Tes yeux carmins se posèrent sur la bâtisse qui se dessinait peu à peu. Par Zorya, il faisait si froid. Te voilà emmitouflée dans ton manteau de fourrure dans une calèche. Au moins tu es coupé du vent, tu n'osais même pas imaginer l'état des deux chevaux et du conducteur à l'avant. Ou bien était-ce toi qui n'a jamais été habituée à ces températures ? Après tout, c'est la première fois que tu te rends aussi loin. Oh Svea, tu es bien loin de ton foyer, de Babel.
Tu aurais dû te vêtir plus chaudement encore, tu as fait comme on t'a conseillé: prendre de bons vêtements qui sauraient faire rempart contre ta peau délicate. Mais ce ne sont pas les vêtements que l'on trouvent facilement à Babel étant donné que les températures divergent.

Tu rêves déjà d'un bain chaud mais tu n'es pas sûre qu'il y a cela là où tu va. Tu as pris quelques jours de congés en conséquence de ton long voyage. Tu prévoyais de le faire depuis longtemps, seulement tu n'en trouvas pas le temps.
Depuis que tu as été nommée Commandante, il semble plus simple d'avoir du temps pour soi. Cependant, être capitaine ne semble pas être la même. Arianrhod croule souvent sous le travail qu'elle fait si bien. Peut-être que chacun gère son temps comme il l'entend. Avoir des responsabilités ne devrait pas nous priver des choses que l'on aime à côté.
Te voilà en train de rêvasser à quelques mètres de ta zone d'arrivée.
L'orphelinat.
Tu eus vent que l'ancien propriétaire des lieux était décédés mais que l'organisation a pu être reprise. Heureusement.

"L'institut des Lilas".


Ton "véhicule" s'arrête, et voilà.
On t'ouvre la porte et tu sors ta jolie tête pour regarder aux alentours. Tu descends et retiens un frisson quand ton pied touche le sol. Pourtant, le vent semblait s'être calmé.
Non, la disposition du grand bâtiment faisait que le vent ne pouvait pas s'y engouffrer, ingénieux.
Tu avais au moins pris soin d'envoyer une missive pour avertir de ton arrivée. D'ailleurs, tu n'étais pas venue les mains vides. Le conducteur de la calèche sort deux sacs, les tiens. Tu lui donnes les écus pour la course sans vraiment le regarder, happée par la vision que t'offrait ces murs.
Pause, instant de réflexion.
Tu n'avais pas encore rencontré les tristes habitants des lieux que ta gorge se noue.
Tu n'es pas orpheline puisque tu as ta mère et ton frère. Tu es juste ... une sans-papa. Tu fronces les sourcils pour te donner de la contenance et ainsi ne pas céder à cette vile émotion.

Tu jettes un œil à tes sacs dont l'un d'eux contenant des présents. Tu as jours envoyé les dons via d'autres personnes de confiance, t'assurant ainsi de bon déroulé de la livraison. Il aurait été fort odieux de ne jamais te déplacer. Personne ne sait que tu es là. Non pas que tu as honte, mais tu ne souhaite pas tomber dans l'image de la noble qui secourt les pauvres. La discrétion est une forme de respect selon toi.
Bon, et si l'on commençait pas rencontrer celui qui est à la tête de cet institut ?
Ton nez était déjà rougit par le froid et, ce qui devait arriver arriva, tu éternues.