il est assis
à l’écart, en retrait des autres, lui qui pourtant ne jure que par la chaleur des rires d’autrui. idrees est social, par nature, s’efforce pourtant de jouer les gros durs, farouche, de ceux que rien ne parvient à atteindre
parce qu’il sait
idrees
bientôt, ces voyageurs, il les quittera, chemins croisés, destinées divergentes car jamais jamais
idrees ne reste bien longtemps
au même endroit avec
les mêmes personnes.
idrees aime à n’en plus finir, refuse pourtant de s’attacher plus qu’il ne le faudra,
il est nomade, oiseau qui se laisse porter par le vent et les années d’errance s’accumulent à force, sans qu’il ne mette jamais un pied à terre quelque part avec l’intention d’y rester.

il rejoindra peut-être un groupe de mercenaires, la prochaine fois. ce serait bien, de voyager, mettre son épée au service de quelqu’un (et sa vie en danger probablement) pour une poignée d’écu seulement
idrees ne demande rien de plus, trop simple pour quémander quelque chose de plus, il a des désirs de liberté, mais de l’ambition?
ah ça non
il ne sait même pas ce que ce mot veut dire en toute honnêteté.

mais il y avait cette femme, qui tout comme lui, les avait rejoint en cours de route, peu après sa propre entrée dans le petit groupe.
elle était fort jolie, les yeux émeraude, et bien qu’elle ne semblait pas porter de bijoux, elle avait de beaux habits, dégageait cette aura digne et fière qu’ont les nobles ou du moins ceux qui n’ont pas les poches trouées tel les pouilleux dans son genre.
à plusieurs reprises, son regard a divagué jusqu’à s’accrocher à sa silhouette. et chaque fois que leurs yeux se sont liés ensemble, il s’est détourné, soudain gêné, ne voudrait pas finir ensorcelé encore une fois sous le charme d’un joli minois ah non pas encore pas cette fois.

et pourtant quand ce soir, elle lui adresse la parole, il ne peut l’éviter davantage, s’avance soudain, étonné, le pas hésitant,
presque timide.

« ah. euh. ouais. »

sa main aux doigts incomplets s’égarent dans ses mèches.
il reste un instant debout, incertain, avant de finalement s’installer à ses côtés, les yeux allant se perdre sur les pages, les mots qu’il ne comprend pas.
en vérité, il ne sait pas lire. mais la jeune femme a l’air si intelligente et noble. s’il le lui disait, l’enverrait-elle paître ailleurs, en découvrant qu’il ne pourrait suivre la cadence, lui et son intelligence inexistante?