Belle inconnue...

Mon pas a naturellement suivi le vôtre, bien que dans la discrétion le plus totale, vous ne fûtes pas des plus simples à retrouver. J’ai aperçu sur vos lèvres un sourire des plus charmants, alors que vos yeux ont admiré la salle qui vous admirait. Nous avions tous les yeux rivés sur vous, mais peut-être étais-je le seul à me sentir même incapable de cligner du regard.

La musique a commencé, mais ce n’est pas elle qui m’a fait vibrer. Vos pas légers ont fait frémir le sol, alors que vos bras se sont dressés vers le ciel, jusqu’à ce que d’un élan gracieux, vous vous envoliez. Sans un bruit, vous vous êtes déposés avec la grâce d’un flocon de neige, ne vous dit on pas originaire, de ces terres lointaines ? Mais déjà, l’inclinaison de votre buste m’a entraîné, des nuages, j’ai fini par n’être que poussières, quand sur la pointe des pieds, vous vous êtes une nouvelle fois dressée.

Haute, immense, telle la Déesse, aux pupilles délicatement baissées vers le public qui vous admirait, douceur distante, jusqu’à un dernier salut, j’ai alors réalisé que mon souffle m’avait manqué, l’air, vous l’aviez emmené. J’étais sans voix, sidéré, et depuis ce soir, je pense encore à vous, je rêve de vous voir une nouvelle fois vous élancer.

Je rêve de vous avoir pour modèle, bien que je regrette qu’il soit si dur de retranscrire le mouvement au travers de mes œuvres, peut-être devrais-je changer de support ? Mais je ne connais pas de matières assez nobles pour vous représenter, utiliser de la terre, de l’argile, du marbre, de la pierre, n’est-ce point une offense pour votre légèreté ? Non, je resterais à cet art qui est le mien et qui, j’espère, vous correspondra.

Ouvrez grand les yeux, et peut-être un jour, vous verrez vous au travers d’une de mes œuvres,

Votre admirateur