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Zeng Min
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Lun 12 Juin - 21:54
_ Lavez vous ! Lavez vous !

Couine la voix glapissante du Gobelin. Elle s'éclate contre le récif de ses dents effilés, dans un rire sonore et grinçant, alors qu'il s'accroupit au bord de l'oasis. Il plonge ses bras nus dans l'eau claire. Comme un éclat de lune, sa peau claire luit. Ses détours troublés par la surface capricieuse ne font que renforcer l'aspect étrangement éthéré de sa silhouette osseuse. Les années de dénutrition ont marqué son corps, comme les coups parfois plus ou moins adroits, de villageois effrayés ou d'adversaires expérimentés.

Les vertèbres gondolent le long de son dos, les hanches osseuses, les genoux cagneux, les cheveux noirs cascadent, la rigole sombre et huileuse, recouvre au mieux les imperfections, sans réellement les dissimuler. Au contraire, certaines d'entre elles n'en ressortent que plus affreuses, comme son très long nez à l'arrête trop bien dessiné, maintes fois brisé. Et dans ses yeux verts reptiliens, les rayons du soleil se diluent, se diffusent, comme sa peau disparaît sous les remous de l'eau savonneuse.

Gobelin fredonne, une mélopée que seule lui connaît mais que ses comparses ont l'habitude d'écouter. L'un d'eux finit par se lever et s'affale près du Gobelin. Ce dernier n'est pas dérangé de se faire éclabousser, il se contente de reposer ses coudes sur ses genoux, de pencher la tête sur le côté. Une onomatopée interrogative franchit ses lèvres, avant que ses yeux ne se plissent.

_ Oh, le regard de Lazur est troublé. A quoi pense-t-il ?

Un rictus étire les lèvres du Gobelin, qui s'amuse à patauger dans l'eau. Accroupi dans cette dernière, c'est à 4 pattes qu'il finit par y marcher.

Lazur a une vingtaine d'années. Il porte toujours un turban blanc, et un voile qui dissimule le bas de son visage, ne laissant voir que ses yeux bleus. Une cicatrice, une maladie, il cache sous son masque ce qui lui a vallu le rejet de son village. Ramenant ses jambes contre lui, Lazur finit par demander.

_ Qu'est-ce qu'on va faire, Zeng ? Quelle mission tu nous as trouvé ?

Car Gobelin a un nom, un nom qu'il ne donne qu'à celleux qui le méritent. Gobelin grimpe sur une racine, s'y assoit et étend langoureusement ses jambes, il lève ses mains et contemple ses ongles vernis. Les griffes sont acérées, couvertes d'une peinture noire, comme celle qu'il aime appliquer sur ses paupières. Car le noir, ne va vraiment pas à sa peau, mais Zeng espère qu'il fera ressortir sa lumière. Qu'il cachera, toutes ces choses qu'il n'aime pas vraiment montrer - bien qu'il ait appris à en rire, à les assumer, il sait qu'il doit bien présenter.

_ Une mission d'escorte. Nous allons trouver une jeune femme, du nom de Sehrazad Borgia. Nous devons la conduire jusqu'aux Terres de Babel, en échange d'une belle somme ! Alors faisons nous beaux, beaux pour se présenter à elle, ou en tous cas, le moins vilain possible ! Ce n'est pas vraiment gagné pour Gobelin…

Ricane l'homme. Son comparse se contente de battre doucement des paupières, baiser de chat, c'est avec la même souplesse qu'il se redresse et se détourne.

_ Lazur, que caches-tu sous ton masque ?

Lazur s'arrête et se retourne à demi.

_ Et vous, que cachez-vous sous vos grimaces ?

Gobelin cligne des paupières et laisse un sifflement s'échapper de ses lèvres, elles se retroussent dans un rictus carnassier. Amusé, son regard se fait d'une froideur assassine, il lève l'index et gratte sa joue.

_ Vous dissimulez votre humanité, moi, je protège ma tranquillité.

Lazur s'éloigne d'un pas tranquille et Zeng Min ne cherche pas à l'arrêter. Il retombe dans le silence et, perdu dans ses pensées, ferme un instant les yeux. Ce sont quelques heures plus tard qu'ils se présentent, tous vêtus de leurs plus beaux apparats.

Ses longs cheveux noirs sont à présent retenus en queue de cheval militaire, tenus par deux baguettes en bois ornées de gravures vertes. Ses paupières sont parées de nuits et de fragments d'étoiles, lovées sous elles, luisent lugubrement ses yeux d'un vert profond. Son corps famélique, abrité sous plusieurs couches de tissus légers, l'on ne voit pas les côtes saillantes, les épaules osseuses, le ventre qui reste creusé, non, il y a le lin épais, d'un vert sombre, orné de lanternes d'un vert tendre brodées à même le tissu. La lance reposée sur son épaule porte une Lanterne de cette couleur.

Après quelques mots échangés avec leur employeur et le contrat signé, la jeune femme est invitée à suivre la quinzaine de mercenaires. Des femmes, des hommes, de tout horizon. Lazur semble habitué au désert, comme Pavir, un homme massif, aux bonnes manières et au rire bruyant, un ancien paysan. Il y a la malicieuse Roshirir, venue de l'Empire de Nuhoko, petite et agile, ou encore, l'embrasé Kador du Royaume du Nord. Il ne cesse de se chamailler avec Uiko, leur cuisiner, un très jeune homme qui n'est pas prêt de se laisser marcher sur les pieds. Mael semble grandement souffrir de la chaleur, iel tient tant bien que mal une ombrelle entre ses mains d'une délicatesse rare, iel est d'un genre indéfinissable et que personne ne cherche à définir, lui offrant tour à tour, il ou elle selon ses envies. Ludinael clame haut et fort, qu'après les plus durs gels de l'hiver, elle est capable de tenir face aux plus terribles intempéries, tant qu'elle a un peu d'alcool dans sa besace ! Une clameur qui exaspère Nuwel, un homme trapu et ventru dont les cheveux très épais dissimulent ses yeux. Lui explique que la chaleur fait du bien à ses vieux os. Gael, quant à lui, marche à l'arrière. Sa taille n'a rien d'impressionnant - mais sa musculature et l'énorme épée qui repose à son flanc imposent le respect. L'homme a un grand nez, de courts cheveux gris et une cicatrice ancienne qui traverse le coin de sa mâchoire. Il ne parle que peu, mais sourit souvent, surtout quand les enfants viennent se réfugier à ses côtés, pour marcher en lui tenant la main, à lui ou Gobelin.

Car enfants, il y en a une poignée d'entre eux. Certains seront conduits à Babel, d'autres à Alexandre, et d'autres encore, resteront avec Gobelin et sa troupe. Il y a de jeunes adolescents, comme Luce qui apprend l'épée auprès de Roshirir, Mirabelle qui tire son nom de ses beaux cheveux clairs et de ses yeux pétillants.

Gobelin est le chef de ce groupe hétéroclite. Il mène, d'un pas sautillant et bondissant, glissant parmi les troupes comme un diable sortant de sa boîte. Ses facéties, sa voix caquetante et ses manières étranges, ne sont qu'un courant parmi cet océan, un courant que les autres suivent instinctivement.

Il joue d'un peu de flûte devant, un air enjoué, que certain.es accompagnent de la voix, d'autres d'instruments. Nuwel le ventru marque le rythme en remuant un grelot, accroché à un bâton, Pavir tape dans ses mains épaisses, Uiko lui, laisse ses doigts tapoter la casserole qu'il garde accrochée à sa hanche.

Finalement, la musique s'apaise et Gobelin, d'un bond, apparaît près de leur invitée. Il a défait ses longs cheveux, qui ruissellent sur son visage, ses yeux malicieusement plantés dans les prunelles de la jeune femme.

_ Comment allez-vous ? Le rythme vous convient ? Est-ce la première fois, que vous quittez chez vous ? N'hésitez pas à dire lorsque vous avez besoin d'eau ou de repos, cette compagnie et tous nos humbles services, vous sont offerts jusqu'à ce que vous arriviez à destination. Et plus vous serez bien, mieux Gobelin sera !

Assure-t-il. Et malgré l'effrayant de son rictus carnassier, le ton chaleureux de sa voix trahit sa sincérité.

Zeng Min
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    Ven 23 Juin - 18:24
    La nuit était profonde. Entre chaque étoile, un abime de noirceur, insondable, intouchable. Inaltérable. Il n'y avait tout simplement rien à faire, les étoiles pouvaient briller à en mourir, elles n'effaceraient jamais l'obscurité qui les entouraient. Aussi fortes soient-elles, aussi belles puissent-elles être, si loin, perdues dans le ciel, elles étaient incapables de se défaire de cette trame noire, de cette étoffe tissée avant elles. Piégées et inaccessibles, elles brillaient et brillaient encore. Elles se reflétaient dans les prunelles trop tendres, trop humides, d’une jeune femme couchée dans le sable.

    Ses longs cheveux se perdaient dans la dune, sa fragile silhouette rendue plus frêle encore dans ce décor trop vaste. Seule, elle regardait les étoiles. Perdue dans une trame obscure. Elle venait toujours ici lorsque son coeur devenait trop lourd. Ici, il se brisait. En silence. Il coulait sur ses joues et s’éparpillait en mille morceaux dans le désert.

    Puis, la rosée viendrait. Éphémère presque illusoire. Et mille couleurs traverseraient ces perles mêlées aux éclats de ce coeur brisé. L’obscurité, lentement, si lentement, reculerait. Les étoiles disparaîtraient sans jamais partir. Et le soleil viendrait. Sa chaleur caressant ces joues humides, il ferait disparaître la rosée, disparaître les larmes. Il passerait une main dans ses cheveux, approcherait son visage et d’un baiser offert sans condition, il soignerait une fois de plus ce coeur de porcelaine. Alors, elle ouvrirait les yeux et elle lui sourirait. Elle brillerait.

    Quelques heures plus tard, elle rencontrait les visages qui accompagneraient son voyage jusqu’aux terres de Babel. Elle espérait trouver là-bas les connaissances qui lui manquait, trouver un nouvel espoir dans sa quête perpétuelle. Elle espérait aussi retrouver un ami, un appui sur lequel elle n’oserait sans doute pas entièrement se reposer mais qui soulagerait certainement son isolement. Sehrazad devait abandonner son fiancé, son soleil, pour un temps, aussi court que possible. Cette séparation était de son fait, elle ne pouvait fermer les yeux sur toutes les connaissances qui l’attendaient de l’autre côté de la frontière, elle devait essayer, quand bien même le chemin serait long et malgré la douleur qui tiraillait son âme d’ainsi s’éloigner de l’homme qu’elle aimait. Elle ne se retournerait pas alors que ses pas l’éloignaient de chez elle, elle avait pris sa décision, elle devait la porter dignement sur ses épaules jusqu’à son retour.

    Emportée par un flot inconnu, elle se noie dans la cacophonie bonne enfant qui l’entoure. Silencieuse et attentive, la jeune femme observe le mouvement qui la porte. C’était une troupe si hétéroclite qu’elle pourrait sembler disparate, des hommes et des femmes, des enfants, des armes visibles parfois, des instruments et des rires. Ils pourraient être une troupe de saltimbanques, de joyeux vagabonds vendant leurs belles histoires autour d’un feu de camp. Peut-être faisaient-ils cela aussi ? Sehrazad les observe, ils sont si vivants, ils ressemblent à ces nuées d’étourneaux qui dansent dans le ciel, tous uniques et parties d’un tout en mouvement. Ils viennent de tous les horizons, ces oiseaux, petits ou grands, jeunes ou moins, rieurs et introvertis. De discrets yeux couleur d’azur, de tonitruantes exclamations, des pas bondissants, des rires juvéniles, le souffle du vent dans une ombrelle. La demoiselle du désert ferme les yeux, les dunes résonnent sous ses pieds et elle sourit paisiblement, que cette cacophonie est agréable.

    La musique rythme leur avancée, joyeuse et insouciante, était-ce toujours ainsi qu’ils voyageaient ? Si c’était ainsi, ah si c’était ainsi… Dans une autre vie, elle aurait souhaité les rejoindre. La mélodie s’apaise sans qu’elle ne s’en aperçoive et une voix tout près d’elle la ramène au réel. Sehrazad ouvre ses grandes prunelles noisettes pour découvrir le visage qui s’est penché sur elle. On lui avait décrit cet homme et bien des mots avaient tenté leur chance pour cerner sa physionomie. Gobelin. Qui avait choisi ce surnom ? Le visage de la jeune femme s’éclaire d’un sourire à ravir les astres.

    - Vous êtes adorable.  

    Et le sable crisse sous ses pieds, les étourneaux continuent de chanter, le désert referme ses bras sur les diamants d’honnêteté qui s’envolent de la bouche de sa fille. Puis elle reprend, comptant savamment sur ses doigts le décompte de ses réponses.

    - Je me porte très bien, le rythme est parfait, c’est bien la première fois, je n’hésiterai pas à faire appel à vos services, je vous remercie.  

    La voilà qui tourne à nouveau son regard sur le visage de l’homme, l’air ravie et joueuse. Cependant, elle avait peut-être répondu un peu trop vite. Posant un index sur son menton, la demoiselle rectifiait :

    - C’est bien la première fois que je quitte le royaume du Pharaon mais ce n’est pas la première fois que je voyage dans le désert. Je ne suis pas aussi expérimentée que vous mais, si je peux vous être utile, j’en serais très heureuse.  

    Elle portait une main à sa poitrine, appuyant sa modeste requête, elle n’aimait pas être un poids et elle l’avait été trop souvent ces derniers temps, trouver une utilité même minime la soulagerait. Ses yeux naviguaient entre les yeux de son interlocuteur et le haut de sa tête, s’égaraient un instant le long de ses longs cheveux noirs. Elle hésitait quelques longues secondes, cherchant visiblement ses mots avant de finir par retrouver le chemin de ces yeux verts, comme embarrassée.

    - Je ne veux pas vous commander bien sûr mais…  

    Elle levait son bras, lentement, jusqu’au visage du Gobelin, ses doigts se tendaient finalement vers son front, effleurant ses cheveux.

    - Vous avez les cheveux préférés du soleil, vous devriez les couvrir avant qu’il n’essaie de vous les voler.

    C’était ce qu’on enseignait aux enfants… Sehrazad avait pensé que ce serait moins insultant que de dire très crûment à un homme bien plus aguerri qu’elle qu’il devait porter un turban dans le désert mais cela sonnait finalement comme un sermon. Gênée de sa potentielle impolitesse, Sehrazad détournait le regard lorsqu’il s’arrêta sur la flûte que tenait le mercenaire.
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    Zeng Min
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    Lun 26 Juin - 12:47
    Sous les paupières, sont lovées les pupilles luisantes du Gobelin. Sous le couvert des cils, ondulent et s’entrelacent d’inquiétantes arabesques reptiliennes : éclats glacés, prédateurs et carnassiers, luisent le vice d’un semblant d’humanité. Entre les longues mèches huileuses, se dresse un grand nez fin, à l’ossature visible, les mâchoires se fendent d’un rictus, qui se brise au compliment de la jeune femme. Les paupières battent, à deux reprises, jusqu’à s’écarquiller. Stupéfait, Gobelin regarde autour d’eux, avant que son index terminé d’un ongle verni de noir, ne désigne son propre faciès.

    _ G-Gobelin ? A-Adorable ?

    Sa voix balbutie, trébuche sur les syllabes, ce n’est pas seulement de l’hésitation, mais aussi, l’espoir. Et si la jeune femme affirme ses propos, la sidération laisse place à une émotion vive. Elevant les bras dans un cri, il interrompt la mélopée : Gobelin se réjouit, produit une onomatopée proche du hurlement d’un loup, il court en avant, tourne sur lui-même avant d’entourer son visage de ses propres mains.

    _ Ah ! Elle dit Gobelin adorable !

    Jubile Gobelin. Basculant d’un pied sur l’autre, l’homme semble en pleine extase, un grand sourire déchirant son visage. Et sa voix se brise en gloussements caquetants, accompagnés de mouvements ridicules du bassin, l’homme se dandine dans un rire. Sa réaction amuse les enfants, qui applaudissent et rient à leur tour, certains adultes lèvent les yeux au ciel et la puissante Ludinael aboie.

    _ Gobelin, tais toi ! Tu nous casses les oreilles !

    Gobelin pouffe malicieusement et revient en sautillant près de la jeune femme. Conquis, il tourne malicieusement près d’elle, produisant toujours de petites onomatopées enthousiastes, qui ébranlent son larynx et ses épaules frêles.

    _ Un tel compliment d’une âme aussi douce et rayonnante que la vôtre, est plus qu’une bénédiction pour un bien petit Gobelin ! Flattez son égo est un jeu dangereux ! Comme un assoiffé à qui l’on propose de l’eau, il y prendrait goût !

    Roucoule-t-il en lui offrant un clin d’œil. Car « adorable », est loin d’être le terme le plus employé pour décrire cette créature lugubre et bondissante. Les membres longs, longs, terminés de mains et d’ongles plus longs encore, les vêtements épais dissimulent à grands peines un corps rendu difforme. Les privations et les coups de bâton ont creusé son ventre, enfoncé quelques côtes, la malnutrition a rendu ses épaules osseuses et ses cuisses faméliques, le crâne écrasé par une tignasse sombre, obscure et huileuse. La peau, linceul étiré sur les articulations saillantes, parcourue de veines verdâtres comme des traces de moisissure, ne dissimule pas réellement les tendons et les muscles saillants. L’allure effrayante, parfois dissimulée, souvent exacerbée, par les grimaces, les bonds et roulades, les lèvres qui s’écartent sur les dents effilées, les lueurs étranges, au fond des pupilles d’un vert profond, comme les feux follets volètent à la surface d’un marais.

    Adorable, n’est probablement le premier mot qui vient aux lèvres pour décrire le bien vulgaire Gobelin.

    _ Oh ! Pour quelles raisons un Joyau a quitté sa couronne ? A moins que les raisons ne doivent rester dissimulées, vilain Gobelin, ne va pas mettre ton grand nez, dans des histoires qui ne te concernent pas !

    Il pince son propre nez à cette remarque.

    _ N’écoutez pas toutes ses questions, toujours curieuses, parfois insidieuses, Gobelin oublie parfois qu’il faut respecter les règles de l’étiquette, des bonnes conduites, la bonne distance ! Car celle-ci varie, selon les cultures et les esprits, les vécus et les envies. Si Gobelin va trop loin, n’hésitez pas à lui dire, tais toi ! Tais-toi, et Gobelin se taira. L’ignorance est aussi une bonne manière de s’en débarrasser, un conseil que vous devriez précieusement garder, sans eau pour les alimenter, de nombreux moulins arrêtent de tourner !

    D’un pas en arrière, il se glisse derrière elle et surgit de l’autre côté, les mains croisées dans le dos. Il se penche légèrement vers elle, devant courber son grand dos, pour être à sa hauteur. Les yeux logés au coin de ses paupières, sa langue glisse entre ses lèvres, dans une grimace inconsciente et naturelle.

    _ Quels lieux ont ravi vos yeux ? Dans ce désert, les trésors sont rares à dénicher parmi toutes ces dunes dorées ! Existe-t-il des paysages qui vous ont ravis, des lieux que Gobelin pourrait visiter ? Les Lanternes Vertes ont traversé toutes les terres, mais peut-être que certaines d’entre elles ont su leur échapper. Gobelin aimerait contempler la beauté du désert, toutes les facettes de son être ! Les sombres et les plus lumineuses, celles que l’on veut oublier et celles dont l’on veut se souvenir à jamais !

    A la mention d’une quelconque utilité, la langue du Gobelin se réfugie entre ses lèvres, elles s’étirent, sourire plus mesquin, ses yeux s’en plissent et sa voix douce, devient murmure.

    _ Ne doutez jamais de votre utilité. Combien même n’est-elle pas évidente à vos yeux, votre simple présence bénéficie, à vous et à d’autres. Lorsque vous marchez, peut-être que vos pas retirent le sable qui démange le dos d’un insecte, peut-être que vous aidez la Dune à se déplacer, vous offrez aux Lanternes, le bonheur d’une nouvelle compagnie et… Gobelin doit l’avouer, d’un peu d’argent pour se sustenter !

    Gobelin rit, la dépasse, marche devant elle tout en lui faisant face. Il manque de glisser dans la pente, tente de se rattraper en quelques pas précipités, bascule en arrière, tombe sur les fesses, d’une roulade, se remet sur pieds. Les cheveux et le dos plein de sable, Gobelin crache, pouah ! Et s’ébouriffe pour se débarrasser des sédiments qui se sont engouffrés dans ses vêtements.

    Un pas très lourd et un mouvement de vent trahissent l’approche de Gaël. L’homme à la stature solide, saisit Gobelin par le dos, le soulève et l’agite avec une certaine négligence pour le débarrasser du sable. Gobelin glapit, mais laisse échapper un rire, jusqu’à retomber sur ses pattes. Paisiblement, le grand homme ralentit le pas, retourne à l’arrière de l’escorte. Hirsute, Gobelin lâche un soupir et passe ses mains dans ses cheveux pour les chasser de ses yeux.

    _ Malgré cette intervention, Gobelin ne compte pas s’arrêter en si bon chemin ! Que disait-il, ce pauvre Diable ? Ah ! Utile ! Vous l’êtes. Toujours, bien que beaucoup ne sauront pas le dire ou que vos yeux ne pourront pas toujours le voir !

    Gobelin lève un index.

    _ Car tout ce qu’il y a en ce monde, sert à quelque chose ! La guerre, à voir que la paix est un bienfait qu’il faut préserver, la famine, à quel point la nourriture est précieuse, et vous, vous avez aidé à Gobelin à réaliser à quel point les compliments sont agréables à entendre !

    Il rit avec malice, glisse ses mains derrière sa tête pour s’étirer, marche finalement à ses côtés.

    _ Pourquoi doutez-vous de vous ?

    Demande-t-il, lui adressant une œillade. Il voit, que son regard parcourt son visage, mais ne s’en alerte pas. Car Gobelin a l’habitude d’attirer à lui tous les regards. S’il n’était que bruyant ! Mais en plus d’être des plus bavards, Gobelin est sans cesse en mouvements. Quand il ne parle pas à quelqu’un, c’est au vent qu’il s’adresse, et quand il ne bouge pas, c’est qu’il est à terre. Ses traits ont toujours attiré dans le meilleur des cas, une curiosité morbide, dans le pire, la réticence et la répugnance, mais Gobelin a su en faire ces atouts : le ridicule et la comédie, pour faire de ce faciès hideux, un masque pour faire rire !

    Lorsque la main de la jeune femme s’élève vers son visage, le premier réflexe du  Gobelin est un pas de recul. Il louche sur ses doigts, les renifle du bout de son nez avant de couiner.

    _ Ne touchez pas les cheveux du Gobelin ! Ils sont sales et graisseux !

    Glapit-il en les attrapant entre ses grandes mains osseuses. Horrifié, il se penche vers la jeune femme et lève un index vers elle.

    _ Touchez-vous tout ce qui traîne à terre ? Faîtes attention ! Vous pourriez vous salir ou vous blesser ! Gobelin a beau s’être lavé, il vient de traîner dans la poussière, et en plus, il est plein d’os, il pourrait vous piquer !

    L’homme n’est pas accoutumé à une telle gentillesse. Rares sont ceux qui acceptent son contact, qui viennent même le chercher ! Et il a senti son cœur s’emballer, les battements précipités, au sein de sa cage thoracique, résonnent contre les os. Si son corps n’était pas si froid, peut-être aurait-il même rougi !

    _ Ah, que le Soleil ne ravisse pas mes cheveux, il s’agit bien d’une des seules choses qui pousse encore sur la terre stérile de ce corps !

    Répond dramatiquement Gobelin, portant une main à son front.

    _ Malgré tout ce qu’il ingère, il n’y a pas de formes rebondies qui s’épanouissent sur ses hanches, son ventre creux ou même ses bras ! Sa peau reste vierge de tous poils, ses sourcils, il les redessine au crayon, ce bien vilain Gobelin ! Alors si le soleil dérobait ses cheveux, que resterait-il ? Pas grand-chose, qu’une lanterne, une lance, un peu de peau !

    Gobelin se prend dans le visage un tissu coloré, épais. L’impact est accompagné d’un glapissement animal, Gobelin récupère le tissu entre ses mains, cherche qui l’a lancé. Lazur se contente de détourner les yeux, une fuite qui trahit bien qu’il a écouté la discussion, Gobelin hésite mais accepte d’enrouler les cheveux dans le tissu, de l’attacher au sommet de sa tête. Le geste met en exergue des oreilles fines, presque taillées en pointes ; mais leur forme est gondolée, comme si elles avaient été rongées par les dents avides de quelques rongeurs.
    Gobelin se remet en marche, tenant l’ensemble maladroit d’une main.

    _ Ah ! Voilà une autre de vos utilités ! Empêcher Gobelin de se faire l’un de ses plus précieux biens ! Avez-vous besoin de protéger vos propres cheveux ? Lazur a bien assez de tissu pour tous nous abriter !

    Lazur, malgré tous ses efforts, finit par tourner un lourd regard vers la coiffure improvisée du Gobelin. L’ensemble est des plus pitoyables : entre les pans de tissus, s’échappent les impudentes mèches noires, qui luisent sous les éclats du soleil, décidément, Gobelin et sa manie d’y appliquer des huiles ! Il roule des yeux dans un soupir exaspéré. Il est probablement l’un des seuls, avec la jeune Sehrazad, à savoir nouer un turban, mais il ne s’avance pas encore, il attend que Gobelin lui demande…

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    Ven 30 Juin - 10:58
    Il lui semble voir un cabri faire ses premiers bonds alors que l’homme s’étonne de son qualificatif. Il gesticule, sautille, glapit et il court, les bras en l’air, tournoie, virevolte, il attire à lui les regards et les rires amusés. Sehrazad le couve d’un regard intrigué, pour sûr, elle n’avait jamais vu personne réagir ainsi. Puis, il y a quelque chose chez cet homme, une chose sur laquelle elle n’arrive pas à mettre de mot. Une voix puissante fait frémir le sable, imposant à l’homme le silence et ce dernier s'exécute, pour un instant au moins. Il sautille jusqu’à elle et la remercie.. ou bien la met en garde ? La jeune femme l’observe et sourit sans chercher à savoir quel pourrait bien être le danger qu’il évoque. S’il était assoiffé et qu’elle avait de l’eau, elle la partagerait avec lui. Elle ne répondait rien pourtant et à son clin d’oeil elle acquiesçait mystérieusement.

    Il virevoltait et attirait à lui tous les regards, il criait, s’extasiait et se dénigrait. Il gesticulait, grotesque et extravertie, ses mots tombaient comme une cascade de sa bouche. Il ne s’arrêtait jamais, il était un roseau dans une tempête, penchant de tout côté. Non, ce n’était pas tout à fait cela. Il était le roseau et la tempête. Il l’interrogeait sur la raison de son départ mais censurait aussitôt sa curiosité, prétextant qu’il oubliait l’étiquette. Sehrazad voulait lui dire qu’elle n’avait pas l’intention de l’ignorer, qu’elle lui donnerait de l’eau, encore. Elle aurait souri avec ironie mais les mots restèrent figés derrière ses lèvres.

    Une étrange hésitation nouait sa gorge. D’abord elle se demanda ce qu’elle pouvait répondre sans s’étendre sur la question. Puis, elle réalisa… qu’il ne savait pas. Il ne connaissait pas la réponse à sa propre question, n’est-ce pas ? Il passait derrière elle et elle n’écoutait plus tout à fait ce qu’il disait. Il ne savait pas, vraiment ? Il avait bien son nom, n’avait-il pas entendu la disgrâce dont elle était frappée ? S’il ne savait pas alors, avait-elle envie de lui dire ? Ses longs cils battaient ses pommettes alors qu’elle tournait à nouveau son regard sur le visage de l’homme. Il n’y avait pas dans le vert de ses yeux, ni peur, ni pitié. Elle voulait que cela reste ainsi, juste un peu plus longtemps. Ce vœu égoïste scellait ses lèvres.

    Il se met à murmurer et soudain elle tend l’oreille, se sentant bien idiote de s’être perdue dans ses pensées et bien honteuse face à la raison de son mutisme. Il l’enjoint à ne pas douter de son utilité et la demoiselle sourit à sa métaphore avant de rire de sa conclusion, pécuniaire.

    - Tout travail honnête mérite compensation. Laissait-elle glisser, ne voyant apparemment aucun problème à être considérée comme une source de revenu. Ils ne l’avaient pas enlevée après tout et elle était jusqu’ici très heureuse de pouvoir contribuer à la perpétuation de cette joyeuse troupe.

    Il marche à reculons devant elle, manquant de chuter, elle s’avance de quelques pas précipités, tend ses bras mais il est trop tard, le voilà tombé et aussitôt relevé, d’une roulade qui parsème son corps de paillettes dont il peine à se débarrasser. Les dunes vibrent sous le pas qui approche et c’est l’homme aux muscles saillants et à l’impressionnante épée qui approche. Il secoue son acolyte comme s’il s’agissait d’un vulgaire tapis et ce dernier rit. Spectatrice, la jeune femme s’amuse des pitreries de l’homme et s’émerveille de cette étrange et extraordinaire cohésion d’équipe. Il reprend le fil de la conversation comme si tout cela n’était qu'un interlude. C’était peut-être le cas.

    Puis, sans répondre à sa question, elle avait levé la main vers son front et il avait reculé. Un bref instant, les doigts suspendus dans le vide s’étaient figés d’effroi et le coeur de la jeune femme avait manqué un battement. Sur sa rétine elle revoyait ce mouvement de recul, celui de son amie, qui avait eu peur de son contact, craignant la contamination. Ses doigts graciles se rétractent et sa main retombe, plus lourdement que la jeune femme l’aurait voulu. L’homme indique la raison de son recul alors que les prunelles de Sehrazad se sont figées sur un point invisible, plus bas. Sagement, lentement, fatidiquement, elle range ses mains dans son dos, les lient entre elles, elles qui sont maudites.

    Elle laisse à l’homme le loisir de s’exprimer, il le fait si bien, se dit-elle. Elle est heureuse qu’il parle, ce moulin continue l’apaise, il divertis son esprit, lui donne de quoi réfléchir à autre chose qu’aux ténèbres qui parfois enlacent son âme. Alors elle redresse le menton et sourit paisiblement, comme elle le fait si souvent. Une paix mélancolique, une paix tragique, qu’elle teint de sa lumière, travestissant ses fêlures, les recouvrant de sa douceur comme le désert engloutis les vestiges brisés.

    Elle se contentera de marcher à ses côtés, ce sera déjà une expérience chaleureuse, cela l’est même déjà. Ses yeux parcourent les dunes, d’apparence dociles, comme de gigantesques lézards se dorant au soleil, elles semblent attendre, patiemment, mais Sehrazad sait, qu’elles aussi, marchent à leurs côtés.

    - Ne voyez-vous que de la poussière lorsque vous regardez le désert ? demande-t-elle doucement à l’homme qui est en train de nouer le tissu qu’il vient de se prendre dans la figure.

    La personne qui lui avait offert -vigoureusement- cette protection était peut-être issue de ces terres, elle portait parfaitement son turban et il y avait dans ses yeux, le bleu intense des oasis. C’était une silhouette discrète qui se tenait à l’écart, jamais trop pourtant, il semblait à Sehrazad qu’elle gardait un oeil sur l’homme qu’ils surnommaient Gobelin. Mais, à vrai dire, ils gardaient tous un oeil sur lui.

    La demoiselle sourit, son coeur se réchauffait de l’affection qu’elle pouvait si aisément percevoir entre les membres de cette étrange assemblée. Elle se baisse, ses doigts se délient et se tendent vers le sol, ils tracent trois sillons dans le sable avant qu’elle ne se redresse. Dans le creux de sa paume, un peu de poussière. Une poignée de désert qui enlace ses doigts avant de glisser en cascades scintillantes, une nuée d'étoiles filantes dansent dans la brise avant de retourner former un tout, sur le flanc doré de cette colline mouvante.

    - N’est-ce pas magnifique, commence-t-elle, ce qu’on peut trouver.. par terre ?

    L’or brille dans ses grands yeux noisette alors que le sable abandonne sa peau pour retourner aux dunes. Elle ne lui fera pas l’affront d’appuyer son propos en le regardant. S’il se considérait comme quelque chose qui traînait par terre, elle le voyait comme elle voyait ces poussières, des étincelles d'or.

    - La beauté, ne se tient pas devant nos yeux, je crois qu’elle ne s’est jamais trouvé là. Elle se situ...

    Sehrazad s’était lentement tournée vers l’homme qui était si critique sur son apparence, sans intention de lui donner une leçon, elle avait laissé les mots quitter ses lèvres, absorbée par la conversation. Cependant, lorsque ses prunelles se posèrent sur le visage du dénommé Gobelin, elle n’avait pu que constater le maelstrom chaotique qui surmontait sa tête. Un tremblement irrépressible gagnait ses lèvres avant qu’elle ne se mette à rire de bon coeur, dévoilant l’éclat de sa voix avant de porter une main devant sa bouche puis à ses yeux pour en chasser l’humidité. Les larmes avaient perlées si rapidement, comme si elles étaient déjà là, depuis un moment, attendant juste d’être poussées au-dehors. Reprenant son calme, la demoiselle secouait négativement la tête.

    - Vous ne pouvez pas rester ainsi, les oiseaux feront de vous leur nid.

    Son corps s’était naturellement tourné vers l’homme et elle retint de justesse l’élan qui la poussait vers lui. Elle ne voulait pas le voir reculer à nouveau, la fuir. Elle resterait où elle était, sagement.

    - Peut-être pourriez-vous demander à votre ami un peu d’aide ? Dit-elle en trouvant bien vite le regard bleu du généreux donateur. Si votre ami est d’accord…

    Glissant d’un pas sur le côté, elle laisse de l’espace au Gobelin et à son ami s’il souhaitait approcher. Elle passait une main dans ses propres cheveux, châtains ils attiraient moins le soleil et elle avait l’habitude de la caresse de l’astre mais, il avait tout de même raison. Elle se tournait vers le dromadaire qui portait ses affaires, elle grattait le front de l’animal avant de trouver le tissu d’un bleu profond qu’elle enroulait autour de sa chevelure en quelques mouvements agiles.
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    Zeng Min
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    Lun 10 Juil - 12:06
    La jeune femme avance toujours d’un pas égal. Elle est habituée au sable qui s’échappe sous ses semelles, elle ne laisse pas le désert la ralentir, le soleil ne semble pas même l'éblouir, elle le suit du regard, s’égare parfois dans ses pensées. Gobelin le devine, quand ses yeux ne suivent plus ses cabrioles, quand elle s’abrite, derrière un silence ou un sourire.

    Sa retenue n’a rien de méprisant. Elle ne lui accorde pas ces oeillades ennuyées, que certain.es savent si bien faire, elle ne cherche pas à s’écarter, elle accepte sa présence, ses grimaces et ses facéties, avec patience et bienveillance. Une soeur, une mère, quelques secondes, Gobelin a l’impression d’être auprès d’une figure bien plus mature que la sienne, capable de l’aimer et de l’écouter, malgré ses cris et ses acrobaties. Une telle bonté est inhabituelle, rare sur toutes les terres et Gobelin se sent chanceux d’en profiter.

    La chute n’est qu’une cabriole, ses articulations sont molles, Gaël est là pour le remettre sur pieds. Le géant retourne paisiblement à l’arrière, pour dévaler la dune, il a les enfants à ses bras, les porte probablement pour qu’ils ne tombent pas. Mael se tient à Ludinaël, Roshirir s’élance pour courir, pourchassée par Kador, ils dépassent le groupe d’une dizaine de mètres. Gobelin les suit un instant du regard, jusqu’à ce que ses yeux glissent pour observer la jeune femme qui les accompagne.

    Elle a tout de ces fleurs printanières. Eclats de lumière, dans la pénombre, vie émergeant de l’humus, il comprend, qu’on l’appelle bijou, qu’on la dise, précieuse, elle l’est, bien trop ! Car ce monde est avide. Il dévore les parents et les amant.es, se nourrit d’amour, d’espoirs et d’argent. Gobelin sait, qu’ils sont peu à profiter de ces richesses. Et que les sources d’espoir, d’affection, de gentillesse et de respect, sont bien trop vite asséchées ! Victimes, car combien sont celleux qui prennent sans donner, qui prennent sans compter, comme si un coeur pouvait éternellement aimer.

    Et voilà que Gobelin, il a marché sur un bourgeon, le sourire meurt, la main retombe, la jeune femme, soudain, n’est plus lumière, il ne reste qu’ombres. Ses yeux se sont égarés, son esprit s’est rétracté, Gobelin sent qu’elle n’est plus avec eux. Qu’elle s’est réfugiée, au fond d’elle. Ses belles petites mains se sont frileusement rétractées, dans son dos, elle veille à les dissimuler, sans plus le regarder. A-t-elle honte ? Se sent-elle punie ? Enfant battu, s’inquiète Zeng Min, Maltraitances, se demande-t-il. Il regrette, s’approche d’un pas, il ne connaît pas les raisons, de sa réaction. Pour autant, préoccupé, il glisse avec sérieux.

    _ Je suis désolé. Je ne voulais pas vous blesser.

    Pas de masque, cette fois, ni de pseudonyme : c’est Zeng, qui s’adresse à elle, et non plus Gobelin. Son visage s’est transformé, sous les cheveux noirs tombant, ses paupières sont lourdes, sur ses yeux verts. Les cernes et les marques du temps et de l’expérience se dessinent en rides au coin des yeux, au coin des lèvres, il assume sa faute. Car combien même ses griffes sont aiguisées et ses dents acérées, son coeur ne s’est jamais départi de son humanité.

    La question de la jeune femme le prend au dépourvu et il sort de ses pensées. Il observe d’un oeil critique le sable, dans une attitude de réflexion, sa langue s’extirpe de ses lèvres et se déroule, elle pend comme celle d’un chien.

    _ Le désert ! Plein de sable, poussière, de chaleur qui assèche Gobelin !

    Couine-t-il.

    _ Personne n’a pris le temps d’apprendre à Gobelin à voir la beauté du désert. Car toujours, il faut se précipiter, à cause du chaud, du froid, de l’eau si rare, il ne faut pas s’attarder ! Les dunes bougent, pas de repères, s’arrêter c’est se mettre en danger. Les Terres du Gobelin sont si différentes.

    Il la regarde creuser, jusqu’à ce qu’elle se redresse. Au sein de sa paume, sont logées les étoiles, qui ruissellent entre ses doigts. Précieuses et irritantes constellations, elles s’échappent et dessinent dans l’air des augures qu’il ne sait pas lire, jusqu’à se perdre dans l’immensité de l’espace. Gobelin s’accroupit comme pour voir les restes d’un message déjà chassé par le vent, il produit un son trahissant sa déception, plonge ses mains dans le sable. L’étreinte rêche est chaude, puis plus fraîche, il redresse les yeux et contemple pour une rare fois, l’étendue éclairée. De tous ces joyaux éparpillés, qui reflètent la lumière.

    _ Où est la beauté, si elle ne vient pas des yeux ?

    Demande-t-il, et c’est à son tour, d’être d’une naïveté infantile. Mais ses yeux reflètent la même gravité, que lorsqu’il s’est excusé.

    _ Gobelin est né de terre, de poussière, non, pis que cela. Il est né de vase ! La vase, y’en a t il dans ces terres si sèches ? Peut-être qu’il y a d’autres comme Gobelin !

    Il est né, il a été abandonné, au coin d’une mare, au fond de la forêt. L’enfant difforme, délaissé aux bêtes errantes et aux esprits méchants, au final, ils l’ont épargné. A croire que sa tête ou ses cris ne les aient effrayés. Jusqu’à ce qu’une vieille femme ne le recueille, la sorcière, l’appelait on.

    Gobelin entretient le rêve secret, d’être beau. De se sentir beau, de le voir dans le regard des autres. De ne plus avoir à se cacher, à se dissimuler, à faire le pitre, pour mieux s’accepter, pour être aimé.

    Se redressant, c’est une bande de tissu qui le frappe en plein visage. L’architecture de la coiffe est à la fois élaborée, mais des plus maladroites : les mèches et le tissu s’entremêlent, s’élèvent et chavirent à chaque pas, malgré les mains que Gobelin lève pour maintenir l’ensemble.

    Plusieurs regards consternés s’échangent, bien que le plus ennuyé semble être Lazur : les paupières si lourdes sur ses yeux bleus, il ferme même un instant les yeux pour s’épargner cette vision ridicule. Mais le rire de Sehrazad gagne les lèvres du Gobelin, il éclate de rire à son tour, ça ricane et ça jacasse, et de partout, naissent finalement les sourires. Lazur, malgré tous ses efforts, laisse échapper un son bref qui ébranle ses épaules, un rire qu’il dissimule derrière une toux. Et les enfants se joignent à eux. Eux ont la tête protégée par de grands linges mouillés, Nuwel et Gael veillent tous deux sur les plus petits.

    _ LAZUR ! A L’AIDE ! GOBELIN VA ATTIRER LES OISEAUX !

    _ Vous feriez pourtant le meilleur des épouvantails…

    Soupire Lazur. Il s’approche d’eux, hésite mais s’incline avec grand respect devant Sehrazad, avant de préférer lui tourner le dos pour s’occuper du Gobelin.

    _ Cessez donc de gesticuler.

    _ Bien, bien ! Glapit Gobelin.

    Le groupe avance encore sans eux, sur quelques mètres. C’est après une dizaine de mètres qu’ils patientent et Lazur se recule finalement d’un pas. Les cheveux du Gobelin sont à présent bien dissimulés sous un turban soigneusement noué.

    Lazur croise les bras sur son torse, se recule encore d’un pas. Gobelin tourne les yeux vers la jeune femme et lui sourit.

    _ Est-ce qu’il a bien travaillé ? Est-ce que cela va bien au Gobelin ? Votre tissu bleu est magnifique ! Aussi bleu que les yeux de Lazur ! Est-ce votre couleur préférée ? Où l’avez-vous acheté ?

    Lazur, est-ce vraiment son nom ? Probablement un sobriquet, comme tous ceux qu’utilisent les Lanternes Vertes. Un nom choisi, pour une nouvelle vie. D’ailleurs, Lazur garde les yeux baissés, la nuque légèrement courbée, lorsqu’il est aux côtés de la jeune femme. Il ne laisse rien paraître d’autre de son malaise.

    Finalement, une gourde passe de mains en mains et leur est lancée. Gobelin la rattrape, en boit une gorgée, la propose à Sehrazad après l’avoir nettoyée sur sa manche.

    _ Faut-il de l’eau, pour abreuver la petite fleur ?

    Lazur soupire : lui boira sûrement en dernier.

    _ N’avez-vous donc pas un peu de respect pour nos commanditaires ?

    _ Quoi ? S’étrangle Gobelin, Une fleur est un très joli surnom ! N’y a-t-il pas plus grand bonheur que découvrir un champ couvert de fleurs, de surprendre leurs couleurs, sur un lit de mousse sombre, d’être accueillis par leurs parfums éthérés ? Cette Dame nous éclaire par son sourire et embaume nos cœurs de sa bienveillance !

    _ Elle est l’épouse de notre Pharaon ! S’agace Lazur, haussant la voix, S’il apprend que…!

    _ Que quoi ? Qu’elle nous rend heureux ? Que sa présence parmi nous est la bienvenue ? Sera-t-il offensé ? Et…

    Gobelin s’arrête soudain, Lazur se fige à son tour. Ce dernier semble tendu, au vu de son froncement de sourcils. Gobelin lève l’index, le pointe vers le ciel, dans une attitude de réflexion. Puis il se penche, récupère du sable entre ses paumes, le laisse ruisseler entre ses doigts. Il regarde à nouveau toutes ces étoiles flamboyer. Et adresse une oeillade à la jeune femme, le visage éclairé d’un sourire, il est complice.

    _ Avant de penser même au Pharaon, pensons à elle ! Lazur, tu soulèves là, quelque chose de très important ! Le consentement ! Alors, par un tour de magie, nous allons reprendre cette discussion depuis son commencement !

    Gobelin lance alors sa poignée de sable en l’air, tournoie sur lui-même, prestidigitateur, il reprend son sourire et s’incline bien bas devant Sehrazad.

    _ Bonjour, Dame ! Je me nomme Gobelin et voici Lazur, nous faisons partie des Lanternes Vertes. Quels noms et pronoms pouvons-nous employer pour vous désigner ? Quelles sont les choses que vous ne supportez pas et celles que vous préférez ? Fille du désert, du sable et de toutes ces étoiles que la terre a emprisonnées, vous êtes un éclat, une lumière, qui éclaire notre voie ! Nous guidant au travers des runes et soulevant l’espoir, que la beauté n’est pas toujours celle qui se voit !
    Zeng Min
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    Mar 11 Juil - 14:39
    Happé par le courant, le nénuphar se laisse porter, docilement, reconnaissant de pouvoir voguer sur une rivière aussi joyeuse. Un sourire paisible embrasse ses lèvres roses, silencieuses mais pas inexpressives. Elle voudrait lui dire de ne pas s’inquiéter, de ne pas s’excuser, qu’il ne l’avait pas blessé mais ses mots sonneraient-ils justes ? La politesse ou l’honnêteté, qu’entendrait-il ? Elle était désolée, elle aussi, désolée d’’avoir un visage si injuste, si aisé à lire. Elle aurait préféré qu’il ne voit rien de cette blessure qu’il n’a pas infligée. Qu’il ne devine rien des ombres qui se dissimulent derrière ses paupières, qu’il ignore tout ce qu’elle parvenait si mal à cacher. Pourtant, sans cela, aurait-elle pu le voir ainsi ? Ses traits toujours tendus par les grimaces, déformés par de joyeuses pitreries, s’étaient alourdis. Ses rides trahissaient le temps passé à forcer ce masque qui tombait, le temps d’un instant. L’ombre sous ses yeux renforce l’éclat émeraude d’un regard profond et Sehrazad sait désormais, ce qu’est cette chose, cette chose si spéciale qui irradie parfois de l’homme et sur laquelle elle n’arrivait pas à mettre de mot.

    Alors elle sourit. Elle sourit et remet à plus tard tout ce qu’elle voudrait lui dire maintenant. Qu’il est difficile parfois, de respecter le bon tempo. Pourtant, c’est primordial, ici plus encore qu’ailleurs, il faut savoir prendre son temps et écouter.

    Il évoque ses terres, son pays natal sans doute et sa question innocente émeut la jeune femme. Elle voudrait tant s’accroupir en face de l’homme et prendre ses mains sous le sable. Elle lui expliquerait tout de la beauté, de cet endroit, de celle qu’elle voyait, de celle que d’autres ignoreraient, de celle qu’il pouvait voir, s’il le voulait. Mais en avait-elle le droit ? N’était-elle pas suffisante, orgueilleuse, de croire qu’elle avait la réponse ? Elle que la Calamité avait entachée, imprégnant dans sa chair, enfouissant dans ses entrailles la marque des maudits.

    Elle doutait. Il avait raison. Elle doutait d’elle et les pas qu’elle ne faisait pas, l’éloignaient de celle qu’elle pensait être, celle qu’elle voudrait être.

    Il appelle son ami à l’aide et Sehrazad apprend son nom. Lazur soupire et ses mots acerbes ne trompent sans doute personne alors qu’il approche pour venir en aide à son ami. Il s’incline après un instant d’hésitation et Sehrazad peine à interpréter l’un et l’autre, révérence et hésitation. Peut-être ne savait-il pas à quel point il devait se montrer courtois avec leur cliente ? La demoiselle répondait délicatement à sa salutation, ne souhaitant pas le mettre mal à l’aise. Il reste pourtant tendu. Il ou elle ? Les deux oasis qui percent le turban ne permettent pas de le déterminer et la voix peut-être si traîtresse. Est-ce important ? Ce n’est pas cela qui attire la curiosité de la jeune femme. Elle tente de donner au mystère qui l'entoure une explication, de comprendre l’étrange tension qui raidit sa posture et courbe son échine lorsqu'il s'approche d’elle.

    Ce n’est pas très poli, se dit-elle. Ils avaient tous leurs secrets, de quel droit essayait-elle de percer celui de Lazur ? Parce que ce mystère, ce secret, cette retenue, semblait peser sur cette nuque qu’il tendait devant elle. Parce que ce malaise, l’éloignait encore un peu. Elle lui laisse de l’espace, se tient à l’écart pour ne pas être le poids qu’elle sent faire peser sur lui sans en comprendre le sens et répond avec franchise mais légèreté aux questions de la tête désormais coiffée.

    - C’est du bel ouvrage, monsieur, cela vous sied à ravir.

    Ses prunelles se lèvent naturellement sur le tissu qui enserre sa tête alors qu’on la questionne sur la particularité de sa couleur. C’est avec fierté qu’elle acquiesce, passant le bout de ses doigts sur le turban indigo.

    - C’est la couleur qu'affectionnaient mes ancêtres lorsqu’ils étaient encore nomades. Je l’ai tissé.

    Répond-t-elle tout naturellement avant de tendre ses mains vers la gourde, prenant discrètement soin de la saisir sans effleurer les mains de l’homme. Elle n’aurait pas l’occasion d’y boire cependant. Un soupire précède l’indignation de Lazur. Prise de court, Sehrazad le regarde avec surprise. Elle suit l’échange houleux sans pouvoir intervenir et soudain, elle saisit, d’où venait le malaise, le poids qui pliait la nuque de Lazur. Elle avait été sotte de ne pas le comprendre plus tôt.

    Le Gobelin lance une poignée de sable en l’air, il jette un sort et la poussière devient magique. Il s’incline et tournoie, acteur de son propre spectacle, il balaie tout ce qu’il pense mauvais et reprend depuis le départ. Sehrazad hésite, non pas sur la teneur de sa réponse mais sur la forme qu’elle devrait lui donner. Elle sait qu’elle n’est pas aussi bonne comédienne que son hôte et, elle sait, que tout se lira sur ses traits. Était-ce si grave ?

    Une main délicate se pose sur sa poitrine, à l’emplacement de son coeur, la main qui tient la gourde se réfugie dans son dos et son pied droit décrit une courbe gracieuse dans le sable alors qu’elle ploie doucement le genou dans une révérence élégante.

    - Enchantée de faire votre connaissance. Je me nomme Sehrazad Borgia, je suis l’épouse de Caspian Pharaos, héritier de notre honorable Pharaon. Vous pouvez m’appeler Sehrazad, me surnommer comme il vous plaira, si je trouve à y redire, je m’engage à vous le faire savoir. Je ne supporte pas l’hypocrisie, l’étroitesse d’esprit et les tisanes aux asperges de ma grand tante mais, je vous serai reconnaissante si ce dernier point reste entre nous. J’apprécie la franchise, l’humour et l’odeur de la terre après la pluie. Si je peux être votre guide dans ce désert, laissez-moi une chance de vous le montrer tel que je le vois.

    Elle se redresse souplement, adresse un sourire à celui qui voulait se nommer Gobelin. Elle lui trouverait un surnom, s’il la nommait fleur, elle pouvait bien le renommer elle aussi, non ? Se tournant doucement vers Lazur, la jeune femme lui tendait la gourde à laquelle elle n’avait finalement pas bu.

    - Si vous m’en accordez le droit, j’aimerai être votre camarade.

    Juste une camarade. Pas le poids d’un nom, d’un rang, d’une chaîne de fer ou d’un futur qui ne verrait peut-être jamais jour, pas davantage qu’une rumeur malsaine. Juste une camarade. Le temps d’un voyage. Était-ce possible, demandaient poliment ses yeux noisettes posés si doucement sur les prunelles azurées. Espérant qu’il se saisisse de son offrande d’eau et drapeau de paix, la jeune femme se tournait à nouveau vers le Gobelin et s’inclinait à nouveau, sans révérence et avec un sérieux teinté de honte et de repentir.

    - Je vous présente mes excuses pour mon impolitesse de plus tôt, je suis désolée si je vous ai effrayé en essayant de vous toucher sans prévenir.

    Elle était la première à ne pas avoir respecté le consentement d’autrui avant d’agir. Si elle l’avait fait sans arrière pensée, elle n’en était pas moins coupable. Il la couvait de tant d’éloges et de mots de velours alors qu’elle s’était montrée bien maladroite. Son coeur s’était serré d’allégresse dans sa poitrine, lorsqu’il lui avait proposé de boire à la même gourde qu’eux, balayant d’un geste simple l’épaisse ombre qui enserrait ses poignets.

    Il ne craignait pas qu’elle le contamine. Mais il ne sait pas, clamait une maudite voix dans un coin de sa tête. Maudite mais vraie. Son dos se redressait mais son menton restait bas, ses mains venant nerveusement s’emparer l’une de l’autre comme pour se donner du courage. Elle ferait mieux d’en parler. Briser l’illusion tout de suite, elle-même, plutôt que de les laisser apprendre ce qu’elle était par les mots d’un autre. Était-ce mentir de ne rien dire de ces rumeurs affreuses ? Etait-ce les faire vraies d’en parler ? Elles étaient déjà là, partout autour d’elle, invisibles et suffocantes, elles restreignaient le moindre de ses gestes, les teintant de conséquences néfastes, de non-dits maladifs. Elle avait été si heureuse de le voir tendre cette gourde et pourtant, elle était incapable d’y boire.

    - Je..

    Sa voix se brise, sa détermination vacille. Elle n’y arrivait pas. Elle qui avait appris à se défendre par le silence, feignant d’ignorer ce que ses oreilles entendaient, elle était bien désarmée lorsque venait le moment de mettre ces rumeurs sur ses propres lèvres. Non, ce n’était pas les armes qui lui manquaient mais le courage. Était-elle lâche à ce point ? C’était inacceptable. Comment pouvait-elle demander à être l’une de leur camarade si elle était incapable de les regarder sans se sentir déchirée intérieurement, craignant qu'ils découvrent une imposture que d'autres avaient inventés.

    - Je suis née du sable et de la poussière.

    Dans ces terres si sèches. Arides. Infertiles.

    - Certains perçoivent cet endroit comme damné, vide de tout, incapable de porter la vie et faisant dépérir tout ce qu’il touche. Certains..

    Les mots étaient si durs, si tranchants qu’ils blessaient sa gorge, écorchant ses lèvres à chaque passage, lacérant la délicate estime d’elle-même que la jeune femme peinait à reconstruire. Qu’ils étaient douloureux et dramatiquement faciles à trouver, ces mots qui la décrivaient pour ces autres qu’elle ne nommait pas.

    - Certains pensent la même chose de ma personne.

    Elle ne parlerait pas explicitement de son infertilité, l’exposer à voix haute ce serait accepter une fatalité à laquelle elle ne s’était pas résignée. Elle avait fini par leur dire. Révélant à ces yeux verts si dénués de mauvaises intentions, la malédiction à laquelle ils s’exposaient. Au moins il ne serait pas dit qu’elle avait caché ce qui, révélés par d’autres, auraient pu devenir des non-dits coupables ou pire, des vérités inavouables. Pourtant, elle ne se sentait pas soulagée.

    - Si cela devait remettre en question la nature de nos relations ou de votre contrat, je ne vous tiendrai pas rigueur de souhaiter mettre un terme à notre collaboration.

    Le phrasé protocolaire et les mots pragmatiques s’érigeaient comme autant de murailles derrière lesquelles elle se recroquevillait. Il valait mieux que cela soit dit tout de suite, ainsi ils étaient moins pris au dépourvu, pris au piège, que s’ils s’étaient davantage enfoncés dans le désert. Ici ils pouvaient encore faire demi-tour et rejoindre la ville. Ils pouvaient encore prendre un autre chemin que le sien. Lentement, avec cette précaution et cette précision qu’on les fins marionnettistes, soucieux de ne pas briser leurs poupées, elle redresse le menton. Les voiles pâles de ses vêtements embrassent la brise et le désert s’engouffre dans le sourire qui irradie paisiblement sur le visage de sa fille. Il serait toujours là. Qu’importe la tempête. Qu’importe si l’obscurité est profonde et que les étoiles brillent en vain. Il serait là, ce soleil qui se lève, aube après aube, s’extirpant de la nuit, plus fort.
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    Mer 12 Juil - 12:38
    La jeune femme hésite, mais ces quelques secondes lui sont respectueusement laissées ; en attente d’une réaction, Gobelin reste incliné, Lazur reste, les bras croisés.

    Délicatesse et élégance, elle dépose une main sur son coeur, la révérence fait redresser les yeux du Gobelin, il sourit et Lazur, quant à lui, est redevenu figure de marbre. Dos à la dune et la tête haute, son impassibilité est vaincue par la malice de la jeune femme : malgré tout son sérieux, il est contraint de fermer les yeux et dissimule son pouffement derrière sa main, malgré le voile qui recouvre son visage. Gobelin, lui, éclate d’un rire jacassant, ses lèvres dévoilant ses dents. Rictus déchirant, celui d’un être qui croque la vie à pleine dents. Il a tant manqué, qu’il apprend à vivre pleinement chaque instant. Et si le départ n’est pas bon, il reprend ! Voir qu’elle accepte ce jeu, de se donner à toustes, une deuxième chance, le convainc : cette Dame a le coeur bon.

    Ses yeux se lèvent jusqu’à elle, s’unissent à ses yeux brun. Et se redressent lentement ses épaules, ses bras retombent le long de ses flancs, ses mains aux longs ongles se rétractent et se réfugient à l’intérieur des manches. Le linceul blafard qui recouvre son derme ne rougit pas même sous la morsure du soleil : il brûle et cloque, se fend par endroits, pêle par d’autres, il dissimule sous le tissu les squames d’un derme fragile. Face à son sourire, il répond du sien, les lippes s’étirent plus lentement, plus doucement, geste sournois, d’un reptile prêt à sortir sa langue, mais aucun poison, aucun appendice fourchu, ne s’en extirpent.

    Lazur s’est déjà repris. En quelques secondes, ses paupières s'ouvrent et dévoilent le bleu précieux de ses prunelles. Océan, fragment de pierres précieuses, la couleur est d’une intensité poignante, elle captive et attire. Ses sourcils d’un brun foncé témoignent d’une pigmentation semblable, sur une peau tannée par le soleil, ici et là, un trait de sueur dessine une voie lactée, iridescente et miroitante, que Lazur ne daigne pas effacer. Le geste doux de la jeune femme a saisi son attention. Il la fixe mais ne soutient pas son regard. Après quelques secondes, ses pupilles s’abaissent vers ses lèvres, comme pour lire les mots qu’elle prononce. La gourde qu’elle lui tend est une demande, et après quelques secondes, Lazur y répond.

    Sa propre main émerge de son flanc, déploie ses doigts. Sa peau est protégée de bandages, grisonnants ou souillés de poussière. Les bouts de ses doigts sont courts et comme écrasés, usés par le travail. Lorsqu’ils se referment sur la gourde, la pression est prévenante, il attend qu’elle lâche, pour approcher la gourde, la dévisser et sous son voile, récupérer quelques gorgées. Mais il y a quelque chose de maladroit, comme le fait que Lazur ne réagisse pas immédiatement, qu’il raffermisse l’emprise de ses doigts, à deux reprises, pour être sûr de bien la tenir. Si Sehrazad est attentive, elle saisira probablement qu’il y a un inconfort, dans ses mouvements. La gourde est ensuite lancée à Gobelin, qui la garde à sa hanche.

    _ Nous marchons sous le même ciel et sur le même sable, répond Lazur, avec politesse et élégance, et le ton employé n’a rien à voir avec celui qu’il utilise envers le Gobelin. Sa voix grave prononce les syllabes avec distinction, c’est une phrase que l’on entend souvent dans les petits villages reculés, comme une promesse, une bénédiction, une phrase d’accueil et aussi réservée aux retrouvailles. A croire qu’il la connaît, bien qu’il baisse simplement les yeux devant elle de nouveau.

    Les excuses de la jeune femme étonnent le Gobelin, qui relâche la tension de ses épaules. Il sourit, simplement, se balance d’un pied sur l’autre, et sa tête suit le mouvement. Comme si le seul poids était celui de ses yeux de verts, elle brinquebale au rythme de son geste, mais reste toujours tournée vers la jeune femme, les yeux plantés vers elle. Cobra à la collerette redressée, son corps difforme émane la même menace, dans ce geste ritualisé. Sa main se lève, finalement, dans un geste, balaie le mal.

    _ Vos excuses sont acceptées. Aucun mal n’animait vos gestes, Gobelin en a conscience ! Mais vilain comme il est…

    Le sourire de Gobelin s’étire, devient estafilade qui traverse le coin d’une de ses lèvres. Il repose sa tête sur la hampe de sa lance, et ses yeux verts suintent. C’est la peine qui humidifie étrangement ses yeux, bien qu’aucune larme ne menace de couler.

    _ L’inconnu effraie, et Gobelin fait peur. De nombreuses mains se sont levées pour le chasser, saisir ses cheveux et les tirer, attraper sa peau et la pincer ! Et Gobelin se sent souvent couvert d’écailles, de matières molles et suintantes, répugnance, pour cette écorce qu’il doit porter. Le geste de Dame Sehrazad était bien attentionné : ses doigts ont seulement effleuré des plaies qui n’ont pas fini de cicatriser. Gobelin s’excuse de ses réactions vives et des erreurs commises. N’ayez crainte, fleur d’aube, vous n’avez ni blessé ni dérangé. Peut-être que lorsque Gobelin sera redevenu humain, il vous laissera volontiers toucher à ses cheveux ! Il aura une belle crinière, faite de soleil, ou les cheveux d’un ciel nocturne parcouru d’étoiles, et vous laissera la tresser comme vous l’entendez !

    Le rêve d’un monstre, n’est-il pas d’être humain ?

    Et le malaise de la jeune femme n’échappe à personne.

    Les yeux verts, prédateurs et insidieux, suivent les mains qui se tordent. Immobile, il se tait soudain. Observant le mal, qui la torture. Lazur est à deux pas d’elle mais s’approche prudemment d’un, comme si, de son corps, il pouvait la protéger des mots qu’elle prononçait ; pourtant, ses yeux sont incapables une fois encore de porter l’aveu qu’elle confie. Pavir s’est assis dans le sable et a pris les enfants autour de lui, bien que ses yeux se lèvent souvent vers eux et s’inclinent, face à la Dame. Car lui est du désert, comme Lazur, et qu’il Sait probablement. Ludinael s’est arrêtée de boire à sa gourde - et Nuwel en profite pour la lui arracher des mains, mais la fière guerrière ne bronche pas, elle écoute. Aussi loin d’eux, peuvent-ils les entendre ? Certains ne démontrent d’aucune réaction, comme Gael qui observe les environs, ses bras énormes croisés sur son torse, Uiko qui découpe des morceaux de cactus alors que Mael est assis.e contre Pavir.

    Sehrazad est seule, et pourtant, entourée.

    Car personne ne parle, personne ne l’interrompt, qu’ils sont là, à l’écouter.

    Sa douleur se sent, comme une lame qui effleure la peau, les plus sensibles ont l’impression de l’avaler, sentant le tranchant s’enfoncer. Lacérer, couper, trancher, c’est blessant, Lazur d’ailleurs, croise fermement les bras sur son torse comme pour endurer, Gobelin, lui, laisse tout ce mal, le frapper en plein coeur. Sans vaciller.

    Pas de cabrioles, pas de galopades, pas d’échappatoire. Campé sur ses pieds, appuyé sur sa lance, grue immobile dont les yeux de verre sont plantés dans les siens. Certains y verront l’âme prédatrice, le coup incisif qui n’attend qu’à être porté, d’autres, peut-être, discerneront la compassion, dans cette attente figée.

    L’annonce de la jeune femme plane et la menace d’une malédiction semble peser sur toutes les épaules. Chaque membre du groupe témoigne d’une réaction plus ou moins perceptible, plus ou moins compréhensible. Lazur a fermé les yeux. Ses sourcils légèrement froncés trahissent un mécontentement, douleur ou colère, il est difficile de savoir. Son voile, son turban et les épais vêtements, ne dévoilent que les prunelles à présent protégées, derrière une barrière de chair.

    Gobelin a baissé les yeux. Sa tête toujours appuyée contre la hampe de la lance, il s’accroupit et plonge sa main dans le sable, il laisse les grains défiler entre ses doigts. Le geste est lent, le bruissement est perceptible, caresse de la terre contre les os saillants de la créature.

    Les autres sont trop éloignés pour que la jeune femme puisse réellement les observer.

    Gobelin dessine, du bout de l’index, fleurs et forêts sur le sable.

    _ Dame Sehrazad… J’apprécie votre honnêteté.

    Je, et non Gobelin. Zeng Min parlait, cette fois. Sa voix, son visage, sont redevenus graves.

    _ Je vous remercie pour vos aveux. Et vous félicite pour le courage… de les avoir prononcés.

    S’appuyant sur sa lance, Zeng Min se redresse. De toute sa hauteur.

    Les longs cheveux noirs ruissellent, cascade, d’où émerge un masque mortuaire. Les paupières lourdes, sur les yeux verts, délavés et usés. La Mort l’a tant de fois embrassé que ses lèvres ont disparu : sa bouche n’est qu’une fente, où émerge parfois, dents ou long appendice musculeux. Mais cette plaie ouverte est refermée, l’expression figée. Malgré la maigreur des membres trop longs, les côtes saillantes et les hanches tordues, Zeng se tient droit. Sa main, une vraie serre, refermée sur la hampe de sa lance, il est berger des âmes égarées.

    D’ailleurs, Lazur a bougé : en quelques pas, il s’est glissé derrière son Capitaine et attend, les mains jointes devant lui dans un geste de prières. Le groupe attend, alors que Zeng Min s’approche d’un pas, puis d’un autre, de la demoiselle. Il la dépasse de bien deux têtes, la différence est à présent frappante, lorsqu’il doit baisser la tête pour croiser son regard. Son dos se courbe et sa tête se penche, jusqu’à être à sa hauteur. Et les prunelles reptiléennes rampent, jusqu’à s’unir aux yeux bruns de la jeune femme.

    Sa main libre émerge lentement de sa manche. De ses doigts repliés, émerge un index crochu et l’ongle effilé effleure le turban bleu, longe le nez de la jeune femme, descend plus bas que ses lèvres, pointe le coeur de la jeune femme.

    _ Il y a tant de force dans ce si petit corps.

    Murmure-t-il, sans la lâcher du regard.

    _ Tant de force. Pour sourire, alors que tant a été pris. Pour aimer et donner, pour faire preuve de bonté, malgré toute la méchanceté, la haine et le rejet, que ce cœur a eu à affronter. Malgré les blessures, il continue de battre et ce corps continue d’avancer. Bravant toujours l’inconnu, et prêt à se jeter dans les pires dangers : le risque d’être rejeté, tout cela, parce que ce corps doit exister, tout cela parce que ce corps est différent des autres. Comme si ! Être différent interdisait d’exister, mais l’inconnu fait peur, les inconscients et les insouciants préfèrent la haine, la violence, le rejet, face à ce qu’ils sont incapables d’expliquer, de comprendre, d’accepter.


    Zeng Min recule sa main. Elle vient sur son propre coeur et y plante presque ses ongles, dans une étreinte suffisante, pour que les jointures blanchissent, les tendons se devinent, la tension gagne la musculature noueuse.

    _ Je demande pardon, aux noms de toustes celleux qui vous ont blessée, qui vous ont rejetée, de toustes celleux, qui n’ont pas su, pas pu, pas voulu vous accepter, dans tout ce que vous êtes et représentez.

    Sous les sourcils froncés, les yeux verts sont embrasés. Roseau, il est tempête, il est chêne, il est la révolte, il est l’impétueux et le fallacieux, il est, le Gobelin et le Paladin, le monstre et l’humain.

    _ Moi, Zeng Min, chef des Lanternes Vertes, vous assure notre protection. Aujourd’hui, jusqu’à la fin de notre voyage et suite à cela, vous serez toujours Camarade des Lanternes Vertes. Car si certain.es croient que le désert n’est que vide et poussières, j’ai vu ! J’ai vu ! La beauté des étoiles abandonnées sur terre, de ce sable fait de 1000 joyaux qui resplendissent sous la clarté du soleil, j’ai vu les vies qui l’habitent, de la petite pousse jusqu’aux enfants qui courent, j’ai senti la caresse du vent sur ma peau, l’embrassade d’un soleil facétieux qui veut voler ma chevelure ! J’ai vu, car vos yeux m’ont appris à voir.

    Zeng Min sourit alors, d’un sourire confiant, impudent et malicieux, son index se dresse vers le ciel.

    _ Et moi ! Moi j’apprendrais au monde à vous voir telle que vous êtes, à me voir comme je suis, à nous voir comme des êtres, qui ont le droit de vivre et d’exister ! Les différences ne justifient AUCUNE maltraitance, aucun rejet, aucune blessure. Car moi, j’ai vu la bonté, dans vos gestes, dans vos mots, j’ai vu la gentillesse, j’ai senti votre chaleur me gagner. Comme j’ai vu, la peur que vous ressentez et ne peux que deviner le mal qu’on vous a fait.

    Son regard s’abaisse. Ses épaules s’affaissent, inquiet, il s’approche encore d’un pas, assez pour qu’elle n’ait plus que lui, à observer.

    _ Ici plus qu’ailleurs, vous êtes la bienvenue et nous sommes peut-être les personnes les plus à même de comprendre.

    Chuchote-t-il, avec connivence. Zeng Min offre alors son bras à la demoiselle.

    _ Souhaitez-vous vous tenir à moi ? Nous allons nous remettre en marche. Et si vous le souhaitez, Gobelin vous racontera une histoire. L’origine des Lanternes ! Qu’en dîtes-vous ?

    Un sourire encourageant revient étirer les lippes, dévoiler les dents, plisser les yeux. Gobelin revient, sous le masque d’une grimace malicieuse.

    Zeng Min
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    Mar 18 Juil - 11:39
    Il l’écoute. Ils écoutent. Bien sûr, elle a perçu le silence qui l’entourait, sans savoir s’il était anxieux ou consterné, mais elle n’a compris qu’ils écoutaient vraiment que lorsqu’elle a redressé la tête. Les dunes ronronnaient au soleil, lascives et impassibles, tapis de soie brillante sous les pieds de ces petits êtres attentifs. Les mots qu’ils échangeaient, se perdaient dans le désert. Ils se transformeront en autant de grains de sable. Et les dunes sur lesquelles ils se poseront, grandiraient. Un jour, peut-être, quelqu’un se penchera et dans la poussière qu’il ramassera, il trouvera, ces mots comme des diamants.

    Elle a serré ses mains entre elles, si fort qu’elles blanchissent, si fort que ses bras en tremblent. Sa petite silhouette s’est fondue dans l’ombre de l’homme qui s’est penché sur elle. Elle n’a pas cillé lorsque son doigt s’est tendu vers son front, ses yeux grands ouverts, elle l’a regardé, l’aurait-elle voulu qu’elle n’aurait sans doute pu en détacher son regard. Son visage revêtait à nouveau ces traits lourds et sérieux, teintés de l’ombre qui touche tous ceux qui ont souffert. Ce que voient les autres sur ce visage, elle l’ignore.

    Les rides qui se dessinent sur son front alors qu’il fronce les sourcils, tracent les sillons d’une vie sinueuse, laborieuse mais riche d’apprentissages et de rencontres. L’obscurité qui creuse ses paupières, la fatigue d’un voyage incessant sur des terres rongées par la cruauté des hommes. Ses lèvres qui disparaissent pour ne plus dessiner qu’un trait, aussi pur et tranchant que son esprit, que ses mots. Une bouche qui se cache en pleine lumière, dévoilant des dents acérées pour détourner l’attention, travestir sa fragilité en quelques calembours. Ses prunelles de jade se voilent parfois de cette brume que Sehrazad voudrait dissiper mais, alors qu’ils parlent en son nom, elles s’embrasent. Un feu si vif brûle derrière l’émeraude qu’il projette des étincelles tout autour de lui. Des flammèches qui se logent dans le coeur de ceux qui écoutent. Dans le coeur de Sehrazad.

    Il lui propose son bras et le désert devient océan. C’est une histoire étrange, une rumeur, une légende, un fantasme sans doute. Le conte improbable raconte qu’il fut un temps où l’eau recouvrait tout, des larmes de la déesse ou d’un déluge originel, le désert, serait le fond d’un océan. Cela doit être lui, qui revient couvrir les dunes, lui qui brouille sa vision et qui dévale sur ses joues. Elle est au fond de l’océan. Elle y a trouvé d’étranges poissons. Si colorés. Si beaux.

    Enfin, ses mains se délient et ses épaules s’abaissent alors que ses doigts cherchent en vain à chasser la précieuse eau qui cavale. Elle ne cache pas ses larmes, c’était peine perdue. Lorsque finalement elle se souvient du mouchoir qui ne l’a quitte jamais, le soleil a déjà dévoré une partie de ces fragiles offrandes. Séchant ses joues et ses cils, la jeune femme acquiesce simplement, comme si elle acceptait enfin la proposition de l’homme.

    - Merci.

    Le mot voletait autour de sa bouche comme un papillon amoureux. Seul, il portait le poids de tout ce qu’il devait incarner. Sehrazad redressait un peu plus le menton, ses prunelles noisettes plongeant sans retenue dans l’océan émeraude. Accrochés à ses cils, des éclats de nacre reflétaient avec peine la reconnaissance qui brillait dans les profondeurs de ses pupilles.

    - Merci, je me montrerai digne d’être une Camarade des Lanternes Vertes.

    C’était une promesse. Gravée dans le sable et le bleu du ciel. Lentement, son bras se relève, ses doigts se tendent, timides et délicats, ils se posent doucement sur l’avant-bras de Zeng Min. À son côté, elle reprend la marche qu’elle a sans doute trop longtemps arrêtée. Lui en voudraient-ils de faire durer le voyage ?

    Ils se remettent en mouvement et la dextre posée sur le bras masculin, se resserre légèrement, elle voudrait lui rendre sa bonté, sa gentillesse mais les mots semblent trop limités, trop pauvres pour exposer tous les sentiments qui la traversent. La caravane reprend son chemin et chacun y retrouve sa place. Au bras de l’homme, Sehrazad se souvient de ce qu’il a dit sur lui-même, “l’inconnu effraie et Gobelin fait peur”. Tous les sévices qu’il avait subi et l’écorce qu’il devait porter. Ce corps malmené, maltraité, déformé par la haine et la cruauté, forgé dans l’adversité, ce corps.. qu’il ne voyait pas comme humain. Un monstre répugnant, était-ce vraiment ce qu’il voyait ? La jeune femme ramène sa seconde main sur le bras offert, elle s’en empare et glisse à voix basse.

    - Vous ne m’avez jamais effrayé… Ce n’est que par respect pour vous que je ne vous enlace pas alors, un jour.. Un jour où vous pourrez vous reposer sur moi, un jour où vous me ferez confiance, un jour laissez-moi vous enlacer et vous montrer, la beauté que je vois quand je vous regarde.

    La demoiselle presse doucement le bras entre ses mains puis le relâche totalement, elle attendrait, qu’il soit prêt. Relevant ses prunelles noisettes sur l’émeraude, elle lui sourit et son visage est une promesse. Elle ne lui laisse pas le temps de répliquer, posant un doigt sur ses lèvres en s’éloignant d’un pas en arrière. Elle rabaisse sa main et poursuit.

    - Avant d’écouter l’histoire des Lanternes Vertes, permettez-moi de venir en aide à votre compagnon.. Je reviens tout de suite.

    Ses pas sont légers sur le sable, elle glisse et flotte, vole sur le dos des dunes, le poids qui pesait sur elle semblait avoir disparu. Elle savait pourtant, qu’il resterait en elle, profondément installé dans le creu de son ventre, il ne partirait pas si facilement mais, pour un temps, elle l’oublierait. La jeune femme s’approche de Lazur, son pas hésite, ralentit mais finalement, elle passe simplement à côté de lui, se dirigeant un peu plus en aval du convoi. Il y avait là, un homme aux cheveux grisonnants et à l’allure définitivement martiale bien que son armure soit actuellement constituée d’une ribambelle d’enfants qui se suspendaient à ses bras pour échapper aux roulis du sable.

    - Peut-être puis-je vous apporter mon aide ?

    Il y avait pourtant peu de chance qu’elle puisse porter autant de bambins que le solide bretteur dont les bras devaient faire deux ou trois fois la taille de ses cuisses. Faisant claquer sa langue sur son palais à deux reprises, Sehrazad se décale un peu sur le côté pour laisser approcher le dromadaire qui portait ses bagages. Le paquetage n’était pas très impressionnant, la jeune femme savait qu’il fallait voyager léger dans le désert, puis, elle se doutait qu’elle serait plus chargée au retour. Grattant affectueusement le front de l’animal, elle tournait son regard vers les enfants.

    - Il s’appelle Ibtek, il est très gentil et très chatouilleux alors faites attention à ne pas trop le chatouiller avec vos pieds sinon il risque de se rouler par terre avec vous sur son dos.

    Les gamins écoutaient mais leurs yeux étaient déjà rivés sur le dos de l’animal, brillants d’envie. Comment verraient-ils le monde depuis ce perchoir vivant ? Sans doute serait-il plus beau, plus scintillant, plus palpitant, depuis là-haut. Il suffisait finalement d'un tout petit changement de perspective. Sehrazad sourit et après avoir échangé un regard avec Gael, elle fait à nouveau résonner le claquement de sa langue sur son palais en se saisissant simplement de la bride, sans tirer, le simple geste accompagné du signal sonore suffisait. Ibtek ployait ses genoux avant puis arrière, laissant quelques enfants grimper sur son dos sans broncher.

    - Accrochez-vous bien.

    Vérifiant que c’était bien le cas, la jeune femme faisait se relever le dromadaire et regardait avec amusement les enfants secouer d’arrière en avant, surpris pour certains de sentir l’animal redresser ses pattes arrière avant celles à l’avant. Confiant finalement la bride à Gael, Sehrazad s’éclipsait discrètement, glissant à nouveau jusqu’à Lazur. Ses yeux tombaient le long de ses bras pour s’accrocher sur les bandages qui couvraient ses mains. Elle les avait vus plus tôt, lorsqu’il s’était saisi de la gourde qu’elle lui avait tendue, il avait accepté sa demande et avait eu pour elle ses mots que s’échangent les gens originaires du désert. Elle en était persuadée, Lazur était ou avait été, un compatriote. Citoyen ou esclave ? Sehrazad ne pouvait le savoir et ne chercherait pas à l’interroger sur une chose aussi délicate. Qu’importe à ses yeux, il était seulement Lazur et désormais, elle était sa camarade.

    - Lazur, appelait-elle doucement, presque dans un murmure comme pour ne pas le surprendre alors qu’il l’avait sûrement vu approcher, êtes-vous blessé ?
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    Mar 18 Juil - 16:57
    TW : Mention de dysmorphophobie, de maladie (lèpre)

    Il était une fois, l’histoire d’un garçon né au fond d’une mare.

    Sa mère l’a laissé là, en proie au froid et aux esprits des bois. A-t-elle pris peur, face à cette tête énorme et ses membres maigres ? A-t-elle été dérangée par ses cris et ses coups de pied ? A-t-elle seulement désiré, ce ver qu’elle a abandonné dans la vase, ce parasite qu’elle a rejeté ? L’avait-elle seulement aimé, cet être étrange et vagissant ?

    Il était si vilain que les bêtes elles-mêmes ne l’ont pas dévoré. Le premier qui l’a approché était un enfant à la vue défaillante, une fille dont les yeux voilés ne s’effrayaient plus de ce que les ombres pouvaient dissimuler. Guidée par ses cris, c’est elle qui l’a ramassé et ramené à la grand-mère, la Sorcière, qu’on l’appelait. Elle était dure, abattant son balai sur les fesses des enfants, mais aimante, assez pour coudre des vêtements et offrir un gîte à tous les gamins que personne ne voulait.

    Le garçon survécut aux premiers hivers, blotti entre ses frères et soeurs, c’est avec eux qu’il fit ses premiers pas, avant de courir dans les rues du village voisin. Volant pour se nourrir, surgissant dans les demeures, chassé à coups de pieds ou de cris, l’on ne le détestait pas pourtant, car le morveux à la tête difforme avait un rire, que tous appréciaient. On s’inquiétait de ne pas l’entendre, et lorsqu’il traînait les pieds ou attendait, on lui offrait une coupelle de riz, un linge sur les épaules.

    Il y avait eu du rejet, mais aussi, beaucoup d’amour, de tolérance et d’acceptation, un nom lui fut donné, un nom qu’on appelait, qu’on criait, Tu es là, tu es là Gobelin, ça fait plaisir de te voir, Gobelin, fais attention Gobelin, à bientôt Gobelin ! Et Gobelin aime raconter cette histoire, pour l’espoir qu’elle apporte, il ne veut se souvenir, que du bien qui a été fait, il veut oublier le rejet, les insultes, les coups, le désespoir.

    Il veut oublier, jusqu’à voir les yeux de la jeune femme se noyer. L’humidité monte, jusqu’à la submerger, jusqu’à déborder, par gouttes énormes, elles s’échappent le long de ses joues. Sous les rayons du soleil, luit l’iridescence, magnifique, elle l’est même en pleurant. Les mains serrées contre son coeur déchiré, elle pleure et chaque goutte, Zeng Min a l’envie de les recueillir, de les effacer ; il ne bouge pas et les laisse couler.

    Si son visage porte les stigmates, celles de la jeune femme sont invisibles, ses cicatrices dissimulées derrière son sourire rayonnant, derrière la douceur et la tendresse de ses gestes. Sa douleur si bien masquée, derrière sa prévenance et sa bienveillance. Mais aussi solaire soit-elle, ses ombres ne peuvent échapper à une créature née d’obscurité.

    Le visage grave, il la regarde simplement, il imprègne dans sa mémoire, la vision d’un cœur qui saigne, de plaies qui suintent, il regarde sa douleur en face, sans faiblir, sans frémir, sans détourner les yeux. Car son corps malingre et ses épaules osseuses endurent un fardeau si proche du sien.

    Ses larmes ruissellent, comme une pluie printanière, lui rappelle celle du village : enfant, il s'installait sous le porche d’un habitant et contemplait les reflets arc-en-ciel au travers des gouttes. La Déesse pleure, murmurait la vieille sorcière. Alors Gobelin s’élançait. Il dansait, criait, les bras levés vers le ciel, il voulait consoler la Déesse, lui dire que tout allait bien, qu’il était heureux, qu’elle devait sourire ! Car une part en lui espérait qu’elle pleure un peu pour lui.

    A-t-il réussi à pleurer ? Quelques fois. Dans la chambre avec ses nombreux frères et soeurs, quand il rejoignait la mare où il était né, quand il avait quitté le village. Mais maintenant, son coeur est parfois aussi sec qu’un crouton de vieux pain. Il s’écrase, quand il voit les enfants partir, quand il voit les charniers, quand il voit son reflet. Mais plus aucune eau ne vient à ses yeux, les larmes n’arrivent plus à couler.

    Le soulagement est difficile à trouver. Il ne trouve du répit que lorsque le soir tombe. Lorsqu’il applique sur sa peau, baumes et pommades parfumés. Qu’il applique sur sa peau et ses ongles, teintures colorées, du maquillage, pour mieux s’accepter. Quand il s’imagine ! Sous les traits d’un homme solide aux épais cheveux bruns, d’une femme à la poitrine et au ventre généreux, les hanches porteuses de vies, sous ceux graciles d’une créature éthérée au genre indéfinissable. Vies illusoires, bonheur éphémère, qui l’aident à porter le poids de sa propre carcasse.

    Les longs cils de la jeune femme se parent d’étoiles ; toutes celles qui ont traversé le ciel, ont terminé leur chute au bord de ses yeux. A croire que ses prières ont été exaucées, c’est un simple mot qu’elle prononce, un mot qui suffit à sceller une promesse. Leurs yeux unis, le brun d’un désert crépusculaire rencontre pour la première fois, l’orée d’une forêt obscure, l’humidité, épouse la sécheresse d’un coeur aride.

    Zeng Min la laisse s’installer à son bras, et finalement, il incline simplement la tête. Un sourire humble éclaire ses traits. Gobelin s’est enfin tu, d’un geste, il reprend la marche, la jeune femme à ses côtés. Un silence respectueux a pris place de longues minutes, toustes pensent peut-être, à leur histoire. Un groupe si hétéroclite ne peut être unie que par une cause commune. Et les larmes que Sehrazad a versées, se sont échappées de certaines prunelles. Kador écrase ses yeux du dos des doigts. Ludinael a le reniflement d’un sanglier et s’essuie sur sa manche.

    Les paroles murmurées de la jeune femme surprennent Zeng Min. Ses yeux verts se braquent sur elle, alors que son cœur tressaute, dans sa cage thoracique.

    La beauté.

    Ce mot se plante comme un couteau, il sent son souffle s’arrêter un instant entre ses lèvres. Car ça fait mal, de sentir cette lame tourner dans une plaie qui ne s’est jamais fermée, dans ce trou béant qu’il n’arrive pas à combler. Le dégoût pour son physique se rappelle à lui, une aigreur qui lui serre le cœur et laisse sur ses papilles, une fragrance métallique.

    C’est si douloureux de l’entendre. Et pourtant, cela fait tant de bien à la fois.

    L’organe, dans sa cage thoracique, s’écrase. Et comme un fruit trop pressé, ses yeux le brûlent, sans que de réelles larmes ne parviennent à les mouiller. Les glandes lacrymales desséchées ne laissent qu’une traînée de sel, et ses yeux verts s’échappent de l’autre côté de ses paupières, il aimerait lui dire, que ce n’est pas elle, que le problème vient de sa propre chair. Et alors qu’il s’apprête à répondre, “j’ai crainte que vous ne vous blessiez sur mes os saillants ou mon grand nez !”, elle l’invite au silence d’un geste malicieux.

    Docilement, Zeng se tait. Touché cette fois, il ne parvient pas à soutenir son regard et baisse les yeux face à elle. Cette femme est d’une telle force, elle est océan, elle est ras de marée, ses mots viennent de vaincre toutes les barrières qu’il a l’habitude de dresser.

    D’ailleurs, son trouble se trahit probablement par ses mains plus moites, son front déjà en sueurs et le battement rapide des paupières, qui ne suffit pas à ce que les brûlures de ses prunelles ne s’apaisent. Heureusement, elle s’écarte et Gobelin la laisse se dégager, profitant de cet instant pour se reprendre.

    Gobelin lève les yeux vers le ciel, Déesse, pourquoi avoir mis sur sa route une personne d’une telle gentillesse ? L’espoir revient naître, dans sa cage thoracique, c’est comme une fleur, qui prend racines dans les cicatrices, qui se nourrit de peines, pour s’ouvrir. Qu’il soit beau, bien, humain, l’est-il vraiment ? Et quelque chose de plus sournois ronge les racines, ça le bouffe de l’intérieur, c’est sa haine, sa haine pour ce petit être dont il a vu le reflet pour la première fois dans la mare, dans cette satanée mare où sa mère l’a laissé, où il s’est vu et s’est dit, je suis moche. Gobelin dans toutes les bouches, sonnait bien mieux que “oh le vilain”, c’était devenu affectueux, c’était devenu une identité, c’était devenu le masque qu’il avait accepté d’enfiler.

    Car il ne peut pas changer ce à quoi il ressemble, il a beau essayer, son ventre reste creusé, ses traits, déformés. Il a tenté d’emprisonner ses propres membres pour les rapetisser, il a même hésité à coudre le coin de ses lèvres, à se cogner la tête, pour qu’elle soit moins grosse ! Mais la peur de la douleur l’a sans cesse freiné. Gobelin continue d’éviter les miroirs et les surfaces où il pourrait s’observer.

    Son pas s’accélère et finalement, il court un peu dans les dunes, il rit et danse, il ne veut plus penser à tout ça.

    La jeune femme approche de Gael et l’homme taciturne ralentit simplement le pas jusqu’à s’arrêter. Il l’interroge du regard, les enfants près de lui, observent la jeune femme avec de grands yeux curieux, qui s’écarquillent à la vue de l’animal extraordinaire.

    _ Ib-tek ? Répète un enfant.

    _ Bifteck ! Affirme un autre.

    _ T’as rien compris c’est Ibtekeuh ! Hein m’dame on dit Ibtek ?

    Voilà que la petite poignée de marmots s’agglutine autour de la jeune femme, sous le regard du guerrier. Il croise ses bras solides sur son torse et écarquille les paupières avec admiration quand l’animal se redresse. Les enfants ont poussé un cri, s’accrochent comme ils peuvent puis éclatent de rire, Gael ne paraît plus si grand, maintenant qu’ils sont perchés !

    _ … Il est obéissant. Est-ce le vôtre ? Demande Gael, s’adressant pour la première fois à elle. Sa voix est particulièrement douce, bien que très grave ; comme toujours essoufflée. Et peut-être est-ce le cas : le sable et la chaleur sont pénibles à supporter. A sa réponse, il hoche simplement la tête. Peut-être sent-elle qu’il a l’envie de l’interroger sur l’animal, mais d’une timidité étonnante, l’homme préfère se remettre en marche, surveillant les enfants d’une oeillade inquiète. Mais les jeunes semblent prendre garde à leurs mouvements.

    A l’approche de Sehrazad, Lazur se recule d’un pas, imposant toujours une distance d’un bon mètre. Son murmure le fait sursauter, comme les chats sauvages lorsqu’une main s’égare sur leur pelage ; pour autant, il ne se détourne pas. Il incline humblement la tête une nouvelle fois, la nuque écrasée d’un poids qu’il ne formule pas. Sous son vêtement ample, se laissent percevoir ses bras soigneusement bandés.

    _ Je vous remercie pour votre sollicitude. Ces blessures sont anciennes. Elles ne peuvent plus être guéries, à présent.

    Il répond. Sa voix se veut posée et mesurée. A l’oreille, elle est comme la caresse d’un vent chaud, au crépuscule, celui qui soupire sur les dunes, chassant au loin l’ardeur d’un soleil trop rayonnant. Il y a une certaine tristesse, dans ses yeux baissés, dans cette main qui frotte songeusement son poignet pansé.

    _ Elles datent d’il y a plusieurs années. Elles sont profondes et restent douloureuses.

    Sa main raffermit son emprise.

    _ … Je suis malade, peut-être vaut-il mieux éviter que… que vous ne me touchiez…

    Sa voix tremble franchement, cette fois. Ses paupières se sont fermées, ses sourcils se sont froncés, comme si prononcer ces mots lui faisait mal. D’ailleurs, il a comme craché, et d’un geste involontaire, essuie le coin de son visage du dos de sa main.

    Le voile dévoile un instant, tuméfactions anciennes, d’une peau rongée.

    Et peut-être que Sehrazad a déjà croisé ce regard azur, ces blessures, peut-être a-t-elle déjà tenté, de soigner ce village rongé d’un mal encore méconnu.


    Zeng Min
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