong D. Adda
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    Jeu 31 Aoû - 14:48
    Lorsque le jeune homme s'arrête, surpris, Kador en fait de même.

    La posture droite l'interpelle et lorsque l'aveu franchit les lèvres de l'inconnu, les paupières de l'homme s'écarquillent. Hébété, il reste bouche bée. Pâle, ses pupilles s'élargissent alors que le fruit dans sa main, s'échappe et retombe. Dans un geste précipité, Kador le ramasse, l'essuie grossièrement contre sa manche, l'observe comme pour se reprendre - ou se demande peut-être s'il ne devrait pas se l'écraser sur la tête pour se punir de sa naïveté. Ses yeux reviennent vers Allam et il déglutit visiblement, se reculant d'un léger pas. Intimidé, Kador baisse la tête et ne sourit plus, l'on voit ses quelques neurones s'activer, derrière ses sourcils froncés. Ses lèvres se tordent, dans une grimace trahissant la douleur de l'effort - ou le fait qu'il supporte difficilement la pression.

    _ Oh la la…

    Laisse échapper l'homme, probablement embêté, il gratte l'arrière de son crâne mais trouve l'appétit de croquer dans son fruit, comme pour se redonner de l'énergie.

    _ … Qui est ton maître ? Demande Kador en machonnant, puis, voyant la panique du garde, l'empathie l'encourage à s'approcher d'un pas, puis d'un autre. De sa main libre, il a un mouvement évasif et finit même par tapoter l'épaule du jeune homme. Kador s'efforce d'afficher un sourire rassurant, malgré l'inquiétude qui l'a précédemment saisi.

    _ Hey, t'en fais pas ! Je comprends que t'avais une mission à faire et… Merci d'avoir dit la vérité. C'est le plus important. J’espère juste que j’ai pas fait de conneries…

    Ses yeux se détournent sous l’inquiétude, avant qu’il ne croise les bras sur son torse.

    _ Merci aussi de prendre notre défense auprès de ton Seigneur. Après hm… Il a le droit de se méfier, on reste des mercenaires. Mais si vous avez des questions, vous pouvez venir directement les poser, on fera au mieux pour répondre. Je sais que Gobelin… Gobelin, forcément, attire l'attention et il fait flipper, mais ça fait partie de son charme, dirons nous.

    Il pouffe en haussant ses épaules solides. L'homme s'est finalement repris. Il n'est pas vraiment du genre à se faire du souci, contrairement à Uiko ou Lazur ; bien que les difficultés rencontrées l'impactent, elles finissent toujours par glisser sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard. Advienne que pourra, il a fait ce qui lui semblait bien !

    _ T'as l'air d'être un bon gars. C'est bien que ton seigneur ait vu ton potentiel et qu'il te permette de l'exploiter ! C'est bien d'être vu pour sa vraie valeur hein ? Et d'avoir quelqu'un qui croit en nous !

    Le sourire de Kador s'élargit plus encore.

    _ Tu pourras dire à ton maître que tu nous as trouvés et que t'as eu les informations qu'il fallait ! On va sûrement rester quelques jours en ville donc si vous avez d'autres questions, n'hésitez pas à venir nous voir.

    Au rappel sur l'adresse de son frère, Kador hésite visiblement, cette fois, à donner l'information. Il craint de donner en pâture ce qu'il reste de sa fratrie, que l'on s'en serve, pour faire pression sur lui. Son visage s'assombrit, ses yeux se détournent.

    _ Si je te donne son adresse.. Inutile d'aller l'interroger, lui ne sait rien de ce que je fais. Et hm… tu as l'air d'être une personne d'honneur alors… Est-ce que tu me promets qu'aucun mal ne lui sera fait ? Qu'il ne sera pas mêlé à ces histoires ? Vraiment, il n'a rien à voir avec tout ça…

    Ce qu'il ne dit pas, Kador, c'est que s'il arrive quoi que ce soit à son frère, il se chargera lui-même de punir la personne responsable. Grave, il tend simplement la main pour sceller la promesse, il reste un guerrier qui se veut honorable.

    _ Je ne savais pas qu'un Noble pouvait être capable de bonté, c'est rare ! Sourit Kador de toutes ses dents, Ca a l'air d'être un bon parti !

    A croire que l'humour grivois du Gobelin teinte ses mots, à moins qu'il n'ait simplement pas eu l'éducation nécessaire pour posséder suffisamment de vocabulaire…

    _ Puis c'est bien qu'il veille à t'éduquer, y'en a pas beaucoup qui font ça non plus… Mael dit toujours qu'ils nous préfèrent stupides, reprend l'homme, comme si Allam pouvait savoir de qui il parlait, bavard, il jacasse, Tu viens de loin ? Et tu sais… hm… tous les bagages sont lourds à leur façon. Ne compare pas.

    Kador hausse les épaules sans se départir de son sourire.

    Lazur, de son côté, hoche simplement la tête aux remerciements du garde. Il s'approche du comptoir et fait mine de se désintéresser de la scène : mais du coin de l'oeil, il fixe non plus Gobelin mais Zeng Min. Les cheveux attachés, le port droit, il a ce visage que Lazur ne connaît que trop bien - et le bras droit est prêt à agir. Il doute qu'un combat ait lieu dans l'auberge, mais plus rien ne l'étonne vraiment de Gobelin et il se demande toujours ce qu'il serait prêt à faire pour défendre ses valeurs. Cracher au visage d'un Général de Guerre ou attaquer un Seigneur sur ses propres terres - quel imbécile.

    Il déteste son impétuosité, son imprévisibilité, tout le stress qu'il lui fait endurer, il déteste toutes ces idées farfelues, ses grimaces, ses bruits, ses rictus et ses doigts dans le nez, ronchonne Lazur dans ses pensées. Mais ses yeux reviennent plus franchement vers Gobelin et son coeur se serre, est-ce que tout va bien ? Qu'est ce que l'homme souhaite savoir, qu'est ce qu'il lui a dit, qu'est ce que Zeng Min défend ? Lazur ne parvient plus à se cacher, cette fois, il s'adosse au comptoir et ses yeux cherchent ceux du Gobelin. Un regard s'échange, rapide, il ne dure qu'une seconde, mais Lazur saisit qu'il ne doit pas intervenir.

    Le rire du Duc réveille la créature. Car le rictus s'étire sur les babines et les yeux se plissent avec malice, il sourit en voyant le visage s'éclairer en face de lui. Se moque-t-il ? Est-il seulement satisfait de voir que ces mots ont eu un impact ? Ou de voir que l'homme ne restait pas borné dans sa vision étriquée ? Peut-être tout cela à la fois. Sa posture redevient négligée ; d'une main, il libère ses cheveux noirs, une de ses jambes se redresse, il va pour retirer son autre main jusqu’à ce que le Duc la saisisse.

    Alors, un geste nerveux trahit la sincérité de ses mots : car sa main se referme et va pour se retirer avec cette vivacité bestiale. Les doigts gantés doivent délicatement le retenir, mais si le geste du Duc est trop ferme, agressif, la créature se dégagera. Dans ses yeux, un éclat sauvage et troublé, les babines dévoilent les dents car Gobelin connaît la cruauté humaine. Bien qu’il ait eu la chance de rencontrer bien des hommes bons, d’autres n’ont pas hésité à le battre tout cela, car il n’était pas beau, qu’il ne sentait pas bon, car il n’avait pas de vêtements pour se couvrir, de maisons ou s’abriter, de personnes pour le protéger.

    La main est osseuse, les ongles sont longs, sales, la peau est rêche, les doigts fermement serrés sur ses cadeaux, toute la tension, le Duc peut la sentir. Mais la douceur de sa voix et de ses mouvements l’invitent à relâcher ses muscles ; les yeux verts, vifs du Gobelin, sont plantés dans les siens.

    _ Je suis Gobelin, souffle seulement la créature, comme pour corriger les propos du Duc, bien qu’il retombe rapidement dans le silence, pour l’écouter.

    Gobelin, c’est ce qu’il est, c’est ce qu’on lui a dit pendant des années, il s’en est convaincu, il est créature, il est monstre, il est cauchemar. Un Gobelin hideux, qui empeste et qui effraie, ça n’étonne plus personne, mais un homme ?! Non, l’on ne l’a jamais vu humain et lui-même peine à croire qu’il l’est, lorsqu’il se voit. Affreux, affreux, de ses pieds sales jusqu’à ses cheveux huileux, de son pantalon crasseux à son long nez creux, il est, affreux, affreux, tout vilain, l’affreux Gobelin.

    S’approprier cette identité, c’est protéger son coeur malmené, car le ridicule ne tue pas, car rire de lui, l’aide à mieux endurer le mépris, le rejet, le dégoût, à mieux supporter, ce corps qu’il exècre, que donnerait-il pour être, beau ? Être un homme qu’on traiterait comme les autres, même mieux, qu’on aime, qu’on vante, qu’on charme, que donnerait il, pour plaire et réussir à se regarder sans grimacer ?

    Il sent son être défaillir, aux mots du Duc, à ce titre qu’il a tant rêvé d’avoir, “humain”, car la misère, la disgrâce, la laideur, font que l’on ne voit plus la personne, l’on crache sur l’être, on le rejette, monstre, pauvre, misérable, orphelin, toutes ces poussières, que les roues des plus grands écrasent.

    Mais une part en lui éteint l’espoir d’être réellement considéré - une constatation ennuyée, celle qui s’agit qu’une hypocrisie, d’un homme politique. Pourtant, il ne se dégage pas, il ne proteste pas, il veut profiter de ces quelques minutes où il se sent réellement considéré.

    C’est rare.

    Rare de voir un homme capable d’ouvrir les yeux, d’admettre ses erreurs et ses faiblesses, de voir un homme qui s’acharne à lui parler.

    D’un homme capable de s’excuser.

    Les yeux du Gobelin s’écarquillent. Sous la stupeur, ses bras retombent, décontenancé, il bat des paupières. Et au travers de ses mèches noires, au fond de ses pupilles, s’échappe un fantôme.

    L’enfant qui court, pieds nus, qui glisse et tombe dans la boue. Les autres qui l’entourent, les pierres qui tombent, ses mains se plaquent contre son crâne, il glapit et gémit, il ne se souvient plus vraiment, de combien ils étaient, de ce qu’il avait fait, il avait probablement volé, une poignée de riz ou un drap pour s’entourer, peut-être qu’il s’est faufilé dans les maisons, pour explorer, peut-être qu’il leur a volé leurs jouets, il ne sait plus mais tout ce dont il se souvient, c’était la peur dans son ventre, la peur des blessures qu’il ne pourrait pas soigner, la peur d’être jeté en dehors du village, la peur de devoir retourner dans les bois à manger les racines, de la nuit froide et des monstres dans le noir, la peur de mourir là, de mourir parce qu’il aurait trop mal, soudain, les enfants sont chassés, c’est une femme forte, aux bras puissants et au ventre rond, qui aboie, qui s’interpose, entre lui et les autres, c’est elle qui se penche et l’attrape, il se débat et crie, il couine comme un rat, jusqu’à sentir qu’elle le serre, très précieusement, très doucement, contre sa poitrine, sa main, ne frappe pas, sa main caresse. Plongée dans ses cheveux, elle caresse son crâne, son autre bras entoure délicatement son corps malingre, elle a plaqué sa tête contre la sienne et sa voix, est si douce à son oreille, tout va bien, tu ne risques rien, je suis désolée, je suis désolée qu’ils t’aient fait du mal. Se redressant, elle le recouvre de son châle, ce soir, elle lui donne à manger et un coin où dormir, et le lendemain, tenant sa main, elle va à la rencontre des enfants, excusez-vous ! Ordonne-t-elle, sa main libre posée sur sa hanche, et les enfants, penauds, balbutient, on est désolés, on est désolés, désolés. Alors cette femme, cette mère pour quelques heures, lui sourit et caresse ses cheveux, et Gobelin, se sent bien.

    La reviviscence est poignante, son coeur a tressauté.

    Et ses paupières, très lourdes, retombent sur ses yeux : ses prunelles vertes, égarées, se réfugient derrière ses paupières. Sa main, contenant les trésors, soutient la tête de la créature, une jambe négligemment relevée, l’autre étendue, un sourire s’étire sur ses lèvres. La voix du Duc, tonne et résonne comme l’orage un soir d’été : elle résonne dans sa cage thoracique si creuse, il la laisse emplir tout son être, ses mots, apaiser des blessures que le temps ne suffit pas à guérir, des plaies que seul l’Homme peut soigner, par bienveillance, bonté, patience, tolérance, par son humanité.

    Lazur, pris de court à son tour, écarquille les yeux ; décontenancé, ses yeux vont vers Kirsten, comme si l’homme avait réponse à lui donner. Mais le voyant aussi confus que lui, le regard de Lazur passe de la consternation puis la compassion ; il se contente d’un signe de tête, de droite à gauche et ses yeux se plissent avec amusement. Il ne dit rien, mais croise les bras, ne souhaitant pas interrompre le Duc, bien qu’il s’étonne des points communs qui l’unissent au blond à ses côtés et pas des moindres ! Un maître qu’ils ont accepté de servir et qui ne cesse de les surprendre.

    Et lorsque le Duc s’inclina si bas, Lazur retient un geste en avant, surpris. Gobelin, aux bruissements des vêtements, a entrouvert les paupières : ses yeux de verre, luisent dans l’interstice de ses longs cils. D’un geste de la main, il récupère son cure-dent et l’approche de ses lèvres, effleurant la pulpe inexistante de la pointe acérée, son visage est d’un sérieux glaçant. Car ces excuses, il les écoute, il les laisse s’imprégner dans sa chair et sa mémoire, car ces excuses sont celles qui le retiennent de devenir un esprit vengeur et destructeur, elles protègent ce que tant d’autres auraient pu détruire.

    Il est, impassible, une écoute qu’il a travaillée auprès des enfants et des plus grands, une écoute qu’il aurait aimé recevoir. Sans effusions d’émotions, sans moqueries, sans se laisser défaillir, il veille à laisser soin au Duc d’exprimer tout ce qu’il a à dire. Autour d’eux, la foule est stupéfaite, des rumeurs se murmurent, des regards s’écarquillent. Lazur se détache de Kirsten et se recule un peu plus vers le fond de la salle, comme si tous ces aveux étaient trop durs à écouter. Par pudeur ou respect, Lazur préfère se tenir éloigné, ses yeux tournés vers l’une des fenêtres.

    Un silence s’impose, après une telle annonce.


    _ Sage et humble, est l’homme capable d’admettre ses fautes, de demander pardon.


    Sa main s’appuie sur la table, et son long, maigre, corps s’étend. La tête dodeline, les longs cheveux, ruissellent et dévoilent le rictus qui étire ses lèvres ; grincement lugubre, ébranle sa cage thoracique, avant qu’il ne lève les mains vers le ciel.


    _ Un Duc s’agenouille face à un vulgaire et vilain Gobelin ! Va-t-on rire ?


    Ses yeux s’élèvent pour parcourir la foule, alors que Gobelin fait quelques pas, tourne autour du Duc, sa gorge produit claquètements et gémissements.

    _ Allez vous rire ? De l’homme qui oublie son titre, qui oublie sa chance, de l’homme qui avoue ses fautes, de l’homme qui demande pardon ? Allez vous rire ?! De l’homme qui vous offre son coeur en pâture, sa vie au sein de ces murs, son argent, dans cette jolie parure ?!

    Gobelin s’accroupit devant le Duc. Sa tête bascule, alors que ses yeux verts se glissent jusqu’à lui. Le regard, est glacé. Comme le rictus qui tord les lèvres fines. Les mains s’extirpent des manches et les longs doigts, se referment lentement sur la bourse qu’il garde longuement au sein des paumes.

    _ Gobelin va en rire.

    Murmure-t-il, sa voix jetant un froid dans l’auberge.

    _ Il va en rire ! Parce qu’aujourd’hui, les petits auront de quoi acheter de nouvelles chaussures, auront de quoi acheter des vêtements qui leur plaisent et non ceux que Gobelin coud, les petits pourront s’acheter, jouets et tout ce qui peut leur faire plaisir ! Il va en rire, parce qu’aujourd’hui, cet Homme a accepté que Gobelin soit…

    Sa voix se coupe, s’interrompt. Son sourire s’efface.

    _ Cet Homme a eu le courage, qui manque à tant d’autres. Celui d’admettre ses torts et de demander pardon. Cet Homme a eu la bonté d’offrir aux petits un peu d’argent, de quoi oublier, comme il est difficile de vivre, lorsque l’on n’a ni titre ni famille, lorsque l’on n’a pas même la décence, de naître comme l’on doit être, avec tous ses membres et toute sa tête, comme le prétendent tant de bien pensant.es. Aujourd’hui ! Gobelin et vous autres allez rire, car ce jour, est un des plus beaux qu’il ait connus, un jour où un Duc a fait preuve de bonté, de générosité, d’humilité ! Alors rions, rions pour ce que jour mémorable, pour toute cette joie, pour que cette rencontre, ne soit pas seulement cauchemardesque dans l’esprit de notre dirigeant bien aimé !

    Clame soudain Gobelin en levant la bourse au-dessus de sa tête.

    _ Fêtons la visite du Duc, fêtons qu’il soit là aujourd’hui, fêtons ! D’avoir un homme si bon pour diriger ! Que l’alcool coule à flots et dans sa bonté, le Duc paye la tournée ! Merci, Duc ! Merci Duc !

    Alors, des rires, des applaudissements, des sifflements et des acclamations retentissent de toutes parts. Gobelin rit à son tour. Il sautille d’un pied sur l’autre, puis glisse la bourse dans son dos, offre son autre main au Duc : courbant bien bas l’échine, offrant sa nuque, il déplie ses longs doigts pour les offrir comme soutien. Et si l’homme accepte son contact, il retient un instant sa main entre ses doigts.

    Ses yeux verts se plantent dans ceux bruns du Duc.

    Prunelles glacées, le regard est si froid, d’un froid qui ne concerne pas réellement Yu-Seong ; c’est la blessure d’une âme fendue. Pourtant, un sourire s’esquisse, sincère, il raffermit l’emprise de ses doigts.

    _ J’accepte vos excuses. Et je suis désolé pour ce que vous avez vécu.

    Ses yeux ne quittent plus les siens, et alors, son expression s’adoucit, bienveillant, Gobelin sourit.

    _ Je suis désolé, pour votre mère, pour votre père, pour ce que votre frère vous a fait endurer. Vous n’aviez pas à vivre ça. On n’avait pas à vous infliger ça. Vous ne l’avez pas mérité. Un enfant n’a pas à vivre, l’abandon, la haine et le mépris. Il n’a pas à payer l’addition de ce que les adultes ne parviennent pas à régler.

    Sa main relâche la sienne, alors qu’autour d’eux, l’alcool commence à couler. Gobelin récupère sa chope, avant qu’un autre ne la vide, ricane en voyant un bout de pain voler, la bourse finit dans sa poche. Ses yeux glissent vers le Duc, puis se tournent vers la fenêtre, il n’a pas répondu à sa dernière question.

    _ Dans mon groupe, actuellement, 3 orphelins viennent de terres de Babel. L’un, de votre fief.

    Ses yeux reviennent vers le Duc.

    _ Je peux arranger une entrevue, entre eux et vous, bien que Gobelin sera sûrement présent.

    Ses paupières se plissent.

    _ Vous avez compris que Gobelin tient à son indépendance ; aussi, l’alliance est pour l’instant, une proposition plaisante mais qu’il ne peut accepter.

    Ses lèvres dévoilent ses dents, dans un rictus.

    _ Cependant, si vous souhaitez donner aux enfants, les écouter, votre aide est bienvenue ! Mais ne les privez pas de leur liberté. Promettez moi, que vous les laisserez libres de me suivre s’ils le désirent, de venir avec vous s’ils en ont l’envie, promettez moi de les écouter et de toujours leur laisser le choix, de ne pas les influencer. Promettez moi, que vous nous laisserez notre liberté.

    Au fur et à mesure de ses mots, son expression redevient sérieuse.

    _ Ils sont jeunes, en manque de repères et Gobelin ne sait que trop bien, que nombre d’hommes voudraient se les approprier. Faire d’eux ! Fidèles serviteurs, combattants, enfants soldats, ou autres idées affreuses, bien plus vilaines que Gobelin lui-même…

    Il prend une gorgée de sa chope.

    _ Enfin… Gobelin a beaucoup apprécié. Cet instant. C’était un beau spectacle, digne des histoires que nous racontons les soirs. Je comprends que vous ayez aussi bonne réputation auprès du peuple… Et merci. Pour l’espoir que vous offrez. Pour l’argent, pour les enfants ; il leur servira, je vous le promets.

    Assure Zeng.

    Il se doute que l’homme a tout intérêt à défendre son image - et Gobelin n’a aucune raison de la souiller. Au contraire, il s’est amusé à donner sa petite touche, il sait comment attirer l’attention du public, à sa manière.

    Il ne s’attendait simplement pas à ce que Yu-Seong se mette ainsi en scène.

    Alors comme au théâtre, il a fait celui, qui hésitait, il a fait celui, qui allait défier le héros, il a été le vilain jusqu’à ce qu’une cabriole ne renverse la situation. Il sait qu’à présent, on rira de cette rencontre, qu’on parlera de la bonté du Duc, de son implication pour son peuple et de la facétie du Gobelin.

    Car si la réputation du Duc a tout intérêt à être positive, la sienne doit rester à l’équilibre : que l’on croie qu’il enlève les enfants la nuit, qu’il est un être cruel et imprévisible, qu’il est taquin et facétieux, qu’il faut se méfier, de sa malice.

    Et il faut dire que son discours, ses gestes, ont touché Gobelin, assez pour qu’il se surprenne à apprécier la compagnie du Duc et leurs échanges - à se dire que, peut-être, il l’aiderait, à sa manière.

    Gobelin ne sera peut-être pas allié - mais qui sait, ami ?
    Zeng Min
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    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    Si Kador avait envie d’éclater son fruit contre son propre front à cause de sa bêtise, Allam, pour les mêmes raisons, se retenait pour ne pas frapper sa tête contre le mur le plus proche. Évidemment que ses aveux pleins de fougue allaient rendre l’autre homme mal à l’aise ! Peut-être aurait-il mieux fait de partir en courant pour fuir son embarras, mais heureusement, le blond garda son calme et géra la situation comme un adulte. L’autre aussi était adulte, hein, mais il fallait encore qu’il mûrisse un peu !

    « Hum … » Malgré toutes ses excuses, Allam hésitait à dévoiler le nom de son maître. Ce n’était pas prévu, surtout que le duc avait insisté sur la confidentialité de cette mission. Évidemment, notre célibataire préféré ignorait que Yu-Seong avait déjà tout foutu en l’air lui-même. Face aux gestes et mots encourageants de Kador, le garde finit par marmonner : « C’est le meilleur duc du continent … » La réponse était peut-être évidente à ses yeux, mais ce n’était sûrement pas le cas pour le mercenaire. C’était mieux ainsi en fait.

    Trop embarrassé par son manque de professionnalisme, Allam se contentait de hocher la tête aux commentaires du blond solide. Oui, Gobelin est flippant, mais il n’irait pas jusqu’à dire que c’est charmant toutefois … Et oui, c’est super d’avoir quelqu’un qui croit en nous ! Bien qu’Allam n’oserait jamais l’avouer à voix haute, il considérait le duc d’Adda comme un second père. Manquerait plus qu’il l’appelle "Papa" par accident au lieu de "Monseigneur" … Ce serait terrible, il ne voulait même pas y penser !

    Concernant l’adresse du frère forgeron, le soldat ressentit de nouveau l’envie de s’éclater le crâne contre la pierre. Bien que la réaction de Kador ne soit pas vraiment une surprise … « Non, non, ça n’a aucun rapport avec l’enquête ! » le rassura-t-il prestement. « C’est une requête personnelle; j’aime beaucoup les épées. Je voudrais bien commencer une collection, mais je ne suis pas assez riche pour ça, haha … » Il serra avec force et vigueur la main que le mercenaire lui tendait. Pas pour lui écraser les doigts, mais pour lui prouver son sérieux. Sérieux qui fut remplacé en un clin d’œil par la confusion. Euh … Un bon parti ? Drôle de compliment, mais on allait le prendre.

    « Euh, j’imagine que oui puisqu’il est déjà marié. » Ça commençait à dater d’ailleurs … Cela faisait plus de vingt ans ! Allam n’était encore qu’un petit bébé à ce moment-là, ignorant qu’il allait servir les deux nouveaux mariés dans un futur lointain. Mais revenons au présent avec Kador qui, visiblement, avait retrouvé sa bonne humeur puisqu’il n’arrêtait pas de parler. Le jeune homme essayait de trouver le bon moment pour en placer une.

    « Je veux dire, je n’ai pas vraiment de quoi me plaindre contrairement à vous … Ma situation est plutôt bonne maintenant. Et je suis quand même né dans le fief d’Adda, le meilleur de tous !... Ah, merde. » Son sourire fier s’était figé en réalisant sa bêtise. Il venait de dévoiler l’identité de son seigneur comme un sale débutant ! Le pire, c’est que ce n’était sûrement pas dans les intentions de Kador de lui soutirer cette information en lui posant cette question précise. « Je crois que j’ai fait une connerie aussiiiii … » se lamenta-t-il en cachant son visage honteux derrière son fruit. Ils faisaient bien la paire, tiens !

    Bon, il n’y avait pas six milles solutions, hein ? Après deux ou trois autres longs soupirs plaintifs, Allam décida de retirer sa capuche d’un air piteux digne d’un chien ayant été abandonné sous la pluie. On pouvait enfin voir ses cheveux ras et noirs parfaitement agencés à sa peau sombre, sans compter ses yeux bruns qui pouvaient enfin briller au grand jour. Même si ses joues n’avaient plus les rondeurs de l’enfance, le reste de ses traits trahissaient sa jeunesse. Yu-Seong lui faisait confiance toutefois, alors ses capacités étaient sûrement exemplaires malgré son jeune âge.

    « Bon, ça suffit ! C’est l’heure de se ressaisir ! » Allam prit une grande inspiration et toussota dans son poing, question de se donner un air un minimum sophistiqué. « On a tous les deux un peu merdé, alors je propose qu’on reprenne de zéro. » Ce fut à son tour de tendre la main à son interlocuteur, un sourire charmant aux lèvres – même s'il faut croire que ce n’était pas encore assez charmant pour les demoiselles. « Vous pouvez m’appeler Allam. Je fais partie de la garde rapprochée du duc d’Adda, mais je patrouille aussi en ville. Je trouve que c’est une tâche gratifiante. Et vous, brave monsieur, qui êtes-vous ? » Il en profita pour croquer dans son fruit. Oh, miam ! Avoir su que c’était aussi délicieux, il aurait pris une bouchée bien avant ! Au moins, cela montrait qu’il avait retrouvé son appétit.

    Chez nos amis dans l’auberge, l’ambiance n’était pas aussi bonne enfant. La tension était palpable chez les clients qui avaient les yeux rivés sur le spectacle. Certains n’osaient pas avaler leur bouchée et avaient les joues gonflées tels des écureuils. D’autres gardaient la bouche grande ouverte. L’aubergiste versait de l’alcool dans une chope qui avait débordé sur le comptoir et le plancher. Kirsten, lui, fixait intensément le gobelin et était prêt à l’étrangler sur place s’il osait manquer de respect à son duc. Lazur s’était reculé, peut-être pour trouver un coin où il suffoquerait moins. Tout le monde était anxieux et mal à l’aise. Tout le monde… sauf les deux principaux concernés. Ironiquement, seuls les acteurs étaient calmes. Gobelin feignait l’indifférence totale alors que l’assurance de Yu-Seong était inébranlable.

    D’un calme olympien, le noble suivait du regard les mouvements du mercenaire. Sans jamais se départir de son sourire, il écoutait ses propos. Même lorsque ces derniers se faisaient inquiétants, même lorsque Gobelin planta son regard glacé dans le sien, Yu-Seong se contenta de hausser un sourcil amusé. Si le duc était aussi confiant, c’était parce qu’il était convaincu que l’autre allait se plier. Lui cracher dessus après un tel discours serait un suicide social; personne ne ferait ça ! Ce qui était une grave erreur de jugement de la part du seigneur; lui qui était sûr et certain que personne ne voudrait risquer leur réputation, il n’avait pas songé une seule seconde au fait que celle de Gobelin était justement basée sur les mauvaises actions. Heureusement, cette erreur ne fut pas fatale aujourd’hui, car le mercenaire décida de jouer le jeu.

    Ce fut donc avec l’impression d’avoir gagné cette confrontation que Yu-Seong éclata de rire avec toute la salle. Évidemment que c’était lui qui allait payer ! Ah, bande de petits profiteurs ! Bien sûr, cela ne le dérangeait pas vraiment; il était riche et heureux de faire plaisir à son peuple. Et ce n’était pas comme s’il avait à justifier ses dépenses à quiconque puisque la plus haute autorité, c’était lui.

    Mais entre les rires, le goût de la victoire et de l’alcool, son cœur se serra un peu. Il mentirait en disant que les paroles de Gobelin ne l’avaient pas touché. Il était habitué à se faire complimenter, mais la plupart du temps, ceuxi-ci étaient creux. Des nobles qui lui léchaient les bottes par peur des représailles. Cette fois-ci, les compliments étaient si… réels. Une petite voix raisonnable mais désagréable dans sa tête lui soufflait qu’il ne les méritait pas. Bonté ? Générosité ? Humilité ? Alors que tout ce que tu as fait, c’est de le manipuler ? Hypocrite, hypocrite, hypocrite !

    Pensée fugace qu’il chassa en empoignant la main gracieusement tendue devant lui. Il n’était pas comme les autres aristocrates; peu importe ses intentions, il avait quand même fait une bonne action, alors silence !

    Aidé par Gobelin, Yu-Seong se releva et constata une fois de plus à quel point la différence de taille était énorme. Il passa d’étonnement en étonnement lorsqu’il sentit que le mercenaire le retenait. Et qu’il était désolé pour lui. Le riche dévisagea le pauvre, songeant au fait que ce n’étaient jamais les coupables qui s’excusaient ainsi. Les bourreaux de sa jeunesse ne lui avaient jamais demandé pardon. Ceux encore en vie faisaient partie des nobles terrorisés qui l’évitaient. Quant aux autres, ils étaient sûrement en train de regretter leurs mauvaises actions en enfer. Finalement, le duc secoua la tête avant de lâcher un : « Je sais. » Une réponse concise. La réponse d’un homme qui avait déjà repris son destin en main depuis longtemps. La réponse d’un homme qui avait déjà obtenu sa vengeance. La réponse d’un homme qui n’avait pas envie de s’attarder sur le sujet. Franchement, même s’il s’était lui-même mis dans cette situation, Yu-Seong espérait que ceux dans l’auberge se saoulent suffisamment pour oublier tout ce qui avait été dit aujourd’hui.

    Alors que le reste des clients faisaient déjà la fête, nos deux protagonistes pouvaient continuer leur discussion en privé. L’œil du duc ne put s’empêcher de tiquer en apprenant que l’un des malheureux orphelins provenait de son fief. C’était désagréable de savoir que son ignorance était l’une des causes du problème … Reprenant sa chope, il écouta attentivement la réponse finale du gobelin. Ah … Évidemment, la créature humaine n’était pas si naïve. Elle ne voulait pas s’embarquer dans quelque chose qui risquait de mettre en péril sa liberté sur le long terme. Ce n’était pas catastrophique toutefois; le seigneur était plus que capable de se débrouiller avec ça.

    Au commentaire sur les fidèles enfants soldats, le noble se retint très très fort de lui demander pourquoi dans ce cas il livrait ces gamins à l’Ordre. Ce n’était vraiment pas le moment de jeter un froid et de balancer tous ses efforts par la fenêtre !

    Enfin, un rire lui échappa lorsque Gobelin le remercia. Il ne s’attendait pas à ce que le mercenaire soit aussi touché par ses mots et ses actions. « C’est plutôt à moi de vous remercier ! Je crois que j’avais besoin d’être ramené à la réalité, hahaha ! » Il prit à son tour une gorgée avant de continuer, incapable de contenir son sourire amusé. « Et ne vous inquiétez pas, j’ai bien compris que l’on ne pouvait pas vous forcer la main. Je ne peux que saluer votre intégrité, » ajouta-t-il en levant sa chope. Intégrité qui se faisait grave rare dans ce bas monde.

    « Quant à ces trois enfants, mon but n’est pas de les priver de leur liberté, je vous assure. J’ai juste besoin de leurs témoignages afin de pouvoir faire quoi que ce soit de concret contre leurs… tortionnaires. » Quel autre mot pouvait-il utiliser pour décrire ces enfoirés qui osaient maltraiter des enfants ? « Ce sera à une date qui vous conviendra, et évidemment, votre présence est la bienvenue. Moi-même j’aurais du mal à laisser seuls mes enfants dans une telle situation, » ajouta-t-il avant de rire à nouveau.

    C’est alors que Yu-Seong remarqua du coin de l’œil Kirsten qui était enfin parvenu à se faufiler jusqu’à lui. Cela faisait depuis l’annonce de la tournée générale que le pauvre soldat tentait d’atteindre son maître. Il avait dû bousculer quelques ivrognes, esquiver de la bouffe et même une chaise lancée, sauter par-dessus des tables que l’on déplaçait et essayer de voir où il allait sur les pointes des pieds. Bref, il y avait trop de monde dans cet établissement. « Kirsten, te voilà enfin ! » l’accueillit son duc en ouvrant grand les bras comme s’il allait lui donner un gros câlin. Mais ne voulant pas foutre la honte à ce brave guerrier, il décida de les rabaisser et se contenta de lui sourire joyeusement.

    « Comment as-tu fait pour me retrouver ? » lui demanda-t-il. Kirsten jeta un bref coup d’œil dans la direction de Lazur avant de répondre : « J’ai eu un bon guide. Allam manque toujours à l’appel cependant. » Les lèvres du seigneur d’Adda s’étirèrent davantage; un signe qu’il allait dire quelque chose de stupide. « J’espère que c’est parce qu’il s’est enfin trouvé une copine ! » Yu-Seong éclata de rire à sa propre blague alors qu’un mince sourire apparût enfin sur le visage du soldat. Tous les collègues d’Allam aimaient le taquiner à propos de son célibat. Le jour où le jeunot allait enfin tremper son biscuit, il risquait d’y avoir une fête monstre à la caserne …

    Reprenant son souffle, le duc lui fit un bref signe de la main, indiquant qu’il pouvait disposer. L’homme blond hocha la tête avant de reculer; pas trop loin afin de pouvoir intervenir si nécessaire, mais pas trop proche non plus afin de ne pas être un intrus dans la conversation. Malgré l’ambiance festive, Kirsten remplissait son rôle de garde. Ce n’était pas Yu-Seong qui allait s’en plaindre et de toute façon, même s’il lui donnait l’ordre de se détendre, il savait que Kirsten en serait incapable.

    « Pardonnez-moi, » s’excusa-t-il en reportant son attention sur Gobelin, « Je ne souhaitais pas vous ignorez. J’espère qu’Allam – mon second garde – nous retrouvera vite; il manque quelque chose ! » Il pointa la joyeuse salle avec sa chope. Ces roturiers étaient si heureux, et il avait simplement suffit de leur donner de l’alcool gratuitement. Si tout était aussi simple dans le monde, il n’y aurait pas de guerre. Et faut l’avouer, Yu-Seong commençait aussi à bien s’amuser. Cela avait pris du temps avant que cette journée prenne une tournure positive d’ailleurs.

    « Si toutes les nobles réceptions étaient ainsi, j’y participerais plus souvent, » avoua-t-il. « Je devrais vous inviter à la prochaine soirée mondaine, cela ferait plus d’action. » Évidemment, Yu-Seong n’était pas sérieux dans sa proposition, mais c’était une plaisanterie complice. Cela se voyait dans son sourire qui refusait de quitter ses lèvres et dans son regard qui avait enfin retrouvé une gaieté non feinte. Il n’osait pas encore trop se l’admettre, mais la compagnie de Gobelin n’était pas si mal… quand il ne le forçait pas à courir dans toute la ville ou à utiliser toutes ses techniques d’embobinage l’une à la suite de l’autre. Yu-Seong était trop curieux et intellectuel pour laisser passer une chance de discuter avec un être aussi singulier !
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    Le fief d’Adda ?

    Cette fois, les yeux de Kador se plissent, signe que l’information n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Il commence à se creuser la cervelle, mais tout ce qui lui vient à l’esprit, ce sont des contrats de chasse, une mission d’escorte, peut-être une ou deux de patrouille alors qu’un village, attendant l’arrivée de la Garde, requérait un instant leur présence… Face aux lamentations du jeune homme, Kador répondit par un sourire de compassion, venant tapoter l’épaule du jeune homme en hochant la tête.

    Voyant Allam se reprendre, il cligne des paupières. Pris de court, il saisit vigoureusement sa main dans un sourire chaleureux.

    _ Enchanté Allam ! Je me nomme Kador, mercenaire des Lanternes Vertes et euh. On passe ici pour faire le plein de vivres et peut-être un spectacle ! Vous pourrez venir nous voir si vous avez du temps.

    Kador pouffe et le relâche pour se reculer d’un pas en croisant les bras sur son torse.

    _ Je ne sais pas si vous avez des questions ou des achats à faire, mais je ne vais pas tarder à devoir y aller. Ca fait quelques minutes que je suis séparé de mes ami.es et ils risquent de s’inquiéter ! Vous voulez nous accompagner ?

    Du côté du Gobelin, le rire du Duc arracha un son de gorge à la créature, c’est comme un chat qui ronronne ou feule, ça gronde et ça gazouille derrière la mimique, d’un rictus aux yeux plissés. L’affirmation assurée du Duc suffit à conclure le sujet et Gobelin, une fois sa main libérée, termine sa choppe. Une fois vide, il la repose sur la table, s’étire et éructe, lâche un soupir soulagé et retombe en tailleurs. La souplesse étrange, de ses longs membres, les articulations se sont pliées sans une once de résistance, quand le Gobelin est retombé sur son fessier. Ses mains saisissent ses pieds, les ramènent et il se balance d’avant en arrière, tout en écoutant le Duc.

    Le sourire épanoui du Duc semble comme se refléter sur le visage du Gobelin, qui gazouille sans plus prononcer de mots. Ses yeux, cependant, ne se sont toujours pas éclairés : aucune lueur, aucun feu follet, ne se sont ravivés au sein des pupilles noires. Car si le duc a le bonheur d’une victoire, Gobelin, lui, a remis le nez dans tant d’histoires.

    Elles ne finissent pas toutes bien.

    Il a beau les rejouées, il a tant de fois, fait des efforts pour bouleverser le cours du monde, Gobelin ne reste qu’une poussière, à l’échelle du destin - et certains sont scellés. Si le Duc pense, à ce qu’il a réussi, Gobelin lui, se noie dans tout ce qu’il a échoué, tous ces enfants qu’il n’a pas sauvés.

    Le Duc n’avait pas tord, Gobelin sait qu’avec ses maigres moyens, il ne peut pas offrir aux enfants tout ce dont ils auraient besoin. Certains sont morts de maladie, d’autres, pis encore, se sont laissés mourir, refusant, eau, vivres et autres.

    Zeng Min ne les oublie pas. Leurs fantômes, inscrits dans sa chair, au fond de son être, et de leurs corps en putréfaction, émanent doutes, culpabilité, remords et regrets. Il se demande toujours, si ce qu’il fait est bien, s’il arrive à les aider, s’il peut réussir, à défier la réalité : qu’il ne pourra pas tous les sauver.
    Entendre que les souffrances n’épargnent personne est terrible, dans ce monde, il y a donc tant d’âmes à panser ? Préoccupé, Gobelin profite des retrouvailles entre le Duc et son guerrier pour cesser de s’agiter.

    Quand le Duc se retourne et accoste Gobelin, il n’y a plus traces de l’étrange énergumène. Il ne reste que la chope, vide, quelques pièces sur la table, de quoi payer sa consommation et celle du Duc. Il a dû fuir par la fenêtre ou se perdre dans la foule, la voix du Duc retombe, étouffée par les bruits de la foule. S’ils cherchent à l’extérieur, Lazur n’est plus là, l’on ne sait où est passé Gobelin.

    Allam est conduit plus ou moins directement jusqu’à l’auberge, par un Kador qui l’a accompagné ou qui lui a indiqué la direction à suivre, selon le souhait du jeune homme.

    Quelques jours passent, avant qu’un courrier ne parvienne aux mains du Duc.

    La lettre est rédigée avec élégance, l’encre est verte. Pour signature, le faciès grimaçant, d’une créature aux longues oreilles, aux cheveux noirs hirsutes et à la langue sortie.

    Courrier pour le Ducami.

    Achats réalisés au fief de Walsch
    5 nouvelles paires de chaussures, achetées à Tan’ Lecuir - 100 pièces
    3 côtes de boeuf - 50 pièces
    Jouets (2 poupées en tissu, 1 chien à roues, 1 draisienne, une cage à grillons, 1 canne à pêche, 2 doudous en laine et coton) - 100 pièces
    10 liasses de parchemin, 400 ml d’encre, 8 pinceaux en poils drus - 90 pièces

    Ci joints, les factures attestant des achats.

    Proposition de rencontre : dans 3 semaines, fief d’Adda, village de Almea, orée du bois, au pied du cerisier aux fleurs blanches.
    Les enfants seront là, ne venez pas arrêter le misérable petit Gobelin, ne les effrayez pas.

    Zeng Min
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    Yu-Seong D. Adda
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    Dim 17 Sep - 22:51

     


    Tel est pris qui croyait prendre


    Le duc et le gobelin


    Yu-Seong réalisa assez rapidement qu’il parlait dans le vide. Gobelin s’était volatilisé telle la créature insaisissable qu’il était censé représenter. Sans se presser, le duc s’approcha de la fenêtre et s’accota, nonchalant, sur le rebord afin de sonder l’extérieur. Aucune trace du curieux personnage. Eh bah. Bien plus paniqué que lui, Kirsten le rejoignit en s’excusant pour son manque de vigilance. Ah, pas de quoi en faire tout un plat ! La fuite du gobelin – ainsi que l’argent laissé sur la table – étaient la preuve que l’être tenait farouchement à son indépendance. Ou du moins, c’était la conclusion de l’Adda qui se contenta de vider sa chope. La balle était dans le camp du mercenaire; restait à voir ce qu’il allait faire avec.

    Le grand homme en aurait profité pour filer aussi s’il n’avait pas été obligé de rester pour payer l’addition de tous ces citoyens alcoolisés. Alors tant qu’à être là, il en profita pour discuter avec ceux encore aptes à avoir une discussion un minimum intelligente. Son soldat blond n’était jamais loin tel le fidèle chien de garde qu’il était.

    Au bout de plusieurs minutes, surprise ! Allam défonça presque la porte de l’auberge et lorsqu’il aperçut la tête de son seigneur (qui dépassait tout le monde en taille ici), il accourut le rejoindre, se jetant presque à ses pieds. Les excuses fusèrent avant même que Yu-Seong eut le temps de comprendre ce qui se passait … Tout ça pour qu’il éclate de rire devant la mine déconfite du jeune homme. Il allait pardonner ses bavures pour cette fois puisque tout était bien qui finissait bien. Néanmoins, le duc nota dans son esprit de ne plus utiliser Allam pour ce genre de mission. Certes, tuer des parfaits inconnus au nom de son seigneur ne dérangeait guère le jeunot; un digne guerrier au service de la famille Adda. Cependant, s’il s’attachait à de futures cibles potentielles, c’était plus problématique. Allam avait bon cœur … Et parfois, cela nuisait à son duc beaucoup moins scrupuleux que lui.

    Après ce qui sembla durer une éternité, le trio put enfin quitter les lieux sans avoir l’air impoli. Pendant tout ce temps et même après, Allam racontait à ses compagnons comment il était tombé sur les mercenaires des Lanternes Vertes et à quel point il aurait bien aimé que le duc soit là afin de les éclairer une bonne fois pour toute sur la nature exacte du mystérieux légume. Il parla ensuite de Kador et de sa gentillesse; après tout, c’était lui qui avait indiqué au jeune homme le chemin à suivre pour atteindre l’auberge. Si toutes ces histoires ne semblaient guère intéresser Kirsten, Yu-Seong, lui, les écoutait avec le sourire patient typique des parents forcés d’écouter les aventures de leurs progénitures. En fait, le seigneur prenait surtout des notes mentales. Toute information concernant ce groupe de mercenaires était bonne à prendre.

    Puisque leur présence sur ces terres n’était plus du tout secrète, Yu-Seong n’avait pas vraiment le choix; il devait au moins rendre une petite visite de courtoisie au duc de Walsch. Kirsten l’accompagna alors qu’Allam eut la permission d’assister au spectacle nocturne des Lanternes Vertes. Il ne lui donna pas l’ordre de récolter des infos croustillantes, mais l’Adda espérait malgré tout que le jeune homme ne revienne pas les mains vides … Et il espérait surtout qu’il allait revenir en un seul morceau, mais bon.

    Le lendemain, les trois hommes s’attardèrent encore quelques heures dans les rues, car le duc tenait à trouver un beau tissu pour sa femme. Hors de question de retourner chez lui les mains vides ! Évidemment, les deux guerriers n’y connaissaient rien à la mode et n’étaient pas d’une grande aide, d’où leur lenteur pour trouver un cadeau digne de la duchesse.

    Enfin, Yu-Seong put rejoindre son fief sain et sauf.

    Quelques jours après cette (més)aventure, alors qu’il était seul dans son bureau comme d’habitude, un serviteur lui remit une lettre. Signée par Gobelin de toute évidence. Et soigneusement rédigée. Le duc connaissait des nobles qui n’écrivaient pas aussi bien, ce qui lui arracha un sourire. Le titre « Ducami » l’amusa également. Sourire qui devint ambigu lorsqu’il analysa les factures. Gobelin n’était pas idiot; avec cette preuve, il se protégeait contre des potentielles accusations. D’un côté, Yu-Seong était ravi que l’argent ait servi aux enfants. De l’autre, cela l’agaçait que le mercenaire protège aussi bien ses arrières. S’il avait été né dans la bonne famille et avec un meilleur visage, ce dernier aurait fait un excellent politicien… et un adversaire de taille pour le duc d’Adda.

    Silencieux entre ces quatre murs couverts de livres, il s’enfonça dans sa riche chaise, contemplatif.

    Il allait devoir se préparer à cette rencontre.
    KoalaVolant
    Yu-Seong D. Adda
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