Caspian était un enfant déjà si talentueux et qui happait le moindre détail de la royauté. Il était né pour régner et était la fierté de ses parents. Il avait été modelé comme le désirait son paternel: un futur pharaon, un vrai pharaos.
Rapidement, il montra son petit caractère mais c'était acceptable puisque jamais il n'allait se laisser marcher dessus. Il était déjà une figure du respect.
Malheureusement il ne se comporta pas comme il aurait du quand on lui annonça son mariage politique. Un peu avant 6 ans, il eut cette nouvelle et grimaça déjà. Ça n’intéresse pas les enfants à cet âge-là après tout.

Un enfant un peu difficile mais qui suit les dignes pas de l'héritage qui lui est promit. Il devint rapidement mature avec les nombreuses tentatives d’assassinat. Le garçonnet innocent mais capricieux se mua en jeune garçon courageux mais prudent. La peur et l'inquiétude semblait ne pas habiter le corps de l'héritier. Toujours accompagné de garde, il subissant un entrainement intensif sur la manière de se battre et de contrôler son élément assigné à la naissance: le vent.
Au début il n'aimait pas cette compétence mais se rendit compte de toutes les choses possible de réaliser avec cette habilité.
Un certain renard prenait d'ailleurs plaisir à bousculer Caspian avec toutes sortes de défis. Cette amitié aussi dure que le diamant façonna l'équilibre de notre prince.

◇ ◇ ◇

Les bras croisés contre son poitrail, Caspian soupire bruyamment devant la fillette. Il était déjà bien las du haut de ses 13 ans, elle n'était pas intéressante bien qu'il avait comprit pourquoi cette Borgia allait devenir son épouse. Ses valeurs ajoutées ? Elle était baignée par la lumière et venait d'une prestigieuse famille, en effet c'était une stratégie des plus brillantes... c'est bien le mot d'ailleurs.
Bon sang, sa famille n'aurait-elle pas quand même pu trouver une personne plus âgée qui n'agit pas comme... une enfant ? Il voyait bien qu'il l'intimidait et qu'il suscitait une admiration. D'ailleurs, il en était plutôt fier mais ne le montrait pas. Les fois où il voyait sa future femme: qui est une enfant, il s'ennuyait royalement. Pourtant, il l'a prit en sympathie mais rien de plus. Il la trouvait même parfois amusante et s'offrait un malin plaisir à la renvoyer dans les roses. Il en devenait cynique et cassant à chaque fois qu'elle ouvrait la bouche.

Que c'était amusant de la voir pleurnicher,
être déçue,
jeter des coups d’œil furtifs vers lui,
être admirative,
sourire timidement,
rire pour rien.

Rire... sourire... il commençait à s'y accommoder en fin de compte mais ne se posa pas plus de question quand à ce qu'il commençait à aimer voir sur elle.

Puis, quelques années plus tard, la chétive Sehrazad tomba malade.
Au début, il ne s'en inquiéta pas mais les visites se firent plus rare, en tout cas de sa part. Une rumeur indiqua que la jeune fille était en souffrance, à l'agonie. Il désira alors lui rendre visite. Sa famille fut enjouée tant les bases étaient fragiles au début.
Lentement, quelque chose lui grignota le cœur et ce fut pire en l'apercevant.

Il déglutit difficilement, ses mains devinrent moites. Oh, il n'aima pas ce qu'il ressentait actuellement et cette confusion qui l'habitait. Puis il comprit.
Il venait de comprendre ce qui lui déchirait le cœur après ces jours et ces semaines sans la voir. Sa tête luttait et refusait ce qu'il venait de comprendre tandis que son cœur hurlait.
Il l'aimait, il était tombé amoureux de Dame Borgia sans s'en rendre compte. Depuis combien de temps ? Comment ? A quel point ?
Alors il posa ses lèvres sur le dos de la main de sa tendre fiancée,
le deuxième sur son front,
le troisième sur sa joue droite.
Et.
Non, il hésita un instant, plongeant son regard doré dans celui de la Borgia. Il contempla ses lèvres qui semblaient l'appeler. Son souffle fut plus court, plus saccadé par cette énergie nouvelle qui l'habitait.
Mais non, même s'il le désirait, il ne l'embrassa pas ce jour-là. Il voulait que ce soit magique.
Ces yeux posés sur elle et cette expression sur son visage n'était plus les mêmes.

Le temps passe, le premier baiser a enfin lieu et l'horrible nouvelle apparut.
Le jeune Pharaos connut alors son premier chagrin mais aussi sa première discordance.
Il était profondément meurtri par l'impossibilité d'enfanter de sa Sehrazad. Il savait qu’irrémédiablement, il perdait son trône mais aussi et surtout le partenariat de longue date entre sa famille et la sienne. Ce qui voulait aussi dire la fin tragique de leur relation. Mais c'en était inconcevable.
Caspian voulait régner,
Caspian voulait avoir des enfants.

Mais.
Caspian aimait Sehrazad plus que tout au monde.
Alors il se dressa contre sa famille qui lui proposait pourtant bien des solutions; le harem.
Quelle grotesque idée.

Caspian,
Caspian,
Caspian.

Il est cet être des plus abjects quand on ne le connaît pas. Il est si sûr de lui, si moqueur parfois, blessant sur certains points et un peu m'as-tu vu sur les bords.
Et pourtant.

Il se torture l'esprit si aisément quand la nuit l'enveloppe tard le soir.
Lui qui a toujours eu tout ce qu'il voulait, la vie lui est si facile et pourtant ce n'est pas assez. Celle-ci lui a promit monts et merveilles ; un trône, une épouse, la puissance, le respect, la notoriété.
Mais une chose lui est enlevé et il se trouve donc dans un tourbillon où les émotions et les sentiments se rencontrent,  s'entrechoquent et se fracassent.

Le monde avait pour habitude de tourner autour de lui.
A présent, tout son monde ne tournait qu'autour d'elle.

« Plus que ma propre vie ».