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Zeng Min
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Le Gobelin ?

Cette fois, l'on sait où se trouve l'abject créature. Les moues écoeurées ou amusées accompagnent les mouvements de bras, lorsqu'on indique la direction de l'orée du bois. Il est passé par là, lui et sa petite troupe. Les enfants jouent près de la rivière.
Dans ces lieux paisibles, quelques silhouettes jouent en toute insouciance sous les branches du cerisier, à la cime immaculée. A l'approche du Duc, les ombres se rétractent, se réfugient derrière l'arbre et les buissons, sous couvert, d'un arbre à terre. Le vent s'engouffre, au travers des feuilles, le bruissement s'accompagne de murmures et de pouffements. Derrière le tronc renversé, émergent yeux chafouin, rictus carnassier, d'un geste vif, Gobelin surgit.

Perché sur ses getas, en équilibre, il bascule et retombe dans la position d'un crapaud, son kimono vert dévoile les genoux cagneux, les mollets faméliques, les orteils et les ongles crasseux, la voix du Gobelin croasse.

_ Le Ducami !

Il jaillit, retombe sur ses pieds et s'approche de l'homme, les bras glissés dans le dos. Le pas est naturellement bondissant, joueur, alors que Gobelin dévisage attentivement le Duc, sous tous les angles. L'examen minutieux s'attarde peut être un peu trop, quand Gobelin saisit le poignet du Duc pour examiner sa main - s'il se dégage ou qu'on le repousse, Gobelin se rétracte d'un bond en couinant.

Les extrémités de son propre vêtement sont souillées de boue. Ses longs cheveux huileux, laissés libres, dégoulinent le long de son visage, plaquant son derme pâle, mettant en exergue les arcades et les pommettes saillantes et surtout, le très long nez. Le rictus qui s'étire, de part et d'autre de son visage, une plaie béante d'où s'arrachent les habituels borborygmes, onomatopées réflexives, il s'accroupit de nouveau et laisse ses bras retomber, entre ses jambes.

_ Merci, merci au Ducami, d'être venu jusqu'ici. La troupe des Lanternes Vertes a préparé un petit, petit jeu.

Le rictus s'étire davantage et Gobelin se dresse, il est, à présent, narrateur. Une main sur le coeur, son sourire s'efface sur ses lèvres, grave, il se tourne vers une assemblée inexistante, élève le bras pour qu'on l'entende.

_ Peuple d'Almea ! Depuis trop longtemps déjà, vous vivez sous la menace d'une terrible Tarasque ! Cette créature verte aux épaisses écailles s'est extirpée des eaux, elle a rampé jusqu'à vos maisons, pour y voler oh ! Tous vos délicieux potages et les si bonnes tartes aux prunes ! Qu'allons nous faire ! Qui appeler ? Sommes nous condamnés ?

Gémit Gobelin d'une voix plaintive, abattant le dos de sa main contre son front.

_ Ne pleurez pas, ne vous désolez pas ! Car le Duc est LA ! Il a parcouru, à cheval, accompagné de ses plus fidèles alliés, tant de terres et de champs pour affronter le terrible dragon rampant ! N'ayez crainte ! Car le Duc n'est pas seul. Ici, à Almea, se trouvent 3 âmes des plus valeureuses. Ignace, le dompteur de loups ! L'on raconte que ce jeune homme aux cheveux bruns, aux tâches de rousseur, a été trouvé près d'une louve et d'elle, il a hérité toute sa pugnacité. Il a à ses côtés une bête redoutable, aux crocs effilés. L'on dit, qu'il adore les fraises et les mûres, peut-être est-ce dans un buisson que vous le trouverez.

Les pouffements des enfants trahissent leur présence, ils ne sont pas loin, bien que le Duc ne puisse pas encore les voir.

_ Vient ensuite ! Elea la Fol ! C'est le nom qu'elle s'est donnée. Car elle a déjà bravé bien des dangers, armée seulement de son fidèle lance-pierres. Elle a déjà touché un aigle en plein vol, bien qu'elle préfère décrocher les prunes de l'arbre d'un tir bien placé. Sa blonde chevelure est sévèrement disciplinée, en deux tresses qu'elle aime enrouler, elle vous dira qu'il n'y a rien de mieux, pour enfiler un casque : ça évite, que l'acier n'écrase ses fines oreilles.

Précise Gobelin en levant l'index.

_ Et enfin ! Le Sage Odalus ! Savez-vous ce que l'on raconte, Duc ? Qu'il aurait en sa possession un livre contenant tous les sorts du monde ! Toutes les magies existantes en cet univers ! Cependant, une telle puissance n'est pas sans coût. Il a sacrifié ses jambes, pour devenir le sorcier le plus puissant de tous les temps ! Pourquoi n'en profite t il pas pour régner sur le monde ? Car Odalus préfère grignoter les tartes que remplir des papiers ou donner des ordres, c'est un solitaire, vous comprenez.

Des rires plus francs s'échappent et Gobelin pouffe à son tour, amusé, il se reprend rapidement.

_ Duc ! Acceptez-vous leur aide pour vaincre la terrible Tarasque ? Aussi fort soyez vous, j'ai crainte que sans leur appui, le Dragon ne gobe tous vos soldats ! Si vous voulez leur soutien, vous aurez pour tâche de les trouver. Et de les convaincre de vous aider à lutter contre le monstre qui menace, ce village tant aimé. Acceptez vous ?

Défie Gobelin, insistant volontairement sur la dernière question.

Il n'y a, à dire vrai, pas tant d'endroits à fouiller. Le cerisier, l'arbre renversé, les buissons et le bord de la rivière. Et les marmots ne sont pas des plus discrets, peut-être sont-ils même impatients de rencontrer l'homme. Car Gobelin ne s'encombre pas d'étiquette, car pour Gobelin, les héros sont probablement ce Duc et sûrement les orphelins. Car il ne veut pas, que les enfants s'inquiètent et s'intimident, car il veut, que la vie reste un jeu.
Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Yu-Seong avait, évidemment, mit à profit les trois semaines séparant la lecture de la lettre et le jour de la rencontre. Ses soldats avaient inspecté et étudié non seulement le village d’Almea, mais aussi le bois environnant – le point de rendez-vous. Ces braves guerriers y étaient allés habillés en civil bien sûr, le but n’étant pas d’inquiéter les villageois qui n’avaient – jusqu’à preuve du contraire – rien à voir dans cette histoire ! Toujours est-il qu’au jour J, certains de ces hommes déguisés se trouvaient toujours au village. Juste au cas où.

    Le duc, quant à lui, avait galopé jusqu’à Almea avec une poignée de soldats (en armure ceux-là). Puis, guidés par les habitants – heureux ou non de la présence d’un gobelin dans les parages –, ils continuèrent jusqu’à la forêt. Lorsque l’un de ses soldats l’informa que le fameux cerisier était tout proche, Yu-Seong abandonna monture et guerriers afin de continuer seul. Enfin, "seul" … C’était vite dit. Ses hommes n’étaient pas si éloignés. Il suffisait d’un seul cri, d’un seul ordre aboyé assez fort, pour qu’ils accourent à sa rescousse. La seule raison pourquoi ils ne suivaient pas leur seigneur comme son ombre était à cause de la lettre de Gobelin :

    Les enfants seront là, ne venez pas arrêter le misérable petit Gobelin, ne les effrayez pas.

    L’Adda ne souhaitait pas non plus que la vue de soldats armés effraie les enfants. Alors pour l’heure, il allait faire confiance au mercenaire … Mais Yu-Seong n’hésitera pas une seule seconde à l’appréhender s’il tentait quoi que ce soit de louche. Et pas juste lui : ses Lanternes Vertes également, car monsieur le duc se doutait que ceux-là devaient traîner dans le coin au même titre que ses propres hommes.

    Bref, il se montrait prudent. Pouvait-on vraiment le lui reprocher, lui qui, à cause de son rang, était victime de tentatives d’assassinat depuis des années ? Certes, il en commanditait plus qu’il en subissait, mais là n’était pas la question.

    Ses appréhensions invisibles sur son beau visage, Yu-Seong fut accueilli par un gobelin qui avait retrouvé ses mimiques presque animales. Bien que la comparaison soit un peu insultante et erronée, le seigneur ne put s’empêcher d’y voir un chien sortant des buissons pour accueillir joyeusement son maître. Ah, si seulement le mercenaire pouvait être aussi soumis … Il était aussi laid que la dernière fois en tout cas, mais ça, c’était à prévoir.

    « Le Ducami en personne, » répliqua-t-il d’un ton calme mais amical tout en se présentant d’un vague geste de la main. « Je vois que vous êtes en forme. » Ses yeux bruns suivaient les mouvements de Gobelin alors que ce dernier l’inspectait. Ce n’était pas sans lui rappeler la dernière fois, lors de leur rencontre dans cette foutue ruelle … Or, cette fois-ci, le duc n’était pas à deux doigts de faire un malaise. N’empêche, qu’est-ce que l’homme sale cherchait ainsi ? Craignait-il que le duc soit armé ? Évidemment qu’il était armé ! Il n’était pas assez fou pour se pointer à un rendez-vous sans rien pour se défendre ! Une dague soigneusement cachée sous ses riches vêtements amples, dans son dos. Si Gobelin l’avait remarquée ou non, Yu-Seong ne pouvait le savoir. Ce visage était aussi moche qu’insondable.

    Un frémissement parcourut son corps lorsque Gobelin agrippa sans prévenir son poignet, mais il ne tenta pas de se dégager. Vraiment, qu’est-ce que le mercenaire voulait à la fin ?! On ne le saura jamais, car la créature le relâcha presque aussitôt avant de passer à la suite du programme. Un… jeu ? Son esprit paranoïaque imagina tout de suite le pire, mais alors que Gobelin enchaînait, un soupir de soulagement s’échappa presque de ses lèvres. Que la Déesse soit louée, il parlait d’un vrai jeu et non d’un truc tordu.

    Croisant les bras, Yu-Seong écouta la poignante narration. On dirait que Gobelin possédait un don pour raconter des histoires; il devrait peut-être ranger ses armes et changer de métier. Enfin, le duc n’était pas là pour juger son choix de carrière; il était là pour recueillir le témoignage de trois enfants. Enfants pas très subtils d’ailleurs, mais par respect pour ces gamins qui se croyaient bien cachés, le duc les ignora pour l’instant. Un jeu, un jeu … Était-ce de cette façon que Gobelin comptait arrondir les angles ? Le côté contrôlant du seigneur aurait préféré que cela se passe rapidement et sous ses propres conditions, mais son côté paternel ne souhaitait pas brusquer ces jeunes orphelins. Ah là là …

    Vint alors la présentation des gamins en question. Voilà qui intéressa davantage le duc qui garda en mémoire les informations importantes. Ignace, enfant possiblement sauvage qui aime les fraises et les mûres. Elea, jeune fille qui aime les prunes et qui risque peut-être de l’attaquer avec un lance-pierre. Odalus, sûrement blessé aux jambes, préfère manger des tartes que parler aux gens. Ah, Yu-Seong le comprenait ! C’était pénible de socialiser parfois …

    Au fur et à mesure que Gobelin présentait ces valeureux héros, le noble seigneur se détendait et un sourire plus franc apparaissait sur son visage. Faut dire que les rires étouffés des enfants y étaient pour beaucoup; le simple fait de les entendre s’amuser réchauffait son cœur sensible de papa. Tout le monde a des points faibles, bon ! Il aimerait dire que cela le ramenait en enfance, mais ce serait mentir; ses premiers jeux, il les avait connus en tant que père et non en tant que fils. Cela le ramenait donc plutôt à l’époque où ses enfants étaient encore petits.

    « Gobelin, mon brave, j’aime les potages et les tartes comme n’importe qui. Comment pourrais-je rester les bras croisés alors qu’un monstre les dévore tous sous notre nez ? » Pour appuyer ses propos, il décroisa justement les bras et à la place, il posa une main sur l’épaule osseuse du mercenaire. « D’ailleurs, vous n’hésitez pas à nous envoyer affronter une bête affamée, mais qu’en est-il de vous ? Ne me dites pas que vous allez roupiller sous un arbre pendant que nous faisons tout le travail ?! » le taquina-t-il d’un air faussement offusqué. Un pouffement aigu s’échappa de nouveau des buissons. À cet instant précis, Yu-Seong comprit qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Principalement parce que son instinct paternel venait de prendre le dessus. Aujourd’hui, lui et Gobelin n’étaient plus que deux pères déterminés à amuser ces trois enfants. Leurs témoignages pouvaient attendre.

    Le duc pivota vers les cachettes naturelles sans toutefois poser son regard sur celle des gamins. Protégeant ses yeux du soleil avec le dos de sa main libre, il fit mine de scruter intensivement les environs. « Mais comment les trouver ? Comment les convaincre ? Ces jeunes héros se cachent aussi bien que mes soldats lors des corvées de nettoyage ! » Autres petits rires qui se voulaient subtils. S’éloignant de Gobelin, le seigneur décida de commencer ses "recherches" proche de la rivière. En tant que mage d’eau, cela le rassurait qu’une source aussi importante soit à sa disposition. Pour se défendre au cas où, vous savez. « Nageraient-ils quelque part ici ? Hm, sûrement pas en cette saison … » Rebroussant le chemin, il alla plutôt admirer le cerisier. « J’ai une idée Gobelin, » l’interpella-t-il en tournant la tête vers lui et en pointant l’arbre. « Et si vous grimpiez pour me dire si quelqu’un s’y cache ? Après, si vous êtes coincé au sommet, je suis sûr qu’Elea pourra vous aider à descendre avec son lance-pierre. »

    Les enfants s’esclaffaient dans leur coin, visiblement amusés par les pitreries du duo. Sûrement trouvaient-ils cela comique que des grandes personnes disent autant de bêtises ! Finalement, Yu-Seong leva les bras en l’air, comme pour s’avouer vaincu. « Ah, quel dommage que je ne parvienne pas à trouver ces valeureux guerriers ! Moi qui avais préparé un festin de tartes pour ceux qui vaincront le dragon; il semblerait que seuls moi et Gobelin pourrons en profiter ! » Il tourna les talons et fit semblant de partir. Il n’alla pas bien loin toutefois, car dans son dos, il entendit des buissons bougés et des gamins en sortir, presque paniqués. « Attendez, on veut des tartes, on veut des tartes ! » réclamaient-ils.

    Eh bien voilà, il les avait forcés à sortir de leur cachette et les avait achetés par le ventre. Après une œillade complice à l’intention de Gobelin, Yu-Seong se tourna vers les trois orphelins et les rejoignit afin qu’ils ne gaspillent pas leur précieuse énergie à essayer de le rattraper. Pliant les genoux pour être à leur hauteur, il les accueillit avec un sourire tout aussi chaleureux que taquin. « Les tartes, nous pourrons seulement les manger une fois le monstre vaincu. Sinon, il va nous les voler avant que l’on puisse en prendre une seule bouchée ! Puis-je compter sur votre aide ? » Il plaça sa main entre les enfants afin de les inciter à placer la leur sur la sienne en signe de solidarité. Comme avant une partie sportive, quoi. Le duc releva les yeux sur Gobelin, attendant la suite de son super plan pour battre le soi-disant monstre.

    Surtout, Yu-Seong se demandait comment il allait faire pour trouver autant de tartes avant la fin de la journée. Il fallait absolument qu’il parvienne à transmettre l’ordre à l’un de ses hommes, car il avait promis à ces gamins qu’ils allaient manger des tartes de la victoire, et par la Déesse, il allait tenir parole !
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    Mer 20 Sep - 9:47
    Les éclaireurs du Duc l'ont probablement informé que les Lanternes Vertes sont arrivées il y a quelques jours déjà. Les villageois n'apparaissent pas particulièrement inquiets de leur présence, il faut dire que le spectacle qu'ils ont donné à leur arrivée, les a distrait et a réussi à éveiller un peu de tendresse chez certain.es.

    Ils sont vus, non pas comme une menace, mais une distraction de passage.

    Gobelin, tout sourire, est heureux d'accueillir le Duc. Le visage éclairé d'un sourire, il ne s'attend pas à ce que la main de l'homme vienne saisir son épaule. Par réflexe, ses muscles se tendent, mais le geste, ne fait pas mal. Soulagé, il relâche la tension de son corps. Ses yeux verts s'unissent aux prunelles brunes. La remarque malicieuse le surprend, au vu des yeux ronds comme des billes qu'il écarquille. Puis au fond de ses pupilles, s'embrase un feu nouveau. Les lèvres s'étirent, les épaules s'ébranlent, Gobelin éclate de rire.

    Il en deviendrait presque beau.

    Car la joie, se peint si bien sur son visage. Ses yeux verts étincellent, des fossettes dues à la maigreur, accentuent son sourire, le rire résonne au fond de sa cage thoracique, Gobelin bascule la tête sur le côté, laisse ses cheveux ruisseler sur le poignet du Duc. Langoureusement, Gobelin tire malicieusement la langue et lui offre un clin d'oeil.

    _ Allons allons, Ducami, n'avez vous donc pas assez d'un narrateur ! Voilà qu'il vous faut Gobelin en plus de cela ! Ne vous a-t-il pas assez ennuyé ? Mais soit ! Gobelin, invoquez vous, Gobelin vous aurez !

    Et l'homme tape deux fois des mains, se détache d'un geste, tournoie sur lui-même dans un mouvement gracieux, avant de tirer sur ses paupières inférieures toute en tirant la langue.

    _ Gobelin vous aidera peut-être ! Car ici est son repaire ! Grinça t il de sa voix redevenue hideuse, Non, non, chassez la Tarasque, elle a une haleine bien pire, que celle des vieilles femmes aux baisers baveux, des hommes à la sortie de l'auberge, Gobelin n'aime pas !

    Gobelin retombe alors à 4 pattes et s'amuse à aller jusqu'au Duc pour s'accroupir à ses pieds, les bras branlants entre ses jambes. Le regardant faire avec le sourire, il fait mine de lever une main devant ses propres yeux.

    _ Comment, comment…, répète Gobelin en écho, engageant le pas au Duc jusqu'à la rivière. Là, il s'amuse à tremper ses mains, avant de lever le nez à la proposition du Duc.

    _ Quoi ?! Croasse t il, Percher Gobelin là haut, et le faire tomber, il est peut-être plissé mais n'est pas une prune à faire tomber, il est, fragile, c'est avec douceur qu'il faut le recueillir !

    D'un bond, il est près du Duc, joueur, ses mains frôlent ses bras alors qu'il passe devant lui.

    _ Non, non, si Gobelin est bloqué, le grand et beau Duc, viendra le rattraper ! Ces bras ont soulevé tout un peuple, ils peuvent bien porter un petit Gobelin !

    Il rit et jaillit sur le cerisier. D'un saut, ses mains saisissent la branche et d'un effort, il s'hisse sur cette dernière. Se tient à l'équilibre pour regarder les environs, bien qu'il finisse par adresser un sourire complice à l'enfant tapie près de lui.

    _ Il y a peut-être quelqu'un ici…

    _ Non Gobelin, ne dis rien ! Souffle une petite voix.

    _ Ah, peut-être pas finalement !

    Répond Gobelin en faisant mine de reprendre ses recherches.

    Alors que le Duc s'éloigne, les enfants sortent de leur cachette. Elea descend de la branche et Gobelin l'aide : l'attrapant par les mains, il l'aide à rejoindre le sol, avant de bondir à ses côtés.

    L'enfant, du haut de ses 7 ans, possède une chevelure blonde cuivrée, coiffée en 2 tresses élégamment roulées de part et d'autre de sa tête. Des yeux gris, un nez retroussé, des tâches de rousseur éparpillées, la petite fille est armée d'un lance-pierre dans sa main droite. Elle semble déjà prête à vaincre la Tarasque ; malgré ses sourires, ses sourcils se froncent rapidement et son expression se renfrognent, pourtant, elle est la première qui s'approche.

    Odalus sort de derrière l'arbre. Il tient un bâton dans ses mains, dont il se sert pour avancer. Assis dans une cagette en bois, possédant des roues, il tire et pousse, pour s'avancer. Le siege roulant improvisé semble avoir été construit par la petite troupe ; à l'arrière est suspendue une lanterne verte. L'enfant a de nombreux sacs et un livre qu'il garde sur ses jambes inertes. Ses cheveux bruns sont longs, attachés en catogan. Le plus âgé du trio, il se tient entre Elea et le dernier.

    Surgit Ignace. L'enfant est assez petit, il tire, dans son dos, un chien à roue. L'animal en bois bouge la tête et la queue, quand l'enfant tire sur sa ficelle. Son bras libre garde contre son poitrail, la peluche d'un canidé difficilement identifiable, au vu de l'oreille manquante, des taches de crasse et de la forme naturellement molle de son doudou. Particulièrement frêle, l'enfant a un bec de lièvre, mais un maquillage lui donnant le nez d'un loup. Ignace reste près de Gobelin, se réfugie légèrement contre sa jambe tout en serrant son doudou.

    Malgré leur jeunesse évidente, leur visage sont déjà marqués par l'expérience. Ca se voit, dans ces sourires qui s'effacent si vite, les gestes prudents, les regards qui se tournent régulièrement vers Gobelin, les enfants, sont craintifs et méfiants. Le jeu leur a permis de se rapprocher plus aisément du Duc, d'accepter d'aller vers lui, et le fait qu'il accepte de s’amuser avec eux les rassure un peu.

    Mais se montrer, reste toujours une épreuve.

    Car si Gobelin s'est fait un personnage comme un armure, s'est fait de son allure, son arme pour défier les moqueries, les enfants, sont encore trop jeunes pour savoir comment réagir face à la méchanceté, le mépris, les moqueries, l’indifférence. .

    Quand le Duc se met à leur hauteur et sourit, Elea pose ses poings sur ses hanches. Odalus sourit faiblement à son tour, alors qu'Ignace plaque son doudou contre son nez, cachant timidement son bec de lièvre.

    _ J’accepte !

    Elea plaque sa main sur celle du Duc.

    _ J’ suis Elea, la Fol ! J’battrai la Tarasque à vos côtés !

    Odalus se rapproche à son tour, les roues de son fauteuil improvisé grincent un peu. Le bois a été peint d’étranges symboles magiques, son bâton, d’ailleurs, est décoré d’une jolie pierre soigneusement attachée par des cordelettes. Il finit par poser sa main à son tour.

    _ Ma magie vous aidera.

    Les regards se tournent vers Ignace qui, en réponse, tourne les yeux vers Gobelin. Gobelin s’accroupit et murmure à l’oreille de l’enfant, Ignace hoche la tête et finit par s’approcher. Encore très inquiété par la silhouette du Duc, l’enfant se colle contre Elea et préfère enlacer son bras pour se dire présent, à sa manière.

    Gobelin se redresse dans un sourire et lève alors les mains.

    _ Gobelin va faire l’éclaireur, peut-être trouvera-t-il la Tarasque ! Discutez stratégies !

    _ Moi j’dis, que comme le Ducami est grand, il passe devant ! Décide Elea, Odalus, restes derrière moi et Ignace, tu peux te cacher dans le buisson, tes chiens attaqueront dès qu’ils pourront ! Qu’est c’qui sait y faire, l’Ducami ?

    Elle interroge. Vaillante et protectrice, elle s’est naturellement interposée entre les garçons et l’homme qu’elle dévisage avec attention.

    _ Si z’avez trop peur, j’peux vous défendre aussi. Le Gobelin, y a dit qu’les monstres, ça vous fiche la trouille, c’vrai ?

    _ Tout le monde a peur des monstres, adoucit Odalus en haussant les épaules, Mais si on reste ensemble, tout devrait bien se passer. Ne fonce pas dans le tas, Elea, nous aurons besoin de toi et de tes pierres, pas que tu finisses dans la gueule du Dragon.
    Ignace pousse un gémissement plaintif et inquiet, mais Elea lui sourit et tapote son épaule.

    _ T’en fais pas, on va s’en sortir ! Et après on mange d’la tarte, l’Ducami l’a dit ! Hein…?

    Ses yeux reviennent vers l’homme. Elle a toute l’impertinence d’une enfant mal élevée ; mais il n’est guère difficile de voir comme elle se tend lorsque l’homme les regarde. D’ailleurs, malgré toute sa bravoure, elle est incapable de tenir le regard du Duc et préfère détourner la tête.

    Odalus est plus paisible, il faut dire que son bâton le rassure. Sur ses genoux, le livre est un simple cahier de cuisine. Dans les poches qui l’entourent, se trouvent des cailloux, du sable, des herbes, toutes ces petites choses que les enfants ramassent et collectionnent.

    Ignace semble le plus craintif. Son doudou écrasé dans sa main, il le garde toujours contre son torse, mais il semble particulièrement fier du chien qu’il tire en laisse. L’objet en bois, est le jouet que Gobelin lui a acheté avec l’argent du Duc. L’animal est de bonne qualité, il a même plutôt bonne bouille, avec sa queue qui bouge quand on le tire, les couleurs vives, l’enfant en prend grand soin. Aussi, quand le sol se fait inégal ou boueux, il le prend dans ses bras et ne le repose que lorsque le sol lui paraît assez plat.

    Gobelin profite de la discussion pour s’animer dans leur dos.

    Caquetant à son habitude, le Duc le voit probablement suspendre à la branche du cerisier, un grand drap vert que le vent agite. Il se réfugie derrière, et après quelques minutes, on entend un bruit d’alerte : une cuillère en bois fracasse un couvercle.

    _ A vos postes ! La Tarasque arrive !

    Annonce la voix du Narrateur.

    Les enfants sursautent.

    _ Tous à son poste ! Répète Elea en levant le bras. Odalus hoche la tête et se positionne à quelques mètres. L’enfant dresse son bâton et fronce les sourcils.

    _ Écartez vous si je l’ordonne. Ma magie est si puissante qu’elle pourrait vous blesser ! Prévient Odalus.

    _ J’sais, j’sais ! Râle Elea en se positionnant devant le drap vert, plaçant une pierre dans son arme, elle commence déjà à étirer l’élastique. Ses yeux, inquiets, cherchent naturellement l’appui du Duc.

    Ignace pousse glapissement et aboiement, il s’est réfugié dans le buisson, ses deux chiens contre lui.

    _ Alors que les combattants se préparent à l’affrontement, ils peuvent sentir la terre trembler sous les pas de la terrible créature. La Tarasque arrive ! Hurle le vent qui souffle dans les arbres, La Tarasque arrive ! S’affole la rivière en prenant la fuite, mais les braves guerriers se tiennent prêts !

    Annonce le Narrateur. Le fracas s’accompagne d’autres bruits, sifflements de flûte pour le vent, tambourin pour les pas de la Tarasque, le drap vert, s’envole.

    Le monstre apparaît devant eux. Faits de draps verts, de bouts de bois, de tissus déchiré, un corps fait d’un tonneau crevé, sa tête est un grand bout de bois terminé d’une figure en tissu vert, les ailes, s’étirent, ce sont les pans du drap que Gobelin agitent. La marionnette est impressionnante, elle fait bien un mètre de haut, animée par les fils que Gobelin tire depuis la branche. Une poupée a été glissée dans les entrailles du monstre, dont la gueule s’ouvre dans un rugissement.

    _ La Tarasque a gobé Gobelin !

    _ Faut l’sauver ! Rugit Elea. D’un geste, elle lâche son caillou et l’impact ébranle la tête en tissu de la Tarasque.

    _ Elea la Fol tire, la pierre siffle en tranchant l’air, elle touche la Tarasque en plein oeil ! La douleur ébranle son large corps, elle agite la tête et un sifflement s'arrache de ses mâchoires ! Continue à conter Gobelin. Sous ses doigts agiles, le monstre prend vie, agite ses ailes, avance la tête, Ignace, pris dans le jeu, se sent alors emporté par le courage.

    S’extirpant de sa cachette, il charge, armé de son doudou qu’il lance sur l’une des ailes du monstre.

    _ Ignace passe à l’assaut ! Son hurlement éveille en chacun, la combativité d’un loup enragé, vous êtes, ensemble pour vaincre le Monstre ! Ignace, le dompteur de Bêtes, fait hésiter la Tarasque, un instant fatal permettant à son fidèle compagnon de passer à l’attaque… Poro, aux mâchoires redoutables, déchire sous ses crocs l’une des ailes du dragon !

    Gobelin lâche les fils, agitant l’aile en question et le drap retombe au sol, sous les hurlements de joie des enfants.

    _ La Tarasque est furieuse ! Elle gonfle, gonfle son ventre d’air, vous devez résister à l’impulsion de son souffle, il faut, vous mettre à l’abri !

    Ignace écarquille les yeux et se réfugie dans le buisson. Elea, elle, ne recule pas et bande de nouveau son arme.

    _ Non ! J’recul’rai pas ! Hurle-t-elle.

    _ Imbécile ! Je dresse le Bouclier de tous les Eléments ! Rugit Odalus en levant son bâton, Que ce monstre retourne aux enfers !

    _ Un bouclier se dresse autour de vous, vous protégeant du souffle brûlant de la Tarasque !

    Elea tourne les yeux vers le Ducami.

    _ J’vais faire diversion, coupez lui la tête, à c’te salop’rie, faut sauver Gobelin !

    Et impulsive, l’enfant n’attend pas son accord, elle s’élance.

    La Tarasque gronde sourdement, sa tête, suit son mouvement, offrant au Duc l’occasion parfaite pour frapper.

    Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Si quelqu’un avait été témoin de la scène, il aurait pensé que les deux adultes s’amusaient plus que les enfants … Est-ce qu’il aurait eu tort ? Enfin bref, maintenant que les trois fameux orphelins étaient près de lui, Yu-Seong pouvait les détailler. De façon subtile et naturelle bien sûr; il ne voulait pas donner l’impression qu’il les fixait comme des bêtes de foire. Il voulait juste mettre un visage sur leur nom.

    Elea, la petite blonde farouche. À première vue la plus courageuse de la bande, elle ne trompait pas le duc qui côtoyait des "acteurs" au quotidien. Elle était nerveuse. Jouait-elle les braves pour protéger ses deux autres petits compagnons ? Un peu comme une grande sœur, bien qu’elle ne semblait pas être la plus vieille. Difficile à dire. En tout cas, elle avait l’air un peu garçon manqué, mais ce n’était pas un reproche. Les femmes fortes, Yu-Seong n’avait rien contre; après tout, il avait marié la femme la plus forte du monde !

    Odalus était sage tel son titre l’indiquait. Le duc ne s’attendait pas à ce que les jambes de l’enfant soient complètement paralysées, mais la surprise ne parut pas sur son visage doux. À la place, il ne pouvait s’empêcher de féliciter mentalement l’ingéniosité des Lanternes Vertes en voyant le petit véhicule pratique et le beau bâton de sorcier. N’empêche … Il savait ce que c’était d’être incapable de bouger, lui qui avait été alité pendant plus d’un an. Ce gamin était beaucoup plus courageux que lui.

    Ignace, le plus petit. Tel un chiot craintif, il restait collé aux autres et gardait le silence. Il avait l’air si fragile … Le papa n’avait qu’une envie : lui donner plein de tartes afin qu’il gagne un peu de poids ! Mais encore fallait-il parvenir à les trouver, ces tartes … Lorsque l’adulte remarqua le jouet neuf, il sentit son cœur fondre dans sa poitrine en réalisant que cela faisait partie des achats listés dans la lettre de Gobelin. Finalement, ce n’était pas si mal que l’argent ait servi à rendre heureux les enfants plutôt qu’à corrompre le mercenaire …

    Maintenant que les présentations étaient faites et que tout le monde se sentait d’attaque pour chasser la bête, le gobelin les abandonna afin de préparer le terrain. Ne restaient que le duc et les orphelins pour une réunion stratégique de la plus haute importante. Dès le début, le noble fut décontenancé par le langage très direct d’Elea. Se faire tester de la sorte par une fillette de moins de dix ans, c’était… étrange. « Ce que je sais faire ? » répéta-t-il afin de se donner le temps de trouver une réponse. Il ne pouvait pas leur dire que normalement, il envoyait d’autres personnes se battre et mourir pour lui ! Sa place n’était pas sur le champ de bataille après tout. La blonde dût sentir son doute, car elle repassa à l’attaque et… Attendez, quoi ? « A-Ah, Gobelin a dit ça ? » s’étrangla-t-il presque. Quelle autre connerie le mercenaire avait-il bien pu raconter à sa troupe ?!

    Heureusement, Odalus était raisonnable malgré son jeune âge et calma aussitôt le jeu. Un vrai sage. Pourtant, la blonde revint à la charge et ne manqua pas de lui rappeler sa promesse. « Bien sûr ! » assura-t-il avec la confiance inébranlable d’un politicien qui promettait quelque chose juste pour gagner des votes. Son regard se posa sur un Ignace qui n’était pas très rassuré. Silencieux, savait-il seulement parler ? « Il en aura même assez pour tes deux petits compagnons canins, » assura-t-il alors qu’il creusait un peu plus sa propre tombe. C’était beaucoup plus facile de baratiner des aristocrates que des enfants, car avec les premiers, le duc s’en foutait de ne pas tenir sa promesse. Là, il se sentait comme la pire des ordures. Il fallait ABSOLUMENT qu’il trouve une solution.

    Sa panique imperceptible fut coupée par l’annonce du gobelin narrateur : la Tarasque était là ! Les enfants s’énervaient alors que Yu-Seong se releva très lentement avant d’aller tout aussi calmement se placer aux côtés d’Elea. Il ne pouvait quand même pas la laisser seule au front, si ? Face au regard inquiet de la gamine, il se contenta de lui offrir un sourire rassurant. Puis, le monstre apparut devant eux. Le duc était plutôt admiratif : avec les moyens du bord, Gobelin était parvenu à reproduire une marionnette assez incroyable. Vraiment, pourquoi était-il mercenaire alors qu’il possédait tant d’autres talents ? Ah, c’est vrai : la liberté.

    Le noble se retint de rire et de passer un commentaire en apprenant que le gobelin avait été gobé par la bête. Elea, en tout cas, ne trouvait pas cela drôle; déterminée à sauver son sauveur, elle attaqua sans aucune hésitation le dragon. Quelle précision ! « En plein dans l’œil ! Bravo, tu as créé un angle mort dans son champ de vision ! » la félicita-t-il.

    Vint ensuite Ignace qui fit preuve d’un courage étonnant en lançant à son tour quelque chose sur le monstre, soit son doudou. Yu-Seong apprit ainsi que le nom de ce fidèle compagnon était Poro. « Bien joué Ignace ! Toi et Poro faites vraiment la paire ! » Son sourire ne faisait que s’élargir en écoutant la narration de Gobelin. Les enfants étaient chanceux de pouvoir vivre une telle aventure … Aventure très réelle à leurs yeux, car face à la menace d’un souffle brûlant, ils paniquèrent un peu. Si Ignace optait pour la fuite et Elea l’attaque, Odalus, lui, choisit la défense. On allait ignorer les gros mots pour cette fois.

    « Quelle réactivité, Odalus ! Tu nous as sauvés ! » Les enfants étaient vraiment, vraiment à fond dans le jeu. C’était rassurant de voir que de si jeunes âmes meurtries pouvaient encore s’amuser de la sorte; le contraire aurait été fort déprimant. Yu-Seong n’eut toutefois pas le temps de s’attendrir davantage, car Elea lui ordonna très poliment (non) d’achever le monstre en lui coupant la tête. Hm … Le petit magicien n’était pas le seul à réfléchir rapidement; c’était aussi le cas du grand magicien. Et avec sa taille, il ne lui fallut que deux enjambés pour rejoindre Odalus. Posant un genou sur le sol afin d’être à sa hauteur, le duc pointa la Tarasque que la fillette occupait farouchement.

    « Sage Odalus, j’ai besoin de ta puissance afin de porter le coup fatal. Concentre ta magie juste au-dessus de la tête du monstre … » Les doigts de son autre main s’agitaient subtilement afin de préparer son propre sort. Un vrai cette fois ! Alors que l’enfant se concentrait à l’aide de son bâton, des gouttelettes commencèrent à former une masse aqueuse au-dessus de la marionnette. C’était plutôt facile puisque la zone était assez humide. Bon, voyons voir … Le but n’était pas d’exploser la marionnette. Il serait aussi dommage de complètement détremper les draps qui forment le monstre. Yu-Seong allait devoir faire preuve de précision, et heureusement, il était meilleur pour lancer des sorts que pour chasser les gobelins.

    L’adulte – également concentré – modifia donc la forme de l’eau afin qu’elle soit mince comme une feuille de papier. Ou plutôt, afin qu’elle prenne vaguement la forme d’une guillotine. Il fallait couper la tête de cette saloperie, non ? Avec sa main, il imita le mouvement du couperet qui retombe; au même moment, la lame d’eau en fit de même, tranchant la tête de la marionnette. Ça ne fonctionnerait sûrement pas sur un vrai cou humain malheureusement … Ou heureusement ! On n’était pas là pour tuer qui que soit après tout, hahaha !...

    D’abord émerveillés par la magie, les gamins réalisèrent tout d’un coup qu’ils avaient gagné. Alors que des cris de victoire fusaient, Yu-Seong offrit un clin d’œil complice à Odalus avant de se relever un peu péniblement, mais ça, fallait pas le dire. « Bravo les enfants, c’était un superbe travail d’équipe ! Sans vous tous, j’aurais fini dans le ventre du monstre comme ce pauvre Gobelin. » Lui, en tout cas, n’aurait pas causé d’indigestion ! « D’ailleurs, Elea, comme tu es la plus proche, pourrais-tu sortir notre ami de là ? » Quelque chose lui disait que cela ne dérangerait pas la blonde de fouiller dans les tripes d’une Tarasque. « Tu ne risques rien, Poro monte la garde. » La peluche qui avait courageusement brisé l’une des ailes était, en effet, tout juste à côté de la carcasse.

    Avec ce commentaire, le duc avait tourné son visage souriant vers les buissons où était caché Ignace. Ce dernier était clairement le plus craintif et timide de la bande; le papa ne voulait certes pas le brusquer, mais il ne voulait pas non plus que l’enfant se sente à part. Ces trois orphelins avaient tellement besoin d’attention positive … Ah, s’il s’écoutait, il les serrerait tous dans ses bras ! Mais c’était clairement une mauvaise idée, alors il se retenait. Toutefois, dès qu’il sera de retour chez lui, il allait étreindre ses propres enfants sans aucune gêne. Peut-être pour s’excuser de ne pas avoir pu inventer de tels jeux lorsqu’ils étaient petits.

    Tandis qu’Elea, Odalus et Ignace étaient occupés à célébrer leur victoire, la main de Yu-Seong glissa instinctivement sur sa vieille blessure. Quel âge avaient ses enfants lorsque c’était arrivé ? Ils ne devaient pas être plus vieux que les trois petites lanternes vertes. Et à cause de ça, il n’avait pas pu jouer avec eux comme un père le devrait. Il ne pouvait pas, comme Gobelin, grimper dans les arbres, courir pendant des heures, se rouler dans l’herbe et que sais-je encore … Il leur avait donné beaucoup d’amour, certes, mais est-ce que ça avait été suffisant ? Est-ce que ses héritiers lui en voulaient secrètement ? Ah, fichtre ! Ressaisis-toi ! Le stade de l’autoflagellation, tu l’as dépassé depuis longtemps, tu te souviens ? Les efforts de Gobelin pour rendre les orphelins heureux ne devraient pas te déprimer, au contraire !

    Son sourire s’était quelque peu attristé et son regard s’était perdu quelque part. Pas pour longtemps, car le duc secoua la tête afin de retrouver des traits plus amènes. Bien que les gamins étaient concentrés sur la carcasse du Tarasque, il devait faire attention; ces petits êtres sensibles pouvaient percevoir les changements émotionnels les plus infimes. Et puis il y avait Gobelin, évidemment. Avec une telle personne dans les parages, il ne fallait pas montrer de faiblesse. Yu-Seong rejoignit le petit groupe, mine de rien, et se pencha un peu afin d’observer ce qu’ils trafiquaient.

    « Alors, est-ce qu’il reste quelque chose de Gobelin ? » s’enquit-il avant d’ajouter pour se moquer gentiment du mercenaire : « Il doit être difficile à digérer, j’espère que le monstre n’a pas eu trop mal au ventre avant de trépasser … »
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    Dim 1 Oct - 9:43
    La promesse à l’adresse de ses amis canins apaise Ignace, qui offre un sourire prudent au Duc.

    Les enfants, enthousiasmes, se jettent corps et âme dans la bataille. Le jeu est très sérieux : il permet aux petits d’affronter leurs peurs, de prendre confiance en eux. Ils savent qu’en réalité, ils ne risquent rien, mais ça ne les empêche pas de trembler instinctivement face au regard borgne de la Tarasque. La présence du Duc à les côtés semble les rassurer, Elea d’ailleurs affiche un sourire victorieux face au compliment que l’homme lui adresse.

    Ignace rougit et baissa timidement les yeux alors qu’Odalus se rapproche après avoir lancé son bouclier. Elea s’est élancée et agite les bras pour attirer le regard de l’animal, le dragon dodeline de la tête en grondant. Odalus lève les yeux vers le Duc pour l’écouter avec attention.

    _ Bien… Je vais faire de mon mieux.

    L’enfant pointe son bâton en fronçant les sourcils… Et écarquille les yeux à la vue de l’eau qui se forme au-dessus de la tête de la créature. Surpris, Odalus laisse échapper un cri surpris et manque de lâcher son bâton, mais il préfère raffermir l’étreinte de ses mains sur son arme au point où ses jointures blanchissent. L’enfant semble vraiment croire que sa volonté peut aider celle du Duc – car bien que naïf, il se doute que l’eau, ne vient pas de lui -, alors il grimace sous l’effort… Elea pousse un cri de stupeur et Ignace sort timidement la tête de sa cachette pour observer à son tour. Quand la guillotine s’abat, la tête de la marionnette roule au sol.

    Un court silence, les enfants retiennent leur souffle.

    _ LA TARASQUE EST VAINCUE !

    Elea crie de joie, ses bras levés vers le ciel, elle court donner un coup de pied à la tête du monstre. Odalus sourit, radieux. Avant que le Duc n’ait le temps de s’écarter de lui, sa main se pose sur sa jambe pour attirer son attention.

    _ Merci !

    Il sourit, heureux, avant de reposer son regard sur le corps du monstre. Car pour une fois, la magie, il ne l’a pas seulement imaginée ! Elle a pris naissance devant ses yeux. Et l’enfant, découvre l’espoir qu’un jour, il pourrait réellement agir, qu’il pourrait, se battre comme les autres !

    Ignace sautille à son tour, son fidèle chien à roues dans ses bras. L’enfant danse même un peu, avant qu’entendre le nom de Poro ne lui fasse tourner les yeux vers la carcasse et son doudou. Ignace hoche la tête et lève l’index.

    _ Pas bou’er Poro ! Ordonne Ignace, acceptant à ce que l’on entende sa voix pour la première fois. Le bec de lièvre fait que certains sons sont complexes à prononcer. Le r, d’ailleurs, est particulièrement rocailleux devant venir du fond de sa gorge. Elea obéit docilement : gonflant le poitrail et levant les bras de part et d’autres de son corps comme si d’énormes biceps l’empêchaient de les baisser, elle s’approche en roulant des mécaniques. Elle imite bien des animaux qui veulent se donner l’air plus gros qu’ils ne sont, dans une stratégie d’intimidation. Mais le monstre ne bronche pas et elle se penche finalement pour récupérer la peluche au sein du tonneau… Jusqu’à ce qu’une main osseuse se referme sur son bras.

    Elea glapit de peur.

    Gobelin rit.

    Alors, elle rit à son tour.

    _ T’es bête Gobelin ! Tu m’as foutu la trouille, hey !

    Gobelin rampe hors du tonneau et bascule sur le dos, laissant ses bras retomber en croix, la langue pendante hors de ses lèvres. Comme ces serpents qui font le mort. Elea ramasse un bâton et s’amuse à appuyer l’extrémité contre le flanc de leur sauveur, un rire franchissant de nouveau ses lèvres.

    _ Gobelin a encore la force de faire des bêtises ! C’est qu’il va bien !

    Comprend-t-elle en s’éloignant vers le Duc, les poings sur ses hanches. Ignace, lui, écarquille les yeux et se précipite sur Gobelin pour s’effondrer sur son torse.

    _ Oh, Gobelin a droit à un câlin ! Couine Gobelin en enlaçant tendrement Ignace, Bravo, bravo les poussins ! Vous avez vaincu la Tarasque !

    _ Le Duc nous a aidés, précise Odalus.

    Gobelin serre tendrement Ignace.

    _ Merci de m’avoir sauvéééé !

    L’enfant finit doucement par s’écarter et va récupérer Poro qu’il enlace fièrement contre son cœur. Gobelin se redresse et époussète sa tenue. Ses yeux reviennent sur le Duc, alors qu’un rictus carnassier étire ses lèvres.

    _ Ah ! Croyez moi, Gobelin a fait bien des misères à ce vilain monstre ! Il l’a ! Planté de ses ongles acérés et l’a mordu de l’intérieur, peut-être était-ce pour cela qu’il était si agité ! Quelle idée, de manger du Gobelin, en plus d’une viande coriace et probablement un peu passée de date, a du piquant !

    Il rit et fouille dans ses poches.

    Ses yeux vont vers Ignace. S’accroupissant devant lui, il lui offre alors un fin médaillon en bois gravé. Le médaillon représente une tête de loup, peinte d’un peu de noir. L’enfant, à la vue du médaillon s’arrête puis le prend avec de grands yeux.

    _ Pour fêter ta victoire, Ignace ! Mère Loup te donne un pouvoir très spécial ! Tu as la Protection des Loups ! Tant que tu as Poro ou Malu dans tes bras, tu seras protégé d’une attaque, n’importe laquelle !
    L’enfant hoche gravement la tête.

    Elea, en voyant les récompenses, s’empresse de s’approcher.

    _ Et moi ?! Exige-t-elle.

    _ Toi ! Ce sera à la fin ! Tu dois apprendre, la patience, tout sourit à celleux qui attendent ! Sourit malicieusement Gobelin en levant l’index. La blonde enfant fronce franchement les sourcils, boudeuse, elle croise les bras sur son torse. Ignace, lui, contemple son médaillon et finit par doucement le glisser autour de son cou dans un sourire.

    Gobelin bondit vers Odalus et s’agenouille face à lui, il lui tend ses mains et au creux de ses paumes, se trouve un autre objet en bois gravé. L’objet est une broche représentant comme un courant d’air s’enroulant sur lui-même…

    _ La Tarasque a été vaincue et ton livre absorbe ses pouvoirs ! Tu as présent le Souffle Embrasé ! Un vent puissant, si brûlant qu’il peut blesser un ennemi ! C’est un sort rapide, que tu peux lancer sans même t’accorder un moment de concentration, mais tu peux ne l’utiliser que 2 fois en combat !

    Gobelin se tourne vers Elea et sourit en s’approchant d’elle.

    _ Quant à Elea la folle… Nous avons trouvé dans les viscères de la Bête, l’épée d’un combattant tombé au combat. Tu peux t’en servir pour percer une armure, d’écailles ou d’acier ! Et ainsi, réduire à néant la défense d’un ennemi. Cependant, une fois plantée, tu ne peux la retirer !

    Il lui confie alors, une arme en bois gravée ; un simple couteau, au bout rond, mais la jeune fille observe avec admiration sa nouvelle arme, qu’elle lève devant ses yeux pour l’observer.

    _ Quant au Ducami…

    Gobelin, tout sourire, grince des dents.

    _ Lui offre-t-on quelque chose, les enfants ?

    _ Oui ! Il s’y est battu avec courage ! S’écrie Elea.

    _ Sans sa magie, nous n’aurons pas vaincu la Tarasque ! Appuie Odalus.

    Ignace, lui, hoche simplement la tête et s’approche de Gobelin pour murmurer à son oreille. Gobelin fait mine de lâcher un soupir exaspéré, roule des yeux en tirant la langue.

    _ Mais le Duc ! N’a besoin de rien ! Il a, argent, armes, toit et famille, que peut-il attendre, de cette victoire ? Ah ! Gobelin sait !

    Gobelin, tout sourire, se redresse comme un Diable sort de sa boîte. Il lève fièrement, une médaille.
    Toute faite de bois, elle représente avec précision une tarte aux prunes. La pâte brisée, peinte de jaune et d’orange, accueille en son sein une compotée violette, au fumet parfumé. La tenant entre ses griffes, est représentée une Tarasque verte dont la gueule s’ouvre d’un sourire, elle hume le parfum de la tarte à pleins naseaux.

    _ Une médaille de mérite ! Pour avoir vaincu la Tarasque ! Un souvenir, à garder à garder, car qui sait, peut-être qu’un jour, il pourra l’échanger, contre quelque chose de précieux ?

    Ses yeux se tournent vers les enfants, qui opinent avec connivence.

    _ En attendant, elle sera pour le Ducami, la preuve de sa victoire et scellera en sa mémoire, les souvenirs de cette journée mémorable ! Voici !

    Gobelin confie la médaille aux mains du Duc, le visage éclairé d’un rictus carnassier.

    _ Car les Hommes ont toujours besoin, de se souvenir de leurs victoires, des moments de joie, des sourires, de toutes ces choses qui donnent, le plaisir de vivre ! Et maintenant, que fait-on ?

    _ LES TARTES ! Vocifère Elea de toutes ses forces.

    Gobelin éclate de rire et tape des mains à deux reprises.

    _ Eh bien allons en chercher, il y en a dans le village ! Nous pourrons ensuite tous nous installer sous l’arbre ! Allons, allons, venez, venez !

    Gobelin devance la petite troupe en quelques sauts, les attend, perché sur ses chaussures, en équilibre. Ignace le suit docilement, tenant Poro d’une main, tirant Malu de l’autre. Elea, tout sourire, s’élance et se jette sur Gobelin, qui la fait tourner avant de la reposer. Odalus, lui, s’aide de son bâton comme d’une pagaie pour avancer, jusqu’à faire signe à Gobelin. L’homme revient vers lui, Odalus lui lance une corde et Gobelin l’attache autour de sa taille, pour marcher tout en entraînant l’enfant avec lui.

    Odalus repose son bâton et observe autour de lui, les maisons qui se présentent. Gobelin entraîne le Duc dans le village. Elea court à quelques mètres devant eux et Ignace court à sa suite.

    Gobelin, tout sourire, adresse un regard au Duc. Ses yeux, pourtant, sont plus sombres.

    _ Vous pourrez discuter avec eux lors du goûter. Merci d’avoir participé.

    Puis un éclat se ravive au sein de ses pupilles.

    _ Vous vous êtes amusé ? Cela change ! Des festivités noblières et de l’étiquette, avez-vous pris, plaisir, aimez-vous, la liberté ?

    Le sourire de Gobelin, s’étire davantage, se fait, cruel et malicieux, dévoilant ses dents et plissant ses yeux.

    _ Gobelin, a entendu une très belle phrase, qui pourrait devenir une arme pour le Duc, s’il ne la manie pas déjà ! Pour celleux qui se moquent de vous, ol vaut mieux être un bâtard, qu’encourager des traditions d’incestes et de consanguinités, apporter un peu de sang neuf, de matière et d’idée nouvelles, à un terreau qui a eu tout le temps de pourrir. Car la pérennité, ne vient pas d’une plante qu’on laisse sous un verre, non, non, c’est grandir, c’est s’ouvrir, c’est changer d’air, c’est évoluer et s’adapter, c’est la nouveauté ! Et celleux, qui vous accusent et vous attaquent, ont simplement peur des changements que vous pourriez apporter ! Mais ! Allons, allons, allons Gobelin !

    S’arrête-t-il soudain en levant une main devant ses lèvres.

    _ Que dis-tu, vilain imbécile ? Tais toi donc, si le Duc ne sait rien, de la vie des Orphelins, qu’es-tu, pour parler des Nobles et de leurs coutumes ?! Tu vas finir, dans une cellule au mieux, au pire, oulà le pire, n’y pense pas, vite, excuse-toi, oui, oui, oh Ducami, Gobelin vous présente ses plus plates excuses, si plates qu’il peut se mettre à terre si vous le désirez !

    Gobelin s’arrête, courbe l’échine et s’incline.

    Il se redresse quand le Duc l'y autorise. Toujours, le sourire persistant sur ses lèvres et pourtant, il revient sur ce détail que le Duc a soulevé, non pas pour se moquer, mais l'aider, à sa manière. Car il a l'habitude de se défaire, des moqueries et du mépris, de faire de ses défauts, une carapace.

    Car il a été touché, par les propos du Duc et qu'il n'a pas pu rester, les bras croisés à ignorer, la détresse qu'il a pu traverser.

    _ Gobelin est désolé, désolé de l'imbécilité du monde, murmure Gobelin comme pour lui-même, le regard ailleurs, Désolé de voir, que l'on rejette la différence, que l'on a toujours besoin de mépriser, pour se sentir, plus fort, plus puissant, qu'il y ait besoin, de faibles et de forts, comme si ! Le monde, ne pouvait vivre, en acceptant que tous soient, complémentaires, non, non, il faut toujours, toujours, que...

    La fin de sa phrase, meurt entre ses lèvres, ses yeux sont noirs, vides, ça ne dure que quelques secondes. Car il vient de voir qu'Ignace cache son visage derrière son doudou, que l'enfant, n'ose plus suivre Elea, il fait demi-tour et vient marcher, aux côtés de Gobelin. Gobelin sourit et, tendrement, repose une main sur son crâne, ses yeux ont repris vie.

    _ Tartes ! DES TARTES LA BAS ! Rugit fièrement Elea, leur indiquant la direction d'un doigt autoritaire.

     
    Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Elea lui confirma fièrement que Gobelin allait bien. Pas que Yu-Seong en doutait; après tout, ce n’était qu’un jeu. Un jeu permettant au duc d’apprivoiser les enfants, certes, mais un jeu quand même. En tout cas, la fillette semblait le respecter davantage que tout à l’heure. Ignace était également moins craintif, même qu’il lui avait fait l’honneur d’entendre sa voix. Et que dire d’Odalus et de ses remerciements qui venaient du cœur ? Même Gobelin ressemblait à un gamin à sa façon de plaisanter … En fait, quel âge avait-il ? Cette question se glissait parfois dans les pensées du noble, mais c’était difficile d’y répondre vu la gueule extrêmement moche et le corps disgracieux du concerné ... Enfin, ce n’était pas comme si c’était une information de la plus haute importance; qu’il ait 25 ou 45 ans, cela ne changeait pas grand-chose. Ce n’était que de la simple curiosité.

    Puis, vint la remise de prix. Yu-Seong ne s’attendait pas à cela. Être récompensé… pour avoir joué ? Yu-Seong était un peu confus. Certes, lui-même leur avait promis des tartes s’ils parvenaient à vaincre le monstre, mais c’était pour acheter leur confiance. Était-ce normal de récompenser ses enfants pour avoir battu une créature imaginaire ? Il ne pouvait pas savoir ! Son rôle de père, il l’avait improvisé puisque qu’il ne voulait pas imiter l’ancien duc. Si seulement il y avait des livres à ce sujet … Peut-être devrait-il en ordonner la création. Un guide parental, ou quelque chose du genre. Nul doute que plusieurs familles trouveraient cela utile ! Continuant d’observer la remise de prix, il hocha la tête en pensant au nombre de copies qu’il allait devoir faire. Ce sera le livre le plus populaire de tout le continent !

    Gobelin l’interpella, le ramenant à la réalité. Semblerait-il que lui aussi méritait un petit quelque chose malgré sa classe sociale bien supérieure. Et ce petit quelque chose était… une médaille, un peu comme celle d’Ignace. Le noble ne put s’empêcher de reproduire le rictus du mercenaire, amusé. C’était un beau médaillon qui semblait posséder une utilité cachée, si on se fiait aux regards complices échangés entre les lanternes vertes. Bon ! « Je n’ai pas fait grand-chose, » confia-t-il avec (fausse) humilité, « mais c’est avec honneur et fierté que j’accepte cette médaille. » Bien qu’il n’aimait pas trop les bijoux, il allait faire une exception pour cette fois et glissa son prix autour de son cou. Cela n’allait pas du tout avec ses vêtements, mais on s’en fout.

    Le cri – ou plutôt l’ordre – d’Elea manqua de faire sursauter Yu-Seong. Les tartes, les tartes, les tartes !… Bon sang ! Gobelin prétendait qu’il y en avait au village; on espérait qu’il disait vrai. Les mains croisées dans le dos, le père de famille laissa le temps à la petite troupe de se placer avant de rejoindre Gobelin. Sans grande surprise, Elea ouvrait la marche. Ignace la suivait de près – peut-être admirait-il beaucoup la fillette ? Odalus était derrière, traîné par le mercenaire qui adressa ces mots à son invité : « Vous pourrez discuter avec eux lors du goûter. Merci d’avoir participé. » Enfin, Yu-Seong allait pouvoir entrer dans le vif du sujet. Il n’était pas venu pour jouer, mais pour entendre leurs témoignages et enfin pouvoir punir ceux les ayant blessés. Quoique le combat contre la Tarasque n’avait pas été si désagréable … Justement, Gobelin lui demanda s’il s’était amusé.

    « Vous parlez comme si je n’avais habituellement aucune liberté, » nota le père de famille, un sourire en coin. Certes, en tant que duc et membre du Conseil, il possédait une tonne de responsabilités. Cependant, il avait accepté ces deux postes en pleine connaissance de cause; il n’avait aucun regret et il n’avait pas l’impression d’être bridé par ses obligations. D’accord, il y aura toujours des conventions sociales à respecter, mais n’était-ce pas le cas pour tout le monde ? Seul le gobelin semblait s’en moquer éperdument. La preuve : il venait de traiter les nobles d’incestueux consanguins … Attendez, quoi ?

    Yu-Seong le dévisagea, les yeux ronds. Pourquoi on abordait ce sujet tout d’un coup ?! Urgh, il regrettait d’avoir mentionné sa potentielle bâtardise … Cela l’avait bien servi sur le coup, mais maintenant, il espérait juste que Gobelin oublie ce détail. Malheureusement, cela ne risquait pas d’arriver … Et puis, même s’il n’appréciait pas les autres nobles, les propos du moche mercenaire étaient insultants pour sa femme, ses enfants, sa mère, son père l’ancien duc, son frère … N’importe quel autre aristocrate l’aurait puni sur le champ, et Gobelin sembla soudainement le réaliser puisqu’il s’inclina presque jusqu’au sol pour s’excuser. Correction : même cette créature respectait certaines conventions sociales. Au moins, il y avait ça de rassurant.

    « Ma foi, vous ne mâchez pas vos mots … » commenta-t-il un peu froidement en se détournant afin de regarder ailleurs. Ses yeux croisèrent Odalus derrière eux. Avait-il porté attention à la discussion des deux adultes ? Dans tous les cas, le duc ne souhaitait pas que l’orphelin voit une telle scène, alors n’en faisons pas tout un drame. « Relevez-vous. Vous avez le droit de vous exprimer. » En contrepartie, Yu-Seong avait également le droit de le punir en conséquence, mais ce n’était qu’un petit détail. Pourquoi, mais pourquoi Gobelin avait-il abordé ce sujet ? Était-ce pour se moquer ? Était-ce par pitié ? Quelle insulte !

    Puis, le gobelin se mit à murmurer, et le noble comprit que la créature verte ne pensait pas à mal. Au final, c’était juste de la compassion. Les deux hommes avaient souffert parce qu’ils étaient différents; ils avaient au moins cela en commun. Mais avant que l’ambiance soit plombée pour de bon, les enfants rappelèrent à tous leur existence dans cette histoire. D’abord avec Ignace qui faisait tout d’un coup son timide, puis avec Elea qui avait repéré l’objet de leur quête : des tartes. Laissant Gobelin avait le petit garçon, Yu-Seong rejoignit la fillette et suivit du regard la direction de son doigt aussi petit qu’autoritaire. En effet, deux boulangères préparaient des desserts au fumet appétissant – dont des tartes. Elles les présentaient fièrement sur une table à l’extérieur de leur commerce, comme si la Déesse elle-même avait tout orchestré afin que la promesse du politicien ne soit pas brisée. À moins que le mercenaire avait tout prévu, mais l’idée était moins charmante.

    « Hahaha ! Pas d’inquiétude, Elea, je m’en occupe, » la rassura-t-il. L’envie de poser une main amicale sur sa petite tête blonde était forte, mais c’était sûrement trop tôt pour les contacts physiques. À la place, Yu-Seong s’approcha de l’étal et son arrivée fut aussitôt remarquée par les deux dames. Ces dernières ne connaissaient peut-être pas le visage de leur dirigeant, mais elle savaient reconnaître la richesse; c’est pourquoi la surprise passée, elles l’accueillirent avec leurs plus beaux sourires. « Bien le bonjour mesdames, » les salua-t-il d’un air tout aussi charmant. « C’est une belle boulangerie que vous avez là ! Est-ce une entreprise familiale ? »

    Le visage de la plus vieille s’illumina d’un seul coup, heureuse que l’on s’intéresse à l’histoire de sa boulangerie autant qu’à ses produits. Le visage de la plus jeune, quant à lui, rougissait à vu d’œil. Peut-être que le duc était le plus bel homme qu’elle ait jamais croisé, qui sait ? « Oh, vous savez, c’est qu’un modeste commerce, mais nous en sommes très fières ! Dans la famille depuis trois générations maintenant, oui oui ! » répondit avec aplomb la madame.  Évidemment, le noble renchérit : « Trois générations ? Cela est fort admirable, et on peut sentir toute votre passion. Le bâtiment est bien entretenu et les produits proposés semblent tous plus succulents les uns que les autres ... » La dame se mit à rire. « Oh, monsieur, vous nous faites trop d’honneur ! »

    Les deux "vieilles" personnes auraient sûrement pu discuter ainsi pendant des heures, mais Yu-Seong sentit l’aura impatiente des enfants se rendre jusqu’à lui. Ah, oups. « Combien de tartes pouvez-vous m’offrir ? » La plus jeune rentra en vitesse dans la boulangerie avant d’en ressortir tout aussi rapidement. « Nous, hum, nous venons de finir la cinquième ... » Une vraie boule de nerfs malgré son sourire, c’était mignon. « Parfait. Je prends les cinq, » annonça l’Adda en sortant sa bourse. Il traînait toujours de l’argent de poche sur lui au cas où, mais ce qu’il considérait comme étant de l’argent de poche représentait souvent plusieurs semaines de salaire pour le bas-peuple … « Tout de suite monsieur ! » s’exécuta la dame extatique alors que la demoiselle regardait la grosseur de la bourse avec de grands yeux. Au bout de quelques secondes, elle les releva vers le grand monsieur. « V-Vous aimez beaucoup les tartes à Nuhoko ? »

    Confusion. « Pardon ? » La nervosité de la jeune femme monta d’un cran. « V-Vous êtes un riche étranger, non ? » Sérieusement ? C’était quand la dernière fois qu’on lui avait sorti quelque chose du genre ? Ça devait être Gobelin qui l’avait maudit en parlant d’inceste et d’illégitimité plus tôt ! Était-ce sa faute s’il avait plus la gueule d’un empereur de Nuhoko que celle d’un duc de Babel ?! Yu-Seong éclata de rire et décida de ne pas gêner davantage la pauvre demoiselle. « Ah, je crois que tout le monde aime les tartes, peu importe leur origine ! » Au même moment, la maîtresse termina de rassembler les cinq tartes. Le "riche étranger" paya, complimenta une dernière fois la boulangerie, puis se tourna vers la petite troupe qui était restée en retrait. Ça devait bien arranger Gobelin que ce soit lui qui paye !

    « Je vais avoir besoin de vos bras pour porter tout ça, » les invita-t-il à se rapprocher tout en présentant leur butin d’une main. Ce fut au tour des deux femmes d’être confuses en voyant ce groupe plutôt hétéroclite. Lorsque les deux adultes et les trois orphelins s’éloignèrent enfin, tartes en mains, Yu-Seong put entendre un murmure dans leur dos : « Tiens, maman, c’était pas Gobelin ça ? » Ah, parce qu’elles reconnaissaient un mercenaire louche, mais pas leur propre duc ?! Enfin, le duc en question ne se sentait pas insulté outre-mesure, mais quand même … Quelle situation loufoque. Il posa les yeux sur le gobelin et… remarqua à quel point il semblait plus vivant lorsqu’il interagissait avec ses petits orphelins. Était-ce le fait de s’occuper de ces derniers qui empêchait Gobelin de devenir un vrai gobelin ? Hum …

    Yu-Seong garda le silence, le temps qu’Elea et Ignace s’éloignent de nouveau. Pour Odalus, il ne pouvait pas y faire grand-chose. Il ne pouvait pas non plus s’empêcher de penser aux paroles du mercenaire, alors … « L’ancien duc m’a toujours considéré comme étant son héritier légitime, alors je préfère croire être son véritable fils consanguin. Et j’apprécierais également que vous me considériez comme tel. » Oui, il reprenait brusquement la conversation, comme ça. Tentative pour décontenancer le gobelin à son tour. Il avait également réutilisé l’insulte de consanguinité afin de l’embarrasser un peu, mais qui sait ce qui pouvait embarrasser ou non une telle créature ? Enfin, il avait dit ça avec un léger sourire en coin, la preuve qu’il n’était pas si fâché … À moins que c’était un sourire pour se convaincre de ses propos. Il s’était toujours accroché à cette idée, la seule raison pourquoi il n’était pas entièrement convaincu d’être un bâtard. Malheureusement, la vérité demeurera à jamais cachée … Après tout, on ne peut pas faire parler les morts.

    « Ensuite ... » Ah, attendez, ce n’était pas vraiment le moment pour un intense débat philosophique. Yu-Seong avait encore besoin de Gobelin; on n’allait pas risquer de se le mettre à dos en discutant de différents idéologiques ! Et puis bon, des confidences, il en avait déjà trop faites ces dernières semaines. Il n’aimait pas ça. À la place, il laissa un bref rire s’échapper de ses lèvres. « Des imbéciles méprisants, nobles ou roturiers, il y en a partout. Heureusement qu’il existe des personnes comme nous, des personnes qui cherchent à briser ce cycle de haine. » L’Adda y croyait dur comme fer alors qu’en réalité, tous ses complots faisaient de lui un participant actif de ce cercle sans fin de peine et de douleur. Hypocrite se voilant la face, homme dans le déni, peu importe; il offrit un sourire complice au gobelin. « Ces tartes ne sont qu’une étape de plus vers la paix dans le monde, » plaisanta-t-il en soulevant celle qu’il portait. « J’espère que nos petits héros les apprécieront. »

    Ils parlaient, ils marchaient, et les voilà déjà de retour devant le grand arbre. Bien que le moment de vérité approchait, le duc gardait son calme et sa nonchalance. Jetant un regard vers la marionnette qui était restée là, il demanda aux gamins : « Cela ne vous coupe-t-il pas l’appétit de manger à côté de la carcasse d’un monstre ? » Dernière blague pour détendre l’atmosphère. Maintenant, Yu-Seong passait le relais à Gobelin, car celui-ci connaissait bien mieux les enfants que lui … Et sa méthode sera sûrement plus douce que celle du duc. Heureusement, ce dernier était patient; mieux valait attendre que les orphelins soient prêts à s’ouvrir. S’il les brusquait, il risquait de rater sa chance définitivement.
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    Les yeux ronds, le ton soudain froid, s'abattent.

    Gobelin s'attend à un soufflé derrière la tête, d'ailleurs, son crâne se réfugie entre ses épaules osseuses. Ses propres yeux plissés, ses lèvres pincées d'un sourire, entre ses babines, émerge nerveusement la pointe de sa langue. Gobelin ne pensait pas à mal, mais comprend qu'il a fauté, il s'incline une nouvelle fois, joignant les mains au dessus de sa tête.

    _ Pardon, pardon ! Couine-t-il, Gobelin a commis une erreur !

    Quand Ignace revient vers eux, Gobelin se redresse instinctivement et l'accueille sous son bras protecteur, l'enfant venant naturellement se serrer contre lui pour une étreinte. Les yeux verts suivent la haute silhouette du Duc, vers lequel Elea s'est dirigée. Face à son assurance, elle hoche docilement la tête. La petite fille a joint les mains dans son dos : se balançant d'un pied sur l'autre, elle succombe à la curiosité. Finalement, elle s'approche de l'homme et reste discrètement à ses côtés, lorgnant vers les tartes et offrant un sourire aux dames.

    Gobelin, lui, rassure Ignace d'une caresse dans ses courts cheveux brun. Odalus, préoccupé, finit par murmurer.

    _ Tout va bien, Gobelin ?

    _ Oui ! Assure Zeng d'un sourire sincère, Ne t'inquiète pas Odalus.

    _ Est-ce qu'il est… vraiment votre ami ?

    Zeng se tourne vers l'enfant et lève fièrement le doigt.

    _ Il est ! Votre allié. Il est là pour vous aider, et aider les autres enfants de l'orphelinat. Le Ducami a l'autorité qu'un Gobelin n'a pas !

    Ignace n'écoute pas vraiment : il s'amuse à tirer son chien à roues, sous le regard attendri du Gobelin. Odalus, rassuré un instant, hoche la tête. Zeng dirige son attention vers les jeunes femmes, le Duc et Elea ; croisant le regard de la plus jeune, le sourire s'étire sur les lippes exsangues, la main aux longs ongles, se lève et agite malicieusement ses doigts, salut complice.

    Le Duc le surprend, à prendre le temps d'échanger avec la boulangère. L'homme aime t-il donc écouter ses sujets ? Ce serait bien l’un des premiers ! L'aigreur susurre, qu'il ne s'agit probablement pas mieux que d’un acte intéressé, qu'il ne se souviendra probablement plus de cette femme dès l'instant où il aura quitté le village, mais cette mauvaise voix, Gobelin l'enfonce, l'enterre, au plus profond de ses viscères. Il y a tant de mauvaises choses qui y pourrissent, qui lui donnent mal au ventre et lui coupent l'appétit, tant de déception, d'envie, de jalousie, de tristesse et de mélancolie, mais Zeng ne veut pas s'encombrer de ces fardeaux. Il espère que les années l'aideront à digérer, à se débarrasser pour de bon, de ce poids qui le tire vers le bas. Il s'accroupit, ses coudes se reposent sur ses genoux.

    L'important, après tout, n'est-il pas de voir les sourires sur les visages de ces femmes et sur celui des enfants ? Quelles que soient les intentions de cet homme, il fait du bien autour de lui, et pour ça, Gobelin lui est reconnaissant. Peut-être est-ce là, tout ce qu’il faut retenir.

    Les paupières retombent davantage, sur les yeux verts, pourtant, il ne somnole pas. Ses pupilles plantées dans le dos du Duc, ses mains s’ouvrent et se ferment, comme un chat minaude, gestes réguliers, apaisants, rassurants, roulement des muscles et tensions des tendons. Gobelin connaît tant de visages à la Noblesse, et ce qu’il connaît le mieux, est le goût de la terre sur leurs semelles, son nez enfoncé dans la poussière, le ventre contre la terre. Il connaît les coups, l’emprisonnement, l’humiliation, il sait qu’il faut toujours, se soumettre face à l’autorité écrasante et supplier, supplier pour la compassion, la générosité, pour que sa vie soit épargnée.

    Le Duc est différent.

    L’homme ne l’a pas fait arrêter : il l’a cherché. L’homme ne l’a pas frappé ou insulté, l’homme n’a pas ri et ne s’est pas même moqué : face à l’offense, il s’est excusé. Il s’est même incliné face à lui, le vulgaire Gobelin. Et aujourd’hui encore, l’homme s’est déplacé, il a veillé à ne pas effrayer les enfants, il s’est plié au jeu qu’il lui a proposé. Et aujourd’hui ! L’homme leur offre une tarte aux prunes que Gobelin n’aura pas à voler.

    De tels gestes, accompagnent souvent une volonté et un intérêt que le Gobelin ne peut qu’effleurer. Mercenaire, il sait flairer les bonnes affaires et veille d’ailleurs, à ce que le Duc ait intérêt à l’épargner. Le Duc, est-il ami ? Il est trop tôt pour le dire. Mais qui est Gobelin, pour juger l’intention des Hommes ? Leur lien ne s’appuie probablement que sur un échange de bons procédés et d’intérêts communs. Le sourire sur ses lèvres s’étire, ses yeux luisent sous ses longs cils. Au fond de sa gorge, naissent borborygmes. Les sons, les mouvements, accompagnant sa réflexion, apaisent ses émotions, la joie teintée de mélancolie, l’espoir souillé d’aigreur, d’un Homme né dans un corps de Gobelin.

    Il aurait refait le monde, s’il avait été puissant ! Pensait-il autrefois, avant de se dire qu’en réalité, il ne serait pas différent des autres. Car il n’aurait jamais connu ce qu’il a vécu. Il n’aurait pas été, ce qu’il est aujourd’hui.

    Que cet homme ! Soit trompeur, acteur, menteur, qu’il soit, tyran ou cruel, Gobelin ignore tout ce qui se trouve, derrière ces beaux vêtements et cette rhétorique maîtrisée. Mais il voit, la joie qu’il sème, et c’est tout ce qu’il veut retenir. Alors, il applaudit finalement quand la bourse ventrue est donnée aux Dames.

    _ Quelle générosité ! Apostrophe-t-il, se levant avec la vivacité d’un Diable qui sort de sa boîte, Merci, merci ! Merci Ô Noble âme !

    Le titre honorifique a bien failli effleurer les lèvres du Gobelin et son rictus carnassier, témoigne de l’épée de Damoclès qu’il vient de retenir. Car il n’aurait eu aucune gêne à trahir l’identité du Duc. Les boulangères se seraient mises à terre, l’on aurait vanté des semaines durant le passage du Duc d’Adda dans ce petit village, une telle réputation aurait pu lui être bénéfique ! Et ça aurait été une merveilleuse diversion, pour récupérer les tartes et les enfants, faire une petite farce à ce Duc… Mais Gobelin sait, qu’il a été un peu trop loin et qu’il est préférable de ne pas tirer davantage sur la corde ; ici, il ne peut pas se permettre d’abuser de la patience de l’homme, et encore moins, d’inquiéter les petits.

    Elea d’ailleurs, n’accorde aucune attention à l’argent qui passe de mains en mains ; ses yeux vont des tartes à l’homme qui les a offertes. Reconnaissante, et probablement admirative, ses yeux sont écarquillés, sa bouche, entrouverte, sa main saisit instinctivement le vêtement du Duc, en une pression légère. Elle lutte tant bien que mal contre son impatience, et rougit quand son ventre gargouille. Elle préfère alors s’écarter du Duc et s’approche encore plus près de l’étale des boulangères, se tenant au rebord, elle observe avec envie les pâtes croustillantes.

    Quand le Duc appelle à l’aide, les enfants dirigent naturellement leurs yeux vers Gobelin. Elea s’est légèrement reculée.

    Le rictus sur les lèvres de la créature reste, déchirure. Une de ses mains plonge dans ses cheveux noirs, huileux, jusqu’à jouer avec une mèche qu’il enroule malicieusement autour de son index. D’un pas sautillant, tout en gazouillant, Gobelin s’approche du Duc. Une main se lève jusqu’à son coeur, l’autre s’étire vers l’arrière, il s’incline gracieusement, le geste accompagné, d’un léger recul d’une de ses jambes. La courbette maîtrisée, est d’une souplesse que peu peuvent se vanter d’avoir : le geste si appuyé, en est presque comique, bien que l’inclinaison de son dos soit d’une souplesse dérangeante. C’est d’un mouvement reptiléen, que Gobelin s’est déjà redressé, d’un geste vif, a déjà pris trois tartes entre ses bras. Elea s’est avancée, en prend une à son tour et Odalus, à son plus grand plaisir, se retrouve avec une sur les genoux.
    Ignace préfère ne pas en prendre ; rapidement, il suit finalement Elea. Les enfants, impatients, peinent à contenir leur joie. Elea court sur quelques mètres, sautille dans un cri, Ignace la suit dans un rire, Gobelin les suit du regard.

    _ Que dit-on les poussins ? Gobelin ne vous a pas entendus ! Les arrête-t-il, portant une main à son oreille.

    _ Merci ! S’écrient les enfants en coeur.

    _ Plus fort !

    _ MERCIIII !

    Gobelin laisse échapper un rire caquetant et rabaisse la main ; d’un geste, encourage les enfants à reprendre leurs jeux. Quand le Duc revient sur le sujet de la filiation, les yeux de Gobelin basculent au coin de ses paupières. Le fixant du coin des yeux, sans perdre son sourire, Gobelin hoche la tête de haut en bas, à deux reprises.

    _ Moi, je vous vois comme tel. N’ayez crainte, Ducami.

    Ses yeux se détournent pour regarder la route devant eux.

    _ Je sais quelle est votre place et quelle est la mienne. Vous êtes Duc, je suis Gobelin. Je me suis excusé pour mes propos déplacés, et peux m’excuser une fois de plus si cela peut apaiser l’offense que j’ai commise.

    Le sourire, se fait plus froid, plus doux à la fois, alors que Gobelin hausse les épaules.

    _ J’ai été impudent et offensant. Je vous demande pardon pour cette erreur. Mais concernant mes intentions…

    Gobelin entoure une mèche autour de son index, marchant toujours de son pas sautillant.

    _ Je n’ai voulu, ni vous remettre en question d’une quelconque manière, ni vous critiquer vous spécifiquement. J’ai parlé, sans connaître, en me fiant à ce que j’ai entendu, j’ai agi, comme un imbécile, comme toutes ces personnes que je critique. Ne dit-on pas, que l’erreur est humaine ? Grâce à elle, Gobelin a matière à faire mieux ! Alors je vous remercie, Ducami, de m’avoir fait ouvrir les yeux sur ma sottise et me donner l’occasion de racheter ma faute.

    Gobelin lui offre un sourire.

    _ J’ai voulu agir, par compassion.

    Et le masque, revient. Le sourire s’étire, dévoile les dents, les yeux plissés, expression fallacieuse, d’une créature qui sort la langue.

    _ Vous souvenez-vous ? Vivre ou mourir, n’est qu’une question de chances. Et dans ces chances, se trouve la compassion. Sans elle, Gobelin ne serait pas ici ! Et sans elle, les enfants n’auraient, ni tartes ou jouets. Mais comment, que peut faire, un Gobelin pour offrir sa compassion au Duc ? Est-elle même bienvenue, se demanderaient certain.es ? Ah, oui, oui, car toutes âmes souffrent, et pour cette souffrance, Gobelin ressent, de la compassion. Que les insultes crachées par les uns et les autres, deviennent une armure. Vilain, hurle-t-on ! Eh bien vilain, sera-t-il, si hideux qu’il marquera à jamais les mémoires, ce sera là sa gloire ! Bâtard, murmure-t-on, qu’ils se taisent car vous êtes, héritier, non seulement choisi par le sang, mais pour d’autres qualités bien plus valeureuses et légitimes, que la seule hérédité. C’était, ce que Gobelin voulait exprimer.

    Le voir lever la tarte le fait rire et les enfants, voyant le geste, lèvent aussi leur tarte - celle d’Elea manque bien de tomber. Au vu des mouvements de la petite fille, il se peut d’ailleurs que la tarte aux prunes soit finalement retournée, mais ce n’est pas grave, elle sera bien entendue mangée.

    Le groupe rejoint le lieu de l’affrontement. Gobelin confie ses tartes au Duc et s’approche de la carcasse. Il défait les ailes, les étend sur le sol.

    _ Nous festoierons même ! Sur sa carcasse.

    _ J’ai toujours de l’appétit pour les tartes ! Affirme Elea en déposant la sienne. L’enfant lèche déjà ses babines en s’asseyant près de son trophée. Gobelin aide Odalus à sortir de sa chaise improvisée et l’aide à s'asseoir avec eux sur les draps, jusqu’à lui-même s’installer en tailleurs dans un soupir. Ignace se pelotonne contre lui et sourit, avant que Gobelin ne sorte un couteau de sa poche et ne commence à couper des parts en fredonnant.

    Les parts passent de mains en mains. Elea enfourne la sienne sans cérémonie, alors qu’Odalus prend le temps de savourer chaque bouchée. Pour Ignace, les choses sont différentes. Gêné par son bec de lièvre, il regarde Gobelin séparer les fruits de la tarte, pour les lui donner. L’enfant peut les manger plus aisément, sans que des miettes ne viennent se glisser dans son palais imparfait… Gobelin est très attentif, essaye d’écraser la pâte molle pour lui en donner quelques morceaux, veille à ce qu’il n’ingère pas la croûte. Cela prend quelques longues minutes, temps durant lequel les autres enfants en profitent pour discuter avec le Duc. Elea en est déjà à sa deuxième part, quand elle lève le nez vers le Duc.

    _ Z’avez des enfants ? Qu’elle demande sans détours.

    Odalus hésite mais ne trouve pas le courage d’interroger l’homme à ses côtés et préfère détourner les yeux vers Gobelin. Elea reprend.

    _ Z’avez déjà battu des monstres ? Des vrais ? Murmure-t-elle avec grand sérieux, Et z’aimez les tartes ? Parc’que si vous z’aimez pas, j’peux manger votre part.

    Propose-t-elle dans un grand sourire malicieux.

    _ Où sont vos amis ? Allam et Kirsten ? Souhaitent-ils venir manger avec nous ? Demande finalement Gobelin après avoir fini de trier les fruits. Lui mange la pâte délaissée, pourlèche ses doigts aux longs ongles, les tartes sont délicieuses. Ses yeux reviennent vers le Duc, qu’il dévisage avec attention. Car il espère qu’aucun des deux n’a été puni par ses facéties : ils ne sont pas responsables, du fait qu’il se soit échappé.

    Le corps du Gobelin se redresse, ses jambes, se glissent sous son séant, ses mains se reposent sur ses cuisses. Sans plus sourire, sa tête dodeline un instant, avant qu’il ne redresse les yeux.

    _ Le Ducami a donné l’argent, qui a permis d’acheter les jouets, les livres, les remèdes et les vêtements. Vous pourrez le remercier encore une fois, pour tout ce qu’il vous a permis d’avoir.

    Elea, surprise, cligne des paupières. Ignace redresse le nez de son bol alors qu’Odalus, au contraire, baisse timidement les yeux. Mais Gobelin continue.

    _ Il souhaite aider vos amis de l’orphelinat. Mais pour ça, il faudrait lui expliquer… ce qu’il se passait là bas. Gobelin serait heureux, que vous parliez en votre nom. Que vous dîtes, tout ce dont vous vous souvenez et tout ce que vous avez envie de lui dire. C’est important. Mais ne vous forcez pas. Si certaines choses, sont trop dures ou tristes à dire, ne les dîtes pas, le Ducami comprendra.

    Un silence retombe sur la petite assemblée.
    Et Elea se lève.

    _ Ce sont des salauds ! S’écrie-t-elle, soudain furibonde, Y frappaient Ignace ! Y d’saient, qu’il était maudit par… Par…

    L’enfant tremble. Craintive, elle replie ses bras contre elle et adresse un regard affolé vers Gobelin. Gobelin rouvre les yeux, sa tête bascule sur le côté. Les yeux morts, il reprend.

    _ Ils les accusaient d’être maudits par la Calamité elle-même en raison de leurs différences.

    Ignace s’est réfugié contre lui. Ses bras serrent nerveusement la taille maigre de Gobelin, qui l’a entouré d’un bras protecteur. Elea marche de long en large.

    Odalus, nerveusement, frotte ses mains l’une contre l’autre.

    _ Ils disaient que… que nos parents nous avaient abandonnés… qu’ils étaient sûrement mauvais… ou que nous, on l’était… Que c’est pour ça que je ne pouvais pas marcher… Ils… ils disaient que j’allais transmettre ça aux autres… J’étais dans ma chambre, je n’avais pas le droit de sortir, j’étais… j’étais souvent tout seul…

    Odalus est le plus âgé du groupe, celui qui semble le plus à l’aise pour s’exprimer. Le voyant prendre la parole, Elea ronge son frein. Inquiète, elle tourne souvent les yeux vers Ignace qui n’ose plus se montrer.

    _ Pour eux, on était… maudits, ils nous menaçaient de nous laisser dans les bois si on obéissait pas, reprend Odalus. Sa voix tremble et ses yeux reviennent souvent vers Gobelin. Les larmes noient ses prunelles brunes.

    _ Ils disaient… qu’on allait apporter le malheur…

    Gobelin prend Ignace dans ses bras, se lève pour venir près d’Odalus et l’enlace de son bras libre. Odalus frotte ses yeux. Elea, quant à elle, prend un bâton et l’agite dans tous les sens, vigoureusement, bataillant contre un ennemi invisible.

    _ Moi je les ai tapés ! Alors ils m’ont tapée encore plus fort ! Mais je m’en fiche ! Je suis plus forte !

    _ Ces adultes n’avaient pas à vous faire ce qu’ils ont fait, tranche Gobelin d’une voix ferme, Vos différences, ne sont en rien des malédictions. Vous apportez à Gobelin, sourires, joies et jeux, il n’y a aucun malheur, dans ce que vous donnez. Vous êtes ses trésors. Et vous comptez. Votre vie, compte. La preuve ! Le Duc lui-même s’est déplacé, pour vous parler. Pour vous aider. Il sait bien que ces histoires de malédiction sont des foutaises. Et que ces personnes, ont commis l’impardonnable.

    Les enfants s’apaisent quelques instants. Elea fixe alors le Duc, avec une méfiance pourtant teintée d’espoir.

    _ Le Duc, y pense pas comme eux hein ?

    Elle demande, avec un semblant d’assurance. Gobelin redresse les yeux vers le Duc. Leur destin, est tristement celui partagé par de nombreux autres. Lui-même, n’a pas été épargné.

    Gobelin, vile fruit de la Calamité, recueille les restes de l'Humanité, ces "miettes" que certain.es s'empressent de balayer.
    Zeng Min
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    Mer 8 Nov - 4:23

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    De la compassion, hein ? C’était la conclusion que le duc avait déjà tiré avant que le gobelin ne le confirme. Malgré tout, c’était bizarre. Bizarre que ce soit un roturier aussi moche qui soit compatissant alors que tous les beaux nobles qu’il avait côtoyés toute sa vie n’avaient eu que du dédain pour lui (sauf les femmes qui avaient cherché à le marier pour son titre bien sûr). Yu-Seong n’était pas habitué et ne savait pas trop quoi en penser; devait-il être heureux ou insulté ? Lui-même faisait preuve de compassion envers les trois orphelins, mais était-ce vraiment de la compassion ou était-ce plutôt de la pitié ? Et Gobelin ? Le duc avait-il pitié du gobelin ?

    Mais bon, l’introspection, l’Adda n’aimait pas trop. De toute manière, l’heure de manger les tartes avait enfin sonné et les enfants étaient de plus en plus impatients. Yu-Seong imita Gobelin et s’installa en tailleur face à lui. Évidemment, il le regretta aussitôt; pas parce que le visage du mercenaire risquait de lui couper l’appétit, mais parce qu’il sentait que cela allait être compliqué de se relever. Pas de sa faute si son corps était abîmé ! D’ailleurs, l’homme devant lui était-il également parsemé de blessures de guerre ? Si tel était le cas, il n’avait clairement rien qui nuisait à sa souplesse, contrairement à Yu-Seong. Fait chier.

    Le grand noble nota aussi que Gobelin transportait un couteau dans sa poche. Oui, c’était un détail important. Lorsqu’on lui donna enfin sa part, le duc l’examina, mine de rien. Sa tarte était-elle empoisonnée ? Hmm … En tout cas, les enfants n’étaient pas encore tombés dans les pommes. Gobelin prendrait-il le risque d’empoisonner ses protégés juste pour atteindre le duc ? Probablement pas. On l’espère en tout cas. Ah, mais il y avait un autre problème … Ils mangeaient vraiment sans ustensiles ? Un regard vers la gauche : Elea s’empiffrait sans aucune gêne. Un regard vers la droite : Odalus parvenait à manger plus élégamment que son amie. Un regard en avant : Gobelin s’occupait du petit Ignace qui exigeait une attention particulière.

    Finalement, Yu-Seong haussa les épaules et prit enfin une bouchée de sa tarte. Oh ! Elle était succulente. Dommage que ses enfants ne soient pas là pour y goûter. Comme si elle lisait dans ses pensées, la blondinette lui demanda soudainement s’il était papa. Amusé par sa franche curiosité, le duc lui répondit avec plaisir : « Oui, j’ai plusieurs enfants. Ils sont plus vieux que vous trois, mais je crois que tu t’entendrais bien avec ma fille. » La même qui allait l’envoyer risquer sa vie dans une forêt nuhokaise dans un futur proche, mais ça, personne ne le savait encore.

    Puis, Elea lui demanda très sérieusement s’il avait déjà combattu de véritables monstres et s’il comptait un jour manger sa pointe. Hahaha … Pour tout dire, Yu-Seong n’avait jamais été un gros mangeur. C’était un peu ironique qu’un homme riche mangeait si peu alors qu’il avait la possibilité de commander n’importe quel plat, tandis qu’un gamine affamée en pleine croissance n’avait pas les moyens de se nourrir convenablement.

    Il se pencha vers elle comme pour lui faire une confidence, un sourire tout aussi malicieux que le sien sur les lèvres. « Oh oui, j’ai déjà affronté tout plein de monstres assoiffés de sang. Et merci pour ton offre généreuse, mais je crois que je vais garder ma pointe de tarte. » Les monstres étant tous les enfoirés qu’il avait fait assassiner bien sûr. Après tout, c’était plus facile de balayer une vie lorsqu’on ne la considérait pas humaine … Même si dans tous les cas, le duc ne ressentait aucun scrupules.

    « Où sont vos amis ? Allam et Kirsten ? Souhaitent-ils venir manger avec nous ? » l’interpella Gobelin. Yu-Seong se redressa calmement, posant ses yeux sur le mercenaire. Ce dernier se doutait-il que le village grouillait de soldats déguisés ? Tout du moins, il devait savoir que l’aristocrate s’était déplacé avec une escorte. Cependant, ce qui dérangeait réellement le duc, c’était que cela sonnait comme un interrogatoire. À moins qu’il se faisait des idées et qu’il prêtait à Gobelin des intentions qu’il n’avait pas; ce ne serait ni la première, ni la dernière fois.

    « Ils avaient d’autres obligations ailleurs, » répondit-il à la fois neutre et évasif. La vérité, c’est qu’il n’avait pas amené Allam avec lui parce qu’il craignait que le jeune homme se montre trop mou avec les Lanternes Vertes. Quant à Kirsten, il n’avait pas été invité, car s’il fallait que les soldats interviennent auprès des enfants, il les aurait effrayés. Par accident bien sûr ! Ce n’était pas sa faute s’il avait l’air si sévère …

    Ce fut au tour du mercenaire de se redresser. Yu-Seong sut aussitôt que l’heure était venue. Les orphelins durent sentir le changement d’atmosphère aussi, car ils se tendirent. Le silence était si lourd, si pesant que pendant un instant, l’Adda craignit qu’aucun des trois n’oserait parler.

    Puis, Elea explosa avant de se renfermer tout aussi brusquement. Comme si elle craignait que le noble la punisse pour son comportement.

    Ensuite, Odalus – qui était resté silencieux jusqu’à maintenant –, eut le courage de détailler l’enfer qu’ils avaient vécu. Même si les larmes mirent fin à son récit.

    Enfin, Ignace serrait Gobelin si fort … Espérant peut-être se cacher pour toujours, à moins qu’il était effrayé que ce soit son sauveur qui disparaisse.

    Cela lui brisait le cœur. Et lui donnait des envies de meurtre.

    Tout le long, Yu-Seong avait gardé le silence. Il les avait écoutés, son visage neutre et sérieux. Ses yeux étaient passés de l’un à l’autre, le plus doucement possible. Seuls ses mains serrant ses genoux trahissaient ses émotions réelles. Il ne comprenait pas comment tout cela était possible. Il ne comprenait… juste pas. Pas du tout. Ce n’était pas censé se passer ainsi. Les orphelinats n’étaient-ils pas des refuges pour les enfants oubliés ? Les adultes responsables n’étaient-ils pas supposés remplir le rôle de parents ? Comment un parent pouvait-il maltraiter ainsi ses propres enfants ? Leur dire des choses aussi horribles ? Lever la main sur eux ? Pourquoi tenir un orphelinat si c’était pour commettre de tels actes ? Pourquoi s’occuper d’enfants si c’était pour les détester ? Qui était assez tordu pour passer sa vie à maltraiter des gamins inoffensifs ?! Comme si leur existence d’orphelin n’était pas assez triste comme ça !

    Et surtout, pourquoi le duc n’en avait-il jamais entendu parler jusqu’à ce que Gobelin le mentionne ? Était-il si préoccupé par sa propre protection qu’il en avait oublié celle de son peuple ?

    « Le Duc, y pense pas comme eux hein ? »

    La petite voix d’Elea eut l’effet d’un coup de poignard. Gobelin le fixait, il le savait, mais Yu-Seong préférait fermer les yeux afin de se ressaisir. Réfléchir en gardant la tête froide.

    Est-ce que Gobelin avait demandé aux enfants de raconter cette histoire afin que le duc punisse des innocents ? Qui sait, peut-être que Gobelin n’aimait pas cet orphelinat pour des raisons purement égoïstes et stupides. Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un tente de manipuler l’Adda de la sorte, avec un plaidoyer triste et des larmes de crocodile. Des vassaux audacieux qui n’appréciaient pas leur voisin et qui espéraient que leur maître s’en débarrasse pour eux.

    Mais ces orphelins ne mentaient pas. Aucun enfant ne pouvait simuler autant d’émotions fortes. Leur peur, leur tristesse, leur colère … Tout ceci était la vérité. La simple et triste vérité. Impossible que cela soit l’œuvre de la Déesse; la Calamité elle-même devait être dans le coup. C’était exactement ça : c’étaient les adultes de l’orphelinat qui étaient possédés par Nergal, pas les gamins.

    Après ce qui avait dû sembler être une éternité pour le petit trio craintif, le duc rouvrit lentement les yeux. « Non. Non, je ne pense pas comme eux. » Petite pause. « Gobelin a raison. Vous n’êtes pas des fardeaux et vous n’êtes certainement pas maudits. Nous avons joué ensemble, nous avons discuté, nous avons même partagé des tartes ! Et vous savez ce que j’ai ressenti ? » Il posa une main sur son cœur. « De la joie et de l’amour. Vous comprenez ? Des suppôts de Nergal ne pourraient jamais propager le bonheur comme vous le faîtes. Vous êtes des enfants de Zorya… et vous méritez mieux. Vous avez le droit de jouer, d’apprendre, de vous épanouir et d’être heureux. Ne laissez personne vous dire le contraire. »

    Bien que son ton était toujours aussi calme, il y avait maintenant une certaine pointe d’autorité. Il fallait montrer à Elea, Odalus et Ignace qu’il avait la situation en main. Qu’il était un pilier sur lequel ils pouvaient compter. Après tout, être accompagnés d’un adulte en plein contrôle de ses moyens était plus rassurant que de devoir supporter un adulte qui ne faisait que pleurer avec eux. Yu-Seong préférait malgré tout fixer Gobelin, car il n’était pas certain que les enfants seraient capables de soutenir la fureur contenue qui brillait au fond de son regard.

    Parce qu’évidement, le duc était en colère. Très en colère. Voir des enfants aussi traumatisés … Se dire que ça aurait pu être les siens … Savoir que les coupables sévissaient toujours et que d’autres enfants souffraient en ce moment même … Réaliser qu’il était en partie responsable de la situation à cause de son ignorance … C’en était trop; il devait agir. Maintenant.

    « Gobelin, je n’ai que deux questions pour vous. » Ses doigts contre sa poitrine serrèrent son riche vêtement, trahissant ses pensées violentes. « La première : comment êtes-vous parvenu à faire sortir Elea, Odalus et Ignace de là ? Je veux la version courte. » Il restait des zones d’ombre dans toute cette histoire, alors avant que le châtiment divin ne s’abatte sur les coupables … Autant tout savoir, quoi. « La deuxième : où se situe l’orphelinat exactement ? Dîtes-le moi, ou guidez-moi s’il le faut. Mes hommes et moi-même partirons aussitôt arrêter les coupables. » La peine de mort les attendait; ce n’était même pas négociable. Mais méritaient-ils une mort rapide ou lente ? Jeter leurs cadavres sur le bord du chemin comme des déchets ou les torturer dans un cachot pendant des jours ? Et si personne ne souhaitait se salir avec leur sang impur, Yu-Seong était prêt à les tuer lui-même !

    Enfin, pour l’instant, ses yeux fixaient toujours Gobelin. Si son ton avait été calme avec un pointe d’autorité pour les enfants, cette fois, celui-ci était autoritaire avec une touche de calme. En fait, ce n’était pas une demande; c’était un ordre direct venant du duc d’Adda et du conseiller de Babel. Il avait des criminels à juger et le plus tôt sera le mieux. Pour tout le monde.
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    Ven 10 Nov - 9:56
    Elea a réuni tout son courage dans ses deux poings.

    Serrés, de chaque coté de son flanc, ses yeux bleus fixés sur le Duc. Elle attend sa réponse. Ses yeux, embrasés d'une impudence infantile mais aussi, d'une peur instinctive. Si brave, qu'elle en tremble un peu. Le silence du Duc parut très long, aux yeux des enfants.

    Ignace se cramponne à Gobelin, si fort que la créature retient une grimace et caresse paisiblement les courts cheveux de l'enfant. Elea balance légèrement ses bras, adresse un regard à Gobelin, se mord la lèvre et fait quelques pas, jusqu'à s'accroupir pour gratter le sable. Odalus garde la tête baissée, l'on entend le bruissement de son livre, dont il tourne lentement les pages.

    Ignace pousse un son plaintif, étouffé par les vêtements du Gobelin. Surpris, Zeng l'attrape, le soulève plus franchement pour le réfugier contre son torse. L'enveloppant de ses bras, il repose sa tête contre la sienne, caresse son dos dans un sourire. Sourire, tendre et triste, d'une douceur surprenante, au vu des traits émaciés, du bout des cils, il couve du regard, l'enfant, murmure du bout des lèvres.

    _ Tout va bien Ignace. Tout va bien, tu ne risques rien.

    L'enfant frotte son doudou contre ses yeux, les larmes dégoulinent, dans un spasme inquiet, il renifle et Gobelin essuie la morve de sa manche, ce n'est pas grave, il se nettoiera plus tard.

    _ Tu ne risques rien, chuchote-t-il et Ignace s'apaise, hochant la tête.

    La réponse du Duc fait sursauter les enfants. Ignace se retourne légèrement pour observer le Duc tout en reniflant sa peluche. Elea s'est levée. Un sourire barre son visage, victorieuse, elle dévoile même ses dents et agite vigoureusement son bâton, comme pour chasser ses inquiétudes. Odalus relâche ses épaules et sourit, soulagé. Il craignait d'être déçu… Car le Duc lui avait fait forte impression ! Et l'enfant est rassuré de voir, qu'il a eu raison de croire en cet adulte.

    Les mots du Duc suffisent déjà, à ce que les enfants semblent encouragés. Car à cet âge, les mots comptent autant que les gestes, ce sont ces mots, qu'ils apprendront à se dire, ce sont eux qui détermineront, comment ils se verront, comment ils grandiront. Et Elea d'ailleurs, toujours si impulsive, lâche son arme et s'approche du Duc, d'un pas un peu gauche, elle pose sa main souillée de sucre, sur son épaule. Son autre main hésite à se glisser autour du bras de l'homme, pour une étreinte qu'elle n'ose finalement pas faire, ses bras retombent, elle entrouvre les lèvres, cherche comment exprimer, sa reconnaissance. Ses mains reviennent contre son poitrail, dans un geste de prière, alors qu'elle sourit de toutes ses dents.

    _ Moi j'ai aimé jouer avec toi ! Affirme-t-elle fièrement.

    Odalus hoche la tête, Ignace les imite après une hésitation. L'enfant plus craintif, s'est finalement adossé à Gobelin pour lever les yeux vers le Duc. Il ne semble pas voir la fureur dans ses yeux, ou en tous cas, se sent assez à l'abri contre l'homme pour ne pas réagir ; c'est le ton de sa voix qui semble naturellement attirer son attention.

    Face aux questions, le visage du Gobelin se métamorphose. Plus de rictus ou de borborygmes, un bras autour d'Ignace, l'autre se repose au sol pour soutenir le dos. Les jambes en tailleurs, sa tête se penche légèrement sur le côté, laissant les cheveux graisseux, dévoiler le regard vert franchement planté aux siens. Plus de sourires, non, ni de Gobelin, c'est Zeng qui répond.

    _ Le sauvetage a eu lieu en 3 temps. Je remontais la rivière des Milles Eaux pour rejoindre le village d'Amano. Sur le chemin, j'ai discerné la silhouette de ce que je croyais être une grange, à la lisière d'une forêt. J'allais pour continuer ma route, quand des cris m'ont alerté.

    Oeillade vers Elea ; la petite fille préfère retourner à son jeu, armée de son bâton, elle dessine dans le sable, son autre main a récupéré une autre part de tarte, qu'elle grignote plus doucement.

    _ J'ai surpris une femme, traîner Elea par le bras jusqu'à la rivière.

    Les yeux verts, s'éteignent sous les paupières. Les lippes, tordues d'un rictus sans joie.

    _ Je ne sais pas quelle bêtise Elea avait faite, mais rien ne méritait ces coups. J'ai surgi, comme je sais si bien le faire, j'ai effrayé la femme qui s'est enfuie en abandonnant Elea à son sort, au vulgaire monstre que je suis. J'ai recueilli la petite, qui m'a supplié d'aider Ignace et Odalus.

    _ Ce sont mes copains, explique Elea en haussant les épaules, Ils ne nous aimaient pas.

    _ … Ils n'aimaient pas le fait que tu veuilles nous défendre, corrige Odalus dans un sourire attristé.

    _ Ils ne voulaient pas qu'Odalus sorte de la chambre. Y disaient qu'il puait et qu'on marcherait plus à cause de lui. Mais Odalus y me lisait des histoires, et Ignace… Ignace c'était le plus petit, y faisaient que crier, parce qu'y pleurait beaucoup… Moi ça m'rendait triste qu'y pleure, même si j'le trouvais un peu moche avec sa bouche bizarre…

    Ignace renifle, en réponse, et appuie son doudou contre son nez.

    _ … Elea a voulu rester avec moi. J'ai espionné l'orphelinat quelques jours. Ignace n'était pas vraiment aimé par les autres enfant, ni les adultes. Et quand le soir tombait, il hurlait… Je ne sais pas vraiment pourquoi. Des cauchemars, j'ai l'impression. Mais un soir, Ignace criait vraiment très fort, ils l'ont sorti et je les ai vus remplir un seau d'eau. Peut-être était-ce pour le laver ou autre chose, mais Ignace en a profité pour s'enfuir.

    Ignace lève les yeux vers Gobelin en silence.

    _ Je n'allais pas laisser ce petit loup dehors, sans personne pour le surveiller… Elea m'a aidé à le retrouver. Ignace voulait que j'aille récupérer Poro. Il a dit qu'il voulait plus retourner là bas. Les adultes étaient sortis à la recherche d'Ignace et j'ai profité de l'occasion pour entrer en douce dans l'orphelinat. J'ai trouvé Poro. Toutes les autres chambres avaient été verrouillées, sauf une. La porte était restée grande ouverte. Odalus était dans le lit.

    L'enfant a sursauté. Il avait eu peur, face à la créature rampante qui s'était extirpée des ombres. L'index levé devant les lèvres, les yeux luisants de malice, le Gobelin tenait dans son autre main, la peluche de son ami. L'on murmurait à l'Orphelinat, qu'un esprit des bois avait emporté la petite Elea. Les adultes effrayés, n'avaient réellement succombé à la panique que depuis qu'Ignace avait disparu à son tour…

    En réalité, il ne s'agissait pas des premiers enfants qui partaient. Certains fuguaient, d'autres n'enduraient pas les hivers, les punitions, de toute façon, l'on ne manquait pas d'orphelins.

    _ Il fallait agir vite, mais sans brusquer. Gobelin et Odalus ont discuté, il s'est caché sous le lit de l'enfant quand les adultes sont rentrés. Certains semblaient réellement inquiets, d'autres plus préoccupés, par leur propre sécurité.

    Reprend Gobelin en haussant les épaules.

    _ Apparemment, la disparition d'un enfant, ne les troublait pas, certains chuchotaient, que cela faisait une bouche de moins à nourrir, que la petite Elea avait sûrement fugué comme d'autres, et d'autres encore, murmuraient que la vieille femme avait eu la main trop lourde, encore une fois. Mais le fait qu'Ignace se soit échappé, commençait à inquiéter les adultes : y-a-t-il, un monstre qui enlève les enfants ? Se sont-ils enfuis ensemble, vont-ils les dénoncer ? Quelques un.es s'inquiétaient sincèrement, peut-être que les adultes n'étaient pas tous, mauvais, mais celleux qui l'étaient, l'étaient bien assez pour les mettre en danger. Gobelin s'est dissimulé dans la chambre d'Odalus un jour durant. Et Odalus avait besoin de parler.

    Odalus sourit faiblement.

    _ J'avais eu peur mais je… On a discuté de comment ça se passait à l'orphelinat. D'Elea et d'Ignace. Je… J'ai fini par demander au Gobelin de m'emmener avec eux. Je… j'avais peur qu'il me dévore dans les bois. Qu'il soit mauvais mais je… à la fois, il était… c'était l'adulte le plus gentil avec moi. Il m'a dit que même si je n'avais pas de jambes comme les autres, je pourrais voyager. Je pourrais voir le monde. Et que si je n'aimais pas la vie dehors, je pourrais rentrer.

    _ J'ai attendu la tombée de la nuit. Pris l'enfant sur mon dos et nous sommes sortis.

    En deux jours, trois enfants sont partis. Gobelin se redresse légèrement.

    _ J'ai bien enlevé ces enfants, murmure Zeng gravement, Et c'est probablement ce dont l'orphelinat m'a accusé. C'est un crime que j'ai commis. Mais je suis prêt à payer ma peine, si le Duc l'estime nécessaire. Je n'ai aucun regret. Et je peux affirmer, que je leur ai toujours laissé le choix de rentrer s'ils le désiraient. Je les aurais moi-même ramenés.

    Les enfants s'échangent un regard inquiet. Elea s'approche du Duc et cette fois, joint nerveusement les mains. Le geste n'a rien d'une prière, ce n'est pas même une supplication, l'enfant adopte naturellement la posture, comme si le Duc allait l'empoigner par les poignets.

    _ Ne faites pas de mal à Gobelin, c'moi qui lui ai d'mandé ! Commence-t-elle à s'inquiéter.

    _ Elea, appelle doucement Gobelin, Elea regarde moi.

    La petite obéit, rabaissant doucement les bras.

    _ Je suis celui qui a décidé d’agir. Tu n’es en rien responsable. Je suis le seul responsable de mes actes. D’accord ? Ce n’est pas de ton fait. Et ne t'inquiète pas pour Gobelin. Tout ira bien, assure sereinement l'homme, avant que ses yeux ne reviennent sur le Duc. S'il le faut, il le suivra, il est prêt à endurer sa peine. Il espère seulement que sa peine ne sera pas suffisamment grave pour l'empêcher de rentrer auprès des enfants - et que le Duc acceptera d’épargner les petits, au moins un instant, qu’il ne le fasse pas emprisonner devant eux, qu’il n’aille pas les arracher à leur liberté. Car Zeng, a peur des puissant.es, car il sait qu’ils sont sur ses terres, et qu’il a de nombreux pouvoirs. Quelques jours d'emprisonnement, une amende, un bannissement ? Tant qu'il n'a pas, à offrir sa tête ou un membre à couper, il espère que les circonstances atténuantes, joueront en sa faveur. Il pourrait se réfugier, derrière l’abri politique qu’il est un citoyen de l’Empire et que c’est à l’Impératrice de décider de son sort, mais il ne sait que trop bien que les Nobles veillent à ne pas s’encombrer de ces démarches : il suffit de le faire exécuter et jeter son corps dans un fossé.

    Gobelin a amplement conscience des risques et pourtant, il les a acceptés, en espérant que le Duc, tiendra parole, qu’il veillera sur ceux de son peuple. Tant pis, si cela lui coûte quelques ennuis, ce ne serait pas les premiers auxquels il est confronté.

    Il n'a pas cherché à changer la réalité, il n'a pas souhaité effacer sa propre responsabilité, ça aurait été pourtant bien plus simple, de dire qu'il les avait seulement trouvés en dehors de l'orphelinat.

    _ La version courte est difficile à donner, mais Gobelin espère avoir répondu à toutes les demandes du Duc. S'il y en a d'autres, Gobelin est son humble serviteur.

    Zeng courbe docilement l'échine, offre sa nuque, ses bras enlaçant toujours Ignace, qui couine légèrement mais revient se pelotonner contre l'homme. Ignace s'accroche à son vêtement, comme bien déterminé, à faire barrage de son corps. Odalus dévisage anxieusement le Duc, replaçant une mèche derrière son oreille.

    _ J-je, il y avait une dame, Emilie, elle par contre, e-elle était très gentille elle… Elle m'apportait des fruits des fois. Ne la punissez pas. C'était une ancienne orpheline, comme nous, elle… Elle voulait rester s'occuper des enfants…

    _ Justinia et Edra, c'étaient eux les pires ! Crache Elea, J'les déteste eux !

    L'enfant donne un coup de pied dans une pierre et tranche l'air de son bâton.

    Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Bon sang que Gobelin était moche. À chaque fois que le duc observait son interlocuteur trop longtemps, il ne pouvait s’empêcher de faire cette constatation. Honnêtement, Yu-Seong ignorait s’il aurait été capable de vivre avec un visage aussi disgracieux, lui dont la beauté était éternelle … Ah ! Et si Gobelin le détestait secrètement parce qu’il avait une belle gueule ? Était-il jaloux ? Est-ce que cela risquait de devenir problématique ?

    Mais bon, on digresse. L’important présentement, c’était d’écouter l’histoire du mercenaire. Mercenaire qui s’était trouvé un sérieux imperturbable. Ces moments rappelaient au duc que l’homme devait lui n’était, en effet, qu’un homme. Pas un gobelin. Même si on pouvait en douter parfois.

    Yu-Seong était tout ouïe – encore plus que lors d’une séance du Conseil. Dès le début, il nota mentalement l’emplacement de l’orphelinat : à la lisière d’une forêt en remontant la rivière des Milles Eaux en direction d’Amano. Bien. Puis, ses yeux se tournèrent naturellement vers Elea. Il commençait à la connaître, alors il ne fut guère étonné d’apprendre qu’elle donnait du fil à retordre aux monstres qui servaient d’adultes à l’orphelinat. Une si petite fille qui possédait déjà plus de courage que la plupart des grands que le duc connaissait. L’ombre d’un sourire apparût sur ses lèvres; nul doute qu’elle ferait une féroce guerrière …  Même si sa franchise tranchante – même envers ses amis – ne cessait d’étonner le noble. Espérons simplement qu’elle ne décide pas d’aller vers l’Ordre lorsqu’elle aura l’âge.

    Vint ensuite le sauvetage d’Ignace. Ce dernier… était celui qui faisait le plus pitié. Il n’y avait pas d’autres mots. En même temps, il était le plus jeune des trois, mais … Le duc espérait sincèrement que ce petit loup – comme le surnommait si bien Gobelin – allait réussir à s’épanouir. Pour le moment, il dépendait de ses deux amis, mais qui sait ? Peut-être deviendra-t-il un jour le mâle alpha de la meute !

    Parallèlement à ces pensées encourageantes, Yu-Seong tiqua lorsque Gobelin mentionna le sceau d’eau. Espérons que c’était en effet pour le laver et non pas pour le noyer tel un chiot naissant … Quoique cela lui donnait quelques idées sordides pour les peines de mort qui s’approchaient à grands pas.

    Enfin, Odalus fut le dernier à être secouru. Une fois encore, les sourcils du papa se froncèrent en apprenant que les portes des chambres étaient généralement verrouillées. Normalement ce ne serait pas un problème, or il se doutait bien qu’elles étaient verrouillées de l’extérieur et non pas de l’intérieur. Comme un prison. Tss … Il ne croyait pas une seule seconde que certains adultes aient pu être "gentils" avec les orphelins. À ses yeux, ils étaient tous complices et allaient tous en payer le prix. Il garda toutefois son jugement pour lui-même.

    Malgré l’histoire triste, Yu-Seong ne put s’empêcher de sourire à son tour lorsque Odalus raconta les faits de son point de vue. Évidemment qu’il avait eu peur ! N’importe qui frôlerait la crise cardiaque en trouvant un gobelin si laid dans sa chambre ! N’empêche, que le garçon ait choisi de suivre un parfait inconnu douteux plutôt que de rester à l’orphelinat … Cela disait tout ce qu’on avait à savoir à propos de l’endroit.

    « J'ai bien enlevé ces enfants », conclut sombrement Gobelin dans un murmure. L’Adda cligna des yeux, surpris de le voir avouer un crime de la sorte. Après la franchise d’Elea, ce fut au tour de l’honnêteté du gobelin de le rendre confus. Portant un poing contre ses lèvres, l’aristocrate laissa échapper un « Hmm » pensif. Cela dût inquiéter la fillette, car elle vint aussitôt à la défense de son sauveur. Évidemment. Ses yeux bruns croisèrent de nouveau ceux verts de son interlocuteur. Pourtant, il s’obstina à garder le silence. Même lorsque l’autre se courba et que les enfants commencèrent à lâcher des noms, Yu-Seong ne disait rien.

    La raison était simple : le petit hamster dans son cerveau courrait à une vitesse folle. Ne s’épuisait-il donc jamais ?

    Même si ses réflexions étaient loin d’être terminées, ses lèvres s’étirèrent pour former un sourire moqueur que même sa main ne parvenait à cacher. « En effet, j’ai connu des histoires courtes plus… courtes, » lâcha-t-il. Ce n’était pas vraiment un reproche, mais il se demandait bien à quoi aurait ressemblé la version complète ! « Redressez-vous; vous allez avoir mal au dos à force de vous incliner à tout-va. » Ça, c’était juste de la projection, car entre les deux hommes, c’était clairement Yu-Seong qui avait des problèmes de dos. Ahlala … Il ignorait encore comment il allait faire pour se relever !

    Justement, le noble décida de s’étirer en levant les bras en l’air, nonchalant. Indigne de son rang peut-être, mais il s’en foutait. Toujours mine de rien, sans même regarder Gobelin, il ajouta : « Ah, et bien sûr, je ne compte pas vous punir. Appelez cela de l’abus de pouvoir si vous voulez, mais de mon point de vue, vous avez sauvé ces enfants. Je serais un bien piètre duc si je punissais les héros, n’est-il pas ? » Clin d’œil complice pour les enfants avant de rabaisser ses bras. Il espérait les avoir rassurés suffisamment, car la suite ne sera pas forcément une partie de plaisir … Enfin, question de point de vue. Personnellement, il adorait punir les gens – qu’ils l’aient mérité ou non.

    Le sérieux revint sur son visage tandis que ses mains se replacèrent sur ses genoux. Le petit hamster reprit sa course – ou plutôt son sprint. « Justinia et Edra sont les pires, » répéta-t-il afin d’aider sa mémoire à s’en souvenir. « Emilie est… » Il hésita. Il n’avait pas le courage d’expliquer aux enfants qu’elle n’était pas mieux que les autres; si elle les avait vraiment aimés, elle aurait cherché de l’aide. Elle aurait prévenu quelqu’un ! Ce n’était pas parce qu’elle avait PARFOIS donné des fruits qu’elle allait s’en tirer. C’était n’importe quoi.

    Surtout, Yu-Seong pesait le pour et le contre de sa prochaine action. Il pourrait se lever (s’il en était capable), remercier Gobelin et les gamins, et s’occuper lui-même du reste. Il connaissait la géographie de son fief; à cheval, lui et ses hommes pourraient se rendre à l’orphelinat et arrêter les coupables avant le coucher de soleil. Cependant, il avait très envie d’amener Gobelin avec lui, car s’il s’avérait par un quelconque miracle maléfique que le mercenaire ait menti, il pourrait le punir sur le champ au lieu d’être obligé d’organiser une chasse à l’homme. Il pourrait amener les trois gamins aussi. Avaient-ils envie de revoir leurs anciens amis ? Ou est-ce que la seule vue du bâtiment allait les traumatiser davantage ? Mais s’il amenait Gobelin, il ne pouvait pas les laisser là … À moins qu’il demande à ses hommes postés au village de s’occuper d’eux, mais Gobelin accepterait-il ? Gobelin avait-il ses propres hommes proches ?

    Le duc secoua la tête. Dans tous les cas, Gobelin avait bien dit qu’il était son "humble serviteur". Il sera obligé de faire ce que le puissant lui demande, même si le puissant en question se pliera à la décision du mercenaire concernant les enfants. Après tout, c’étaient ceux de Gobelin.

    Dans tous les cas, la créature verte allait le suivre. Le hic ? Il y avait plusieurs minutes de marche entre leur pique-nique et la position de ses cavaliers. Avait-il réellement envie d’être seul avec Gobelin aussi longtemps et sans témoin ? La réponse était non. Donc il allait devoir appeler son escorte. Mais il ne fallait pas non plus effrayer les enfants. À moins que … Non. Il fallait montrer aux gamins que le duc les prenait au sérieux. Il fallait prouver aux gamins que ce n’étaient pas tous les adultes qui étaient méchants. Qu’ils pouvaient compter sur le duc et ses soldats. C’était un risque à prendre, mais dans le pire des cas, Yu-Seong avait déjà récolté toutes les informations dont il avait besoin.

    « Bien. » Il esquissa un sourire rassurant, suivi d’un ton calme et autoritaire comme tout à l’heure : « Je vous remercie d’avoir partagé votre histoire. Je sais que ce ne sont pas des souvenirs joyeux, mais votre courage nous permettra de sauver vos petits camarades. » L’emploi du "nous" n’était pas hasardeux; il voulait que les enfants se sentent inclus dans le processus. Car c’était le cas. « À présent, voici ce qui va se passer. Je vais appeler mes amis soldats afin qu’ils nous rejoignent. Je sais qu’ils peuvent avoir l’air intimidants avec leurs armes et leur armure, mais ce sont toutes des bonnes personnes, très gentilles et très drôles. Elles aussi sont venues pour vous aider. »

    Là encore, aucun hasard. Pour cette mission de la plus haute importance, Yu-Seong avait décidé que son escorte ne sera composée que de pères et de mères. Que des soldats doués avec les enfants et prêts à péter des gueules pour les protéger ! Oh, bien sûr, Allam aurait également été parfait pour cette mission; il avait de l’expérience avec ses sœurs. Une prochaine fois peut-être.

    « Je précise également qu’ils sont à cheval. J’espère que vous aimez les chevaux ? » Manquerait plus que les gamins développent une nouvelle phobie, quoi. « Si vous êtes prêts, je vais les appeler. Je vais siffler très fort, alors je vous conseille de vous boucher les oreilles. »

    Le duc prenait soin d’expliquer aux orphelins exactement ce qui allait se passer. C’était mieux que de tout simplement appeler sa garde sans prévenir; pas certain que Gobelin aurait apprécié. D’ailleurs, les yeux du noble s’était plantés dans ceux du roturier. Bien que ce dernier était obligé de se plier à sa volonté, Yu-Seong espérait qu’il réalisait que son Ducami faisait de son mieux afin que l’opération se déroule sans accroc.

    Après s’être assuré que les enfants soient mentalement préparés, le noble porta deux doigts à sa bouche et siffla de toutes ses forces … Même si à le regarder, il ne semblait pas vraiment forcer. De toute évidence, ce n’était pas la première fois qu’il appelait à l’aide de la sorte. Et oui, il les sifflait comme des chiens, bon. Passons.

    Quelques secondes passèrent. Rien. Puis, on commença à entendre des bruits de sabots. De plus en plus forts, de plus en plus proches. Jusqu’à ce que le petit groupe puisse voir les cavaliers apparaître à l’horizon … Ou du moins, les autres pouvaient les voir. Pas Yu-Seong, car évidemment, il fallait que ses hommes arrivent dans son dos. Il ne pouvait pas se tourner, ses muscles n’étaient pas coopératif ! Bordel … Le "pauvre vieil homme" dût faire un effort surhumain afin de pivoter suffisamment pour leur faire un signe de la main, signalant que tout allait bien et qu’il n’était pas en danger. Il ne faudrait pas que ses soldats dégainent leur arme d’un air mauvais.

    Heureusement, en remarquant les enfants, ils eurent l’intelligence de s’arrêter à plusieurs mètres d’eux. Ils étaient dix : trois femmes et sept hommes. Un nombre suffisant puisqu’ils étaient tous très doués – le duc ne s’entourait que des meilleurs après tout. Il y avait également un onzième cheval que l’un d’eux traînait; la monture que Yu-Seong avait laissée derrière.

    Seul le plus grand et costaud de la bande descendit de son cheval pour rejoindre son seigneur. À mi-chemin, il retira son casque, dévoilant un visage… étonnement jovial. Cheveux courts et barbe fournie, le tout poivre et sel. Il semblait plus vieux que le duc, mais surtout, il avait une gueule de papa. De grand-papa, même. Vraiment, l’Adda avait bien choisi ses hommes.

    Ou pas, puisqu’au lieu d’aider son pauvre maître à se relever, il décida de s’asseoir à côté de lui. « Des tartes ? Et vous ne nous avez pas invités ? » s’indigna-t-il. Yu-Seong grommela. Si c’était d’exaspération ou de douleur, difficile à dire; dans tous les cas, il se laissa tomber sur le dos, mains croisées derrière la tête. Là, c’était sûr qu’il n’allait pas être capable de se lever tout seul, mais tant pis. Il avait vraiment besoin de détendre ses muscles abdominaux. Et une fois encore, il s’en foutait si c’était indigne de son rang. Ce n’était pas comme s’il était à une soirée super sophistiquée !

    « Présente-toi au lieu de dire des bêtises ... » soupira-t-il en fermant les yeux. Non, ce n’était pas pour piquer un petit somme. C’était le hamster qui courrait encore et toujours. « Bon, ça va, hein ! Moi, c’est Rayan. Je suis papa de cinq enfants et grand-papa de trois ! Vous avez le droit de me traiter de vieux, hahaha ! » éclata-t-il de rire. De proche, le petit groupe pouvait admirer son sourire qui illuminerait une grotte, ses yeux tout aussi brillants et sa peau dorée par le soleil. Surtout, il respirait la joie de vivre. Drôle de bonhomme. « Il a oublié de préciser qu’il est également le chef de ma garde personnelle. » Ça, c’était à l’intention de Gobelin. « Il a combattu plein de monstres et sauvé plein de gens. » Ça, c’était pour faire plaisir aux enfants. Rayan hocha la tête, affirmatif, puis se pencha vers l’avant afin de se mettre à la même hauteur que les enfants. Il les regardait à tour de rôle, toujours aussi jovial. « C’est vrai. J’ai déjà vaincu un dragon ! Vous voulez que je vous raconte ? Oh, mais suis-je bête ! Puis-je connaître vos noms avant ? »

    Évidemment, il n’avait jamais combattu de dragon; le but était de faire rêver les gamins ! Aussi, on pourrait croire que le vieux soldat ignorait Gobelin. Premièrement, ce n’était pas volontaire : la vue des enfants avait activé son instinct paternel. Deuxièmement, il avait tellement vu de jeunes gens défigurés par la guerre dans sa carrière que la sale gueule du mercenaire ne le faisait même pas sourciller. Ah, ça, il en avait vu des trucs dans sa longue vie ! D’ailleurs, le duc semblait lui faire entièrement confiance … Enfin, non, c’était faux. Impossible qu’il fasse 100% confiance à qui que ce soit ! Mais l’homme baraqué était très élevé dans la liste. Peut-être même tout juste après sa famille. Assez pour qu’il se permette de se détendre sur l’herbe malgré la présence d’un gobelin. Ils se connaissaient depuis longtemps après tout.

    Pendant que Rayan assommait les orphelins avec son blabla improvisé, Yu-Seong se redressa légèrement, cherchant le regard de Gobelin. Lorsqu’il eut son attention, il lui fit signe de se rapprocher avec un doigt avant de se recoucher sur l’herbe. Entre ça, la tarte d’Elea sur son épaule et que sais-je encore, il allait finir tout sale ! Bref, il tourna de nouveau les yeux vers le mercenaire lorsque ce dernier le rejoignit. Qu’il ait encore Ignace dans les bras ou non, c’était sans importance, même s’il préférerait parler entre adultes.

    « Nous allons partir dans les prochaines minutes pour l’orphelinat, » commença-t-il d’une voix basse et avec grand sérieux malgré sa position détendue. C’était quand même drôle qu’il soit capable de dégager autant d’autorité même couché sur le sol. « Vous, Gobelin, allez nous accompagner. Bien sûr, vous partagerez un cheval avec l’un de mes hommes; nous n’allons tout de même pas vous faire courir, » ne put-il s’empêcher de plaisanter malgré tout avant de retrouver un visage de marbre. « Quant aux enfants, je vous laisse le choix. Nous pouvons les amener avec nous, ou nous pouvons les laisser au village. J’ai d’autres soldats là-bas qui pourront s’occuper d’eux jusqu’à votre retour. »

    Aveu que le village était surveillé depuis le début et promesse que Gobelin ne sera pas séparé de ses enfants. Le duc observait les traits toujours aussi moches du mercenaire, attendant patiemment sa réponse. Le vieux soldat – même s’il semblait absorbé par sa discussion avec les orphelins – était aussi à l’affût, prêt à protéger son maître si nécessaire. Il se demandait également comment il allait s’y prendre pour remettre son seigneur sur ses deux jambes … Allait-il l’aider à se relever élégamment ou allait-il le soulever comme un vulgaire sac de patates ? La deuxième option serait plus drôle, mais Yu-Seong n’apprécierait sûrement pas. Dommage …
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    Sam 18 Nov - 15:26
    Les yeux verts du Gobelin ne quittent pas le visage du Duc.

    Si l’homme ne cesse de s’étonner de ses traits disgracieux, ses prunelles incisives, traquent la moindre expression. Le soupir, les bras qui se lèvent, la remarque malicieuse, la souffrance ne lui échappe pas. Car le mercenaire, tient du prédateur et du charognard ; la peur et le sang, la souffrance et l’agonie, éveillent en lui des pulsions viscérales. L’animal emprisonnée derrière des barreaux ; ceux de ses cils et de ses yeux mi-clos. Ses propres yeux, sont morts, pupilles de verre, scellées au sein d’orbites creusées, il n’y a pas paille, pour étoffer sa chair, seulement sa peau plaquée, contre ses os saillants.

    Et pourtant, les enfants restent à ses côtés. Ignace lové contre son torse, Odalus tournant souvent les yeux vers Gobelin, Elea s’étant levée. Entendre que Gobelin ne serait pas puni, semble rassurer les enfants. Gobelin incline la tête, dans un salut reconnaissant, car il ne sait que trop, où est sa place – non pas héros, mais Vermine, combien même le Duc est à terre, lui doit être plus bas encore, six pieds sous terre. Sa valeur, de simple misérable, ne vaut rien mais ce n’est pas pour autant, qu’il la laissera s’éteindre. Il est, feu follet, il est, la vie parmi les morts, il s’arrache, de toute cette terre sous laquelle on aimerait le voir disparaître, il est, créature, il est, non pas croque-mitaine, mais le Gardien, de toustes celleux qui n’ont plus rien.

    A la mention des soldats, il y a un changement d’air.

    Décontenancée, Elea bat des paupières, alerte, elle tourne aussitôt les yeux vers Gobelin. Ignace s’est tendu, ses yeux déjà grands ouverts, ne peuvent pas être plus écarquillés. Odalus, inquiet, ne peut que raffermir l’étreinte de ses mains sur son livre. Mais Gobelin reste imperturbable. Face à son impassibilité, les enfants se rassurent. Elea fronce naturellement les sourcils, Ignace frotte son doudou contre son nez et Odalus préfère, quant à lui, fixer le Duc. Le plus grand, semble assez admiratif du Duc depuis l’instant où il l’a vu jeter son sort…

    Les orphelins hochent la tête à la question du Duc.

    Ignace produit un seul son interrogatif, comme un couinement, auquel Gobelin répond par un murmure, l’enfant s’apaise et observe curieusement l’horizon. A la vue des chevaux, un autre son franchit ses lèvres. Ignace, alors, sourit et agite même son doudou au-dessus de sa tête, comme pour saluer les animaux…

    _ Ignace aime beaucoup les chevaux, sourit simplement Gobelin.

    Odalus laisse son regard parcourir les armures et préfère se réfugier dans sa lecture. Trop timide pour affronter les regards, notamment ceux qu’on pourrait adresser à ses jambes faméliques. Alors que le plus grand des soldats descend de sa monture, Elea s’avance à son tour.

    La petite fille fait fièrement barrage de son corps entre les orphelins et le groupe armé. Tenant son bâton d’une main ferme, il n’y a aucune trace de sympathie dans son visage ; ses yeux bleus défient l’homme qui approche. Mais imperceptiblement, le Duc voit peut-être les tremblements nerveux de ses jambes, de son poing serré, le fait qu’elle ravale nerveusement sa salive, le regard inquiet qu’elle adresse à Gobelin.

    Face au sourire de l’homme, Elea hésite, s’apaise légèrement et sourit faiblement à son tour. Ignace lui, s’est finalement détaché de Gobelin. Il s’approche d’Elea et prend sa main dans la sienne, son doudou plaqué contre son visage pour cacher la fente qui relie, son nez à ses lèvres.

    Quand le Duc s’allonge, Gobelin se relève. Sans difficultés apparentes, si ce n’eut été, les angles étranges de ses articulations souples. La tête dodeline, de gauche à droite, parcourant les soldats avec attention. Les prunelles glissent jusqu’au Duc, écoutant avec attention la présentation de Rayan.

    Alors Gobelin, surgit. D’un bond, le voilà entre l’homme et les enfants, protégeant naturellement, les petits de son corps. Elea, soulagée, s’agrippe seulement au vêtement de Gobelin et profite de sa cachette pour dévisager plus attentivement le vieux soldat.
    Le rire de l’homme fait rire Gobelin, et si l’un est solaire, l’autre est lugubre. Voix de crécelle, arrache les cordes vocales, avant que Gobelin ne s’accroupisse, n’entoure Elea et Ignace, de ses longs bras.

    _ Un vieux hm…

    Répète seulement Gobelin.

    _ Nous on a battu une Tarasque, d’abord, répond fièrement Elea, croisant les bras sur son torse dans un geste se voulant assuré, A quoi y r’ssemblait ton dragon ?

    D’un geste de la tête, elle désigne la carcasse dans leur dos.

    _ Nous, c’était ça. Y reste pas grand-chose, hein ?

    La petite fille se veut, brave et courageuse, posant même ses mains sur ses hanches.

    _ P’is j’ai eu une épée, moi, se vante-t-elle, J’m’appelle Elea. Lui, c’est Gobelin. Là, y’a Ignace. Et Odalus est derrière.

    Odalus ne s’est pas encore approché. Il aurait pu, s’il le souhaitait, mais l’enfant reste naturellement derrière, impressionné par le groupe de soldats. Habitué aussi, à ce que les autres le mettent à l’écart. Avec Gobelin, c’était différent. D’ailleurs, voyant qu’Elea gère la situation, Gobelin se redresse et s’approche d’Odalus, à qui il offre une rapide étreinte et quelques mots. Lorsqu’ils se détachent, l’enfant accepte de s’approcher un peu plus…

    Ignace, captivé par le récit du vieil homme et probablement, plus par son aura paternel et bienveillante, écoute docilement. Se tenant assez droit, tenant son jouet d’une main, son doudou dans l’autre, il relâche même un peu sa méfiance et dévoile son bec de lièvre pour simplement plonger ses yeux dans ceux de Rayan.

    L’enfant, n’accorde pas tant d’attention à ce qu’il dit. Toute son attention, braquée sur l’homme en face de lui. L’instinct, les traumatismes, font qu’il se montre toujours très attentif aux moindres signes : éclats de voix, regards, gestes, les plus soudains ou vifs, le font reculer ou se contracter… Mais la douceur et la gentillesse de Rayan, inversement, semblent imperceptiblement l’attirer. L’enfant, d’ailleurs, profite que l’homme soit à leur hauteur pour esquisser un sourire hésitant.

    _ C’est Po’o, ajoute-t-il en montrant son doudou, Et lui, c’est Malu. C’est… C’est le Ducami qui l’a donné.

    Ignace arrive à parler davantage, à oser, tout du moins.

    _ Nan, le Ducami y a donné l’argent pour l’acheter, mais c’est pas lui qui l’a donné ! Corrige Elea.

    Odalus veille à conserver une distance respectueuse, mais demande à son tour.

    _ Et vous savez utiliser de la magie ?

    Gobelin s’est docilement reculé en voyant les enfants interagir. Un léger sourire sur les lèvres, son regard est attiré par un geste du Duc. Zeng s’approche, jusqu’à s’accroupir près de lui. Les coudes posés sur ses genoux cagneux, les mains tombantes, entre ses longues mèches noires, luisent ses yeux verts, fixés sur le Duc. Le visage déchiré de part et d’autre, par un grand rictus – probablement amusé, de le voir ainsi à terre, sa belle tenue souillée et quelques feuilles, prises dans ses cheveux.

    Un geste lent, très lent, de la main qui se déplie, des doigts aux longs ongles, qui s’étirent jusqu’à saisir, la hampe d’une de ces feuilles qu’il retire, fait tourner entre ses doigts, jusqu’à la jeter négligemment par-dessus son épaule.

    _ Un… Un ch-cheval ?

    L’annonce, comme une gifle, les yeux écarquillés, les traits figés, de livide, il devient transparent, les veines verdâtres, se discernent comme la moisissure, sur un pain déjà blanc et sec, les lèvres entrouvertes, les yeux vont, des enfants au Duc.

    _ Laissons les Enfants, décider.

    Gobelin se relève, attirant naturellement l’attention des petits.

    _ Le Ducami et Gobelin vont retourner à l’Orphelinat. Vous pouvez rester ici, en compagnie des amis du Duc, ou bien nous accompagner. Si vous venez avec nous… Il y a des chances que vous revoyez vos ami.es, mais aussi et surtout, les personnes qui vous ont fait du mal. Elles seront probablement… jugées, punies, pour ce qu’elles vous ont fait. Peut-être chercheront-elles à vous parler ou à dire, que vous avez menti… Mais Gobelin ne les laissera pas faire. Il vous protégera d’elles. Que préférez-vous faire, Elea, Ignace, Odalus ?

    L’annonce, fait planer un long silence.

    Le visage d’Elea s’est froncé. Sourcils et nez, les poings serrés, la petite fille a déjà, le regard noir lorsqu’elle frappe du pied.

    _ J’en ai rien à faire d’eux ! JE VEUX PLUS LES VOIR !

    Rugit-elle.

    Ignace reste silencieux et se contente de baisser les yeux.

    Odalus, lui, hésite visiblement.

    _ Est-ce que je peux… je peux venir ?

    Gobelin hoche la tête.

    _ Ignace ?

    L’enfant redresse les yeux au son de son nom. Ses prunelles vont vers Rayan, tous les soldats, les chevaux, reviennent vers Gobelin.
    Les larmes montent, soudain, à ses prunelles. Ses lèvres se tordent, alors qu’un bref éclat de voix, franchit ses lèvres. Un son, d’une douleur, incompréhensible, indéfinissable, d’une souffrance qui poignarde. L’enfant, éclate, de lourds sanglots, trop lourds pour ses épaules. Les larmes qui roulent, sont énormes, coulent alors que ses traits se plissent, ploient, sous l’assaut, de toutes ces émotions trop fortes. Dans le silence, sa terreur, la tristesse, frappent plus durement que les coups d’Elea, que les grimaces du Gobelin.

    Ce n’est qu’un petit. Un petit qui en a trop vu, mais qui n’a pas assez, pas assez connu, l’amour, la sécurité, qui vient juste d’y goûter et qui a déjà peur, que tout disparaisse, que tout se finisse, que tout se termine, qu’on lui arrache, ce qu’il vient tout juste de trouver.

    Soudain, les bras l’enveloppent. L’enfant s’accroche, lâche son doudou et son jouet, ses petites mains cramponnent de toutes leurs forces, les épaules de Gobelin. Son corps ébranlé de spasmes, entouré précieusement par l’étreinte bienveillante et réconfortante, de cette mère qu’il vient enfin de rencontrer, de ce père qu’il commence tout juste à aimer, de ce parent qu’il ne veut pas, déjà laisser.

    Les plaintes d’Ignace, d’abord cris, s’apaisent progressivement, deviennent, gémissements plaintifs.

    Zeng a fermé les yeux. Debout, l’enfant blotti contre lui, il enlace ce précieux être avec tout l’amour qu’il peut donner, il accueille et porte, tout ce qu’Ignace n’arrive plus à endurer.

    _ Pars pas, pars pas…, supplie Ignace, Je… je veux pas être tout seul, s’il te plaît, s’il te plaît Gobelin, je veux ester, ester avec toi… !

    Touchée par sa peine, Elea a elle aussi les larmes aux yeux. La petite fille frotte ses paupières, renifle à son tour, adresse un regard à Rayan et elle pose une main sur l’épaule solide du soldat, dans un geste de compassion maladroit, de soutien alors qu’elle-même, peine à contenir ses propres larmes.

    _ Je ne pars pas sans vous, répond soudain Zeng, Je ne pars pas sans vous. Je ne vous laisserai pas, jamais, je te le promets, Ignace. Je te le promets Elea. Je te le promets, Odalus. Je ne vous laisserai pas, jamais, je le jure devant la Déesse. N’aie pas peur, Ignace, ces gens ne te feront aucun mal, je te le jure. Je ne pense pas… Je ne pense pas que revenir à l’orphelinat serait une bonne idée pour toi, tu n’as pas besoin de revoir ces gens, ils t’ont fait du mal, et je ne veux plus les laisser t’approcher ou même te voir. Tu seras mieux ici. Avec des tartes à manger, avec Elea, Poro, Malu et Rayan pour jouer. Tu passeras un bon moment, ça ne durera que quelques heures et quand le soleil, sera à l’horizon, je rentrerai, tu me raconteras ta journée, nous mangerons autour du feu, on fera une jolie cabane pour dormir et ça aura été, une très très bonne journée.

    Gobelin berce tendrement Ignace. Le gardant contre lui, il repose sa tête contre la sienne en fermant les yeux et caresse ses cheveux.

    _ Je ne vous laisserai pas. Jamais, répète-t-il, inlassablement, Je t’aime, mon petit loup, je ne te laisserai jamais… Est-ce que Gobelin peut faire quelque chose, pour te rassurer ? Quelque chose pour t’aider à l’attendre ?

    Ignace s’apaise progressivement. Frottant ses prunelles, l’enfant hoquète péniblement.

    _ Je… je veux Lazu…

    Gobelin cligne des paupières. Adressant une œillade à Elea et Odalus, Gobelin, tenant toujours Ignace dans ses bras, se tourne vers le Duc et s’incline à 1, 2, 3 reprises.

    _ Messire le Duc, s’il vous plaît, je vous en prie, puis-je aller chercher Lazur ? Seulement lui. Il restera auprès des enfants avec vos hommes. Si vous craignez quoi que ce soit, vos hommes peuvent lui prendre ses armes, il n’y a aucun souci là-dessus. Je vous en supplie. Les enfants ont confiance en lui.

    Il n’y a pas de jeu, pas de comédie cette fois. Plus de Gobelin.

    L’homme est sérieux, les yeux fixés dans les siens, le petit contre lui. Et à dire vrai, tant que le Duc ne donne pas son assentiment, Zeng supplie encore, jusqu’à s’agenouiller voire plus s’il le faut. Car les enfants, n’ont pas assez confiance aux adultes, en ont bien trop vu, pour accepter l’idée d’être ainsi laissés, à des mains inconnues.

    Quand le Duc accepte, Gobelin se redresse et s’en va d’un pas rapide, Ignace toujours dans les bras, confiant momentanément la garde d’Elea et d’Odalus au Duc et sa troupe. Elea est moins craintive, bien que sans Gobelin, elle se réfugie près d’Odalus et a récupéré son arme, son lance-pierres qu’elle garde par sécurité dans sa main. Odalus, plus confiant envers le Duc, demande d’une voix prudente.

    _ Je… Je ne veux pas que ma venue dérange… Je ne sais pas grimper à cheval, je ne sais pas si je pourrais… ?

    L’enfant a sûrement peur de tomber…

    Après une vingtaine de minutes, Gobelin revient. Tenant la main d’Ignace, dont l’autre main tire son jouet. Lazur suit docilement, le doudou dans une main, de l’autre, ses armes qu’il confie à un soldat, pour prouver sa bonne foi. Le bras droit de Gobelin, l’homme au turban et aux yeux d’un bleu tout simplement captivant, s’incline face au Duc et aux soldats.

    _ Bonjour à tous. Je me nomme Lazur, membre des Lanternes Vertes, se présente-t-il respectueusement.

    A sa vue, Elea a un grand salut du bras et le désigne d’ailleurs à Rayan.

    _ Lazur, tu verras, il est trop fort, assure-t-elle dans un grand sourire, Lui aussi il a sauvé des gens ! P’is il fait bien les biscuits secs ! Lazur tu veux d’la tarte ?! On en a gagné, l’Ducami les a payées !

    Lazur adresse une œillade prudente à chaque personne, mais hoche la tête face aux paroles de l’enfant. Il s’approche d’elle et s’assoit près des tartes, bien qu’il n’en prend pas. Il se contente de masser les bandages sur ses mains, ne souhaitant pas imposer sa présence aux soldats, mais Elea s’assoit entre lui et Rayan, apparemment bien décidée à les faire discuter.

    Ignace lâche à contrecœur la main de Gobelin.

    _ A tout à l’heu’e…, glisse-t-il d’une petite voix, avant de lever les yeux vers le Duc, Merci Monsieur…

    L’enfant rechigne un peu, mais s’éloigne et se retourne à plusieurs reprises pour saluer Gobelin de la main. Patiemment, Zeng le salue jusqu’à ce que l’enfant ait rejoins Lazur, Elea et Rayan.

    Gobelin s’approche d’Odalus et doucement, l’attrape pour l’hisser sur son dos. Le portant sans difficultés, jusqu’à la personne qui va s’assurer de le prendre sur sa monture, restant à leurs côtés, jusqu’à ce qu’Odalus se sente suffisamment rassuré. Gobelin engage ensuite le pas au Duc jusqu’à celle qui va devoir le porter…

    Mais Gobelin perd toutes couleurs. Les tremblements de ses membres maigres n’échappent probablement à personne alors qu’un simple piaffement de l’animal, le fait reculer d’un pas. Les mains nouées contre son torse, la tête rentrée dans les épaules, Gobelin piaille et se réfugie dans le dos du Duc dans un couinement.

    _ Gobelin n’aime pas les chevaux ! Gobelin ne sait pas monter !

    Murmure-t-il d’une voix aigüe.

    _ Les chevaux, piétinent et écrasent, crac crac, les os sous les sabots, comment fait-on, pour grimper… ?

    Zeng Min
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    Jeu 23 Nov - 2:49

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Les enfants et le mercenaire étaient méfiants face au soldat. Ce dernier ne s’en insultait pas; au contraire, il ne faisait que sourire plus brillamment. Patient. La fillette se présenta avec une confiance feinte, et Rayan prit un air impressionné. « Woah ! Vous ne lui avez pas fait de cadeau, à ce monstre ! » On avait donc Elea, Ignace et Odalus … « Le dragon que j’ai affronté, il était un peu plus gros quand même. Il cachait le soleil avec ses grandes ailes ! Il n’osait pas poser ses pattes sur la terre ferme – sûrement parce qu’il avait peur de moi hahaha ! – alors j’ai dû user de stratagème pour le forcer à descendre … »

    L’adulte racontait n’importe quoi, c’était de l’improvisation totale, mais pouvait-on lui en tenir rigueur ? Il avait l’air tellement passionné par son récit ! Ses yeux passaient d’un enfant à l’autre, leur parlant directement, personnellement. Lorsqu’il conclut son histoire (parce qu’il n’avait plus d’idées), le petit Ignace en profita pour lui présenter ses jouets. Le sourire de Rayan s’élargit davantage en entendant un certain mot : « Ducami ? Hohoho … » Il se retenait pour ne pas pouffer de rire trop fort; c’était clair qu’il allait appeler son seigneur ainsi !

    Lorsque le plus réservé – Odalus – lui demanda s’il savait faire de la magie, le soldat leva fièrement un doigt. « Je suis vraiment nul comparé au Ducami, mais je peux faire ceci ! » Il invoqua un petit mais rapide courant d’air autour de sa propre tête, ébouriffant ses cheveux comme s’il avait été électrocuté. Il éclata de rire, se doutant qu’il devait avoir l’air ridicule !

    Du côté des adultes un peu plus sérieux (si si), en voyant le teint du gobelin devenir encore plus maladif que d’habitude à la mention des chevaux, le duc haussa un sourcil avant de balayer son interrogation. Il avait des choses plus importantes à faire que d’essayer de lire dans l’esprit tordu de cet homme. Homme qui se releva sans peine (c’était vraiment pas juste) pour demander aux enfants ce qu’ils voulaient faire.

    Décidément, Yu-Seong n’avait pas tout à fait saisi la personnalité des orphelins, car leurs réponses l’étonna. Il s’était attendu à ce qu’Elea les suive afin d’avoir l’occasion de se venger, mais non. Il s’était attendu à ce qu’Odalus refuse de revoir ce bâtiment qui avait été sa prison, mais non.

    Surtout, il ne s’était pas attendu à voir le cœur d’Ignace se briser en mille morceaux sous leurs yeux.

    En entendant l’enfant éclater en sanglots, le duc se redressa spontanément; geste brusque qu’il regretta aussitôt puisqu’il fut plié de douleur. Mais cette souffrance n’était rien comparée à ce qu’Ignace ressentait présentement, alors l’adulte se força à se redresser.

    La scène était dure à regarder.

    Rayan, même s’il était le plus costaud de la bande, fut le premier à sentir les larmes monter. Voir le jeune garçon s’accrocher ainsi aux vêtements de son protecteur lui rappelait ses propres enfants lorsqu’ils étaient petits. Ses enfants qui pleuraient et hurlaient, qui ne voulaient pas que leur père parte au combat, qui avaient peur de ne plus jamais le revoir. Le soldat passa une main sur sa bouche, ému. Ses yeux humides se tournèrent vers la fillette lorsque celle-ci posa une main compatissante sur son épaule. Un sourire chaleureux étira de nouveau ses lèvres alors qu’il posa à son tour sa main par-dessus celle d’Elea, tout doucement. Quelle brave fille.

    Yu-Seong aussi pensait à ses propres enfants. Il se souvenait parfaitement de leurs cris et de leurs pleurs inconsolables alors qu’il était cloué au lit entre la vie et la mort. Il se souvenait parfaitement de leur peur de le voir s’endormir pour l’éternité s’il osait fermer les yeux trop longtemps, il se souvenait parfaitement de sa femme qui fut obligée de les traîner de force à l’extérieur parce que c’était juste trop… trop dur pour lui de les voir dans cet état … Le duc détourna douloureusement le regard, se sentant aussi impuissant qu’à l’époque.

    Même le reste de son escorte était perturbé par la scène. Forcément, tous ces gens devaient également penser à leur famille. On pouvait voir l’une des guerrières essuyer ses larmes tandis qu’un autre lui frottait le dos. Plusieurs se détournaient de la scène, mal à l’aise.

    L’Adda osa relever la tête seulement lorsque Gobelin se mit à le supplier. Aller chercher Lazur ? « Ah … Ils étaient là après tout … » commenta-t-il platement pour lui-même. Il avait bien fait de poster ses propres soldats dans le village. Devrait-il considérer que si Gobelin était dans le coin, le reste de ses lanternes n’étaient jamais loin ? C’était logique puisqu’il était leur chef. Dans ce cas, il devrait toujours planifier en conséquence et–

    « Monseigneur, » l’interpella Rayan en lui secouant l’épaule comme s’il cherchait à le réveiller ou à lui brasser les idées. Son seigneur lui lança une œillade avant de se reconcentrer sur le mercenaire qui le suppliait toujours. Tiens ? C’était bizarre. Pour une fois, ce n’était pas un visage immonde qu’il voyait en le regardant. À la place, c’étaient les traits d’un parent. D’un parent aimant qui souhaitait protéger son enfant des horreurs de ce monde. Le noble cligna soudainement des yeux; merde, pourquoi le faisait-il languir ainsi ?! Ressaisis-toi bon sang !

    « Faites vite, » lui répondit-il enfin. La petite troupe réduite observa Gobelin s’éloigner avec Ignace dans les bras. Pauvre gamin quand même … Yu-Seong secoua la tête. Heureusement, Odalus brisa l’atmosphère déprimante avec sa question – ou plutôt sa crainte. N’était-ce pas aussi déprimant en fait ?

    Pas pour le vieux soldat qui lâcha l’épaule de son maître afin de jeter ses bras en l’air, tout sourire. « Mon petit gars, je peux t’assurer qu’il n’y aura aucun problème ! Ducami, racontons-leur l’histoire de Marino ! » Le Ducami en question ne put s’empêcher de sourire à son tour en entendant son fidèle camarade l’appeler par ce titre. Il avait déjà l’air moins tendu, même si son bras droit serrait toujours son ventre. « Ah, oui, Marino. Tout un personnage. »

    « Marino, c’est un ami soldat à moi, » commença alors sans tarder Rayan. « Nous avons repoussé ensemble tout plein de menaces et de méchants ! Un duo de choc ! » Il se tourna vers son seigneur afin qu’il enchaîne. Ce dernier haussa les épaules. « Malheureusement, lors d’un terrible combat, les jambes de Marino furent gravement blessées. Les médecins n’eurent d’autre choix que de les lui couper. » Rayan se pencha vers Yu-Seong afin de lui murmurer dans un grommellement : « Vous auriez pu dire ça autrement … » Le duc se pencha à son tour afin de répondre sur le même ton : « Pff, tu n’as qu’à raconter la suite à ton goût … »

    Les deux hommes se redressèrent en même temps, s’éclaircissant la gorge. Le soldat reprit avec entrain : « Mais ce n’était pas ça qui allait arrêter Marino ! Il était fort, courageux et plein de détermination ! Vous savez ce qu’il a fait ? » Il laissa une chance aux enfants de deviner avant de continuer son récit. « Les vrais héros n’abandonnent jamais, alors au lieu de combattre au sol, il a décidé de combattre à cheval ! Comme ceux-là, là ! » Il pointa ses collègues qui étaient toujours en retrait. Ceux-ci levèrent la main afin de saluer les enfants.

    « Eh oui, même sans jambes, il a appris à se battre sur selle ! D’une main, il tenait les rênes de son cheval, et de l’autre, il pourfendait le mal de sa lance ! Certains racontaient même qu’il était plus fort qu’avant … » Le duc sourit doucement à Odalus. « Aujourd’hui, Marino a pris sa retraite et coule des jours heureux entouré de sa femme et ses enfants. La morale de l’histoire, c’est qu’un handicap n’est pas une fin en soi. On peut toujours le contourner ou le surmonter. » Rayan croisa les bras en hochant frénétiquement la tête. « Odalus, ta présence ne nous dérangera pas, » continua le duc avec plus de sérieux, mais toujours d’une voix rassurante. « Si tu as besoin de voir le dénouement de tes propres yeux afin de pouvoir tourner la page, cela nous fera plaisir de t’accompagner jusqu’à la fin. »

    Peu de temps après, Gobelin revint avec Ignace et le fameux Lazur. Un soldat se détacha du groupe afin de prendre les armes du mercenaire. Yu-Seong se contenta de le saluer d’un signe de la tête, contrairement à Rayan dont le sourire risquait de déchirer son visage – surtout après le commentaire d’Elea. « Ah, un brave guerrier ! Prenez place ! Ça me fait penser que je n’ai même pas goûté à la tarte encore … » Le bras-droit de Gobelin était donc un homme réservé tandis que celui du duc était un joyeux luron. On pouvait dire qu’ils s’équilibraient, en quelque sorte.

    « Merci Monsieur … » fit la petite voix tristounette d’Ignace. La peine de ce petit bonhomme faisait saigner le cœur du noble au point que c’était rendu un bain de sang. Malgré tout, il lui répondit avec le sourire le plus réconfortant dont il était capable : « Ignace, je te promets que tu reverras Gobelin très bientôt. D’accord ? » Pendant que le gobelin en question s’occupait d’Odalus, le seigneur se tourna vers son serviteur. Ce dernier comprit et bondit aussitôt sur ses pieds afin d’aider Yu-Seong à se relever. Il en profita pour épousseter les vêtements de son seigneur, et les deux hommes s’échangeaient quelques mots à voix basse :

    « Est-ce que ça va ? » « Oui oui. » « Attendez, il y a quelque chose sur votre épaule … » « Tu as empiré la tache, imbécile ! » « Sur le dos aussi ! Une seconde … » « Mais lâche mes fesses ! » « Ah, j’avais pas remarqué la médaille ! » « Jaloux ? » « Voulez-vous que je vous porte sur mon dos comme ces deux-là ? » « Jamais de la vie ! » Les autres avaient sûrement du mal à entendre tout ce qu’ils disaient; peut-être même croyaient-ils qu’ils se chamaillaient. Toutefois, leurs sourires idiots prouvaient leur complicité … Même si celui de Rayan se fit plus inquiet, plus sérieux. « Êtes-vous sûr que ça va ? » Le duc fronça les sourcils, incapable de deviner si le soldat s’inquiétait pour son corps, son esprit ou les deux. « N’as-tu pas des tartes à goûter ? »

    Le guerrier s’inclina respectueusement avant de retourner s’asseoir. Il restait donc lui, Elea, Lazur, Ignace, Poro et Malu … Ah, et le soldat qui tenait les armes du mercenaire; le duc venait de lui ordonner de rester sur place. Ce jeune père rejoignit timidement le groupe et prit place à côté de son chef. « Fais pas cette tête, Lorin ! La Tarasque ne va pas te manger, les enfants l’ont déjà vaincue ! » se moqua gentiment Rayan en lui foutant toute une claque dans le dos. « Hahaha … » souffla le dénommé Lorin, convaincu que ses côtes étaient désormais en miettes.

    Il n’était pas particulièrement grand ni petit. Fin vingtaine tout au plus, ses cheveux étaient bruns, courts et décoiffés par le voyage. Ses yeux verts étaient discrets et le reste de ses traits étaient… ordinaires. Vraiment, c’était un homme banal qui ne pouvait s’empêcher de fixer les bandages de Lazur. Le vétéran, lui, c’était ses yeux bleus qu’il admirait. Sans le quitter du regard, il prit une pointe de tarte et étira son bras afin de la présenter au mercenaire. « Voulez-vous une pointe ? Vous devriez vous dépêcher, les enfants vont tout dévorer sinon ! »

    Quant aux autres, ils se préparaient à partir. Yu-Seong guida Gobelin vers la personne qui allait s’occuper d’Odalus : la soldate qui avait versé de chaudes larmes tout à l’heure. « Oh, quel beau jeune homme ! » s’extasia-t-elle. « Tu peux m’appeler Tashara; nous allons chevaucher ensemble, toi et moi. » Elle dégagea ses longs cheveux noirs de son visage, un sourire charmant sur les lèvres. Sa peau caramélisée – qui n’était pas sans rappeler les dunes du Royaume – contrastait avec celle plus pâle des trois bonhommes autour d’elle. Tout comme Gobelin, le duc attendit patiemment que sa guerrière installe l’orphelin sur la selle qu’ils allaient partager. Elle prit place derrière lui et commença aussitôt à lui faire une leçon d’équitation. Bon … Ça allait changer les idées du gamin au moins.

    Maintenant que ça c’était fait, Yu-Seong invita Gobelin à le suivre jusqu’au prochain soldat. Ce dernier n’eut même pas le temps d’ouvrir la bouche que le mercenaire se mit à paniquer, se cachant même derrière le grand seigneur qui se tendit d’un seul coup. Oh, il détestait avoir le mercenaire dans son dos … « Gobelin n’aime pas les chevaux ! Gobelin ne sait pas monter ! » couinait celui qui pouvait le poignarder à tout moment. L’Adda tourna la tête vers lui, confus. « Uh ? » Un clignement de yeux. Deux clignements de yeux. Plusieurs clignements de yeux.

    Attendez … Gobelin avait peur des chevaux ?

    Spontanément, Yu-Seong éclata de rire. Gobelin avait peur des chevaux ! Hahahaha ! C’était merveilleux ! Une faiblesse exploitable ! Hahahaha !… Ha … Ah, merde. Ce n’était pas prévu. Le seul moyen de faire l’aller-retour en une journée, c’était à dos de cheval. Si le gobelin avait trop peur pour monter, cela allait foutre les plans du noble en l’air. Encore ! Celui-ci se calma aussi rapidement qu’il s’était esclaffé. « Pardonnez-moi, je ne voulais pas me moquer. C’était juste… inattendu. » Tous les aristocrates dignes de ce nom apprenaient l’équitation, mais visiblement, ce n’était pas le cas des roturiers. Eh bah …

    Il fallait trouver une solution, et vite. Au bout de quelques secondes de réflexion, le duc attrapa la main de Gobelin afin de l’amener avec lui. Comme s’il traînait un enfant récalcitrant ou timide. Il s’arrêta… devant sa propre monture. Le soldat responsable semblait d’ailleurs très surpris, mais Yu-Seong l’ignora, concentré sur l’état du mercenaire. « Regarde, c’est une gentille jument. » Le tutoiement lui avait échappé; il décida de ne pas s’attarder sur cette petite erreur. « Je choisis toujours la monture la plus docile; puisque vous êtes nerveux, elle est sans aucun doute le meilleur choix pour vous. » Le soldat s’avança, interrogatif : « Vous voulez échanger de monture, Monseigneur ? »

    Son maître haussa un sourcil. « Non, Gobelin chevauchera avec moi. » Si le mercenaire était aussi terrifié, il était hors de question de le laisser entre les mains d’un inconnu; cela allait juste retarder le voyage davantage. Par contre, s’il était avec le duc, il allait peut-être se détendre … Un peu. Contrairement aux guerriers présents qui s’échangèrent tous des regards inquiets. Ignorant une nouvelle fois ses soldats, Yu-Seong attrapa l’autre main de Gobelin afin de tenir ses deux mains dans les siennes. Il planta même son regard dans le sien. Non, ce n’était pas pour lui déclarer sa flamme.

    « Ignace sera triste si nous prenons du retard, alors soyez courageux pour lui et montez sur ce cheval. » D’un signe de la tête, il ordonna à son chien – euh, soldat – le plus proche d’aider le mercenaire à grimper sur la gentille jument innocente. Tout dépendant de la coopération de la créature verte, l’opération dura de quelques secondes à plusieurs minutes. Puis vint le tour du duc; lui aussi avait besoin d’aide pour monter, mais c’était pour une toute autre raison. De plus, contrairement à Tashara et Odalus qui parvenaient à partager leur selle, il allait être forcé de s’asseoir directement sur le cheval. Sachant pertinemment qu’il allait regretter cette décision, Yu-Seong se retrouva malgré tout derrière Gobelin. Il attrapa les rênes et l’invita à les tenir également si cela pouvait le rassurer.

    Une fois le reste de son escorte prêt, il leur expliqua rapidement le but de leur mission : appréhender tous les adultes de cet orphelinat de merde et prendre en charge les enfants présents. Puis, le groupe put enfin partir, non sans envoyer la main à ceux qui restaient derrière.

    Le rythme du voyage aurait pu être plus rapide, or l’Adda n’avait pas envie que le gobelin fasse une crise de panique par-dessus le marché. Il ne fallait pas non plus brusquer Odalus puisque c’était la première fois qu’il montait à cheval; d’ailleurs, Yu-Seong avait permis à Tashara de chevaucher à sa gauche afin que les deux lanternes vertes ne soient pas trop éloignées. Ça allait peut-être les encourager un peu.

    Le femme soldate comprit rapidement que le jeune garçon était intéressé par la magie, alors elle lui partageait des anecdotes. Le duc aussi tentait de discuter avec son passager, or les sujets abordés n’étaient pas très pertinents. En vérité, ce n’était pas Gobelin qu’il tentait d’aider, mais lui-même; il souffrait le martyre. Sa position était on ne peut plus inconfortable et chaque mouvement tiraillait sa vieille blessure de façon très désagréable. Ses soldats avaient bien eu raison de douter de sa décision.

    Justement, à quelques minutes à peine de leur destination, Yu-Seong n’en pouvait plus. D’un signe de la main, il ordonna à la troupe de s’arrêter. Ses hommes se doutaient de la raison (peut-être même avaient-ils ouvert des paris), alors sans échanger un seul mot, l’un des soldats bondit afin d’aider son seigneur à descendre de sa monture. Cependant, même une fois les pieds sur terre, Yu-Seong ne lâchait pas le jeune homme. « Urgh, p– » Se rappelant de justesse qu’il y avait un enfant dans le groupe, le duc ravala le reste de sa phrase qui n’aurait été qu’une suite de jurons.

    Le soldat servant de béquille toisa vertement le gobelin resté sur selle. C’était la faute de ce diablotin si son maître se tordait de douleur ! S’il n’avait pas été une mauviette (et si l’Adda n’avait pas été si gentil), ils ne seraient pas dans cette situation ! Remarquant le regard mauvais de son guerrier, Yu-Seong lui agrippa violemment le collet, plantant ses yeux furieux dans les siens. « Gobelin n’y est pour rien. Me suis-je bien fait comprendre ? » Le pauvre jeune homme déglutit péniblement et décida de fixer le sol, visiblement effrayé par son duc malgré son actuelle condition physique lamentable. Le lamentable duc en question n’avait toutefois pas fini de parler : « Y a-t-il quelqu’un d’autre qui désire se plaindre ? » Il releva la tête, balayant froidement son escorte du regard. Silence. Ses soldats n’étaient pas suicidaires. Satisfait, le noble s’adoucit un peu, même si son corps tout entier était toujours autant crispé. « Que quelqu’un aide cet homme à descendre; nous ferons le reste du voyage à pied. » Ils ne pouvaient pas être siiii loin de leur destination … Et puis, ce sera plus subtil que de débarquer au grand galop; si les criminels les entendaient arriver, ils pourraient essayer de fuir.

    Les guerriers descendirent de leur monture et l’un d’eux alla s’occuper de Gobelin dans un silence quelque peu craintif. Tashara descendit également, mais laissa Odalus sur le cheval; logique. Guidant l’équidé avec les rênes, elle sourit à l’enfant et lui souffla tout bas : « Tu as vraiment fière allure ! »

    Quant au jeune homme terrifié qui s’occupait du duc, il soutenait ce dernier d’un bras et tenait les brides de sa jument de l’autre. Ils avaient tous eu vent des rumeurs inquiétantes à propos de l’Adda, alors même si ce dernier était généralement très sympathique avec eux, ils ne pouvaient s’empêcher d’être nerveux lorsqu’il se fâchait … Parlant de sympathie, Yu-Seong parvint avec peine à agripper la manche du gobelin, craignant que celui-ci ne s’éloigne. Craignant qu’il se sente coupable, qu’il se sente de trop, qu’il se sente rejeté. Et il était hors de question qu’il se sente ainsi en sa présence.

    « Marchez avec moi. Ce n’est pas votre faute, je vous assure. » Le duc semblait sincèrement inquiet même si c’était lui et non Gobelin qui était plié en quatre présentement. Peut-être était-ce parce qu’il était conscient que les douleurs de l’âme s’estompaient plus lentement que celles du corps. Et c’était lui qui avait pris une décision stupide; pas le mercenaire. Il lâcha le vêtement de ce dernier seulement lorsqu’il fut certain que le petit homme vert n’allait pas s’esquiver.

    Puis, il réalisa que Gobelin et Odalus ne devaient absolument rien comprendre à la situation. Bon … Il n’aimait pas raconter sa vie, mais il ne voulait pas prendre le risque de les voir fouiner partout afin de trouver des réponses. Il détestait les fouineurs. « Vous souvenez-vous du frère que j’avais mentionné ? Je n’exagérais pas lorsque je disais qu’il me détestait, » commença-t-il d’un ton plaisantin. Il préférait raconter cela en blague, car ça le déprimait trop sinon. « Pour faire une histoire courte, il a essayé de me tuer, et j’y ai laissé des plumes. » Ça, c’était une vraie histoire courte. Il releva le menton, cherchant le regard d’Odalus, et lui fit un clin d’œil complice. « Comme je le disais, un handicap n’est pas une fin en soi. On peut toujours le contourner ou le surmonter. »

    Ses yeux revinrent sur le chemin devant eux. Sa tête se baissa légèrement, la confiance sur ses lèvres s’effaça peu à peu. Une voix plus basse. « Mais si j’avais été un meilleur grand frère, peut-être … » Le stupide soldat qui servait de béquille crut bon d’intervenir : « Ce n’était pas votre faute, Monseigneur ! Votre frère était possédé par la Calamité ! » Yu-Seong le fixa d'une froideur qui rivaliserait avec celle de la duchesse de Nyugard. Il regrettait d’avoir amené cet imbécile, tout comme cet imbécile regrettait d’avoir ouvert la gueule. Ce dernier baissa de nouveau les yeux, bien décidé à garder le silence jusqu’à son retour à la maison. Sage décision.

    Le duc soupira et tourna son attention sur Gobelin, reprenant un sourire avenant avec une facilité déconcertante. Parler lui permettait d’oublier la douleur, bien que celle-ci commençait enfin à reculer. « D’ailleurs … Avez-vous des frères ou sœurs ? Si ce n’est pas trop indiscret bien sûr. Ne vous sentez pas obligé de répondre. »
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    Ven 24 Nov - 17:31
    Elea, peu impressionnée en apparence, croise les bras et toise Rayan d’un œil critique.

    _ Ah ouais ? Et toi, tout seul, t’as battu un dragon plus gros alors que nous, on était 4 ?

    L’ego probablement touché, par le fait qu’elle soit considérée comme moins puissante que le soldat armé – combien même est-ce la réalité, la petite fille a besoin, d’imaginer. De se croire assez forte, pour faire face au monde, s’il se ligue contre elle. Les sourcils froncés et les bras croisés, elle se tient fière mais très vite, le récit l’emporte et finalement, elle écoute avec attention en se mordant la lèvre.

    Quand les cheveux du chevalier se dressent sur son crâne, Elea et Odalus éclatent de rire à leur tour. La petite fille applaudit alors qu’Odalus met quelques secondes à se reprendre, frottant doucement ses paupières.

    L’effondrement d’Ignace ébranle les orphelins. D’ailleurs, Elea reste près de Rayan et garde sa main sur son épaule, pour le réconforter mais aussi, se rassurer. Cherchant instinctivement, un support solide près duquel se réfugier. Elle se mord les lèvres, ses yeux ne quittant pas Ignace et Gobelin. Au fond de ses yeux bleus, derrière son air revêche, se trahit à son tour l’enfant qu’elle a toujours été. Les larmes montent à ses prunelles et finalement, sa main se noue timidement à celle de Rayan.

    Les enfants sans attaches, ne demandent qu’à trouver des repères, dans le chaos d’un monde qui ne s’arrête jamais de tourner. Un refuge, lorsque leurs parents sont absents, quand les remplaçants, sont maltraitants. Gobelin, est probablement le premier à leur avoir offert naturellement un foyer, et face à la chaleur de Rayan ou du Duc, les orphelins ressentent, un mélange de méfiance et d’attirance. Le besoin de se protéger, opposé à celui viscéral, d’être aimé.

    Alors la petite fille noue finalement ses bras autour de celui plus solide de Rayan, accroupie à son tour, elle se pelotonne quelques secondes contre lui, mais au moindre geste de sa part, fait mine de s’écarter, farouche, elle finit par se dégager et fait quelques pas vers Ignace en balançant ses bras, comme si ses poings pouvaient chasser, tout ce qui l’effrayait. Impuissante, elle serre les mâchoires et montre ses dents, elle fait demi-tour vers Rayan et s’arme de son bâton, qu’elle agite en l’air, râlant dans sa barbe inexistante.

    Odalus reste mortifié. Les yeux baissés, les épaules voûtées, bien plus discret et timide, il n’ose plus se manifester, comme s’il voulait tout simplement disparaître, son carnet sur ses cuisses.

    Gobelin a bondi. L’enfant dans ses bras, le gardant précieusement contre lui, il s’est incliné devant le Duc. Un bras soutenant Ignace, son autre main plongée dans sa tignasse, qu’il caresse. Plus de jeux, plus de masques : ses yeux supplient et ses genoux voutés, prêts à se poser à terre si le Duc l’exigeait. Gobelin, n’a pas peur des sacrifices, il donnerait le monde en pâture à ces petits, si cela pouvait leur redonner, le sourire.

    Le regard du Duc est ailleurs. Absent, perdu dans ses pensées, son passé, simplement détaché ? Gobelin sent son cœur se serrer, sous la nervosité. Que va-t-il faire ? Le punir, d’avoir les Lanternes à proximité, l’ignorer, les Nobles, sont souvent ainsi, à détourner les yeux, de ce qui les dérange.

    _ Seigneur, supplie seulement Gobelin, courbant plus franchement encore l’échine et le dos, fermant même les yeux, par crainte de ce qu’il pourrait lire, au fond des pupilles vides. Il n’a que trop connu, le mépris et le rejet, mais si cela se dirige vers les petits, il craint, de ce qui s’éveillerait en lui. Ignace toujours cramponné à ses épaules, il veille à ce que sa voix reste, calme, pour ne pas l’inquiéter davantage, l’enfant n’a pas besoin de savoir.

    L’accord salvateur le fait aussitôt réagir ; il s’en va d’un pas rapide, craignant peut-être que le Duc ne le rappelle à lui, ne voulant pas laisser trop longtemps les orphelins sans lui.

    L’histoire de Marino aide Elea à relâcher la tension de ses muscles tendus. Elle rabaisse son bâton et ouvre de grands yeux à la description des blessures de Marino.

    _ Burk, lâche-t-elle à la mention des jambes coupées, Les jambes d’Odalus, elles marchent p’t’être pas, mais j’espère bien qu’on va pas les couper, c’est pas beau.

    Odalus grimace à cette idée et frotte l’une de ses cuisses.

    _ Ca prendrait peut-être moins de place, constate-t-il pourtant avec un triste pragmatisme, baissant les prunelles… Heureusement, la suite de l’histoire apporte un message d’espoir aux deux jeunes enfants. Elea fronce les sourcils et, très investie, exige.

    _ J’sais pas, dis !

    La réponse tant attendue arrache une onomatopée stupéfaite de la petite fille, avant qu’elle ne saute joyeusement en l’air.

    _ Ouah ! Odalus, t’seras un mage à ch’val ! Affirme-t-elle, avant de tourner les yeux vers le Duc et Rayan, Z’avez un ch’val en trop ? On peut p’t’être l’acheter !

    Odalus l’apaise d’un geste de la main.

    _ Ils ont un cheval par soldat, et ils coûtent sûrement très chers…

    _ On t’prendra un bœuf ! Un poney ! Un âne ! Continue Elea en levant les bras vers le ciel. Odalus, amusé, sourit à son adresse avant de s’incliner respectueusement devant les adultes.

    _ Merci beaucoup… Pour votre gentillesse. Je… C’est vrai que je ne pensais pas sortir un jour mais… j’ai déjà un peu mon cheval, en quelques sortes, il tapote la caisse en bois dans laquelle il se trouve, Si je trouve un jour une monture et quand je saurais bien lancer des sorts, je pourrais faire probablement plein de choses !... Merci encore, ça m’a fait du bien, d’écouter cette histoire. Est-ce que vous savez où vit ce Marino ? Est-ce que… Enfin peut-être que si on passe dans son village, je pourrais aller lui parler… ?

    Odalus observe les adultes, en attente d’un signe de leur part… Jusqu’à l’arrivée de Lazur. Le Duc reconnaît probablement l’homme qu’il a déjà vu à Walsch. Le visage pudiquement voilé, les mains pansées, les yeux, d’un bleu que le ciel lui-même envie. Ses prunelles rejoignent d’ailleurs immédiatement le Duc, qu’il salue cette fois respectueusement, adressant un signe de tête à ses hommes, avant que ses prunelles ne reviennent aux enfants.

    L’accueil de Rayan, malgré sa chaleur, coule comme de l’eau sur un rocher. Impassible, Lazur va malgré tout s’installer en sa compagnie et lâche un léger soupir en croisant les bras sur son torse. Il adresse une œillade à la tarte, mais surveille rapidement Ignace et Gobelin.

    Ignace a récupéré son doudou, qu’il colle contre son nez. Quand le Duc lui sourit, l’enfant hésite mais, touché par sa bienveillance, sourit faiblement. Les yeux encore rougis, il hoche la tête aux mots de l’homme, un peu gauche, beaucoup moins tactile qu’Elea, il esquisse un geste vers lui, se retient et préfère s’en aller après un dernier regard. Il agite la main pour les saluer et Gobelin rend le geste, le visage éclairé d’un sourire rassurant à son tour.

    Ignace attrape la cordelette de son jouet et va s’assoir à côté de Lazur. Les épaules de Lazur se relâchent, il pose simplement une main sur l’épaule d’Ignace qui s’affale finalement contre lui.

    L’échange entre le Duc et son soldat n’échappe pas aux prunelles attentives du Gobelin. Rictus s’esquisse, moqueries suintantes qu’il retient entre ses babines, luisent au fond de ses pupilles, la malice qu’il étouffe d’un battement de cils.

    Les hommes du Duc sont toujours si inquiets pour lui.

    Est-il donc, blessé ? D’une faible constitution ? Il est, mercenaire, il est, charognard, il est, un être de cauchemar. Il s’est nourri, de la chair de celleux tombé.es au combat, de celleux oublié.es, il s’est rassasié, quand il n’y avait plus rien, à manger. Rien, que la morale ou l’éthique n’auraient permis, est-ce cet affront qui a éveillé cet instinct bestial ? L’attention captée, par la souffrance d’autrui, alléché par les plaies sanguinolentes, d’une chair malmenée ou d’une âme lacérée ?

    Les pupilles se sont détournés et pourtant, ses sens suivent les échanges, jusqu’à percevoir, les sourires et la connivence, la complicité qui l’invite, à fermer à demi les paupières, Gobelin se tient en retrait. Discret, depuis de très longues minutes à présent, depuis qu’Ignace s’est effondré, depuis que les soldats sont arrivés, car Gobelin sait, qu’il serait incapable de se protéger.

    Est-il méfiant ? C’est autre chose. La sincère conviction, que le Duc a à présent tous les moyens de le briser s’il le désirait ; que sa vie, tient sur un fil. Il se sait condamnable pour ses crimes, comme il a conscience que le Duc, a probablement voulu épargner aux enfants, les vices et la violence de l’Humanité, d’abuser, de sa toute puissance. Ils sont sur ses terres, et s’il le faut, il pourrait convoquer une armée pour écraser Gobelin et les Lanternes, car ils ne sont, qu’une poussière si facile à balayer.

    Sa survie, n’est due qu’à de la chance. La compassion, la bienveillance ou parfois, le simple fait, qu’il présente une quelconque utilité. Gobelin ne croit pas, que l’homme puisse réellement le respecter ou s’intéresser à ce qu’il est. Il n’est rien, rien qu’un roturier stupide, laid, dédié à des valeurs qui l’aident, à donner un peu de sens à sa vie, un but, à son existence. Une raison d’endurer, le poids de sa difformité et du rejet.

    Lazur a critiqué sa confiance, lui a craché, si nous finissons toustes emprisonné.es par ta sottise, ces mots se sont abattus comme un couperet, car il est vrai que Gobelin a agi, pour Lui et pour Eux, se disant que dans le pire des cas, le Duc le ferait enfermé, tant qu’il épargne, les enfants. Mais il n’est pas seul : les Lanternes, sont en dehors du village, occupés à laver le linge dans la rivière et à préparer le campement pour ce soir.

    La rigole de cheveux noirs, ne laisse qu’apercevoir les prunelles éteintes et l’expression figée.

    Elea fixe Lorin avec attention puis affiche un sourire moqueur.

    _ T’as peur d’nous sinon ? J’comprends. Moi, j’pète la gueule des grands, si j’veux.

    Lazur lui adresse un regard.

    _ Elea… On ne dit pas ces choses là.

    Elea fronce les sourcils.

    _ J’dis c’que j’veux !

    _ Non. Ce n’est pas gentil. Qu’est-ce que tu cherches à faire ? L’intimider ? Eh bien évite de provoquer les personnes plus grandes, qui portent une armure et qui ont des armes. Fais toi discrète.

    Ordonne Lazur, d’une voix ferme cette fois. La petite fille cligne des paupières. Inquiète, elle adresse un regard à Rayan, se tourne vers Gobelin, puis penaude, affiche une moue mécontente.

    _ … J’voulais pas dire un truc méchant. Pardon.

    La petite fille hausse les épaules, bourrue, avant de retourner près des tartes. Voyant la pointe se tendre vers Lazur, elle voit que Lazur a un très léger geste de recul.

    _ Je vous remercie pour cette attention. Mais je n’ai pas faim, merci.

    _ Ah ! Elea se lève et tend les mains pour avoir la pointe tenue par Rayan, Savez pourquoi y en veut pas, d’la tarte ? Parc’que Lazur, il a pas d’nez et il a même pas toutes ses dents !

    Les yeux de Lazur se sont écarquillés. Il esquisse un geste vers la petite fille, mais Elea, encore agacée d’avoir été grondée, ne s’interrompt pas pour autant.

    _ C’est qu’y a été malade, sa peau et tout, c’est parti en morceaux ! C’pour ça qu’y a dû partir d’chez lui, mais z’en faîtes pas, ça s’attrape pas !

    Consterné, Lazur a finalement fermé les paupières. Il a levé une main pour les masser, seul signe de lassitude. Elea n’a probablement pas conscience ni de la gravité de l’annonce, ni de la honte qu’elle vient d’infliger à l’homme. Lazur préfère se redresser, d’ailleurs, et faire quelques pas en arrière.

    _ Je ne suis plus contagieux. Vous ne risquez rien.

    Pour autant, il s’assoit plus loin, près de l’arbre. Ignace, inquiet, pousse un couinement.

    _ Elea c’est pas gentil !

    Ignace rejoint Lazur, qui le rassure quelques minutes. L’enfant finit alors par revenir pour picorer les fruits d’une des parts de la tarte.

    _ Mais j’ai rien dit d’mal ! Râle-t-elle en prenant un autre bout de tarte, Vous v’lez qu’on joue ? Savez jouer à quoi ?

    Du côté d’Odalus, l’enfant tendit naturellement les bras vers la jeune femme pour qu’elle l’aide à s’installer. Une fois ses jambes sécurisées, placées de part et d’autre de la selle, l’enfant retrouve le sourire. Odalus adresse une œillade à Tashara, les yeux brillants d’excitation.

    _ Je n’ai jamais été aussi haut !

    Se réjouit-il. Et si la soldate fait avancer de quelques mètres l’animal, Odalus se tend nerveusement, jusqu’à laisser échapper un rire bref. Ses mains, d’abord cramponnées à la selle, prennent prudemment le risque de flatter l’encolure de l’animal. Odalus semble bien moins méfiant qu’Elea ou Ignace… Le sourire chaleureux de Tashara et sa gentillesse évidente ont totalement effacé toutes traces d’inquiétudes et Odalus se laisse même aller à profiter du moment.

    Ce qui n’est absolument pas le cas de Gobelin.

    L’éclat de rire du Duc fait sursauter la créature qui, décontenancée, bat des paupières. Mais l’empathie, fait qu’il sourit naturellement, le visage fendu d’un rictus moqueur, il plisse malicieusement les prunelles.

    _ Moquez-vous, moquez-vous mon ami, c’est mérité après la frayeur que Gobelin vous a infligée…, susurre-t-il langoureusement, lui offrant même, un clin d’œil malicieux. Avant que ses prunelles ne reviennent vers l’animal… Quand le Duc saisit sa main, l’homme peut sentir pour la première fois, la peau glacée. Fragile. Plaquée contre la chair maigre et les os, perceptibles. Les tendons et les articulations, d’une mollesse maladive, expliquent probablement l’extraordinaire souplesse, bien qu’une force suffisante pourrait disloquer le mécanisme. Inconsciemment, les muscles se tendent sous la pression, pour résister, pour protéger, trahissant une vie passée à endurer la violence.

    Les épaules se sont voûtées, le corps, s’est un instant replié, dans les prunelles, éclats sauvages, d’une bête prête à fuir ou à attaquer, c’est différent, des enfants ; car lui, c’est toute son existence qu’il a enduré, les coups de sang, la méchanceté, lapidations, crachats, coups de pieds.

    Pour autant, il n’oppose pas de résistance à la traction, sait, que c’est futile, la raison et la dignité reprennent le contrôle de son corps, Gobelin se relève, ses yeux vont et viennent, de la jument au Duc, comme s’il craignait que le Duc ne l’attache à la selle ou ne le pousse sous les sabots de sa monture. La voix, qui s’adresse à lui, le rassure.

    Car le Duc, s’adresse à lui comme à un homme et non pas, comme à une Bête.

    Ses épaules se relâchent.

    _ Les animaux sentent la peur. Ne va-t-elle pas, ruer ou attaquer ? Murmure-t-il à l’adresse du Duc. Il tremble de tous ses membres, au point où cela se voit au travers des manches du Duc qui sont animées des mêmes soubresauts. Et lorsque le Duc fait mention d’Ignace, les prunelles vertes s’écarquillent.

    Après un silence, Gobelin hoche la tête. Il a repris courage. Ses muscles se sont contractés, maîtrisant ses spasmes inquiets. L’aide du soldat fut peu appréciée par le Gobelin – à moins que ce ne soit le soldat qui manqua de patience, la créature se retrouvant assez rudement placée sur la selle.

    Le front trempé de sueurs, l’état du Gobelin hésite franchement entre le solide, le liquide et le gazeux ; semblant prêt à tout instant à s’évaporer, dégouliner mollement jusqu’au sol, ou ancré et cramponné à la selle comme un pilier. Les yeux fixés sur les oreilles de la jument, les épaules remontées jusqu’au sommet de son propre crâne, les jambes si droites qu’il est tout simplement impossible de lui mettre les étriers sans lui casser les genoux – aussi le soldat abandonne.

    Quand le Duc se glisse dans son dos, l’homme perçoit sûrement les dents du Gobelin claquer. Les jointures blanchies. Le dos qui s’appuie quelques secondes contre son torse, est particulièrement maigre. Malgré la couche épaisse du kimono, l’on devine aisément le volume de chaque vertèbre, les os saillants, les hanches osseuses qui tranchent avec le creux de la taille famélique. L’avancée de l’animal, brinquebale Gobelin qui bascule de gauche à droite, d’avant en arrière, jusqu’à se cramponner à tout ce qu’il peut tenir.

    S’il n’avait pas si peur, Gobelin rirait sûrement de cette promiscuité physique, glisserait malicieusement au Duc, qu’il…

    _ J-je me sen-sentirai p-presque à l’abri dans v-vos bras… Oh serrez moi fort, bel homme !

    Tente de plaisanter Gobelin, pour détendre l’atmosphère, lâchant un rire bref qui vire comme un coassement aigüe.

    Le Duc réalise peut-être que les longs cheveux noirs graisseux sont en réalité huilés. D’un masque ou d’un baume protecteur, agréablement parfumé. Mêlant des fragrances florales et particulièrement entêtantes, rappelant les odeurs, des fleurs de coton mêlées de monoï, auxquelles s’ajoutent, fragrances plus humaines, d’une odeur corporelle légèrement épicée, probablement relevée par la sueur qui dégouline de son front et de sa nuque.

    Au fur et à mesure des minutes, Gobelin commence finalement à s’habituer au déhanchement de l’animal. Odalus, lui, sourit de toutes ses dents. Le vent qui caresse son visage l’invite à fermer les yeux pour savourer ce moment. Une main posée sur la selle, l’autre se lève vers le ciel et il ouvre les doigts, pour que la brise s’engouffre. Ses prunelles se rouvrent et un rire franchit ses lèvres.

    _ Gobelin, je vole ! Crie joyeusement l’enfant.

    Gobelin cligne des paupières et un sourire sincère éclaire son visage.

    _ Bravo Odalus ! Tu es tellement courageux ! Plus courageux que Gobelin ! Le cheval est gentil ?

    _ Oui ! Et Tashara aussi ! Affirme Odalus. Lui si réservé, est totalement emporté. Les yeux brillants, il goûte pour la première fois, à la sensation de totale liberté. Il a l’impression d’aller si vite, bien plus vite qu’à dos d’hommes ou dans sa charrette, il s’élance et survole, les chemins.

    Des larmes de bonheur roulent sur ses joues, sans que l’enfant ne le réalise vraiment ; finalement, il a assez confiance pour s’appuyer contre la soldate et lever les deux bras vers le ciel, accompagnant les mouvements du cheval du mieux qu’il peut.

    _ Je serais comme Marino ! Je serais un grand guerrier à dos de cheval ! Décide Odalus, Un grand mage à dos de cheval ! Corrige-t-il, ne pouvant décidément pas oublier sa passion première.

    Et Gobelin finit timidement par l’imiter. Il lève craintivement une main, mais la rabaisse au moindre cahot pour s’accrocher à la selle dans un couinement plaintif.

    Quand Yu-Seong fait arrêter la troupe, Gobelin pousse un râle de soulagement en levant les yeux au ciel, les mains jointes dans un geste de prière.

    _ On n’est pas morts ! Wouhouuuu !

    Se réjouit Gobelin, bondissant de la selle sans une once d’hésitation. A peine les pieds posés à terre, il sautille pour se débarrasser des fourmis dans ses jambes, cherche déjà du regard le Duc – s’en approche. A la vue de sa douleur, Gobelin fait un pas en avant. Et dans ses yeux verts, une réelle inquiétude.

    La douleur, il s’en est douté déjà, depuis un moment.

    _ Mal, mal ? Demande-t-il, d’une petite voix, jusqu’à surprendre le regard mauvais du guerrier à son encontre.
    Comme une gifle. Un coup de poignard.

    Le regard du Gobelin, s’éteint comme lorsque l’on souffle sur une bougie. Plus de sourires, plus de mimiques ; masque, sur une coquille vide. Une œillade vers Odalus, une autre vers le garde, ça ne dure qu’une seconde, qu’un battement de paupières. C’est le regard, d’un homme qui aurait été prêt à se mettre à terre, d’un homme pourtant prêt, à se tenir droit et fier, non pas pour lui, mais pour le petit qui l’observe.

    Zeng Min plante directement ses yeux dans ceux du garde, sans détourner le regard, sans l’affronter : il fait seulement face, refusant de courber l’échine, face au mépris, refusant d’user, de la même violence, pour imposer le respect.

    Le Duc prend sa défense.

    La stupéfaction, n’est pas un mot capable de définir sa tétanie. Les pensées figées, la bouche entrouverte, les prunelles, écarquillées.

    Il l’a défendu.

    Pourquoi ?

    Il aurait été si facile, de l’accuser, de lui balancer une insulte, de ne simplement rien faire, de ne rien dire. L’homme est sur ses terres, et visiblement, de mauvaise humeur. Gobelin persuadé, de l’avoir agacé, d’être seulement considéré, comme un outil à utiliser, cela fait à 2 reprises, que l’homme fait l’effort de le traiter, comme un humain.

    Il pense à leur rencontre, à cette fois où le Duc s’est incliné face à lui, à ce moment où il est prêt à faire face à ses propres hommes, pour le protéger - et pourtant, cette fois, il n’a absolument rien à gagner, rien à prouver.

    Pas de spectateurs à impressionner, et il réprimande même, les hommes qui lui ont juré loyauté.

    Aurait-il crû une fois dans sa vie, mériter un tel respect ? Non. Qu’un Puissant, fasse ainsi preuve d’une telle considération.

    Quand la main saisit sa manche, Zeng redresse les yeux et offre un sourire à l’homme. Un sourire, pour exprimer toute la reconnaissance, et autre chose, quelque chose, qui ne peut se voir qu’au travers des regards qui s’échangent, de sa main qui effleure simplement celle du Duc, ces choses que les mots ne pourraient que souiller.

    Zeng récupère dans sa poche, un ruban vert et s’en sert pour attacher ses cheveux en queue de cheval. Les mèches, ramenées vers l’arrière, dévoilent ses yeux d’un vert perçant, son grand nez aquilin, c’est la deuxième fois, que le Duc parvient à arracher de cette coquille, l’homme terré derrière le masque.

    L’annonce du Duc le laisse de marbre, en apparence, bien qu’il le dévisage de haut en bas, comme s’il aurait été capable, de voir les souffrances cachées, sous la peau et les vêtements. L’histoire, d’un homme qui la dévoile à peine, avec pudeur et humour, rire, de ses blessures, est une stratégie que lui-même maîtrise.

    Son pas accompagne celui de Yu-Seong. Depuis l’arrivée des soldats, Gobelin a changé - et le Duc révèle, tant de visage. Zeng se surprend à penser, que s’il n’aimait pas tant la liberté, peut-être aurait-il apprécié offrir ses services à l’homme à ses côtés. Bien qu’à la fois, son caractère et ses colères, avaient de quoi l’effrayer - sourire s’esquisse sur ses lèvres, l’Homme est un éternel imparfait, et peut-être est-il finalement satisfait de savoir ses défauts.

    _ Je suis désolé.

    Zeng incline la nuque, une main posée sur le coeur.

    _ Désolé, de ce que vous avez eu à vivre. Je ne peux pas imaginer pire, qu’être trahi par celleux dont l’on se sent le plus proche.

    Il détourne pudiquement les paupières, dans un geste de respect, n’osant pas plus s’aventurer sur ce terrain qu’il sent glissant, non, dardé d’épines acérées : fractures, d’une âme cassée, d’un coeur brisé, éclats de verre contre lesquels, il ne veut pas se couper. Son sang, n’ira pas alimenter les plaies que le temps ne suffit pas à soigner. Guérir, n’arrivera peut-être jamais, mais…

    _ Je prierai pour qu’un jour, cette histoire soit loin derrière, à moins que vous ne désiriez, la garder à vos côtés. L’on dit, que les souffrances sont parfois nécessaires pour l’être que nous sommes aujourd’hui.

    Ses mains jointes dans son dos, Zeng avance d’un pas paisible. Odalus, quant à lui, s’est mordu la lèvre. Dans un geste de compassion, comme Elea, il tend sa main vers le Duc et si l’homme accepte, caresse prudemment son épaule en une étreinte prudente.

    _ Oui… Merci Monsieur. Je retiendrai cette leçon.

    Zeng entrouvre les lèvres, hésite quelques secondes, avant de clore les prunelles.

    _ De mon expérience, mon Ami… Je crois que nous agissons tous, du mieux que nous le pouvons, avec les moyens que nous possédons. Vous n’avez peut-être pas été “le meilleur”, et encore, selon qui, qui peut l’estimer ! Mais vous avez fait de votre mieux. J’en suis persuadé. Et ce mieux, n’empêche pas toujours les erreurs, n’empêche pas toujours les malheurs, mais vous avez probablement agi, au mieux de vos capacités. Ne soyez pas si dur envers vous ; j’ignore quels étaient vos âges, j’ignore précisément ce qui vous a déchiré, j’ignore tout, mais je sais que vous êtes un homme avec qui j’ai pu discuter, avec qui je me suis senti… considéré comme un être humain et c’est déjà beaucoup, beaucoup plus que ce que de nombreux Hommes ont fait. Pour autant, je ne les déteste pas et je ne souhaite qu’encore moins leur mort.

    Face au sourire avenant, Zeng détourne pudiquement les paupières. Une part en lui, ne s’en sent pas légitime, surpris toujours, par cette chaleur probablement intéressée mais inhabituelle. Dans un geste trahissant la timidité, de se montrer réellement, sa main se saisit d’un pan de son kimono. Il hésite, à lui donner son prénom, le vrai, celui qu’il s’est choisi pour se désigner.

    Offrir son humanité.

    Terreurs et rêves, s’unissent, l’espoir d’oser enfin être ce qu’il est, la terreur d’être rejeté, pour tout ce qu’il protège sous l’apparence, du Gobelin. Assumant le rôle, que la société lui a imposé, se plier à leurs attentes pour protéger au fond de son être, Zeng.

    _ Odalus, est-ce que tu as toujours le baume que je t’ai donné ?

    Le petit cligne des paupières et fouille dans sa poche. Il en sort, un petit pot en terre fermé d’un bouchon de liège, que Zeng tend au Duc dans un sourire.

    _ Baume à l’arnica. En avez-vous déjà essayé ? Cela pourrait peut-être vous soulager.

    Il lui donne le baume puis rejoint ses mains dans son dos.

    _ Voulez-vous, une jolie histoire ?

    Petit sourire malicieux, Gobelin revient, d’un bond en avant, fait face au Duc en marchant à reculons.

    _ Gobelin est né, au fond d’une mare, dans un bois. Seul dans l’eau croupie, à vagir, l’on ne sait si sa grosse tête avait tué sa propre mère ou si elle l’avait abandonné pour sa mocheté. Déjà si vilain, que même les bêtes sauvages n’ont pas pu se repaître de sa propre chair.

    Gobelin tourne le dos au Duc, avance en se suspendant sur la pointe des pieds, jouant l’équilibriste, étirant les bras, pour s’aider.

    _ La vieille sorcière, était une femme très âgée. Flétrie comme une vieille pomme, ses yeux ne voyaient pas, ses oreilles entendaient à peine, ses mains étaient couvertes de cornes, parfaites pour frotter le cuir des petit.es en caresses bourrues ou leur asséner, remontrances, d’une claque bien placée, sur les derrières tout maigres et les têtes bosselées. Ils étaient très nombreux, les enfants qu’elle avait recueillis, très nombreux ! C’était tous les enfants, que les parents jetaient, regarde lui, il n’a pas de bras, elle, elle bégaye, lui, dans sa tête, il ne grandit pas, et lui encore, il ne comprend rien ! C’était, ses petits monstres et Gobelin, est alors devenu Gobelin, c’est le nom qu’elle lui a donné, elle et les villageois.es, Gobelin, pour sa grosse tête, son corps maigre et son rire de crécelle. Ils étaient nombreux, tout une dizaine ! Jamais le même nombre, certain.es ne survivaient pas à l’hiver, la misère ou la cruauté humaine, d’autres partaient pour trouver mieux, d’autres s’ajoutaient… Frères, soeurs, adelphes, Gobelin est très loin d’être solitaire, et tous les jours, il trouve de nouvelles âmes qu’il peut considérer, comme appartenant à sa fratrie. Les liens du sang comptent, pas seulement ceux des parents, mais ceux des blessures et des larmes partagées, des épreuves traversées.

    Ses bras, reviennent dans son dos.

    _ J’ai une question. Vous n’êtes pas obligé de répondre, mais si vous le faîtes, soyez sincère, s’il vous plaît.

    Ses yeux reviennent vers le Duc.

    _ Pourquoi avoir agi ainsi envers moi ?

    La question, tremble entre ses lèvres.

    Car Gobelin ne s’étonne plus du mal qu’on peut lui faire.

    Mais que Zeng ne parvient pas à abandonner, ses espoirs.

    Les yeux brillent, de larmes qui ont déjà trop coulé, la gorge nouée, par des mains qui l’ont déjà étranglé, l’envie de s’accrocher, à cette humanité qu’on a tout fait pour lui arracher.

    _ Je ne mérite pas… A moins qu’il n’y ait quelque chose à gagner ?

    Murmure-t-il, le visage se déchirant d’un rictus. Haineux.

    Envers lui-même, plus qu’envers les autres. Douleur ravivée, il a conscience qu’il vient de saisir à pleines mains, un éclat de verre pour se l’arracher du coeur ; les mots ont tailladé sa volonté, pour s’échapper, c’est une main qui se tend vers le Duc, celle de ce petit que Gobelin a tout fait pour enterrer depuis tant d’années, l’enterrer, pour que cette souffrance cesse, pour arrêter de pleurer, devant son reflet, pour arrêter d’espérer.

    Paradoxe, de cette flamme verte qu’il veut mener, et de cet enfant au fond de lui, qui appelle encore à être sauvé.

    Zeng Min
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    Dim 26 Nov - 22:41

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Yu-Seong était forcé d’admettre que ce brave Rayan avait eu une bonne idée : raconter l’histoire de Marino semblait avoir illuminé la journée des enfants – surtout celle d’Odalus. Les deux adultes s’étaient échangés un regard amusé en voyant Elea prendre les choses en main avec ses ânes et ses poneys. Le duc plaignait le futur mari de cette fillette par contre … Bref, à la demande du jeune garçon, il hocha la tête. « Nous te ferons parvenir l’adresse. Je suis certain qu’il appréciera ta visite. »

    Lorsque le noble et le gobelin s’éloignèrent afin d’affronter les chevaux, Rayan resta derrière avec Lorin, les gamins et Lazur. Il réalisa assez rapidement qu’il avait affaire à un public difficile … Entre une fillette farouche, un garçon sauvage, deux féroces loups, un inconnu voilé et son compagnon timide, ça n’allait pas être de la tarte ! Jeu de mots totalement voulu soit dit en passant. Lorin venait à peine d’arriver que déjà, il était la cible de toutes les moqueries. Pauvre type … Heureusement pour lui, le mercenaire gronda Elea qui lâcha des excuses plus ou moins sincères. « Ah, euh, ce n’est pas grave, » répondit le jeune homme qui ne voulait pas mettre la gamine de mauvaise humeur.

    Face au refus de Lazur, Rayan se contenta de hausser les épaules et passa la pointe de tarte à la petite fille qui semblait y tenir. Puis elle lâcha une bombe – même si cela n’existait pas à Elysia. Malade ? La peau qui part en morceaux ? Instinctivement, Lorin eut un mouvement de recul et croisa le regard de son chef tout aussi surpris.

    Après tout, ce n’était pas tous les jours que l’on croisait un lépreux.

    Même si ce dernier assurait ne plus être contagieux, le jeune soldat ne pouvait s’empêcher d’être un peu inquiet. Mais c’était sans compter son capitaine qui le força à se rasseoir droit; bien que Rayan avait été surpris par la révélation, il était surtout triste de voir Lazur s’isoler de lui-même. Il pouvait deviner sa honte derrière ses yeux bleus, mais bon sang, ce n’était pas sa faute s’il était tombé malade !

    Malgré sa consternation, le vieux soldat ne comptait pas laisser la situation partir en couilles. Il coupa donc les râlements d’Elea d’une voix douce mais ferme : « Ignace a raison, Elea; ce n’était pas gentil. Je sais, je sais, Lazur t’a grondé devant tout le monde et tu n’as pas apprécié. Moi aussi j’ai déjà eu ton âge et moi aussi on m’a déjà réprimandé, plein de fois même ! Faut dire que j’étais un gamin assez turbulent, hahaha !… » Lorin secoua la tête, craignant que Rayan se mette à raconter les conneries de sa jeunesse, mais non; le vieux continua sa remontrance : « Mais Lazur, il a dit ça pour ton bien, tu sais ? C’est vrai que la force et le courage sont importants, mais la politesse aussi. Tu sais que les mots peuvent faire plus bobo que les coups, n’est-ce pas ? »

    Oui, il se doutait que ces orphelins avaient déjà reçu leur lot d’insultes. Il voulait juste que la gamine se mette dans la peau de Lazur un moment. Et non, il n’avait pas pu s’empêcher de la réprimander à son tour; il n’aurait jamais laissé sa propre fille parler ainsi à quelqu’un ! Son mode "papa" s’était déclenché tout seul, que voulez-vous … Malgré tout, il ne voulait pas abuser, alors il décida d’en rester là. Il tapa de nouveau le dos de Lorin qui sursauta. « Lorin ici est un jeune papa ! Son gamin n’a que quelques mois, alors il n’est pas encore très doué. Je compte sur vous pour lui montrer des supers jeux ! » Rayan se releva malgré le regard paniqué du jeune homme qui avait l’impression de se faire jeter dans la fosse aux lions.

    « Commencez sans moi les enfants, je vais pas être très loin ! » conclut le vieux avant de s’approcher de Lazur. Pas trop quand même; pas parce qu’il avait peur, mais parce qu’il voulait respecter l’espace personnel du mercenaire. Alors il s’assit sur l’herbe devant lui, tout simplement, son large sourire caractéristique sur les lèvres. « Hé. Désolé pour la réaction de mon collègue, je crois qu’il a juste été surpris. » Il se gratta le crâne, cherchant quelque chose d’intelligent à dire. « Vous le connaissez depuis longtemps, ce Gobelin ? Vous êtes amis ? »

    Dans l’autre groupe, l’ambiance était tout aussi particulière. Entre un Odalus extatique et un Gobelin terrifié, Yu-Seong avait de quoi rigoler. C’est vrai que cela lui faisait du bien de voir ce mercenaire être aussi effrayé puisque d’habitude, les rôles étaient inversés. Il éclata de rire à nouveau lorsque Gobelin lui demanda de le serrer dans ses bras; pas une seule seconde il crût que la créature était sérieuse. En même temps, vu l’époque, l’idée que cet homme puisse être homosexuel ne lui traversa même pas l’esprit … Même s’il était un peu surpris de sentir du parfum se dégager de lui – et pas juste un parfum de peur je précise.

    Lors de la chevauchée, le duc aurait presque pu oublier sa douleur en voyant l’orphelin aussi heureux. Il ne s’était pas attendu à ce que l’histoire de Marino résonne autant … Était-ce là la puissance des rêves ? Tashara accompagnait joyeusement le garçon, levant ses mains à son tour avec des « Youhoooou ! » et des rires. Yu-Seong aussi rigolait en entendant Gobelin couiner; pas trop puisque cela empirait sa douleur.

    Puis, il avait forcé l’arrêt. Il s’était accroché à son soldat, l’avait engueulé. Il avait agrippé Gobelin, lui avait raconté son histoire courte très courte.

    Une fois encore, le mercenaire faisait preuve de compassion. Il aurait pu se moquer, hausser les épaules, se dire que ces nobles s’entre-tuaient toujours de toute façon; qu’est-ce que cela changeait pour un roturier comme lui ? Il aurait pu se fâcher, lui dire qu’il ne méritait pas de se plaindre puisqu’il possédait pouvoir et richesse, mais non. Gobelin était empathique. Gobelin se trompait aussi, et Yu-Seong se sentit un peu mal sur le coup.

    Il n’avait pas fait de son mieux. Pas du tout. Il avait ignoré son frère toute son existence. Il avait préféré vivre dans sa petite bulle avec sa femme et ses enfants. Il avait fermé les yeux sur la souffrance de Kamil et cela lui avait presque coûté la vie. Le pire ? Tout le monde considérait Yu-Seong comme étant la victime dans cette histoire, mais au final, c’était lui qui avait tué son frère et non l’inverse. Une décision qui l’avait soulagé autant que détruit. Un secret qu’il comptait bien emporter dans sa tombe.

    Son cœur se serra également lorsque Gobelin le remercia de le traiter comme un être humain. À quel point la vie du mercenaire était-elle merdique pour qu’un comportement qui devrait être normal soit source de tant de reconnaissance ? Évidemment, une petite voix dans sa tête lui rappelait que ces compliments n’étaient pas mérités. Les paroles de Gobelin ne seraient pas les mêmes s’il savait tout ce que le duc complotait dans l’ombre. S’il connaissait le nombre de personnes que le duc considérait comme des pions. S’il avait conscience de toutes les vies que le duc avait enlevées sans même sourciller.

    Est-ce que Gobelin lui donnerait ce baume s’il savait tout cela ?

    « Ah, j’ai essayé tellement de remèdes, je ne peux pas tout retenir, » plaisanta l’Adda en faisant tourner le pot dans sa main avant de le glisser dans une poche de son vêtement. « Je vous remercie de cette attention, j’en parlerai à mon médecin. » Le mercenaire se mit ensuite à lui raconter une histoire. Son histoire. Yu-Seong était tout ouïe, bien décidé à retenir tous les détails puisque cela pouvait toujours servir … En supposant que Gobelin n’était pas en train de lui raconter des bobards bien sûr.

    Le duc ignorait pourquoi, mais il fut soulagé d’apprendre que l’homme devant lui avait au moins eu la chance d’avoir une mère de substitution et une fratrie … Même si c’était une famille un peu particulière. Même si voir ses frères et sœurs partir et venir avaient dû être éprouvant. Gobelin assurait ne jamais se sentir seul, mais était-ce vraiment le cas ? Ce n’était pas parce qu’on était entouré que l’on ne pouvait ressentir la solitude; le duc en savait quelque chose, même si pour le coup, c’était lui qui repoussait volontairement les autres. Il resta pensif un moment, imaginant un petit Gobelin avec sa vieille sorcière. Puis, il décida de prier silencieusement pour cette mère, ces frères et ces sœurs qui étaient partis trop tôt. Puisse la Déesse veiller sur eux.

    Gobelin lui demanda alors s’il pouvait lui poser une question.

    D’un bref signe de la tête, le duc l’encouragea. Pour qu’au final, un simple « Pardon ? » surpris traverse ses lèvres.

    Pourquoi avoir agi ainsi envers lui ?

    Le rictus haineux força Yu-Seong à s’arrêter, ce qui arrêta également le reste de la troupe. Ah. Était-ce l’expression d’un homme en colère de se savoir manipulé ? Il ne pouvait le nier; sa gentillesse envers Gobelin n’était pas entièrement désintéressée. Ce mercenaire l’effrayait un peu (beaucoup), alors il avait tout intérêt à le garder comme allié. De plus, il possédait des informations intéressantes, alors …

    « Eh bien, parce que… »

    Une seconde. Ce n’était pas logique. Les informations en question, le mercenaire le lui avait déjà données. Il n’avait plus besoin de lui. Le duc n’avait pas besoin de s’asseoir sur le cul d’un cheval et de se défoncer le dos pour lui. Combien même aurait-il fait cela pour accélérer le voyage, il aurait pu se contenter du minimum et laisser un soldat se charger de cette boule de nerfs. Il savait que son médecin allait l’engueuler toute une nuit et qu’on allait le forcer à rester au lit un jour ou deux alors qu’il détestait ça. Pourtant, sans trop y réfléchir, il avait fait passer Gobelin en premier.

    Et tout aussi spontanément, le duc s’était mis en colère contre ses soldats qui ne faisaient que leur travail. Son cœur s’était serré à l’idée que Gobelin puisse être blessé par leur ignorante méchanceté.

    Ce n’était pas logique du tout, alors pourquoi ?…

    Le regard de Yu-Seong était confus – non plus à cause de la question en tant que telle, mais à cause de ses propres émotions qu’il ne comprenait pas. Puis, il remarqua les larmes dans les yeux de Gobelin. Larmes qui ne coulaient pas présentement, mais qui avaient sûrement coulées dans le passé. Ah … Sa colère, ce n’était pas parce qu’il se faisait utiliser comme un outil. Sa colère, elle était contre le monde entier. Yu-Seong comprenait cela.

    Yu-Seong… comprenait cela.

    Tous les jours, il trouve de nouvelles âmes qu’il peut considérer, comme appartenant à sa fratrie.

    Les liens du sang comptent, pas seulement ceux des parents, mais ceux des blessures et des larmes partagées, des épreuves traversées.

    Mais bien sûr !

    Ils étaient pareils.

    Gobelin avait été dédaigné à cause de ses traits disgracieux; Yu-Seong avait été dédaigné à cause de ses traits qui ressemblaient trop à ceux de sa mère et pas assez à ceux de son père. Les deux ont été et étaient encore détestés par certains; les deux se défendaient avec de grands sourires moqueurs. Yu-Seong croyait que chaque acte de gentillesse cachait des arrière-pensées; de toute évidence, c’était aussi le cas de Gobelin puisqu’il lui avait posé cette question.

    Au final, peu de gens les considéraient comme des êtres humains. Gobelin n’était qu’un monstre, un déchet à écraser, un source de moqueries. Yu-Seong n’était qu’un duc, un titre, une source de pouvoir à exploiter. Si les soldats autour de lui s’inquiétaient pour sa santé, ce n’était pas pour l’homme; c’était pour le fief et le pays qu’il représentait … Du moins, c’était ce qu’il théorisait.

    Il avait vu le masque de Gobelin glisser, il avait vu de quelle façon il jouait un rôle – non pas pour exploiter les autres, mais plutôt pour se protéger. Yu-Seong aussi portait plusieurs masques, bien que le concernant, c’était à la fois pour exploiter et se protéger. Est-ce que Gobelin, lorsqu’il était seul, perdait aussi tous ses sourires ? Est-ce que lui aussi se cognait la tête contre le mur en repensant à sa journée, en se remémorant toutes les belles paroles qu’il avait été forcées de prononcer alors qu’il avait juste envie d’étriper tout le monde ? Avait-il une colère qui le rongeait de l’intérieur ? Est-ce que lui aussi souffrait en silence afin de ne pas inquiéter ses proches ? Est-ce que lui aussi était prêt à brûler le continent tout entier pour sa famille ?

    Peut-être que c’était tout simplement Yu-Seong qui projetait ses propres maux sur Gobelin. Peut-être qu’il se plaisait à croire que l’autre avait souffert autant que lui; peut-être que cela le rassurait. Égoïste.

    Pendant un instant, ce n’était plus le puissant duc aux multiples visages qui lui faisait face. C’était simplement un homme perdu dans ses propres émotions, un homme n’ayant jamais appris à les exprimer de façon saine, un homme convaincu que cela ferait de lui un faible s’il osait en parler. Un homme qui, pourtant, pour une fois, allait essayer de mettre des mots sur ce qu’il ressentait.

    « Parce que… nous sommes deux âmes faisant partie de la même fratrie. »

    L’embarras le submergea d’un seul coup : celui d’avoir prononcé quelque chose d’aussi niais et d’avoir osé s’ouvrir de la sorte. Ses soldats ne devaient absolument rien comprendre à cette réponse; ils ne pouvaient pas deviner le raisonnement qui l’avait guidé jusqu’à cette conclusion. Conclusion complètement irrationnelle qu’il regrettait un peu plus chaque seconde. Ses joues avaient pris une teinte rosée et il baissa même la tête tel un adolescent n’assumant pas le compliment qu’il venait de donner à une jolie fille. Sauf que ce n’était pas à une demoiselle qu’il parlait, c’était à un homme moche.

    « Oubliez ce que je viens de dire, » bafouilla-t-il rapidement. « Je ne crois pas que vous aimeriez être mon petit frère, considérant ce qui est arrivé à celui que j’avais, hahaha … » Tentative ratée de plaisanterie afin de changer de sujet. Ugh, il allait mourir de honte ! Ce n’était pas pour rien qu’il gardait toutes ses émotions pour lui d’habitude ! Il était complètement pourri en communication émotionnelle ou peu importe comment cela s’appelait; la preuve, il ne connaissait même pas le bon terme !

    Yu-Seong cacha son visage de plus en plus cramoisi dans l’une de ses mains. Quelques guerriers se mirent à pouffer; ils n’avaient jamais vu leur seigneur être aussi gêné et ils trouvaient cela très drôle. « Pourquoi rougissez-vous autant, duc ? Vous ne parlez pas à votre femme pourtant, » se moqua gentiment Tashara. « Oh, taisez-vous, » ordonna le noble, se voilant toujours la face. Toutefois, il n’y avait aucune trace de son autorité habituelle dans sa voix, alors ses soldats éclatèrent plutôt de rire – même celui qui servait de béquille n’avait pas réussi à se retenir. Vous voyez ce qui arrive quand on montre de la faiblesse ?! Plus aucun contrôle !

    « Taisez-vous j’ai dit ! » Mais c’était inutile, personne ne l’écoutait; ils étaient tous pliés de rire alors que lui était plié de douleur et de honte. L’absurdité de la situation parvint malgré tout à lui arracher un sourire teinté d’une certaine amertume. Ça lui apprendra, tiens … Il attendit que ces imbéciles se calment suffisamment avant de reprendre la marche. Se main qui couvrait son visage glissa enfin, bien que ses traits n’avaient pas retrouvés leur sérénité et que ses yeux fuyaient toujours Gobelin. Il murmura à son attention, tout bas : « J-Je n’aurais pas dû répondre, veuillez me pardonner … » Voilà que cet homme – si habitué à mentir – s’excusait d’avoir été honnête. Convaincu que le mercenaire ne voyait dans sa réponse qu’une stupide phrase pompeuse vide de sens.

    Les soldats croyaient avoir assisté à un simple échange bizarre mais comique. Ils ne comprenaient pas à quel point cette interaction était significative pour les deux hommes. Ils ne voyaient pas l’enfant intérieur de Gobelin tendre la main. Ils ne voyaient pas l’enfant intérieur de Yu-Seong la saisir. Ils ne voyaient pas ce même enfant se faire brusquement tirer vers l’arrière par l’adulte qu’il était aujourd’hui, effrayé de le voir s’exposer de la sorte.

    Tout ce qu’ils voyaient, c’était un duc et un gobelin.
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    Elea lève les yeux quand le vieux soldat prend la parole.

    Instinctivement, probablement habituée à ce qu’on la frappe plus qu’à ce qu’on ne lui parle, elle a croisé les bras, froncé les sourcils, bien campée sur ses jambes, ses muscles sont déjà tendus… Et bien que la remontrance ne soit probablement pas facile à endurer pour elle, le fait que l’homme prenne soin de la comprendre et d’encourager son empathie, l’aident progressivement à prendre conscience de son erreur. L’expression de la petite fille se fait moins renfrognée, elle esquisse même un sourire quand Rayan rit, avant de baisser les yeux, penaude, à la suite de ses réprimandes.

    _ … Je suis désolée, admet-elle, plus sincèrement cette fois. Elle affiche une petite moue, inquiète, adressant un regard vers Lazur qui la fixe en réponse, Je ferai attention…

    _ Je compte sur toi, se contente de dire Lazur, de loin.

    La petite fille hoche la tête, finit par tourner les prunelles vers Lorin.

    _ Tu veux qu’on joue à cache-cache ? Lui propose-t-elle.

    Ignace, lui, a suivi Rayan en tirant son chien à roulettes. La force paisible et le sourire du vieil homme semblent plaire au petit qui, très sensible aux intonations de voix, préfère visiblement sa compagnie à celle de Lorin. L’enfant s’assoit à quelques mètres de Lazur, sur le côté droit de Rayan, et commence à jouer de son côté. Poro et son compagnon canin sont bientôt plongés en pleine discussion, faite de grognements et d’aboiements.

    L’enfant ne s’intéresse plus à eux. Habitué à jouer seul, il est simplement rassuré par leur présence à ses côtés.

    Lazur cligne des paupières avec surprise en voyant Rayan s’approcher, hésite visiblement à réinstaurer une certaine distance ; mais son regard surprend le sien et il comprend qu’il vient bien pour lui. Alors, il repose un bras sur sa jambe redressée, l’autre étendue, ne le quittant pas de son regard, hors du commun.

    C’est de là, d’où il tire son pseudonyme d’ailleurs.

    A l’interpellation, les paupières de Lazur se referment légèrement, dans un sourire invisible ou confiant baiser de chat, tranquillement, l’homme hausse les épaules et surveille au loin Elea et Lorin.

    _ Ne soyez pas désolé. Il n’y a pas de problèmes. C’est à moi de m’excuser : nous essayons d’éduquer ces enfants comme il se doit, mais cela prend du temps. Merci pour votre intervention, je tâcherai d’en prendre exemple.

    Lazur hausse une nouvelle fois les épaules, baissant finalement les yeux vers les herbes qu’il effleure du bout de ses doigts pansés, jusqu’à récupérer une des ailes de la Tarasque pour la replier soigneusement.

    _ Depuis plusieurs années maintenant. Nous nous sommes rencontrés au Royaume. Mon village avait été touché par une épidémie, je me suis enfui sans vraiment savoir où me rendre. Les Lanternes Vertes m’ont accueilli parmi elles. Cela fait bien… oh, un peu plus d’une quinzaine d’années maintenant.

    Ses yeux se tournent vers Rayan.

    _ Et vous ? Depuis combien de temps travaillez-vous pour le Duc ?...  Je suis aussi surpris que vous acceptiez d’être à mes côtés. La lèpre effraie.

    Comme tant de choses.

    Gobelin est aux suspens, des lèvres du Duc, de cette réponse que son cœur, attend avec une impatience, si douloureuse. Trop d’espoirs, aux cous tordus, il en a tant, ensevelis, leurs corps putrides, souillent son cœur d’une aigreur qu’il essaye continuellement, d’ignorer. D’une haine, pour ce monde qui lui a tant de fois, craché au visage, comme s’il l’avait demandé ! A naître, à survivre, à avoir, cette tête dont il ne supporte pas le reflet.

    Gobelin, car l’on n’a rien trouvé de mieux, pour le nommer, que lui infliger le nom d’un monstre dont il s’est approprié l’identité. Pour moins, souffrir, de cette différence entre ce qu’il aimerait être et ce qu’il est en réalité.

    Le maquillage, les beaux vêtements, le théâtre, ne l’aident pas à se rapprocher de son rêve, tout ce qu’il voit, c’est ce corps qu’il exècre. Et cette âme, qui n’est plus aussi douce ou innocente qu’avant, il a peur de perdre un jour, sa compassion et sa gentillesse, son humour et sa capacité, à faire rire, il a peur de perdre, le peu de bien qu’il arrive à donner, que l’on finisse pour de bon, par le briser.
    Chaque acte de respect, Gobelin n’y croit qu’à moitié, il ne s’en sent, jamais légitime, et pourtant prie, pour que toustes le traitent ainsi, pour qu’on accepte enfin d’admettre, qu’il n’est pas si, si vilain et si bête.

    Le sourire haineux, est plus tordu sous la tension qui gagne, face à la question rhétorique du Duc, Gobelin est un funambule, un équilibriste, entre l’humanité et cette monstruosité, la main tendue vers l’un, le bras tiré de l’autre, combien de fois, s’est-il senti déchiré ?

    Les cicatrices et les coutures de son esprit malmené se fragilisent, la douleur se ravive et ses yeux trahissent, la terreur soudaine, d’être encore une fois moqué ou rejeté, et le pire est peut-être, qu’il enfoncera au fond de ses veines toute sa haine, qu’il la dirigera, sur lui plutôt que l’autre, n’est-il pas, le parfait coupable ?

    On l’en a convaincu, et Gobelin, se maudit déjà, s’apprête à se réfugier, dans le rire et une galipette, face à tout le groupe qui s’arrête, son sang ne fait qu’un tour, la peur éclate dans sa cage thoracique. Le sourire disparu, les mains légèrement levées comme prêt déjà, à supplier à ce qu’ils ne viennent pas tous le frapper ou le piétiner avec leurs montures, souvenirs, des sabots qui brisent les os, qui écrasent, frissons le long de sa colonne vertébrale.

    N’être, qu’une poussière, en face du Noble qui a tant de valets, pour le balayer.

    La peur d’être, maltraité, car il a dit, ce qu’il ne fallait pas dire, posé la question, qu’il ne devait pas prononcer, ou peut-être que le problème, c’est seulement son sourire ?

    Peut-être que le problème, c’est seulement lui.

    Progéniture, de Calamité, Héritier, de Nergal, marqué de cette malédiction, que les bains, les masques, les baumes et les coups, n’effacent pas, n’améliorent pas, ne brisent pas, il vit avec ce poids sur les épaules, le poids de sa propre chair qu’il a déjà désiré, d’arracher, avec ses longs ongles et ses dents effilés, se déchiqueter et ne laisser de lui, que des os blancs, immaculés, purifiés.

    Ces quelques secondes de silence, rouvrent des blessures qui n’ont jamais eu vraiment le temps de se refermer, l’éveil des peurs viscérales et des croyances qu’on lui a bourrées dans le crâne, de cette identité qu’il n’aime pas, porter, Gobelin, Gobelin, Gobelin, le mot résonne comme une insulte et la boule dans sa gorge, l’étouffe.

    Mais brûle au fond, la rage de vivre. La conviction, l’espoir, de pouvoir offrir au monde, tout ce qu’il peut donner, toute la bonté et la compassion dont on l’a privé, comme une manière, de faire un doigt d’honneur à toustes celleux qui ont tenté, de le briser, de le convaincre, qu’il n’était qu’un pauvre être, à écraser.

    Et la réponse du Duc saisit soudain, la main de Zeng.

    Les yeux s’écarquillent.

    Et bien que les larmes, aient déjà tant de fois coulé, une dernière, trace alors une grande ligne, le long de la joue osseuse.

    Décontenancé, Gobelin bat des paupières et ses bras, doucement, retombent de chaque côté de son corps. Ses yeux verts, s’unissent franchement à ceux de l’homme en face de lui.

    Au fond des pupilles noires, il n’y a plus, cette obscurité funeste.

    L’éclat, n’est plus celui d’un feu follet : mais d’un vrai, feu.

    D’une flamme, que les crachats et les tentatives de noyade, que les pluies et les pleurs, n’ont pas réussi à éteindre.

    L’aube, d’un jour nouveau, peut-être la naissance, d’un nouvel être. Les traits tirés se relâchent, un sourire, l’éclaire.

    Ce n’est pas, le rictus, ce n’est pas une grimace. Les lippes esquissent toute la tendresse et la reconnaissance, d’une âme innocente emprisonnée des années durant et à qui l’on vient enfin, d’ouvrir la porte.

    Bourgeon à peine éclos, la vie revient aux joues blafardes, un rire, s’échappe des lèvres, cascade, rigole printanière, des eaux enfin libérées du gel de l’hiver.

    Il n’y a rien de moqueur, rien, d’humiliant, pas dans ces mains que Zeng lève vers le ciel, les paumes dressées, entre eux et les Soldats, faisant face, à ces chevaux qui l’effraient tant, le corps saisi, d’un nouveau courage.

    Les paupières s’entrouvrent, les yeux verts parcourent attentivement les visages, imposant un silence étrange, avant qu’il ne tourne les prunelles vers Yu-Seong.

    _ Mon ami, je vous en prie : ne vous excusez pas. Ce n’est pas à vous, de le faire.

    D’une assurance et d’une fermeté, qu’aucun torrent ne saurait renverser. D’une bienveillance peut-être, que seule la Déesse, pourraient comprendre : d’un amour, dévoué. Pour l’Homme et sa Vulnérabilité.

    Ses yeux se dirigent de nouveau vers les soldats.

    _ Face à l’Homme qui tend la main au misérable, vous osez rire ?

    Il demande.

    Sa voix, implacable, s’abat.

    Alors que le Duc, a rougi sous la honte, Zeng fait à présent barrage de son corps : ses yeux, affrontant les regards moqueurs, plantés au plus profondément, des prunelles de ces soldats qui ne le font plus même ciller.

    _ Face à l’enfant qui pleure, à l’adolescent qui avoue sa flamme, à l’amant qui murmure son amour, à l’homme capable de voir un autre homme, malgré leurs différences sociales, bien que l’un d’eux soit si hideux qu’on lui a déjà brisé tous les membres, vous osez rire ? Avez-vous ri, lorsque le Duc vous a offert sa confiance ? Lorsqu’il vous montre, ses souffrances, ce qu’il est prêt à endurer, pour le bien de son peuple ? Il vous a présenté, comme Parents, comme Dignes de confiance, et en réponse, vous vous moquez, de ce qu’il a l’audace de dévoiler ?

    Il interroge, d’une voix forte.

    _ Vous qui êtes, soldat.es, vous qui avez déjà, pris la vie, savez-vous qu’il est donc, si facile d’haïr, bien plus facile de tuer, que d’aimer ? Qu’il est bien plus courageux, bien plus ardu, d’avouer son affection, d’avouer son appartenance, d’avouer, que l’on tient à quelqu’un, qu’on le respecte, car tant de personnes, en profitent, tant de personnes, s’en moquent ! Et les moqueries, tuent bien plus durement que ne le fait la pointe d’une épée ou d’une lance ; elles s’incrustent au plus profond de votre être et vous infligent, des souffrances, des années durant. N’avez-vous donc pas entendu assez de récits, d’enfants tombés au combat et de parents qui regrettent, de ne jamais leur avoir dit, « je t’aime » ? Tout ça, par pudeur imbécile, car l’amour, est moins bien vu qu’haïr !

    Zeng laisse planer un silence.

    _ Est-il si facile d’aimer, et est-il si facile de le dire ? En quoi est-ce un signe, de faiblesse et d’impuissance, qu’être capable de voir, au-delà des différences ? Combien se croient puissant.es, tout cela parce qu’ils musèlent leurs émotions, car ils refusent, de les entendre ou de les exprimer, alors qu’elles sont, ce qu’il y a de plus fort en nous, celles, qui nous font vivre.

    Son index pointe en direction de l’Orphelinat.

    _ Dois-je vous rappeler pourquoi, le Duc vous a fait venir ? Pour quelles raisons, vous êtes ici ? Car des adultes, sont incapables d’aimer !

    A-t-il clamé, les sourcils froncés.

    _ Incapables, d’aimer, des enfants différents, des enfants qui ne conviennent pas à leurs attentes, incapables, d’aimer, des enfants qui pleurent trop fort, qui crient, qui ne peuvent pas marcher, des enfants qui ne conviennent pas, à ce qu’on exige d’eux !  Car ces enfants, ne correspondent pas aux cases dans lesquelles on souhaite les mettre, et que quand ce n’est pas à renfort de coups qu’on leur fait comprendre, c’est à coups de remarques ou de moqueries !

    Zeng s’avance d’un pas.

    _ Êtes-vous comme eux ?

    Assène-t-il.

    _ Êtes-vous comme eux ? Car je crois les entendre, quand je vous vois rire de l’homme qui m’a tendu la main, de cet homme qui VOUS a tendu la main ! Ses rougissements vous amusent ?! Ses hésitations vous amusent ?! Elles ne sont que la marque, de la honte, des blessures qu’on a dû lui faire subir, riez-vous donc, de ses cicatrices ?

    Ses yeux reviennent en direction du Duc puis de ses hommes.

    _ Vous rendez-vous compte de la portée de vos actes et de vos mots ? De cette lame que vous plantez, dans une plaie que le temps ne peut pas refermer. Ce n’est pas à vous de vous excuser, Yu-Seong Adda, c’est à Eux pour vous avoir manqué de respect, pour s’être moqué, d’un acte de courage et d’amour, que bien peu de personnes sont capables de donner. C’est à EUX, de vous demander pardon.

    Il n’est plus, Gobelin.

    Il est, Zeng Min.

    Et c’est homme, n’est plus le Duc.

    Il est, son ami.

     

    Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    « Cache-cache ? » répéta Lorin. Bon, puisque le plus petit avait suivi son chef, il devrait être capable de gérer une seule fillette … Non ? Allez, courage ! Si des enfants continuaient à l’intimider, il ne deviendra jamais un super papa comme Rayan ! Le jeune homme se releva, enhardi. « D’accord ! Je vais compter jusqu’à… trente ! » Ce sera un bon défi pour Elea et surtout, cela l’empêchera de trop s’éloigner; il ne faudrait pas qu’il la perde pour vrai … Cachant son visage dans ses mains, il commença le décompte.

    Aux remerciements de Lazur, Rayan se contenta de hausser les épaules. Il avait fait ce que n’importe quel parent aurait fait à sa place – sauf Lorin faut croire, mais il était encore jeune et inexpérimenté, alors on lui pardonne. Écoutant la courte histoire du mercenaire avec attention, le vieux soldat ne put s’empêcher de souffler un « Woah, quinze ans … » admiratif. Quinze ans de fidèles services, c’était fort louable ! Ces Lanternes Vertes semblaient très gentilles; peu de gens accepteraient la présence d’un lépreux parmi eux. Même si le duc lui avait confié ne pas faire confiance à ces mercenaires, mais bon, son seigneur était toujours si méfiant avec tout le monde … On ne pouvait pas se fier à son jugement là-dessus.

    « Ah, c’est normal que la lèpre effraie ! Personne ne veut tomber malade ! » éclata-t-il de rire. Ce bonhomme était vraiment d’une franchise à toute épreuve … « Mais vous avez dit vous-même que vous n’êtes plus contagieux, non ? Pourquoi devrais-je vous craindre ? » C’est vrai, quoi ! Ce serait comme éviter quelqu’un qui avait eu le rhume le mois précédent … Le sourire de Rayan se fit plus calme. « Et pour répondre à votre première question … Ah, vous avez l’air d’un bon gars. Je vais vous raconter une petite histoire. »

    S’appuyant sur les paumes de ses mains, le soldat se pencha légèrement vers l’arrière afin de regarder les nuages. « C’était il y a fort longtemps. Le duc n’était pas très vieux – il devait avoir l’âge d’Elea environ. Moi aussi j’étais jeune : j’étais le petit nouveau de la caserne, avec des bottes encore trop grandes pour moi … Et un jour, par le plus grand des hasards, devinez qui j’ai croisé ? » Il se redressa en levant les bras en l’air, les yeux toujours rivés au ciel : « La duchesse en personne ! C’était une grande dame de Nuhoko, si belle, si… noble ! Son sourire par contre, ah … Il était si… mélancolique … » Il abaissa ses bras en même temps que son regard retomba sur Lazur. « Je rougissais comme un gamin et j’étais incapable de placer un mot sans bafouiller, » rigola-t-il. « Malgré ça, elle a pris le temps de discuter avec le petit soldat insignifiant que j’étais, avec tant de gentillesse et de patience … Et puis elle m’a fait promettre une chose. Elle m’a fait promettre de toujours veiller sur son garçon, quoi qu’il arrive. »

    Il y eut un petit silence. Peut-être parce que Rayan se remémorait la scène en même temps qu’il la racontait. « C’est ce que j’ai fait, » reprit-il doucement. « C’est ce que je fais encore aujourd’hui. C’est uniquement pour ça que je n’ai pas encore pris ma retraite d’ailleurs, hahaha ! » Et voilà son énergie qui revenait avec ce grand éclat de rire. « Du coup, euh … Ça fait looooongtemps que je travaille pour lui. Ouaip. »

    Un autre moment de silence. Rayan regardait Ignace jouer dans son coin sans vraiment le voir. Rayan se tournait vers Lorin qui cherchait Elea sans vraiment y porter attention (sinon, il aurait réalisé que le jeune homme était vraiment pourri à cache-cache). Ses pensées étaient tournées vers le duc. Il l’avait vu grandir, il l’avait vu s’ouvrir au monde. Il l’avait vu s’assombrir, aussi. Il l’avait vu s’isoler de plus en plus comme son père avant lui. Il l’avait vu prendre des décisions injustes. En tant que chef de sa garde personnelle, Rayan voyait beaucoup de choses … Mais au final, il n’était que ça : un garde. Ce n’était pas lui que Yu-Seong écoutera. Tout ce que le soldat pouvait faire, c’était remplir sa promesse. « J’espère que ces trois jeunes orphelins resteront amis en grandissant, » commenta-t-il soudainement dans un léger soupir nostalgique.

    Et parlant du duc …

    Ce dernier releva la tête lorsque Gobelin lui intima de ne pas s’excuser. "Stupéfait" ne suffisait pas à décrire comment il se sentait présentement. Était-ce le ton ou le message du mercenaire qui l’avait le plus surpris ? Était-ce le fait qu’il se mette entre lui et ses propres soldats ? Pourquoi ?…

    Il le défendait ?…

    C’était juste une petite taquinerie qu’ils lui avaient fait, non ? Une simple plaisanterie. Pourquoi Gobelin montait-il sur ses grands chevaux – sans mauvais jeu de mots ? À moins que Yu-Seong était tellement habitué aux moqueries qu’il ne remarquait plus tous les problèmes et toutes les souffrances qu’elles causaient … C’est vrai qu’il s’était senti un peu amer en entendant les rires de son escorte, mais c’était mérité, non ? Il avait montré de la faiblesse, alors …



    Non.

    Ce n’était pas normal, et Gobelin le savait. Gobelin le défendait. Gobelin le défendait parce qu’il avait compris ce que Yu-Seong avait maladroitement tenté de lui transmettre.

    Gobelin avait compris. Gobelin avait compris ! Que la Déesse soit louée, Gobelin avait compris !

    Une vague de soulagement frappa le duc; il se sentait déjà beaucoup moins stupide. Mais surtout, il ressentait un certain respect pour le mercenaire. Lui qui s’était fait si petit depuis que les soldats étaient arrivés, voilà qu’il leur faisait face et leur assénait coups verbaux après coups verbaux. Tout ça au nom du noble qui avait eu l’audace de prendre sa main tendue.

    Les paroles prononcées par Gobelin, Yu-Seong les entendait à peine. Il était trop occupé à le fixer avec de grands yeux remplis d’une admiration presque enfantine. La seule autre personne qui l’avait déjà défendu avec autant de passion… était sa femme. Peut-être que dans une autre vie, le duc aurait pu tomber amoureux du gobelin à cet instant précis. Ou du moins, à défaut de trouver son apparence gracieuse, il trouvait son âme forte attirante.

    Lentement mais sûrement, un large sourire idiot se dessinait sur son visage. Il était tellement heureux qu’il en avait presque oublié sa douleur physique. L’intervention de Gobelin avait réconforté son enfant intérieur et gonflé l’égo de l’adulte qu’il était. Peut-être allait-il regretter d’avoir accordé sa confiance à cet homme, mais ça, c’était pour plus tard. Présentement, il voulait juste en profiter et croire qu’il y avait réellement un lien qui s’était formé entre lui et le mercenaire. N’avait-il pas le droit de rêver et d’espérer un peu, comme lorsqu’il était plus jeune ? C’était épuisant d’être toujours sur le qui-vive; ne pouvait-il donc pas baisser sa garde ne serait-ce qu’une heure ou deux ? Est-ce que ça allait vraiment le tuer ?

    Le duc réalisa que le mercenaire avait fini de parler seulement lorsque des bafouillements se firent entendre. Ils provenaient de ses soldats qui ignoraient comment réagir après tout cela. Il y eut quelques « P-Pardonnez-moi, Monseigneur » hébétés, mais l’un des gardes sentit le besoin de se justifier. « On n’avait pas de mauvaises intentions, c’était just– » commença-t-il avant de se faire couper.

    « Tais-toi. »

    L’autorité était revenue dans sa voix. Silence. Le sourire de Yu-Seong s’agrandit davantage. « Ah, fiou, je suis soulagé ! J’avais peur que cet ordre ne fonctionne plus ! » ricana-t-il. Lâchant le soldat-béquille, le duc préféra utiliser les épaules de Gobelin comme appuis afin de faire face aux autres à ses côtés. Qu’il lui permette de le soutenir ainsi était une preuve de confiance. « Je ne veux pas entendre d’excuses. Tout ce que je vous demande, c’est d’accomplir votre mission à la perfection. Me suis-je bien fait comprendre ? » Le duc n’était pas du genre à accepter les excuses. Gobelin et Odalus l’ignoraient peut-être, mais ces imbéciles qui servaient de gardes devraient le savoir depuis le temps : leur seigneur ne pardonnait presque jamais.

    « Oui, Monseigneur ! » répondirent à l’unisson les soldats qui commençaient un peu à craindre pour leur avenir. Satisfait, Yu-Seong hocha la tête avant de la tourner vers Gobelin, reconnaissant. Il n’avait même pas besoin de le remercier à voix haute; ses yeux disaient tout. En fait, il n’avait même plus envie de parler. Il souhaitait simplement profiter du silence avec… son nouvel ami. Après tout, ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre.

    Puisque leur seigneur se sentait un peu mieux, la troupe put accélérer la cadence. Après quelques minutes de marche supplémentaires, ils aperçurent enfin la silhouette de l’orphelinat. Ma foi, c’est vrai que ça ressemblait à une grange … Les soldats se firent encore plus silencieux, ralentissant le pas afin d'éviter de se faire repérer et ainsi conserver l’effet de surprise.

    Puis, d’un geste de la main, le duc ordonna l’arrêt.

    Il calcula rapidement : il avait huit soldats. Tashara allait rester à l’écart avec lui, Gobelin et Odalus : il restait sept soldats disponibles. C’était plus que suffisant. Yu-Seong lâcha Gobelin avec une certaine appréhension, testant s’il était capable de se tenir droit sans aide. Bon … Il avait encore mal, mais il devrait être capable d’endurer; ce n’était pas comme si c’était lui qui allait faire tout le sale boulot. L’Adda ferma les yeux quelques secondes pour se préparer mentalement. Il allait devoir se montrer sans pitié. Pas que c’était difficile pour lui, mais bon.

    Le masque du duc implacable réapparut sur son visage en même temps qu’il rouvrit les paupières. Il partagea calmement ses ordres à ses soldats.

    Trois d’entre eux allaient faire le tour de la propriété afin de capturer ceux qui se trouvaient peut-être à l’extérieur et ceux qui tenteraient de fuir autrement que par l’entrée principale. Quatre autres allaient pénétrer par la porte de devant, trouver les adultes et les traîner de force à l’extérieur. Après, certains d’entre eux pourront retourner dans la bâtisse afin d’y regrouper les orphelins et leur prodiguer des soins si nécessaire.

    « Et par pitié, essayez de ne pas trop effrayer les enfants. » L’ordre le plus important. « Exécution. » Aussitôt dit, aussitôt fait : trois soldats enfourchèrent leurs montures afin de faire le tour de la propriété. Les quatre autres coururent vers la porte d’entrée. De loin, on pouvait les voir ouvrir la porte sans cérémonie et s’engouffrer à l’intérieur du bâtiment.

    Yu-Seong posa brièvement une main sur l’épaule de son nouvel ami afin d’attirer son attention. « Reste près de moi, d’accord ? » Décidément, il avait laissé tomber le vouvoiement. Peut-être craignait-il aussi que Gobelin parte en courant faire je-ne-sais-quoi. Puis, il tourna la tête vers l’orphelin à cheval. « Odalus. Comme Gobelin l’a mentionné plus tôt, ces adultes t’accuseront peut-être d’avoir menti, mais fais-toi confiance comme je te fais confiance. Je te promets qu’ils ne te toucheront pas. » Parce que s’ils osaient s’approcher, leur sang sera versé.

    Son regard se posa de nouveau vers l’orphelinat lorsqu’il entendit des cris outrés. Ses soldats avaient commencé à faire sortir les adultes. Ces sales monstres. « Nous allons nous avancer. Tashara, reste ici et occupe-toi des chevaux. » La femme acquiesça avant de donner à son seigneur les brides du cheval portant Odalus. Certes, il aurait pu laisser l’enfant derrière aussi, mais si le garçon était venu aussi loin, ce n’était pas pour se cacher les yeux pendant la finale.

    Traînant la monture du gamin et jetant des regards en biais vers Gobelin, le duc rejoignit calmement ses soldats qui avaient terminé de sortir les coupables. Les gardes les avaient forcés à se mettre à genoux et les encerclaient désormais avec leurs armes dégainées. Pour leur faire passer l’envie de fuir, vous comprenez. Quelques minutes plus tard, les trois cavaliers revinrent. « Nous n’avons vu personne d’autre dans les environs, » déclara l’un deux. « Bien. Allez à l’intérieur vous occuper des enfants. » Les trois hommes laissèrent leurs montures et s’exécutèrent.

    Yu-Seong examina froidement les adultes de l’orphelinat regroupés devant lui. Certains semblaient plus agacés qu’effrayés. Ça allait vite changer. Croisant les bras, il esquissa un sourire qui n’avait rien d’amical. « J’ai cru comprendre que les villages éloignés ne connaissaient pas mon visage, alors je me présente : Yu-Seong Daeshim Adda. Votre duc… et membre du Conseil. » Certains regards se firent moins confiants. Bien. « J’espère que tous les employés sont réunis. Si j’apprends que l’un de vos collègues manque à l’appel, la punition sera souffrante et collective. » Des visages blêmissaient. Bien, bien. « J’aimerais tester votre lucidité … Savez-vous pourquoi je suis ici aujourd’hui, avec mes soldats pointant leurs lames sur vous ? Allez, ne soyez pas timides. Exprimez-vous. »

    L’image d’un Ignace hurlant et larmoyant réapparut dans son esprit. Le duc avait enfin les coupables devant lui. Son sourire cruel s’élargit. Qu’est-ce que Gobelin disait déjà ? Qu’il était plus facile de haïr que d’aimer ? Eh bien il avait parfaitement raison, car Yu-Seong comptait bien les faire souffrir et en savourer chaque seconde !
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    Zeng Min
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    Lun 18 Déc - 13:53
    Elea plisse malicieusement les yeux. La petite fille s'élance sous le regard attentif de Lazur : elle dépasse l'arbre près duquel ils sont installés, inquiet, Ignace pousse un gémissement plaintif. Elea répond d'un geste agacé de la main, et va se réfugier dans les buissons derrière lesquels elle s'accroupit.

    Lazur hausse légèrement les épaules. Quinze longues années… S'il avait su qu'il survivrait aussi longtemps. Les paupières mi-closes, recouvrent précieusement les yeux d'azur ; prunelles lasses, mais qui s'éclairent à la seule vue de l'enfant qui joue près d'eux ou de l'homme à ses côtés, qui fait l'effort de lui parler. Il lui adresse d'ailleurs une oeillade, d'une tendresse équivalente à une poignée de mains, avant de préférer détourner le regard, gardant discrètement à l'oeil la jeune Elea.

    _ … Vous pourriez ne pas me croire. On ne sait pas vraiment comment la lèpre s'attrape. Mais tant que je suis prudent et que les autres autour de moi le sont, il ne devrait rien y avoir à craindre.

    L'absence de sang ou d'autres muqueuses sur ses bandages, appuie l'hypothèse que les stigmates sont anciennes. Lorsque l'homme prend le ton d'un conteur, Lazur lève un sourcil surpris, croyant y reconnaître bien l'une des manies de Gobelin : pour autant, il écoute avec attention, ne laissant plus rien percevoir sur son visage.

    _ Je n'aurais pas l'audace de vous demander le nombre d'années, sourit Lazur, tout du moins, ses yeux se plissent alors que sa voix, trahit son amusement. Son coude toujours reposé sur l'un de ses genoux, il lève les yeux vers le ciel à son tour.

    _ Une dame de Nuhoko…  Que faisait-elle à Babel ? Etait-ce un mariage arrangé, ou d'amour ?

    Demande prudemment Lazur. Il y a, au travers de ses hésitations, une touchante maladresse, semblable à celle d'un chat qui rechigne à mettre ses pattes dans les premières neiges.

    _ Une telle confiance, placée sur vos épaules si jeunes, peut être un honneur des plus conséquents à porter : le Duc doit être heureux de vous avoir à ses côtés. Vous n'avez point failli à votre promesse. Cette Dame a su voir à qui elle avait à faire. Et le Duc semble avoir confiance en vous.

    Lazur incline la tête.

    _ Et c'est un honneur de rencontrer un guerrier de votre tempe.

    Ses yeux reviennent songeusement sur Ignace, qui joue en toute innocence, sans plus prêter attention à eux. L'enfant parle, plus qu'il ne l'a jamais fait, racontant l'histoire de ses doudous qui traversent des bois, des marais, gravissent les montagnes…

    Lazur hésite à aborder le sujet des terres de Nuhoko, mais confession pour confession, admet à demi mots.

    _ Nous allons souvent à l’Empire de Nuhoko. Nous commençons à bien connaître les plaines et les bois qui s'y trouvent, de même que les visages que nous croisons…

    La mélancolie dans la voix du guerrier attire son attention. Lazur laisse un instant, le silence s'éterniser.

    _ Les routes se séparent parfois, pour mieux se croiser. Et combien même ne seront-ils plus amis d'ici quelques années, au moins, ils se seront soutenus quelques années et auront des souvenirs à partager. On ne peut pas vraiment prévoir, certains préfèrent la liberté à la loyauté et parfois certaines amitiés, ne résistent pas au temps qui passe et aux changements de chacun.e… Je ne sais pas si c'est réellement un mal. Peut-être est-ce même signe, d’évolution.

    Lazur possède un point de vue plus pragmatique que Gobelin ; bien que l'optimisme de ce dernier, le pousse à revoir parfois sa vision des évènements.

    _ Comment était le jeune Duc ? Vous faisait-il courir déjà, d'un bout à l'autre de son fief ?

    Comme lui, ne cesse de suivre Gobelin, de part et d'autres du pays…

    Et tous deux savent, connaissent, souffrent encore, du poids des moqueries.

    De ces remarques, qui blessent plus durement que ne le fait l'acier. La chair du Gobelin a déjà connu, les morsures de la lance ou de l'épée, sous ses vêtements épais, ses membres faméliques portent encore, cicatrices et bleus, hématomes et contusions. Mais le temps, apaise la douleur, alors que celles du coeur, se font de plus en plus profondes, elles suintent d'un pus qui corrompt l'âme : aigreur, frustration, dévalorisation, honte, jusqu'à, jusqu'à la haine, pour sa propre existence.

    Face au rire du Duc, Zeng sourit en réponse. D'un geste vif, les mains croisées dans le dos, le mercenaire se détourne des soldats, mouvement accompagné par sa longue chevelure. L'homme fait quelques pas, voltige presque sur quelques mètres, comme porté par la brise qui s'est levée : il danse plus qu'il ne marche, les yeux mi-clos, saisi d'une vie qu'il prend le temps de savourer.

    Jusqu'à la main qui se referme sur son épaule, surpris, Zeng s'immobilise docilement en battant des paupières.

    Il se sent si petit, si maigre, si fragile, sous le bras qui étreint ses épaules, si frêles.

    Quand leurs regards se croisent, Zeng sourit, mais baisse les prunelles. De Zeng, il redevient Gobelin : percevant le corps du Duc, si proche du sien, se prend en pleine face, leur différence de statut, son corps si malingre, la répugnance pour sa propre chair, se réveille.

    Pour autant, Gobelin ne laisse rien paraître, sa main revient simplement tapoter celle du Duc dans un geste de soutien, jusqu’à se remettre en marche.

    La route devient plus familière, pour Odalus. L’enfant d’ailleurs, devient de plus en plus pâle au fur et à mesure que l’orphelin s’approche : ce lieu, est celui où il a toujours vécu. Son regard se fait plus sombre, plus songeur, l’enfant n’ose plus sourire. Son dos s’appuie contre l’armure de la jeune femme.

    Gobelin marche aux côtés du Duc, les mains jointes dans son dos. Pas tranquille, presque dansant, accompagne avec justesse l’allure de son ami. Préoccupé, ses yeux vont vers la grange, reviennent vers le Duc, un silence, il ne sait pas s’il a le droit, de dire quoi que ce soit.

    _ Il y a une quinzaine d’enfants… Il n’est pas du devoir d’un simple Gobelin, de se prononcer sur le sort de ces âmes perdues, mais s’il vous plaît, Seigneur, épargnez à ces enfants, la vue du sang.

    Il murmure.

    Quand le Duc, lui demande de rester à ses côtés, les yeux du Gobelin s’écarquillent. Ne s’attendant pas à une telle confiance, à moins que ce ne soit simplement une protection, il reste un instant sidéré, mais ses prunelles reviennent vers l’orphelinat.

    Le claquement des bottes, le cliquetis des armures, les cris, l’effraient. Un geste, vers l’orphelinat, il s’inquiète pour les enfants.

    _ Mon ami, je… Je ne suis pas sûr… Je ne suis pas sûr de pouvoir endurer leurs sentences…Ne les tuez pas, pas devant moi, s’il vous plaît…

    Ses yeux unis à ceux du Duc, c’est à son tour, d’avoir peur. Peur de la conséquence, de ses actes. De ces nouvelles morts qui reposeront probablement sur ses épaules. La culpabilité lui tord les traits, il se mord la lèvre en détournant les prunelles.

    _ Je ne veux pas… Je ne veux pas qu’ils meurent par ma faute…

    Gobelin, ne sait pas, que ce n’est pas à cause de lui, il n’y réfléchit pas même, que ce sont leurs actes qui les ont conduits ici, et qu’il n’a pas à rendre la justice. Il se croit, responsable, car il en a toujours été ainsi, il est maudit par la Calamité, il n’a pas été, désiré, aimé, il se croit semeur de malheurs.

    Ses yeux vont jusqu’à Odalus.

    _ Est-ce que tu es sûr, poussin ?

    Il interroge, d’une voix plus douce, plus de traces, de nervosité, il se contente d’un sourire aimant. Odalus hoche simplement la tête, se tenant aux crins du cheval, bien qu’il lève finalement la main vers Gobelin. L’homme tend les doigts pour laisser l’enfant y refermer son étreinte. L’enfant raffermit la pression de ses doigts : il est sûr de lui, bien plus que ne l’est Gobelin, car Odalus sait qu’il n’y est pour rien.

    Gobelin est retenu, d’une part par Odalus, d’autre part, par le Duc. Il courbe l’échine, les yeux vides, ignorant le regard mauvais qu’une des femmes lui adresse : elle l’a reconnu.

    _ C’est le kidnappeur ! S’insurge-t-elle immédiatement, avant même de laisser le temps au Duc de se présenter. Femme maigre, acerbe, le regard mauvais, elle est celle, qui a battu Elea à grands renforts de bâton. La femme a déjà serré les mâchoires, comme un chien prêt à mordre, sous les regards surpris de ses collègues. L’une, très jeune, ne doit pas avoir plus d’une quinzaine d’années. S’entourant nerveusement de ses bras, elle reconnaît Odalus et laisse échapper son nom, d’une voix faible.

    Odalus tourne les yeux vers elle.

    _ Emilie…!

    L’enfant la salue de la main, le visage éclairé d’un faible sourire. Emilie le fixe, les yeux écarquillés, nouant nerveusement ses mains entre elles, agenouillée face aux soldats. Les cheveux bruns rassemblés sous un voile tâché, ses yeux noirs, craintifs, vont vers le Duc ; la fille tremble de tous ses membres.

    A ses côtés, la grande femme maigre, aux cheveux blonds délavés. Les yeux gris, enfoncés dans les orbites, un grand nez droit et fier, les traits émaciés taillés à la serpe, les lèvres serrées, elle dégage quelque chose, d’intimidant, d’écrasant, d’impitoyable.

    A côté d’elle, une femme assez âgée, au regard assez vide, a joint les mains dans un geste de prière. Il y a, au fond de ses yeux bleus, un éclat étrange, d’une peur viscérale et d’une haine toute aussi glacées, au travers des regards qu’elle jette sur les hommes armés : comme si elle provenait entre ses lèvres ridées, quelconque malédiction, elle sourit parfois, dans un geste mielleux, dégoulinant d’hypocrisie.

    Enfin, un homme à la carrure plutôt solide, barbe épaisse et courts cheveux, reste silencieux. Alerte, il n’ose rien dire, rien faire, les bras simplement joints devant lui. Entre ses doigts, tourne seulement une pièce qu’il manipule sans réellement en avoir conscience, dans un geste trahissant les tensions qu’il ressent.

    Quand le Duc se présente, les réactions sont toutes différentes. Emilie perd le peu de couleurs qu’elle avait et semble proche du malaise. Saisie d’un vertige, elle bascule sur ses bras maigres et se courbe jusqu’à poser son front contre le sol.

    La grande blonde s’incline avec respect, mais ne montre aucun signe de peur ou d’inquiétude. La vieille femme lâche un cri étonné et se courbe jusqu’à terre, dans un geste d’éminent respect. L’homme joint les mains devant son torse et présente docilement sa nuque.
    A la question du Duc, la réaction de la grande blonde surprend. D’un bond, elle s’est dressée sur ses jambes et pointe un index accusateur sur Gobelin.

    _ C’est à cause de ce monstre ! Il a pris 3 des enfants de l’orphelinat ! Elea, Ignace et Odalus sont portés disparus depuis des semaines ! J’ai écrit un courrier pour le dénoncer ! Qu’est-ce que tu as fait de ces petits, pauvre fou ?!

    Rugit-elle à l’adresse de Gobelin.

    L’annonce, laisse planer un silence, alors que Gobelin bat des paupières à deux reprises. Il défaille, sous l’emprise du Duc ; non, retombe en position accroupie, les coudes posés sur les genoux, le visage éclairé d’un rictus froid, les yeux roulant dans les orbites alors qu’il dresse ses mains pour offrir un pied de nez à la blonde.

    _ Oui, oui, quel vilain Gobelin ! Il a ravi, les touts petits, Elea, celle que l’on battait, Ignace, à qui on voulait jeter un seau d’eau froide à la nuit tombée, et Odalus, qu’on enfermait dans sa chambre ! Il les a enlevés, loin, loin de vos punitions, loin des bâtons, des soi-disantes purifications et de la prison !

    La grande blonde marque un arrêt, mais semble loin de vouloir se démonter. Les poings serrés, elle braque son regard vers le Duc.

    _ Et alors ?! Qu’est-ce qu’un sauvage peut comprendre à l’éducation ?!

    Son visage s’éclaire d’un rictus enragé, alors qu’elle croise les bras sur sa poitrine.

    _ Avez-vous reçu mon courrier, mon Seigneur ? Est-ce pour cela que vous êtes venu ?

    La femme, pas un instant, n’a détourné le regard. Sure de sa position, d’avoir le bon mot, de l’histoire, d’être celle, à défendre ; elle est convaincue de ses choix et du bien fondé de ses actes. Emilie ne semble pas être de cet avis : toujours au sol, les mains jointes sur sa nuque, elle bafouille.

    _ Seigneur, Seigneur, ces enfants n’avaient pas à subir ce qu’ils ont vécu ici, je vous jure, j’ai voulu les protéger je…

    La grande blonde s’arme soudain d’une baguette de bois, accrochée à sa ceinture, d’un geste vif, elle l’abat à l’arrière du crâne, de la jeune femme, claquement, sec, soudain, glapissement, craintif, Gobelin a couvert de son corps, la jeune femme. La baguette a frappé sa tignasse brune, il produit un simple crachement, ses bras faméliques ont entouré le corps d’Emilie, il défie ouvertement la grande blonde du regard et lui tire la langue.

    Odalus a crié et dans un geste inquiet, a failli tomber en avant. Le son l’a fait se tétaniser, son corps a appris à craindre le battement sec, de la baguette en bois. Les yeux larmoyants, il les tourne affolés vers le Duc, alors que Gobelin jaillit sur la femme blonde, attrapant la baguette à deux mains, il la lui arrache, se prend un coup sur l’épaule, Gobelin rit, virevolte, empêche les soldats d’intervenir car face à l’altercation, il y a toujours un risque de le blesser… Emilie profite de la diversion pour ramper et s’incliner une nouvelle fois.

    _ Ils punissent les enfants, durement, ils les accusent d’être maudits par la Calamité !

    Emilie s’empresse de parler, de livrer tout ce fardeau qui repose sur ses épaules, depuis trop d’années déjà.

    _ Ils disent qu’il faut les purifier, qu’il faut bien les élever et les éduquer, que de toute façon, ils deviendront des miséreux et des misérables, qu’ils ne seront bons qu’à voler, qu’à battre et que… qu’il faut être fermes avec eux, pour qu’ils apprennent à respecter les règles et les lois, pour qu’ils ne posent, de problèmes à personnes et…

    Son récit s’embrouille, alors que les larmes dégoulinent le long de ses joues. La vieille femme crache quelque chose, comme un “Sombre idiote”, qui la fait sourire sans aucune affection, remuer la tête avec consternation. L’homme, lui, est impassible, immobile, mais ses yeux se détournent, s’assombrissent et ses mâchoires, jouent sous sa barbe.

    Gobelin, d’un bond, s’arrache enfin du combat avec la blonde et se réfugie derrière le Duc, la baguette entre ses mâchoires, louchant en direction de la directrice. La femme, outrée, serre les poings.

    _ Mais arrêtez cet imbécile !

    Tonne-t-elle aux soldats présents, avant de braquer son regard vers le Duc,

    _ Nous agissons pour le bien des enfants ! Et le bien de vos terres, mon Seigneur !

    D’un doigt accusateur, elle désigne Odalus.

    _ Que pensez-vous que ces enfants feront, une fois loin d’ici ?! Croyez vous qu’on puisse en tirer quelque chose, quand la Déesse elle-même ne veut pas d’eux ? Ce sont les enfants du péché, ils doivent payer, pour les crimes de leurs aînés et ceux qu’ils pourraient commettre ! Il n’y a pas d’espoir pour ces gens là…

    Odalus frotte ses paupières. Malgré tout son courage, l’enfant s’effondre face à la dame. Propos, assassins, regard meurtrier, elle est, enragée, déchargeant sur eux, toute sa haine et son mépris. Odalus sursaute, quand des bras se referment autour de lui, sans un mot, Gobelin s’est glissé auprès de lui pour l’enlacer et l’enfant, se réfugie contre lui. Gobelin ferme les paupières et garde précieusement Odalus contre son corps, faisant barrage de son dos, entre la femme et l’enfant, laissant au Duc, l’occasion de rendre la justice.

    Zeng Min
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    Sam 23 Déc - 21:25

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Rayan avait ri de bon cœur à la petite plaisanterie de Lazur avant de répondre tout aussi gaiement à sa prochaine question : « Il paraît que l’ancien duc est tombé amoureux de sa dame lors d’un voyage au fief de Mori. Il l’aurait même courtisée pendant des mois ! Hahaha, faut croire que le romantisme coule dans leur veine chez les Adda, car le duc actuel aussi s’est marié par amour ! Je pense pas que ce soit monnaie courante chez les nobles par contre, c’est bien triste pour eux … » Ah, les aristocrates et leurs règles strictes ! Cela semblait être une vie très étouffante; le guerrier ne les enviait pas.

    Puis, lorsque le mercenaire le couvrit d’honneur, le vieux guerrier se frotta le nez, un peu embarrassé. « Oh, non, non ! Vous n’avez pas à rougir; vous et moi sommes faits du même bois. Enfin, en quelque sorte ? Je veux dire, votre chef Gobelin semble vous accorder beaucoup de confiance à vous aussi, n’est-ce pas ? » Un bras droit parlant à un autre bras droit; forcément qu’ils se respectaient ! Lazur lui mentionna ensuite leurs voyages à Nuhoko. Cela intéressait Rayan qui n’avait jamais eu l’occasion de voyager pour le plaisir. Peut-être à sa retraite … Enfin, non, il n’avait pas hâte à sa retraite; cela laissait sous-entendre que Yu-Seong serait mort. Même si bien franchement, à ce rythme, c’était fort probable que ce duc borné crève avant son vieux gardien …

    Il eut un silence après le commentaire mélancolique. Puis, Lazur partagea sa sagesse. Rayan hocha la tête, comprenant son point de vue fort logique. « Une évolution, hein ? Peut-être bien. En autant que l’évolution en question soit positive, hahaha ! » Et voilà sa bonne humeur qui revenait, surtout que le mercenaire lui donnait une nouvelle opportunité de raconter une histoire. Le guerrier adorait conter des récits, au grand dam des jeunots qui roulaient des yeux à chaque fois que leur aîné se mettait à parler pour la centième fois de ses exploits de jeunesse. Il ne faisait pas ça pour se vanter; il était juste heureux de partager sa vie.

    Cependant, Rayan n’eut guère le temps de commencer son récit, car Lorin s’effondra soudainement à côté de lui, vaincu. « Chef ! Je… Je ne trouve pas Elea … » Son chef éclata d’un rire incontrôlable. « Lorin, qu’est-ce que tu vas faire quand ton petit sera capable de courir ?! » Le jeune père semblait dépassé. « J-Je sais pas … » Le plus vieux pointa l’arbre derrière Lazur. « Et si tu cherchais là-dedans ? » lui proposa-t-il en sachant pertinemment que la fillette n’y était pas. Lorin regarda Rayan, puis l’arbre, puis Lazur. Il n’osait rien dire à ce dernier, un peu honteux de lui avoir manqué de respect tout à l’heure. Ses yeux revinrent sur les branches. « Bon, d’accord … »

    Pendant que le jeune soldat allait perdre son temps là-haut, les deux autres pouvaient continuer leur discussion. Le vieux se pencha vers le mercenaire comme pour lui faire une confidence, tout sourire. « En fait, le duc ne s’intéressait pas vraiment à moi. Cela vous surprendra peut-être, mais il était très introverti dans sa jeunesse ! Même si, entre nous, je crois qu’il l’est toujours et qu’il se force pour être bavard … M’fin, c’est mon humble avis. » Rayan, lui, avait toujours été extraverti, alors il ignorait ce qui pouvait bien se passer dans le cerveau des gens réservés comme son seigneur et Lazur. « J’étais même certain qu’il ne connaissait pas mon nom ! Ah, je vous raconte pas à quel point j’étais désemparé … "Comment vais-je faire pour tenir ma promesse s’il ne me regarde même pas ?!" que je me demandais à chaque soir, hahaha ! »

    Il avait l’air de trouver ça drôle en tout cas. Son sourire se fit plus doux, se remémorant de bons souvenirs. « Il a fallu que j’attende… hm, le retour de sa convalescence. Ce jour-là, il est venu me voir, il m’a appelé par mon nom complet, et il m’a demandé de rester à ses côtés. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’il ne m’avait jamais ignoré, bien au contraire ! Il observait tous mes efforts depuis le début ! Mais quand même, j’aurais préféré qu’il prenne la peine de me venir me parler avant, hahahaha ! »

    Ah, ouais … Yu-Seong n’avait pas toujours été doué pour le social. Il était peut-être un expert aujourd’hui, mais il venait de très loin ! Tout d’un coup, le son de branches qui craquent se fit entendre, suivi d’un bruit de chute. C’était juste Lorin qui avait glissé de l’arbre et qui s’était retrouvé par terre. « R-Rien de cassé ! » rassura-t-il le groupe en levant un pouce en l’air. Ses fesses aussi étaient tournées vers le ciel, contrairement à son visage collé au sol. Il tourna la tête en grommelant et… Aha ! Les buissons ! « Je t’ai trouvée ! » annonça-t-il fièrement malgré sa position peu glorieuse. « Il était temps, » commenta Rayan. « Elea est vraiment trop forte pour toi ! »

    Ou c’était Lorin qui était trop nul. Pourtant, comme tous ses collègues ayant accompagnés le duc, il possédait assez de sang-froid pour exécuter des criminels. Cela ne paraissait peut-être pas, mais c’était la vérité.

    Lorsque Gobelin partagea ses craintes, Yu-Seong se contenta de lui lancer une œillade sur le côté. Il n’osait pas lui avouer que ramener des prisonniers n’avait jamais fait partie de ses plans, si vous voyez ce que je veux dire. « Tu n’y es pour rien. Ils sont les artisans de leur propre perte, » lui avait-il finalement répondu dans une tentative pour le rassurer. Pourquoi son ami se sentait-il coupable ? Ce n’était pas lui le batteur d’enfants.

    Évidemment, le duc n’avait pas apprécié la réaction initiale de la grande blonde. Il avait aussi pris en note que la plus jeune était cette fameuse Emilie. Il ne ressentait pas davantage de pitié pour elle.

    Un rictus accompagna celui de Gobelin lorsque celui-ci se moqua de la provocation de la mégère. Ah, bien envoyé ! Yu-Seong reprit un air sérieux lorsqu’elle l’apostropha. Le "sauvage" était clairement un meilleur parent qu’elle, mais plus important encore … De quel courrier parlait-elle ?

    « Je n’ai rien reçu, » avoua-t-il d’un ton neutre. C’était un problème. Soit cette femme lui mentait, soit le courrier avait été perdu en chemin, soit il était bien dans son bureau et il avait oublié de le lire, soit son vassal posté dans la région l’avait reçu et ignoré. Dans tous les cas, c’était énervant de ne pas savoir, mais que pouvait-il faire ? Il était trop tard de toute façon … Mais il allait quand même poser des questions aux nobles du coin après avoir réglé l’affaire présente.

    Emilie osa prendre la parole, ce qui ne plut guère à sa patronne. Personne n’eut le temps de réagir … Personne sauf Gobelin, toujours prêt à se sacrifier pour les jeunes âmes perdues. Le duc fronça les sourcils, mais en entendant le cri d’Odalus, il se détourna de la lutte. Il tendit son bras pour empêcher l’enfant de tomber. « Odalus, tout ira bien, » lui souffla-t-il. Le garçon était tétanisé et l’adulte devinait pourquoi.

    Raison de plus pour rendre justice le plus tôt possible.

    La jeune adolescente vidait son sac, et le duc se retourna calmement vers elle, ignorant l’affrontement à côté (et ses pauvres soldats qui n’osaient pas intervenir, car quelque chose leur disait que s’ils blessaient Gobelin par accident, ils allaient rejoindre la liste d’exécutions). Tout aussi calmement, lorsque le mercenaire revint enfin vers lui, il décrocha les gants fixés à sa ceinture afin de les enfiler. D’habitude, il les utilisait pour manipuler des livres, mais cette fois, ce fut pour récupérer la baguette pleine de bave que Gobelin avait rapportée tel un chien avec un bâton pour son maître. D’ailleurs, le noble était passé à deux doigts de lui grattouiller les oreilles; heureusement qu’il s’était retenu de justesse, car ça aurait été très gênant pour tout le monde …

    Cette "femme" crachait son poison encore et encore et encore … Ses paroles acerbes n’étaient pas tout à fait inconnues aux oreilles de Yu-Seong. Il était à peu près certain d’avoir entendu des propos similaires lorsqu’il était plus jeune … Après tout, un bâtard n’était-il pas littéralement un enfant du péché ? Son regard s’assombrissait déjà avant même qu’Odalus fonde en larmes.

    Ce fut à ce moment précis que la patience du grand noble atteignit sa limite.

    « Ce qu’ils feront ? » Sa voix portait sans avoir besoin de crier, imposant le silence à chaque fois qu’il daignait ouvrir la bouche. Il pointa du pouce le garçon en pleurs derrière lui. « Celui-ci deviendra un grand mage cavalier. Quant aux autres, je l’ignore. Ils deviendront ce qu’ils désireront. » Son sourire revint. « Mais il y a bien une chose sur laquelle nous sommes d’accord : il n’y a aucun espoir pour les engeances de la Calamité. »

    La grande "dame" se redressa, croyant peut-être avoir gagné le soutien du duc. Pauvre folle. « Votre nom complet ? » Toujours sans aucune once de honte, elle répondit de son ton énervant de maîtresse d’école sévère : « Justinia Harsh, Monseigneur. » Donc c’était elle la fameuse Justinia. Ce qui signifiait que la vieille était Edra, logiquement.

    Le sourire du duc ne faisait que s’agrandir.

    « Justinia Harsh. Vous êtes accusée de maltraitance envers les mineurs, d’abus de pouvoir, d’agression physique contre mon ami, d’être la femme la plus désagréable que j’ai eu le déplaisir de rencontrer… » Ces infractions n’étaient pas suffisantes pour justifier la peine de mort, alors savez-vous quel crime on ajoute lorsque l’on désire se débarrasser de quelqu’un ? « …et d’hérésie, car seule une âme corrompue par Nergal lui-même pourrait croire que traumatiser des enfants soit une bonne chose pour eux et mes terres. »

    Il allait avoir mal aux joues à force de sourire ainsi. Il en avait même presque oublié sa douleur.

    « Seule la peine de mort attend les partisans de la Calamité. La date de votre exécution ?… Maintenant. » Ignorant les cris outrés de la condamnée à mort, ses yeux examinèrent ses fidèles soldats. « Un volontaire ? » Plusieurs levèrent la main, trois d’entre eux plus vites que les autres. Hahaha ! C’était exactement pour ça qu’il avait fait appel à des parents ! « Thomas, à toi le plaisir. » Yu-Seong balaya l’air du revers de la main, comme pour faire signe de jeter les déchets plus loin. Thomas le grand gaillard empoigna avec force le bras de Justinia qui continuait à justifier ses actes et à lancer des insultes et que sais-je encore … Pour tout dire, le duc avait cessé de l’écouter depuis un moment déjà.

    Le soldat s’éloignait avec la criminelle, la traînant plus loin afin d’être hors de vue. Les hurlements de plus en plus hystériques étaient toujours aussi audibles par contre … Cette vile créature avait vraiment de bons poumons ! Mais plus pour longtemps. Il y eut un dernier cri, suivi d’un silence de mort. Littéralement.

    Malgré le climat des Terres de Babel, l’exécution aussi brutale que soudaine jeta un froid sur l’assemblée. Surtout sur les employés en fait; les soldats semblaient impassibles. Quant à Gobelin et Odalus … Une part de Yu-Seong n’osait pas se retourner pour voir leur réaction. Il espérait juste que l’orphelin se sentait mieux. Lui, personnellement, se sentait toujours plus léger après la mort de quelqu’un qui l’effrayait.

    Et pour être tout à fait honnête, il aurait préféré tous les exécuter en même temps. Malheureusement, cette grande peste n’avait cessé de parasiter la conversation… et il en avait eu marre de voir sa sale gueule. Au moins, plus aucun doute ne persistait : le duc n’était pas là pour rigoler. Malgré ses sourires, malgré sa satisfaction de rendre justice pour ces enfants, il prenait la situation très au sérieux.

    « Et il n’en resta plus que trois. »

    Un « Paf ! » se fit entendre. Oups. Emilie s’était évanouie. Le choc, le stress, les remords, la peur, tout ça … L’Adda soupira. « Que quelqu’un la ranime. Il ne faudrait pas qu’elle manque son propre procès. » Parce que c’était ça : un procès improvisé à ciel ouvert où le duc était à la fois juge, partie et bourreau. La justice ici, c’était lui et lui seul. L’un des soldats plia les genoux et lança un petit jet d’eau magique sur le visage de l’adolescente. Au bout de quelques secondes, cette dernière battit des paupières et se remit aussitôt à sangloter en réalisant que tout ceci n’était pas un cauchemar. Enfin, si, c’était cauchemardesque, mais cela restait bel et bien réel. « Oh, Seigneur, Seigneur … » pleurait-elle, toujours couchée au sol. Ces larmes étaient-elles pour les orphelins ou elle-même ?

    Pendant une brève seconde, Yu-Seong hésita.

    Emilie était tellement jeune; elle avait l’âge d’être sa fille bon sang ! Oserait-il exécuter une mineure ? Il serra la baguette dans ses mains. Non, ce n’était pas le moment de flancher; s’il montrait ne serait-ce qu’une once de pitié, ces criminels allaient essayer de le rouler. Il ferait mieux de mettre les choses au clair – comme si elles ne l’étaient pas déjà assez.

    « Si vous pensez pouvoir me mentir et sauver votre peau ainsi, vous vous trompez lourdement, » les prévint-il en reprenant une expression plus sévère. « Il y a plusieurs jeunes témoins dans ce que vous appelez "orphelinat" et un autre derrière moi qui, j’en suis sûr, seront ravis de pointer toutes vos contradictions. Croyez-moi, vous feriez mieux d’être honnêtes. »

    Le regard du noble balaya les trois employés, s’arrêta sur la vieille, continua son balayage, puis revint sur la dame fripée. Et y resta.

    … Vous savez quoi ? Cette "femme" était clairement aussi coupable que l’autre. Le duc n’appréciait pas son attitude hypocrite – qui lui rappelait ses vassaux – et encore moins l’aura sombre qu’elle dégageait. Elle ne semblait même pas avoir d’âme. De plus, ses réactions lorsque Justinia et Emilie s’étaient chamaillées n’avaient pas passé inaperçues. Yu-Seong allait donc permettre à tous de conserver leur salive en s’en débarrassant tout de suite.

    « Le nom de la dame à tes côtés ? » demanda-t-il doucement à Emilie. Surprise, l’interpellée essuya prestement ses larmes, lança un regard craintif vers la vieille, puis répondit d’une toute petite voix : « Edra … Edra Thornley … » Ah, Edra. C’était bien ce qu’il pensait. « Merci, » lâcha-t-il avant de reprendre un ton beaucoup moins plaisant : « Edra Thornley, vous êtes accusée de maltraitance envers les mineurs, d’être la deuxième femme la plus désagréable que j’ai eu le déplaisir de rencontrer, et d’hérésie. Exécution immédiate. Premier arrivé, premier servi. » Le guerrier le plus proche se dépêcha d’attraper la condamnée avant ses collègues. Étonnement, Edra ne se débattait pas. Par contre, elle persistait à sourire étrangement et à marmonner on ne sait trop quoi. Fallait-il s’en inquiéter ? Si cela se trouve, elle lançait des malédictions sur tous les gens présents … Enfin, comptons sur la protection de la Déesse qui n’abandonnera jamais ses enfants.

    Le soldat s’éloigna avec la dame pour rejoindre Thomas qui n’était pas encore revenu. Il devait être en train de s’occuper du cadavre; son collègue pourra l’aider après avoir avoir tué la vieille. Quoique ça allait faire deux cadavres, donc deux fois plus de travail … Ah, il ne l’aidait pas vraiment en fait !

    Le silence plana de nouveau jusqu’à ce que le bruit caractéristique d’une lame s’abattant sur une nuque résonna au loin.

    « Et il n’en resta plus que deux. »

    Il n’avait toujours pas osé regarder ni Gobelin ni Odalus.

    Savait-il au fond de lui qu’il abusait un peu ? Craignait-il de lire de la peur dans le regard de ses amis plutôt que de la reconnaissance ?

    « Maintenant que les coupables les plus évidents ne sont plus de ce monde, nous serons plus tranquilles pour discuter. » Il pointa Emilie avec la baguette de bois. « Emilie, je te garde pour la fin. » Rassurant. Le bout du bâton se déplaça en direction du seul employé masculin. « C’est vous, monsieur, qui m’intriguez le plus. Vous êtes resté silencieux jusqu’à maintenant, mais j’aimerais entendre ce que vous avez à dire pour votre défense. »

    Cet homme était mieux d’avoir une EXCELLENTE explication, car avec une telle carrure, il aurait pu facilement remettre les deux folles à leur place. Le duc le considérait déjà comme un complice, or il lui laissait une chance de s’expliquer … Peut-être pour se rattraper d’avoir exécuté la vieille sur un coup de tête, mais entre nous, elle le méritait sans aucun doute.
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    Jeu 28 Déc - 9:09
    Lazur lève un sourcil.

    _ Voilà une histoire qui inspirerait Gobelin, soupire-t-il, amusé néanmoins, Gobelin fait confiance à beaucoup de monde.

    Répond-t-il évasivement, gardant les yeux sur le jeune Ignace qui ne s’occupe absolument plus d’eux. L’enfant, rassuré d’être en présence des deux adultes les plus calmes et d’une figure familière, ne semble plus aussi inquiet. L’arrivée de Lorin trouble un court instant l’enfant qui, instinctivement, a levé les yeux pour les étudier du regard, serrant son doudou contre son visage.

    Lazur ferme à demi les yeux face à l’angoisse du dénommé Lorin. Restant totalement silencieux, il croit presque entendre Elea rire malicieusement dans un buisson. Le regard dans le vide, ses prunelles ne reviennent sur Rayan qu’une fois Lorin éloigné d’eux.

    _ Il ne semble pas être le couteau le plus affûté du tiroir, murmure-t-il à Rayan, bien que sa voix trahit un savant mélange d’amusement et de lassitude, une émotion plus qu’habituelle pour le jeune homme.

    Il écoute avec attention le récit de Rayan, bien qu’aucun rire ou sourire ne trouble le lac limpide de son regard. Ignace, quant à lui, reprend finalement son jeu, bien qu’il surveille encore Lorin du coin des yeux, sans tourner la tête, comme par peur de se faire voir. Quelques minutes sont nécessaires pour que l’enfant parvienne à relâcher davantage sa garde.

    _ J’imagine qu’en tant que Duc, il n’a d’autres choix que s’ouvrir un minimum. Convalescence ? Il était souffrant ? Relève Lazur, C’est un homme observateur et vif d’esprit, de ce que j’ai pu en remarquer.

    Il constate, avec une certaine tranquillité : le souvenir de la course poursuite avec Gobelin le ferait presque rire, à dire vrai, et il se doute que Rayan trouverait la situation cocasse… Mais par respect pour le Duc, Lazur préfère taire cet incident.

    Fracas.

    Ignace sursaute violemment, s’est déjà dressé dans un glapissement, Lazur lui-même s’est quelques secondes tendu alors que l’enfant a récupéré ses précieux doudou et jouet, pour tourner les yeux vers Lazur. Le guerrier relâche ses épaules et adresse un geste de la main à Ignace. L’enfant, farouche, préfère cette fois se rapprocher et s’installe timidement contre Lazur. S’asseyant à même le sol, il se pelotonne contre sa taille, et Lazur glisse prudemment un bras autour de ses épaules pour le réconforter.

    Ignace observe la posture de l’homme tombé à terre dans une moue amusée, alors qu’Elea éclate d’un rire victorieux. La petite fille surgit des buissons, les poings fièrement posés sur ses hanches étroites. Rictus carnassier, alors qu’elle pointe un index sur Lorin.

    _ T’es vraiment nul ! Affirme-t-elle, A mon tour de compter ! Et va pas grimper sur l’arbre ou tu vas encore te casser la margoulette !

    Fièrement, elle revient vers l’arbre d’ailleurs pour compter contre l’écorce. La voyant si proche, Ignace se détache finalement de Lazur et va vers son amie, l’observant en silence, jusqu’à la suivre quand elle part à la recherche du guerrier.

    _ … Au fait, quel est votre nom complet ? Si vous souhaitez que je vous nomme ainsi, reprend Lazur à l’adresse de Rayan, Peut-être que sa convalescence l’a renvoyé au besoin d’être bien entouré… Votre loyauté sur toutes ces années a finalement payé.

    Du côté de Gobelin, les mots du Duc ne parviennent pas réellement à soulager la conscience de son ami.

    Sa raison, appuie pourtant ses propos ; Gobelin hoche lentement la tête, le regard vide, se mordant la lèvre de ses dents taillées en pointes. Il les a dénoncés. Mais peut-être était-ce pour le mieux, des enfants. Il pense à eux, avant tout le reste, à ces douces âmes effrayées, au sein de l’orphelinat, qui ne comprennent probablement pas la présence de ces soldats armés. La perte, de ces figures qui les ont menacées, mais qui est aujourd’hui, leur seul repère dans ce monde.

    La violence verbale et physique de la femme ruissèlent sur Gobelin, comme l’eau sur les rochers ; face à sa haine, il répond d’un sourire amusé, ose d’ailleurs se jeter sous la baguette qui s’abat dans sa crinière. L’impact est d’une force qui le surprend un peu, le tranchant du bois fend peut-être légèrement la peau de son crâne, la douleur est vive, mais Gobelin préfère cela, que voir cette pauvre fille battue.

    Emilie lui semble très jeune, il se demande d’ailleurs si elle n’a pas été elle-même enfant de l’orphelinat ; oiseau qui n’a pas encore quitté le nid, dont les ailes ont peut-être déjà été coupées.

    Rapportant docilement la baguette à son ami, Gobelin relâche l’emprise de ses mâchoires et préfère se rétracter ; laisser la justice, aux mains des puissants. Lui sert ses propres valeurs et parmi celles-ci, la mort n’en fait pas réellement partie. Ses bras entourent précieusement Odalus, qu’il arrache de sa monture, préférant le garder contre son torse. Caressant ses cheveux d’une main, il unit ses yeux aux siens et lui sourit.

    _ Regarde-moi, Odalus.  

    Odalus, malgré sa maturité, n’en reste pas moins un enfant. Bien qu’aucune plaie ne soit plus visible sur son corps, Gobelin sait, que certaines restent ; que ces mots qu’elle profane, se sont déjà inscrits en lui, gravés dans une part de son esprit. Que sa baguette, a déjà probablement fendu sa chair, d’ailleurs, il reste une trace incandescente sur le sommet de son crâne, d’un sang qui souille légèrement, ses longues mèches noires.

    Les yeux bruns de l’enfant, se perdent dans les prunelles vertes, s’égarent dans cette forêt, émeraude, sombre et profonde, au fond de laquelle il se réfugie de longues secondes. Ses mains s’unissent à celle qui caresse sa joue, pour la garder entre ses doigts quelques secondes.

    _ Un grand mage cavalier, répète Odalus, comme pour s’en convaincre, comme pour s’en donner le courage, le titre honorifique revient comme une litanie, comme une invocation, comme une protection, face au mépris de Justinia.

    Du coin de l’œil, Gobelin surveille l’échange, entre le Duc et les autres, tout en faisant barrage de son corps, veillant à ce qu’Odalus parvienne à se ressaisir. Si Ignace avait éclaté, le barrage n’a qu’un instant débordé pour l’enfant : frottant ses yeux bruns, il efface ses larmes, renifle un peu, Gobelin lui donne un mouchoir, un peu souillé, mais s’en sert pour essuyer le nez du petit.

    L’accusation et la sentence échappent peut-être à Odalus ; mais en voyant les femmes trainées par les soldats, Odalus sourit faiblement, soulagé de voir que la justice frappe enfin celleux qui ont été si durs envers eux. Les hurlements font frémir Odalus, qui s’accroche finalement au vêtement de Gobelin pour s’abriter contre son torse.

    _ Est-ce qu’ils sont morts ? Demande-t-il d’une petite voix.

    Gobelin repose sa tête contre la sienne et ferme les paupières.

    _ … Oui. Je pense.

    Odalus ne dit plus rien.

    Il lit, énormément, la mort et la justice sont des concepts qu’il a déjà vus, sans jamais réellement les vivre. La perte, soudaine, de ces personnes qui lui ont fait du mal, le soulage et à la fois, il s’effraie de voir, qu’il est si facile, de mourir. Ses mains se cramponnent au tissu rêche du kimono vert, et ses yeux se lèvent pour saisir les prunelles du Gobelin – Gobelin qui cligne des paupières, sort de ses pensées et lui sourit faiblement, sereinement.

    _ Je ne veux pas qu’Emilie meure…

    Demande Odalus, d’une petite voix. Se dressant un peu dans les bras de Gobelin, Odalus regarde par-dessus son épaule et s’accroche au cou de son sauveur. Ses yeux croisent le regard d’Emilie, à l’instant où la baguette se détourne d’elle pour se diriger vers l’employé.

    _ … Ce n’est pas Gobelin qui rend la justice ici, répond Gobelin en caressant le dos de l’enfant.

    Odalus ne tourne pas les yeux vers son visage, et à dire vrai, Gobelin a caché son faciès, sous ses longs cheveux noirs. La voix de Gobelin, n’est qu’un murmure froid, qui surprend Odalus. L’enfant fixe les yeux emperlés de larmes de la jeune Emilie, raffermit l’emprise de ses bras.

    _ S'il te plaît... Gobelin...

    Mais on ne s’oppose pas aux Puissants.

    L’homme fixe la baguette lorsqu’elle se pointe sur lui. Il tremble de tous ses membres. Ses énormes mains se nouent et se dénouent contre son ventre, il ravale sa salive, ses mâchoires ruminent, il adresse une œillade aux soldats, puis redirige son attention vers le Duc.

    _ Je m’occupe de l’entretien… Je coupe du bois, je le ramène… je cherche de l’eau, je la ramène… Je fais le jardin aussi. Je ne côtoie pas trop les enfants de l’orphelinat. Je ne viens que deux à trois fois par semaine, sinon, je travaille pour d’autres, ma maison est à quelques minutes d’ici, j’ai 2 enfants moi-même…

    Il courbe l’échine.

    _  Je ne m’occupais pas vraiment des histoires de l’orphelinat…, avoue-t-il, Je faisais mon travail, et j’apprenais aux gamins à travailler s’ils voulaient m’accompagner…

    L’homme se tait, interdit, quand il surprend Gobelin soudain accroupi près de lui – Gobelin qui le regarde par en bas, en position de crapaud, les genoux presque à hauteur d’oreilles. Gobelin l’observe attentivement et tire finalement la langue.

    _ Ah ! Gobelin oui, ne l’a pas vu celui-là !

    Gobelin se redresse d’un bond, les mains dans le dos, virevolte sur ses getas jusqu’à Emilie, qu’il observe du coin des yeux.

    S’accroupissant près d’elle, il penche la tête sur le côté, puis vers l’arrière, regard lubrique alors qu’il laisse pendre sa langue comme celle d’un chien. Ses yeux si froids, la font se tendre et elle courbe l’échine, alors que Gobelin jaillit de nouveau vers l’avant, levant les mains vers le Duc.

    _ Duc, Duc !

    Joignant les mains devant son visage, il applaudit à deux reprises puis les garde jointes comme un geste de prières.

    _ Il y a bien pire, bien pire, que les sentences aussi fatales… Mais passons ! Gobelin a une bonne, très bonne idée à vous donner !

    Gobelin bascule sur ses genoux.

    _ La petite, est vraiment très petite, peut-être n’est-elle jamais, jamais, sortie du nid ! Qu’en est-il ? Est-elle née ici ?

    Gobelin adresse une œillade à Emilie, qui met quelques secondes à comprendre qu’on parle d’elle.

    _ Oh euh… O-oui enfin je… j’ai été déposée ici quand j’étais bébé…

    _ Quel âge a-t-elle ?

    _ Je… Je ne sais pas…

    Un silence. Gobelin roule des yeux.

    _ A-t-elle saigné ?

    _ S-s-sai-gné… ?

    _ Le sang, le tribut que l’on offre tous les mois en échange, d’une vie à porter.

    Emilie devient cramoisie. Très mal à l’aise, elle s’incline jusqu’au sol.

    _ H-hm…

    _ Combien de fois ?

    _ Tr-trois fois…

    _ Oh ! Jeune, vraiment jeune, constate Gobelin en levant les yeux vers le Duc, le visage déchiré d’un rictus, L’on dit qu’une femme qui saigne, a l’âge d’être mère, mais cette douce âme a aimé, avant même d’être mère elle-même ! Elle est née entre ces murs, elle a enduré la même violence que les autres et a tâché du mieux qu’elle a pu, d’aider les enfants. Ne la punissez pas, Seigneur, pas comme les autres, car elle est aussi, victime de la cruauté des Hommes et qu’elle a résisté, du mieux qu’elle a pu, face aux injustices et à l’indifférence. Elle ne sait ! Pas compter et ne sait probablement pas lire, elle n’a connu rien d’autre, que l’orphelinat, rien d’autre, que cette baguette qui s’abat.

    Gobelin se redresse et fait quelques pas, les mains jointes dans le dos.

    _ Faut-il la punir ? Oh oui, probablement !

    Gobelin lève un index, théâtralement.

    _ Que peut-on faire ? Que diriez-vous, Seigneur, de la rendre à l’orphelinat ? Elle est une figure, connue par les enfants, un repère… Ces orphelins n’ont pas grand-chose, auquel se raccrocher, ils ont perdu déjà, parents et foyer, familles et maisons, ils ont besoin de repères, pour ne pas s’égarer dans ce monde si grand. Il pourrait être proposé à Emilie, de rester ici, d’assumer le rôle, de gardienne pour ces petits, qu’elle les aime, qu’elle s’en occupe, qu’elle corrige le mal qui a été fait. Qu’elle soit responsable, des enfants et de l’orphelinat… Mais qu’elle ne soit pas seule, pour assumer cette tâche !

    Son index parcourt les soldats.

    _ Peut-être, qu’un de ces parents pourrait la surveiller ? Ou toute autre personne envers qui, vous avez confiance ? Une personne qui resterait ici, s’assurerait qu’aucun mal ne soit fait à ces enfants, qui guiderait la jeune Emilie et assurerait la protection des petits ? Qu’en dîtes-vous, Seigneur ?

    Ses yeux reviennent s’unir à ceux du Duc et il lui sourit.

    _ Les tyrans qui ont fait régner la terreur sont morts. De quoi peut-on accuser, Emilie ? De n’avoir probablement, pas assez fait, pas assez fait, alors, demandons à ce qu’elle dédie sa vie, à l’orphelinat, à réparer les fautes, qui ont été faites. Car combien même, n’a-t-elle pas eu la force de se dresser contre les Tyrans, elle a aidé les plus fragiles à sa manière, glissant pommes et livres à Odalus, veillant à le recouvrir de couvertures quand l’hiver venait, elle a été capable, d’aimer ces petits.

    Odalus est assis à même l’herbe, il hoche la tête à son tour.

    _ S’il vous plaît Monsieur le Duc…

    Gobelin repose ses mains sur ses hanches. Rictus malicieux, alors qu’il hausse les épaules.

    _ Il commence à manquer de personnels alors… d’autres personnes volontaires, envers qui vous avez confiance, pourraient assurer sécurité, confort, amour et éducation à ces jeunes orphelins. Cela vous permettrait de garder un œil sur Emilie et de vous assurer que tout fonctionne pour le mieux à l’orphelinat ! Et si jamais, l’on est témoins d’une quelconque maltraitance de sa part, dans ce cas…

    Gobelin tire la langue en roulant les yeux en arrière, traçant un trait le long de sa gorge, du bout de son index, avant de joindre de nouveau les mains devant lui.

    _ Mais je suis sûr qu’elle peut se montrer bien meilleure que ses prédécesseuses… (Gobelin lève une main, comme pour offrir une connivence au Duc) ce qui n’est pas bien difficile, j’en conviens (Gobelin rabaisse la main) , et qu’elle n’est pas autant coupable, que les autres. Elle n’a, aucune arme, et n’a pas cherché à vous dissimuler la vérité lorsque vous les avez interrogés, elle semble la seule consciente de la gravité des actes qu’il y a eu ici, peut-être peut-on, la laisser racheter tout ce qui a été fait ? Elle pourra témoigner : ici, sur les terres d’Adda, la justice frappe celleux qui ont commis, l’irréparable et l’impensable, et elle protège, celleux dans le besoin.

    Ses yeux reviennent vers l’orphelinat.

    _ Ces enfants, sont probablement effrayés de voir des gardes arriver. Et combien même ont-ils été maltraités, ces personnes ont été tout ce qu’ils avaient pendant des années. Les perdre toutes d’un coup, serait très violent pour eux ; ce serait tout un monde, qui s’effondre. Ne leur prenons pas tout. Qu’en dîtes vous, Seigneur ?

    Ses prunelles reviennent vers le Duc et le voilà qui bascule de nouveau sur son séant, assis à même le sol, une brindille entre les doigts, dont il se sert pour se curer les dents.

    L’on ne s’oppose pas, aux Puissants.

    Et il n’y a probablement rien de plus puissant, que l’amour qu’un enfant peut porter.

    Zeng Min
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    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Non, Lorin n’était pas le couteau le plus affûté du tiroir. On l’aimait comme ça.

    Le soldat ne pouvait pas non plus nier l’affirmation d’Elea : il était vraiment nul. Pourtant, il commençait à s’amuser, même s’il avait fallu se casser la gueule pour ça. Il écarquilla les yeux en entendant le décompte. Zut, elle aurait pu lui laisser le temps de se relever au moins ! Aaaaaah ! Lorin décolla à quatre pattes sous l’hilarité de son chef qui ne pouvait s’empêcher de rire bien fort. Et dire que ce boulet s’était marié et avait eu un mioche avant ce brave Allam ! Comment était-ce possible ?!

    « Oh, non, non ! » Rayan essayait de reprendre son souffle après son fou rire. « Je n’ai pas un super long nom secret et bizarre, c’est juste que je ne m’attendais pas à ce que le duc connaisse mon nom de famille ! Je ne suis qu’un simple roturier après tout. Par contre, ça me rappelle un type que j’ai rencontré … Il se faisait appeler Barth, mais son vrai nom était … Tenez-vous bien … Bartholomew-Saadeddin ! Avec un trait d’union je précise. Je me demande bien à quoi pensaient les parents ! »

    Le vieux avait ignoré la question sur la convalescence. Ce n’était pas de l’impolitesse; c’était de la stratégie. Il attendait que l’attention des enfants soit portée ailleurs avant d’aborder le sujet. Ce n’était pas comme si c’était top secret, et ce n’était pas comme si Lazur était un enfoiré, alors cela ne dérangeait pas Rayan d’en parler. « … Le duc est resté alité de longs mois parce que son jeune frère a essayé de le tuer, il y a un peu plus de dix ans, » murmura-t-il alors plus sombrement en gardant un œil sur les orphelins. « Question d’héritage et de jalousie … En tout cas, il a failli y rester. C’est un vrai miracle de la Déesse qu’il ne soit pas mort. »

    Rayan était absent cette nuit-là. Est-ce qu’il se sentait coupable ? Non. Il était parfaitement en paix avec lui-même, car il savait que même s’il avait été présent, cela n’aurait rien changé; lui non plus n’aurait jamais suspecté Kamil. Attaqué sauvagement par son propre frère … Le soldat ne pouvait même pas imaginer l’horreur qu’avait dû ressentir Yu-Seong à cet instant.

    Pendant ce temps, Lorin faisait preuve d’audace contre les deux orphelins (parce que de toute évidence, c’était devenu du deux contre un). Comment ? Très simple ! Au lieu de se cacher quelque part sans bouger, il changeait silencieusement de cachette lorsque les enfants avaient le dos tourné, que ce soit en rampant ou en marchant sur la pointe des pieds. Fallait juste pas que ces mômes se retournent au mauvais moment … Bref.

    Quant au vieux guerrier, il secoua la tête avant de taper un coup dans ses mains, se redressant avec un nouveau sourire. « Bon, on a assez broyé du noir ! Faudrait pas inquiéter les gamins avec nos mines soucieuses, haha ! » Posant les coudes sur ses genoux et la tête entre ses mains, Rayan fixa Lazur tel un garçon curieux. « Vous avez mentionné plus tôt vos voyages dans l’Empire. J’avoue que cela m’intéresse ! Vous voulez bien me raconter ? C’est vrai qu’ils ont les plus belles femmes du continent ?… M'fin, je veux pas porter de préjugés … Même si j’imagine que c’est plus un compliment qu’une insulte, hahaha ! »

    Loin de cette discussion bon enfant, il y avait la mort et la peur. Yu-Seong ne pouvait s’empêcher de sourire en voyant ce gaillard trembler comme une feuille. Il faisait bien de le craindre ! Alors comme ça, monsieur ne venait que deux ou trois fois par semaine ? « On dirait que ce n’est pas votre jour de chance, » se moqua le duc au milieu des explications de l’homme. Quelle était la probabilité que ce pauvre type soit présent pile au moment où justice allait enfin être rendue ?

    Le noble roula des yeux lorsque l’employé à temps partiel mentionna sa propre famille. Combien de fois avait-on essayé de l’attendrir avec des "Pitié, j’ai une femme et des enfants !" ? Je vais vous le dire : trop souvent. Et cela n’avait jamais fonctionné; ils étaient tous morts quand même. Évidemment, ces crétins pensaient tous que leur seigneur était empathique jusqu’à ce qu’il soit trop tard. Ils ne pouvaient pas savoir que leur cher duc était un hypocrite capable d’étouffer sa morale comme on éteint une bougie d’un simple souffle. Au début, c’était en grande partie pour se protéger. Aujourd’hui, c’était surtout par sadisme.

    Et qui s’apprêtait à gâcher son plaisir malsain ? Vous l’avez deviné : le seul et unique Gobelin !

    D’abord, lorsque le mercenaire commença à faire son cirque devant les accusés, Yu-Seong ne s’en formalisa pas. Peut-être faisait-il le pitre pour détendre l’atmosphère ? Ah, une seconde … Le plus vieux venait de remarquer la trace de sang dans les cheveux de son ami. Diantre, cette grande folle avait frappé pour tuer ou quoi ?! Il aurait bien voulu lui en glisser un mot, or Gobelin ne semblait pas près de se taire, alors le duc se contenta d’abaisser la baguette coupable.

    Il haussa nonchalamment les épaules lorsque l’autre mentionna qu’il y avait des sorts pires que la mort. Ah, ce n’était pas lui qui allait le contredire ! Il aurait pu les enfermer dans une cellule sombre pour le reste de leur pathétique existence. Il aurait pu les torturer pendant des heures jusqu’à ce qu’elles supplient qu’on les achève. Il aurait pu les mettre en cage et traverser la frontière pour les vendre en tant qu’esclaves ! Ça aurait pu être comique, tiens …

    Or, ce n’était pas le temps de noter des idées de punition tordues. C’était le temps d’écouter Gobelin et… Oh. Le sourire de Yu-Seong s’effaça petit à petit. Il venait de comprendre ce que le petit homme essayait de faire, et il n’appréciait pas du tout.

    Non, le duc n’aimait pas qu’on lui dise comment faire son travail. D’habitude, il était le seul à décider. D’habitude, lorsqu’il prononçait une sentence, les autres se taisaient. D’habitude, les gens qui en dénonçaient d’autres n’essayaient pas ensuite de les protéger. À quoi bon demander l’aide d’un seigneur si c’était pour l’empêcher de passer son jugement ?! Cela agaçait Yu-Seong, et cela paraissait dans ses sourcils froncés et son regard sévère qui suivait tous les faits et gestes du mercenaire.

    Ce n’était pas pour rien que l’on ne s’opposait pas aux puissants; ils avaient tous de gros egos.

    Épargner Emilie et lui donner le rôle de gardienne ? Et puis quoi encore ? Elle était complice par inaction; vous croyez sérieusement qu’elle serait capable de protéger des enfants si elle-même avait besoin de Gobelin pour se défendre ?! Oh, elle donnait un fruit une fois par mois ? Une couverture lorsqu’il faisait frisquet ? Ho là là, mais quelle sainte ! Cela ne changeait rien au fait qu’elle n’avait rien foutu pendant que ces gamins mangeaient coups après coups ! Elle aurait pu fuir pour chercher de l’aide, mais non, ça préfère regarder ! Au fond, elle devait aimer ça, non ? Oh, ça te parle gentiment, ça te dit que tu es un gentil garçon, mais où sont ces marques de tendresse quand les autres t’insultent, hein ? C’est fou comment les "Quel beau jeune homme poli" deviennent des "Il a une gueule de bâtard" lorsque tu quittes la pièces ! Après, pour se donner bonne conscience , ça t’offre des jouets pour ton anniversaire – en sachant pertinemment que tu n’as pas le temps pour jouer ! Une vraie blague ! Un vrai cirque ! Tous des hypocrites, TOUS ! Ooooh, et maintenant que le petit bâtard est devenu un grand seigneur, ça n’ose plus rire, non non ! Ça pleure, ça crie, ça supplie pour rester en vie; comme si c’étaient EUX les victimes ! Comme si c’était TOI le méchant ! Eh bien, vous savez quoi ? Rien à foutre ! Ils allaient tous mourir et le monde s’en portera mieux ! Bordel de m– Pardon ? L’orphelinat ? Quel orphelinat ? On parlait d’un orphelinat ?

    « S’il vous plaît Monsieur le Duc… »

    Ce fut la petite voix d’Odalus qui fit sursauter Yu-Seong. Ce dernier tourna la tête vers l’enfant, hébété. Ah, oui. Cet orphelinat. Ces orphelins. Il était là pour eux, pas pour lui. Fermant un instant les paupières et pinçant l’arête de son nez avec deux doigts, l’adulte lâcha un soupir. Ugh, son esprit lui jouait encore des tours … Et il n’avait pas remarqué à quel point tous ses muscles étaient tendus. Rabaissant sa main et rouvrant les yeux, ceux-ci se tournèrent de nouveau vers Gobelin, plus attentifs qu’agacés cette fois.

    … En fait, les paroles de son ami étaient plutôt sensées.

    Une fois le plaidoyer terminé, Yu-Seong fixa un point au sol, désormais enclin à réfléchir sérieusement à la proposition du gobelin. « Hmm … » Le duc avait prévu exterminer tous les employés, puis déménager les enfants dans un autre établissement afin qu’ils puissent recommencer de zéro, loin de cet endroit chargé de mauvais souvenirs. Il avait cru que ce serait la solution la plus bénéfique pour les orphelins, cependant … L’idée de Gobelin n’était pas idiote… et clairement plus empathique. C’est vrai qu’arracher d’un seul coup tous les repères de ces gamins – aussi négatifs soient-ils – était peut-être un peu brutal. Puis, condamner Emilie à une vie de servitude dans cet orphelinat … Hmm … Peut-être qu’au fond … Moui … Ça pourrait le faire …

    Le noble releva la baguette au niveau de ses yeux afin de l’examiner un moment. Puis, il la balança derrière lui comme on jette un détritus inintéressant – pas dans la direction d’Odalus bien sûr, ce serait bête qu’il reçoive le bâton sur le front. Toujours en silence, Yu-Seong s’approcha du gobelin assis et posa un genou devant lui (et bordel qu’il le regretta intérieurement, car le geste raviva sa douleur). Sans rien laisser paraître, il chercha quelque chose dans la poche de son riche habit et… Quoi ? Non, non, ce n’était pas une bague ! Ce n’était pas une demande en mariage !

    Ce fut un mouchoir immaculé qu’il sortit. Il l’imbiba d’eau magique avant de frotter délicatement le haut du crâne de Gobelin afin de nettoyer sommairement la plaie. Ou essayer en tout cas, il n’était pas infirmier hein. Leurs deux corps étant assez près l’un de l’autre, Gobelin remarquera peut-être les lèvres de son noble ami qui frémissaient, comme s’il tentait de contenir un sourire afin de ne pas gâcher son expression sérieuse. Finalement, il arrêta son mouvement et craqua avec un large rictus : « Est-ce que tu vouvoies tous tes amis et les appelles "Seigneur" ? »

    Yu-Seong planta son regard dans celui de Gobelin, complice, et peut-être même reconnaissant pour son intervention … Même si celle-ci n’avait pas été appréciée à sa juste valeur au début. Ce moment de franche camaraderie ne dura pas longtemps toutefois, car lorsque ses yeux se tournèrent vers l’employé masculin qui essayait de se faire oublier, ses traits redevinrent durs comme la pierre. Fixant le prochain jugé, le duc lâcha le tissus sur le crâne de Gobelin – ça lui faisait un chouette couvre-chef.

    « Votre nom complet ? » L’homme pâlit. Oui, c’était encore possible. Même les soldats s’échangèrent des regards, inquiets; leur seigneur allait-il tuer ce pauvre type qui avait eu la malchance d’être à la mauvaise place au mauvais moment ? « Votre nom complet ? » répéta-t-il puisque visiblement, l’accusé avait perdu l’usage de la parole. « M-M-Marcus… B-Baraka … » Yu-Seong lança une brève œillade au gobelin à deux pouces de sa face avant de continuer : « Marcus Baraka. Vous êtes père de deux enfants. » « O-Oui, oui– » « Et vous êtes incapable de reconnaître les signes d’abus ? »

    La bouche de Marcus resta grande ouverte. Le duc reformula plus sèchement : « Ces enfants qui vous accompagnaient parfois. Vous n’avez pas vu d’ecchymoses sur leur corps ? La peur dans leurs yeux ? Vous n’avez pas pensé que s’ils vous suivaient, c’était pour fuir leurs bourreaux le temps d’un après-midi ? La première fois que vous avez rencontré votre employeuse, vous ne vous êtes pas dit qu’elle avait une tête de… » Il marqua une pause, se rappelant qu’il y avait un enfant parmi eux. « …madame pas gentille ? » Certes, ce n’était pas sympa de juger par l’apparence, mais Justinia avait VRAIMENT une face dans laquelle on voulait enfoncer son poing.

    Monsieur Baraka peinait à respirait, hyperventilait, sentait la fin approcher. Sûrement pensait-il à ses mioches qu’il allait laisser derrière lui, ah … Visiblement indifférent à la panique de cet homme, Yu-Seong planta de nouveau ses yeux dans ceux de Gobelin. Il n’essayait pas d’y lire quoi que ce soit, il faisait juste… le fixer. Peut-être pour s’ancrer comme Odalus l’avait fait avant lui. Peut-être pour se motiver à épargner une vie pour une fois.

    « Je me sens d’humeur généreuse aujourd’hui, » déclara-t-il comme s’il ne venait pas d’exécuter deux personnes en l’espace de cinq minutes. Son regard quitta finalement son ami pour retourner sur l’employé qui, par miracle, n’avait pas encore perdu connaissance. « Marcus Baraka. Je vous laisse la vie sauve, à condition que vous ne travaillez plus jamais pour un orphelinat. » L’homme se jeta aussitôt au sol, bafouillant promesses et remerciements à moitié incompréhensibles. Le duc n’était pas impressionné. « … Hors de ma vue avant que je ne change d’avis. »

    Il ne fallait pas lui dire deux fois : Marcus rampa hors du mur de soldats avant de parvenir à se tenir sur ses jambes tremblantes. Puis il courut loin, loin, loin. Bon débarras. Le noble soupira avant de tourner la tête vers l’adolescente cette fois; il lui avait bien dit qu’il la gardait pour la fin.

    « … Emilie. » Non seulement Yu-Seong avait encore mal, mais en plus, tous ces contretemps commençaient à le fatiguer. Ce qui aurait dû prendre quelques minutes s’éternisait parce qu’on avait osé débattre sur le sort réservé à ces criminels. « Je te laisse également la vie sauve, à condition que tu deviennes une bonne gardienne pour ces enfants. » Tous les soldats se détendirent, rassurés de savoir qu’ils n’allaient pas être obligés de tuer une gamine. Les épaules de leur seigneur s’affaissèrent également puisqu’il pouvait enfin abandonner son rôle de juge.

    Emilie, quant à elle, avait les joues baignées de larmes. Elle n’avait jamais eu aussi peur de toute sa triste vie. Même si ce fut Gobelin qui la défendit et le duc qui l’épargna, ce fut vers Odalus qu’elle regarda alors qu’un sourire timide éclaira enfin son visage. Son instinct ne la trompait pas, car c’était effectivement ce garçon qui lui avait sauvé la vie.

    Tiens, maintenant que Yu-Seong était aussi proche d’Emilie et qu’il pouvait mieux voir ses traits …



    C’est vrai qu’elle était très jeune.

    Dire que sans la présence de Gobelin et d’Odalus, il l’aurait probablement exécutée, haha.



    Son sang se glaça. Depuis quand était-il prêt à tuer des enfants ?! Ah, merde, il aurait dû garder la bougie figurative de sa morale éteinte encore quelques minutes ! Il n’avait pas envie de penser à ces conneries. Surtout, il espérait que son soudain malaise ne paraissait pas sur son charmant visage. Vite, vite, il fallait qu’il se lève et s’éloigne !… Oh, zut, il ne pouvait pas se relever tout seul. Tant pis. « Emilie, rejoins les enfants dans l’orphelinat et explique-leur ce qui s’est passé. Deux des trois soldats déjà présents resteront avec toi jusqu’à ce que je trouve des remplaçants adéquats. » Sa voix était-elle calme ou lassée ? Difficile à dire.

    Une fois encore, Yu-Seong fit face à Gobelin et lui posa une question qui… Rah, mais arrêtez avec ça ! Je vous ai déjà dit que ce n’était pas une demande en mariage !

    « Satisfait ? » murmura-t-il.

    En toute logique, il aurait dû demander ça à Odalus; c’était lui la victime après tout. Mais pour une raison inconnue, cela lui semblait important de connaître l’avis de son ami. Au même moment, Thomas revint vers le groupe, un sourire idiot collé aux lèvres. « Les gars, j’ai oublié d’apporter une pelle ! » rigola-t-il en passant devant eux afin de trouver l’outil en question. Certains de ses collègues éclatèrent de rire à leur tour. C’est vrai qu’enterrer deux cadavres à mains nues, ce n’était pas l’idée du siècle ! Le duc sourit aussi. À peine. Cela ne venait pas du cœur.

    Parce que lui, en tout cas, ne se sentait pas satisfait. Était-ce parce qu’il n’avait pas pu tous les tuer ? Était-ce parce qu’il avait voulu tous les tuer ? Était-ce parce que son désir de vengeance ne sera jamais assouvi, peu importe le nombre de coupables et d’innocents qu’il éliminera ?

    Bon sang, comment Gobelin faisait-il pour résister à ses propres envies de meurtre ? Le duc n’arrivait pas à croire que cet être devant lui n’avait jamais envie de trucider quelqu’un par dépit. Forcément, la haine emprisonnée dans son âme devait lui susurrer des mots doux emplis de rancœur, non ? À moins que c’était juste un problème que Yu-Seong avait. À moins que, malgré les apparences, c’était lui le déséquilibré et l’autre le sain d’esprit.

    Mouais … Il devrait ré-éteindre cette foutue bougie.
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    Mer 3 Jan - 19:44
    Face au nom à rallonge, les yeux de Lazur se plissent, trahissant probablement son effort pour tenter de retenir toutes les syllabes…

    _ Bartholomew-Saadeddin… Le temps qu'il écrive son nom, l'interrogation devait déjà être terminée, constate Lazur. Bien que pince-sans-rire, l'homme est capable d'humour. Et c'est probablement l'une des raisons pour laquelle il reste auprès de Gobelin. Un silence surpris accompagne l'aveu de Rayan ; les paupières écarquillées clignent à deux reprises, avant que les prunelles ne s'abaissent vers le sol.

    _ Son frère…

    Il répète, d'une voix blanche. Interdit. Consterné. Les épaules s'affaissent alors qu'un soupir s'arrache de ses lèvres.

    _ Il y a tant de vipères, cachées sous les pots. Et celles qui se sont réfugiées chez nous, sont celles dont les morsures continuent à brûler, combien même le poison a été purgé. Je prie pour que les blessures guérissent.

    Voyant l'homme se redresser et taper des mains, Lazur reste tout simplement imperturbable. D'un sempiternel calme, ses yeux bleus restent toujours unis aux pupilles de son interlocuteur. Son regard captivant, ne trahit qu'une apaisante sérénité ; toujours, à l'écoute, capable d'endurer le pire, sans broncher et sans pour autant perdre, son humanité. Semblable à ces vieux félins, qui pourraient voir le monde s'écrouler et se contenter d'en bailler. Si Gobelin est le chaos, Lazur est l'ordre, et c'est peut-être ce qui fait qu’Ignace l'apprécie tant.

    _ S'ils s'inquiètent, nous leur expliquerons. Les enfants s'inquiètent bien plus du silence et des semblants : ils savent voir, au travers des masques.

    Songe Lazur.

    _ Qu'est-ce qui attise donc votre curiosité ?

    La tendresse dans la voix, Lazur plisse malicieusement les prunelles puis hausse les épaules.

    _ De quoi pourrais-je vous parler ? Des grandes plaines, vertes, parcourues de Queues de Renard blanches immaculées, qui chatouillent la taille. Des bois de Mori, aux arbres hauts, épais, aux branches resserrées, l'obscurité et l'humidité. Ou encore, des sources chaudes, où l'eau est toujours à des températures rappelant les chaleurs du désert ; connues pour leurs vertus médicales, le soulagement qu'elles apportent au corps et à l'âme. Les pégases sauvages qui traversent le ciel, quand ils ne viennent pas se poser devant vous pour vous défier d'approcher de leur faon, les ailes ouvertes et les naseaux frémissants. Les grandes cités parcourues de canaux ou encore, les petits villages aux murs parfois faits de papier… La beauté, là bas, est une règle qu'il est important de respecter. L'on se maquille, l'on s'habille avec élégance, l'on veille toujours à son apparence. Que ce soit par les gestes, l'odeur, par les termes employés…

    Lazur dirige son regard vers les enfants.

    _ Certains paysages y sont savamment disciplinés, de sorte à ce que lorsque vous regardez par la fenêtre, vous pouvez y voir de vrais tableaux. Même lorsqu'aucune main Humaine, n'a touché aux bois ou aux pierres, vous avez l'impression que tout s'harmonise, selon les voeux de la Déesse.

    Aveu pour aveu, Lazur marque un silence, avant que ses yeux ne reviennent dans un geste de connivence, rejoindre les prunelles de son interlocuteur.

    _ Gobelin est né sur ces terres. Et là bas plus qu'ailleurs, l'apparence physique a une importance majeure sur comment les autres vont vous percevoir et sur la manière dont ils ont le droit de vous traiter. Là bas, l’on traite probablement mieux celleux dont le coeur est mauvais mais dont la beauté physique est présente que l’inverse… C’est peut-être ce pourquoi, l’on croit que toutes les femmes de Nuhoko sont belles : car les autres, n’ont probablement pas même le droit de se montrer.

    Lazur ferme les yeux, dans un mouvement d'épaules.

    _ Votre Duc y serait très bien considéré, au vu du soin qu'il a de sa personne et des mots qu'il veille à employer.

    Elea a pris la main d’Ignace durant leurs recherches. L'enfant, craintif, reste cramponné à elle, son doudou contre son visage et son jouet sous le bras. La petite fille a naturellement assumé le rôle d'exploratrice et de protectrice : armée d'un bâton, elle n'hésite guère à piquer les buissons pour s'assurer à ce que Lorin ne les surprenne pas ! Croyant percevoir un son, Ignace pousse un glapissement et aussitôt, Elea fait volte-face, dirigeant la pointe de son arme dans la direction indiquée par Ignace.

    _ Sors de ta cachette, on t'a vu ! S'écrie joyeusement Elea dans un sourire carnassier - du bluff ? Peut-être.

    Les sourcils froncés du Duc, d'ailleurs, Gobelin les a remarqués.

    Il connait, reconnaît, ces gestes. La créature se doute que l'homme est probablement agacé, de son intervention - à sa place, peut-être l'aurait-il été. Il a appris à identifier, tous les gestes qui précèdent, la violence ; la voix qui s'hausse, les rictus, les muscles qui se contractent, l'expression qui se renfrognent, et la peur viscérale rampe, dans ses entrailles. Vipère sous pot, le serpent remonte dans ses viscères, ses écailles enserrent ses chairs, ses crocs se plantent et son poison glacé se déverse. Visions, scènes, souvenirs, que le temps n'arrive pas à effacer, Gobelin est dans le présent mais a un pied dans le passé, le reptile, s'est roulé en boule dans sa gorge et pourtant, il n'arrête pas, de parler.

    Et si le regard de son ami se fait, plus censé, que le Duc revient à la réalité, Gobelin ne l'a pas remarqué.

    Combien même, l'homme le considère comme un frère, une part en lui ne parvient pas à le croire : il n'est que, Gobelin. Ne se croit pas légitime, d'un tel lien. Lui-même a l'impression de n'être qu'en sursis, qu'un jour, le Duc ouvrira les yeux, sur ce qu'il est, qu'il ne verra, que le Misérable qui est déjà bien assez chanceux d'exister.

    C'est ce qu'il a dit au Duc, dès le premier jour de leur rencontre.

    Qu'à ses yeux, ce n'est que par chance, qu'il a survécu.

    Qu'il a l'impression, que chaque jour, chaque action, chaque mot, est une roulette russe. Après tout, qu'est-il ? Quelle est sa valeur, en ce monde ? S'il meurt, il continuera de tourner. Et il est persuadé, qu'ils sont nombreux à pouvoir le remplacer. Il n'est qu'un caillou, sur un chemin de terre, et celleux qui le voient, être ! Oh celleux, qui arrivent à le considérer, comme méritant d'exister, comme appréciant, sa présence, Gobelin craint toujours, qu'iels ne finissent par voir la vérité, qu'iels ne finissent par ne constater, qu'il n'est qu'un vilain et misérable, petit grain de poussière, si aisé à écraser.

    Il est, le caillou dans la chaussure, le bâton dans les roues, il est, battement de papillon, inconscient, de tout ce qu'il est capable de bouleverser.

    Seulement convaincu, qu'il serait incapable d'endurer le rejet, de cet homme qui l'a vu un moment ! Comme l'être humain qu'il a toujours rêvé d'être.

    Aussi, quand le Duc s'approche de lui, le corps du Gobelin réagit avant que l'homme n'ait vraiment conscience - bascule à genoux, se courbe plus bas encore quand l'homme se met à sa hauteur, les mains rendues au sol et le dos légèrement courbé, offrant sans le vouloir, sans même le savoir, la plaie qui ouvre légèrement le haut de son crâne. Spasmes nerveux, d'un animal sauvage, plus accoutumé aux coups qu'à la bienveillance, Gobelin n'offre pas réellement de résistance à l'homme qui se tient au-dessus de lui.
    Lui aussi victime d'une histoire, qui ne cesse de se répéter.

    Les mots, inscrits, gravés dans sa chair, au travers des cicatrices, l’histoire d’une existence marquée par la violence. La brutalité de l’humanité, il l’a embrassée, tant de fois que sa peau, gardera à jamais ses morsures passionnées. Gobelin ne réalise pas réellement que ces réflexes, peuvent surprendre ou inquiéter, qu’ils ne sont pas ceux qu’on a l’habitude d’observer, qu’on n’a pas ces gestes, en présence d’un ami.

    Comme s’il était seulement habituel, qu’il était légitime, d’être sans cesse malmené.

    Le contact, doux, contre la plaie, le fait sursauter.

    Le souffle coupé, Zeng s’est immobilisé. Entre ses longues mèches noires, ses yeux verts, se sont échappés : se plantant dans les prunelles de l’homme en face de lui, battant une nouvelle fois des paupières, quand le linge frotte délicatement la plaie. Le sang souille et imbibe, le linge blanc, Gobelin lève une main, accroche le tissu plutôt que le poignet de l’homme, “vous allez vous sal…” s’apprête-t-il à dire.

    Jusqu’à surprendre son sourire.

    La complicité de son regard, s’abat comme une gifle. Son séant retombe sur ses talons, non plus courbé face à lui, il se tient assis, les mains reposées sur ses cuisses. La tête se penche légèrement sur le côté, un sourire plus doux, revient sur ses lèvres, bien qu’il détourne timidement les prunelles.

    Face à sa question, il se contente de secouer négativement la tête dans un geste amusé. Il ne prend pas la peine de répondre, pas encore, préférant laisser soin à son ami de reprendre son rôle de juge. Profitant qu’il se soit détourné de lui, pour lever une main vers sa propre plaie : effleurant les bords ensanglantés, ses doigts s’attardent sur la traînée humide laissée par le linge du Duc.

    Son ami.

    Son ami…

    C’est si étrange, c’est, un concept presque inconnu, incongru, Gobelin se demande s’il l’a bien entendu. Observant sur la paume de ses doigts, le sang dilué qui s’incruste au sein des imperfections de sa peau, qu’il frotte méthodiquement entre ses doigts. Comme une promesse, faite dans le sang, le sien.

    Mais quand le regard, cherche le sien, Gobelin sort de ses pensées : ses yeux s’unissent franchement à ceux du Duc sans plus se détourner. Au travers des yeux verts, rien d’autre, que cette lueur de folie douce au fond des pupilles, contenue par la force, de cette volonté si bien accrochée à ses convictions.

    Si le Duc s’égare, le Gobelin ne compte pas le laisser, s’oublier.

    Oublier, cette lumière au fond de son être, la flamme si frêle, de cette bougie, n’est-ce point pour cette raison, qu’il a créé les Lanternes ? Pour offrir un peu de clarté, à celleux plongé.es dans l’obscurité, un peu d’espoir, à celleux qui ont tout abandonné.

    Les ordres du Duc apaisent Odalus. L’enfant frotte ses yeux, soulagé, il retrouve lui aussi le sourire. Ses yeux vont vers l’homme, s’unissent à ceux de Gobelin et se braquent vers Emilie. La jeune femme, sidérée, se redresse en tremblant, s’incline à 3 reprises devant le Duc - se recule d’un pas, tourne la tête vers Odalus, hésitante…

    Gobelin les observe, un sourire aux lèvres. A la demande du Duc, Gobelin plisse les paupières et lui adresse un long, très long regard. Ses yeux verts, plantés dans les siens, Gobelin hoche doucement la tête, puis ses prunelles guident le regard de son ami, vers l’enfant et Emilie.

    _ Oui. Est-ce ce qui compte le plus pour vous ?

    Murmure Gobelin, à son adresse. Il n’y a ni jugements, ni dureté, c’est une simple question, de la, curiosité. Assis, il a reposé un coude sur son genou, l’autre main, le tient au sol. D’un geste de la tête, il donne l’accord à Emilie : la jeune femme se précipite jusqu’à Odalus, tombant à genoux, elle l’enlace. L’enfant glisse ses bras autour de son cou et les 2 restent ainsi l’un contre l’autre, ne prêtant heureusement, pas attention à la remarque de Thomas.

    Remarque, qui voile un instant le regard de Gobelin, le sourire s’efface sur ses lèvres.

    Ces yeux morts, le Duc les a déjà vus.

    _ … Je suis satisfait. Merci. Pour eux. Pour tout.

    Emilie se détache finalement d’Odalus, qui la salue de la main - et la jeune femme préfère retourner en direction de l’orphelinat pour y réaliser les tâches qui lui ont été confiées. Gobelin se redresse, d’un geste souple et vif à la fois, avant de tendre les mains au Duc pour l’aider à se relever. Quand Yu-Seong se redresse, le dépassant d’une bonne tête, Gobelin sourit avec malice et détache ses mains, les lève en agitant les doigts.

    _ Ca ne vous gêne pas, d’être ami avec un Gobelin ? Ne craignez-vous pas, ce que l’on pourrait penser ? Et pis encore ! La honte qu’il pourrait vous infliger, ce satané Gobelin ? Il fait des bêtises, il met son doigt dans son nez, il ne sait pas différencier un verre d’eau d’un verre à vin, et ça les bonnes manières, on peut les oublier !

    Il éclate de rire et pose les mains sur ses hanches.

    _ Par contre, on dit qu’il chante très bien et que ses spectacles sont magnifiques ! Peut-être qu’il en fera un en votre gloire ! La victoire du Duc d’Adda sur le Dragon Rampant !

    Pouffe-t-il, basculant malicieusement sur ses getas, l’une après l’autre.

    _ Ne craignez vous pas d’être déçu ? Il y a probablement mieux, mieux qu’un petit Gobelin, qui n’a pas sa langue dans sa poche mais qui n’a pas d’argent dans sa bourse ! Mais ah ! Gobelin, est-ce à toi de juger si tu es digne ou non, de l’amitié de quelqu’un ? Tais toi et prends donc ce cadeau !

    S’encourage-t-il en basculant en position accroupie.

    _ C’est si précieux… Je suis heureux ! Heureux d’être, amis !

    Son sourire est radieux.

    Il n’y a plus aucune trace, plus de disgrâce, plus de crasse, il ne reste que les yeux étincelants, émeraudes déposées au sein d’un écrin, si clair, le sourire qui dessine, le creux des joues, fossettes aux pommettes saillantes qui réhaussent le doux plissement des paupières. D’une joie qui s’échappe, en un petit mouvement des mains, les paumes qui cognent à deux reprises, puis les doigts qui se joignent comme un geste de prière.

    _ Donnez moi donc, le joli mouchoir. Gobelin le lavera et vous le rapportera !

    S’est soudain approché, la créature ; les mains effleurent celles de l’homme, récupèrent le mouchoir ensanglanté subtilement pour le plier et le glisser dans sa propre poche. Ses mains reviennent prudemment saisir celles du Duc, entre ses longs doigts aux griffes acérées, les ongles, caressent les pouces de l’homme un instant.

    _ Comment est-ce que vous allez, vous ?... Comment est-ce que… est-ce…

    Car il se souvient, de ses grimaces, de sa douleur, de la raideur de ses gestes.

    De ses yeux si froids. Si noirs.

    De l’obscurité au fond des pupilles.

    _ Comment est-ce que tu te sens ?

    Le tutoyer, ça l’étrangle presque, c’est si, inhabituel, et pourtant, c’est si, naturel.

    Au tour de Zeng, d’avoir franchi une barrière, il a sauté par dessus le fossé, il a accepté, de laisser leurs âmes finalement, s’approcher. Car il y a plus à craindre, que montrer son vrai visage : c’est le cacher.


    Zeng Min
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    Sam 6 Jan - 2:03

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Lazur n’avait rien à envier aux talents de conteur de Gobelin; ses descriptions étaient claires, si claires que même un bonhomme comme Rayan pouvait s’imaginer les scènes aisément. L’Empire semblait si différent des Terres ! Plus de verdure et moins de sable, déjà. Et des pégases au lieu de wyvernes ! Beaucoup moins robustes, mais tellement plus gracieux ! Ah, bien que Babel ait construit une tour pour Zorya, il était clair que la Déesse préférait Nuhoko. Cela restait le berceau de l’humanité après tout.

    Le soldat ne remarqua d’abord pas le silence de son interlocuteur, lui-même plongé dans ses rêveries. Or, lorsque le mercenaire lui présenta le revers de la médaille, le vieux guerrier retrouva son sérieux (s’il en avait). « Uh. » Rayan n’y avait pas trop prêté attention, mais c’est vrai que Gobelin n’était pas un modèle de beauté … Ce type n’avait vraiment pas eu de chance de naître dans un pays aussi à cheval sur la perfection physique ! S’il était né à Babel, aurait-il eu une vie plus douce ?

    Lorsque Lazur complimenta Yu-Seong, le soldat décolla son visage de ses grosses mains. « Ne lui dîtes surtout pas ça, » l’avertit-il. « Je sais que vous ne pensez pas à mal, mais, euh, comment dire … » Il se gratta le cou, mal à l’aise. « Disons que le duc a une relation… compliquée avec l’Empire. » Normal pour un supposé bâtard que l’on soupçonnait être 100% nuhokais. Il leva les yeux au ciel dans un soupir. « Ah, c’est vraiment moche qu’ils n’aiment pas les moches ! On dirait qu’aucune nation n’est parfaite finalement ! » Il rabaissa son regard sur ses doigts qui servaient à compter chaque pays. « Dans l’Empire, on ignore la beauté intérieure. Dans le Royaume, il y a l’esclavage. Dans le Domaine, il y a … Euh … Trop de neige, tiens ! » rigola-t-il un peu avant de reprendre : « Même Babel n’est pas si belle, vous savez. Les peuples se mélangent, et on va peut-être me critiquer pour mon avis, mais j’ai l’impression que ça ne fait que créer de la confusion chez les enfants. »

    Il se gratta une nouvelle fois, détournant le regard. « Prenez le duc par exemple. Sa mère venait de Mori, et ça lui a fait plus de mal que de bien. J’ai rien contre la dame, hein ! C’était une femme incroyable comme je l’ai déjà mentionné, mais son fils… aurait sûrement préféré n’avoir qu’un seul héritage. » Ses sourcils s’étaient froncés; de toute évidence, Rayan n’appréciait pas ceux qui osaient utiliser les origines de son seigneur contre lui. Yu-Seong était né et avait grandi à Babel, mais on n’avait cessé de lui répéter que sa place était Nuhoko. Comment était-il censé se sentir à votre avis ?!

    « … D’ailleurs, je suis désolé pour votre patron. Il ne l’a pas eu facile non plus on dirait. » Un sourire entendu apparut sur ses lèvres. Deux bras droits qui devaient soutenir leurs chefs aux passés tragiques ! Drôle de coïncidence. « Ça a l’air d’être un chic type pourtant; assez pour que mon seigneur l’apprécie en tout cas ! » Ou du moins, Rayan espérait que l’Adda appréciait réellement Gobelin … Parce que le connaissant, il était fort probable que son duc ne faisait qu’utiliser le mercenaire. Mais on n’allait pas dire ça à Lazur.

    Pendant ce temps, l’intense partie de cache-cache se poursuivait. En entendant le commentaire – ou la menace – d’Elea, Lorin se colla davantage contre le tronc d’arbre derrière lequel il s’était caché. L’avait-elle réellement vu ? Le soldat osa jeter un coup d’œil et constata que les enfants pointaient vers une toute autre direction … Ah, mais … Quelque chose bougeait bel et bien dans les buissons, non ? Soudain, un petit oiseau en sortit, sautillant joyeusement. Or, en voyant les humains aussi proches, il prit aussitôt son envol. Ha ! Haha ! « Raté, c’était juste un oiseau ! » se réjouit Lorin, à son tour victorieux, jusqu’à ce qu’il réalisa… qu’il venait de dévoiler sa position comme un abruti. « … Ah, zut. »

    Moins stupide que ce jeune soldat, Gobelin répondit à l’interrogation du grand seigneur par une autre question. Qu’est-ce qui comptait le plus ?

    L’approbation de son nouvel ami ? Le bonheur de l’orphelin ? La survie de l’adolescente ? Son propre plaisir ? Passer un jugement juste ? Qu’est-ce qui était le plus important ? Yu-Seong garda le silence, car il l’ignorait. Néanmoins, lorsqu’il surprit le regard sombre devant lui, un fait s’imposa dans son esprit : Gobelin mentait. Il n’était pas satisfait. La mort ne le satisfaisait pas. Fascinant. Et douteux.

    Un peu jaloux de l’agilité de son ami, le duc accepta malgré tout son aide pour se relever (avec une légère grimace qu’il tenta de réprimer). Pour une fois, il avait hâte de se coucher dans son lit moelleux et d’y rester ! Mais ce sera pour plus tard. Présentement, Gobelin détendait l’atmosphère comme lui seul savait si bien le faire. Son noble camarade accompagna même son éclat de rire. « Je ne dirais pas non à un spectacle en mon honneur ! » Bien qu’il n’osait pas imaginer les libertés artistiques que ce gobelin comptait prendre …

    L’être vert était tellement heureux que sa joie était contagieuse. Même qu’avec ses yeux brillants et son sourire sincère, il n’avait plus rien de moche. Yu-Seong haussa les épaules, paumes tournées vers le ciel. « C’est mon droit d’avoir un petit gobelin comme ami, et jusqu’à présent, j’en suis très satisfait. » Au même moment, une soldate passa à côté d’eux afin de s’accroupir devant Odalus, tout sourire. « Eh bonhomme, est-ce que tu veux dire bonjour à tes amis à l’intérieur ? » lui demanda-t-elle doucement. Peut-être que l’orphelin avait envie de revoir ses anciens camarades. Si tel était le cas, alors la dame allait le porter jusque dans la bâtisse. Sinon, elle allait se contenter de hocher gentiment la tête avant de rejoindre ses collègues.

    Puis, Gobelin récupéra le tissus blanc qui n’était plus si blanc. « Oh, tu peux le garder. Considère cela comme un petit cadeau d’amitié, » s’amusa le duc. Un mouchoir de plus, un mouchoir de moins … Quelle différence pour un puissant seigneur ? Pour un mercenaire par contre, ce bout de tissus pouvait se révéler utile. Cependant, Yu-Seong ne s’attendait pas à ce que Gobelin saisisse à nouveau ses mains. Il pouvait sentir les os et les griffes le caresser au travers ses gants. Hum … Était-ce pour attirer son attention ? Intrigué, le grand homme haussa un sourcil avant qu’un sourire n’éclaire son visage. Il l’avait tutoyé ! Il l’avait enfin tutoyé ! Hahaha ! Cela faisait du bien de l’entendre ! Néanmoins, le petit gobelin semblait encore se faire du soucis pour sa vieille blessure. C’était gentil, mais …

    « Je t’en prie, cesse de t’inquiéter pour cela, » le rassura Yu-Seong d’un ton léger. « Si je suis capable de tenir debout, considère que tout va b… » Comment Gobelin tenait doucement ses mains. Comment Gobelin lui parlait. Comment Gobelin le regardait. Comment Gobelin s’était approché. Comment Gobelin avait créé une bulle intime.

    … Il ne parlait pas juste des douleurs physiques, n’est-ce pas ?

    Nope. Nope. Nope ! Même si le duc s’était tut et paniquait intérieurement, son expression charmante restait intacte sur son visage. Nope, nope, nope ! Gobelin avait dû remarquer ses doutes ! Gobelin n’était pas censé voir ça ! Merde, pourquoi avait-il l’impression d’être dos au mur ?! Ce n’était qu’une simple question stupide ! Il avait juste à répondre comme d’habitude : "Je vais très bien, merci, et vous ?" Mais alors, pourquoi … Pourquoi sentait-il le besoin de raconter tout autre chose ? Pourquoi mourrait-il d’envie de lui poser cette question qui le taraudait ?

    N’avais-tu pas envie de tous les tuer ?

    Le duc ne comprenait pas le gobelin. Le duc voulait comprendre le gobelin. Mais il ne fallait pas que le gobelin comprenne le duc. C’était un peu trop effrayant de s’ouvrir de la sorte, surtout pour montrer des squelettes dans le placard. Bon, d’accord, Yu-Seong avait osé baisser la garder plus tôt; cela avait payé puisqu’il s’était fait un nouvel ami. Maintenant, il avait peur de perdre cet ami s’il parlait trop, de la même façon qu’il avait peur de perdre tous ses proches s’ils découvraient ses magouilles – magouilles totalement justifiées, mais quand même.

    C’était Gobelin qui devrait craindre d’être déçu et non l’inverse.

    … Ah ! La crainte ! Bien sûr ! Voilà son échappatoire ! Le noble pouvait aisément tourner la question contre le roturier. Les réflexes apeurés de ce dernier n’avaient pas passé inaperçus lorsque l’autre avait voulu nettoyer sa plaie. Tel Odalus et sa peur instinctive du bâton, Gobelin avait peur de recevoir des coups. À chaque fois que le duc le touchait sans crier gare, tous les muscles du mercenaire se tendaient. C’était un peu triste à voir. Compréhensible compte tenu de son passé, mais triste malgré tout. Quoi faire pour qu’il se détende en sa présence ? Parce que bien franchement, le seigneur n’avait pas trop envie que son nouveau camarade craintif le poignarde un jour par réflexe ou que sais-je.

    Gardant les mains du gobelin dans les siennes, Yu-Seong les balança de gauche à droite, joueur. « C’est plutôt à moi de poser cette question, » reprit-il nonchalamment comme s’il n’y avait pas eu un silence de plusieurs secondes. Ne trouves-tu pas qu’elles méritaient de mourir ? voulait-il dire ensuite. « Nous sommes amis désormais, alors sache que je ne lèverai jamais la main sur toi, » affirma-t-il plutôt. Un pouffement s’échappa de ses lèvres : « Enfin … Prends note que même si nous n’étions pas amis, je ne t’aurais pas frappé. Ce n’est pas vraiment mon style, vois-tu. » Ben non, hein ! Aucun problème à couper des têtes, mais les coups de poing, c’était trop !

    Mine de rien, l’Adda plaça la main gauche de son ami contre sa propre épaule. Son autre main toujours dans celle droite de Gobelin, il étira leurs bras à l’horizontal avant de plier légèrement leurs coudes. « Et puisque tu es l’estimé ami d’un duc, tu vas également devoir apprendre à danser, » continua-t-il à plaisanter – à moins qu’il était sérieux ? Pourquoi ne veux-tu pas avouer que tu avais hâte qu’elles meurent ? pourrait-il glisser. « Je pourrais t’enseigner à l’occasion, » proposa-t-il à la place. « Même si j’étais bien meilleur dans ma jeunesse, ah … » On devinait pourquoi; il n’avait plus aucune souplesse. Aujourd’hui, il acceptait seulement de danser avec sa femme et ses filles… et Gobelin faut croire.

    Yu-Seong avait placé leurs deux corps dans la position de départ d’une valse. Était-ce vraiment le bon moment pour danser ? Mais bien sûr ! Premièrement, c’était une excellente diversion. Deuxièmement, ce n’était pas comme s’ils avaient quelque chose à faire en attendant le retour des deux cons qui enterraient les cadavres. Troisièmement, les autres soldats n’osaient pas les déranger par peur de devenir eux-mêmes des cadavres, alors les deux amis pouvaient bien s’amuser à faire n’importe quoi.

    Dis-moi que j’ai raison de les détester, manqua-t-il de lui souffler. « As-tu le sens du rythme, Gobelin ? As-tu l’habitude de danser sur scène ? » s’enquit-il plutôt, curieux. Même s’il ne doutait pas une seule seconde que ce mercenaire saltimbanque savait se trémousser, il était à peu près certain que les danses en couple lui étaient inconnues … À moins que le peuple était plus cultivé que prévu. Pitié, dis-moi que je ne suis pas fou, chercha-t-il à supplier en vain.

    Le grand aristocrate décida ensuite de brûler les étapes; sans plus attendre, il fit tourner lentement son partenaire sur lui-même. Il trouvait ça marrant. À l’heure actuelle, ils étaient vraiment le couple le plus bizarre du fief ! Oubliant pendant un bref instant que c’était un homme qu’il avait entre les mains et non une jolie demoiselle, Yu-Seong attira Gobelin contre lui une fois le tour complété. Ah, oups … Bon, pas grave. Il pourrait toujours en profiter et lui murmurer : « Pourquoi ne voulais-tu pas qu’elles meurent ? »

    … Sauf que cette fois, la pensée intrusive avait réellement quitté ses lèvres. Il l’avait dite à voix haute. En le réalisant, son corps se figea et ses yeux s’écarquillèrent. Merde. Reprends-toi ! Dis quelque chose d’autre ! Mais sa bouche se referma, car il y avait une part de lui qui voulait entendre l’explication complète de Gobelin. L’autre part était terrorisée, car s’ouvrir, comme on l’a déjà mentionné, c’était vraiment effrayant. Le duc parvint malgré tout à retrouver une expression à peu près neutre. À peu près.
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    Lun 8 Jan - 17:00
    La remarque vive de Rayan attire naturellement l'attention de Lazur. Le jeune homme lève un sourcil et hausse légèrement les épaules.

    _ Bien. Je n'aborderai plus ce sujet.

    Il détourne les prunelles et, fatalement, ferme les paupières.

    _ Les Hommes chercheront toujours des raisons pour lesquelles se haïr. Quand ce ne sont pas les origines, ce sera la couleur de peau, la longueur du nez, la façon de prier… Je ne devrais plus être surpris de le constater et pourtant, j'en entends chaque jour, des histoires de vie affreuses. Je plains le Duc, non seulement pour le rejet qu'il a eu pour son physique, mais aussi pour la trahison que son propre frère a été capable de faire. Certaines blessures, sont inguérissables.

    Les yeux de Lazur se rouvrent et se dirigent vers Rayan, pour le dévisager avec une extrême attention cette fois.

    _ Un chic type ? Qu'est-ce qui vous le fait dire ?

    Il demande. La voix, comme toujours, dénuée d'émotions particulières, comme pour exprimer un détachement. Instinctivement, il protège Gobelin, leur lien, sa réputation.

    _ … Ne soyez pas désolé. La vie est injuste. Gobelin ne trouvant refuge, dans aucune terre, a fondé ce groupe itinérant où les différences sont… mieux acceptées. Une façon comme une autre, de lutter contre ces injustices, tout du moins, tâcher de donner les mêmes chances, à toustes celleux qui le rejoignent. Il est utopiste, fantasque, imprévisible, je ne sais pas encore, s'il est complètement fou ou s'il y a bien une raison, dans son esprit. Mais l'on ne peut nier… Qu'il a su me donner l'espoir, d'un monde un peu meilleur que celui que j'ai connu.

    Face à l'oiseau, Elea fronce les sourcils - et doit baisser son arme sous la pression d’Ignace. Les deux enfants se tournent d'un même geste vers Lorin lorsqu'il trahit sa position. Les babines d’Elea se retroussent dans un grand sourire victorieux.

    _ On t'a trouvé ! A ton tour de compter. Et cette fois, tu devras trouver Ignace en plus !

    Ignace hoche la tête. Il court vers Rayan et Lazur, et glisse dans la main du lépreux la laisse de son chien à roues. L'enfant part ensuite en direction de la rivière, alors qu’Elea va auprès de la carcasse du dragon pour se réfugier dans le tonneau qui lui sert de ventre.

    Lazur observe un instant le chien, dont il tire légèrement la laisse.

    _ Votre Duc est un homme avec lequel je ne me permettrai probablement pas de plaisanter, avoue Lazur finalement, Il a l'air bon… Et ferme sur ses décisions. D'une autorité incontestable. Mais il semble plutôt bienveillant envers ceux qui le servent. J'ai rencontré l'un des vôtres. Un soldat particulièrement loyal, du nom de… Comment va-t-il ?

    Odalus cligne des yeux à la proposition de la soldate - après un regard échangé avec Gobelin, il tend docilement les mains vers la soldate.

    _ Je veux bien, s'il vous plaît. Merci d'avoir pensé à moi.

    L'enfant noue ses bras autour d'elle et se laisse docilement soulever.

    _ Je ne suis pas trop lourd ?

    Il s'inquiète, s'accrochant légèrement à ses épaules. Ses yeux reviennent vers l'orphelinat. Bien que ses épaules s'affaissent, l'enfant ne baisse pas la tête. Se mordant la lèvre, il s'efforce de garder les yeux bien droits, de se montrer, digne.

    La dignité.

    C'est ce que le Duc a offert au misérable Gobelin - face à lui, Gobelin ne se sent pas écrasé sous le talon d'un puissant. Il se sent, libre d'exister, non pas contraint de se soumettre, pour satisfaire. Le besoin de s'effacer, de disparaître, de s'écraser pour être épargné. Mais Gobelin n'a pour autant, jamais été su se taire, jamais su, s'éteindre, il y a toujours cette flamme, qui brûle au fond de son regard. Feux follets, d'un espoir que les échecs et la violence n'ont pas su vaincre, aussi fantomatique soit cette lueur, elle continue de briller.


    _ Cadeau, cadeau !
    Couine joyeusement la voix cacquettante, le beau tissu, soigneusement plié et glissé à l'intérieur du kimono vert. Jusqu'à ce que les mains, s'extirpent des manches : comme des serres, elles se referment sur leur proie. Les longs doigts, osseux, entourent précieusement, la chair plus tendre. Le derme froid, se presse contre celui plus chaud, comme pour ravir, ravir la vie qui y coule, les ongles acérés, effleurent les veines, le pouls contre ses doigts, le coeur qui bat, les yeux, plantés dans ceux de son ami.

    Gobelin cligne des paupières quand le Duc commence à agiter ses mains, de droite à gauche. La tête de la créature commence à dodeliner en rythme, basculant d'un côté puis l'autre, mouvement accompagné par sa longue chevelure huileuse. A la remarque, sur les coups qui ne s'abattront jamais, sourire carnassier, s'imprègne et un rire ébranle son larynx.

    _ Ce serait, se couper, sur les os saillants, que taper Gobelin, ça ne procure, pas beaucoup beaucoup, de plaisir, roucoule-t-il en battant des cils. Car il se doute, que le Duc ne le fera jamais - qu'il enverra peut-être un de ses soldats le faire, si Gobelin fait, un pas de travers.

    _ Mais l'avantage ! C'est que ça le fait se taire et ça, ça, ce n'est pas rien !

    Rit franchement la créature, l'autodérision, pour armure. Gobelin, n’est pas dupe, et malgré ce qu’il laisse croire, n’a rien d’un homme utopiste. Les espoirs déjà maintes fois brisés, les rêves piétinés, trahi, à tant de reprises qu’il pense seulement que ce n’est qu’une question de temps, d’occasion, avant que le Duc n’ordonne, coupez lui la tête, tuez le, enterrez le, laissez le, aux charognards. Et finalement, y penser suffit à ce que la crainte, s’efface, comme si elle, n’avait pas lieu d’être, ou comme s’il savait, que ses peurs n’empêcheraient rien.

    Car rien, n’est acquis, alors autant saisir, ce qui s’offre à lui, se satisfaire, du moment présent, de l’instant, le sourire de Gobelin se fait, sincère, rayonnant, quand le Duc guide sa main sur son épaule. Gobelin est bien plus petit que l’Adda, bien plus frêle aussi.


    _ Danser ?!
    Coasse Gobelin, stupéfait, Pourquoi danser ? Allez-vous donc mener, Gobelin, sur une piste un jour ?

    Son coeur bondit, dans sa cage thoracique, amusé, la créature secoue légèrement la tête, de droite à gauche, comme pour chasser au loin cette idée. Mais elle s’accroche à tout cet être imaginaire que Gobelin s’est façonné, Zeng Min, aurait probablement été assez digne, assez beau, pour se pavaner aux bras de son ami… Non, non, dans ce monde, à cette époque, c’est interdit.

    Interdit, de voir deux hommes ensemble, interdit, de les voir même, se prendre la main ou s’effleurer.

    Le Duc le sait, pourquoi alors, se saisit-il de ce risque ? Seulement, car il est chez lui ?

    Le sourire s’efface. Le regard ailleurs, suit pourtant avec avidité la main qui le conduit, les pas qui l’entraînent. Son corps se laisse mener, quelques secondes, jusqu’à s’approprier le rythme. Valse, 3 temps ; l’index de sa main gauche, tape doucement le rythme contre l’épaule de son ami.


    _ … Yu-Seong, je… Je serais très heureux que tu m’apprennes.


    Sa main s’accroche un peu plus solidement à l’épaule de son ami, et sa main libre, glisse très doucement, lentement, tendrement, ses doigts entre les siens. Ses yeux verts, entre ses mèches noires, se lèvent pour s’unir à ceux de l’homme en face de lui. C’est une demande, presque, une supplication qui s’est soudain échappée de ses lèvres. Comme s’il proposait, à un affamé, une bouchée de pain, ses lèvres s’entrouvrent puis se pincent, les yeux mi-clos, ne suffisent pas à éteindre les cendres agitées de quelques étincelles. Parcelles de vie, qui s’éveillent.


    _ J’aimerai, j’aimerai…!


    Sa voix s’étrangle, entre ses lèvres, surpris, Zeng et Gobelin, clignent des paupières.

    La créature, en lui, gémit. J’aimerai, vivre comme le font les Hommes, me sentir, comme l’un des vôtres ! Zeng, reste silencieux, et les deux visages, incapables de se superposer, incapables de s’imposer, laissent un blanc prendre ses aises, dissociation soudaine, qui ne dure que quelques secondes. Le mouvement l’arrache, de cette inertie et Gobelin finalement, rit et gazouille, voltige malicieusement, entre les mains du Duc. Fait mine, de l’emporter ou de se dégager, pour mieux revenir et l’accompagner.


    _ Encore, encore ! Tu danses très bien !


    Encourage le Gobelin, tout sourire, venant même plus proche encore. Le Duc discerne peut-être, entre les longs cheveux, la peau diaphane, sous laquelle s’esquissent les veines verdâtres, les imperfections de peau, les cicatrices, qui tailladent, ici l’arcade, ici le nez, là la mâchoire ou encore, le coin des lèvres. Traits émaciés, un peu de paillettes abandonnées sur les paupières, du mauve, qui met en exergue, le vert de ses paupilles.


    _ Gobelin aime, danser ! Mais ses danses, sont souvent faites seul, ou parfois, en groupes, mais pas à deux, pas à deux, personne ne danse d’habitude, avec Gobelin, tu es, tu es le premier…


    Sa tête bascule sur le côté, dans un rire, d’une innocence étrange : sa joie, cascade, comme une pluie d’été. Eclat de coeur, qu’il donne sans vraiment y penser. Les cheveux, accompagnent le geste, il a tout d’une demoiselle à son premier bal, le rouge qui monte aux pommettes et les mains qui referment légèrement leur étreinte.


    _ Gobelin pourra montrer, à son ami, les danses qu’il a l’habitude de réaliser !


    Lorsque l’homme le fait tourner sur lui-même, c’est avec une surprenante maîtrise que le sylphe voltige : se tenant d’une main, s’élance et tournoie, avec élégance, revient en douceur, contre son partenaire. Ivresse, de leur corps qui revienne l’un contre l’autre, le sursaut se perçoit à peine, s’étouffe sous un nouveau pouffement, il s’amuse. Et si l’esprit du Duc est troublé, en cet instant, lui n’est que, clarté.

    Comme si tout, tout ce malheur, était déjà loin derrière eux, comme si cette incompréhension, n’avait jamais existé, Gobelin n’y voit qu’un jeu… Jusqu’à la question. Un silence.

    Les paupières battent à deux reprises. Les yeux verts, s’égarent le long du visage du Duc, s’arrêtent sur ses lèvres, comme pour s’assurer, que c’est d’elles d’où proviennent les mots qu’il vient d’entendre. Plus de sourires, pas de grimaces, seulement la tête qui se redresse.


    _ Pourquoi…?


    Répète Zeng, d’une voix éteinte. La tête se penche, s’incline sur le côté, sur les lèvres, s’esquisse un sourire, tendre et amusé.


    _ … Tu ne cesses de me surprendre. Et j’aime apprendre à connaître, ce nouvel ami que la Déesse m’a confié. Merci de t’intéresser, à moi et à ce qui compte, pour moi.


    Zeng récupère une de ses mains, d’un geste, place une mèche derrière son oreille, avant de reposer sa main sur l’épaule du Duc. D’une inclinaison de son corps, souple et élégante, invite le Duc à reprendre la danse.


    _ Les raisons que je pourrais te donner sont très nombreuses. La première d’entre elles, est que je ne peux pas me réjouir de la mort. J’en suis, incapable. Je n’ai jamais pris de plaisir, ni à tuer, ni à voir les autres mourir. La mort, est naturelle, mais la recevoir ou la donner…


    Un frisson ébranle son corps famélique, mais, roseau, se redresse.


    _ J’avais une dizaine d’années, quand j’ai vu un homme supplier pour sa vie, la première fois. Quand j’ai vu, des personnes que je connaissais, ne plus même se saisir de leurs armes, mais l’étrangler à la force de leurs seules mains.

    Murmure Zeng.


    _ L’agonie, m’est parue si longue. L’homme s’est débattu et s’en est pris à moi. M’a renversé et m’a heurté si violemment le crâne, contre l’écorce d’un arbre, que j’ai senti le sang inonder mes cheveux. Et je l’entendais supplier. Ils l’ont achevé et son sang, s’est probablement mêlé au mien. Les gens qui l’ont tué, étaient des personnes qui m’ont offert compassion, bonté, attention et tendresse, j’ai découvert ce jour, toute la sauvagerie et la brutalité, que les âmes renferment.


    Il raconte, d’une voix lente, posée. Calme olympien, d’une histoire qu’il a sans cesse revisitée.


    _ Une autre d’entre elles, est le fait que l’on ait tant désiré, ma mort. Pour des causes qui, aujourd’hui, me paraissent toutes futiles et qui suffisent pourtant, à ce que l’on désire ma fin. Pour mon physique, pour mon esprit, pour ma liberté, tout cela car j’ai fait l’erreur, de penser, de parler, d’agir, juste parfois, d’exister. Lorsque je vois avec quelle facilité, l’on peut décider qu’une personne doit cesser de vivre, cela m’effraie, je réalise à quel point, chaque seconde que je vis, est un cadeau, j’ai même parfois l’impression, de voler ce temps aux autres. Voir la mort, me rappelle ma propre fragilité, ma vulnérabilité, mon illégitimité à exister. De quel droit, puis-je vivre et de quel droit, puis-je retirer une vie, lorsque l’on a maudit mon existence, lorsque mes parents, m’ont abandonné, lorsque la société m’a rejeté ? Qui suis-je… pour disposer d’une telle autorité ? Je ne suis qu’un humble, humble… Gobelin.


    Zeng sourit sans joie, cette fois. Las, ses yeux ne renferment plus aucune lueur.

    _ Une autre raison, que je puis donner… Est probablement égoïste et utopique. J’ai été traité, toute ma vie, d’engeance de Nergal, porteur, de Calamité. Ils s’attendent tous, à ce que je sème mort et destruction sur mon passage, m’ont traité, comme un monstre, me traçant une destinée, qu’ils croient irrémédiables, qu’ils croient inhérentes, à ma nature. Tout cela, car mon corps et mon esprit, ne correspondent point à ce que la Civilisation exige. Mais je ne suis pas, ce qu’ils veulent que je sois.

    Zeng redresse la tête. Et ses yeux se plantent, dans ceux de son ami. La flamme, se ravive, prend de l’ampleur, cette fois, c’est avec fermeté qu’il reprend.

    _ Je ne suis pas, ce qu’ils prétendent. Et je ne serais jamais comme eux. Ils ne m’ont pas brisé. Ils n’ont pas vaincu ma bonté, ils ne m’arracheront jamais, tout l’amour que j’ai décidé d’avoir pour le Monde. Leur haine, leur rejet, leur rage, ils ont tout fait, tout fait pour m’empoisonner avec, pour que je devienne, le monstre qu’ils rêvent de tuer, car je suis, pour tant d’êtres ! Le réceptacle de leur mal-être et qu’ils pensent que m’évincer, les soulagerait. Ils ne m’ont pas souillé. Et je n’agirai jamais, comme eux l’ont fait à mon adresse. Car je veux être ! Porteur d’espoir. La lumière, dans l’obscurité. La Lanterne Verte. Car je refuse de suivre cette voie qu’on m’a tracée. Car je veux, changer ce que je peux changer, agir, sur ce que je peux agir. Probablement car j’espère un jour, un monde plus beau, plus tolérant, où l’on essaiera de résoudre les problèmes différemment, que par les guerres, les massacres, la violence.

    Puis le masque se brise, lorsque Gobelin surgit d’un sourire, qui étire ses lèvres et dévoile les dents, d’un pouffement qui secoue la cage thoracique, la tête qui bascule, de l’autre côté.

    _ Mais je ne suis, je ne suis qu’un humble Gobelin. Misérable et sans pouvoirs, sans aucune responsabilité, si ce n’est celle, de sa propre existence ! Ces choix, sont bien plus simples pour moi car ils ne concernent, que ma personne et qu’un Gobelin, n’a pas vraiment d’influences sur le monde ou les autres. Et ! Ne te méprends pas, mon ami. Gobelin a aussi soif, de justice.

    Il roucoule, les yeux plissés.

    _ Elles devaient payer. Gobelin souhaitait, à ce qu’elles souffrent, à ce qu’elles soient punies, pour le mal qu’elles ont causé. Si elles avaient été ! Simples mercenaires, sans dirigeants, Gobelin, leur aurait tranché les jambes ou mangé les yeux, pour leur apprendre, à vivre dépendantes ! Qu’elles vivent, ce que ces enfants traversent, qu’elles connaissent, la peur, qu’elles puissent regretter, leurs erreurs. Qui sait ? Se seraient elles excusées ? Auraient elles réalisé, l’imbécilité et la cruauté de leurs actions ? Et combien même, cette rédemption ne serait jamais arrivée, elles auraient dû dépendre, de la bonté des autres pour survivre - elles seraient devenues, vulnérables, en proies à un monde, si dur. Mais c’est au Duc de décider, ce qui est bon pour lui et son peuple, c’est au Duc, d’agir, alors c’est ce pourquoi Gobelin, les a dénoncées.

    Rictus carnassier, innocence cruelle, d’un enfant qui arrache les ailes, d’une libellule - ou de la guêpe qui l’a piqué.

    _ Ne croyez pas, que Gobelin soit un être parfait, n’y voyez, aucune morale, aucune éthique. Beaucoup de choses, sont plus simples pour un Gobelin comme lui. Et toi mon ami ? Pourquoi voulais tu qu’elles meurent ?
    Zeng Min
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    Yu-Seong D. Adda
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    Ven 12 Jan - 4:54

     


    Chivalry and Dragoons


    Les monstres et les enfants


    Si Lazur faisait preuve d'autant d’empathie, Rayan se doutait que c’était parce qu’il avait également eu son lot de tragédies. La lèpre, quoi ! Ce n’était pas rien ! Lui aussi devait être victime de préjugés, lui aussi devait effrayer par son apparence pourtant soigneusement dissimulée. Le soldat était cependant assez sage pour ne pas forcer l’autre à en parler. À sa question quelque peu défensive, le vieil homme sourit doucement : « Ce qui me fait dire ça, ce sont les enfants. Je me fie à leur jugement. Ils semblent à l’aise avec lui. » Et ça, ça lui suffisait.

    La suite ne fit que renforcer sa position. Avoir ce Gobelin comme chef ne semblait pas si mal ! Mais Rayan n’échangerait le sien contre rien au monde, même s’il pouvait se montrer peu raisonnable et très effrayant parfois … Lazur sembla le deviner, ce qui fit rigoler le soldat qui gardait un œil sur Ignace (ce n’était pas comme si Lorin était assez intelligent pour suivre son regard et débusquer le gamin ainsi). « Hahaha, ne soyez pas trop dur avec lui ! Le duc a un meilleur sens de l’humour qu’on pourrait le croire ! » Yu-Seong serait sûrement incapable de supporter le gobelin sinon. « Kirsten ? C’est vrai que niveau loyauté, c’est compliqué de faire mieux que lui, haha ! » Le blond était un peu coincé par contre; Rayan essayait bien de lui retirer ce balais qu’il avait dans le cul, mais c’était peine perdue … « Il va bien. Il n’a pas été puni, si c’est ce qui vous inquiète, » précisa-t-il avec un sourire en coin. Ce grand gaillard était plus perspicace qu’il en avait l’air.

    Ils furent une nouvelle fois coupés par Lorin qui, visiblement, était moins paniqué que la dernière fois. Il y avait du progrès ! « Chef, vous avez vu passer les enfants ? » s’enquit-il. Rayan secoua la tête avant de pointer à nouveau l’arbre : « Et si tu grimpais pour voir ? » Le plus jeune tapa le sol avec son pied, insulté qu’on le prenne autant pour un con : « Ah non, pas question ! Et vous avez le jouet d’Ignace; il est forcément passé par-ici ! » Soupir amusé du plus vieux. « Lorin, on ne va pas t’aider à tricher ! Sois brave et ouvre les yeux ! »

    Vaincu, Lorin fit la moue et s’éloigna pour poursuivre sa longue quête. Ce type était vraiment aveugle, car Rayan pouvait voir la cachette d’Ignace d’ici. Concernant Elea toutefois, il devait avouer qu’elle avait fait preuve de plus d’ingéniosité, or ce n’était pas comme s’il y avait dix mille endroits où se cacher … « Donc vous êtes pote avec Kirsten ? » reprit le vieux soldat comme si rien n’était. "Pote" était sûrement exagéré, mais … « Ça fait plaisir à entendre ! Faut vraiment qu’il apprenne à se décoincer, à profiter de la vie, vous voyez ce que je veux dire ? Peut-être devrais-je vous le laisser pendant une semaine ou deux, hahahaha ! » L’idée était hilarante, mais pas certain que le blond soit du même avis … Allam, lui, serait sûrement emballé par contre. Peut-être trouverait-il enfin l’amour grâce aux conseils des Lanternes Vertes, haha !

    En tout cas, la soldate trouvait l’inquiétude d’Odalus vraiment adorable. « Lorsque tu seras un bel adulte grand et fort, là je dis pas ! Mais pour le moment, ça va, » assura-t-elle gaiement. Comme promis, elle le porta jusque dans l’orphelinat et le garda dans ses bras. Peut-être l’orphelin trouvera-t-il la scène réconfortante : deux soldats à l’arrière tentaient de préparer un vrai bon repas tandis qu’un autre, accompagné d’Emilie, soignait les bobos qui avaient été ignorés par les deux mégères qui nourrissaient désormais les plantes. Les enfants, bien que déboussolés, semblaient s’être enfin détendus; sûrement que la présence de l’adolescente y était pour beaucoup.

    Bien que l’esprit du duc était ailleurs, il était impossible de ne pas remarquer l’allégresse de Gobelin. Qu’une petite danse improvisée le touche autant, c’était … En réponse aux réactions de son cavalier, Yu-Seong se contentait de sourire doucement. Il l’avait certes entraîné dans cette valse parce qu’il avait paniqué intérieurement, mais … Il ne le regrettait pas. Et il n’y voyait aucun mal pour la simple et stupide raison que son ami était si petit et léger qu’il avait l’impression de danser avec une femme plutôt qu’un homme.

    Présentement, Gobelin le dévisageait à cause de sa question involontaire. Yu-Seong détourna le regard, embarrassé par cette erreur de débutant et par le drôle de compliment inattendu. Vraiment indéchiffrable ce gobelin. Il fallut que la danse reprenne pour que les yeux du duc osent revenir sur son ami.

    Ce dernier se mit à lui énumérer plusieurs longues raisons. Si certains pouvaient trouver la loquacité du mercenaire agaçante, ce n’était pas que le cas du seigneur qui ne refusait jamais de bonnes réflexions intellectuelles.

    Premièrement, il semblerait qu’une éprouvante épreuve dans sa jeunesse l’ait marqué au point de le dégoûter à jamais du goût du sang. Hm, intéressant. Était-ce un traumatisme que le duc pouvait utiliser à son avantage ?… Non, non, arrête. C’est ton ami; tu ne devrais pas penser ainsi ! Mais c’était quand même rassurant d’apprendre que cet imprévisible Gobelin ne risquait pas de l’assassiner … Pas dans la joie en tout cas.

    Deuxièmement … Yu-Seong fronça les sourcils. Il détestait entendre Gobelin se rabaisser. Il ne devrait pas se laisser faire ! Pourquoi ne se vengeait-il pas de ses bourreaux ?! Pourquoi ne leur prouvait-il pas qu’ils avaient tort de le voir comme un faible, pourquoi ne leur montrait-il pas sa supériorité en les écrasant ? L’esprit de ce gobelin était fantastique; les autres étaient des imbéciles pour l’ignorer.

    Troisièmement, cela répondit aux questionnements précédents de l’Adda… ou pas. Parce qu’il ne comprenait pas sa logique, lui qui avait fait tout le contraire. Lui qui avait préféré plonger dans cet océan de haine plutôt que de construire un bateau. Lui qui avait décidé d’emprunter la même voie que tous ces nobles corrompus au lieu de trouver un nouveau chemin. Lui qui propageait la peur au lieu de l’espoir.

    Et puis, cette histoire d’un futur meilleur … Ah, tant de naïveté; on croire entendre Adam ! Yu-Seong, lui, avait abandonné ce rêve utopique depuis longtemps. On le lui avait arraché et il n’avait jamais cherché à le récupérer, car il était bien plus facile d’être méchant que gentil, tellement plus satisfaisant de blesser que de soigner. Si le duc ne semblait guère convaincu par les raisons de son ami, la dernière le fit finalement sourire. Œil pour œil, dent pour dent, hein ? Il ne pouvait nier la beauté de la chose; c’était comme jouer avec sa proie. C’était bizarre à dire, mais l’Adda était soulagé de trouver une trace de cruauté chez ce petit homme victime de tant d’injustices. Le cas contraire, il aurait commencé à se poser de sérieuses questions. Puis …

    Ha. Ha ha. Évidemment que Gobelin lui retournait la question. Ce serait impoli de garder le silence, pourtant c’était exactement ce que Yu-Seong fit pendant plusieurs longues secondes. Il réfléchissait à ce qu’il pouvait et ne pouvait révéler, ce qui était un peu injuste considérant que son ami s’était ouvert à lui. Pourquoi ne pouvait-il pas être honnête pour une fois dans sa vie ? Parce que toute vérité n’était pas bonne à dire. Aussi parce qu’il fallait être stupide pour avouer ses crimes, même si la tyrannie de l’Adda était un secret de Polichinelle dans les hautes sphères de son fief adoré … Pas le genre de milieu auquel Gobelin avait accès, donc tout allait bien. Tout irait bien. Et si quelqu’un essayait malgré tout de raconter quoi que ce soit à son ami, le seigneur allait tuer le coupable ! Voilà, problème réglé !

    Sa main droite glissant dans le creux du maigre dos de Gobelin afin de pouvoir le soutenir, le grand homme renversa sans prévenir son cavalier. Cela ne faisait pas partie des pas d’une valse, mais on s’en fiche; ils n’étaient pas dans une soirée mondaine ennuyante. Personne n’allait les juger … Sauf peut-être les soldats qui commençaient à trouver cela très suspect, or ce n’était pas comme s’ils allaient oser le dire devant leur maître. Ou devant qui que ce soit d’autre. Ils ne voulaient pas être les prochains à se faire trancher la tête.

    « Je suis d’avis que certaines personnes ne méritent pas de vivre, » admit-il enfin tout en fixant son ami renversé, le regard assombri par trop d’années plongé dans la haine. « Cependant, tu n’es pas l’une d’entre elles, Gobelin. Je t’interdis de penser que ton existence est insignifiante. Toi, moi, nous… ne sommes pas illégitimes. » Les gobelins et les bâtards avaient eux aussi droit à la vie.

    Incapable de tenir cette position plus longtemps, le duc ramena son partenaire de danse contre lui. « Ugh, je crois que c’était le mouvement de trop, » grimaça-t-il en jetant un coup d’œil à son flanc gauche. À chaque fois que la douleur s’amenuisait, il faisait quelque chose pour la raviver ! Quel abruti ! Mais il avait vu à quel point cette danse comptait pour son ami … Ce serait fort dommage d’y mettre fin aussi tôt, alors il se remit à bouger, plus lentement cette fois.

    « Les autres raisons que je pourrais te donner sont très nombreuses, » répéta-t-il les paroles de Gobelin avec un sourire taquin. « Premièrement … » "Je me réjouis de la mort de mes ennemis" ? "Je prends du plaisir à comploter et orchestrer des assassinats" ? Il ne pouvait pas avouer ça ! « … » Que pouvait-il dire alors ? Qu’il avait été brisé contrairement à Gobelin ? Qu’il avait laissé ces enfoirés de nobles le transformer en monstre ? Qu’il avait été empoisonné par leur vision du monde au point de devenir comme eux ? Qu’il balayait la vie de tous ceux qui le dérangeaient comme n’importe quel bon petit aristocrate devrait le faire ? Qu’il n’était qu’un sale hypocrite avec des beaux discours sur l’amour et la liberté alors qu’il haïssait et contrôlait plus que quiconque sur ces terres ? Qu’il tuait pour apaiser son âme meurtri qu’il n’avait pas su protéger ? Était-ce ce qu’il voulait dire ? Non, parce qu’il faudrait que le duc soit assez lucide pour songer à ces réponses. Ce qui n’était pas le cas; le déni était trop profond.

    « … En vérité, je n’en ai qu’une seule à te donner : je ne crois tout simplement pas aux secondes chances, » finit-il par avouer en fermant les yeux un court instant. « Je ne peux pas me le permettre. En tant que duc, en tant que membre du Conseil, la sécurité de mon peuple est ma priorité absolue. » Après la sécurité de sa propre famille bien sûr. « Trancher des jambes, arracher des yeux … Je comprends ta logique, sincèrement. Mais ce n’est pas prudent. » Yu-Seong fit de nouveau tournoyer son partenaire. « Si tu laisses tes ennemis en vie, ils causeront ta perte, estropiés ou non. » Franchement, quel idiot se repentirait après tout ça ? Et ce serait une erreur de sous-estimer les mutilés; il en savait quelque chose … Même à moitié mort, il était parvenu à orchestrer la fin de son frère. Si lui en avait été capable, alors d’autres également.

    « C’est pourquoi je voulais qu’elles meurent. Afin que les enfants ne vivent plus dans la peur, afin que cette question ne les hante pas pour le restant de leurs jours : "Quand vont-elles revenir se venger ?" » L’Adda ne souhaitait pas que ces orphelins vivent effrayés comme lui. Un cauchemar sans fin. À chaque fois qu’il éliminait une menace potentielle, deux autres apparaissaient ! C’était épuisant, c’était énervant, c’était terrifiant.

    Peut-être qu’avec un peu plus de pouvoir, il pourrait écarter ces nuisances pour de bon … Peut qu’être qu’en devenant le seul et unique souverain des Terres de Babel, il pourrait tuer n’importe qui n’importe quand sans jamais avoir à se justifier ! Lui et sa famille seraient enfin tranquilles ! Là où Gobelin rêvait de paix et d’amour, Yu-Seong rêvait de pouvoir et de domination. Il pouffa soudainement. « Tu sais, Gobelin … La plupart du temps, je ne réserve que deux sorts aux criminels : soit la prison à vie, soit la condamnation à mort. Certains me trouvent quelque peu… "sévère", or les résultats parlent d’eux-mêmes; le taux de criminalité est nettement plus bas qu’à l’époque de mon cher père. » Normal, l’ancien duc ne se souciait que de ses livres; on n’était même pas sûr s’il avait déjà vu son peuple de ses propres yeux … Enfin, non, pas à ce point quand même ! Mais cet homme avait été cent fois plus ermite que son fils, bien que ce dernier commençait dangereusement à basculer dans le même travers … Et après on osait dire qu’ils n’étaient pas liés par le sang !

    « D’autres rétorqueront : "Yu-Seong, s’il y a moins de crimes, c’est parce que les gens ont peur !" » imita-t-il une voix de femme – peut-être était-ce un reproche que son épouse lui avait déjà fait ? « À cela, je réponds : s’ils ont peur, c’est parce qu’ils ont quelque chose à se reprocher. » Cette discussion autour de deux folles mortes se transformait peu à peu en coup de gueule … Une moue boudeuse – presque enfantine – se dessina sur le visage du seigneur alors qu’il continuait à guider Gobelin dans cette valse improvisée. Il avait toujours été à l’écoute des préoccupations de son peuple et celui-ci était généralement très satisfait. Or, certaines plaintes avaient tendance à agacer leur duc, car elles étaient totalement ridicules à ses yeux. Par exemple, certains trouvaient qu’il y avait "trop" de soldats dans les rues. Trop de soldats ! Non mais franchement ! On ne pouvait pas être "trop" en sécurité ! Ils préféraient se faire voler et tabasser dans les ruelles sombres ou quoi ?!

    Heureusement, les deux soldats exécuteurs se repointèrent avant que Yu-Seong ne s’enfonce davantage dans son ras-le-bol. « On a terminéééé ! » annonça joyeusement Thomas, la pelle contre son épaule. Ce type était clairement le comique de service, mais son maître l’aimait bien; les bases besognes ne l’effrayaient pas. Ce fidèle soldat s’arrêta en remarquant la danse des deux zigotos. « Euh, vous faîtes quoi, Monseigneur ? Votre femme risque d’être jalouse si elle l’apprend … » L’Adda tourna aussitôt la tête, prenant un air faussement insulté. « Ma femme est trop parfaite pour connaître ce genre de sentiment ! » la défendit-il (comme si c’était elle qui devait être défendue) avant de chuchoter à l’attention de son ami vert : « D’ailleurs, je suis certain qu’elle t’apprécierait. »

    Mais puisque toute bonne chose a une fin, le duc conclut la valse et se décolla de son cavalier – sans le quitter des yeux toutefois. « Nous allons nous préparer à partir. S’il y a quoi que ce soit que tu désires conclure ici, fais-le maintenant. » Retrouvant son sourire, il ajouta en retenant un rire : « Et même si je t’aime bien, si je refais le trajet sur le cul d’un cheval, je crains de ne pas survivre ! Soit nous échangeons nos places, soit tu voyages avec quelqu’un d’autre. Ton choix. »

    Ses yeux se plissèrent, chaleureux, avant de reprendre une expression plus sérieuse lorsqu’il se retourna vers ses soldats. Il alla les rejoindre afin de partager ses prochains ordres; tel que promis, deux d’entre eux resteront avec Emilie tandis que les autres rentreront avec le duc. Mais avant cela, ils devaient déposer Gobelin et Odalus ainsi que récupérer Rayan et Lorin … Et annoncer la bonne nouvelle à Ignace et Elea bien sûr.

    Qu’ils n’auront pas à craindre de représailles. Qu’ils n’auront pas à vivre dans la peur.
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    Ven 19 Jan - 13:43
    Lazur relâche sa garde.

    _ Les enfants sont à l'aise avec lui, en effet. Les adultes aussi, au bout d'un moment.

    Sa voix trahit un certain amusement, alors qu'il hausse les épaules. Lui aussi a été victime du charme du Gobelin - bien caché sous ses grimaces, sous son masque, il a été surpris de découvrir une certaine… maturité. Tout du moins, assez de jugeote pour qu'il accepte de s'y fier.

    Lorsqu'il entend que tout va bien pour le grand blond, la posture de Lazur trahit un certain relâchement. Soulagé, il hoche la tête. Bien qu'ils ne se soient vus que quelques minutes, le lépreux s'était attaché au soldat : il avait apprécié sa loyauté.

    _ Le Duc sait s'entourer de personnes fidèles… Et tant mieux s'il a le sens de l'humour, c'est probablement l'une des raisons pour laquelle il vous a demandé de vous accompagner.

    Pour autant, Lazur prendrait probablement garde à tous mots qu'il pourrait adresser au Duc. Notamment car l'homme du désert n'est guère un comique de situations et que son répertoire de blagues peut tenir au sein d'une seule de ses paumes, entre la ligne de vie et la ligne de chance.

    Quand Lorin vient les apostropher, Lazur remarque qu’Ignace a sorti la tête de sa cachette à la mention de son nom. Inquiet, l'enfant surveille que l'adulte ne lui prenne pas son chien à roulettes, regrettant probablement de l'avoir laissé derrière… Lazur, tenant toujours sa laisse, tire simplement le chien à lui et flatte sa tête, comme pour assurer à Ignace que le jouet restera à ses côtés. C'est probablement ce qui permet à Ignace de ne pas se manifester… Mais l'enfant ne retourne à sa cachette que quand Lorin s'est finalement détourné de son compagnon à roues.

    _ Nous l'accueillerons avec plaisir. Bien que j'ai l'impression qu'il souffre de la distance avec son Duc… Il a eu presque les larmes aux yeux quand je les ai séparés, avoue Lazur, Il y avait aussi un certain Allam… Bien plus jeune… Bien intentionné, bien qu'un peu naïf. De bonnes personnes. Cela change des gardes que nous avons pu croiser. Comment le Duc choisit celleux qui auront l'honneur d'être à ses côtés ? Pour vous, cela me semble évident, mais les autres… leur fait il passer un entretien ?

    Odalus s'apaise. Il salue Gobelin de la main, puis noue ses bras autour du cou de la soldate. Arrivant dans l'orphelinat, des enfants le reconnaissent… Si certains se tiennent à distance, d'autres crient et le saluent à leur tour, se lèvent même pour venir entourer la soldate. Les autres enfants semblent en bonne santé, au premier regard. Au final, peu d'entre eux portent les traces des maltraitances - les coupables n'abattaient leur rage que sur ceux qu'elles considéraient comme maudits par Nergal. Des questions sont posées sur Ignace et Elea, qu'on croit dévorés par le Gobelin Vert, mais d'autres murmurent que les femmes les ont enterrés dans le bois au loin… Les soldats présents qui tendent l'oreille, peuvent entendre que cette dernière rumeur est très présente dans l'esprit des enfants : dans les propos qu'ils murmurent et leurs grands yeux écarquillés. Emilie nie pour les rassurer, bien qu'elle essuie parfois encore ses yeux ou renifle. La jeune fille porte les traces des coups sur ses avant-bras, dévoilés par les manches qu'elle a retroussées. Bien que maladroite, craintive, sursautant aux gestes vifs des soldats, les enfants semblent sincèrement l'apprécier - et elle leur rend. Il arrive à plusieurs reprises que l'un vienne chercher une étreinte et Odalus, d'ailleurs, demande à aller dans ses bras et les deux restent longuement enlacés une fois de plus. Intimidés par les armures et les épées, les enfants restent très distants au début, mais finalement, plusieurs d'entre eux viennent tenir compagnie aux cuisiniers, leur posant des questions allant du “pourquoi le ciel est bleu” à “tu n'as pas peur de te brûler ?” ou encore “pourquoi tu coupes les pommes de terre comme ça ?”. D'autres reprennent leurs jeux, craies, jouets de bois, ou encore, courent dans le réfectoire, improvisent un cache-cache sous les tables. Odalus retrouve un moment quelques uns de ses camarades et la guerrière qui l'accompagnait est finalement conviée à un tour de table où les enfants s'échangent des devinettes.

    Dehors, l'allégresse du Gobelin est revenue, portée par son cavalier. Son pas suit progressivement le sien, au fur et à mesure que la créature apprend la danse. Il apprend vite, bien plus vite qu’on ne pourrait le croire, et les mouvements de son corps suivent les gestes de son cavalier. Si habitué, à observer et à se fier aux gestes qu’il relève, pour s’adapter.

    Gobelin est habitué à parler, mais pas à ce qu’on l’écoute. Et l’Adda, jamais ne l’interrompt. L’homme questionne et attend, sans jamais lui ordonner, de se taire ; acceptant de laisser la place à tout ce qu’il a à exprimer. Alors Gobelin, Zeng, ne se freinent plus et laissent leurs pensées défiler. Sans crainte, que ce ne soit un jour retourné contre lui, lui, il ne pense pas à toutes ces manigances - ou sait qu’il y survivra d’une certaine manière, après avoir connu la misère, il s’inquiète plus de savoir s’il pourra manger demain.

    Quand la main s’égare dans le creux de son dos, le coeur de Gobelin bondit dans sa cage thoracique, si fort, dans ce corps si maigre, que le Duc le sent probablement battre contre sa paume. Malgré la barrière du léger tissu et d’une peau, plus fragile encore. Les os roulent, les muscles se tendent, avec une souplesse dérangeante, la créature bascule en arrière dans un rire - hyperlaxe, les articulations distendues par les années à manquer, la tête à l’envers, Gobelin sent le sang lui monter à la tête. Il sent que sa blessure le démange, et le rictus se fait plus carnassier, les yeux clos, il savoure le vertige lorsqu’il se redresse, semblant d’ivresse, d’un monde qui tangue où tout se renverse. Où il n’y a plus, de différences de statut. Les yeux verts flamboient d’un feu vif cette fois, à l’image de la chaleur qui a inondé sa cage thoracique.

    Face à l’obscurité, lui répond de sa lumière.

    Et c’est à son tour, d’écouter sans interrompre. Le fait que l’homme légitime son droit de vivre le touche assez pour que son sourire faiblisse un instant sur ses lèvres ; ses prunelles se détournent alors que sa main raffermit tendrement son étreinte, dans un geste de remerciement qu’il ne formule pas.

    Percevant sa douleur, le corps de Gobelin répond d’un sursaut. Inquiet, il ralentit de lui-même le mouvement, murmure “Plus de cabrioles, mon ami”, d’une voix emplie de tendresse, battant même des cils dans un sourire taquin. Le voyant reprendre ses mots, Gobelin hoche paisiblement la tête, comme pour l’encourager ou le féliciter d’emprunter sa voie, sa voix, amusé, il pouffe un peu, lui ce jeu, ça lui plaît bien.

    Quand le Duc le fait tournoyer, le Gobelin produit une onomatopée aigüe dont la retranscription la plus parfaite serait probablement un “Wouiiiiiiiiii !” qui le fait rire. Certain.es penseraient peut-être qu’il n’écoute que d’une oreille, le Duc ; mais ses yeux ne quittent pas ceux de son ami. Il est attentif, et laisse simplement ses mots s’infuser dans son esprit, sans pour autant voiler le regard qu’il lui adresse.

    Car il en faut, vraiment beaucoup, pour que Gobelin change son regard sur un homme.

    Et le sien exprime toute son amitié, sa reconnaissance, trahit la surprise, puis la simple acceptation de leurs différences. Gobelin ne se considère point en position de juge - il n’a jamais gouverné, lui, aucun de ses frères n’a tenté de l’exécuter, il n’a jamais été traité de bâtard (juste de Gobelin), il n’a jamais traîné dans une cour pleine d’aristocrates menteurs… Lui, il s’est pris dans la tête la violence et le mépris, il n’y a jamais eu de faire semblant, il n’y a jamais eu d’hypocrisie, il ne s’encombre pas vraiment de ces pitreries - les seuls mensonges, sont ceux qu’il susurre à son adresse.

    Cherchant à se convaincre, qu’il ne vaut rien, qu’il ne mérite pas, tout cela, par peur que la réalité vienne le rattraper. Il n’est pas le plus fort, pas le plus riche des Hommes, il sait que rien n’est sûr ou stable dans son existence, que tout peut si vite, s’effondrer.

    Il ne peut nier la logique implacable du Duc. Les personnes mutilées, dont il se serait vengé, espéraient pour la plupart lui faire payer ses crimes - s’en débarrasser est le meilleur moyen d’assurer sa tranquillité. Un homme comme le Duc, a tant d’ennemis, qu’ils soient ou non déclarés. Il a connu la trahison de son propre frère, dans un endroit où il se sentait en sécurité. Sa place est conviée, son autorité peut être discutée, il est responsable de sa propre sécurité et de celle de son peuple. Et jusqu’à présent, les morts ne sont encore jamais sortis de terre pour se venger. Et une part en lui, aimerait croire aux paroles du Duc - s’en convaincre pour enfin, agir comme il se doit, punir celleux qui lui ont fait du mal.

    Mais l’âme de Gobelin s’y refuse. Gobelin culpabilise parfois. Est-il, faible ? Est-il, lâche ? Est-il donc si misérable ? Se plaignant, qu’on lui crache au visage alors qu’il n’est pas capable de réellement se défendre. Victime ! A croire qu’il aime endosser ce rôle pour qu’on le plaigne ! Se dénigre-t-il, à trouver des excuses pour justifier, ce que son coeur ne parvient pas à accepter.

    Une part en lui refuse violemment l’idée de s’abandonner à la violence. De tuer, toustes celleux qui l’ont offensé, toustes celleux qui l’ont blessé ! La liste serait immense, et chaque jour, continuerait à s’allonger. Tirerait il vraiment satisfaction des morts causés ? Des cadavres qu’il a vus, aucun ne lui a tiré satisfaction. Et il refuse, refuse de faire ce qu’ils ont fait, de faire couler le sang en espérant un jour cueillir des fleurs, tout ce qu’il pourra trouver, ce sera des bourgeons carnés, de la chair en putréfaction. Si ce qui coule, ce n’est que ses propres fluides, il sait que le monde autour de lui continuera de fleurir. Car il est bouc émissaire, le croque mitaine, le monstre des histoires, la cible du rejet, la minorité qu’on déteste, l’être qu’on critique pour mieux s’unir. Il faut toujours, une cible à la haine.

    Et quoi de mieux que leur prouver, qu’il vaut mieux qu’eux ?

    Face à tous ces imbéciles qui ont voulu le briser, il répond d’un sourire, se montre, entouré d’ami.es. Il fait germer les sourires, fait s’ouvrir les portes et les bras, trouve sa place dans cette société, en donnant tout le meilleur qu’il peut donner, un pied de nez à toustes celleux qui ont voulu le convaincre, qu’il était mieux de le tuer.

    Mais le Duc n’est pas comme lui. Le Duc ne sait pas réellement à qui se fier. Sa vie comme sa mort peuvent apporter tant de bénéfices aux personnes qui l’entourent. Tout ce qu’il peut faire, c’est veiller à sa propre sécurité, à celle de son peuple, s’assurer que les coupables soient punis et que les autres n’aient pas même l’envie d’essayer. Ce régime implacable lui garantit une forme de tranquillité - il contrôle, beaucoup de choses, veille à entretenir la loyauté tout en veillant à châtier celleux qui pourraient le menacer, lui et son peuple. Cela requiert une certaine force d’esprit et de volonté, en plus d’une certaine adaptabilité. Car Gobelin voit bien, que ses hommes sont ravis de le servir et lui-même, ne s’est que très rarement senti si bien traité. Quelle est sa vision de la justice ? Une où un misérable comme lui a sa place auprès d’un Duc comme lui, et ça… ça, Gobelin comme Zeng, l’apprécient.

    L’interruption de l’élément s’abat comme la lame d’une guillotine, Gobelin cligne des paupières, décontenancé, déçu que l’échange s’arrête si vite. Il s’est senti si proche du Duc. Au point de sentir, sa chaleur frôler la sienne, son âme, l’effleurer : son obscurité, entourer sa lumière sans pour autant, l’étouffer. Comme si les deux, se complétaient.

    Il ressent une étrange sensation, comme un pain qu’on lui arrache des mains alors qu’il est affamé.

    Quand leur corps se détache et que Yu-Seong rit à son tour, Gobelin sourit. Place ses mains derrière son dos, se balance d’avant en arrière sur ses geta, fait deux pas en direction du Duc, se dresse pour murmurer à son oreille.

    _ Je comprends.

    Sa main se pose sur l’épaule de son ami et l’appui qu’elle y exerce, est doux.

    _ Je comprends et je respecte, ce que tu as vécu, la force de tes convictions, ta vision du monde.

    Il se détache d’un pas. Zeng a uni ses yeux verts, à ceux bruns du Duc.

    _ J’ai confiance en toi. Tu sais mieux que personne, ce dont tu as besoin et les moyens pour y parvenir. Tu es un homme d’esprit, capable d’ouverture : tu n’es pas fermé dans tes réflexions. Tu acceptes la discussion, la remise en question de tes pensées à condition d’avoir en face de toi, des arguments censés. Ces qualités font de toi, un homme d’avenir : capable d’évoluer, d’avancer, de progresser, tout en ayant la force et la volonté, de garder les yeux fixés sur tes principaux objectifs. Tu es un homme pour lequel j’éprouve beaucoup d’admiration et de respect.

    Sa main effleure le haut du Duc, replace correctement son col alors qu’il penche la tête sur le côté, l’observant tendrement, jusqu’à se détacher en lui tournant le dos.

    _ J’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir, mon ami. De refaire le monde à deux !

    Il rit et tend les bras vers le ciel.

    _ Qui de mieux, qu’un Duc et un Gobelin, que deux frères de deux mondes, pour le refaçonner ? Equilibre, de deux âmes opposées mais capables, de se voir et s’entendre, de s’apprécier malgré toutes les différences qui les opposent ?

    Il rabaisse les bras.

    _ Merci mon ami. Tu m’as donné beaucoup d’espoir aujourd’hui. Je suis heureux de t’avoir rencontré et… Je suis déjà impatient, de tout ce que nous aurons à vivre ensemble. Merci pour Ignace, pour Elea, pour Odalus. Pour la jeune Emilie. Et merci, pour le petit, petit Gobelin.

    Gobelin qui revient dans un rire, lorsqu’il tourne sur lui-même et tend les bras.

    _ Montons ensemble ! Mais dans la position qui conviendra à l’ami du Gobelin ! Gobelin s’adaptera ! Gobelin va donner de l’herbe au cheval ! Gentil cheval, gentil, comment s’appelle-t-elle déjà ?

    Gobelin ramasse une poignée d’herbes et s’approche de l’animal… Bien que sa vaillance s’évanouisse très rapidement quand l’animal tourne la tête vers lui. Gobelin grimace franchement et préfère faire volte-face.

    _ Au fait ! Comment vont les douleurs du Duc ?! Si on change de place, Gobelin pourra lui masser le dos !

    Sa belle volonté, malheureusement vaincue par les cahots de l’animal, le déhanché du cheval arrache des glapissements réguliers à la créature. Sur le retour, Odalus salue Emilie puis tend les bras pour savourer sa liberté.

    A l’arrivée du Duc, Gobelin et de leur petite troupe, Lazur s’est docilement levé. Percevant son geste, Ignace s’est précipité en courant ; ayant saisi la laisse de son chien d’une main, il s’élance jusqu’à voir Gobelin. Soulagé, l’enfant s’arrête et attend, mais se précipite dans ses bras dès que Gobelin a posé ses pieds au sol. Odalus se fait à son tour enlacer.

    Elea, pendant ce temps, a un grand sourire aux lèvres. L’enfant, ravie de s’être bien amusée, offre même une étreinte bourrue à Rayan et prend la main de Lorin pour le remercier.

    _ T’es nul à cache cache, mais c’était rigolo de jouer avec toi !

    Elle assure et ça semble être un sacrément compliment, avant qu’elle n’aille à son tour à la rencontre du Gobelin.

    Quand le Duc leur annonce la fin des 2 mégères, Elea, contrairement à Odalus, ne semble pas saisir la gravité de la situation - ou au contraire, l’accepte sans se poser de questions.

    _ Elles l’ont mérité, tranche-t-elle, perdant son sourire, fronçant les sourcils, Je ne les aimais pas.

    Ignace, lui, reste silencieux. A-t-il compris ? Il se contente de regarder Gobelin, comme pour tâcher de voir sa réaction… Puis finalement, quand viennent les séparations, Ignace s’approche du Duc. Il lève la main pour prendre sa main dans la sienne, restant quelques secondes avec lui sans rien dire, caressant ses doigts du bout des siens avant de le relâcher. Ignace s’éloigne en tirant son jouet, et le chien remuant la queue, est prêt à l’accompagner sur ce nouvel avenir qui se dessine devant eux.

    Elea, quant à elle, agite la main de loin.

    _ Merci, Ducami ! Tu t’es bien battu contre la Wyvern ! Puis c’était bon les tartes ! J’étais contente d’en manger ! J’espère que tu reviendras jouer !

    La petite affiche un sourire victorieux et préfère aller grimper sur la carcasse du monstre au loin, jusqu’à ce que Lazur, d’une voix ferme, la pousse à récupérer ses jouets. Lazur ramasse ce qu’il reste de la Wyvern, et Gobelin s’amuse à faire rouler le tonneau percé.
    Odalus, lui, tend les bras pour une étreinte à la soldate qui l’a accompagné, puis en direction du Duc. Si l’homme accepte de l’enlacer, l’enfant se pelotonne contre lui quelques minutes, avant de doucement se détacher.

    _ Merci de nous avoir aidés… Et pour Emilie.

    Il sourit, adresse un regard à la soldate, puis au Duc de nouveau. Se tordant nerveusement les mains, l’enfant reprend.

    _ Monsieur le Duc… J’aimerai beaucoup, un jour, être un mage cavalier… Si je… Si j’y arrive, est-ce que je pourrais… Je pourrais être un soldat comme eux ?

    L’enfant désigne du regard la garde personnelle du Duc.

    _ J’aimerai beaucoup avoir un joli cheval comme eux… Et vous aider.

    Gobelin attend docilement son tour et s’approche malicieusement du Duc. Il lui offre sa main dans un grand sourire.

    _ On se revoit bientôt, mon ami ? J’aimerai beaucoup ! Beaucoup danser de nouveau !

    Il rit et finalement, ouvre ses bras.

    _ Un câlin d’au revoir ?

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