Vive-FlècheTu ne m’as probablement pas remarqué, lorsque tu es venue récupérer ta récompense.

Et peut-être est-ce pour le mieux.

Lorsque je t’ai vue, tu m’as rappelé la femme qui m’a si longtemps accompagnée. Par ton pas léger, ta discrétion, ton efficacité. La finesse de tes traits, la froideur apparente de ton regard. Aucune émotion ne venait troubler ton visage. Telle la surface limpide, d’un lac issu des glaces, qu’aucun galet ne parviendra à rompre la sérénité : aucun trouble, ne semblait te perturber.

Tu t’es assise sans me remarquer, tu as pris une gorgée de ta choppe, tu as pris le temps de manger. Je t’ai approché pour échanger quelques nouvelles, tu m’as répondu, laconique, cordiale, jusqu’à esquisser un sourire, quand nous avons parlé de ces paysages que tu avais apprécié. J’aimerai qu’un jour, tu puisses me faire part de tes voyages.

Cet échange n’a probablement été rien, pour toi, mais a été très fort pour moi. A t’écouter, j’ai retrouvé cette liberté que j’ai depuis longtemps perdue. Maintenant que l’âge m’a rattrapé, que les vieilles blessures ont finalement vaincu ma volonté, je n’ai plus la force de parcourir le monde, et sans elle à mes côtés, je ne sais plus si j’ai vraiment envie de continuer. A qui pourrais-je partager, ce que je vis ?

Tu es seule, tu m’as dit préférer l’indépendance, j’ignore si tu as peur de t’attacher, s’il y a d’autres raisons à cette volonté, mais je prie pour que tu t’épanouisses sur cette voie. Et qu’un jour, si tu en ressens le besoin ou le désir, tu trouves une épaule sur laquelle parfois, te reposer.

Je te remercie d’avoir discuté avec moi,


Un vieillard nostalgique